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Gulix vous présente son

Recueil
de Nouvelles

Textes aux inspirations diverses et variées


Préface
Je n'ai vraiment commencé à m'intéresser à l'écriture que vers l'an 2000, en Terminale.
Forcé de rester 4 heures dans une salle pour des contrôles auxquels je n'accordais tout au plus
qu'une heure et demie, je passais le restant du temps à poser par écrit des idées, des embryons
d'histoire. J'étais encore loin de toucher au Web, et ces écrits restèrent longtemps vagabonder
sur des feuilles volantes, ou dans des recoins de mon ordinateur quand je prenais le temps de
les taper.

Puis, fin 2003, je suis tombé sur les Chroniques des Jours Anciens. J'ai commencé par y
déposer deux courts textes, parmi ceux que je trouvais les plus aboutis. Il s'agit de L'Assassin,
et de Gratsnik jubilait..., tous deux inspirés des univers de Games Workshop. Puis j'ai attaqué
les Terres Balafrées avec Les Chroniques de Scarn, qui ne sont pour l'heure actuelle toujours
pas achevées. Bien intégré dans la communauté des Chroniques, je commets aussi parfois
quelques one-shots, comme ça, sur une inspiration.

Ce présent document a donc pour but de vous présenter ces différents textes, tels quels
pour la plupart, retouchés pour certains. Certains constituaient le début d'une saga, d'autres ne
sont que de courts one-shots, mais tous montrent, je pense, mon évolution dans l'écriture.
J'essaie également de remettre la main sur des rédactions réalisées en cinquième, dont j'ai un
bon souvenir. J'aimerais revoir ma façon d'écrire de cette époque.

Après chaque texte, vous trouverez quelques commentaires. Vous pourrez ainsi connaître
l'Histoire de ces récits, leur genèse, leur raison d'être. Des avis extérieurs seront parfois
ajoutés, le cas échéant, et je terminerais ces commentaires par une critique personnelle et
actualisée.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me renvoyez vos avis !

Gulix
Sommaire
Préface ............................................................................................................................. 2
Sommaire......................................................................................................................... 3

Déclaration de Guerre................................................................................... 4
Commentaires........................................................................................................................................ 7

La Quête des 8 Pierres.................................................................................. 8


Première partie................................................................................................................. 9
Commentaires...................................................................................................................................... 12
Deuxième Partie............................................................................................................. 13
Commentaires...................................................................................................................................... 15

L'Assassin ..................................................................................................... 16
Commentaires...................................................................................................................................... 19

Une Vie de Mékano...................................................................................... 20


Commentaires...................................................................................................................................... 23

Expédition D520-459X ................................................................................ 24


Commentaires...................................................................................................................................... 30

Moi, Gulix..................................................................................................... 31
Commentaires...................................................................................................................................... 34

Gladiatrice .................................................................................................... 35
Commentaires...................................................................................................................................... 38

Et tous périront ... ........................................................................................ 39


La Couronne Rouge....................................................................................................... 40
Commentaires...................................................................................................................................... 45

Esprit Vagabond .......................................................................................... 46


Commentaires...................................................................................................................................... 50
Déclaration de
Guerre

décembre 2001
On m'appelait Willem Umgan. Mon père est Piotr Umgan, le marchand de chevaux le
plus riche de Marienburg. J'ai disparu il y a 5 ans ne Tilée.

J'ai eu une enfance heureuse, au milieu des chevaux. Très vite, j'ai appris à me battre à
cheval, sur mon fidèle Morik, un destrier ocre qui n'accepte d'être monté que par moi. Mon
arme de prédilection était, et reste, l'épée longue. A 16 ans, mon père m'a envoyé dans
l'académie de guerre de Nuln. Nuln est très belle, et j'y ai fait mes meilleurs amis. Yosh, qui
ne m'a jamais révélé son nom de famille, était mon compagnon de chambrée à l'académie.
Lors de nos temps libres, on allait ensemble dans le quartier universitaire, où se trouve entre
autres l'académie de guerre, l'université de magie, l'école des sciences, et bien d'autres.

Par une soirée du début de l'automne, environ 9 mois après notre arrivée, Yosh et moi
avons fait la connaissance de Fiona Lastas. Elle était splendide. Sa chevelure brune très
sombre, son teint hâlé et son accent merveilleux trahissaient ses origines tiléennes. Elle était
assise à une table du Bouffon Joyeux, un salon pour jeunes gens. Elle était avec d'autres
jeunes, que je reconnut immédiatement comme étant des apprentis sorciers (ils ont toujours
des vêtements extravagants). Nous nous assîmes également une table. Plus tard dans la soirée,
je remarquai qu'elle était la seule des apprentis sorciers à être restée dans le Bouffon. Je me
décidai alors à l'aborder, et nous prîmes un verre ensembles. Depuis lors, nous sommes restés
ensemble.

Elle était alors à l'université de magie depuis 4 mois. Elle venait de Remas, en Tilée.
C'était une des rares filles de l'université et, bien qu'ayant déjà vu des tours de magie d'autres
étudiants dans les salons, elle nous impressionna par sa maîtrise, supérieure à ceux qui avaient
déjà fait 2 années d'études.

A la fin de cet automne, Yosh fut renvoyé. Il n'était pas assez fort pour le combat de
mêlée, et lui-même n'aimait pas cette discipline. Pendant un moment, j'eus peur qu'il ne quitte
Nuln, et que je perde ainsi mon meilleur ami. Mais il me rassura : il avait trouvé une autre
académie à Nuln, une non officielle, une guilde de voleurs.

C'est à partir de ce moment-là, je pense, que Yosh et Fiona se furent plus distants avec
moi. Plutôt que de se retrouver tous les soirs, on ne se voyait que 2 à 3 fois par semaine. Je ne
pus toléré cela longtemps. Un soir où l'on ne se vit pas, je partis chez Yosh, et j'attendis qu'il
sorte. Il ne me fallut pas attendre longtemps. Il sortit avec un paquet sous le bras. Je décidai de
le suivre. Il emprunta des ruelles obscures que je ne connaissais pas. Au bout d'une demi-
heure, il retrouva une personne que je ne connaissais que trop bien : Fiona.

