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C’est la viande la moins chère au supermarché. Mais c’est l’une des plus coûteuses pour nos écosystèmes, les
éleveurs et les éleveuses qui la produisent, le bien-être des animaux eux-mêmes. Les mastodontes de la volaille
continuent de miser sur le poulet standard. Il est temps d’en sortir.
Amélie Poinssot
27 février 2022 à 17h54
Climat — Enquête
© Mediapart
produits transformés auprès des centrales d’achats… Paroles d’exilés en Serbie : « La
Russie n’est plus mon pays »
Tout cela multiplié par autant de lots mis en production chaque année. Dans un par Jean-Arnault Dérens et Philippe Bertinchamps
Portfolio
Battre la campagne
par La rédaction de Mediapart et La Revue
dessinée
Poulets Duc, LDC et autres marques dans un supermarché Carrefour, février 2022. © Photo Amélie
Poinssot / Mediapart
Cette durée de croissance a été obtenue grâce à une sélection génétique qui a permis
de mettre au point des races spéci ques. D’après une analyse effectuée en 2019 par le
service de recherche du Parlement européen, le taux de croissance des poulets de chair
a ainsi été multiplié par quatre sur le continent pendant la seconde moitié du
XXe siècle.
Ce qui n’est pas sans conséquence sur le bien-être animal : « Les problèmes
couramment rencontrés sont les déformations des pattes, la boiterie, l’ascite
[accumulation de liquide dans la cavité abdominale entraînant une défaillance
cardiaque – ndlr] et le syndrome de la mort subite », peut-on lire dans le rapport.
Dans une vidéo de L214 diffusée mardi 22 février sur le site de l’association, le
témoignage d’un éleveur ayant travaillé pour différents groupes industriels comme
LDC et Terrena en dit long sur la souffrance animale générée par ce système : « Le
squelette ne suit pas vis-à-vis de la croissance, explique-t-il. C’est des poulets qui
tombent par terre. » Les images, tournées par L214 dans une ferme sarthoise travaillant
pour la marque Le Gaulois de LDC, montrent des cadavres et des bêtes bien mal en
point.
Ces élevages, en n, ne sont pas indolores pour leur environnement immédiat. Suivant
le vent, des odeurs d’ammoniac émanent souvent de ces poulaillers, sources de
nuisances colossales pour les voisinages. Mais surtout, la quantité de fumier générée
par ce mode de production augmente la présence de nitrates dans les sols. Le fumier
issu des poulaillers est en effet épandu dans les champs.
éleveurs et des éleveuses, petits maillons de la chaîne qui s’endettent lourdement pour
construire ces bâtiments et se retrouvent pieds et poings liés avec l’industriel jusqu’au J'en pro te
remboursement de leur emprunt, sans parvenir à dégager des revenus dignes de ce
nom. Ce sont à vrai dire les grands perdants de ce système, et les victimes d’une
concentration à marche forcée destructrice de l’emploi agricole dans les campagnes.
Entre 1988 et 2010, le nombre d’exploitations de poulets de chair a baissé de plus de
86 %, selon un rapport de Greenpeace paru en 2020.
C’est pourtant ce modèle-là qui est toujours favorisé en France par les politiques
publiques. Y compris quand tous les signaux d’alerte sont au rouge. Face à la
quatrième vague de grippe aviaire depuis 2015, qui sévit depuis le mois d’octobre, le
gouvernement a répondu par des mesures contraignant les élevages de plein air à
enfermer les bêtes. Nullement par une tentative de désintensi cation du secteur, où
homogénéité génétique, densité dans les bâtiments et transports à toutes les étapes Étienne Balibar : « Le paci sme n’est
sont les meilleurs vecteurs de propagation d’une épidémie. pas une option »
par Mathieu Dejean
En France, la consommation de viande est en baisse. Mais les préoccupations
sociétales vis-à-vis du bien-être animal et de l’impact environnemental touchent
surtout le bœuf et le porc. La consommation de poulet, elle, progresse encore. À la La guerre russe contre l’Ukraine — Reportage
Lviv s’organise en hub humanitaire
différence des deux autres, elle ne fait pas l’objet d’interdits culturels ou religieux, et
géant de l’Ukraine
dans l’imaginaire collectif, cette viande blanche, souvent vendue sous une forme
par François Bonnet
ultra-transformée (nuggets dans la restauration rapide, blancs de poulet dans les
salades et les sandwichs...), est connotée plus positivement que la viande rouge. Sur
l’étiquette au supermarché, c’est aussi la moins chère, et donc la plus consommée par La guerre russe contre l’Ukraine
toutes celles et ceux qui ont du mal à boucler leurs ns de mois. Les industriels misent Pourquoi l’invasion russe de
l’Ukraine attise la peur nucléaire
là-dessus, et continuent d’augmenter leurs volumes.
par Karl Laske et Donatien Huet
À LIRE AUSSI Pour toutes ces raisons, il nous a semblé crucial d’aller voir
de plus près comment cette viande est produite. Que La guerre russe contre l’Ukraine — Analyse
disent les premières personnes concernées, celles qui Isolé dans sa tour d’ivoire: comment
gèrent ces mégapoulaillers bien fermés ? Avec quels Poutine en est arrivé à lancer
arguments les industriels défendent-ils leur modèle ? l’invasion de l’Ukraine
Comment les décisions de monter de nouveaux élevages de par Julian Colling
Notre enquête, publiée ce 27 février, est à lire dans les colonnes de Mediapart, mais
aussi, en néerlandais, dans celles du média Follow the Money. Elle met en évidence un
phénomène européen, où le fossé se creuse entre les discours et la règlementation en
vigueur.
Alors que se déroule, depuis samedi 26 février, le Salon de l’agriculture, grand raout
des défenseurs de l’agro-industrie, de la FNSEA aux grosses coopératives, en passant
par les géants de l’agroalimentaire, et que nous sommes à un mois et demi de
l’élection présidentielle, il est temps de poser dans le débat public la question de
l’avenir des élevages intensifs. Et d’en nir avec ce modèle destructeur tant pour les
écosystèmes que pour l’équilibre économique et social du monde agricole.
Amélie Poinssot
Nos émissions
Cette semaine dans « À l’air Urgence climatique : Faut-il arrêter de faire des Usul. Les meetings sont-ils
libre » comment agir ? enfants pour sauver le encore des
climat ? « démonstrations de
force » ?
par À l’air libre par À l’air libre par Mickaël Correia par Usul et Ostpolitik
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