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6.

Capacité portante d’un massif en sol purement cohérent

B
y

p
x

z
cohésion C

Figure13

On considère un massif de sol semi infini soumis à une pression uniforme d’intensité p,
comptée positivement vers le bas, s’exerçant sur une bande de largeur B et d’extension infinie
dans la direction Oz (figure 13). On néglige dans un premier temps le poids propre du sol
( γ = 0 ). Le critère de résistance utilisé est celui de Tresca, de cohésion C. On recherche la valeur
du chargement extrême p+ (capacité portante du massif), définie en vertu du raisonnement du
calcul à la rupture par :

0 ≤ p ≤ p+ ⇔ { ∃ σ S.A avec p tel que ∀x ; f (σ (x)) ≤ 0} (8.81)

où σ S.A avec p est bien vérifiée signifie que l’ensemble des conditions suivantes est vérifié :

◊ divσ = 0 ou [ σ ] . n = 0 à la traversée d’éventuelles surfaces de discontinuité du champ


de contrainte.

σ ( x > B / 2 , z = 0). ez = 0


◊  (8.82)
σ ( x ≤ B / 2 , z = 0). ez = − p ez

282
6.1. Approches statiques par l’intérieur

6.1.1. Champs de contrainte à trois zones


y

p
x

0
−p 0

−q −q −q
−r −r −r

(2' ) (1) (2)

Figure 14

Ce champ, représenté sur la figure 13, est défini comme suit

◊ zones (2) et (2’) :

x > B / 2 , σ = −qex ⊗ ex − rez ⊗ ez (8.83)

◊ zone (1) :

x ≤ B / 2 , σ = −qex ⊗ ex − pe y ⊗ e y − rez ⊗ ez (8.84)

où q et r sont des constantes. Ce champ est manifestement statiquement admissible avec la


valeur p du chargement appliqué en surface, puisqu’il vérifie de manière évidente l’équation
d’équilibre dans chaque zone, les conditions aux limites en surface, et la condition de
continuité du vecteur contrainte au passage d’une zone à l’autre.

283
Choisissant alors la contrainte σ zz = −r comme contrainte principale intermédiaire dans
chaque zone, l’écriture de la condition de résistance de Tresca dans chaque zone donne :

q ≤ 2C , p − q ≤ 2C (8.85)

d’où

sup { p ; q ≤ 2C , p − q ≤ 2C } = 4C (8.86)

Il en découle que jusqu’à la valeur p=4C, il est possible de construire un champ de contrainte
en équilibre avec ce chargement et respectant en tout point du massif le critère de résistance.
D’où l’obtention d’un premier minorant de la capacité portante :

p + ≥ 4C (8.87)

6.1.2. Champs de contrainte à six zones

p
x

(3)

π /8
(1' ) (1)

(2' ) (2)

(4)

Figure 15

284
Ce champ comporte six zones à l’intérieur des quelles la contrainte, constante, sature le critère
de résistance de Tresca (figure 15). L’utilisation des cercles de Mohr (figure 16) permet de
construire un tel champ de proche en proche en partant de la zone (1) pour aller vers la zone (3)
en passant par la zone (2) en s’assurant de la continuité du vecteur contrainte au franchissement
des lignes de séparation.

τ
(2) (1)
(3)

− 2(1 + 2 )C 3π / 4 π /2
3π / 4
σ
− (1 + 2 2 )C − (1 + 2 )C −C

Figure 16

On observe alors immédiatement qu’un tel champ est en équilibre avec la valeur
p = 2(1 + 2 )C du chargement, d’où l’amélioration du minorant de la capacité portante :

p + ≥ 2(1 + 2 )C ≅ 4,828 C (8.88)

6.2. Approches cinématiques par l’extérieur

6.2.1. Mécanisme à cinq blocs

Ce mécanisme, représenté sur la figure 17 est constitué de cinq blocs en translation, numérotés
de 1 à 5, ayant la forme de triangles isocèles de demi angle au sommet α . Compte tenu de la
condition de pertinence relative au critère de Tresca, les discontinuités de vitesse entre ces blocs
doivent être tangentielles. Désignant par U la vitesse verticale du bloc n°1 situé sous la zone
d’application du chargement, l’hodographe des vitesses (figure 18) permet de calculer les vitesses
des autres blocs, ainsi que la valeur des différentes discontinuités de vitesse en fonction de U et
α.

285
y

B A x
E
U 1
3' 3
4 2
α

C D

Figure 17

α U / 2 cosα

0 2
U tan α
Figure 18. Hodographe des vitesses

U
α U / cos α

Dans un tel mécanisme, la puissance résistante maximale, qui se réduit à la contribution des
discontinuités entre les blocs, s’écrit :

 { AC × C U / cos α + CD { × C U tan α + { AD × C U / 2 cos α + 



Prm (Uˆ ) = 2 B / 2sin α B B / 2 sin α 
(8.89)
DE × C U / 2 cos α 
 { 
B / 2sinα

286
soit encore pour U>0 :

Prm (Uˆ ) = 2BCU tan α +


2 
= 2BCU (2t + 1 / t) (8.90)
 sin 2α 

où l’on a posé t=tanα. La puissance virtuelle des efforts extérieurs dans ce même mécanisme
étant égale à :

