Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1. La famille Borgia
Les Borgia sont une famille italienne célèbre au XVème siècle qui joue un
rôle historique essentiel de 1455 à 1504 environ.
Les Borgia sont originaires d’Espagne (de Borja en Aragon). Sa singulière
fortune commence avec l’élection au trône pontifical d’Alphonse Borgia,
archevêque de Valence, en 1455, sous le nom de Calixte III.
Dès ce moment cette famille semble se consacrer à un but unique :
réunir toute l’Italie sous sa domination, en faire un grand Etat unifié qui
fût le centre de la civilisation et le pivot de la politique européenne.
2. La vraie Lucrèce
La Lucrèce historique est la fille d’Alexandre VI et la soeur de César
Borgia. Elle est née à Rome en 1480.
A l’adolescence, la jeune fille emménage dans le palais de son père, qui
se fait passer auprès d'elle pour son oncle et ne lui révélera la vérité que
plus tard. Borgia vit alors avec sa nouvelle maîtresse, Giulia Farnèse. La
jeune fille est élevée comme une véritable princesse et reçoit une
éducation soignée qui la rend très cultivée.
En 1498, elle met au monde un enfant que, dans deux bulles successives
en 1501, Alexandre VI reconnaîtra d’abord comme le fils de César, puis
comme son propre fils(cette seconde bulle devait rester secrète). En fait,
le père est sans doute un valet dont elle a été la maîtresse. La même
année, elle épouse Alphonse, duc de Besaglia, fils naturel d’Alphonse II
d’Aragon.
En 1500, Alphonse d’Aragon, est poignardé, dans sa chambre même,
par César Borgia.
En 1501, elle épouse en troisièmes noces, Alphonse d’Este, qui sera duc
de Ferrare en 1505, et réunit autour d’elle une cour brillante de savants,
d’artistes et de lettrés (parmi lesquels figurent Bembo, et L’Arioste qui
célèbre ses vertus dans une stance de L’Orlando furioso en 1516).
Tous ses contemporains s’accordent à louer sa beauté, sa grâce, son
esprit cultivé et ses bonnes mœurs. Elle est aimée de son peuple,
menant, depuis son mariage avec Alphonse d’Este, une vie irréprochable.
Ce sont les rumeurs autour de la naissance de son fils qui ont donné lieu,
contre Lucrèce Borgia, à une double accusation d’inceste (l’un des
responsables de ces bruits étant vraisemblablement Sforza qui veut ainsi
se venger de l’humiliation publique subie lors de l’annulation de leur
mariage), faisant d’elle une femme dépravée, capable de tous les péchés,
de tous les crimes, pour le pouvoir.
Les chroniqueurs, comme Tomasi (1608-1658), auteur des Mémoires
pouvant servir à l’histoire de César Borgia, Guicciardini (1483-1540),
auteur d’une Histoire des guerres d’Italie, et encore Johann Burchard
auteur du Diarium, voient en elle l’incarnation du mal, la présentant
comme un véritable monstre.
Hugo avait donné une lecture de son drame à ses amis dès juillet 1832.
Lorsque les répétitions commencent, l’acteur Frédérick Lemaître, un des
meilleurs jeunes premiers romantiques de l’époque, qui joue Gennaro,
fait office de directeur d’acteurs ; Hugo endosse la triple fonction de
metteur en scène, peintre et scénographe.
Le public impatient de voir ce drame de Hugo, fera interrompre dès la
première scène le court vaudeville que le directeur du théâtre avait
prévu en lever de rideau, pour admirer sans tarder la pièce tant espérée.
La musique de Piccini, spécialiste des mélodrames, souligne efficacement
l’action.
Le succès est tel que le drame est parodié, mais aussi traduit, puis repris
à Paris. C’est Antoine Vitez avec son scénographe Yannis Kokkos qui
« redécouvre »la pièce en 1985.
Pour George Sand c’est l’oeuvre la plus puissante de Hugo, image d’un
théâtre de la cruauté au sens où l’entend Artaud (pour ce dernier, le
théâtre traduit la souffrance d’exister, ce qui lui donne une dimension
sacrée, voire métaphysique), cette pièce représente aussi pour Hugo une
victoire sur le pouvoir et la censure.
La première édition date de fin février 1833, puis une seconde édition en
1841 contient, dans la préface, un éloge du talent de Juliette Drouet(qui
deviendra la maîtresse de Hugo et abandonnera sa carrière d’actrice),
dans le rôle de la princesse Négroni. La dernière édition paraît en 1882.
4. Adaptations de la pièce
Le 26 décembre 1833, a lieu à la Scala de Milan, la première de l’opéra
de Gaetano Donizetti Lucrèce Borgia avec un livret en italien de Felice
Romani. Seul le dénouement diffère : Gennaro ne tue pas sa mère ;
refusant de boire le contre-poison, il s’effondre, Lucrèce s’empoisonne.
Pour Hugo, le canevas est trop proche de sa pièce, l’opéra relève du
plagiat. En 1840, les représentations à Paris sont suspendues. Le livret
est réécrit (la Turquie remplacera l’Italie ), ainsi l’oeuvre deviendra La
rinegata et sera jouée à Paris en 1845.
De nos jours l’opéra Lucrezia Borgia est joué partout dans le monde.
Le cinéma s’est souvent inspiré de la famille Borgia mais aucun film n’est
une adaptation de la pièce de Hugo.