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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012

CORRÉLATIONS NOUVELLES POUR AMÉLIORER LA PERTINENCE


DU DIAGNOSTIC GÉOTECHNIQUE.

NEW CORRELATIONS TO IMPROVE THE QUALITY OF GEOTECHNICAL


STUDIES.

Jean-Claude GRESS1

1 Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat, Vaulx-en-Velin, France, Conseiller


technique d'Hydrogéotechnique, Goussainville, France

RÉSUMÉ — La première partie de l'Eurocode 7 (EN-1997-1) met en avant la


nécessité du recours à l'expérience et aux corrélations. Les corrélations développées
ici contribuent à cet objectif.

ABSTRACT — The first part of Eurocode 7 (EN-1997-1) put forward the necessity of
the use of experience and correlations. Here are suggested correlations wich
contributes to this target.

1. L'identification
Une bonne étude géotechnique commence par une bonne identification des sols
investigués.
Pour des sols non organiques, non salés et de fraction granulométrique 0/400µm,
nous avons constaté les corrélations suivantes, entre la limite de liquidité W L, l'indice
de plasticité Ip, la valeur de bleu de méthylène de la fraction 0/400µm et le passant à
2µ :

WL  0,201  %2   0,063VB 0 / 400m (1)

I P  0,041  %2   0,045VB 0 / 400m (2)

Nous rappelons la relation (Mouroux 1988) :

%400m VB 0 / 400m  %2 VB 0 / 2m (3)

la VB02µ caractérisant la nocivité des argiles, puisqu'il est souvent admis que la
surface spécifique des argiles Sm²/g est donnée par (Mouroux, 1988) :

Sm 2 / g  21VB 0 / 2m (4)

Des relations (1) et (2), nous déduisons :

WL  1,4 I p  0,2561  %2  (5)

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Cette relation montre que pour des sols non organiques, non salés, dont les grains
ne possèdent pas une capacité interne de rétention d'eau, les couples (W L ; Ip)
balaient l'espace du diagramme de Casagrande par une droite paramétrée
d'équation (5).
Quand le [%2µ] = 0 I p  0,714WL  0,256 (6)

équation de la droite A1 de la figure 1.


Quand le [%2µ] = 1 I p  0,714WL (7)

équation de la droite A2 de la Figure 1.

Il est intéressant de noter que l'on retrouve la droite A (Braja, 1990) d'équation :

I p  0,73WL  0,20 (8)


pour [%2µ] = 21,9 %
et que la droite U (Braja, 1990) d'équation :

I p  0,9WL  0,0 (P)


au-dessus de laquelle il est réputé n'exister aucun couple (W L ; Ip) correspond à peu
près à la droite d'équation (7).

Figure 1 . Diagramme de Casagrande

La relation (10) permet, en théorie, l'estimation du pourcentage de passant 2µm


pour des points situés entre les droites A1 et A2 :

0,256  WL  1,4 I p (10)


%2µ 
0,256
Les équations (1) ou (2) permettent ensuite d'estimer la VB 02µ.
Nous comprenons au travers des relations (1) et (2) pourquoi la GTR peut classer
certains sols en A2 par la limite de plasticité Ip et en A1 par la VBS, par le rôle que
joue le passant à 2µ.

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2. La perméabilité
La perméabilité d'un sol est un des paramètres les plus difficiles à mesurer. Ici nous
nous intéressons à l'évaluation en pompage, de la perméabilité horizontale, en
situation saturée. Pour proposer des corrélations fiables, il faut faire référence à la
notion de teneur en eau de rétention W RET ou à son complément, celle d'indice des
vides efficace eeff. L'indice des vides efficace est l'indice des vides disponible à l'eau
gravitaire, par opposition à l'eau liée. Nous avons constaté que le rapport
W RET / W SAT était relié, pour un sol 0/400µm, à la limite de liquidité par la relation :
WRET WL

WSAT WL  0,05 (11)
Or, il est intuitif que la perméabilité d'un sol doit être liée à son indice des vides
efficace avec :
s
eeff  WSAT  WRET  (12)
w
WSAT
En appelant  le rapport soit eeff = e/ , nous avons observé : (13)
WSAT  WRET
log k # - (3,7 + 0,5) + (4,7 – 0,2) e (14)
pour log k < -1 , k en m/s, avec : = 1 + 20 WL d'après (11) (15)
d'où : log k # - (4,2 + 10 WL) + (4,5 – 4 WL) e (16)
La valeur de log k est donnée à plus ou moins 20 %.
La valeur de W L inférieure à 0,2 n'a de sens, que celui d'un sens élargi à une fraction
OD (D diamètre le plus petit des grains les plus gros) pour laquelle :
W L OD = % 400µ W L 0400µ + (1- %400µ) W RET 400 µ D (17)

3. Essais pressiométriques et essais au pénétromètre statique pour les sols


saturés
L'utilisation des pénétromètres statiques pointe électrique de type Gouda, se
développe actuellement en France, essais réalisés parallèlement à des essais
pressiométriques. Une corrélation semble se caractériser entre la valeur de pl*
pression limite et la valeur de qT – v, qT résistance de pointe corrigée de la
surpression interstitielle et v contrainte totale :
pl* # (qT - v) 0,8 en kPa (18)

4. Relation entre la pression limite nette et la cohésion non drainée Cu


Dans le diagramme ci-après Cu fonction de pl*, nous avons tracé les courbes
correspondant à des relations connues et les courbes Q6, Q7 de Bustamante (Cf
Eurocodes 7).

