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Outil d’alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques

en zone CEMAC

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Ce document a été préparé avec l’appui technique de la Banque mondiale. L’équipe technique était composée de
Messieurs Samba Ba, Steve Loris Gui-Diby et Nasser Ary Tanimoune. Il présente la version revue de l’Outil d’alerte
précoce de déséquilibres macroéconomiques en zone CEMAC validé au cours de l’Atelier régional organisé par la
Commission de la CEMAC le 21 juin 2019 à Douala au Cameroun en collaboration avec la Banque Mondiale. Cet Outil
a fait l’objet d’une présentation au Collège de Surveillance Multilatérale de la CEMAC lors de sa session de mars 2020
qui a demandé sa soumission au Conseil des Ministres de l’UEAC moyennant la prise en compte des observations de
la COBAC portant sur les seuils d’alerte de l’indicateur portant sur les créances en souffrance.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION ................................................................................................................................................ 5

1. MÉCANISMES D'ALERTE PRÉCOCE : APERÇU ET ÉVALUATION ................................................................... 5

1.1. Aperçu des outils d'alerte précoce en macroéconomie ........................................................................ 6

1.2. Évaluation empirique de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques .................. 7

2. OUTIL D’ALERTE PRÉCOCE DES DÉSÉQUILIBRES MACROÉCONOMIQUES POUR LA CEMAC ..................... 7

2.1. Considérations de politique économique pour l'adoption d'un système d'alerte précoce par la
CEMAC.......................................................................................................................................................... 7

2.2. Définition des concepts relatifs à l’outil ................................................................................................ 8

2.3. Conception du tableau de bord............................................................................................................. 9

2.4. Principaux résultats empiriques de l'analyse ...................................................................................... 14

2.5. Analyse économique approfondie & plan d’action corrective ............................................................ 17

3. ARRANGEMENT INSTITUTIONNEL RELATIF À LA MISE EN ŒUVRE DE L'EATMI....................................... 19

4. ÉTAPES DE PRÉPARATION DU RAPPORT FINAL D'ALERTE MACROÉCONOMIQUE .................................. 22

5. GESTION DES RISQUES ............................................................................................................................... 22

RÉFÉRENCES .................................................................................................................................................... 24

ANNEXE 1 : TABLEAU DE BORD DE L’EATMI : 2016, 2015 ET 2014 (VALEURS ENTRE PARENTHESES) ......... 26

ANNEXE 2 : PRINCIPAUX ELEMENTS DU SYSTEME D'ALERTE PRECOCE DE L'UE .......................................... 27

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ACRONYMES

Centre régional d’assistance technique du FMI pour l’Afrique (Africa Regional Technical
AFRITAC Assistance Center)
BDEAC Banque de développement des États de l'Afrique centrale
BEAC Banque des États de l'Afrique centrale
CEMAC Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale
COBAC Commission bancaire de l'Afrique centrale
COSUMAF Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale
Outil d’alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques (Early Alert Tool of
EATMI Macroeconomic Imbalances)
ECCU Union monétaire des Caraïbes orientales (Eastern Caribbean Currency Union)
FMI Fonds monétaire international
GBM Groupe de la Banque mondiale
GOPE Grandes orientations de politiques économiques
IDE Investissements directs étrangers
PDM Procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques (Commission européenne)
PIB Produit intérieur brut
UE Union Européenne
UEAC Union économique de l’Afrique centrale
UEMOA Union économique et monétaire ouest africaine

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INTRODUCTION

1. La stabilité macroéconomique des pays de la CEMAC s'est affaiblie à la suite du choc de 2014 dû aux
faibles prix du pétrole, même si des évolutions positives ont été récemment observées. Les pays de
la CEMAC ont été fortement affectés par le choc des prix du pétrole de 2014. Ce choc négatif,
additionné aux problèmes de sécurité, a entraîné dans plusieurs pays d'importants déséquilibres
budgétaires et extérieurs et a augmenté les vulnérabilités du secteur financier. Pour la CEMAC, le ratio
dette publique sur PIB est passé de 28,3 % du PIB à fin 2014 à 52,1 % à fin 2017. Les vulnérabilités du
secteur financier ont également augmenté, le ratio prêts non productifs sur total des prêts passant
de 11,9 % en septembre 2014 à 17 % en septembre 2018. En ce qui concerne le secteur extérieur, le
déficit de la balance courante de la région s'est également creusé, passant de 1,8 % de la production
nominale régionale en 2013 à 9,3 % en 2016.
2. Les pays de la CEMAC ont convenu de rétablir la stabilité macroéconomique et la Commission de la
CEMAC envisage de renforcer son cadre de surveillance macroéconomique. Les chefs d’État de la
CEMAC ont décidé en décembre 2016 de rétablir la stabilité macroéconomique en mettant en œuvre
des mesures énergiques destinées à accélérer l'assainissement des finances publiques et à favoriser
la diversification, et en recherchant des financements auprès du Fonds monétaire international (FMI),
du Groupe de la Banque mondiale (GBM) et d'autres institutions financières internationales (IFI). De
récentes consultations avec la Commission de la CEMAC ont également conclu à la nécessité de
renforcer les capacités de la Commission en matière de surveillance macroéconomique.
3. Dans ce but, la Banque mondiale soutient la Commission de la CEMAC dans la conception d’un Outil
d’alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques (EATMI). Cet outil vise à fournir des
informations permettant à la Commission de la CEMAC de mieux contrôler les risques internes et
externes pouvant affecter la Communauté et de prendre si nécessaire les mesures correctives. La
conception de l'outil s’inspire de celle utilisée pour l’outil de la Commission européenne appelé
procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques (PDM). Alors que le mécanisme d'alerte
de l'UE est utilisé à un stade conceptuel, la conception de l'EATMI de la CEMAC prend également en
compte le niveau de développement statistique des pays de la CEMAC.

1. MÉCANISMES D'ALERTE PRÉCOCE : APERÇU ET ÉVALUATION


4. Afin de rendre les politiques économiques plus dynamiques, plusieurs mécanismes d'alerte précoce
ont été proposés, mais leur adoption par l'Union monétaire a été limitée. Plusieurs études ont été
faites sur les outils d'alerte précoce, mais elles portent principalement sur les mécanismes d'alerte
précoce en cas de crise financière ou sur l'analyse des vulnérabilités macro-financières telles que la
méthodologie macro-financière « spider » d’EFI. À ce jour, le seul mécanisme efficace d'alerte précoce
des déséquilibres macroéconomiques est celui qui a été conçu et est utilisé par la Commission
européenne (établi en 2011 et mis en œuvre à partir de 2012)1.
5. Cette section portera donc essentiellement sur l'outil développé par la Commission européenne.
Nous présenterons tout d’abord la philosophie sous-tendant les mécanismes d'alerte précoce en
mettant l'accent sur la procédure de la Commission européenne concernant les déséquilibres
macroéconomiques. Les conclusions de différentes évaluations empiriques et critiques de la PDM de
l'UE seront ensuite présentées.

1 Commission européenne (2012).

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1.1. Aperçu des outils d'alerte précoce en macroéconomie
6. Un mécanisme d'alerte est un outil d'aide à la décision qui permet d'éviter la détérioration des
fondamentaux macroéconomiques à travers une analyse des risques. L'objectif d'un outil d'alerte
précoce est de permettre de détecter dans un délai raisonnable la survenue d'une crise en suivant
plusieurs indicateurs macroéconomiques spécifiques. Un outil d'alerte précoce est
fondamentalement différent d'une prévision (économétrique ou basée sur la simulation) dans le sens
où les mécanismes d'alerte précoce relèvent plus de la perception des autorités économiques qui
suivent l'évolution de certaines variables macroéconomiques. Cet outil d’analyse des risques, c’est-à-
dire de la probabilité d’occurrence, est simple à mettre en œuvre. Sa « puissance analytique » est le
plus souvent renforcée par une analyse approfondie de la situation macroéconomique des pays à un
moment donné. Cet outil aide à identifier le pays pour lequel une analyse approfondie est nécessaire
avant de déterminer la gravité des déséquilibres. Cependant, la simplicité de sa mise en œuvre donne
lieu à certaines critiques.
7. La PDM de l'UE a été introduite à la suite de la crise financière de 2008-2009 pour soutenir la
stabilité macro-financière des États membres de l'UE en mettant l'accent sur les déséquilibres
internes et externes. La PDM de l'UE prend en compte les changements économiques qui ont suivi
l'introduction de l'euro et qui ont contribué à la propagation de la crise financière au sein des pays
européens. Les mécanismes d'alerte de l'UE évaluent les déséquilibres extérieurs et la compétitivité
en analysant les variables suivantes : (i) la balance des paiements courants, (ii) la position extérieure
globale nette, (iii) les taux de change effectifs réels, (iv) les parts de marché à l'exportation et (v) les
coûts unitaires de main-d'œuvre. Les déséquilibres internes sont évalués en utilisant les variables
suivantes : (a) les prix réels du logement, (b) les flux de crédit du secteur privé, (c) la dette du secteur
privé, (d) la dette des administrations publiques et (e) le taux de chômage. D'autres indicateurs de
l'emploi sont également utilisés, tels que le taux d'activité, l’emploi à long terme et le chômage des
jeunes.
8. Les résultats de la PDM de l'UE définissent le type de procédure à mettre en œuvre et le non-respect
par un État membre de la mise en œuvre des plans convenus l’expose à des sanctions politiques et
à des amendes. Les résultats de la PDM de l'UE sont classés en trois niveaux : (i) niveau 1 : absence
de déséquilibre, (ii) niveau 2 : existence de déséquilibres macroéconomiques et (iii) niveau 3 :
existence d'un déséquilibre macroéconomique excessif susceptible de compromettre le
fonctionnement de l'union monétaire. Le niveau 1 n’est pas suivi d’analyse supplémentaire. Le niveau
2 donne lieu à une analyse approfondie et à la publication par la Commission de recommandations
adressées au Conseil de l’UE sur les actions de prévention à mettre en œuvre par le pays concerné. Le
niveau 3 donne lieu à une analyse approfondie du pays, à la formulation comme au niveau 2 de
recommandations, et à l'adoption d'un plan de mesures correctives agréé par les États membres de
la zone euro et le pays confronté à des déséquilibres excessifs. La mise en œuvre du plan est contrôlée
par la Commission européenne et soutenue par la Banque centrale européenne (BCE). L'échec de la
mise en œuvre du plan convenu expose le pays concerné à des sanctions politiques et à des amendes
égales à 0,1 % du PIB (voir annexe 2 pour les principaux éléments de la PDM) 2.

