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BLOC II: L’Espagne, 1833 – 1923.

Unité 3: A. La construction de l’État libéral (1833 - 1868). La difficile


marche de l’Espagne vers le libéralisme.

Comment l’Ancien régime s’est-il définitivement effondré en Espagne et par quelle


organisation politico-sociale a-t-il été remplacé?

1. La difficile mise en place d’une monarchie libérale (1833-1856).

1.1. La révolution libérale (1833-1843).

 Le rôle de la première guerre carliste (1833-1840) avec deux mouvances opposées:

· Les carlistes («Dios, Patria, Fueros y Rey»): Carlos María Isidro seul roi légitime;
défense de l’absolutisme et de l’Ancien régime (église catholique, société d’ordres, fueros;
hétérogénéité du mouvements avec clercs, nobles, paysans et artisans pauvres redoutant les
effets de la réforme agraire promue par les libéraux ou écrasés d’impôts.

· Les partisans d’Isabelle: la régente María Cristina et son entourage, fonctionnaires


réformistes, bourgeoisie et travailleurs urbains espérant une évolution libérale.

- Les étapes du conflit:


o 1833-1835, quand la guerre se fixe au nord:
 Zones carlistes: Pays Basque et Navarre et une partie des pré-Pyrénées catalanes.
 Carlos gouverne en Navarre en tant que Charles V.
 Plusieurs succès carlistes (Tolosa, Durango, Vergara), mais échec devant Bilbao.
o 1835-1837, de nouveaux fronts s’ouvrent et le camp d’Isabelle se renforce:
 Cabrera réunit les foyers carlistes (bas-Aragon, Maestrazgo et nord du pays
valencien).
 Expéditions carlistes de Gómez (fin juin 1836) et de Charles V (1837) qui échoue
à conquérir Madrid.
 Succès des partisans d’Isabelle, aidés par les puissances étrangères (Angleterre,
France, Portugal), comme Espartero à Luchana (1836).
o 1838 à 1840, effrondement du mouvement carliste.
 Tensions (ultras/partisans d’un compromis), manque d’unité du commandement et
isolement.
 Paix de Vergara (31/08/1840) entre Maroto et Espartero: respect des fueros
basques et navarrais et reclassement des carlistes dans l’armée.
 Charles V s’exile et Cabrera est vaincu en 1840.
 Étapes de la révolution libérale (1833-1843).

· Des gouvernemtnes de transition (1833-1836):

 Conseil de gouvernement formé pour appuyer la régente:


o Présidé par Cea Bermúdez: absolutiste réformiste.
o Troisième voie entre carlisme et libéralisme.
o Quelques réformes: division en 49 provinces.
 Sous la menace carliste et la pression populaire, la régente accepte l’alliance avec
les libéraux:
o Martínez de la Rosa (modéré) au gouvernement
o Statut Royal (1834): compromis absolutisme / libéralisme; souveraineté
partagée roi/Cortès; bicaméralisme avec suffrage censitaire (16000 votants);
divisions entre modérés/progressistes (Mendizábal).
 Climat révolutionnaire dans plusieurs villes:
o Menace carliste provocant une radicalisation (1834, émeutes anticléricales à
Madrid).
o Diffusion des idées progressistes grâce au retour de certaines libertés (presse
et réunion).
o Revendications: Constitution de Cadix, réunion de Cortes, milice nationale.

· Les progressistes au pouvoir (1835-1837):

 Révoltes urbaines (été 1835): la régente choisit Mendizábal.


 Opposition de la cour et des modérés à Mendizábal aboutissant à son renvoi et à
une seconde crise en 1836:
o Nouveau soulèvement urbain: constitution de Juntes.
o Révolte de La Granja contraignant la régente à céder: constitution de Cadix
rétablie, Cortès constituantes convoquées et Calatrava à la tête du
gouvernement.
 Démantèlement de l’Ancien Régime pour créer une monarchie libérale,
constitutionnelle et parlementaire:
o Réforme agraire: régime seigneurial et majorats supprimés, désamortissement.
o Libéralisation économique: Mesta abolie, liberté des prix, de l’industrie et du
commerce, douanes intérieures et dîmes supprimées ;
o Lois libérales (censure supprimée, cens élargi) et constitution de 1837
(souveraineté nationale, droits, séparation des pouvoirs et neutralité de l’Etat,
mais bicaméralisme et exécutif fort).

