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__________ Une nouvelle lecture de l'histoire de l'art __________

Mathématiques - Histoire de l'art - Ésotérisme - Arts plastiques

La Sexualité
des Nombres
Mars, Vénus, Cupidon
Une histoire de famille

------------ Yvo Jacquier --------------------------------------------------------------------------

GÉOMÉTRIE COMPARÉE
------------------------------------------------------------------------------------- Mars 2015 -----

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 1 on 25


PARTIE I

TRADITIONS

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MYTHOLOGIES
Pour ce que les symbolistes appellent « la tradition », le nombre 3 est
céleste, féminin et sacré, face au nombre 4, terrestre et masculin. Au
cours de mes recherches j'ai cherché, et trouvé, beaucoup d'arguments
qui vont en ce sens, jusqu'au moment où j'ai pris conscience que les
preuves du 3 Céleste sont directes, alors que celles du 3 féminin sont
indirectes. Par exemple la Vesica Piscis, vulve déïque et féminine, est
marquée par la √3, et pas directement par le 3... Parallèlement à ce
symbole de Vénus, le cas de Saturne se révèle embarrassant : le carré
magique d'ordre 3, d'origine byzantine, lui est attribué. La planète
marque la limite du visible sans télescope, l'option du 3 Céleste est
donc légitime. En revanche la virilité du “vieux taciturne” ne s'accorde
pas à la féminité que la “tradition” attribue au 3. Épargnons à Saturne
ce rôle un tantinet comique. LE Céleste doit prendre une “distance
raisonnable” face à ce qui devient LE Terrestre. Les définitions ne
doivent pas usurper la place des preuves et des démonstrations.

1 - Les traditions – La tradition


N'en déplaise à la-dite tradition, qui trop souvent se contredit au nom du
mystère, le 3 et le 4 sont neutres par essence, et les genres devront se
définir autrement que par surcroît. Les doutes sur la féminité du 3 ont
un large ancrage historique (idem pour la virilité du 4). Ainsi les mythes
de la Grèce ancienne “inversent” les rôles du Ciel (Ouranos, masculin),
et de la Terre (Gaia, féminine). La mythologie coupe même le sexe
masculin d'Ouranos. Celui d'Osiris ne connaît pas un sort meilleur, Isis
doit sa fertilité à un subterfuge. Le triangle isiaque Égyptien consacre le
côté 4 à la déesse, et le côté 3 est attribué à son époux Osiris (le 5 de
l'hypoténuse revient à leur fils Horus). L'Isis terrestre, symbole des lois
cachées de la Nature, fait face à un Osiris céleste, dieu funéraire et
juge des âmes. Ces définitions vont évoluer avec le temps en Égypte,
notamment pour des préoccupations politiques.

De leur côté, les pythagoriciens associeraient le 2 à la femme et le 3 à


l'homme. Enfin, l'Afrique tribale de l'ouest attribue le 3 à l'homme et le 4
à la femme. Dans bien des cas, les qualificatifs masculin et féminin sont
inversés par rapport à ce que prétend la « tradition ».

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2 - La leçon des tarots
Les tarots sont une véritable encyclopédie de la symbolique. Le jeu de
référence est celui de Nicolas Conver, faussement daté de 1760. Le
modèle original de ces cartes est beaucoup plus ancien. Le projet est
d'origine byzantine et il a traversé l'Italie du nord pour parvenir aux
mains expertes d'Albrecht Dürer. Le Conver est en réalité la réplique
des (bois) originaux du maître de Nürnberg.
http://www.melencoliai.org/Tarots/Costumes.html

Christophe de Cène a reconstitué la structure pyramidale des cartes


avec leurs combinaisons de dés. L'article complet est à l'adresse :
http://www.jacquier.org/Christophe_de_Cene-Pyramide_numerique_tarots.pdf
La pyramide “visuelle” est à l'adresse :
http://www.melencoliai.org/farandole/numerique/Pyramide_numerique-2.jpg

2.1 - Les ailes du céleste


L'Impératrice porte le III, et sa combinaison associée est (3.3).
Cinq autres cartes ont ce 3 en commun : XVI-6.3 La Maison Dieu - XX-
5.3 Le Jugement - VI-4.3 L'Amoureux - XIV-3.2 La Tempérance - XII-
3.1 Le Pendu. De façon méthodique, ces six lames exposent les
différentes façons d'investir l'espace céleste. Il faut, soit :

• 3.1) Se suspendre physiquement par les pieds comme cet homme


Pendu, et apprécier ce monde à l'envers, méditer.