2 Les décisions relatives à l'imposition de sanctions sont prises en utilisant une procédure de vote à la majorité qualifiée inversée.

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1.2. Évaluation empirique de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques
9. La conception et la mise en œuvre de la PDM ont fait l’objet de certaines critiques dès sa mise en
œuvre en 2012. Celles-ci portaient sur la méthode utilisée pour calculer les valeurs seuils ou les
indicateurs (Alcidi et Gros, 2014; Hallwirth, 2014), sur la nécessité d'une certaine symétrie du
mécanisme d'ajustement (De Grauwe, 2012), sur l’accent mis sur un seul pays (Moschella, 2014), sur
le flou relatif lié à la définition du déséquilibre excessif (Kamps et al., 2013) et sur le recours limité à
la procédure de vote à la majorité qualifiée inversée (Moschella, 2014; Kamps et al., 2013) 3.
10. Cependant, la PDM a plus généralement fait l'objet d'évaluations empiriques ex post qui confirment
la pertinence de ce mécanisme ou de certains de ses indicateurs sous-jacents. Par exemple,
Domonkos et al. (2017) considèrent que le taux d'activité, le taux de chômage des jeunes et la dette
du secteur privé donnent de bons résultats à court terme (sur un à deux ans) et que la balance des
paiements courants est un « bon » indicateur à long terme (sur trois ans). Tout en reconnaissant que
l'évaluation ne faisait que commencer, la Commission européenne a conclu que la mise en œuvre de
la PDM avait permis de sensibiliser davantage les pays membres aux problèmes auxquels ils étaient
confrontés et avait permis de parvenir à un consensus sur les politiques à mettre en œuvre4. De plus,
la mise en œuvre de la PDM dans l'UE a bénéficié du dialogue établi entre la Commission européenne
et les États membres de l'UE, dialogue qui leur a permis de converger vers un cadre stable.

2. OUTIL D’ALERTE PRÉCOCE DES DÉSÉQUILIBRES MACROÉCONOMIQUES POUR LA


CEMAC

11. La présente partie vise à présenter les principales caractéristiques de l'outil d'alerte précoce des
déséquilibres macroéconomiques (EATMI) pour la CEMAC. L'EATMI est constitué d'un tableau de
bord et des rapports d'analyse économique approfondie nécessaires. Il fournit les considérations de
politique économique qui sous-tendent la mise en place de l'outil dans les pays de la CEMAC. Avant
d'en présenter les principales composantes, il importe de clarifier le sens des concepts relatifs au
mécanisme d'alerte précoce. Dans cette optique, la présente partie (i) définit consécutivement deux
principaux concepts qui soutiennent la conception de l'outil (déséquilibres macroéconomiques et
seuils d'alerte), présente les caractéristiques importantes de l'outil et (ii) la conception du tableau de
bord envisagé, (iii) propose les principales parties à couvrir dans l'analyse approfondie et (iv) présente
les principaux résultats empiriques.

2.1. Considérations de politique économique pour l'adoption d'un système d'alerte précoce par la
CEMAC

12. La CEMAC est une union monétaire pour laquelle la mise en place d'un outil d'alerte précoce des
déséquilibres macroéconomique se justifie pleinement. Le seul mécanisme d'alerte précoce des
déséquilibres macroéconomiques mis en œuvre est celui de la Commission européenne. Après sept
éditions annuelles, malgré toutes les discussions académiques suscitées par ce mécanisme, les
résultats qu'il a produits semblent considérables en termes de suivi et d'alerte des déséquilibres
macroéconomiques dans l'Union européenne (Commission européenne, 2016 ; Pierluigi et
Sondermann, 2018). Dans la région CEMAC, comme dans la zone euro, les déséquilibres

3 Domonkos et al (2017), p. R35.


4 Commission européenne (2016), p.7.

7
macroéconomiques et les politiques économiques défavorables dans un pays peuvent compromettre
le bon fonctionnement de l'union monétaire par des effets de contagion. Ces effets sont amplifiés du
fait de la volatilité des cours du pétrole et d'autres ressources naturelles couplée aux menaces
sécuritaires récurrentes auxquelles est confrontée la région.
13. Cependant, la conception d'un tel outil pour la région CEMAC nécessite une analyse du fondement
économique, du niveau de développement des pays de la CEMAC et de la disponibilité des données
au niveau des pays. Contrairement à la zone euro, le marché de l'immobilier n'est pas assez développé
dans la région alors que les données relatives à l'emploi ne sont ni régulièrement recueillies ni
disponibles en temps opportun. Les déséquilibres extérieurs dans les pays de la CEMAC proviennent
notamment de deux sources principales : le choc des termes de l’échange et l’assouplissement de la
politique budgétaire. Enfin, les secteurs des ressources naturelles jouent un rôle important dans les
recettes publiques et le gouvernement joue un rôle important dans le secteur hors ressources. Par
exemple, les arriérés des administrations publiques peuvent provoquer un effondrement du secteur
hors ressources et avoir des conséquences néfastes sur la stabilité financière.
14. L'outil d'alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques de la CEMAC sera un instrument
complémentaire aux outils utilisés jusqu’ici dans le cadre de la surveillance macroéconomique. Il
contribuera aussi à la réalisation du programme de convergence. Les pays membres de la CEMAC
sont convenus de critères de convergence macroéconomiques conçus pour mieux coordonner les
politiques macroéconomiques de l'union monétaire. L'outil d'alerte précoce des déséquilibres
macroéconomiques (EATMI) doit être structuré autour d'un ensemble d'indicateurs susceptibles
d'aider à la perception de la survenue d'une détérioration des fondamentaux macroéconomiques
(caractéristiques ex ante). Contrairement aux critères de convergence, les résultats de l'outil d'alerte
précoce des déséquilibres macroéconomiques pourraient contribuer à l'élaboration des plans d'action
qui mettent l'accent sur l'engagement des États membres à l’égard de l'union monétaire et
contribuent à éviter la constitution des déséquilibres macro-budgétaires.

2.2. Définition des concepts relatifs à l’outil

Définition des déséquilibres macroéconomiques

15. La définition des déséquilibres macroéconomiques qui est proposée pour l'EATMI est similaire à
celle adoptée par la Commission de l'UE parce que la CEMAC est une union économique et
monétaire. Pour l'EATMI, les déséquilibres macroéconomiques sont des évolutions positives ou
négatives qui peuvent avoir des effets défavorables sur la stabilité de l'union ou le fonctionnement
adéquat d'un groupe d'États membres. S'ils ne sont pas corrigés à un stade précoce, ces déséquilibres
peuvent compromettre la cohésion de l'union ou son fonctionnement. Par exemple, dans l'UE, le
Conseil de l'Union Européenne définit deux niveaux de déséquilibres macroéconomiques : (i) le
niveau de déséquilibre générique et ii) le niveau de déséquilibre grave. Dans le premier cas, il s'agit
de « toute tendance donnant lieu à des évolutions macroéconomiques qui affectent négativement
ou sont susceptibles d'affecter négativement le bon fonctionnement d'un État membre ou de l'Union
économique et monétaire ou de l'Union dans son ensemble ». En ce qui concerne le déséquilibre
grave, il s'agit d'un écart susceptible de « compromettre ou qui risque de compromettre le bon
fonctionnement de l'Union économique et monétaire » (Règlement N °1176/2011, Article 2).
16. Sur la base des secteurs fondamentaux affectés par les chocs pétroliers dans la CEMAC, les
déséquilibres macroéconomiques seront essentiellement liés aux facteurs qui affectent l'arrimage

8
à l'euro, la stabilité financière et la politique budgétaire. La survenue du choc négatif des cours du
pétrole a eu des effets négatifs sur les réserves internationales de la région qui auraient pu menacer
l'arrimage du franc CFA à l'euro, la stabilité financière et les rendements budgétaires. Au lendemain
de ce trimestre de choc commercial, les réserves internationales ont diminué à 2,3 mois
d'importations en 2017 par rapport à 6,1 mois d'importations en 2014. Toutefois, le seuil
recommandé pour les pays riches en ressources naturelles est de trois mois d'importations. La
stabilité financière s'est affaiblie tandis que les emprunts non productifs ont augmenté à 17 pour
cent en septembre 2018 par rapport à 11,9 pour cent en septembre 2014. Cette augmentation des
emprunts non productifs a été aggravée par des tensions de trésorerie et des arriérés de paiement
de la dette publique dans la plupart des pays de la CEMAC. Dans le même temps, il est survenu une
détérioration de la situation budgétaire qui s'est traduite par l'augmentation du déficit budgétaire à
une moyenne de 6,8 pour cent du PIB au cours de la période 2014-2017.

Définition du seuil d'alerte

17. Les seuils de convergence et les seuils d'alerte sont souvent référencés dans la littérature relative
aux unions économiques et monétaires, mais les deux seuils diffèrent dans leur objectif final. Un
seuil de convergence est un niveau de réalisation d'une variable macroéconomique au-delà duquel
on considère que les conditions de réalisation de la plus faible hétérogénéité souhaitée ont été
satisfaites. Un seuil de convergence est un instrument d'analyse ex-post. Les seuils de convergence
sont basés sur des informations passées et ne donnent pas automatiquement d'indication sur les
questions macroéconomiques futures. Un seuil d'alerte représente un niveau de réalisation d'une
variable macroéconomique au-delà duquel une attention particulière doit être accordée à la tendance
d'une variable d'impact ou d'une situation macroéconomique générale. Il est possible d'estimer ces
seuils au moyen d'analyses de pourcentage, de prévisions économétriques ou de modèles d'équilibre
général.
18. Le franchissement du seuil déclenche un avertissement qui entraîne des analyses supplémentaires
et l'émission d'un plan d'action à court terme. Étant donné qu’un seuil d'alerte constitue une variable
d'indicateur dérivée de données historiques de la variable d'analyse, la survenue d'une alerte de
déséquilibre macroéconomique ne signifie pas nécessairement que la situation entraînera
automatiquement une crise. Toutefois, une fois que les indicateurs concernés dépassent leur seuil,
une attention doit être accordée à l'évolution de la variable macroéconomique afin d'adopter des
mesures correctives.