· Modérés au pouvoir (1837-1840):

 Retour des modérés aux élections après la constitution.


 Annulation de certaines réformes progressistes:
o Régime électoral plus restrictif, liberté de la presse limitée et rétablissement des dîmes.
o Loi sur l’administration municipale (1840): maires des chefs-lieux de province nommés.
o Vague de protestation (Barcelone): la régente nomme Espartero au gouvernement.
 Exil de María Cristina après son refus de retirer la loi municipale.

· Régence d’Espartero (1840-1843):

 Un militaire progressiste au pouvoir:


o Nommé régent en 1841.
o Après de nouvelles élections, les progressistes sont majoritaires aux Cortès.
o Rétablissement des décisions de 1835-1837.
 Dérive autoritaire et chute d’Espartero:
o Espartero se coupe des progressistes: mauvaises relations avec les Cortes, entourage
de militaires (ayacuchos), répression (Barcelone, 1842).
o Progressistes et modérés agissent: soulèvements urbains à partir de mai 1843 et
pronunciamientos (nouvelle génération d’officiers : Narváez, O’Donnel, Prim et
Serrano)
 Espartero s’exile et Isabelle II est proclamée reine.

· La décennie modérée (1844-1854):

 Élections de 1844 donnant la majorité aux modérés qui forment nouveau gouvernement
présidé par Narváez.
o Programme: fonder un État libéral, mais contre les tentations révolutionnaires,
sociales ou démocratiques.
 Principes défendus: ordre, propriété et autorité.
 Libertés individuelles limitées.
 Défense de l’État confessionnel.
 Souveraineté partagée: Cortès/couronne.
o Régime modéré mis en place par une série de réformes:
 Constitution (1845): pouvoir exécutif renforcé (roi nomme ministres,
sénateurs, dissout les Cortès, veto).
 Catholicisme comme religión d’État et concordat de 1851 (congèle la vente
des biens de l’Eglise).
 Droits de 1837 reconnus mais lois les limitant (contrôle de la presse, 1845).
 Limitation des mécanismes électoraux: loi de 1846 (électorat divisé par 6),
élections locales contrôlées (pressions du gouverneur civil, corruption et
clientélisme).
 Réseaux d’influence à la cour (camarilla) et interventions de la couronne
dans le jeu politique.
o Renforcement du centralisme.
 Pouvoir accru de l’administration centrale: maires nommés (loi
d’administration locale, 1845) et réforme fiscale de Mon-Santillán.
 Projet de système national d’instruction publique (Loi Moyano de 1857).
 Unification des lois: Code pénal (1848) et projet de Code civil.
 Instruments de répression: suppression de la Milice et création de la Garde
civile (1844).
o Répression des révolutions (Madrid, 1848).
 Crise du système modéré
o Facteurs d’impopularité croissante:
 Instabilité: 10 gouvernements de 1844 à 1851.
 Corruption des milieux dirigeants (María Cristina rentrée en 1848).
o Échec de Bravo Murillo.
 1er ministre après Narváez en 1851:
 Projet de créer une dictature technocratique.
 Opposition parlementaire qui provoque sa chute.
o Modérés divisés en trois tendances:
 Conservateurs favorables à un rapprochement avec les carlistes (Balmes).
 Centristes à l’origine de la plupart des réformes modérées (Mon et Narváez).
 Puritains favorables à une alliance avec les progressistes et opposés à
l’autoritarisme (généraux Serrano et O’Donnel).
o Opposition au régime:
 Carlistes: minoritaires.
 Modérés puritains et progressistes.
 Démocrates: extrême-gauche radicalisée dès 1835-1837 dans les villes
(Barcelone) défendant la souveraineté populaire, les libertés, la démocratie
locale, les droits sociaux et la liberté de culte ;
 Républicains : démocrates les plus radicaux ;
 Révolte de 1854 :
o Juin-juillet 1854: O’Donnel, progressistes et démocrates déclenchent le
pronunciamiento de Vicálvaro.
o Cánovas del Castillo rédige le Manifeste de Manzanares.
 Retour à la lettre de la constitution de 1845.
 Parlementarisme véritable, sans camarilla.
 Mesures libérales: abolition de la loi électorale, libertés locales,
rétablissement de la milice nationale.

· Le biennat progressiste (1854-1856).