• 3.2) Être un ange debout, comme la Tempérance (une des deux


représentations de St Michel) et manier les fluides magiques.

• 4.3) Être un Dieu ailé, par exemple Cupidon pour la carte de


l'Amoureux, et savoir tirer à l'arc.

• 5.3) Être un ange sur son nuage comme celui du Jugement. La


pratique de la trompette semble facultative.

• 6.3) Se jeter du haut d'une tour comme les deux personnages


humains de la Maison Dieu. Un détail est caché dans cette carte dans
le panache de fumée/éclair : la colombe du St Esprit. Le mythe d'Icare
n'est pas loin.

• 3.3) Rêver, comme l'impératrice, et laisser pousser les ailes


filigranées de la spiritualité.
N.B. 1 : les ailes sont ici l'apanage des anges et des oiseaux. Les ailes

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de l'Impératrice sont des ombres bleues, et l'oiseau de l'Étoile bat des
ailes, mais il ne vole pas. La précision de ces images nous invite à faire
preuve de la plus grande rigueur à propos des nombres.

N.B. 2 : La seule lame purement féminine de cet ensemble est


l'Impératrice. La féminité du Céleste est loin de s'établir ici.

2.2 - Les couples célestes et terrestres

Dans la pyramide reconstituée par Christophe de


Cène, neuf couples de cartes se placent deux à
deux en symétrie selon un axe vertical. Trois
cartes sont sur cet axe : Le Monde (XXI), le
Chariot (VII) et l'Amoureux (VI).

Ces couples sont sexués. Les trois cartes de


l'axe central, dont l'Amoureux, ne sont pas
concernées. On peut à cette occasion souligner
que le sexe du personnage du Monde n'a
vraisemblablement pas de réelle importance.

Chaque carte se nourrit de deux archétypes


situés à la base de la pyramide, comme on le
voit ici représenté par des flèches — blanches
pour l'Impératrice et noires pour l'Empereur.

Le bilan est sans appel : trois cartes sur quatre


se réclamant du Céleste de l'Impératrice sont
masculines. Réciproquement pour l'Empereur.

L'idée d'un Céleste féminin et d'un Terrestre masculin tombe en ruines.

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2.3 – Quand la tradition s'égare

La carte de l'Amoureux (VI) est le croisement de


l'Impératrice (III) et de l'Empereur (IIII). C'est l'union du
Ciel et de la Terre. Ci à gauche, le Conver expose la
scène d'un contrat de mariage sous les hospices de
Cupidon. Sa flèche ne saurait être parfaitement
verticale, pas davantage que le sceptre de Dieu dans la
Sainte Trinité de Rublev : la liberté humaine en dépend.
Sur la droite, la femme porte une coiffure typique des
jeunes mariées, et sa mère adoube le jeune amoureux.

Dans une version toute


personnelle, Oswald Wirth
place un bellâtre entre
deux jeunes femmes à
l'allure aguichante.

Le dessein de ce trio laisse une marge à


l'interprétation au-delà des limites du
mariage. Dès l'origine, la carte classique
est trop souvent interprétée comme celle
d'un faux choix : le jeune homme hésiterait
entre une femme vieille et riche et une
autre, jeune et pauvre. Ce choix-là ne se
préoccupe pas de l'amour, il oppose la
cupidité et l'appétit pour la chair. Cette
liberté méprise l'humain au profit de l'égo.
Et Cupidon n'a pas sa place dans une telle
mascarade. En outre, ses flèches n'ont pas
la réputation de supporter le doute !

Dans le Conver qui précède, l'amour céleste trouve une dimension


terrestre et l'histoire se solde par un contrat de mariage (cf la coiffure de
la jeune femme). La tradition présente l'alliance de l'amour céleste et du
social terrestre comme une transaction verticale. L'amour et le céleste
ne sont pas féminins, mais objets de partage — et le social terrestre
n'est pas masculin. Wirth dénature cette verticalité au profit d'une flèche
qui vise la tête de l'homme au lieu d'atterrir entre les pieds des
personnages. La carte représente une femme à l'allure « aristocratique »
et une « fille des champs ». Ces allégories installent une concurrence
horizontale qui occulte la finalité de toute liberté : l'engagement.