2.3. Conception du tableau de bord


Conception du tableau de bord

19. Le tableau de bord présentera des seuils dont la lecture et la préparation doivent être simples et
qui seront économiquement viables. Premièrement, un tableau de bord doit être facilement
interprétable. À première vue, il doit pouvoir attirer l'attention de l'analyste sur les tendances
économiques susceptibles d'affecter la croissance et le développement d'un pays. Pour qu'il soit
efficace, le tableau de bord doit présenter une situation sommaire qui renseigne sur l'état des
indicateurs macroéconomiques. Il doit fournir un diagnostic rapide mais rigoureux des questions
macroéconomiques. Ainsi, étant donné que les seuils d'alerte empirique sont les paramètres de
situation, les chiffres des variables macroéconomiques sont ensuite évalués sur cette base.
Deuxièmement, un tableau de bord doit être facile à élaborer et simple à utiliser. La présentation des

9
données doit être simple. La préparation et le suivi du tableau de bord mis à jour ne sont pas censés
mobiliser des ressources techniques et financières considérables.
20. Les mesures des seuils d'alerte des déséquilibres macroéconomiques de la CEMAC intègrent les
dimensions nationales et régionales et sont fondées sur le mécanisme de l'UE parce que celui-ci est
opérationnel et efficace. Ces mesures prennent en compte la vulnérabilité de chaque économie de la
CEMAC, mais aussi la dimension communautaire de l'union monétaire. En prenant pour référence la
littérature académique récente (Pierluigi et Sondermann, 2018), il semble que la procédure de
déséquilibre macroéconomique de l'UE soit la seule utilisée pour faciliter l'ajustement au sein d'une
union économique et monétaire hétérogène et a fait la preuve de son efficacité depuis plus de sept
ans. En effet, à ce jour, aucune des trois autres unions économiques et monétaires qui existent dans
le monde (l'Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, la Communauté économique
et monétaire de l'Afrique centrale, CEMAC, et l'Union monétaire des Caraïbes orientales, ECCU) ne
disposent d'un tel mécanisme. La procédure de déséquilibre macroéconomique sera le point de
départ de l'outil d'alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques.
21. La méthode qui est utilisée pour obtenir des seuils est la méthode quantile similaire à celle utilisée
par la Commission européenne. Cette situation implique le calcul des différents seuils d'alerte basés
sur les quantiles qui découlent de la fonction de densité des données historiques de la variable de
contrôle. Malgré le caractère limité de la recherche empirique dans la zone CEMAC, il est raisonnable
d'estimer que les principales relations théoriques de cause à effet qui mettent en lumière les risques
des déséquilibres macroéconomiques demeurent pertinentes pour la région. Pour limiter le biais
d'interprétation, la détermination des seuils d'alerte de la CEMAC sera basée essentiellement sur les
quantiles résultant de la distribution des données historiques de la variable de contrôle de tous les
pays membres.
22. La détermination des seuils d'alerte de la CEMAC est basée sur une approche quantile observée au
cours de la période 1980-2016. Les seuils d'alerte des déséquilibres macroéconomiques de chaque
variable de contrôle sont déterminés par (a) la transformation de la variable en différence ou taux de
croissance ; (b) l’utilisation d'une moyenne d'évolution de trois ans pour assouplir les écarts ; et (c) les
quartiles de calcul d'un échantillon comprennent tous les pays de la CEMAC ayant fait l'objet d'un
suivi au cours des périodes disponibles.5 Toutefois, pour certaines variables, cette période est réduite
du fait du manque de données (voir le tableau 1).
23. La grille du seuil de tolérance est basée sur les seuils d'alerte de tolérance communs à tous les pays
et les annexes présentent les quatre niveaux de risque. Les valeurs des seuils d'alerte de tolérance
sont basées sur la réalisation de la variable de contrôle de tous les pays de la CEMAC suivant les
conditions susmentionnées. En outre, pour faciliter la lecture des seuils d'alerte, les seuils de variable
sont organisés en quatre catégories allant du niveau le plus risqué à ceux les moins risqués. Ainsi, la
grille de lecture du seuil présente ci-dessous les quatre groupes de tolérance qui sont basés sur les
quartiles :
• Groupe I pour risques « sévères » de déséquilibres macroéconomiques.
• Groupe II pour risques « élevés » de déséquilibres macroéconomiques.
• Groupe III pour risques « modérés » de déséquilibres macroéconomiques.
• Groupe IV pour risques « faibles » de déséquilibres macroéconomiques.

5 L'intervalle de trois ans correspond aussi aux dispositions des « grandes orientations de politiques économiques » (GOPE).

10
24. Toutefois, la lecture des conclusions du tableau de bord doit se faire avec prudence. Il est important
d'avoir à l'esprit qu'une situation considérée comme faible ou moyenne ne signifie pas que le pays
se trouve sur une bonne (ou une meilleure) trajectoire en termes de croissance ou de
développement économique. De telles qualifications soulignent tout simplement que la
performance du pays par rapport à la variable de contrôle considérée est en dessous des données
antérieures de tous les pays de la CEMAC. De même, lorsqu'une situation est considérée très grave
et/ou comme présentant un risque élevé, cela signifie que la situation du pays s'est
considérablement détériorée par rapport à la variable de contrôle et à d'autres pays de la CEMAC.

Variables envisagées pour évaluer les déséquilibres macroéconomiques de la CEMAC


25. Neuf indicateurs sont proposés pour évaluer à la fois les déséquilibres externes et internes en
tenant compte de leurs dimensions monétaires/financières et budgétaires. Pour disposer d'un outil
d'alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques, le choix a été limité à deux variables par
catégorie tout en maintenant leur puissance d'alerte. Des variables supplémentaires qui sont
spécifiques à chaque pays doivent être analysées dans l'évaluation globale des risques
macroéconomiques et d’une analyse en profondeur. Ces variables ont été sélectionnées en tenant
compte de la littérature académique et des évaluations économiques récentes effectuées par la
Commission de la CEMAC, le FMI et la Banque Mondiale. La section ci-dessous présente le bien-fondé
du choix de l'indicateur et les preuves empiriques qui appuient sa validité dans les recherches.

■ Variables d'alerte des déséquilibres externes

- Solde des transactions courantes (en pourcentage du PIB) [Niveau]


26. Le solde du compte courant fournit des informations sur l'équilibre éventuel des besoins de
paiement et il pourrait refléter la constitution des faiblesses budgétaires en cas de déficits. En cas
de flux de comptes de capitaux limités (hors secteur des ressources naturelles), une aggravation du
déficit du compte courant entraînera très probablement l'augmentation de la dette souveraine étant
donné que le pays importe plus qu'il n'exporte et des augmentations de financement de la balance
de paiement sont nécessaires. Pour la Commission européenne, « le solde actuel externe/solde du
compte courant est le principal moteur des prêts/emprunts nets de l'économie et fournit par
conséquent d'importantes informations sur les relations économiques du pays avec le reste du
monde. Un déficit élevé du compte courant indique que l'économie emprunte et, en règle générale,
que ses importations sont supérieures à ses exportations ».6 Cette variable a contribué à expliquer
plusieurs crises selon Frankel & Saravelos (2012), et peut être utilisée pour alerter les décideurs
politiques selon Ghulam & Derber (2018) et Chakrabati & Zeaiter (2014). Toutefois, il convient de
noter qu'en cas de risque sérieux de déséquilibre macroéconomique découlant de cette variable, il
faut effectuer des analyses de sa viabilité et du compte de capital et d’opérations financières.
- L’Indice des termes de l'échange (points de pourcentage) [Croissance]
27. L'indice des termes de l'échange fournit davantage d'informations sur l'origine potentielle de la
détérioration du solde du compte courant et signale une éventuelle détérioration future des
résultats budgétaires et une crise de la balance des paiements. Il s’agit d’un indicateur de la
compétitivité commerciale du pays. Il est égal au rapport entre l'indice des prix des exportations de
biens et services et l'indice des prix des importations de biens et services. La détérioration des termes
de l'échange est attribuable à la forte baisse des prix à l'exportation par rapport aux prix à

6 Commission européenne, 2012, p6.

11
l'importation. Pour les pays riches en ressources tels que ceux de la zone CEMAC, une détérioration
importante des termes de l'échange aurait un impact négatif sur l'économie par le biais d’une
détérioration des résultats budgétaires. Kaminsky & Reinhart (1999) ont constaté que la détérioration
des termes de l'échange précède la crise de la balance des paiements et la crise monétaire. Par
exemple, en 2014-2017, le choc négatif des termes de l’échange a eu un impact négatif sur la situation
budgétaire des pays de la CEMAC. Cet indicateur peut également aider à signaler les problèmes de
balance des paiements et les crises monétaires selon Kaminsky, Lizondo, & Reinhart (1998) et Frankel
& Saravelos (2012).

- Taux de change effectif réel (points de pourcentage) [Distance par rapport au point de
référence]
28. Le taux de change effectif réel évalue la compétitivité des prix relatifs du pays et peut signaler un
mauvais alignement monétaire pouvant conduire à une crise monétaire ou à une correction
abrupte. Il dépend du niveau et de la dynamique du taux de change nominal et des coûts de
production des entreprises dans le pays et dans le reste du monde. Bien que cet indice puisse être
propre à chaque pays et correspondre aux termes de l’échange, il représente en fait une moyenne
des indices bilatéraux avec les principaux partenaires commerciaux.7 En plus de suggérer une perte
de compétitivité, une appréciation du taux de change effectif réel (TCER) au-dessus de son niveau
fondamental ou historique indiquerait une évolution importante qui pourrait nécessiter une future
correction abrupte (dévaluation) dans un régime à taux de change fixe.8 La littérature empirique
confirme le rôle du TCER en tant qu'indicateur majeur de crise (Kaminsky, Lizondo et Reinhart, 1998 ;
Frankel et Saravelos, 2012 ; Christofides, Eicher et Papageorgio, 2016). Dans le cas de l'EATMI de la
CEMAC, le TCER de référence est la moyenne décennale utilisée par (Frankel & Saravelos, 2012), et
les quartiles sont basés sur la différence entre le TCER et cette moyenne.