Il lui remit le paquet, et ils continuèrent leur chemin ensembles, d'un pas rapide et
anxieux. Au détour d'une ruelle, ils disparurent de ma vue, et lorsque je rattrapai la ruelle, il
n'y avait plus que Fiona devant moi. Elle me tournait le dos, et de l'énergie magique affluait
autour de ses poignets. Je sentis également un bras m'enserrer, et une lame se poser contre la
gorge. Yosh me repoussa et ordonna à Fiona d'arrêter son sort.

" Nous allions justement te chercher Will "

" Qu'est-ce que vous trafiquez ensemble ? " répondis-je à Yosh

" C'est moi qui ait mis en place ce plan " la voie de Fiona était forte et autoritaire, comme
je ne l'avait jamais entendue.

" Quel plan ? "


" Tu le sauras en temps voulu. Maintenant, il faut que tu ailles au relais de Nuln qui
appartient à ton père. Yosh et moi avons besoin de chevaux. "

" Si vous partez, je pars " rétorquais-je à Fiona

" Oui, c'est prévu. Mais je pense que tu partiras avec Morik. Nous partons en Tilée, ce
soir. "

" Ce soir ? "

" Nous ne sommes plus à notre place à Nuln. Une vie meilleure nous attend là-bas. "

" Expliquez-moi ! "

" En route. "

Yosh me releva. Je n'avais jamais vu pareille expression sur son visage. Ces quelques
mois à la guilde l'avaient durci.

Le départ se fit en plein milieu de la nuit.

Le plan était simple, d'après Fiona. Une troupe de mercenaires devaient partir, dans 2
mois, à l'assaut d'un bastion dans les montagnes. Il était tenu par de mystérieux hommes-rats.
Nous devions nous joindre à eux. Fiona sortit du paquet que Yosh lui avait remis trois
amulettes. Elles devaient protéger notre esprit et en partie notre corps à la magie corruptrice
des hommes-rats. Fiona s'occupait du reste, pendant que Yosh et moi-même jouions de nos
armes respectives.

Le plan a fonctionné. Nos avons gardé notre esprit, je peux toujours monter à cheval, sur
Morik, avec mon épée longue, Yosh me surprend toujours par sa rapidité, malgré sa grande
taille, Fiona est toujours aussi belle. Mais nos noms ont changé : je m'appelle Fretan, Yosh est
devenu Karlan, et Fiona se prénomme Lastila. Et nous ne sommes plus humains. Nous
sommes skavens. Nous sommes reconnus par nos pairs, et dirigeons maintenant notre clan.

Nous connaissons vos forces et vos faiblesses, humains, et vous nous ignoriez. Mal vous
en a prit. Ne cherchez pas dans vos livres, tout a disparu ! Mes amis et moi avons décidé que
trop de temps a passé, et que vous devez payer. Vous n'acceptez pas les différences, et
certains de vos semblables souffrent de cela. Mais, maintenant, vous, les "grands", vous allez
souffrir! Préparez-vous à la guerre, ceci est une déclaration de guerre qui prend effet au
moment je finis cette lettre.
Commentaires

Un texte en plein dans Warhammer ! Ecrit à l'origine pour présenter mon armée de
skavens, et les conversions audacieuses de mon général, de ma sorcière et d'un assassin, ce
texte est en fait assez mauvais… Il faut être franc.

La trame générale elle-même n'est pas trop mauvaise, mais le style est pas top. De plus,
l'histoire est expédiée en moins de deux pages, malgré tout ce qui s'y passe.

Alors, pourquoi avoir laissé ce texte ? Tout simplement pour me souvenir… C'est un de
mes premiers textes, et j'en étais, à l'époque, plutôt fier. En le relisant, ça me permet de juger
mes progrès. Et puis c'est la période à laquelle j'ai vraiment pris goût à l'écriture. Ce texte fait
partie de mes premières armes…
La Quête des
8 Pierres

Mars 2002
Première partie
Thorn maudissait la pluie. Plus que tout, il haïssait la pluie. Surtout quand il était dehors.
Et ces soi-disant accueillants citoyens de Narbarburg qui l’avaient jeté dehors. Tout ça pour
une beuverie qui avait dégénéré ! Au moins n’était-il pas l’unique coupable mis dehors : il
avait vu un autre ivrogne sortir des décombres puis se faire mettre dehors par la foule. Thorn
avait heureusement laissé Erendril, son fidèle cheval, hors des murs de la ville, et il avait pu le
récupérer pour continuer son voyage. Seulement, il n’avait pu reprendre ce qu’il avait laissé à
l’auberge, et du continuer sa route avec le seul glaive qu’il laissait sous la selle de son cheval

Il arrivait maintenant à proximité d’un bois et décida d’y passer la nuit. Il serait ainsi à
l’abri de la pluie, qui s’intensifiait, et Erendril avait besoin d’un peu de repos. Un chemin
semblait s’enfoncer dans le bois. Il le suivit

___ ___ ___ ___ ___

Et une de plus ! Une ligne de plus à rajouter sur le Livre des Rancunes familial. Ils
pensaient à quoi ces humains ? A dicter sa façon de boire à un nain ? Heureusement que
certains remontaient le niveau de leurs congénères ! Grimli était bien content d’avoir
rencontré Luthor sur la route. Depuis qu’il s’était fait expulsé de Narbarburg, il n’avait cessé
de pleuvoir. Après deux heures de marche sous la pluie, il s’était fait doubler par un chariot
tiré par deux mules. Un jeune homme menait l’attelage, protégé de la pluie par la toile du
chariot. Le jeune homme avait stoppé le chariot et s’était adressé au nain : il lui avait proposé
de prendre place sous la toile du chariot. Après avoir maugréé quelques instants dans sa barbe,
le nain était finalement monté.

Les présentations avaient été brèves et l’attelage était reparti. Le jeune homme s’appelait
Luthor von Bischoff et venait d’une famille de bourgeois commerçants installés à Nuln. Il ne
s’était jamais intéressé ni à l’art de la guerre ni à la politique, et avait préféré rejoindre son
oncle, qui possédait une forge à l’extérieur de la grande ville. Son oncle lui avait appris les
rudiments de l’art d’être forgeron, et, à sa mort, Luthor avait décidé de prendre la route et de
sillonner l’Empire afin d’approfondir ses connaissances. Aussi, pouvoir faire de la route avec
un nain l’enchantait. Malheureusement, Grimli était plus guerrier que forgeron, et était plus
intéressé par le maniement des armes que par leur fabrication.