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LA LEÇON DES ÉGYPTIENS
Aristote proclame dans « La Métaphysique » :
Aussi l'Égypte a-t-elle été le berceau des arts mathématiques...
Thalès (-625, -547) est le premier des Grecs à étudier la géométrie en
Égypte. Pythagore (-580, -497) y apprend même la langue
pharaonique, puis “les doctrines secrètes relatives aux dieux”.
Démocrite (-460, -370) y fait ses classes (en géométrie). L'astronome
Eudoxe (-406, -355 ) passe quinze mois avec les prêtres égyptiens.
Enfin, suite à sa rencontre avec les Pythagoriciens, Platon (-428, -347)
séjourne en Égypte chez les prêtres du haut clergé.

La géométrie égyptienne a précédé celle des Grecs, et sur le plan


méthodologique elle se démontre tout aussi cohérente. On la pense
avec les yeux en évitant le calcul, car elle sert avant tout à construire
des œuvres d'art et d'architecture. Le corpus se limite à quelques
axiomes , les triangles semblables, auxquels Thalès prêtera son nom.

Les pyramides de Gizeh


En 2012, l'étude du plan au sol des pyramides de Gizeh fut l'occasion
de retrouver la source de la géométrie sacrée. Ce plateau offre un
festival du plus haut niveau. La reconstitution ligne par ligne du corpus
de « Géométrie avec les yeux » égyptienne venait de s'achever, sous la
bienveillance de Jean-Paul Guichard (IREM-Poitiers). Des arguments
mathématiques flambants neufs ne demandaient qu'à s'impliquer dans
le concret de la composition. Comme le soupçonnait mon guide
pédagogique, la “version arithmétique” du plan, établie avec soin par le
physicien John A.R. Legon, n'avait pas livré tous ses secrets. La
précision de cette synthèse des arpentages était en revanche un atout :
le gage d'une certitude pour toute proposition géométrique sérieuse. Un
article de présentation, en langue anglaise, est accessible à l'adresse :
http://www.jacquier.org/Yvo_Jacquier-3_carres_Gizeh.pdf

Les Égyptiens ont l'esprit de simplicité. Ils font une place à la


complexité quand elle a du sens : à propos de sacré. La logique des
figures géométriques et leur redoutable enchaînement en offraient la
preuve. J'ai alors éprouvé le sentiment d'une lacune...

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La quatrième pyramide de Gizeh
Les trois hommes de la famille, Khéops, Khéphren et Mykhérinos, se
retrouvent impliqués dans un vaste scénario géométrique. Chaque ligne
sert son référent avec une logique impeccable, et cependant une droite
restait désespérément orpheline. Il n'était pas question de la déplacer,
encore moins de la supprimer : elle restait désespérément anonyme.
En tout bon sens, les trois grandes pyramides du père, fils et petit fils
ne suffisaient pas ! J'ai alors cherché la pyramide de la reine
Hénoutsen, femme de Khéops et mère de Khéphren. Et tout s'éclaira.

Deux lignes, dirigées selon


deux principes liés au nombre
d'or, φ, et à la √3, depuis les
pyramides respectivement de
Khéops (le père) et Hénoutsen
(la mère) se croisent au pied
de la pyramide de Khéphren (le
fils). Les deux nombres φ et √3
construisent ici un discours sur
la procréation !

La composition de Gizeh, son plan au sol, est une source extraordinaire


pour notre compréhension à la fois de la symbolique et de la culture
égyptienne. En outre, la géométrie sacrée y démontre sa formidable
unité dans le temps. Et pour cause : elle se fie aux mathématiques
qu'elle considère comme la langue de(s) Dieu(x) !

La résolution des principes masculin et féminin de la symbolique a


commencé grâce à l'étude des pyramides. Celles-ci racontent avant
tout une histoire de famille. Il suffisait d'un peu de bon sens pour
l'entrevoir, face aux noms du père du fils et du petit fils. Il suffisait de
trouver la femme pour conclure...

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PARTIE II

PROPORTIONS

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LA GÉOMÉTRIE AVEC LES YEUX

Un article de référence avec l'IREM


L'étude d'un signe très particulier, la lettre « G » figurant sur le tympan
de Conques — joyau de l'art roman, a déclenché un travail très
productif. Voici le résultat du dialogue reconstitué entre l'esprit des
Égyptiens et celui des Grecs :
http://www.jacquier.org/Y_Jacquier-IREM-Figure_Tympan_Conques.pdf

Le but initial de cette étude était pédagogique. Cependant, la somme


des propriétés accumulées a considérablement renforcé le statut de la
racine de trois en tant que proportion, au point de la hisser au niveau du
nombre d'or qui seul, jusque là, avait retenu l'attention des scientifiques.