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pl *
Cu  0,072  si 0,4 < pl* < 1 MPa (CASSAN)
8
pl *
Cu  0,147  si pl* > 1 MPa (CASSAN)
15

Relation LCPC
Relation AMAR JEZEQUEL
Relation (19)
Relation Q6
Relation Q7
Relations CASSAN
(AMAR)

(LCPC)

Figure 2 . Différentes évolutions de Cu avec pl*.

 pl *   pl * 
La courbe en : 1001   LN 1   proposée par nous, (19)
 10000   450 
s'inscrit de manière satisfaisante dans le faisceau d'informations (figure 2).
Quand on cherche à partir de cette formule, une relation pl* = f(Cu), l'inversion ne
semble pas simple.
En fait, on constate sur le graphe ci-après que la courbe pl* = f(Cu) peut
s'approximer d'une manière satisfaisante Cu :
pl* = A CuB (figure 3). (20)

Relation (9)
Relation (5)

Figure 3 . Evolutions comparées de pl* fonction de Cu.

Dans ces conditions, nous proposons de retenir :


Cu = (pl*) 0,7 en kPa (21)

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5. Relation entre la pression limite nette ou la résistance de pointe q T et la


contrainte de préconsolidation
La relation proposée par Mayne entre la pression de préconsolidation 'p et la
résistance de pointe au pénétromètre statique qT, corrigée de la contrainte totale à la
profondeur de mesure est (Mayne 2009) :
'p # 0,33 (qT – v) m en kPa (22)
Nous suggérons pour les sols 0-400µ :
: m= WL  0,14 (23)
WL  0,233

Il résulte de l'expression (18) qu'une expression dérivée de celle de Mayne vient :


'p = 0,33 (pl*) 1,25m en kPa (24)

Nous proposons plutôt en kPa, pour la relation (22) :

 q   v 0,8 m 
1, 25

 ' p   ' vo T (25)



  ' vo 

1, 25
pl *1, 25m  pl * m 
d'où ' p  ou OCR    (26)
 ' vo0, 25   ' vo 
   ' p  1/ m
0 ,8
et pl*   ' vo   (27)
   ' vo  

   ' p   0,7 / m
0 ,8

d'où Cu   ' vo    toujours en kPa (28)


   ' vo  

6. Corrélations entre paramètres oedométriques, teneur en eau et limite de


liquidité
Nous pouvons écrire la relation de Terzaghi (Braja, 1990) :
Cc # 0,9 (WL – 0,10) (29)
de cette manière : Cc = 0,85 (WL – 0,075) (30)
avec un écart faible entre les deux expressions quand W L < 1. Cette relation est une
bonne relation pour évaluer Cc.
Par contre la relation de Herrero (Braja, 1990) deuxième relation intéressante,
Cc = WN – 0,075 doit plutôt s'écrire :
W  0,075
Cc  2,7 NC (31)
4,2  log  ' vo

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où 'vo est en kPa, en écrivant à partir du diagramme oedométrique Cc de plusieurs


manières : W  0,075 W  0,075
Cc  2,7 L  2,7 NC
 '7 , 5 '
log log 7,5
 'L  ' vo
en égalant la première expression à (30) et en admettant 'L = 10 kPa, avec :

eL : indice des vides à la limite de liquidité W L , eL = s W L


'L : contrainte de préconsolidation correspondant à eL en général prise égale à
10 kPa
eNC : indice des vides en situation NC sous 'vo
W NC : teneur en eau à saturation correspondant
e7,5 : indice des vides correspondant à une teneur en eau à saturation de 7,5 %
'7,5 : contrainte de préconsolidation correspondant
s : densité du squelette solide prise ici égale à 27 kN/m3 en l'absence de MO

Si nous comparons les expressions (30) et (31), nous pouvons écrire :


W NC = 0,075 + 0,315 (W L – 0,075) (4,2 – log 'vo) où 'vo en kPa (32)

W W WSC  WP
Dans un diagramme oedométrique, on peut écrire : Cc  s NC P
et CS  s
' p ' p
En éliminant Wp, on obtient : log log
 ' vo  ' vo
' p WNC  WSC
log  s (33)
 ' vo Cc  Cs

où W SC est la teneur en eau à saturation en situation surconsolidée, déduite de la


densité sèche d :
1 1
W SC   (34)
d s

De la relation (33), on déduit :


Cc  Cs ' p
W SC  WNC  log (35)
s  ' vo

D'où en remplaçant W NC par son expression (32)

WSC  0,075  0,315 WL  0,0754,2  0,2 log  ' vo  0,8  log  ' p
(36)
relation qui, connaissant W L W SC et 'vo peut permettre d'estimer 'p.