La nuit était tombée depuis deux bonnes heures lorsque les deux voyageurs passèrent près
d’un bois et décidèrent de s’y enfoncer un peu, afin de laisser les mules se reposer à l’abri de
la pluie. Un chemin s’enfonçait dans le bois ; ils le suivirent. Ils ne virent pas les traces
fraîches du passage d’un cheval sur le chemin.

___ ___ ___ ___ ___

Ils étaient quatre autour du feu. La pluie continuait à tomber ; ils l’entendaient ruisseler le
long des feuilles des arbres. Ils avaient tous pu trouver un abri dans la grotte de l’ermite.
Celui-ci avait accueilli le nordique en début de soirée, puis le marchand et le nain étaient
arrivés quelques temps plus tard. Il se faisait appeler « Grisaille » et vivait, d’après ses dires,
depuis plusieurs années en marge de la société. Il disait avoir été banni de l’Ordre des Sorciers
pour avoir essayé de révéler un secret que les plus grands cachaient. Il avait ainsi été exclu de
la société, et ne devait plus réapparaître dans aucune ville où l’Ordre des Sorciers avait établi
une guilde. Il ne révéla rien de plus à ses compagnons de fortune, et leur demanda s’ils
voulaient bien à leur tour conter leurs exploits ou leurs misères.
Luthor reprit le récit qu’il avait tenu au nain quelques heures plus tôt, puis Grimli prit la
parole. Il venait d’une petite forteresse perdue au milieu des Montagnes Grises. Son père était
le dirigeant de cette forteresse. La vie y était paisible, les combats peu nombreux, et comme il
était d’un tempérament guerrier, Grimli s’ennuyait. Aussi avait-il décidé de partir dans
l’Empire des humains pour y proposer ses services et pouvoir se battre. Il avait ainsi été en
Tilée, où il avait combattu pour les princes marchands ; dans les principautés frontalières, il
avait affronté ses ennemis préférés, les peaux-vertes. Il avait même abattu un de leurs chefs
qui était monté sur une vouivre. Bref il s’était bien amusé et s’était rempli les poches. Mais,
ces derniers mois, il avait eu peu de travail. Quelques villages avaient besoin de mercenaires
pour chasser des hommes-bêtes d’un bois, mais, à part cela, tout était calme.

Il avait donc décidé de rentrer chez lui voir comment allait sa famille. Il avait fait une
halte à Narbarburg et, alors qu’il buvait tranquillement sa bière avec d’autres compagnons
khazalides, une rixe avait commencé dans la taverne. A peine avait-il fini sa bière que la rixe
avait déjà dégénéré en bataille générale. Il s’y était joint, mais, ensuite, il ne se souvenait que
d’avoir vu un incendie commencer et le toit de l’établissement s’effondrer. Il avait ensuite été
expulsé de Narbarburg et était arrivé devant ce feu après sa rencontre avec Luthor.

Thorn était le fils du célèbre Magnus Hoorson, le receveur vedette des Vynheim
Valkyries, l’équipe nordique de Blood Bowl. Il était né en Norsca, mais avait vécu assez tôt
dans l’Empire avec les Valkyries. A ses 14 hivers, son père lui avait offert Erendril, son
cheval, et lui avait dit qu’il pouvait partir chercher l’aventure maintenant. Bien qu’il désirât
jouer au Blood Bowl, Thorn suivit le conseil paternel car, selon ses coutumes, un fils devait
d’obéir à son père. Il était parti et avait parcouru l’Empire afin de pourfendre des monstres et,
ainsi, pouvoir afficher un tableau de chasse bien rempli.

Son plus beau trophée était la pierre qu’il avait trouvée sur le corps d’un leveur de morts
qu’il venait d’abattre. Il montra la pierre qu’il tenait en pendentif contre sa poitrine. Elle était
en améthyste, en forme d’arc de cercle, et possédait sur sa surface une gravure, qui
ressemblait à un « L » calligraphié. Le nordique disait qu’elle lui donnait plus de mordant au
combat.

L’ermite examina la pierre puis prit la parole :

« Je connais cette pierre. Elle fait partie d’un groupe de 8 pierres. Chacune représente un
des 8 collèges de magie impérial. Elles furent conçues par Théodore Gongrief, un des
premiers Grands Patriarches des collèges. Grâce à leurs pouvoirs, il avait pu forger une épée,
l’épée des huit, qui avait le pouvoir de repousser les démons dans les limbes de leurs
royaumes. Mais, imbu de son pouvoir, il avait préféré s’enterrer dans un tombeau connu de lui
seul avec l’épée.

Des rumeurs ont toujours circulées sur ces pierres, comme quoi elles auraient été
disséminées dans l’Empire et qu’une fois réunies, elles auraient le pouvoir d’ouvrir un
passage vers le tombeau, et de pouvoir accéder à l’épée. Cette épée est sans doute vitale pour
la survie de l’Empire, il nous faut la retrouver ! »

« Hein !?! » Grimli exprimait sa surprise. « Moi j’veux bien, mais j’ai pas qu’ça à faire. »

« Nous seront couverts d’or si nous rapportons l’épée à l’Empereur. »

Cet argument sembla convaincre le nain et il se dit que sauver l’Empire était finalement
une bonne chose.
« Mais comment savoir où se trouvent ces pierres ? » Cette question fut soulevée par
Luthor.

Grisaille n’attendit pas pour répondre. D’après ses souvenirs, le mage qui lui avait parlé
de ces pierres lui avait dit que tout ce qui avait appartenu à Théodore Gongrief était gardé
dans la chambre qu’il avait occupée au collège doré. C’était, paraît-il, la tradition des Grands
Patriarches de ce collège. Il faudrait donc y entrer pour pouvoir y dérober quelques indices.

___ ___ ___ ___ ___

Deux heures qu’ils étaient tous autour du feu à parler, et Fynreyr commençait à avoir
sommeil. Cela faisait deux jours qu’elle surveillait cet ermite, et elle désirait se reposer un
peu. Elle s’écarta de la grotte et prépara un lit de fortune, en haut d’un hêtre. L’elfe disposa
quelques fils et branches craquantes autour de l’arbre en guise d’alarme, et se mit à dormir.
Elle espérait que l’ermite et ses hôtes n’allaient pas lever le camp trop tôt.