Le corpus de géométrie égyptienne


La reconstitution du corpus de géométrie égyptienne a pris de longues
années. Il fallait établir un catalogue de méthodes très inhabituelles de
démonstrations puis les impliquer dans l'étude de figures classiques de
la géométrie. Le triangle 3-4-5 révèle ainsi une série de propriétés
totalement inédites, absentes des manuels scolaires. Le nombre d'or se
manifeste de quatre façons différentes dans le-dit triangle.
http://www.jacquier.org/Yvo_Jacquier-Geometrie_egyptienne-2014.pdf
Le fait de se passer du calcul ne produit pas un moindre résultat mais
une autre façon de comprendre la géométrie.

Construction de la √3 et de φ, le nombre d'or


La géométrie avec les yeux des Égyptiens envisage la proportion des
rectangles par l'angle de leur diagonale.

Les deux nombres √3 et φ naissent d'un même double-carré par un jeu


de diagonales. Cette origine commune est pleine de sens symbolique.
On y retrouve l'idée de l'âme sœur, d'une entité originelle qui se divise
pour former deux expressions complémentaires.

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À gauche : La racine de trois s'obtient en rabattant le 2 du double-carré
qui devient diagonale d'un rectangle qualifié de type ∆.
On construit en effet un triangle rectangle de mesure 1 et √3, avec 2
pour hypoténuse. Et c'est la moitié d'un triangle équilatéral (d'où ∆).

À droite : Le nombre d'or s'obtient en coupant en deux l'angle de la


diagonale d'un double-carré. La bissectrice croise l'horizontale du
premier carré à la distance φ. C'est aussi la moyenne de 1 et de ∂,
diagonale du double-carré (=√5).

La reproduction
Dans la nature, la reproduction commence par une division. Or dans ce
processus, les deux rectangles que nous avons présenté n'ont pas le
même comportement, particulièrement face au retrait d'un carré. Nous
sommes dans une géométrie de quadrillage, et nous avons commencé
par un double-carré. Ce carré inscrit est dans la suite logique.

Le retrait d'un carré au rectangle doré


produit un autre rectangle doré. En
termes biologiques, cette division se
rappelle du clonage.
Or une reproduction à l'identique (à
l'échelle près) n'est pas ce qu'on attend
de mieux à propos de reproduction.

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Le rectangle de proportion √3 est appelé « de type ∆ » puisque sa
diagonale est le côté d'un triangle équilatéral. Le retrait d'un carré à ce
rectangle ∆ est un rectangle de type ∆’, de proportion (1+√3)/2.

Cette valeur est parente du nombre d'or φ = (1+√5)/2


et elle sort du ventre de la √3.

Plusieurs équations simples soulignent cette parenté :


si l'on pose H = (1+√3)/2

H2 = H + 1/2
H.√3 = H + 1
qui se rappellent de :
φ² =φ+1

Cette valeur H sort du ventre de sa mère et ressemble à son père.

Le petit ange, Cupidon, dans la célèbre


gravure « MELENCOLIA § I » de Albrecht
Dürer, est dessiné selon cette proportion. Sa
mesure verticale est 5/√3 — dans un cadre
qui comporte 14 unités en hauteur.

Dans la composition du plateau de Gizeh, le


pentagramme qui unit Khéphren à son père
Khéops pose son centre au milieu d'un
rectangle du même type (qui prolonge le carré
de Khéphren, le fils).

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Le code génétique des nombres

Les fractions réduites


Tout nombre peut être décomposé comme une somme d'entiers et de
résidus selon un processus unique (ici l'exemple de la racine de 2) :
http://upload.wikimedia.org/math/d/1/2/d12c854854016d41841cedae13951cd2.png
La suite des nombres entiers de cette fraction en escalier s'écrit :
√2 = [1, 2, 2, 2 etc]

Les « réduites » sont une suite de fractions qui se rapprochent


progressivement de leur nombre. Elles négligent le résidu qui les
sépare du nombre référent. C'est une façon de rationaliser les nombres,
c'est à dire de les ramener à un rapport de type a/b, avec a et b entiers.
Chaque fraction est repérée selon sa place dans la série, appelée rang
n, depuis n = 0 (place de la part entière du nombre).