- Taux de couverture extérieure de la monnaie (points de pourcentage) [Différence et niveau]


29. L'évolution du taux de couverture extérieure de la monnaie devrait signaler des déséquilibres
pouvant entraîner une crise de change et une crise de la balance des paiements ; cette dernière
ayant été observée au cours des dernières années dans certains pays de la CEMAC (pris
individuellement). Cette variable est fortement corrélée avec les réserves internationales, et
Kaminsky & Reinhart (1999) et Frankel & Saravelos (2012) ont constaté qu’elle s'est avérée être un
indicateur majeur d’alerte de crise.9 Cette variable est surveillée par la Commission de la CEMAC dans
le cadre de son exercice de surveillance multilatérale et par la banque centrale régionale (BEAC). Le
plancher de la CEMAC pour ce ratio est de 20 points de pourcentage. Pour cette variable, l’objectif
n’est pas d'analyser les ajustements réglementaires qui sont déclenchés lorsqu’il atteint un niveau
inférieur à 20 %, mais le but sera de lancer des alertes sur les tendances alarmantes susceptibles de
déstabiliser la région dans son ensemble. À la suite du choc pétrolier négatif de 2014, le taux de
couverture extérieure de la monnaie de la CEMAC a chuté à environ 58 points de pourcentage en
2017, contre 98 points de pourcentage en 2013. Dans certains pays, ce taux a atteint des niveaux
inférieurs à 10 points de pourcentage.

7Le déflateur utilisé pour le calcul du TCER est basé sur les prix à l'exportation.
8 Une dévaluation peut être nécessaire pour corriger un mauvais alignement du TCER, mais elle peut avoir des conséquences
néfastes sur le secteur réel et sur la stabilité des prix. Les pays de la CEMAC voudraient certainement éviter la mise en œuvre
d'une telle politique.
9 Le ratio de couverture extérieure est le rapport entre les avoirs et les engagements extérieurs nets (monnaie au sens large).

12
30. L’évaluation des risques de cette variable est complétée par l’ajout d’une condition relative au
niveau du taux de couverture extérieure de la monnaie. Bien que la variable initiale soit basée sur
l’évolution du taux, le niveau des risques de cette variable devrait rester « sévère » si le taux est
inférieur ou égal à 20 points de pourcentage. Une analyse de quartiles permet cependant d’obtenir
un seuil plus élevé (environ 33 %). Il est donc proposé que la couverture extérieure reflète le niveau
des risques le plus élevé associé à l’évolution ou au niveau de la variable.

■ Variables d'alerte des déséquilibres internes


- Dépôts et encaisses de l’Administration centrale (en pourcentage du PIB) [Variations]
31. L’évolution des dépôts et des passifs des administrations publiques peut aider à analyser les
tensions de liquidité sur le plan budgétaire et à prévoir l’accumulation d’arriérés de paiement. Cette
variable mesure la capacité de dépense du gouvernement et signale d’éventuelles tensions de
liquidités et des pénuries de liquidités à court terme. Dans le cas des pays de la CEMAC, la diminution
des dépôts des administrations publiques a été importante dans certains pays tels que le Tchad, la
Guinée Equatoriale, le Gabon et la République du Congo, ce qui a entraîné une accumulation des
arriérés intérieurs et extérieurs. Bien que ce ne soit pas directement, des études empiriques ont
montré que l’évolution des dépôts (à la baisse) peut signaler une crise bancaire future et qu’on
observe une hausse des taux d’intérêt (marché monétaire, réels ou nominaux) - un indicateur des
tensions de liquidités accrues qui pourraient être dues en partie à une diminution des dépôts - avant
la crise (Cumperayot & Kouwenberg, 2013 ; Lang et Schmidt, 2016).

- Dette publique (en pourcentage du PIB) [Variations]


32. Si l’augmentation de la dette publique n’est pas toujours un problème en soi, elle constitue
toutefois une vulnérabilité macroéconomique dans la mesure où un défaut souverain aurait un
impact négatif sur les secteurs réel et financier, comme on l’a récemment observé dans les pays de
la CEMAC. L’augmentation de la dette publique a un impact positif sur la probabilité d’un défaut
souverain (Ghulam & Derber, 2018) si le service de la dette du pays est élevé, et Kaminsky & Reinhart
(1999) ont observé un creusement du déficit budgétaire avant toute crise bancaire ou monétaire. La
crise monétaire est grave lorsque le déficit budgétaire est monétisé, et la crise bancaire se matérialise
du fait de l’existence de la boucle de rétroaction des banques souveraines. Selon l’analyse
documentaire réalisée par Frankel & Saravelos (2012), le déficit budgétaire et la dette publique (ou
dette extérieure) sont utilisés dans la littérature pour les systèmes d'alerte précoce. Dans le cas des
pays de la CEMAC, on a observé une accumulation de la dette publique sur une courte période,
passant de 28,3 % du PIB en 2014 à 53,5 % du PIB en 2017. Par conséquent, la dette publique est
devenue insoutenable dans certains pays comme la République du Congo qui est surendettée.
D'autres pays ont commencé à accumuler des arriérés intérieurs et extérieurs tels que la Guinée
Equatoriale, le Gabon et le Tchad. Il faudrait procéder à une analyse approfondie de la viabilité de la
dette si les variations sont importantes.

- Créances en souffrance (en pourcentage du total des prêts bruts) [Niveau]


33. L'augmentation des créances en souffrance représente un affaiblissement du secteur financier qui
entraîne un rationnement du crédit par les banques commerciales et une incidence défavorable sur
le secteur réel. Les crédits en souffrance constituent un indicateur de la qualité des actifs et

13
représentent des risques de crédit encourus par les banques commerciales. Une augmentation des
prêts non productifs peut entraîner une baisse des crédits à l'économie. Ce déclin pourrait créer des
pressions à la baisse sur l'expansion économique. En outre, une faible expansion économique pourrait
affecter la situation budgétaire du fait de son impact sur les recettes fiscales et le déficit budgétaire.
Avec l’augmentation des risques souverains et la baisse de la production, les risques de crédit
pourraient augmenter davantage par le biais de boucles de rétroaction. Bien que cet indicateur n'ait
pas été fréquemment utilisé dans la littérature empirique, la Banque mondiale utilise cependant cette
variable pour évaluer les risques et les vulnérabilités macro-financiers.
- Crédit intérieur au secteur privé (en pourcentage du PIB) [Croissance]
34. L’évolution du crédit intérieur au secteur privé est une variable couramment utilisée dans les
systèmes d'alerte précoce parce sa variation brusque précède généralement les crises financières.
L’analyse documentaire réalisée par Frankel & Saravelos (2012) et la Commission européenne (2012),
ainsi que les résultats obtenus par Dawood, Horsewood, & Strobel (2017) suggèrent que le crédit
intérieur est un bon indicateur d'alerte précoce dans la mesure où il signale les vulnérabilités
potentielles du système bancaire, et peut également suggérer un futur affaiblissement du secteur
financier en raison d’une augmentation des prêts non productifs ou de mauvaises pratiques de crédit.
En outre, si la monétisation du déficit budgétaire peut provoquer une forte croissance du crédit, elle
peut également entraîner une détérioration de la situation budgétaire en raison de l’existence du lien
entre les banques et leurs gouvernements.
- Ratio créances des Banques Créatrices de Monnaie (BCM) sur l’Etat rapportées aux
Créances des BCM sur l’économie (en pourcentage) [Différence première]
35. La concentration de la dette souveraine dans le secteur bancaire représente un signe de
vulnérabilité.

2.4. Principaux résultats empiriques de l'analyse


Résumé de la transformation des variables et des seuils

36. Le tableau 1 présente la transformation de chaque variable avant la détermination des seuils. Pour
les termes de l'échange et le crédit intérieur, la variable de sortie est un taux de croissance. Pour le
taux de change effectif réel, le résultat est un ratio exprimé en points de pourcentage. Pour les autres
variables, l'unité de la variable de sortie reste la même.

14
Tableau 1 : Transformations de données, sources et couverture

Variables d’origine Première Seconde Source de données Unité de la


transformation transformation et couverture variable de sortie
(Données annuelles)

Solde du compte courant (% Niveau !" + !"$% + !"$& FMI-WEO % du PIB


du PIB) 3 (1980-2016)
moyenne sur 3 ans
Termes de l'échange (indice Croissance !" + !"$% + !"$& Banque mondiale- Points de
des termes de l'échange 3 WDI pourcentage
nets) moyenne sur 3 ans (1980-2016)
Taux de couverture Différence & Niveau !" + !"$% + !"$& BEAC Points de
extérieure de la monnaie (deux variables 3 (1987-2016) pourcentage
(%) obtenues) moyenne sur 3 ans
Taux de change effectif réel Différence avec la !" + !"$% + !"$& BEAC Points de
(%) moyenne sur 10 ans 3 (2003-2016) pourcentage
[en pourcentage de la moyenne sur 3 ans
valeur sur dix ans]
Dépôts et encaisse des Différence !" + !"$% + !"$& BEAC et WDI % du PIB
administrations publiques 3 (1993-2016)
(% du PIB) moyenne sur 3 ans
Crédit intérieur accordé au Croissance !" + !"$% + !"$& WDI % du PIB
secteur privé par les 3 (1980-2016)
banques (% PIB) moyenne sur 3 ans
Créances en souffrance (% Niveau !" + !"$% + !"$& COBAC % des prêts bruts
des prêts bruts) 3 (2008-2019)
moyenne sur 3 ans
Dette publique totale (% du Différence !" + !"$% + !"$& FMI-IFS % du PIB
PIB) [Valeur positive 3 (2010-2016)
uniquement] moyenne sur 3 ans
Ratio créances des Banques Différence !" + !"$% + !"$& BEAC et WDI Pourcentage
Créatrices de Monnaie 3 (1993-2018)
(BCM) sur l’Etat rapportées moyenne sur 3 ans
aux Créances des BCM sur
l’économie

15
37. Le tableau 2 présente les intervalles obtenus et leur classification en termes de risques. Sur la base
de l'explication méthodologique ci-dessus, des intervalles et des catégories de risques ont été
calculés.