___ ___ ___ ___ ___

Cela faisait maintenant deux jours que la petite troupe voyageait en direction d’Altdorf.
Luthor menait son chariot dans lequel avaient pris place l’ermite et le nain. L’ermite avait
révélé son nom aux autres : il se nommait Gustavo Comminente et était originaire de Tilée.
Thorn menait la marche, toujours monté sur Erendril. La pluie avait cessé le lendemain de
leur rencontre, mais le soleil peinait à montrer le bout de son nez.

Au soir du deuxième jour, le groupe monta son camp en pleine campagne, à l’orée d’un
bois. Chacun faisait son tour de garde pendant que les autres dormaient. Durant celui de
Luthor, une ombre se mouvit près du chariot. Luthor fut alerté par le hennissement d’une de
ses mules. Il s’approcha furtivement du chariot pour attraper en flagrant délit de vol un
halfling. Il fut maîtrisé sans problèmes, et pleurnicha pendant que Luthor réveillait les autres.

Il s’appelait Jobo Phytiviers et cherchait juste un peu de nourriture. Plutôt que de le


remettre aux autorités, Gustavo lui proposa un marché contre sa liberté. Il savait maintenant
ce qu’il allait faire pour pénétrer le collège doré.
Commentaires

Ceci est le début d’une histoire ambitieuse, que j’avais commencé à l’époque où nous
commencions, avec mon cercle d’amis, à jouer au jeu de rôle, avec Warhammer. A la
relecture de ce texte, je m’aperçois que j’avais un très gros problème avec les noms, qui sont
soit ridicules, soit repris d’autres œuvres (ne me dites pas que vous n’avez pas reconnu
Grimli ?).

Malgré ses nombreuses fautes de style, j’aime assez l’introduction qui nous présente le
personnage de Thorn. Pour ce qui est de Grimli et de Luthor, en revanche, c’est trop court, et
il manque quelque chose.

A part ça, l’histoire est, à mon sens, amenée trop rapidement. Le mage Grisaille est assez
mal utilisé. Le seul point positif, je trouve, est l’apparition de l’elfe. Qui est-elle ? Que veut-
elle ? Le suspens n’est pas trop mal de ce côté-là…
Deuxième Partie
La nuit était noire et fraîche. Nuln venait d'éteindre ses lumières et seuls quelques tripots
libéraient encore leur flot d'agitation. Cependant, un certain trouble régnait dans une petite
ruelle près du Collège de Magie Doré.

Cinq individus se tenaient autour d'une carte dans un petit chariot toilé. Luthor, Grimli,
Jobl, Thorn et Gustavo examinaient le plan du vieux dortoir que l'ermite avait ramené dans la
soirée. Chacun avait vaqué à ses occupations durant la journée. Thorn et Grimli étaient partis
gagner quelques bras de fer dans des tavernes; Luthor et Jobo avaient cherché du matériel, à la
guilde des Forgerons pour l'un, à la Guilde des Voleurs pour l'autre. Gustavo était parti voir
une vieille connaissance et avait rapporté le plan.

___ ___ ___ ___ ___

« Le plan est simple : la chambre de Gongrief se trouve au fond de l’aile est. Cette aile est
inoccupée depuis plusieurs années, et on n’y trouve que les chambres des plus grands
représentants du Collège, à présent décédés. Si la tradition est respectée, ces chambres doivent
être ouvertes pour permettre aux apprentis de s’imprégner du savoir de ces ancêtres en
contemplant leurs œuvres.

Une fois que vous aurez atteint la chambre, il vous faudra fouiller attentivement à la
recherche d’un objet semblable à une petite sphère de verre entourée de deux cercles de métal.
Il s’agit d’une boussole qui nous permettra de retrouver l’ensemble des 8 pierres et d’accéder
à l’épée qui anéantira le chaos. »

Jobo pris la corde munie d’un grappin, qu’il avait récupéré à la Guilde dans la journée, et
la lança vers une fenêtre possédant des grilles. Puis il se hissa jusqu’à la fenêtre et, à l’aide
d’un étrange instrument semblable à un compas, fit un trou dans la fenêtre et s’introduisit
dans le bâtiment.

Quelques minutes passèrent avant qu’il ne réapparaisse à une autre fenêtre, sans grille
celle-là, et qu'il lance une corde à ceux qui attendaient dans la rue.

Seul le magicien était resté en bas. Il préparait la fuite du groupe en cas de besoin. Les 2
guerriers s’assuraient que personne ne venaient dérangé ceux qui fouillaient la chambre en
montant la garde devant.

La chambre était remplie de diverses bricoles construites par l’ancien Patriarche. Jobo et
Luthor ne trouvaient pas ce qu’ils étaient venus chercher. Plusieurs minutes passèrent jusqu’à
ce que Luthor, parmi une sacoche remplie de papier de correspondance, trouve enfin la
boussole. Pendant ce temps, Jobo en profitait pour remplir ses poches. Luthor lui fit un signe
et ils se dirigèrent vers la sortie. Un bruit mécanique se fit entendre et tous deux coururent
vers la porte qu’ils voyaient se refermer. Jobo fut pris au piège. Luthor n’eut pas le temps de
se relever et de prévenir Thorn et Grimli qu’une détonation retentit dans la chambre et la porte
vola en éclat. Des flammes jaillirent de l’endroit où se trouvait la porte. Elles ne restèrent pas.
Le corps de Jobo était calciné et ne bougeait plus. Dans ses mains, il tenait toujours un
rouleau de parchemin qui semblait ne pas avoir souffert du feu.

« C’en est fini pour lui ». Luthor avait examiné le corps du pauvre halfling.
« Un piège s’en doute, grogna Grimli, ils en mettent partout dans les endroits comme ça »

« Faut s’en aller, y’a du monde qui arrive »

Les trois survivants suivirent le conseil de Thorn.


Commentaires

Ce second chapitre est, je trouve, moins bien que le premier. L’action est beaucoup trop
rapide, on ne ressent pas une seconde le risque pris. L’introduction est assez mauvaise
également, surtout l’occupation des personnages pendant la journée. Et puis, le final, qui
devrait avoir quelque chose de dramatique, est tout à plat.