Les réduites de la √3
Les nombres premiers sont en rouge
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
1/1 2/1 5/3 7/4 19/11 26/15 71/41 97/56 265/153 362/209

10 11 12 13 14
989/571 1351/780 3691/2131 5042/2911 13775/7953

• Visuel synoptique et didactique des réduites de √3 :


http://www.art-renaissance.net/Schools/Inferno_Canto_XXXI/Fractions_reduites-racine_3.jpg

• En 9ème position des réduites (n=8, précision à 10-5) :


265 = 5 x 53
153 = 9 x 17
153 = 1 + 2 +...+ 17
• En 13ème position des réduites (n=12, précision à 10 -7) :
3691 est premier
2131 est premier

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Le ratio des numérateurs
Un autre train de proportions se révèle à l'intérieur de cette suite de
nombres. Christophe de Cène s'est intéressé aux rapports des
numérateurs (les dénominateurs ont le même comportement). Ces
ratios s'approchent plus vite encore de leur limite, à savoir :
(1+√3)/2 pour n+1 impair, et 1+√3 pour n+1 pair

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
1 2 5 7 19 26 71 97 265 362
2 2,5 1,4 2,714 1,368 2,732 1,366 2,732 1,366
-3 -4 -5
2% 2‰ 10 10 10 10-5

10 11 12 13 14
989 1351 3691 5042 13775
2,732 1,366 2,732 1,366 2,732
-6
10 10-7 10-7 10-8 10-8

Les formats
Les proportions qui ont des comportements intéressants par division ou
retrait d'un carré sont peu nombreuses. Observons les rectangles les
plus courants de la géométrie sacrée. Les valeurs rationnelles de type
4/3 ou 3/2 ne produisent rien d'intéressant, il faut nous tourner vers les
valeurs “quadratiques”, id est les racines carrées.

N.B. :
Un rectangle de proportion
√n avec n entier en contient
n du même type.

Trois proportions se distinguent :

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 14 on 25


• La √2 produit, par division ou duplication, une proportion identique.
C'est le cas des formats usuels de type A que nous utilisons
quotidiennement.
A4 = 21,0 x 29,7 cm A3 = 2x A4 = 42,0 x 29,7 cm
A0 = 84,1 x 1 18,9 cm —> La surface de A0 est de 1m²
√2 = [1, 2, 2, 2 etc] Diagonale d'un simple carré de 1

• φ produit par retrait d'un carré, un format identique.


(1+√5)/2 = [1, 1, 1 etc] φ - le Nombre d'Or

• √3 produit par retrait d'un carré, un format (1+√3)/2


√3 = [1, 1, 2, 1, 2, etc] Hauteur de l'amande de la Vesica
(1+√3)/2 = [1, 2, 1, 2, 1, 2 etc] Ratio de [Triangle equi.+ Cercle]
On remarque la similarité des codes de ces deux proportions.

Ainsi l'enfant (1+√3)/2 ressemble à son père φ = (1+√5)/2 par son


expression algébrique, et à sa mère √3 par son code génétique.

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PARTIE III

SYMBOLIQUE

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 16 on 25


La Vesica Piscis de Vénus

Construction

Définition
Deux cercles jumeaux pointent
leur centre sur le tracé de l'autre.

Si le rayon des cercles est 1, la


hauteur de l'amande est √3. Et le
rectangle bleu mesure 1 x √3.

Le rectangle contient deux


triangles équilatéraux que l'on
peut placer en losange ou,
comme ici, en sablier.

La « vulve déïque » de l'amande fait de cette figure à la fois un symbole


de féminité et de fertilité (voir plus loin).

Constructions de Quadrillage

La Vesica Piscis entre au chapitre des triangles


équilatéraux. La figure de base est un cercle de 4
sur un carré de 4x4 qui permet d'obtenir la
trisection de l'angle droit — là où le cercle croise le
quadrillage. L'hexagramme est la figure accomplie
de ce développement géométrique. Il est formé de
deux triangles équilatéraux qui mettent en
commun leur centres de gravité, de cercle inscrit
et circonscrit, ainsi que leurs axes de symétrie.

Avec la Vesica Piscis de Vénus, nous entrons dans une autre phase de
l'étude. Dans une première approche, nous avons considéré les
nombres en tant que proportions. Leur traduction géométrique était
rectangle — la version primaire. D'autres formes apparaissent.

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Le symbole exclusif de Vénus
La Vesica Piscis est le symbole de Vénus. Il a une origine très lointaine :
le culte de la fécondité paléolithique (Vénus gravétiennes). Dans la
composition des tarots, les deux cercles ont un diamètre de 7. Cette
figure géométrique est l'apanage de Vénus.