Tableau 2 : Seuils d'alerte et classification des risques par indicateur


Variables Sévère Élevé Modéré Faible
Balance du compte des transactions courantes -
Inférieur à -6,71 [-6,71 ; -3,65[ [-3,65 ; -0,84[ Supérieur à -0,84
(en % du PIB)

Termes de l'échange – Croissance Inférieur à -3,35 [-3,35 ; 1,27[ [1,27 ; 6,38[ Supérieur à 6,38

Taux de couverture extérieure de la monnaie – Différence Inférieur à -2,25 [-2,25 ; 0,31[ [0,31 ; 6,34[ Supérieur à 6,34

Taux de couverture extérieure de la monnaie – Niveau Inférieur à 32,61 [32,61 ; 73,67[ [73,67 ; 87,38[ Supérieur à 87,38

Indice du taux de change effectif réel Supérieur ou égal à


[5,50 ; 9,20[ [1,16 ; 5,50[ Inférieur à 1,16
(en %) - Différence par rapport à la référence 9,20

Dépôts et encaisse de l'administration centrale


Inférieur à -0,18 [-0,18 ; 0,03[ [0,03 ; 0,47[ Supérieur à 0,47
(en % du PIB) – Changement

Supérieur ou égal à
[-6,73 ; 0[ ou [0,33 ;
Crédit intérieur accordé au secteur privé (en % du PIB) - Croissance 9,68 ou inférieur à - n.a. [0 ; 0,33[
9,68[
6,73

Supérieur ou égal à
Créances en souffrance (en % des prêts bruts) – Niveau [10,00 ; 15,00[ [5,00 ; 10,00[ Inférieur à 5,00
15,00
Supérieur ou égal à
Dette publique (en % du PIB) – Différence [3,79 ; 6,25[ [0,87 ; 3,79[ Inférieur à 0,87
6,25

Ratio de créances des Banques Créatrices de Monnaie (BCM) rapportées aux Supérieur ou égal à
[0,05 ; 2,82[ [-2,16 ; 0,05[ Inférieur à -2,16
créances des BCM sur l’économie (en %) – Différence première 2,82

Source : Calculs des auteurs.

Agrégation des scores des variables

38. Pour analyser les performances de l'outil, les scores sont calculés et agrégés pour chaque pays
(moyenne simple). Les scores sont obtenus en considérant des scores compris entre 2 et 8 ; deux
correspondant à « risque faible » et huit à « risque sévère ». Pour chaque année, les scores sont
calculés pour chaque variable et un score moyen est calculé. La méthode de la moyenne suppose une
importance identique pour toutes les variables. Le tableau ci-dessus permet de déterminer le niveau
de risque comme étant faible, modéré, élevé, sévère pour chaque année et chaque variable. Sur la
base de cette catégorie de risque, un score de risque est attribué à la variable conformément à la
méthode d’évaluation susmentionnée. Les figures 1A et 1B présentent un résumé de l'évolution des
scores des risques macroéconomiques dans les pays de la CEMAC. Pour le score moyen, la
classification suivante est adoptée : « faible » pour un score égal à deux, « modéré » pour les scores
supérieurs à deux et inférieurs ou égaux à quatre, « élevé » pour les scores supérieurs à quatre et
inférieurs ou égaux à six, « sévère » pour les scores supérieurs à six.

16
Figure 1: Tendances des scores moyens de l’EATMI dans les pays de la CEMAC, 2010-2017
A B
8,0 8,5
7,5
7,5
7,0
6,5 6,5
6,0
5,5
5,5
5,0 4,5
4,5
3,5
4,0
3,5 2,5
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Cameroun RCA Tchad Congo, Rep. Guinée Equatoriale Gabon

Source : Calculs des auteurs.

39. Dans l'ensemble, le risque de déséquilibre macroéconomique a considérablement augmenté dans


la plupart des pays de la CEMAC entre 2011 et 2016, mais s'est récemment amélioré tout en restant
au-dessus du niveau élevé. Le risque de déséquilibres macroéconomiques s’est accru en raison de la
nette augmentation de la dette publique observée après l’atteinte du point d’achèvement de
l’Initiative PPTE et de la détérioration des termes de l’échange après le choc de 2014 provoqué par
une forte baisse des prix du pétrole. En 2017, grâce à des prix du pétrole plus favorables et à des
efforts coordonnés visant à assainir les finances publiques, les risques de déséquilibres
macroéconomiques ont diminué dans tous les pays de la CEMAC, à l'exception de la République
Centrafricaine, mais ils restent au-dessus du haut niveau « Élevé » de la classification. En République
Centrafricaine, les risques de déséquilibres macroéconomiques ont augmenté du fait de la
détérioration du solde du compte courant et de la diminution du crédit intérieur au secteur privé (les
résultats détaillés sont présentés dans l’annexe 1).
40. L’agrégation des scores n’est cependant pas une approche recommandée dans l’analyse des risques
parce qu’elle masque des phénomènes nécessitant l’attention des décideurs politiques. En effet, les
graphiques présentés ci-dessus ne servent qu’à démontrer la pertinence du mécanisme d’analyse des
risques de déséquilibres macroéconomiques. Les scores agrégés de chaque pays permettent de
donner une direction globale des changements de risques mais l’analyse des risques requiert, pour
chaque pays, d’évaluer l’évolution ou l’état de chacune des variables présentées dans le cadre
conceptuel.

2.5. Analyse économique approfondie & plan d’action corrective

41. La détection précoce d’une éventuelle instabilité économique dans les pays de la CEMAC est
l'objectif de l'outil d'alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques, mais son utilisation
devrait être étayée par des analyses détaillées. Dans l’EATMI, le tableau de bord fournit une grille
de lecture, c’est-à-dire des indicateurs de tolérance. Une analyse économique approfondie est donc
essentielle pour évaluer les risques de déséquilibres macroéconomiques. En effet, a priori, tous les
(niveaux de) déséquilibres n’ont pas un effet déstabilisateur pour une économie. L'analyse du

17
contexte économique, pour chaque pays, vise à fournir une perspective causale d'un « état » de
déséquilibre macroéconomique pouvant entraîner une crise économique.

Lancement d’une analyse approfondie de la situation économique d’un pays


42. L’analyse approfondie de la situation macroéconomique d’un pays n’est pas automatique, mais
dépend du niveau de risque. Il dépend du niveau de réalisation d'une variable de contrôle
macroéconomique, en rapport avec les différents seuils d'alerte. Les conditions de lancement d’une
analyse économique approfondie sont les suivantes :
• Une analyse économique approfondie est requise lorsque la variable de contrôle se situe au
niveau du groupe I ou du groupe II. Ces groupes correspondent aux catégories de risques de
déséquilibres macroéconomiques suivantes : sévère et élevé.
• Pour des risques modérés, la direction devrait surveiller la dynamique de la variable lors de la
prochaine mise à jour.
• Aucune analyse approfondie n'est requise pour un niveau de risque faible.
Le tableau 3 résume les principales actions à entreprendre :

Tableau 3 : Seuils d'alerte, classification des risques et actions à entreprendre


Risque sévère de Risque élevé de Risque modéré de Risque faible de
État de la variable
déséquilibre déséquilibre déséquilibre déséquilibre
Recommandée
Analyse économique approfondie Requise Requise mais Non requise
non requise

Plan d'action corrective Requis par le pays Requis Non requis Non requis

Potentielles composantes d'une analyse économique approfondie


43. Une analyse économique approfondie comprend trois composantes qui sont liées à l'analyse des
risques et à leur origine, aux défis de politique économique et aux mesures correctives. Une analyse
économique approfondie fournira des informations sur les risques de déséquilibres
macroéconomiques, leurs origines, les défis de politique économique et des propositions de mesures
correctives de la politique économique. Pour chaque variable dont la réalisation correspond aux seuils
d'alerte déterminés, une analyse économique de la situation et des conditions ayant conduit à cette
réalisation défavorable est effectuée. Dans ce cas, lors de l'analyse de la situation, il est nécessaire de
prendre en compte les variations et les niveaux des variables dépendantes et des variables
explicatives. Il est également nécessaire d’évaluer les facteurs des évolutions économiques, les
implications des évolutions économiques récentes et les répercussions potentielles en analysant les
secteurs réel, extérieur, monétaire et financier. Dans cette optique, des analyses de la viabilité sont
préparées selon les besoins et des analyses de la vulnérabilité peuvent être effectuées à l'aide d'une
liste restreinte d'indicateurs tirée du document intitulé World Bank Macro-Financial Review (Banque
mondiale, 2019 ; Ghosh, 2016).
44. Cette analyse nécessite une gamme plus large de variables macroéconomiques, aussi bien
monétaires que budgétaires, et de variables propres aux secteurs réel et extérieur. En fonction de
la disponibilité des données, l'analyse des conditions et des causes liées à un risque de déséquilibres
sera effectuée de préférence sur la base de données mensuelles ou trimestrielles. Ainsi, sur la base

18
des caractéristiques des économies de la CEMAC, les variables suivantes peuvent représenter un
ensemble minimum d’indicateurs pouvant être utilisés dans le cadre de l’analyse économique
approfondie :
• Le déficit budgétaire primaire • Le taux de croissance du PIB
hors pétrole
• Production vivrière et
• Les recettes fiscales agriculture d'exportation
• Le ratio de la masse salariale • Croissance réelle Pétrole - PIB
par rapport aux recettes
• Croissance réelle Exploitation
fiscales
forestière - PIB
• L’évolution des prix des
• Croissance réelle Exploitation
matières premières
minière - PIB
• Les recettes pétrolières
• Formation brute de capital fixe
• Les investissements directs
• Prêt brut - taux de croissance
(nets)
annualisé
• Ratio service de la dette
• Créances nettes sur l’Etat
extérieure / exportations
• L'inflation

Plan d'action pour corriger les déséquilibres macroéconomiques


45. À l'issue d'une analyse approfondie, les États membres de la CEMAC et sa Commission devraient
s'accorder sur un plan d'action à court terme visant à corriger les déséquilibres macroéconomiques
identifiés. Le principal résultat de l’analyse économique approfondie d’un pays est la conception d’un
plan d’action à court terme. Ce plan d'action permettrait d’identifier les mesures de politique
économique devant être mises en œuvre pour atténuer les risques de déséquilibres
macroéconomiques identifiés et pour freiner la détérioration des tendances en matière d'équilibre
macroéconomique. Cette action comprendra un calendrier de mise en œuvre de toutes les mesures
spécifiques proposées et adoptées.

