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RÉSUMÉ. La maîtrise de la détoxication des effluents industriels n’est pas aisée et peut
présenter des risques en cas de dysfonctionnement. Un outil informatique pédagogique libre
permet de simuler le fonctionnement d'une station d'épuration industrielle (SEI) sous
contraintes réelles. Il est facilement disponible sous des environnements de programmation et
de navigation libres.
1. Introduction
Toutes ces étapes ne sont pas évidentes à mettre en œuvre, surtout pour un
traitement des effluents à flux continu. En particulier, les étapes d’oxydation ou de
réduction peuvent présenter des risques pour la santé des opérateurs en cas de
dysfonctionnement (exemple : si la décyanuration se fait avec la javel et le pH
devient trop faible alors un gaz toxique – le CNCl – peut se dégager…).
3. Modélisation et Simulation
L’Ecole des Mines de St-Etienne a développé un outil informatique permettant
de simuler le fonctionnement d’une épuration continue d’effluents dans diverses
configurations très proches des conditions d’opération réelles, Figure 2. Le
simulateur est basé sur un modèle autorégressif discret de réactions entre acides et
bases, faibles ou fortes. Par exemple, si l‘on considère une réaction impliquant un
acide fort et une base forte, sous hypothèses d’un mélange total et parfait pendant
une « petite » durée (pas de temps) dt, les équations discrètes de « petits batchs »
pour simuler le pH résultant peuvent s’écrire (Narce, 2005) :
• acide dans acide : pas de réaction, juste le bilan des H3O+
pendant dt on ajoute : nHe O+ = dt ⋅ Qin ⋅10− pHin [4]
3
− pH0
initialement dans la cuve il y a : n
c
H3O+
= V0 ⋅10 [5]
4
d’où :
n He O + + n Hc O + − pH in
+ V0 ⋅ 10 − pH 0
pH out = − log 10 3 3 = − log dt ⋅ Qin ⋅ 10
10
V0 + dV in V0 + dt ⋅ Qin [6]
• acide dans base : titrage d’une base forte par un acide fort, soit :
pendant dt on ajoute : na = nHe O+ = dt ⋅ Qin ⋅10− pHin [7]
3
−14+ pH0
initialement dans la cuve il y a : nb = nOH− = V0 ⋅10
c
[8]
si na < nb :
n − na V ⋅ 10 −14 + pH 0 − dt ⋅ Qin ⋅ 10 − pH in
pH out = 14 + log 10 b = 14 + log 10 0 =
V0 + dV in V0 + dt ⋅ Qin
V ⋅ 10 pH 0 − dt ⋅ Qin ⋅ 1014 − pH in
= log 10 0 [9]
V0 + dt ⋅ Qin
sinon :
n − nb dt ⋅ Qin ⋅ 10 − pH in − V0 ⋅ 10 −14 + pH 0
pH out = − log 10 a = − log 10
V0 + dV in V0 + dt ⋅ Qin [11]
Les arrivées multiples dans la cuve (effluents, réactifs) sont assimilées à autant de
« petits batch », faisant appel à la fonction de simulation [12]. L’hypothèse de
mélange parfait peut se justifier par la présence d’un mélangeur puissant, en
fonctionnement, ainsi que des baffles brise-vortex. En cas de dysfonctionnement du
mélangeur on considère qu’une fraction significative du volume V0 de la cuve est
« morte », i.e. ne participe pas à la réaction à flux continu. L’hypothèse de petits
batchs est étayée par les paramètres effectifs, observés sur la station réelle
industrielle : V0 ∈ [10, 12] m3 , dt=10s, Qin|max=30m3/h soit : dVin|max ~ 0,83%·V0 .
5
L’installation peut être simulée dans un contexte industriel réel, par exemple en
prenant en compte des mesures de pH et débits enregistrées sur une station
d’épuration existante. On dispose pour cela d’une bibliothèque de fichiers contenant
des mesures réelles, enregistrées sur une SEI en 24 heures avec un pas
d’échantillonnage de dt=10 s. Dans ce cas, les débits et pH entrants sont imposés au
cours de la simulation, sur la base des valeurs enregistrées sur la SEI réelle.
Des indicateurs de consommation donnent des informations sur les coûts et
l’efficacité du traitement, entre autres : sur la quantité d’effluents traités, les volumes
des réactifs usés et leurs prix, l’efficacité de la régulation du pH, le taux d’usure des
composants (e.g. nombre de démarrages et arrêts des pompes doseuses par unité de
temps), etc.
4. Applications et perspectives
L’outil est utilisé dans la formation d’étudiants en options “processus industriels”
et “ingénierie de l’environnement” à l’ENSM.SE. On envisage son introduction à
court terme dans les cursus professionnalisants (formation par alternance et
continue) et pour la sensibilisation à la sécurité de fonctionnement dans des
entreprises de traitement de surface. Le résumé du bilan d’utilisations en ICM et
formation professionnelle peut se présenter comme suit : 2004 – 20 élèves, 2005 –
15 élèves FP + 20 élèves ICM, 2007 – 19 élèves, 2008 – 31 élèves. L’outil a
également servi de support pédagogique pour les cours dispensés à l’étranger ;
notemment en Pologne (échanges Erasmus) et aux USA (Virginia Tech). Un
déploiement est envisagé au Lycée Technique et Professionnel « Benoît
Fourneyron », spécialisé notamment dans les métiers de traitement de surface.
L’outil a été utilisé dans le cadre du Master international EnvIM, dans le cadre d’une
collaboration entre l’ISIGE et l’Université de Tsinghua. Il propose des interfaces
utilisateur en plusieurs langues : français, anglais, allemand, polonais, portugais,
espagnol, chinois, arabe, vietnamien…
Compte tenu du langage de codage utilisé (Java), l’outil peut être facilement
installé et/ou accessible à distance, via des navigateurs web les plus communs et
libres. Il est complémentaire d’autres projets de développement de simulateurs de
stations d’épuration, tels que GPS-X (GPS-X, 2009) ou le projet COST 624 (Pons &
Henze, 2005) par le fait qu’il se focalise sur les processus physico-chimiques plutôt
que (micro)biologiques et qu’il est libre d’utilisation.
5. Remerciements
6. Bibliographie