N’ayant jamais connu de suite, ce chapitre reste donc le final de l’histoire. Pour ceux qui
souhaitent en savoir plus :

- Grisaille est en fait le méchant


- L’elfe connaît les véritables intentions de Grisaille, et tente de le contrecarrer
- Luthor possède également une pierre, mais est suspicieux
- Pour le reste, j’ai oublié …
L'Assassin

Mars 2004
Magnus von Holssman était inquiet; depuis plusieurs semaines, le sorcier céleste avait
étudié les cieux et ceux-ci révélaient que des choses terribles allaient se dérouler. En outre, il
se sentait suivi depuis qu'il avait quitté la Grande Bibliothèque. La nuit était froide. L'air sec.
L'hiver ne s'annonçait pas des plus cléments. Nuln allait sans doute devoir accueillir les
paysans des campagnes alentours, transis de froid et ne possédant plus de nourriture, les
récoltes dernières ayant été mauvaises.

Il pressa le pas. Son cœur battait à tout rompre. Il fallait qu'il rejoigne l'Université Céleste
au plus vite. Dès qu'il aurait rejoint sa tour, il serait en sécurité.

Ses pensées se dirigèrent vers les hommes-rats qu'il avait combattu et vaincu il y a
quelques mois, lorsqu'ils avaient lancé une attaque contre Nuln. Son évocation de comètes
avait réduit les assiégeants en miettes, et fait fuir les rares survivants. Mais, depuis, il s'était
renseigné sur ces créatures, les skavens, et avait entendu des rumeurs parlant d'assassins hors
normes appartenant à cette race. C'était sans doute un de ceux-là qui le suivait.

Les murs de l'Université étaient en vue. Il y avait 3 gardes e faction au grand portail. Il les
salua. Il traversa la grande cour pour se diriger immédiatement vers la Tour d'observation,
sans passer par ses quartiers privés. Il ouvrit la lourde porte et jeta un ultime coup d'œil
derrière lui. Il referma la porte et actionna les 17 systèmes de fermeture qui interdisaient
l'accès à la tour à toute personne se trouvant à l'extérieur. Il souffla enfin.

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Extraits du Journal de Lucio Roccelni :

Il est ici, à Nuln. Je le sais, je le sens. Je pense même avoir découvert sa cible: Magnus
von Holssman, le sorcier céleste, celui-là même qui a mis en déroute l'armée qui avait
attaquée Nuln l'été dernier. Je m'en vais à la Grande Bibliothèque essayer de le rencontrer.

Je l'ai suivi à sa sortie de la bibliothèque, car je n'avais pas le droit d'y rentrer (Réservé
aux étudiants et chercheurs). Il m'a semblé anxieux. Je pense qu'il sentait que je le suivais. Il
est parti pour l'Université Céleste. Les papiers que j'ai récupérés sur le corps de l'Inquisiteur
Kalz m'ont permis d'en pénétrer l'enceinte. Il s'est dirigé vers la Tour d'observation, et s'y est
enfermé. Les nains l'ont construite d'un seul bloc de pierre, surmonté d'une coupole de verre
fusionnée à la pierre par magie : il devrait pouvoir y passer une relativement calme.

La panique règne à l'Université. Von Holssman ne sortant pas de la Tour, les doyens ont
entrepris de la contacter par magie, mais ils n'y ont pas réussi; et pire encore, il semblerait
qu'il n'y ait plus personne de vivant dans la Tour. La quasi-totalité des mages ont commencé
un rituel visant à forcer la porte réputée inviolable de la tour.

Ca y est! Au bout de 2 heures de rituel, la porte s'est ouverte. Sous couvert de ma fausse
identité d'Inquisiteur, je demande à pénétrer le premier.

Von Holssman est contre le mur, suspendu par 2 cordes qui lui tiennent les bras. Son
visage est tailladé de multiples coupures. Je fais descendre le corps. De petites lames d'acier
sont plantées sur tout son corps. A l'opposé de l'endroit où se trouvait le corps, je remarque
un petit dispositif qui semble avoir projeté toutes ces lames et actionné les cordes qui ont
permis de soulever le mage. Le piège était parfait : dès que le magicien a refermé la porte, le
piège s'est déclenché. L'assassin avait tout le temps de préparer son plan, et ne risquait pas
de se retrouver enfermé dans la Tour.
J'ai dû partir précipitamment. Le Répurgateur Forsberg arrivait sur les lieux. Il est à ma
recherche depuis plusieurs mois, me prenant pour l'auteur de tous ces crimes! Il ne sait pas
que la réalité est toute autre, le fou! Avant de partir, j'ai jeté un œil dans l'appareil
d'observation des cieux, et j'y ai vu ce que je cherchais. Son symbole, celui du Maître
Assassin, celui que je hais tant et que je trouverai et tuerai un jour… Snikch !
Commentaires

L’assassin est un de mes premiers textes à être publié sur les Chroniques des Jours
Anciens. Malgré sa concision, je l’aime beaucoup pour son scénario, et sa "double" lecture.
Ecrit lors d'un examen, il n'a, je crois, jamais connu de réécriture. Peut-être qu'un jour.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, Snikch, le personnage mentionné à la fin, est un
personnage de Warhammer spécialisé dans l'assassinat abracadabrantesque. Pour les autres
personnages, ils sont tous de mon invention.
Une Vie de Mékano

Mars 2004
Gratsnik jubilait. La bataille avait été rude, mais les orks avaient gagné. Les cadavres
éventrés de tous les blindés impériaux étaient pour lui une mine d’or : mékano chef du Big
Boss Urath Larat, il pourrait se servir en priorité sur les chars, pour trouver des machins qui
amélioreraient sa Buggamobile.

« Hé, Gratsnik ! Kess tu fous ? »

Gratsnik fut sorti de ses rêves par la tape brutale mais amicale de son chef brutal mais
adoré.

« T’as manké ‘kraser Taktok l’chasseur, idiot ! »

« Hein ?!? »

« L’mank pa la prochaine foa ! »

« Ah ouais ; ouais. »

Gratsnik reprit ses rêves remplis de machins de toute sorte, jusqu’à ce qu’il entende :

« STOOOOP ! »

Le mékano appuya à 2 pieds sur la pédale de frein et la Buggamobile pila au milieu de


débris dominés par l’épave d‘un Land Raider Salamanders. Deux boys passèrent par dessus la
cabine de pilotage et s’écrasèrent dans la poussière, deux mètres plus loin.

