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Par Minh
Divinité de la Compassion et de la Miséricorde, Guan Yin est devenue dans les traditions
bouddhistes (en particulier dans la branche du Mahayana – « Grand Véhicule » ayant pour
idéal le Bodhisattva, « l’Être éveillé », et considérant que tout être humain possède en lui la
nature de Bouddha, « l’Éveillé ») une divinité qui est vénérée particulièrement en Extrême-
Orient : Japon, Corée, Chine, Vietnam, Cambodge essentiellement.
Le présent article a pour objet de parcourir les origines et les différents aspects symboliques
de Guan Yin.
Le culte de cette divinité, d’origine indienne, fut introduit en Chine sous la dynastie des Tang
(au VIIIe siècle plus spécifiquement). Le nom chinois de Guan Yin découle de la traduction
du nom sanskrit du bodhisattva Avalokiteshvara. Cette déesse est également appelée sous la
dénomination « Chenrezig » en tibétain, « Kannon » en japonais, « Gwanseeumbosal » en
coréen, « Quan The Am » en vietnamien, « Lokesvara » en khmer.
Représentée à l’origine sous des traits masculins, Guan Yin fut féminisée en Chine
progressivement à partir de la dynastie des Song (Xe-XIe siècles), pour des raisons qui restent
encore obscures. Certains croyants n’hésitent pas à lui donner une apparence qui lie le
masculin et le féminin, par exemple un jeune homme aux traits fins et au visage imberbe qui
porte une longue robe. Il est assis gracieusement et observe, le regard dirigé vers le bas, le
monde.
Son nom signifie « celui ou celle qui considère les sons ou appels », « guan » signifiant
regarder, observer, contempler et « yin » signifiant le son ou l’incantation en chinois. Ainsi,
Guan Yin est la déesse à l’écoute des prières et des pleurs des âmes en détresse, qui va libérer
ces dernières de leurs souffrances.
Incarnation de la Compassion, Guan Yin est la protectrice des êtres humains en danger ou en
peine. En effet, si elle est considérée à l’origine comme la déesse qui veille sur la sécurité des
pêcheurs, des marins, des voyageurs et des enfants, son aura et son énergie bienfaitrice ont
connu une telle vénération à travers les siècles qu’elle est considérée aujourd’hui en Asie
comme la déesse protectrice de toutes les personnes qui l’invoquent. Elle est ainsi devenue la
déesse qui assiste toute l’humanité dans sa souffrance quotidienne en supportant une partie du
poids de cette dernière. Elle est aussi invoquée par les femmes désireuses de donner naissance
à plusieurs enfants.
Une représentation chinoise de Guan Yin se tenant debout sur un lotus, symbole de fécondité, et tenant dans sa
main droite une branche de saule, signe de bienveillance, voire également de fertilité.
Une légende raconte que Guan Yin était à l’origine une Princesse du nom de Miaoshan
(« shan » signifiant en chinois la bonté), cadette des trois filles du roi Miao Zhuang. Fervente
bouddhiste, celle-ci fit le choix de devenir bonze dans un temple. Irrité par son choix, son père
incita les moines du temple à lui faire accomplir des tâches extrêmement pénibles afin de la
décourager. Mais Miaoshan resta inflexible et put toujours accomplir les différents travaux
demandés. Le roi décida alors de mettre le feu au temple. La Princesse Miaoshan en réchappa.
Certains disent qu’elle fut en mesure d’éteindre l’incendie de ses mains sans subir la moindre
souffrance ou séquelle, d’autres prétendent qu’elle fut secourue par un immense oiseau blanc
qui la mit hors de danger. Son père ordonna alors sa mise à mort. Sur la route pour le Paradis,
Miaoshan regarda la souffrance du monde en bas. Prise de pitié, elle décida de rester sur terre
pour libérer les âmes de leurs malheurs.
Une autre légende relate le fait que Miaoshan sacrifia ses yeux et ses bras pour sauver son
père atteint d’une maladie grave. Elle fut dotée de mille bras et mille yeux par la suite.
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Ainsi, la déesse Guan Yin représente la Compassion et la Miséricorde, mais également
l’énergie qui guérit et libère les âmes de leurs maux, ce qui la rapproche de la Vierge Marie
dans la religion chrétienne.
En Chine, le lieu de culte le plus vénéré de Guan Yin reste le Mont Putuo (Putuoshan) au sud
de Shanghai, l’un des quatre monts bouddhistes (les autres étant le Mont Wutai ou Mont des
Cinq Terrasses, le Mont Emei ou Mont des Beaux Sourcils, le Mont Jiuhua ou Mont des Neuf
Merveilles) qui constituent depuis le IXe siècle des lieux de pèlerinage et de recueillement. Ce
mont entièrement dédié à Guan Yin est associé en général à l’élément du métal qui symbolise
notamment la richesse intérieure, la générosité mais aussi la naissance de toute vie.
Toutefois, il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’au Mont Putuo pour vénérer Guan Yin et
bénéficier de son énergie divine… Toute personne qui désire l’invoquer peut méditer sur une
image représentant cette divinité et l’honorer avec un petit autel décoré de fleurs et parfumé
de baguettes d’encens.
En nous plongeant dans l’encens et en l’appelant mentalement avec sincérité et amour, nous
pouvons sentir une énergie maternelle, enveloppante, caressante, affectueuse et douce. Une
force mesurée, pure et lumineuse nous berce et nous pénètre jusqu’à ce que notre corps baigne
dans une énergie radieuse qui nous fait revivre.
En intégrant cette énergie bienfaitrice, nous nous sentons apaisés et sereins, prêts à affronter
les obstacles du quotidien mais aussi à regarder la souffrance du monde avec compassion sans
toutefois nous laisser envahir par la révolte et le sentiment d’injustice. C’est une énergie fine,
subtile et éclairante qui nous permet de mieux comprendre les situations qui peuvent parfois
nous révolter, mais tout en nous préservant de l’émotionnel, de la colère ou de la tristesse que
nous pouvons ressentir en général.
La bénédiction de Guan Yin nous aide ainsi à purifier notre corps et notre pensée afin de nous
aider à projeter un regard neuf et neutre sur le monde. Elle nous permet aussi de contribuer à
aider les autres dans la difficulté avec sérénité, recul et dévotion. N’oublions pas, en effet, que
l’énergie de Guan Yin est également une énergie qui guérit les maux et qui vise à libérer les
êtres humains de leurs souffrances, quelle que soit la nature de celles-ci.
L’énergie de Guan Yin peut donc se résumer en deux facettes. Elle est celle qui nous protège
contre les malheurs et qui nous aide à surmonter les épreuves douloureuses de la vie. Mais
elle est aussi une force qui nous rend acteurs des événements, celle qui nous permet d’agir
efficacement auprès des autres qui sont dans le besoin, grâce aux qualités qu’elle peut nous
procurer : un regard éclairé et averti sur le monde qui nous entoure et une écoute attentive aux
messages qui nous sont adressés quotidiennement. En d’autres termes, l’énergie de Guan Yin
encourage chacun d’entre nous à mener toute action bienfaitrice, mais à condition qu’elle soit
mesurée et réfléchie : l’action dans la contemplation et l’écoute.
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