Contrairement à l'idée-reçue, aucune


représentation du Christ n'emprunte
ce schéma pour construire sa
mandorle. Les centres sont toujours
hors des cercles. La géométrie
sacrée respecte en quelque sorte
l'antériorité de Vénus.

À gauche, le tympan de Conques —


XI/XIIe siècle roman. La mandorle
du Christ mesure 3 fois la distance
entre les centres des cercles.

Si 1 est cette distance, le rayon du


cercle est R1 = (√10)/2 = √(5/2).

L'archéologue Geneviève von Petzinger a cherché des traces de cette


Vesica Piscis au paléolithique, mais en vain. En fait, cette figure est
typique d'une géométrie de quadrillage. Cette pratique des
mathématiques fait partie du « faisceau néolithique » — l'ensemble des
facteurs qui caractérise la révolution néolithique (ou néolithisation). Les
hommes passent fondamentalement du magique au religieux/sacré. La
figure de Vénus est l'exemple de concrétisation d'une pensée nouvelle,
autant que d'une évolution dans l'expression du spirituel.

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 18 on 25


Le Pentagramme de Mars

Résumé
La √3 montre sa féminité par l'étude des nombres et celle des formes.
Au-delà du rectangle ∆ de sa proportion, sa figure géométrique de
référence est la Vesica Piscis de Vénus. La proportion ∆’ sort de ∆ par
le simple retrait d'un carré. ∆’ [ = (1+√3)/2 ] a une affinité algébrique
avec le nombre d'or, φ = (1+√5)/2. Un air de famille. ∆’ montre tout
autant d'affinités avec la √3. Leurs codes génétiques (réduites) sont très
liés. Pour toutes ces raisons, la proportion ∆’ peut être considérée
comme l'enfant de √3 et de φ.

Il paraissait logique d'associer l'Hexagramme à la √3 et à sa féminité.


Soyons prudents. L'étoile a besoin de la √3 pour se développer, certes.
Cela ne veut pas dire qu'elle soit l'expression de la féminité. Le 6 qui la
caractérise en est l'indice. Cette fois, nous devrons nous en tenir au
discours de la « tradition », qui voit dans cette figure le symbole de
l'amour universel.

Nous allons maintenant nous intéresser au nombre d'or, et chercher


ses expressions géométriques au-delà de sa proportion rectangle.
Nous aurons recours à la comparaison de l'hexagramme, qui constitue
une sorte de vis-à-vis. D'un côté la fixité et l'équilibre de l'hexagramme,
dont les triangles mettent en commun leurs centres et leurs axes de
symétrie. De l'autre, la mobilité du pentagramme, son orientation et sa
capacité à la combinaison (on le voit en chimie, notamment avec des
quasicrystals, désormais nobélisés). L'orientation du nombre d'or se
constate dès son expression la plus simple : le rectangle. Il y a deux
façons de poser les traits de division, et elles se traduisent par deux
spirales. Dextrogyre ou lévogyre — à la façon du 6 et du 9.

Il n'est pas de progrès en géométrie avec les yeux qui n'ait été amorcé
par une découverte dans les œuvres d'art et d'architecture. Le « G » du
tympan de Conques est un des cas les plus didactiques. Cette fois,
nous allons appeler à la barre du navire l'un des trois grands artistes de
l'art de la composition, avec AndreÏ Rublev et Albrecht Dürer dont il a
été le maître : Sandro Botticelli (1445-1510).

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 19 on 25


Vénus, ou la leçon de Sandro Botticelli
Cette œuvre a le statut qu'elle mérite : un des plus grands succès de
tous les temps, dû essentiellement à l'émotion que provoque cette
peinture. Botticelli ne parle pas de beauté, il nous montre ce qu'elle est.
Même résumée, compilée, raccourcie par une série de simplifications,
la maestria de cette œuvre ne perd rien de sa force.

L'équation de Vénus
Les trois grandes questions de la peinture sont : Qu'est-ce que Dieu ?
Rublev botte littéralement son Prince Vassili en touche avec « La
Sainte Trinité ». Qu'est-ce que la figuration ? Dürer y répond à travers
un « projet didactique » qui comprend quatre gravures sur cuivre, les
Meisterstiche, et les gravures sur bois d'un jeu entier de tarots. Avant
lui, Botticelli répond à la question : « Qu'est-ce que la beauté ? ». La
« Naissance de Vénus » porte cette équation jusqu'à sa périhélie :
plus qu'une réponse, c'est une révélation.