« On installe le kamp ici ! » gueula le Big Boss d’une voix dominant le bruit du moteur
pétaradant du truk.

Gratsnik descendit du véhicule et se dirigea vers le Land Raider. En voyant les deux orks
qui se relevaient de leur chute, le mékano reconnut ses deux apprentis Gramek et Sturfgan.
Pour la première fois de la journée, il leur adressa la parole :

« Le gros vert est à moa ! OK ? »

« Ouais, ouais. » répondirent les deux apprentis qui ne s’étaient pas remis de leur chute.

Gratsnik bavait d’excitation en entrant dans le Land Raider. Tous ces instruments de
mesure le fascinaient. Il envoya valdinguer le cadavre de ce qui avait été le conducteur de cet
machine de guerre. L’ ork s’installa aux commandes.

Après moult bidouillages et coups de clefs à mollette, le tank démarra. Gratsnik était en
totale extase.

Soudain, par un trou dans la coque, il aperçut Taktok le chasseur.

« Taktok ! J’te louperèi pa cet foa! » beugla le mékano.

Les moteurs de la machine hurlèrent alors que Gratsnik enfonçait l’accélérateur. Il bloqua
la pédale avec sa clef à mollette, et prit place derrière le bolter lourd.
« Pampan ! Vraoumvraoum ! Tu va krevé Taktok ! »

Alors que Gratsnik tirait frénétiquement dans tous le sens, le Land Raider avançait à toute
vitesse dans les ruines, conduit d’une seule main par Gratsnik, seulement préoccupé par
Taktok. Celui-ci ne fut pas de taille à lutter, et se fit faucher par les bolts qu’envoyait le char.

Gratsnik arrêta alors le Land Raider et monta sur le toit. Il cria :

« BOSS ! OHE, BOSS ! J’ai u c’t enfoiré de Taktok! Chef ! Boss !? Ou vouzète ? »

Gratsnik vit les décombres du camp d’Urath Larat à l’avant du tank et, en se retournant,
vit les restes de la griffe énergétique du Big Boss accrochés à la chenille.

« Oups ! Plu k’à chercher un ôt Boss. »

Gratsnik repartit aux commandes du Land Raider et retourna chercher la Buggamobile. Il


la remorqua toute la journée, conduisant en rêvant le Land Raider. A la nuit tombée, il
entreprit de modifier le tank et ajouta quelques pièces du truk. Il rencontra Bogat Urk Thrat,
qui le prit dans ses rangs, ainsi que sa toute nouvelle machine de guerre : la Buggatank.

Ah, Qu’il était bon d’être un mékano chez les orks d’Armaggedon !
Commentaires

Un texte humoristique mettant en scène les orks de Warhammer 40.000. Et bien, ce texte
passe toujours. Ecrit dans la veine de ceux du White Dwarf (le magazine pour Warhammer
40.000), je souhaitais principalement m'amuser avec ce texte, ce qui est chose réussite.

Maintenant, sorti du contexte, ce texte n'a vraiment pas grand-chose pour lui. Ceux qui ne
connaissent rien aux orks passeront sans doute à côté de ce texte, et c'est son grand défaut.
Expédition
D520-459X

mars 2004
"C'est vraiment fantastique !"

"En effet, je ne pensais pas que de tels lieux puissent exister sur cette planète !"

"Ces arbres, là au fond, ils sont gigantesques. Et à vu d'œil, ils doivent bien se trouver à 2
kilomètres !"

"Cette plaine ferait deux kilomètres de largeur ! Impossible ! Les reconnaissances


aériennes n'en ont décelées aucune dans la forêt !"

"Regarde au-dessus de toi, et tu verras qu'ils ne l'ont pas vu à cause du brouillard qui
recouvre cette zone."

"Bien observé Alan. Vous êtes bien plus perspicace que vous ne le laissez paraître."

"T'insinues quoi par là, vieux chnoc ?"

"Rien, rien, … Faisons une pause ici. Je vais prendre mon appareil et faire quelques
clichés de cet endroit. Notre position est parfaite."

"Que faites-vous Alan ?"

"T'es aveugle, mon petit ? Je sors mon fusil."

"Pour nous protéger où cas où un animal nous attaquerait ?"

"Non, Barry, je crois qu'Alan souhaite ramener quelques trophées de notre expédition.
N'ai-je pas raison ?"

"C'est tout à fait exact, Professeur Darwin. Je vous laisse 10 secondes pour photographier
la prochaine bestiole plus grande qu'un cheval qui passe, puis je la prends pour cible. Et toi
Barry, arrêtes de poser des questions idiotes !"

"Regardez, là !"

"Magnifique ! Qu'est-ce donc comme animal ?"

"Je ne sais pas Barry…"

"Professeur, les 10 secondes sont écoulées."

BANG !

"Où est-il passé ? Je l'ai touché ! Je ne rate jamais une cible ! Professeur, que s'est-il passé
!"

"Je ne sais pas, j'étais en train de regarder mes clichés. Regarde Barry, celui-là est parfait,
on y voit la créature et cette vallée splendide."

"Barry, où est passé le lézard !"


"Mais lâchez-moi ! Je ne sais pas !"

"Lâchez-le Alan !"

"Ou quoi ? Je veux savoir ce qui s'est passé, où est passé ce satané lézard !"

"Ce n'était pas un lézard, et j'ai tourné la tête au moment du coup de feu. Il n'était plus là
après !"

"Et merde. Ecoutez…"

"Quoi, il n'y a rien."

"C'est ça qui m'inquiète, prof. Il y a quelques secondes, on entendait encore le chant des
oiseaux, et ce silence ne me dit rien qui vaille…"

"Vous voulez me faire peur, hein ?"

"Pas du tout, mon petit, je crois qu'Alan a raison, ce silence ne me présage rien de bon.
Fichons le camp et retournons au bateau."

PAOUM !

"Qu'est-ce que c'était ?"

"Un bruit de tambour primitif, j'en ai entendu de similaires dans un reportage sur des
tribus primitives."

PAOUM ! PAOUM !

"Ils redoublent d'intensité, c'est pas bon çà ! Barry, tu sais te servir des Browning 458 ?"

"Euh …"

PAOUM ! PAOUM ! PAOUM !

"Prends-les quand même, tu les diriges sur ta cible et t'appuies sur la gâchette, c'est tout !
Professeur, prenez mon Beretta LLR 0.87."