3. ARRANGEMENT INSTITUTIONNEL RELATIF À LA MISE EN ŒUVRE DE L'EATMI

46. Compte tenu que l'EATMI complète le mécanisme de surveillance multilatérale de la CEMAC pour
la convergence et la stabilité économique, l’arrangement institutionnel qui sous-tend sa mise en
œuvre s’appuie sur les arrangements existants. Le Traité de la CEMAC et la Convention régissant
l'Union Économique de l'Afrique Centrale (UEAC) prévoient un ensemble de mécanismes
institutionnels et réglementaires dont le principal objectif est de promouvoir le développement
harmonieux des États membres et des peuples. Concernant la surveillance multilatérale, une directive
régionale organise la surveillance macroéconomique multilatérale dans la zone CEMAC10. L'EATMI est

10 La procédure de surveillance multilatérale, introduite en 2001 et modifiée en 2016, consiste à effectuer les activités suivantes :
(1) suivi de différents indicateurs de convergence, (2) suivi de l'état de convergence et (3) production de documents

19
un outil complémentaire de surveillance macroéconomique car il fournit une première orientation
sur les risques de déséquilibres macroéconomiques. L’arrangement institutionnel qui sous-tend la
préparation et la publication du tableau de bord de l’EATMI sera donc basé sur l’organisation de la
surveillance macroéconomique de la CEMAC tout en exigeant néanmoins une plus grande rapidité de
mise en œuvre.
47. L’arrangement institutionnel qui soutient la procédure de surveillance macroéconomique repose
sur quatre entités, dont le Conseil des Ministres. Le cadre institutionnel de la surveillance
macroéconomique (pour la convergence) repose sur les entités suivantes : les cellules nationales de
surveillance multilatérale (au nombre de six), la Cellule Communautaire de Surveillance Multilatérale,
le Collège de Surveillance Multilatérale et le Conseil des Ministres de l'UEAC11. Le Collège de
Surveillance Multilatérale est composé de représentants de la CEMAC, de la BEAC, de la COBAC, de la
BDEAC, de la COSUMAF et des représentants des Etats membres. La Cellule Communautaire de
Surveillance Multilatérale est chargée de la collecte des données, de la production des tableaux de
bord et de la préparation de différents rapports (Rapports de Surveillance Multilatérale, Grandes
Orientations de Politiques Économiques, Rapport d’exécution des programmes triennaux de
convergence, etc). Ces rapports sont validés par le Collège de Surveillance Multilatérale de la CEMAC
avant d’être soumis pour adoption au Conseil des Ministres.
48. Bien que l’arrangement décrit ci-dessus puisse accroître l’appropriation, il semble lourd et peut ne
pas convenir à l’EATMI car il est nécessaire de prendre les décisions en toute connaissance de cause
et dans un court laps de temps. Dans le cas particulier de l'EATMI, l'arrangement institutionnel
mentionné ci-dessus peut s'avérer fastidieux car le Collège de Surveillance Multilatérale ne devrait
pas changer très significativement les documents fournis par la Cellule Communautaire de
Surveillance Multilatérale. De plus, cela semble ralentir un peu le flux des informations destinées aux
décideurs. D’autre part, les membres du collège de surveillance sont déjà mieux imprégnés des
problématiques car ils sont soit choisis parmi les membres des Cellules Nationales de Surveillance
Multilatérale (deux par pays), soit nommés par le Gouverneur de la BEAC et le Président de la
Commission de la CEMAC.
49. Pour améliorer l'efficacité du système, une autre option consisterait à impliquer les Cellules
Nationales de Surveillance Multilatérales, le Collège de Surveillance Multilatérale et le Conseil des
Ministres. Afin de réduire les délais existants entre la production du tableau de bord, l'analyse
économique approfondie et le plan d’actions correctives, il est proposé que les Cellules Nationales de
Surveillance Multilatérale soumettent les documents pertinents à la Commission de la CEMAC qui
devrait les compiler, y ajouter des conseils relatifs aux facteurs internationaux à prendre en compte
et préparer la soumission des rapports au Collège de Surveillance Multilatérale de la CEMAC. Celui-ci
pourrait directement conseiller le Conseil des Ministres sur les décisions à prendre et pourrait
également fournir un éclairage qualitatif sur les différents documents produits par les Cellules
Nationales de Surveillance Multilatérale. Ce cadre institutionnel est différent de celui qui régit
actuellement la surveillance multilatérale dans la mesure où, pour accélérer le processus de prise de
décision, l'étape impliquant la Cellule Communautaire de Surveillance Multilatérale est supprimée. La
mise en œuvre de l'EATMI s'appuierait donc comme suit sur trois entités et la Commission de la
CEMAC :
o Les six Cellules Nationales de Surveillance Multilatérale

économiques analytiques et prospectifs, y compris les rapports de surveillance semestriels et les grandes orientations de
politique économique.
11 Directive n° 01/16-UEAC-093-CM-30 du 14 janvier 2016.

20
§ participeront à la préparation du tableau de bord de l’EATMI supervisée par la
Commission de la CEMAC,
§ prépareront les rapports nationaux d'alerte précoce,
§ prépareront le plan d’actions correctives et
§ contrôleront leur mise en œuvre.
o Le Collège de Surveillance Multilatérale conseillera le Conseil des Ministres en donnant son
avis sur les rapports nationaux (documents d’analyse approfondie) et régionaux sur les
déséquilibres macroéconomiques, les plans d’action qui en découlent et leur mise en œuvre12.
o Le Conseil des Ministres de l'UEAC décidera de la nécessité de lancer des analyses
approfondies, de préparer des plans d'action et des actions de suivi requises.
o La Commission de la CEMAC est le secrétariat de toutes ces entités. Elle préparera la version
initiale du tableau de bord en consultation avec les parties prenantes concernées et donnera
le cas échéant son avis sur tous les résultats et à toutes les étapes de la prise de décision.

Implication des parties prenantes et communication

50. Les parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre de l'EATMI sont celles impliquées dans
l'exercice de surveillance multilatérale. Ces parties prenantes sont les représentants des institutions
suivantes : la Commission de la CEMAC, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), la Banque
de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), la Commission Bancaire de l’Afrique
Centrale (COBAC), la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale
(COSUMAF), les bureaux nationaux des statistiques, ainsi que les hauts fonctionnaires des secteurs de
la dette, de l’économie, des prévisions, du budget, de la planification et de la trésorerie. Ces parties
prenantes interviennent aux niveaux national et/ou régional.
51. Pour des raisons de transparence, les résultats récapitulatifs de l’EATMI ainsi que les plans d’actions
correctives devraient être publiés. L'EATMI inclut des données sensibles relatives à la couverture
monétaire et certains qualificatifs des risques macroéconomiques. Il serait commode de publier une
analyse résumée ou un communiqué de presse afin de fournir une vue d'ensemble des risques
macroéconomiques et des actions correctives. Les plans nationaux d’actions correctives ainsi que
leurs rapports de mise en œuvre peuvent être publiés pour garantir la responsabilisation et donner
confiance aux citoyens et aux entreprises.

12 Le comité peut utiliser ces contributions pour la préparation des orientations régionales que sont les GOPE (grandes
orientations de politiques économiques). Les GOPE forment un rapport qui présente les lignes directrices et les actions relatives
à la stabilité macroéconomique, aux réformes structurelles et à l'approfondissement des problèmes d'intégration régionale et
de sécurité.

21
4. ÉTAPES DE PRÉPARATION DU RAPPORT FINAL D'ALERTE MACROÉCONOMIQUE

Tableau 2 : Calendrier indicatif de préparation des résultats de l’EATMI

Entités responsables Actions Durée Remarques


CEMAC avec les contributions Préparer les tableaux de bord de l’EATMI ou 8 semaines
des Cellules Nationales de les rapports analytiques
Surveillance Multilatérale
Collège de Surveillance Fournir des conseils sur les tableaux de bord 1 semaine
Multilatérale de la CEMAC nationaux et régionaux et les rapports
Conseil des Ministres de l’UEAC Prendre des décisions sur les tableaux de bord 1 jour En parallèle aux
nationaux et régionaux et les rapports réunions de la
analytiques Zone franc
Cellules Nationales de Préparer les analyses économiques 2 semaines
Surveillance Multilatérale, approfondies
CEMAC et autres institutions
concernées
Cellules Nationales de Préparer un plan national d'actions correctives 1 semaine
Surveillance Multilatérale,
CEMAC et autres institutions
concernées
Collège de Surveillance Fournir des conseils sur les analyses 1 semaine
Multilatérale de la CEMAC économiques approfondies et le plan national
d’actions correctives
Conseil des Ministres de l’UEAC Prendre les décisions relatives au plan 1 jour Réunion
national d’actions correctives spéciale
Commission CEMAC Communiquer sur les résultats de l’EATMI 1 jour

5. GESTION DES RISQUES


52. Différents facteurs peuvent affecter la mise en œuvre et l'efficacité du mécanisme d'alerte précoce
des déséquilibres macroéconomiques. La mise en œuvre d'un nouvel outil d'aide à la gestion
macroéconomique présente de nombreux risques. Dans le cas de l’EATMI, quatre risques principaux
ont été identifiés : la disponibilité des données, la portée et la mise en œuvre des analyses
approfondies, l'efficacité des plans d'action corrective adoptés et le suivi des plans d'action corrective.
53. Le premier risque concerne la disponibilité, la collecte et la mise à jour des données nécessaires à
l'établissement des tableaux de bord. La principale conséquence, si ce risque se concrétise, est
l’accumulation de retards dans l’élaboration des tableaux de bord et leur répercussion sur le
calendrier de mise en œuvre de l’outil. Un groupe technique devrait être créé pour examiner les flux
de données entre les institutions et traiter les éventuels problèmes de disponibilité des données.
54. Le deuxième risque concerne la portée et la mise en œuvre des analyses économiques approfondies
qui dépendent, d'une part, des contraintes financières et de la disponibilité des ressources techniques

22
et, d'autre part, de l'engagement des Autorités nationales. En effet, ces contraintes peuvent soit
retarder considérablement la préparation des rapports finaux d’alerte macroéconomique, soit
conduire à une analyse économique superficielle. La Banque Mondiale encourage la Commission de
la CEMAC à solliciter le soutien de AFRICTAC Centre et des fonds fiduciaires.
55. Le troisième risque concerne l'efficacité des actions correctives adoptées et leur capacité à faire
face aux tendances à la dégradation identifiées au niveau de l'équilibre (ou déséquilibre)
macroéconomique. Si les actions de politique économique proposées sont timides, leur impact sur
les tensions macroéconomiques observées sera limité. La nouvelle législation instituant l'EATMI
pourrait inclure une disposition relative au recours à une tierce partie venant renforcer le contrôle de
la mise en œuvre des actions correctives.
56. Le quatrième risque est lié au manque de suivi des actions correctives. En effet, la crédibilité de
l’EATMI sera fondamentalement affectée si le suivi ou la mise en œuvre des actions correctives n’est
pas efficace. Une assistance technique pourrait aider au suivi pendant les deux premières années de
mise en œuvre de l’outil.