 Progressistes au pouvoir:
o Conséquences de la révolte de 1854:
 Espartero devient 1er ministre.
 O’Donnel ministre de la guerre forme l’Union libérale (puritains + aile droite
progressiste).
 Victoire progressiste au Congrès des députés et quelques démocrates élus.
o Réformes:
 Politiques: Milice nationale et Loi municipale (élection des maires) rétablies,
préparation d’une constitution jamais appliquée mais plus libérale.
 Économiques: désamortissement (Madoz, 1855), investissements (rail,
reforestation, infrastructures), recherche d’investissements (sociétés par
actions, avantages aux étrangers).
 Crise et chute du biennat progressiste.
o Contexte difficile et troublé par la question sociale:
 Malaise ouvrier du aux crises et à un capitalisme sans encadrement légal:
grèves et révoltes (Catalogne, 1855), revendications nouvelles (droit
d’association, limitation de l’horaire légal de travail).
 Contestation dans les campagnes fragilisées par les crises et les
désamortissements (révolte de 1857 en Andalousie).
 Tentative de freiner la contestation ouvrière avec la loi sur le travail (création
d’associations ouvrières).
o Désunion des progressistes face à la crise:
 Aile gauche: se rapproche des démocrates.
 Aile modérée: rapprochement avec l’Union libérale.

Chute des progressistes: démission d’Espartero remplacé par O’Donnell qui réprime les
contestations et suspend l’élaboration de la nouvelle constitution.

2. La monarchie en crise (1856-1868).

2.1. Les gouvernements unionistes (1856-1863).


 Stabilisation intérieure:
o O’Donnel assure une relative stabilité pendant sept ans.
o Politique visant à trouver un nouvel équilibre couronne / parlement:
 Dissolution des Cortès évitée.
 Retour du débat parlementaire.
 Acceptation de l’opposition parlementaire, même limitée par le contrôle
gouvernemental sur les élections.
 Politique de prestige à l’extérieur:
o Expéditions : Cochinchine (1858-1863), Mexique (1862), Saint-Domingue, Pérou
(guerre en 1866).
o Affirmation territoriale et commerciale au Maroc (1859-1860):
 Victoires (Tetuán), extension de Ceuta et contrôle d’Ifni.
 Véritable engouement populaire renforçant le nationalisme et le prestige des
militaires (général Prim).

Décomposition du bloc unioniste qui se fractionne en clans rivaux: la cour cesse de soutenir
O’Donnel qui présente sa démission en 1863.

2.2. L’effondrement du régime sous les gouvernements modérés (1863-1868).

 Retour de l’autoritairsme:
o Les modérés reviennent avec Narváez.
o Le retour aux principes du modérantisme et politique plus autoritaire:
 Exercice du pouvoir en marge de la vie parlementaire.
 Répression de toutes les oppositions: révolte étudiante (1865 à Madrid: 9
morts, 100 blessés) ou soulèvement des sergents de San Gil (66 exécutions).
 La montée des oppositions dans un contexte de crise:
o Oppositions multiples:
 Démocrates / républicains: clandestinité et insurrection.
 Progressistes (Prim): même attitude après 1865-1866 (boycott des élections).
 Unionistes: opposition ouverte (O’Donnell).
o 1867: pacte d’Ostende. Démocrates et progressistes prévoyant la destitution
d’Isabelle II, des Cortes constituantes au suffrage universel, une unité d’action.
o Vers 1866, triple crise économique:
 Financière: chute à la bourse des investissements ferroviaires, crise des
banques et gel du crédit.
 Industrielle: pénurie de coton (Guerre de Sécession), hausse du prix des
importations, affectant surtout le textile catalan.
 Agricole: mauvaises récoltes et hausse des prix (x2 1865- 1868).
o Conséquences: hausse du chômage urbain, chute du niveau de vie et climat de tension
sociale.

Exercice 1. Commentaire de documents.


Option A. La 1ère guerre carliste
(http://historiadesegundo.labibliotecadeninive.com/page23.html).

Questions:

a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.

b) Expliquer le contexte historique du document.

c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes


environ une réponse argumentée au sujet suivant: la première guerre carliste, causes,
déroulement et conséquences (2,5 points).

Option B. Constitution espagnole de 1837.

Art. 2. Tous les Espagnols peuvent imprimer et publier librement leurs idées sans censure
préalable, dans le respect des lois. […].

Art. 5. Tous les Espagnols sont admissibles aux emplois et charges publics selon leurs mérites et
leurs capacités. […].

