Vous êtes sur la page 1sur 12

MASTER 3GCE ET GCAC

APPLICATION DES ESSAIS EN LABORATOIRE – CORRIGE

1. Caractérisation de l’état initial du massif


1.1. Le matériau de fondation du remblai étant un sol fin, il sera complètement caractérisé
à partir de ses limites d’Atterberg : sa limite de liquidité est égale à w L = 85% et son indice
de plasticité à I P = w L − w P = 44% :

44%

85%
Il s’agit donc d’un limon très plastique (Lt).
L’indice de consistance du sol est égal à :
w L − w nat 85 − 59
IC = = = 0,59
IP 44

On peut s’attendre à ce que ce sol présente des caractéristiques de résistance moyennes.

1.2. L’indice des vides dans la zone saturée est égal à :


1
e=
1 + w nat ρ w
−1
w nat ρ
Où ρ w désigne la masse volumique de l’eau. On en déduit :
1
e= = 1,58
1 + 59% 1
−1
59% 1,65

1/12
1.3. Les contraintes à une profondeur z dans le massif peuvent être déterminées à partir des
relations suivantes :
- Contrainte verticale totale : σ v = ρgz .
- Pression interstitielle : u = 0kPa pour z < 2 m ; u = ρ w g(z − 2 ) pour z > 2 m .
- Contrainte verticale effective : σ′v = σ v − u .
- Contrainte horizontale effective : σ′h = K o σ′v .
- Contrainte horizontale totale : σ h = σ′h + u .
Les distributions correspondantes sont linéaires par morceau (figure 1) :

Elles peuvent être entièrement déterminées à partir des valeurs à 0, 2 et 15m reportées dans le
tableau 1.

z (m ) σ v (kPa ) u (kPa ) σ′v (kPa ) σ′h (kPa ) σ h (kPa )

0 0 0 0 0 0

2 33 0 33 18,2 18,2

15 247,5 130 117,5 64,6 194,6

Tableau 1. Contraintes initiales dans le massif.

1.4. A 9,2m de profondeur, la contrainte verticale effective est égale à


σ′v = 33 + 6,5(9,2 − 2 ) = 79,8 kPa
Cette valeur est pratiquement égale à la pression de préconsolidation σ′P (= 80 kPa ) . Par
conséquent, le sol est normalement consolidé ; on peut donc s’attendre à ce que sa cohésion
drainée c′ soit nulle.

2/12
2. Détermination des caractéristiques mécaniques du sol

2.1. Les cercles de Mohr en contraintes totales et effectives correspondant aux trois essais
triaxiaux consolidés non drainés (CU) du Tableau 2, sont représentés sur la figure 2 :

Essai σ′P (kPa ) (σ1 − σ 3 )r (kPa ) u r (kPa )

1 80 67 50,9

2 100 80,4 65

3 200 148,9 135,5

Tableau 2. Résultats des essais triaxiaux.

C u = C uo + λ u σ′P
C uo = 6,4kPa et λ u = 0,34

2.2. Le critère de rupture de sol en conditions drainées est donné par la tangente aux trois
cercles de Mohr en contraintes effectives. Comme on pouvait s’y attendre, il s’agit d’une
droite passant par l’origine (cohésion c′ = 0 kPa ). L’angle de frottement ϕ′ du sol
correspond à la pente du critère par rapport à l’axe des contraintes normales, soit
ϕ′ = 32,4° .

2.3. La cohésion non drainée est donnée, pour chaque essai, par la valeur du demi déviateur
des contraintes à la rupture :
(σ1 − σ 3 )r
cu =
2

3/12
C'est-à-dire :
- Pour l’essai 1 : c u = 33,5 kPa .
- Pour l’essai 2 : c u = 40,2 kPa .
- Pour l’essai 3 : c u = 74,45 kPa .
Le taux d’augmentation de la cohésion non drainée (λ u ) ou le facteur d’augmentation de
la cohésion (λ ) , avec la pression de préconsolidation s’en déduit à partir de la relation :
∆c u
λ u = tan λ =
∆σ′P
Soit : λ u = 0,34 .