23
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officiel de l'Union européenne, Bruxelles.

25
A NNEXE 1 : T ABLEAU DE BORD DE L ’EATMI : 2016, 2015 ET 2014 ( VALEURS ENTRE PARENTHESES )

Indice du taux
Dé pôts e t
Balance du Taux de Taux de de change
e ncaisse de Cré dit inté rie ur Cré dits e n
compte de s Te rme s de couve rture e n couve rture e n e ffe ctif ré e l De tte publique
Année de changement l'administration au se cte ur privé souffrance (e n
transactions l'é change - monnaie monnaie (e n %) - (e n % du PIB) -
de cellule ce ntrale (e n % du PIB) - % de s prê ts
courante s - Croissance é trangè re - é trangè re - Diffé re nce par Diffé re nce
(e n % du PIB) - Croissance bruts) - Nive au
(e n % du PIB) Diffé re nce Nive au rapport à la
Change me nt
ré fé re nce
Quartile 1 -6.71 -3.35 -2.25 32.6 1.16 -0.18 -6.73 3.28 0.87
Année Quartile 2 -3.65 1.27 0.31 73.7 5.50 0.03 1.33 9.70 3.79
2016 Quartile 3 -0.84 6.38 6.34 87.4 9.20 0.47 9.68 12.09 6.25

Cameroun CM R2016 2016 Modéré (-3.2) Élevé (-2.1) Sévère (-13.2) Élevé (73.6) Faible (-0.4) Sévère (-2.8) Élevé (2.4) Élevé (10.7) Faible (0.5)
Cameroun CM R2015 2015 Élevé (-3.8) Sévère (-9.5) Sévère (-6.3) Modéré (86.8) Faible (-3.5) Faible (2.6) Élevé (5.5) Modéré (9.3) Sévère (10.4)
Cameroun CM R2014 2014 Élevé (-4.0) Modéré (1.5) Élevé (-0.8) Faible (93.1) Faible (-3.4) Sévère (-0.6) Élevé (5.7) Élevé (9.7) Modéré (3.3)
RCA CAF2016 2016 Élevé (-5.5) Élevé (0.0) Modéré (3.4) Modéré (80.2) Sévère (14.9) Faible (1.9) Élevé (2.0) Sévère (25.6) Faible (-8.0)
RCA CAF2015 2015 Sévère (-9.7) Élevé (-2.2) Élevé (-1.9) Modéré (76.8) Sévère (15.7) Sévère (-1.0) Sévère (-11.8) Sévère (30.9) Faible (-5.2)
RCA CAF2014 2014 Sévère (-14.8) Modéré (5.9) Faible (6.6) Modéré (78.7) Sévère (22.2) Faible (2.1) Élevé (-6.0) Sévère (27.7) Sévère (30.6)
Tchad TCD2016 2016 Sévère (-9.2) Sévère (-9.7) Sévère (-27.2) Sévère (5.3) Faible (-1.5) Sévère (-0.2) Sévère (16.7) Sévère (20.9) Sévère (8.5)
Tchad TCD2015 2015 Sévère (-13.6) Sévère (-37.2) Sévère (-40.7) Sévère (32.5) Faible (-1.0) Élevé (0.0) Élevé (7.1) Sévère (17.0) Modéré (1.8)
Tchad TCD2014 2014 Sévère (-8.9) Sévère (-8.0) Élevé (0.2) Élevé (73.2) Faible (0.7) Sévère (-1.8) Sévère (28.1) Élevé (11.7) Sévère (11.0)
Congo, Rép. COG2016 2016 Sévère (-73.6) Sévère (-9.4) Sévère (-27.3) Élevé (43.9) Modéré (3.4) Sévère (-10.0) Élevé (-1.7) Modéré (4.8) Sévère (16.4)
Congo, Rép. COG2015 2015 Sévère (-54.1) Sévère (-27.8) Sévère (-17.8) Élevé (71.2) Faible (-2.2) Sévère (-4.9) Sévère (56.6) Modéré (3.6) Sévère (51.6)
Congo, Rép. COG2014 2014 Faible (1.4) Sévère (-5.8) Sévère (-12.2) Faible (88.9) Modéré (1.7) Modéré (0.2) Sévère (24.5) Faible (2.5) Sévère (10.3)
Gabon GAB2016 2016 Sévère (-9.9) Sévère (-5.3) Sévère (-19.8) Élevé (55.7) Faible (-3.6) Sévère (-3.8) Élevé (-4.7) Modéré (6.6) Sévère (19.5)
Gabon GAB2015 2015 Élevé (-5.6) Sévère (-32.9) Sévère (-13.6) Modéré (75.5) Faible (-6.6) Sévère (-1.1) Élevé (-0.2) Modéré (5.3) Sévère (10.6)
Gabon GAB2014 2014 Faible (7.6) Sévère (-5.4) Élevé (-0.9) Faible (89.1) Faible (0.1) Sévère (-1.2) Élevé (-3.1) Modéré (4.1) Modéré (2.9)
Guinée Equatoriale GNQ2016 2016 Sévère (-31.1) Sévère (-17.3) Sévère (-47.5) Sévère (8.4) Élevé (7.5) Sévère (-1.5) Sévère (21.7) Sévère (24.6) Sévère (9.8)
Guinée Equatoriale GNQ2015 2015 Sévère (-12.5) Sévère (-36.1) Sévère (-24.7) Élevé (55.9) Élevé (7.7) Sévère (-0.4) Sévère (57.3) Sévère (16.8) Sévère (21.0)
Guinée Equatoriale GNQ2014 2014 Sévère (-13.4) Sévère (-6.5) Sévère (-20.1) Modéré (80.6) Élevé (9.0) Sévère (-3.6) Sévère (19.4) Sévère (19.7) Sévère (6.3)

26
A NNEXE 2 : P RI NCI PAUX ELEMENTS DU SYSTEME D ' ALERTE PRECOCE DE L 'U NI ON
E UROPEENNE
Annexe 2a : Procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques - Principales étapes

Dépistage

• Applicable à tous les pays de l'UE, à l'exception des pays de la zone euro
bénéficiant d'une assistance financière et de programmes d'ajustement
macroéconomique
• Adoption par la Commission d’un rapport sur le mécanisme d'alerte (RMA)
sélectionnant les pays nécessitant un examen approfondi
• Base juridique : articles 3 et 4 du règlement 1176/2011

Analyse et identification des déséquilibres

• Les examens approfondis (IDR) sont préparés par les services de la


Commission pour les pays sélectionnés figurant dans le RMA
• Le service Communication de la Commission présente les résultats des IDR
• Base juridique : article 5 du règlement 1176/2011

Recommandations, application, suivi

Action préventive Action corrective

• Recommandations spécifiques à chaque pays, • La procédure relative aux déséquilibres


délivrées par le Conseil sur recommandations de excessifs doit s'appliquer aux pays touchés par un
la Commission et adressées aux groupes de pays déséquilibre excessif. Cette procédure est lancée
touchés par des déséquilibres. à la suite de la recommandation émise par le
• Base juridique : article 6 du règlement Conseil sur recommandation de la Commission.
1176/2011. • Base juridique : chapitre III du règlement
1176/2011
• Sanctions possibles pour les pays de la zone
euro
en cas de non-conformité (Base juridique :
Règlement 1174/2011).

Source: Commission européenne, Procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques : Justification, traitement, application :
recueil, document institutionnel 039 | Novembre 2016, p.22.

27
Annexe 2b : PDM - Catégories de déséquilibres

Catégories utilisées en 2014 et 2015 Catégories thématiques

Pas de déséquilibre Pas de déséquilibre

Déséquilibre nécessitant une action politique et un suivi

Déséquilibre nécessitant une action politique décisive et un suivi Déséquilibres *

Déséquilibre nécessitant une action politique décisive et un suivi spécifique

Déséquilibre excessif nécessitant une action politique décisive et un suivi spécifique Déséquilibres excessifs *

Déséquilibre excessif avec plan d’actions correctives (PAC) Déséquilibres excessifs

avec plan d’actions correctives (PAC)

* Dans les catégories thématiques, un suivi spécifique est réalisé à la fois pour les "déséquilibres" et les "déséquilibres excessifs",

suivi modulé selon la gravité des problèmes.

Source: Commission européenne, Procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques : Justification, traitement, application :
recueil, document institutionnel 039 | Novembre 2016, p.32.

28
Annexe 2c : Indicateurs du tableau de bord PDM (RMA 2018)

Domaine
Indicateurs Unité Origine des données
statistique

en % du PIB, BP/CN
Balance du compte des transactions courantes Eurostat
moyenne sur 3 ans

Position extérieure globale nette en % du PIB Eurostat BP/CN

Taux de change effectif réel (42 partenaires variation en % sur 3 ans DG ECFIN
commerciaux)

variation en % du total Eurostat, FMI BP


Part de marché dans les exportations mondiales
mondial sur 5 ans

Indice du coût salarial unitaire nominal (2010=100) variation en % sur 3 ans Eurostat CN

Indice des prix des logements (2015=100) - déflaté variation en % sur 1 an Eurostat Statistiques des prix/CN

Flux de crédit du secteur privé - consolidé en % du PIB Eurostat CN (CF)

Dette du secteur privé - consolidée en % du PIB Eurostat CN (CF)

Dette brute des administrations publiques en % du PIB Eurostat PDM/GFS

Taux de chômage moyenne sur 3 ans Eurostat EU-EFT

Passif de l'ensemble du secteur financier - non consolidé variation en % sur 1 an Eurostat CN (CF)

Taux d’activité - % de la population totale âgée de 15 à variation en p.p. sur 3 ans Eurostat EU-EFT
64 ans

Taux de chômage de longue durée - % de la population variation en p.p. sur 3 ans Eurostat EU-EFT
active âgée de 15 à 74 ans

Taux de chômage des jeunes - % de la population active variation en p.p. sur 3 ans Eurostat EU-EFT
âgée de 15 à 24 ans

Note : BP : Balance des paiements ; CF : Comptes financiers ; CN : Comptes nationaux ; DBC : Données bancaires consolidées ; DG
ECFIN : Direction générale des affaires économiques et financières ; EU-EFT : Enquête sur la population active / Statistiques du marché
du travail ; EU-SILC : Statistiques sur le revenu et les conditions de vie ; PDM/SFG : Procédure concernant les déséquilibres
macroéconomiques/Statistiques financières gouvernementales.
Source : Document de travail des services de la Commission, annexe statistique accompagnant le document « Rapport de la
Commission au Parlement européen, au Conseil, à la Banque centrale européenne et au Comité économique et social européen »,
Rapport du mécanisme d'alerte 2019, Bruxelles, 21.11.2018, p. 8.