Art. 11. La nation s’engage à entretenir le culte et les ministres de la religion catholique. […].

Art. 12. Le pouvoir de faire les lois réside dans les Cortés et dans le roi.

Art. 13. Les Cortés sont composées de deux co-législateurs: le Sénat et le Congrès des députés.
[…].

Art. 45. Le pouvoir de faire exécuter les lois réside dans le roi.

Questions:

a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.

b) Expliquer le contexte historique du document.

c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, vous expliquerez en


quoi ce document illustre la révolution libérale qui se déroule en Espagne entre 1833 et 1843
(2,5 points).
Exercice 2. Rédaction.
Option A. La décennie modérée (1844-1854).

Chronologie indicative :

1844 : exil d’Espartero et proclamation de la majorité d’Isabelle

1845 : constitution modérée

1846 : loi électorale restreignant le suffrage censitaire

1851 : concordat avec le Vatican

1854 : pronunciamiento de Vicálvaro

Option B. La crise et la chute de la monarchie isabelline (1856-1868).

Chronologie indicative:

1856: O´Donnel remplace Espartero comme chef du gouvernement

1859-1860: campagne du Maroc

1863: O´Donnel remplacé par Narváez

1866: répression du soulèvement de la caserne de San Gil

1867: Pacte d’Ostende


II. Le Sexennat démocratique (1868-1874).

Pourquoi la tentative d’établir une démocratie stable s’est-elle soldée par un échec?

1. La révolution de 1868 et ses conséquences.

1.1. La naissance du premier régime démocratique espagnol.

· Le pronunciamiento militaire:

 19/09/1868: l’escadre de Topete à Cadix se soulève.


 Prim et Serrano se joignent à l’insurrection.
o Ils gagnent Cadix, Málaga, Almería et Carthagène et lancent le manifeste
«España con honra»: régime transitoire, libertés, Cortes au suffrage universel
masculin.
o Victoire de Puente de Alcolea.

· Le soulèvement urbain et ses conséquences:

 Nombreuses villes où se forment des Juntes locales qui réclament:


o Des libertés, la souveraineté populaire,des Cortes constituantes ou la
République.
o La séparation de l’Église et de l’État.
o La suppression du système des quintas.
 Isabelle s’exile et se forme un Gouvernement provisoire (progressiste-unioniste)
présidé par Prim avec Serrano comme régent.
 pour satisfaire les revendications avancées: libertés publiques et convocation
de Cortès constituantes.
 Janvier 1869: victoire de la coalition gouvernementale (unionistes, progressistes,
quelques démocrates) pour une monarchie parlementaire et démocratique
(minoritaires: républicains et carlistes).
 Constitution démocratique de 1869: droits et libertés, (liberté religieuse mais
entretien du culte), souveraineté nationale (suffrage universel); régime
parlementaire (Cortes bicamérales), roi affaibli (arbitre).
 Priorité de la régence: trouver un roi, mais plusieurs difficultés (multiples candidats,
oppositions carliste et républicaine, crise économique grave).

· Un plan de réformes économiques libérales.

 Urgence: la dette publique aggravée par la crise ferroviaire.


 Solutions:
o Tentative de stabilisation financière: nouvelle monnaie, la peseta (Figuerola),
impôt personnel et direct substitué à l’impôt sur la consommation.
o Ouverture du marché espagnol: lois sur les Mines (1871) permettant les
investissements étrangers et sur le Libre-échange (1869) ouvrant aux textiles
et céréales étrangers.

1.2. Un nouveau panorama politique.

· La droite d’opposition:

 Le carlisme:
o Participation à la vie parlementaire et aux élections.
o Influence: limitée au Pays Basque – Navarre et à d’autres foyers anciennement
carlistes (Catalogne et Levant).
 Les modérés ou Isabellins:
o Programme: retour d’Isabelle II sur le trône.
o Influence: soutien de la bourgeoisie rurale latifundiaire
o Leader: Cánovas del Castillo.

· Le centre monarchiste-démocrate:

o Unionistes (Ríos Rosas), progressistes (Prim, Sagasta, Ruiz Zorilla),


démocrates monarchistes.
o Programme: monarchie, souveraineté nationale, libertés; influence:
bourgeoisie financière et industrielle, classes moyennes urbaines et
professions libérales, part importante de l’armée.