2.4. Le profil de variation de cohésion non drainée avec la profondeur est représenté sur la
figure 3 :

17,62 = 6,4 + 0,34x33

Normalement
consolidé
σ ′v = σ ′P

46,35 = 6,4 + 0,34x117,5

2.5. La cohésion non drainée moyenne du sol peut être évaluée en intégrant la distribution de
cohésion C u de la figure 3, le long du cercle de rupture :

 6,4 + 17,62   17,62 + 46,35 


2  + 13 
m  2   2  = 29,3kPa
Cu =
15

4/12
3. Stabilité de l’ouvrage pendant les travaux
3.1. La capacité portante du sol, en condition non drainée, est déterminée à partir de la
relation suivante, Annexe D de l’Eurocode 7 :

R A ′ = (π + 2) C u b c s c i c + q

Avec des facteurs sans dimensionnel tenant compte de :


- l’inclinaison de la base de la fondation :
b c = 1 − 2α (π + 2)
- de la forme de la fondation :
s c = 1 + 0,2(B′ L′) : pour une forme rectangulaire ;
s s = 1,2 : pour une forme carrée ou circulaire.
- l’inclinaison de la charge due à une force horizontale H :

1  H 

ic =  1+ 1− 
2 A′ C u 
Avec H ≤ A ′ C u

Par conséquent, dans notre cas la capacité portante du sol peut être estimée à partir de la
relation :

q l = (π + 2 ) Cu

Soit : q l = (π + 2 ) 29 = 149kPa .

La charge apportée par le remblai est


égale :

q = 20 kN m 3 .5m = 100kPa b = 17,5m

5/12
Par conséquent, le coefficient de sécurité vis-à-vis d’un poinçonnement du sol par le remblai
est égal à
q 149 kPa
F= l = = 1,49
q 100 kPa
3.2. La stabilité des remblais est habituellement étudiée à l’aide de méthodes d’analyse de
stabilité des pentes ; celles-ci consistent à imaginer un mécanisme de rupture, qui est le
plus souvent circulaire, et faire le bilan des moments moteur et résistant appliqués à la
partie du massif délimitée par le mécanisme de rupture. Le calcul est mené en découpant
la masse de sol à l’équilibre limite en tranches verticales : les approches les plus
courantes sont celles de Fellenius et de Bishop qui diffèrent par le nombre d’hypothèses
introduites dans l’analyse de l’équilibre de chaque tranche individuelle.

3.3. Le schéma de calcul retenu est représenté dans la figure 4 :

Figure 4

Compte tenu de la géométrie circulaire du mécanisme de rupture, le moment résistant est


égal à :

M r = C u .2 R 2 α

5m
Où α (en radians) est tel que : cos α = = 0,50 ; soit α = 60° = π 3 .
10m
On en déduit :

M r = 29.2.10 2. π 3 = 6073,75 kN.m m


Le moment moteur peut être déterminé en considérant les blocs 1, 2 et 3 définis sur la
figure 4, sachant que la contribution du volume de sol compris dans la couche de limon est
nulle (pour des raisons de symétrie par rapport au point O). Les contributions des blocs 1 et
2 sont obtenues en calculant séparément le poids W du bloc et son bras de levier l par
rapport au point O. Les calculs nécessitent la détermination préalable des longueurs L1 et
L2 indiquées sur la figure 4 :
L1 = 7,5 2 = 3,75m ;

6/12
L 2 = R sin α = 10 sin 60° = 8,66m .
On en déduit, pour le bloc 1 :
1 
- Poids du bloc : W1 = 20 kN m 3  7,5m.5m  = 375 kN m ;
2 
7,5m
- Bras de levier : l1 = 3,75m − = 1,25m ;
3
- Moment par rapport à O : M1 = W1.l1 = 375.1,25 = 468,75 kN.m m .