PAOUM ! PAOUM ! PAOUM ! PAOUM !

"Et vous Alan ?"

"Mes machettes monofilamentaires sont tout ce que j'ai besoin contre des primitifs !"

PAOUM ! PAOUM ! PAOUM ! PAOUM ! PAOUM !

"Ne bougez plus !"

"Quoi ?"
"Le silence est revenu. Tenez vos positions, et tirez si quelque chose bouge…"

PAN ! BAOUM ! TATATATATATATA ! PAN ! BAOUM ! BAOUM !

"Aaaaaaaaahhhhhhh !"

"Mon Dieu ! Qu'est ce que celaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh !"

SCHLAK ! SCHLAK !

"Grrrrrrnnnnnnnnnn !"

"Voici que tout ce que l'on a récupéré de l'expédition D520-459X, dirigée par le cybride
Charles Darwin, Intelligence Artificielle reconstituée de l'explorateur anglais du même nom.
Cette bande sonore est l'enregistrement qu'a effectuée son appareil numérique d'exploration.
La seule image qu'il a été possible de récupérer est celle que vous voyez s'afficher sur vos
écrans. L'appareil a vraisemblablement été transporté par un animal, ou un cours d'eau, car il a
été retrouvé à près de 200 kilomètres de l'emplacement où cette capture a été prise, à moins
qu'il n'ait été déréglé dans sa chute."

"Sergent Katarina Sverova, comment avez-vous retrouvé cet appareil ?"


"Monsieur le Ministre des Affaires Terriennes, comme toute mission d'exploration de cet
ordre, lorsque l'équipe reste sans réponses au bout d'une semaine, une équipe est envoyée à sa
recherche. Grâce à sa balise de localisation, cet appareil a été retrouvé."

"Le Capitaine Alan Drenfels, le Professeur Darwin et son apprenti Barry Hudson
n'étaient-ils pas équipés des combinaisons synthétiques Kevlar 58X32 ?"

"En effet, Monsieur le Vice-consul, mais leurs balises de localisation semblent avoir été
neutralisées."

"Comment ?"

"Nous ne le savons pas. Contrairement à ce que dit le Capitaine Drenfels dans cet
enregistrement, je ne pense pas que ce soit une tribu primitive qui les ait attaqués. Les
combinaisons sont parfaitement résistantes aux dernières armes laser, physique et électrique
conçues par nos bureaux d'études. Seuls de très grands scientifiques, spécialisés dans
l'électronique, et disposant du matériel et des connaissances adéquats sont capables de
neutraliser ces balises."

"C'est bien là la raison de cette entrevue."

"Monsieur le Président de la Confédération ? Mes respects, je ne savais pas que vous


assistiez à cette conférence."

"C'est bon sergent. Après lecture de votre rapport d'enquête, j'ai convoqué certains de mes
conseillers, ici présents, afin d'examiner les différentes options qui s'offrent à nous. Pouvez-
vous nous rappeler vos conclusions ?"

"La menace qui plane dans la forêt Xlana3 de la planète Gidéon du système Hendirion est
à prendre au sérieux. C'est pourquoi je propose de suspendre toute activité économique en
relation avec Gidéon, et d'y envoyer une force d'exploration plus conséquente, accompagnée
d'un détachement de marines, afin d'explorer plus en profondeur la forêt Xlana3."

"Savez-vous que nous sommes actuellement en guerre, Sergent ?"

"Bien sûr Monsieur le Ministre de la Défense. Mais Gidéon se trouve actuellement à


l'opposé du front des batailles..."

"Et y envoyer un détachement de marines prendrait trop de temps, et risquerait de


déstabiliser notre ligne de bataille. De plus, Gidéon nous apporte quantité de revenus, grâce
aux touristes qui affluent pour découvrir ses civilisations antiques, ainsi que grâce aux mines
de Plutonium, qui nous sont nécessaires pour alimenter nos navires de guerre."

"Mais, Monsieur le Président, il ne faut pas prendre à la légère…"

"Nous ne prenons rien à la légère, mais ce ne sont que des supputations, Sergent ! Nous
ne pouvons risquer de couper toute relation avec Gidéon suite à la perte de trois hommes.
Nous ne pouvons donc pas appuyer votre proposition. Sachez de plus que vous n'avez jamais
entendu parler de cette expédition, et que personne ne vous croira puisque aucune information
relative à celle-ci n'existe. Cette réunion n'a jamais eu lieu. Si vous savez garder le silence,
peut-être vos supérieurs consentiront-ils à une promotion. Dans le cas contraire, je ne sais pas
si je pourrais vous garder dans notre administration."

"Mais …"

"Cette neurovisio-conférence est terminée, au revoir."


Commentaires

Mon premier texte écrit spécifiquement pour les Chroniques est cette Expédition. J'ai écrit
ce texte dans le cadre d'une inspiration imagée. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le principe,
une image est proposée, et les auteurs s'en inspirent pour écrire l'histoire.

J'ai choisi de placer l'histoire dans un contexte de science-fiction, à la Hypérion (le terme
cybride y fait directement référence). Je venais en effet de terminer la saga de Dan Simmons
au moment où j'ai écris ce texte. Pour la forme, je me suis lancé tout d'abord dans le premier
dialogue sans trop savoir vers où je me dirigeais. Puis m'est venue l'idée d'intégrer l'image
d'origine au récit.

Je ne sais pas d'où est venue l'idée de ne faire qu'un dialogue, sans préciser qui sont les
interlocuteurs, ni leurs intonations ou autres. Et je pense avoir réussi ! Il n'est pas difficile de
savoir qui a la parole, et les personnages sont assez faciles à identifier.

Un bon exercice de style qui m'a permis de diversifier mon expérience, et d'écrire pour la
première fois hors du carcan Games Workshop.
Moi, Gulix

Juin 2004
"Bonsoir, Monsieur ! Tttt ! Ne bougez pas trop, ou la lame que je viens d'apposer contre
votre gorge risquerait de vous blesser. Vous savez, ces lames sont très fines, et un simple
mouvement permet de trancher très facilement la chair. Ce sont des instruments extrêmement
dangereux dans des mains non-initiées !