· La gauche républicaine:

 Parti Républicain Fédéral (1869, scission du Parti Démocrate).


o Programme:
 République fédérale (pactes entre régions).
 Séparation de l’Église et de l’État (laïcité).
 Pas d’intervention de l’armée dans la vie publique.
 Transformation sociale (interventionnisme étatique).
o Diverses tendances:
 Benévolos majoritaires: fédéralisme de « haut en bas » (Pi y Margall).
 Intransigeants: fédéralisme de « bas en haut » (Orense).
 Républicains unitaires (Castelar): conservateurs et centralistes.

· La question sociale.

 Malaise social:
o Crise et inégalités causant des revendications populaires.
o Paysannerie: répartition des terres (Andalousie et Estrémadure) ;
o Prolétaires urbains et ouvrier: contrôle des prix, fin des quintas, salaires et
conditions de travail.
o Une partie des couches populaires frustrée par la révolution après la
constitution (monarchie et conservatisme)
 Très grande conflictualité:
o Soulèvements fédéralistes dès décembre 1868 (Cadix, Málaga, Séville, etc.) et
formation (mai 1869) d’un Conseil Fédéral provisoire à Madrid.
o Échec entraînant une radicalisation vers l’internationalisme:
première section de l’A.I.T. (Barcelone, mai 1869), influence de l’anarchisme.

2. L’impossible monarchie démocratique: le règne


d’Amédée de Savoie (1871- 1873).
2.1. Un roi pour un régime démocratique.

· Le choix du monarque:

 Prim défend la candidature d’Amédée de Savoie:


o Accepté par les autres puissances européennes.
o Affiche des convictions démocratiques.
o Membre d’une dynastie populaire après l’unité italienne.
 L’accession au pouvoir.
o Amédée est élu roi par les Cortes en novembre 1870 et arrive en Espagne le
30 décembre.
o Malgré l’assassinat de Prim, il prête serment sur la Constitution devant les
Cortès qui se dissolvent.

· Un socle de soutien étroit.

 Soutenu par des démocrates, progressistes et unionistes regroupés en deux


tendances: radicaux et constitutionnels.
 Opposition multiforme: la cour, les modérés, les républicains, les carlistes, une
partie de l’armée et une large fraction du peuple.

2.2. L’effondrement du règne d’Amédée de Savoie.

· L’accumulation des difficultés:

 Économiques: recours à la dette publique.


 Politiques.
o Modérés (Cánovas del Castillo): préparent la restauration (prétendant,
Alphonse) et fédèrent les mécontents (dissidents unionistes / progressistes,
clergé, bourgeoisie financière hostile à certaines réformes).
o Soulèvement carliste (1872) au Pays Basque, en Navarre et dans une partie de
la Catalogne.
o 1872 : nouveaux soulèvements fédéralistes, vite réprimés.
o Cuba: insurrection (1868) de Céspedes marquant le début de la Guerre de Dix
Ans.
· La chute de la coalition gouvernementale:

 Grande instabilité: six gouvernements en deux ans, trois élections législatives.


 Blocage des institutions: élections boycottées par l’opposition à partir de 1872.

Le 11 février 1873: Amédée renonce au trône et quitte l’Espagne.

3. L’échec de la Première République (1873-1874).


3.1. La République démocratique et fédérale.

 La proclamation de la République:
o 11/02/1873. Les Cortes (monarchistes) proclament la République.
o Figueras (républicain fédéraliste) nommé chef du pouvoir exécutif et forme un
gouvernement.
o Convocation d’élections pour des Cortès constituantes.
 Un consensus trompeur.
o Projet monarchiste: organiser le retour des Bourbons.
o République isolée sur le plan international (sauf EUA et Suisse).
o Les dirigeants républicains coupés de leur base:
 Mouvement d’adhésion après la proclamation de la République et
agitation des couches populaires: Juntes, insurrections (Andalousie),
revendications ouvrières et fédéralistes (Catalogne).
 Juntes dissoutes et répression des révoltes.
 Le projet d’une République fédérale.
o Élections aux Cortes : majorité fédéraliste, mais abstention énorme (plus de
60%).
o 7 juin: proclamation de la République Démocratique Fédérale.
 Pi y Margall prend la tête du gouvernement.
 Projets: constitution fédérale, séparation Église-Etat, indépendance des
colonies, lois sociales, armée disciplinée.
o Certaines mesures sont prises: abolition de l’esclavage dans les colonies,
suppression des quintas remplacées par le volontariat.
o Projet de Constitution (jamais adopté):
 Droits et libertés de 1869.
 Président de la République (exécutif) et bicaméralisme.
 Liberté de culte et séparation Église-État.
 Structure fédérale: 17 État-régionaux autonomes.