7. Paramètres de cisaillement long terme


Concernant l'estimation de Ø' angle de frottement interne à long terme, la corrélation
donnant le plus de satisfaction est en relation avec l'Ip, indice de plasticité, et la
densité sèche d.
0,30 d
Nous proposons : tg '  (37)
0,30  Ip s

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Concernant la valeur de la cohésion drainée C', en appliquant l'approche de la


contrainte équivalente et en supposant que la résistance au cisaillement à long terme
en situation normalement consolidée soit aussi du type a('vo)0,7 en kPa, il ressort,
qu'en situation surconsolidée :

0 , 56
0,7 0,7  ' p 
s = a ('eq) = a ('vo)   en kPa (38)
En écrivant cette relation :   ' vo 

s = C' + 'vo tg Ø' (39)


et en gardant à l'esprit que 'vo tg Ø' approxime a('vo)0,7
il ressort une cohésion C' donnée par :
  ' p  0,56 
C' = 'vo tg Ø'    1 (40)
  ' vo  
valeur voisine de celle suggérée par Mesri (1996).

On gardera bien à l'esprit que c'est un artifice de calcul pour intégrer l'état
surconsolidé du sol. L'avantage de cette expression est de bien mettre en valeur
l'effet de la modification de 'vo sur la valeur de C'.

8. Corrélations entre cu et Ø'


Le paramètre cu est un paramètre important pour appréhender l'augmentation de
Cu avec celle de l'augmentation de la contrainte effective.
En utilisant l'approche développée par Magnan dans la réalisation d'un essai CU+u
et schématisée ci-dessous :

 2
 ' vo   i 
’p Cu3 avec  3i 
3
Cu2
Cu0 Cu1

0
31 32 33 v

Figure 4 . Evolution de Cui fonction de 3i

et en prenant, à la rupture, en situation NC, une surpression interstitielle égale


à 1 - 3, Af étant égal à 1, on démontre que :
sin  '
cu  tgcu  (41)
1  sin  '

On retiendra par contre dans l'approche suggérée par Magnan (2011) que :

Cu   ' vo    cu
2 (42)
3
2 sin  '
La valeur de 3 1  sin  ' donne des valeurs proches de la valeur de 0,5 sin Ø'

suggérée par Mayne (Mayne 2009) dans une écriture classique pour les sols NC :

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Cu  0,5 sin  '  ' vo (43)

A noter que pour Af = 0,5 : cu = sin Ø' (44)

9. Corrélations entre pl*, d, WL et 'vo


A partir des relations (34) et (36), on peut écrire :
 0,075  0,315 WL  0,075 4,2  0,2 log  ' vo  0,8 log  ' p
1 1
 (44)
d s

or, d'après (26) : pl *1, 25m (45)


' p 
 ' vo0, 25
Il s'ensuit, avec s = 2,7 T/m3 :

 0,445  0,315 WL  0,0754,2  m log pl *


1 (46)
d

d en T/m3 et pl* en kPa, m coefficient de MAYNE, relation qui peut s'écrire :


 W  0,14 
 0,445  0,315 WL  0,075  4,2  L
1 (47)
log pl *
d  WL  0,233 
relation intéressante entre d, pl* et WL pour des sols 0/400µ.

10. Conclusions
Les corrélations présentées ici constituent la base d'un potentiel de recherche pour
en améliorer la pertinence régionale, mais elles présentent d'ores et déjà, dans le
cadre des Eurocodes 7, un outil intéressant pour améliorer le choix des paramètres
de calcul à rentrer dans les modèles.

Références bibliographiques
Braja MD. (1990). Principales of geotechnical engineering. Pws-Kent. Publishing company. Boston. P.
218-282.

Magnan JP. (2011). Cours Mécanique des sols. Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat. Volume
1, 2 et 3.

Mayne P. (2009). Geomaterial behavior and testing. Compte-rendu du 17ème Congrès Internationale
de Mécanique des Sols, Alexandrie. IOS Press, vol.4, p. 2777-2789.

Mesri G. (1996). Soil mechanics in engineering practice 3rd Edit°. Wiley, p.21-127.

Mouroux P. (1988). La construction économique sur sols gonflants. RexCoop. BRGM. Manuel et
méthodes n° 14, p. 1 à 40.

Eurocodes 7. Projet 2011. Annexes nationales françaises des fondations profondes.

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