29
Annexe 2d : Indicateurs auxiliaires du tableau de bord PDM (RMA 2019)
Indicateur Unité Origine des Domaine
données statistique

Produit intérieur brut (PIB) réel variation en % sur 1 an Eurostat CN

Formation brute de capital fixe en % du PIB Eurostat CN

Dépense intérieure brute de R&D en % du PIB Eurostat Statistiques


commerciales/CN

Compte des transactions courantes et de capital (capacité en % du PIB Eurostat BP/CN


ou besoin de financement)

Position nette d'investissement international excluant les en % du PIB Eurostat BP/CN


instruments non défaillants

Investissements directs étrangers dans l'économie en % du PIB Eurostat BP/CN


déclarante (flux)

Investissements directs étrangers dans l'économie en % du PIB Eurostat BP/CN


déclarante (stocks)

Balance commerciale nette des produits énergétiques en % du PIB Eurostat Commerce


international/CN

Taux de change effectif réel - partenaires commerciaux variation en % sur 3 ans DG ECFIN
zone euro

Termes de l'échange (biens et services) variation en % sur 5 ans Eurostat CN

Part dans les exportations mondiales, en volume variation en % sur 1 an Eurostat/FMI

Productivité de la main d'œuvre variation en % sur 1 an Eurostat CN

Prêts bruts non productifs, entités nationales et % des prêts bruts BCE DBC
étrangères

Coût salarial unitaire nominal - zone euro variation en % sur 10 ans DG ECFIN

Indice des prix des logements (2015 = 100) — nominal variation en % sur 3 ans Eurostat Statistiques des prix

Construction résidentielle en % du PIB Eurostat CN

Dette du secteur privé - consolidée (incl. NPISH) en % du PIB Eurostat (CF)

Levier du secteur financier, consolidé Total actif / total capitaux propres BCE DBC

Taux d'emploi variation en % sur 1 an Eurostat CN

Taux d'activité en % de la population totale âgée Eurostat EU-EFT


de 15 à 64 ans

Taux de chômage de longue durée en % de la population totale âgée Eurostat EU-EFT


de 15 à 74 ans

Taux de chômage des jeunes en % de la population active âgée Eurostat EU-EFT


de 15 à 24 ans

30
Jeunes ne travaillant pas et ne suivant pas d'études ou de en % de la population totale âgée Eurostat EU-EFT
formation de 15 à 24 ans

Personnes en risque de pauvreté ou d'exclusion sociale en % de la population totale Eurostat EU-SILC

Personnes en risque de pauvreté après transferts sociaux en % de la population totale Eurostat EU-SILC

Personnes en situation de privation matérielle sévère en % de la population totale Eurostat EU-SILC

Personnes vivant dans des ménages à très faible intensité en % de la population totale âgée Eurostat EU-SILC
de travail de 0 à 59 ans

Note : BP : Balance des paiements ; CF : Comptes financiers ; CN : Comptes nationaux ; DBC : Données bancaires consolidées ; DG ECFIN : Direction
générale pour les affaires économiques et financières ; EU-EFT : Enquête sur la population active/Statistiques du marché du travail ; EU-SILC :
Statistiques sur le revenu et les conditions de vie.
Source : Document de travail des services de la Commission, annexe statistique accompagnant le document « Rapport de la Commission au
Parlement européen, au Conseil, à la Banque centrale européenne et au Comité économique et social européen », Rapport du mécanisme d'alerte
2019, Bruxelles, 21.11.2018, pp. 9-10.

31
Annexe 3 : Calcul des seuils et leur interprétation

La méthodologie utilisée pour la conception du Tableau de bord, à l’aide du Tableur Excel, tient en neuf
étapes présentées ci-dessous.
1. Collecte des données
La première étape consiste à collecter les données macroéconomiques (déjà publiées ou calculées).
Pour des raisons de disponibilités des données et pour la prise en compte de données les plus
homogènes possibles, les bases de données utilisées dans les différentes analyses macroéconomiques
ont été privilégiées (voir Tableau 1).
2. Constitution de la base de données par pays
La deuxième étape consiste à constituer, sur Excel, une base de données pour chacune des variables,
par pays. L’étendue de la base de données va de 1980 à 2016; sauf mention contraire, et ce
uniquement pour des raisons de disponibilité.
!"# avec i le pays {membres de la CEMAC} et t {1980; 2016}.
Selon les cas, il est opéré une transformation de la variable en différence ou taux de croissance.
3. 1ère Transformation des variables
La troisième étape consiste à transformer certaines variables en utilisant le tableau de transformation
ci-dessous :

Variables d’origine (X) Première transformation Unité de la variable de sortie


(Y)

Solde du compte courant (% du PIB) Aucune : Variable en niveau (X) % du PIB

Termes de l'échange (indice des termes de Taux de croissance Points de pourcentage


l'échange nets) !# − !#%&
∗ 100
!#%&
Taux de couverture extérieure de la monnaie DEUX variables obtenues : Différence Points de pourcentage
(%) première (∆!# = !# − !#%& ) & variable
en niveau (X)
Taux de change effectif réel [TCER] (%) Différence avec la moyenne sur 10 ans Points de pourcentage
Soit xt le TCER à l’instant t, la variable
analysée dans le tableau de bord est :
!"
!# − ∑#%&.
#%& 10
,# = 100 ∗ !"
∑#%&.
#%& 10

Dépôts et encaisse des administrations Différence première (∆!# = !# − !#%& ) % du PIB


publiques (% du PIB)
Crédit intérieur accordé au secteur privé par Taux de croissance % du PIB
les banques (% PIB) !# − !#%&
∗ 100
!#%&
Crédits en souffrance (% des prêts bruts) Aucune : Variable en niveau (X) % des prêts bruts

Dette publique totale (% du PIB) Différence première (∆!# = !# − !#%& ) % du PIB


[Valeur positive uniquement]

32
4. Calcul des moyennes mobiles pour chaque série de données par pays
La quatrième étape consiste à transformer les valeurs en moyenne mobile rétrospectivement sur trois
ans. L’utilisation d'une moyenne d'évolution de trois ans pour assouplir les écarts
!(01+)",#%5 + !(01+)",#%& + !(01+)",#
!(01+)",# =
3
5. Constitution de la base de données en panel des pays
La cinquième étape consiste à regrouper, pour chaque variable, les séries individuelles par pays en
données panel constituées par tous les pays membres de la CEMAC. Cette étape permet d’intégrer la
dimension communautaire à la dimension pays.
7!(01+)",# 8
6. Calcul des quartiles à partir de la base de données en panel des pays
La sixième étape consiste à calculer, pour chacune des variables, les quartiles sur la base des données
en panel des pays.

• 9:;<= 3 = ?;@AB<=:(ÉB:DE;: F!(01 +)",# G ; 25%) (Quartile à 25%)

• 9:;<= 2 = ?;@AB<=:(ÉB:DE;: F!(01 +)",# G ; 50%) (Quartile à 50%)

• 9:;<= 1 = ?;@AB<=:(ÉB:DE;: F!(01 +)",# G ; 75%) (Quartile à 75%)

7. Mise en place des catégories de risques


La septième étape consiste à associer, pour chacune des variables, un niveau de risques correspondant
à un intervalle interquartile qui dépend de la trajectoire de la variable qui détermine le risque de
déséquilibre. Pour les variables suivantes : balance des transactions courantes, termes de l’échange,
taux de couverture (deux variables), et dépôts et encaisse du gouvernement ; les intervalles sont
déterminés sur la base des règles ci-dessous :
• Risque sévère : 1er intervalle interquartile = inférieur au seuil 3;
• Risque élevé : 2ème intervalle interquartile = supérieur ou égal au seuil 3 et inférieur au seuil 2;
• Risque modéré : 3ème intervalle interquartile = supérieur ou égal au seuil 2 et inférieur au seuil 1;
• Risque faible : 4ème intervalle interquartile = supérieur au seuil 1.

Pour les variables suivantes : taux de change effectif réel, créances en souffrance et dette publique ;
l’ordre de classification est inversé selon le principe ci-dessous :

• Risque faible : 1er intervalle interquartile = inférieur au seuil 3;


• Risque modéré : 2ème intervalle interquartile = supérieur ou égal au seuil 3 et inférieur au seuil 2;
• Risque élevé : 3ème intervalle interquartile = supérieur ou égal au seuil 2 et inférieur au seuil 1;
• Risque sévère : 4ème intervalle interquartile = supérieur au seuil 1.

33
Pour la variable crédit intérieur au secteur privé, une règle spéciale est dérivée sur la base des
quartiles afin de prendre en compte le fait qu’une augmentation et une baisse importantes des crédits
au secteur privé peuvent constituer des facteurs de risque de déséquilibre macroéconomique et
nécessitent l’attention des analystes.

8. Détection du niveau de risque de déséquilibres macroéconomiques


La huitième étape consiste à identifier le niveau de risque correspondant à la valeur d’un indicateur,
par pays. Ainsi, pour un pays donné, on prend la valeur de l’indicateur, on calcule la variable Y telle
que présentée dans le tableau à la troisième étape et on la compare à celles des seuils. On en déduit
le niveau de risque correspondant. Il est à rappeler que les seuils calculés sont valables jusqu’à la
prochaine modification jugée nécessaire.

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