3.2. Le tournant conservateur et la chute du régime républicain.

 Les facteurs d’échec de la République démocratique et fédérale.


o Insurrection carliste dès 07/1873: Catalogne, Pays Basque, Maestrazgo.
 Véritable conflit avec des armées constituées.
 Zones carlistes: embryon d’État (jusqu’en 1876).
o Guerre de Cuba qui se poursuit (jusqu’en 1878).
o Partis monarchistes opposés aux réformes.
o Fédéralisme qui explose à propos du soulèvement cantonal
 Régions autoproclamées cantons indépendants (Carthagène, Séville,
Cadix, Grenade, Salamanque, Alicante, Valence)
 Pi y Margall refuse de réprimer le mouvement et Salmerón, qui lui
succède, emploie la force armée.
 De la dérive conservatrice à l’effondrement du régime républicain :
o Septembre 1873: Castelar (unitaire) succède à Salmerón et mène une politique
autoritaire.
 Répression contre le soulèvement cantonal de Carthagène.
 Gouverne avec les pleins pouvoirs sans parlement jusqu’en janvier
1874 en s’appuyant sur l’armée.
 Suspend toutes les réformes entreprises.
o La crise s’accélère à partir de janvier 1874.
 3/1/1874: réouverture des Cortes où Castelar est renversé.
 Entraîne le coup d’Etat du général Pavía: dissolution des Cortes le
4/01/1874.
 Coalition de centre-droit tentant de gouverner avec Serrano à sa tête,
mais sans appui politique, ni populaire.

29/12/1874. Martínez Campos lance un pronunciamiento à Sagonte qui proclame Alphonse


XII roi d’Espagne.
Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Caricature du journal La Flaca, 1870.

Questions :

a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.

b) Expliquer le contexte historique du document.

c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes


environ une réponse argumentée expliquant l’échec de la monarchie démocratique d’Amédée de
Savoie (1871-1873).
Option B. Manifeste de Sandhurst d’Alphonse de Bourbon.

Questions :

a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.

b) Expliquer le contexte historique du document.

c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes


environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : l’échec de la première République
espagnole (1873-1874).
III. Les debuts de la Restauration monarquique (1874-1898).

1. Le système de la Restauration.

1.1. Les bases du nouveau système politique.

· Les conditions de la Restauration :

 Projet de Cánovas del Castillo (régent jusqu’en 1875) :


o Contre les dérives d’Isabelle (exclusivisme modéré, interventions des
militaires) ;
o Nouveau modèle de monarchie libérale et constitutionnelle assurant la stabilité
(Manifeste de Sandhurst) ;
o Deux priorités : nouvelle constitution et pacification (guerres carliste et de
Cuba) ;
 Socle du nouveau système, la constitution de 1876 :
o Élaborée par des Cortès constituantes élues au suffrage universal masculin ;
o Application des idées canovistes :
 Monarchie inamovible et pouvoir royal fort : veto, dissolution des
Cortes, désignation des ministres ;
 Cortes bicamérales : Congrès des Députés élu (suffrage censitaire,
1878) et Sénat à moitié désigné par la Couronne et inamovible ;
 Catholicisme d’Etat, même si tolérance des autres cultes ;
 Droits définis par de lois ultérieures.

·Bipartisme dynastique et alternance au pouvoir :

 Bipartisme dynastique fondé sur l’alternance au pouvoir entre les deux familles
libérales : conservateurs / progressistes ;
 Le but : éviter la violence politique et l’intervention de l’armée désormais
subordonnée de l’armée (missions délimitées par l’Ordonnance royale de 1875) ;

· La pacification :

 Fin de l’insurrection carliste :


o Division des carlistes face au nouveau souverain ;
o Action Martínez Campos : reddition en 1876 et exil de Charles VII ;
o Fueros basques abolis mais degré d’autonomie fiscale accordé ;
 Insurrection cubaine stoppée :
o Fin de la Guerre de Dix ans (1878) avec la Paix de Zanjón ;
 Mesures d’apaisement : amnistie, abolition de l’esclavage (comme un (effective en
1888), promesse de réformes (jamais tenue).