Présentation de l'oeuvre
Le quadrillage prend pour origine le point en haut à droite.
L'oeuvre mesure 2φ3 en largeur et 2φ2 en hauteur — rectangle doré.
Le nombril de Vénus, symbole on ne peut plus pertinent, est situé à :
- 2 carreaux du haut du tableau et 2φ du bas.
Le nombril partage la hauteur en un rapport doré.
- 4 carreaux du bord droit. 2√5 du bord gauche.
2 double-carrés à droite, deux diagonales de la même figure à gauche.

Vénus ne tient pas debout, la


ligne d'horizon invite à faire du
surf et la coquille se redresse
verticalement. D'une façon
générale, tout le background
semble un décor de théâtre
tendu derrière les personnages.

Le titre original de l'oeuvre nous


prévient. « Vénus anadyomène » id est « sortie des eaux ». La scène
se passe sous l'eau, les chevelures et les drapés en témoignent ; ils
flottent dans l'espace avec une sorte de mollesse caractéristique.
N.B. Le vent, comme la lumière, doit choisir une direction...

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 20 on 25


L'histoire de Vénus
Quand Botticelli entreprend son
tableau, sa modèle (Simonetta
Vespucci) est morte depuis dix ans,
fauchée en pleine jeunesse. Un
pentagramme inversé, qui couvre la
hauteur du tableau, lui tape sur
l'épaule et se plante en terre. L'espoir
va naître du pentagramme debout,
qui propose un vaste triangle doré...

Simonetta a la peau laiteuse des


marbres grecs. Sandro les a étudiés
dans la collection des Médicis. Elle va
renaître sous les traits d'une Déesse.
Vénus est la fille d'Ouranos. Une
spirale dorée se perd dans son Ciel.
La semence divine va croiser l'écume
qu'elle fécondera telle une laitance
alevine. Chloris court sur ce chemin.

Vénus est marine. Une Vesica Piscis


prend son corps de sirène, et lui offre
toute l'harmonie du monde. Les deux
cercles ont pour diamètre 5, et deux
rectangles de 3x4 s'inclinent. Leurs
bords croisés rejoignent les angles
jumeaux. Comment le triangle 3-4-5
réussit-il ce mariage avec la Vesica ?
C'est la leçon du pentagramme...

Cette composition est un ensemble de figures superposées. Elles se


lient entre elles avec une logique imparable, et irriguent toute la toile de
leur franche volonté. Plusieurs figures clés parachèvent le système.
Nous ne présentons que les plus accessibles au discours.

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 21 on 25


Deux foyers portent un éventail de
droites au rythme de 9°. Ces baleines
tiennent la sirène. Le mouvement des
personnages se lie à cette trame, et
plus ils se rapprochent des foyers,
plus ils s'y accordent. Tout
particulièrement les pieds de Zéphyr,
de Chroris et de l'Heure.

La spirale du pentagramme boucle la


composition, telle une signature. Elle
entre dans la vulve déïque et sort à
son sommet. Ouranos féconde
l'écume, non sans avoir goûté aux
joies de la féminité.

Les leçons métaphysiques de cette œuvre sont désormais sous la


responsabilité d'une plume d'auteur. Je n'apporte que les écailles de ce
merveilleux poisson, et je souhaite qu'elles brillent à la lumière d'un
authentique talent, et selon d'autres yeux que les miens.

La sexualité des nombres


Nous nous contenterons de faire avancer l'enquête sur la sexualité des
nombres ; but de cet article. Tels qu'ils se découvrent dans cet
exemple, les principes féminin et masculin ne s'expriment pas de la
même façon. Le nombre d'or prend deux formes, pentagramme et
spirale, et à chaque fois il est en mouvement. Il désigne Simonetta, il se
plante en terre, il cale deux rectangles et oriente les orteils des
personnages. Enfin, il fait tout un chemin depuis le fond du ciel
jusqu'aux pieds de la Belle. L'idée d'un féminin « passif » et d'un
masculin « actif » n'est pas nouvelle. Dans cette œuvre, elle devient
littéralement didactique.

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 22 on 25


L'orientation et le mouvement
Nous avons abordé cette caractéristique du nombre d'or — et donc de
toute logique de son développement. φ est par nature orienté. Ce trait
de caractère ne saurait être séparé de sa capacité d'action. Il n'y a pas
de mouvement sans orientation. Schématiquement, tout vecteur a sa
pointe, son origine et sa direction. Telle que nous l'avons étudiée et
constatée, la √3 ne porte pas ce principe. La Vesica est elle-même
symétrique dans les deux sens. Dan Shechtman, prix Nobel de chimie
en 2011, a affronté ce problème avec les quasi-cristaux. Certains
métaux n'ont pas de structure périodique. Ils renouvellent leurs
agencements à l'infini sans se désunir. Ces principes sont connus des
céramistes depuis l'antiquité ; ils utilisent des parcelles de
pentagramme, triangles et losanges dorés ou argentés, pour renouveler
leurs pavages.