Pe (Uˆ ) = pBU (8.91)

on en déduit la majoration suivante de la capacité portante :

p+ ≤ 2C(2t + 1 / t) (8.92)

le meilleur majorant, obtenu pour t=tanα= 2 / 2 , étant :

p+ ≤ 4 2C ≅ 5,66 C (8.93)

6.2.2. Le mécanisme de Prandtl (figure 19)

y
p

B A
G x
U/ 2 E
1
U
2' 2' ' 3
r
F éventail θ D
C
U/ 2

Figure 19

287
Ce mécanisme est formé d’un bloc rectangle isocèle ABC animé d’une vitesse verticale
descendante U, ainsi que deux blocs adjacents ADE et BFG en translation, raccordés au bloc
central par deux éventails circulaires BFC et ACD qui sont le siège d’une déformation de
cisaillement, où le champ des vitesses est défini en coordonnées polaires (r,θ ) attachées au
sommet de l’éventail par Uˆ = (U / 2 )eθ .

3 2"

0 Figure 20
U/ 2
θ
π /4

U 2'

L’hodographe des vitesses correspondant est représenté sur la figure 20. Il permet de calculer
les différentes discontinuités de vitesse en fonction de la vitesse U du bloc central 1.

◊ Le long des quarts de cercle CD et CF, la discontinuité est tangentielle de module


U / 2 . La contribution correspondante à la puissance résistante maximale est :

PrmCD ∪CF (Uˆ ) = 2((π / 2)B / 2 ) CU / 2 = πBCU / 2 (8.94)

◊ Le long des segments AC et BC cette discontinuité est également tangentielle de


module U / 2 . D’où la contribution correspondante à la puissance résistante
maximale :

PrmBC ∪ AC (Uˆ ) = 2 (B / 2 ) CU / 2 = BCU (8.95)

◊ Enfin le long des segments DE et FG la discontinuité tangentielle est de module


U / 2 , et la contribution à la puissance résistante maximale vaut donc :

288
PrmDE ∪ FG (Uˆ ) = 2 (B / 2 ) CU / 2 = BCU (8.95)

Dans chaque éventail le taux de déformation s’écrit :

U
d (Uˆ ) = − (er ⊗ eθ + eθ ⊗ er ) (8.96)
2 2r

de sorte que les valeurs principales sont :

U U
dˆ1 = ≥ dˆ2 = 0 ≥ dˆ3 = − (8.97)
2r 2 2r 2
d’où
π (dˆ ) = C (dˆ1 + dˆ2 + dˆ3 ) = CU /(r 2 ) (8.98)

et la contribution de ces deux éventails à la puissance résistante maximale est :

B/ 2 π /2
PrmACD ∪ BCF (Uˆ ) = 2  CU rdθ dr = πBCU / 2

r =0
∫
θ =0 r 2


(8.99)

La puissance résistante maximale totale développée dans le mécanisme s’écrit donc en


définitive :

Prm(Uˆ ) = (π + 2)BCU (8.100)

d’où par comparaison avec la puissance des efforts extérieurs Pe(Uˆ ) = pBU , l’obtention du
majorant suivant de la capacité portante :

p+ ≤ (π + 2)C ≅ 5,14 C (8.101)

dont on peut montrer grâce à l’approche statique qu’il s’agit en fait de la valeur exacte :

p+ = (π + 2)C ≅ 5,14 C (8.102)

289
6.3. Prise en compte de la pesanteur

(P0) (Pγ )
p y p
z x

γ =0 γ
σ0 σ γ = σ 0 + γy 1

Figure 21

Désignant par (P0) le problème de la capacité portante du massif en l’absence de pesanteur,


que nous venons de traiter, on s’intéresse au problème (Pγ) qui diffère du premier par la prise en
compte de la pesanteur (figure 21). La seule application de la définition des capacités portantes
correspondantes, désignées respectivement par p + (0) et p+(γ ) , nous permet de montrer que ces
dernières sont égales, et que donc la pesanteur n’a aucune influence. En effet, on a :

divσ = 0 , [σ ]. n = 0
0 0



 0 0 si x > B / 2
p ≤ p+(0) ⇔ ∃ σ tel que σ ( y = 0). e y =
0
(8.103)
 − pe y si x ≤ B / 2
 0
σ1 − σ 30 ≤ 2C


ainsi que

290
divσ − γ ey = 0 , [σ ]. n = 0
γ γ



γ
 γ 0 si x > B / 2
p ≤ p+(γ ) ⇔ ∃ σ tel que σ ( y = 0). e y = (8.104)
 − pe y si x ≤ B / 2
 γ
σ1 − σ 3γ ≤ 2C


σ 0 étant un champ quelconque satisfaisant les conditions requises par (8.103), le champ défini
γ
par σ = σ + γy 1 satisfera celles données par (8.104), puisque :
0

γ
divσ = divσ + grad(γy) = γ e y
0

σ γ ( y = 0) = σ 0( y = 0) (8.105)

σ1γ − σ 3γ = σ10 − σ 30

On aura donc :

p ≤ p+(0) ⇔ p ≤ p+(γ ) (8.106)

soit encore :
p+(γ ) = p+(0) = (π + 2)C (8.107)

ce qui prouve que la capacité portante du massif de sol est indépendante de la pesanteur. La
conclusion serait évidemment bien différente dans le cas par exemple où le sol obéirait à un
critère de résistance de Coulomb.

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