1.2. La vie politique.

· Les partis dynastiques au pouvoir :

 Deux partis se partagent le pouvoir :


o Parti Conservateur :
 Leader : Cánovas del Castillo ;
 Libéraux les plus conservateurs ;
 Ordre, suffrage censitaire, catholicisme ;
o Parti Libéral :
 Leader : Sagasta mais avec l’impulsion de Cánovas ;
 Progressistes, unionistes, quelques républicains ralliés ;
 Constitution de 1869, suffrage universal masculin, réformisme,
sécularisation ;
 Nombreux points d’accord :
o Idéologiques : libéralisme, monarchisme, centralisme ;
o Sociologiques : base de soutien (bourgeoisie, notables ruraux) ;
o Politiques : accord tacite pour alterner au pouvoir et assurer la continuité des
mesures prises ;
 Clé du succès, le détournement du vote :
o Inversion du parlementarisme : nomination d’un gouvernement puis
convocation d’élections ;
o Utilisation de tous les instruments de la fraude électorale ;
o Système clientéliste, avec l’appui des autorités : le caciquisme ;
 Principales étapes de l’alternance au pouvoir :
o 1875-1885, alternance : suffrage universal masculin pour les municipales en
1882 (Sagasta), Pacte du Pardo pour stabiliser le trône sous la régence de
Marie-Christine de Habsbourg ;
o 1885-1890, réformisme de Sagasta : loi d’association (1887), abolition de
l’esclavage (1888), Code civil (1889), suffrage universel (1890) ;
o 1890-1898, retour de l’alternance : assassinat de Cánovas (1897) et premières
divisions du Parti Libéral.

· Les forces d’opposition exclues du système :

 Crise du républicanisme discrédité et divisé en plusieurs tendances :


o Parti Possibiliste (Castelar) : compromis monarchique ;
o Parti Progressiste (Ruiz Zorilla) : insurrection ;
o Parti Centraliste (Salmerón) : refus de l’insurrection ;
o Parti Fédéral de Pi y Margall ;
 Naissance du mouvement ouvrier : PSOE (1879) par Pablo Iglesias ;
 Crise du carlisme affaibli par l’exil de Charles VII et la reconnaissance d’Alphonse
XII par certains (Ramón Cabrera) ;
o Tentative de rénovation de Vázquez de Mella avec « el Acta de Loredan »
(1886) : acceptation du libéralisme économique ;
o Scission d’ultras (Nocedal, Parti National Catholique) ;
o Intégration dans la vie politique, même si maintien de l’organisation
paramilitaire avec les Requetés ;
 Mouvements minoritaires nés de scissions des partis officiels , comme la Gauche
Dynastique (1882, Serrano) après scission du Parti Libéral.

2. Les crises de la fin de siècle.

2.1. La crise coloniale.

· La détérioration de la situation cubaine :

 Espoirs de 1878 déçus :


o Promesses de Zanjón (représentation aux Cortes, fin du monopole,
participation au gouvernement) pas tenues sous la pression des colons ;
o Timides avancées :
 Vie politique cubaine organisée sur le modèle péninsulaire : Parti
Autonomiste (autonomie de l’île) / Union constitutionnelle (colons
péninsulaires pro- espagnols) ;
 Le Parti Libéral peine à faire évoluer le statut de l’île et se limite à
l’abolition de l’esclavage ;
o Montée des oppositions à la politique espagnole :
 1893 : Parti Révolutionnaire Cubain de José Martí et intégré par des
chefs révolutionnaires (Gómez, Maceo, García) ;
 À l’extérieur : appui des EUA (McKinley) aux indépendantistes,
motivé par des intérêts économiques et stratégiques.
 L’insurrection et la perte des dernières colonies :
o Insurrection cubaine :
 24/02/1895, les indépendantistes lancent l’insurrection générale :
 Féroce répression de Martínez Campos puis Weyler ;
 Enlisement de l’intervention militaire espagnole ;
 Proposition d’autonomie du Parti Libéral rejetée ;
o Insurrection aux Philippines :
 Lancée dès 1892 par la Ligue Philippine (José Rizal) ;
 Politique de répression, puis de conciliation des militaires qui apaise
momentanément la situation ;
o Intervention décisive des EUA :
 Tensionséconomiques avec l’Espagne et visées géopolitiques dans les
Caraïbes et le Pacifique ;
 Prétexte : explosion du Maine à La Havane (avril 1898) ;
 Guerre hispano-américaine : défaites espagnoles (Santiago et Cavite) ;
 Paix de Paris (10/12/1898) : abandon des colonies espagnoles et
rapatriement du corps expéditionnaire.

