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Compte rendu

L’ouvrage est une revue intitulée « Revue marocaine des recherches cinématographiques ». Elle est publiée par
« l’Association Marocaine des Critiques de Cinéma ». C’est un périodique mensuel qui s’intéresse à la culture de l’image.
On y trouve à la fois des articles écrits en langue arabe et d’autres en langue française. Dans son numéro 6 du février 2017,
il est question de traiter trois sujets importants à savoir :

- Le cinéma, la création et la censure.


- Pasolini : le poète du cinéma
- « Secrets d’oreiller » de Jilali Ferhati
Le cinéma, la création et la censure.
Dans le premier article intitulé « Dans le clair-obscur africain » écrit par Jean-Marie MOLLO OLINGA qui est journaliste
camerounais et critique de cinéma, l’auteur s’est interrogé sur le fondement de la création cinématographique et sa
relation avec la censure.

Au début de son article, le journaliste nous a rappelé un événement très important dans l’histoire du cinéma africain à
savoir le fondement à Alger en 1969 de « la Fédération panafricaine des cinéastes » qui avait regroupé un ensemble de
cinéastes gauchistes et idéalistes qui avaient l’intention d’utiliser le film comme outil de libération des pays colonisés. Ils
avaient aussi comme objectif la création d’une nouvelle esthétique renfermant des semi-documentaires dénonçant le
colonialisme et des fictions pour combattre l’aliénation économique et culturelle des pays nouvellement indépendants. Ce
groupement de cinéastes avait également pour mission « décoloniser la pensée » ce qui a donné naissance au cinéma
militant.

Ensuite, le journaliste a parlé de la question de « la liberté d’expression » qui est liée directement à « la liberté de
création » car pour faire un film selon lui, il est obligatoire de toucher un public sur un sujet donné comme  : l’amour, la
violence, le sexe, la prostitution, le travail, les droits de la femme... La liberté de création se manifeste par la variété des
mises en scènes où le cinéaste opère des choix de scénarisation, de personnages, de décor, de lumières, de musiques, de
sons, de montage,... De ces différents choix se dégage la liberté morale, la liberté du sujet, la liberté psychologique, la
liberté politique, ... qui seront confrontées à un pouvoir souvent répressif. Le cinéma africain qui est militant, revendicatif
et d’intervention sociale s’était inspiré de certaines écoles et de certains mouvements comme le « Free cinéma »
britannique et « la Nouvelle vague française ». Dans son article, le journaliste s’est posé la question suivante : Cette
liberté, n’a-t-elle pas des limites que lui impose la justice ? De cette question apparait la notion de « la censure » qui se
situe à toutes les étapes de la fabrication d’un film (de la recherche des financements à sa projection en salle). La censure
dite officielle ou légale est représentée par les différentes commissions d’attribution des visas et classent les films en
fonction des catégories d’âges déterminés par la loi. On a donc des films interdits aux moins de 10, 12, 15 ou 18 ans. En
Afrique, la censure peut prendre des formes diverses allant de la pression à l’intimidation. L’auteur a cité quelques
exemples de films censurés :

- « Les Saignants » de Jean-Pierre Bekolo.


- « Ceddo » de Sembène Oussmane
- « La Femme mariée » de Godard

La censure s’attaque aux œuvres jugées blasphématoires, pornographiques, susceptibles de générer des troubles à l’ordre
public, antireligieuses, violentes, ...

La censure qui est une limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d’expression est souvent motivée par des groupes de
pression, des associations, des autorités politiques ou religieuses. Elle peut avoir la forme soit d’une « censure à priori »
c’est-à-dire elle apparait avant la projection du film. Exemple : « Le Président » de Jean-Pierre Bekolo, soit « une censure à
postériori » comme l’exemple de « Much Loved » du cinéaste franco-marocain Nabil Ayouch.