Il nous faut donc distinguer les rôles, et la logique de proportion à


laquelle on résume très souvent l'art de la composition ne tient pas. La
géométrie porte une idée de mouvement, et la multiplicité des figures
achève de rendre cette conception obsolète. Les proportions sont les
symptômes d'un système beaucoup plus élaboré, comme le quadrillage
est le support de figures qui ne se suffisent pas du rectangle.

La réflexion sur les expressions géométriques du nombre d'or, en tant


que masculin, est loin d'être achevée. Mais elle a commencé.

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 23 on 25


La figure de passage

Le pentagramme et la vesica piscis


La Vesica Piscis « produit » littéralement un pentagramme.

Pour qu'une coïncidence de figure se révèle, le


pentagramme doit se développer à partir du centre des
cercles de la Vesica Piscis.
φ = (1+ √5)/2 = 1/2 + √5/2
Cette somme se traduit par un carreau plus la diagonale
d'un double carreau. L'on reporte alors ce total sur la
verticale qui traverse l'amande en hauteur.

Il suffit maintenant de prolonger la barre de ce


nombre d'or jusqu'au cercle pour obtenir la
branche complète d'un pentagramme. L'addition
de 1 unité par le cercle établit son centre comme
point de croisement des branches (c'est le point
de séparation selon la proportion dorée).
Ensuite, à partir de la pointe du bas, l'on passe
par le centre symétrique, à gauche, de la Vesica.

Ces démonstrations se suffisent des axiomes des


triangles semblables — Thalès. Avec ce modeste
matériel, nos lointains ancêtres sont parvenus à faire
avouer tous ces secrets au pentagramme, ici en harmonie
avec la Vesica Piscis.

N.B. :
8 des 10 points du pentagramme sont sur les cercles.

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 24 on 25


LE SYSTÈME MASCULIN-FÉMININ
Les principes du féminin et du masculin doivent s'intégrer à un
ensemble, au sein d'un vaste système de représentation symbolique.
Le Céleste et le Terrestre doivent notamment s'y confronter au
masculin et au féminin. Leur association directe ne convainc pas, on ne
peut dire que le Céleste et le Terrestre soient marqués par une seule
des deux natures. Il y a trop de “contre-exemples”. Sauf à ne pas
considérer la cohérence de cette noble discipline qu'est la symbolique,
il nous faut trouver une explication générique qui rende compte de tous
les cas. Il est un exemple de ce type de problème parfaitement résolu :
les quatre éléments, et la façon dont la tradition les explique...

Deux double-principes s'associent pour générer les quatre éléments. Le


chaud et le froid, le sec et l'humide. Il est à noter que toutes ces notions
ont une sorte d'affinité, justement comme le Céleste et le Terrestre avec
le féminin et le masculin. Ainsi :
- L'AIR est la combinaison du chaud et de l'humide
- La TERRE est la combinaison du froid et du sec
- Le FEU est la combinaison du chaud et du sec
- L'EAU est la combinaison du froid et de l'humide

De même on peut confronter les notions de Céleste/Terrestre à celles


de féminin/masculin. Les tarots, cette véritable encyclopédie de la
symbolique, nous renseignent :
- L'EMPEREUR, lame IV, combinaison 4.4
est une représentation du Terrestre au masculin
- L'IMPÉRATRICE, lame III, combinaison 3.3
est une représentation du Céleste au féminin
- La JUSTICE, lame VIII, combinaison 5.4
est une représentation du Terrestre au féminin
- La TEMPÉRANCE, lame XIV, combinaison 3.2
est une représentation du Céleste au masculin

Ces exemples ne sont pas les seuls, mais cette première approche
ouvre une voie à la réflexion, touchant les thèmes classiques des
rapports entre le pouvoir et la loi, ceux de la Justice et de la
jurisprudence, quand de façon plus générale un idéal d'ordre céleste se
confronte à la réalité terrestre... Curieusement, des nuances
apparaissent avec la sexualité.

Géométrie comparée - Lettre de Yvo à Valentin 25 on 25

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