2.2. La montée des régionalismes et des nationalismes.

· Le nationalisme catalan :

 Conditions d’émergence du catalanisme :


o Économiques : industrialisation forte, bourgeoisie industrielle et commerciale
voulant participer au pouvoir et protéger ses intérêts ;
o Culturelles : redécouverte des racines culturelles et linguistiques avec la
Renaixença : relance des Jocs Florals (1859), dynamisme littéraire
(Verdaguer, Guimerà) et de la culture populaire (Clavé) ;
o Politiques : anti-centralisme dynamisé lors du Sexennat (Clavé et Almirall,
signataires du Pacte de Tortose le 18/05/1869 entre fédéralistes de l’ancienne
Couronne d’Aragon) ;

 Émergence des différents courants du catalanisme politique :


o Traditionaliste catholique : évêque Torras y Bages ;
o Progressiste autour d’Almirall : premier journal en catalan, Diari Català
(1879), Congrès Catalaniste (1880, langue, autonomie, droit civil,
protectionnisme), Centre Català (1882), Memorial de Greuges résumant les
revendications catalanistes (1885) ;
 Du régionalisme au nationalisme :
o 1887 : fondation par les conservateurs (Guimerà, Prat de la Riba) de la Lliga
de Catalunya : Missatge a la reina regent (1888, autonomie) ;
o 1891 : Union Catalaniste fédérant les conservateurs :
 Base : propriétaires ruraux, bourgeoisie, intellectuels ;
 Projet : très fort degré d’autogouvernement ;
 Bases de Manresa (1892) : souveraineté catalane, catalan seule langue
officielle, degré poussé d’autogouvernement et pacte avec la
Couronne.

· Le nationalisme basque :

 Conditions d’émergence :
o Réaction face à la perte des fueros après la défaite carliste ;
o Affirmation de la culture et de la langue basques, l’euskera ;
o Réaction à l’immigration intérieure ;
 Naissance du mouvement national basque mené par Sabino Arana ;
o Conservation de la culture et de la « race », catholicisme et traditions,
indépendantisme / autonomisme ;
o Instruments : Partido Nacionalista Vasco (1895), nom “Euzkadi”, drapeau et
devise “Dios y ley antigua”.

· Le nationalisme galicien :

 Conditions d’émergence :
o Pauvreté contraignant beaucoup de Galiciens à l’émigration ;
o Culture galicienne conservée surtout en milieu rural ;
 Formes d’affirmation : nationalisme culturel, renaissance littéraire autour
Rexurdimiento et de lettrés (Rosalia de Castro).
 Peu de prétentions politiques jusqu’à la fin du siècle.

· Les régionalismes valencien, aragonais et andalou :

 Réaffirmation de cultures régionales touchant surtout les provinces valenciennes,


aragonaises et andalouses ;
 Surtout des mouvements littéraires et/ou artistiques :
o Renaixença (Llorente et Llombart) à Valence ;
o Costa en Aragon ;
o Blas Infante en Andalousie.

Exercice. Le pacte du Pardo.

Quatre jours après la conclusion du Pacte du Pardo, la régente María Cristina vient de prêter
serment sur la constitution et prend les décisions suivantes.

Décrets royaux.

Je viens d’accepter la démission de son poste de Président du Conseil des Ministres de M. Antonio
Cánovas del Castillo, restant entièrement satisfaite des services par lui rendus et de l’efficacité, du
zèle et de la loyauté qu’il a démontrés dans l’exercice de ses fonctions […].

[…] Au vu des capacités particulières réunies par M. Práxedes Mateo Sagasta, Député aux Cortès,
je prends la décision de le nommer Président de mon Conseil des Ministres.

María Cristina.

Le Ministre de la Grâce et de la Justice, Francisco Silvela.

Gaceta de Madrid [ancien Boletín Oficial del Estado], 28 novembre 1885.

Questions :

a) Présenter le document et indiquer son idée principale. (80 mots).

b) Expliquer le contexte historique des deux documents. (80 mots).

c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en 200 mots


environ une réponse argumentée expliquant le fonctionnement du système de la Restauration.

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