Et, de même, pour le bloc 2 :


- Poids du bloc :

W2 = 20 kN m 3 .5m.(L 2 − L1 ) = 20 kN m 3 .5m.(8,66 − 3,75) = 491 kN m


- Bras de levier : l 2 = (L1 + L 2 ) 2 = (3,75 + 8,66 ) 2 = 6,205m ;
- Moment par rapport à O : M 2 = W2 .l 2 = 491.6,205 = 3046,7 kN.m m .

Pour le bloc 3, la valeur du moment par rapport à O est obtenue par intégration :

M = ∫π 2 − α R. cos θ.20.R. sin θ.(− R. sin θ.dθ )


0

Soit :
0
 sin 3 θ 
∫π 2 − α 20.R . sin θ.(− cos θ).dθ =
0 3 3
M= 20.10 .−  = 833,3 kN.m m
 3  π 2 − α

On en déduit la valeur du moment moteur :


M m = 468,75 + 3046,7 + 833,3 = 4348,8 kN.m m
Le coefficient de sécurité, pour ce mécanisme de rupture, est donc égal à :
Mr 6073,75
F= = = 1,4
Mm 4348,8
3.4. Le coefficient de sécurité obtenu par ce calcul (1,40 ) est légèrement plus faible que celui
déterminé à la question 3.1 (1,49 ) . Dans la pratique, on retiendra la valeur la plus
défavorable, soit F = 1,4 .
3.5. Le calcul plus précis (F = 1,43) diffère de celui mené à la question 3.3, à la fois par la
prise en compte de la résistance du remblai, et par la recherche du cercle de rupture
conduisant au coefficient de sécurité le plus faible. Le premier effet est prépondérant
dans le résultat obtenu.
3.6. Le coefficient de sécurité obtenu étant plus faible que les valeurs communément utilisées
pour ce type d’ouvrage (F = 1,5) , on devra chercher à améliorer les conditions de stabilité
du remblai : cette amélioration pourra être obtenue en procédant à une construction par
phase du remblai qui permettra d’augmenter progressivement la cohésion du sol de
fondation.

7/12
3.7. La cohésion non drainée moyenne du sol peut être évaluée en intégrant la distribution de
cohésion C u (θ) de la figure 3, le long du cercle de rupture :

3 π2
Cm
u = ∫ C u (θ).R.dθ = 20 kPa
πR π 6

Dans ces conditions, le moment résistant est égal à :

M r = 20.2.10 2. π 3 = 4188,8 kN.m m

Mr 4188,8
Et le coefficient de sécurité se réduit à F = = = 0,96 . Ce coefficient est
M m 4348,8
insuffisant ; il est toutefois sous-estimé, dans la mesure où la résistance du remblai a été
négligée dans le calcul.

3.8. L’effort T dans le géotextile doit être tel que :

M r + T.R
F= = 1,5
Mm
On en déduit :

F. M m − M r 1,5. 4348,8 − 4188,8


T= = = 233,4 kN m
R 10

5,09m

Géotextile ϕ′r = 38°

ϕ′ = 32,4°

σ′m . tan ϕ.L > T

Cet effort ne peut être mobilisé dans le massif que si la longueur d’application est suffisante,
c'est-à-dire si on dispose à l’interface entre le remblai et le limon d’une longueur L de part et
d’autre de la zone de rupture telle que : 20 kN m 3 .5m. tan ϕ. L > T ; soit en faisant
l’hypothèse que l’angle de frottement ϕ mobilisé entre le sol et le géotextile est égal à la plus
faible des valeurs du remblai (ϕ′r = 38°) et du limon (ϕ′ = 32,4°) (c'est-à-dire celle du limon

8/12
233,4
ϕ = 32,4° ) : L > = 3,68m . On peut vérifier que cette valeur est bien inférieure
20.5. tan 32,4
aux longueurs d’interface disponibles de part et d’autre de la zone de rupture qui sont
respectivement égales à 4,91m et 5,09m (figure ci-dessus).