Le deuxième article est écrit par Charles Ayetan et intitulé «  Cinéma : entre liberté d’expression et censure ». Le
journaliste s’est interrogé dans son article sur la notion de « la liberté d’expression » qui caractérise le cinéma comme
étant un art. Que faut-il entendre par liberté d’expression ? Quelles sont ces formes d’expression ? Quels liens avec le
cinéma ? Et comment la censure redoutée se transforme-t-elle en coup de grâce pour le film maudit ou son auteur déclaré
« persona non grata » ? Quels sont les éléments constitutifs du droit à la liberté d’expression ? Et quels en sont la portée
et l’impact en matière cinématographique ?
- La liberté d’expression est un droit de l’homme inaliénable établi par l’article 19 de la Déclaration universelle des
droits de l’homme,
- Le droit à la liberté d’expression appartient à tous les individus sans aucune distinction basée sur  : le niveau
d’éducation, la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques,...
- Le droit à la liberté d’expression est le droit de diffuser des informations. Il comprend le droit de dire ce que l’on
pense et ce que l’on sait.
- Le droit à la liberté d’expression comprend le droit d’utiliser tous les moyens de communication, modernes ou
traditionnels.
- Le droit à la liberté d’expression signifie que les Etats doivent « respecter » la libre expression et non pas
l’entraver.

Généralement dans tous les pays, tout film court ou long métrage doit être présenté à la commission de classification ou
commission de censure qui délivrera un visa.

Dans le troisième article écrit par Saad Chraibi qui est intitulé « Cinéma, liberté, censure : Incitation ou opposition ».
L’auteur part du constat que les deux notions « Liberté » et « Censure » sont opposées et conflictuelle ce qui suppose une
incompatibilité permanente et éternelle entre elles et ce quel que soit le domaine d’expression, politique, social, culturel
ou artistique. La première procède d’une démarche où l’esprit, la pensée, la parole et le geste veulent donner libre cours à
leur instinct, à leur rêve sans se soucier du résultat qu’ils vont produire. Tandis que la deuxième joue le rôle inverse en
installant des limites que la norme peut permettre. L’individu en général et l’artiste en particulier, qui fait partie d’un
groupe, d’une société, souhaite s’exprimer selon ses vœux et non pas selon les normes de la société. Il se heurte alors à ce
que la mémoire collective d’une société peut accepter ou pas.

Dans le domaine cinématographique, le film véhicule à travers l’image des sens et des idées capables d’influencer le
comportement du spectateur, d’où la crainte que cette influence risque d’avoir des effets pervers.

L’autocensure consiste à trouver un point d’équilibre entre la liberté d’expression et la censure proprement dite.

Cette autocensure peut prendre différentes formes :

- L’autocensure des idées


- L’autocensure économique
- L’autocensure critique

Pour l’auteur de l’article, plus les sociétés évoluent et se démocratisent, plus elles dépassent cette notion de censure, voire
même la rejettent et défendent le principe de liberté d’expression.

Le quatrième article est une interview avec Abdelkader Lagtaa. Elle est réalisée par Khalil Damoun.

En répondant aux différentes questions du journaliste, Abdelkader Lagtaa a défini la notion de « la censure » comme étant
« une mesure idéologique discriminatoire qui part du principe que la commission qui en est chargée est censée y avoir
recours pour éviter à la population de se trouver confrontée à des images et des sons jugés incompatibles avec sa
moralité, sa religion ou sa vision du monde. Elle est supposée œuvrer pour le maintien de la cohésion de la société et du
vivre-ensemble. Elle prétend aussi le faire pour empêcher des troubles ou autres débordements à caractère social.

Abdelkader Lagtaa avait subi la censure à deux reprises : son film « La Porte close » à cause de la présence d’un
personnage homosexuel et son film « Les Casablancais »

Abdelkader Lagtaa classe « la censure » en trois types : La censure d’Etat, la censure de la société et l’autocensure

En répondant à la question de « Croyez-vous à la liberté totale dans la création ? Abdelkader Lagtaa a souligné que la
liberté de création ne devrait connaitre aucune limite étrangère au processus de création lui-même, comme les tabous
politiques, les normes sociales ou les dogmes religieux, à l’exception des limites prévues par la loi et destinées à
sanctionner la représentation de la violence, de la pornographie, des comportements délinquants et des pratiques
dangereuses. Cette liberté de création a pour rôle essentiel de changer le regard des gens sur leur société et elle les incite à
réfléchir par eux-mêmes.

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