3.9. L’ouvrage devrait également être vérifié vis-à-vis d’un risque de rupture à long terme, en
prenant des caractéristiques de résistances drainées pour le limon. Le calcul ne devrait
toutefois pas affecter les conclusions précédentes dans la mesure où les conditions de
stabilité à court terme sont habituellement les plus défavorables pour cette catégorie
d’ouvrage.

4. Tassements du remblai

4.1. La courbe oedométrique correspondant aux valeurs des résultats d’essais :

σ′(kPa ) 5 10 20 40 80 160 320 640 1280

e 1,74 1,70 1,66 1,62 1,56 1,31 1,03 0,75 0,49

Est tracée sur la figure 5 :

Figure 5

On en déduit les valeurs des indices de compression et de gonflement :

C c = 0,93

C s = 0,133

9/12
4.2. La principale limite de l’approche de calcul proposée provient de l’étendue limitée du
remblai par rapport à la profondeur de la couche de limon compressible qui pourrait
remettre en question le modèle unidimensionnel de Terzaghi que l’on se propose
d’utiliser.

4.3. Dans la mesure où la couche de limon est normalement consolidée, le tassement au


bout d’un temps infini peut être déterminé à partir de la relation :
Cc  σ′ + q 
s max = H. log  vo 
1 + eo  σ′vo 

Dans laquelle H désigne l’épaisseur de la couche compressible, σ′vo la contrainte initiale


moyenne dans la couche et q la surcharge appliquée.
Compte tenu de la présence de la zone de dessiccation, on est amené à considérer deux
sous-couches, d’épaisseurs respectives 2 et 13m, dans le calcul :

2m σ′vo = ρ.g.z = 16,5kPa e o = 2,20


X

13m X σ′vo = 75,25kPa e o = 1,58

- Pour la sous-couche de 2m :
0,93 16,5 + 100
s max = .2. log = 0,493 m
1 + 2,20 16,5
- Pour la sous-couche de 13m :
0,93 75,25 + 100
s max = .13. log = 1,72 m
1 + 1,58 75,25
On en déduit la valeur du tassement total : s max = 0,493 + 1,72 = 2,213 m

10/12
4.4. La hauteur Hr de remblai à installer doit être telle que :

5m

Hr

s=f(Hr)

 0,93  16,5 + 20.H r  0,93  75,25 + 20.H r 


Hr −  .2. log  + .13. log   = 5 m
1 + 2,2  16,5  1 + 1,58  75,25 

Un calcul par approximation successives conduit à : H r = 7,9 m .

11/12
4.5. Pour la valeur de la hauteur de remblai déterminée à la question précédente, les
tassements pour un temps infini des deux sous-couches de 2 et 13m de limon sont
respectivement de :
- s1 = 0,596 m
- et s 2 = 2,302 m

Dans la mesure où la zone de dessiccation est considérée comme drainante, le degré de


consolidation U(t ) de la zone saturée doit être tel que le tassement s(t ) correspondant est
égal à :

0,596 + U(t ).2,302


s(t ) = = 90%
0,596 + 2,302

On en déduit : U(t ) = 87,4% , et en utilisant l’abaque reliant U à Tv :

c .t
Tv (t ) = v = 0,75
H o2

Dans cette expression, H o désigne la distance de drainage, soit ici : H o = 6,5 m . On


peut en conclure que le temps nécessaire pour arriver à un degré de consolidation de 90%
est de :

0,75.H o2 0,75.(6,5m )2
t= = = 10,5625.108 sec ondes = 33,5 ans
cv −8 2
3.10 m s

4.6. La consolidation de la couche de limon peut être accélérée en disposant des drains
verticaux qui auront pour effet de réduire la distance de drainage.

12/12

Vous aimerez peut-être aussi