Venez, nous allons nous enfoncer un peu plus loin dans cette sombre ruelle. Tttt ! Quelle
idée avez-vous eu d'aller vous soulager si loin de la lumière, en pleine nuit, dans ce quartier ?
Les brigands sont nombreux par ici, vous savez ? Au fait, je me présente : Gulix.

Vous pouvez tenter de vous en souvenir, de toute façon, personne ne me connaît sous ce
nom. Du moins, pas ceux auxquels vous vous adressez habituellement ! Vous transpirez
beaucoup, je trouve ! N'ayez crainte, vous retrouverez votre lit ce soir, si rien ne vous arrive
une fois notre discussion terminée. Tttt ! Ne pensez même pas vous échapper, je vous ai déjà
averti ! Je suis sûr que j'arriverais à atteindre vos cordes vocales avant que le son ne sorte de
votre bouche !

Pour que vous soyez en confiance, je vais me décrire, vous saurez ainsi à qui vous avez à
faire...

Vous souhaiteriez sans doute que je me présente face à vous, n'est-ce-pas ? Tttt ! Je ne
suis pas un imbécile monsieur ! Ma position perdrait son principal atout ! Bon, pour
commencer, sachez que je suis un peu plus grand que vous, qui faites quand même petit, mais
le poids des années à du vous rappetir, je suppose. Ensuite, mes cheveux sont bruns, crasseux
aussi, car il est difficile de se laver correctement dans ce quartier. Je les laisse pousser jusqu'à
ma nuque, car cela me permet de dissimuler un peu mon visage, ce qui est pratique dans ma
profession. Il m'arrive parfois de les repousser vers l'arrière, lorsque mon visage me sert
d'outil, car on m'a toujours dit que mon visage était "angélique". Et cela semble attirer la gent
féminine. Comme vous devez vous en douter, je porte actuellement des vêtements sombres.
Ce qui me permet de particulièrement bien me fondre dans cette zone d'ombre.

La présentation est maintenant terminée. Je vais maintenant vous raconter mon histoire.
Vous devez vous demander pourquoi je le fais ? Tttt ! J'en étais sûr ! Vous le saurez bien
assez tôt, Monsieur. Cessez de gigoter, voyons, je ne voudrais pas qu'un accident arrive !

Sachez que le destin a eu la main lourde à mon égard. Je n'ai même pas connu mes
parents. On m'a raconté que, il y a de cela seize hivers, je fus abandonné devant les portes du
Couvent des Soeurs des Larmes, que vous avez déjà visité, si je ne me trompes ? Tttt ! Mon
instinct avait raison. La soeur qui me recueillit s'appelait Adèle, et elle venait de rentrer au
couvent. Elle s'attacha à moi, et elle m'éduqua comme si j'étais son petit frère, comme toute
soeur aînée aurait fait. Comme les autres orphelins, je reçus une bonne éducation par les
soeurs, qui m'apprirent à lire et à écrire.

La seule chose qui me différenciait des autres enfants, je la cachais du mieux que je le
pouvais, avec l'aide d'Adèle. Il s'agit d'une belle queue, comme en possèdent les chats, et qui
me pousse dans le bas du dos. Tttt ! Je vous ai demandé de rester calme ! Il semble que cette
mention vous ai ravivé la mémoire ! Très bien ! Un jour, un des mes "camarades" me
bouscula et tenta de me faire du mal. Ce fut la première fois que cela se produisit. Mes yeux
changèrent, d'après ce qu'il raconta ensuite, et se remplirent de noir, puis je sautai sur lui, et
avec ma queue, tentai de l'étouffer. Je ne me contrôlai plus. Ne vous inquiétez pas, j'arrive à
maîtriser ces pulsions depuis, mais ma queue reste inerte la plupart du temps. Or, après cet
incident, Adèle ne put plus cacher mon secret, et il fut décidé que je devais quitter le couvent.
La nouvelle atteint cependant rapidement les dirigeants du clergé. Et, le jour de mon
départ, le cardinal en personne, aidé de ses plus fidèles serviteurs, se déplaça pour "ramener
où elle doit être cette créature du démon". Ce sont ses propres mots, je les ai entendus. J'étais
caché, et Adèle me fit sortir par une porte dérobée, alors que vous-même, qui faisiez partie de
la délégation, fouilliez le couvent.

Je fus recueilli dans ce que l'on appelle une maison close. Adèle connaissait très bien la
patronne, qui n'était autre que sa mère. C'était il y a deux ans. Je vivais avec les enfants des
filles qui travaillaient là. Nous faisions les quatre cents coups dans ce quartier où nous nous
trouvons actuellement. Ce fut une époque formidable. Malheureusement, il y a deux mois,
vous et votre cardinal avez entendu parler de moi, à nouveau, et vous êtes venu aux Lilas. Et
le cardinal a déclaré qu'il s'agissait d'une maison abritant le démon. Et cela a provoqué une
émeute. Et les Lilas ont été incendiés. Pourquoi semblez-vous terrifié tout à coup ? J'ai fait
une promesse, vous pourrez rentrer sain et sauf ce soir chez vous ! Tttt ! On dirait que vous
n'avez pas confiance en moi !

Voyez-vous, j'ai réchappé à l'incendie. Malheureusement, je suis un des rares à l'avoir


fait. Ce qui est triste, c'est que je devais les quitter deux jours plus tard, pour m'installer avec
la petite soeur d'Adèle dans les combles d'une auberge où elle allait travailler. Mais elle n'a
pas pu sortir à temps des Lilas. Comme beaucoup d'autres. Je ne vous impute pas ce crime. Je
l'impute au cardinal. Si c'était lui qui était à votre place, je pense que j'aurais laissé la force
qui se tapit au fond de moi prendre le dessus, et la lame aurait entamé la chair. Je ne vous
pardonne pas pour autant, car je ne suis pas miséricordieux, au contraire. Je souhaite juste que
vous avertissiez le cardinal que je suis toujours en vie. Veuillez lui dire qu'un jour ou l'autre, il
sera à votre place, et que je ne lui laisserai pas la vie sauve. Dites-lui que j'ai découvert
l'origine de mes pouvoirs, et que ses protections ne lui seront d'aucun secours lorsque j'aurai
décidé de m'attaquer à lui. Dites-lui que je sers la Maîtresse des Ombres, et que son Seigneur
de la Lumière ne lui servira à rien le moment venu.

Comptez jusqu'à dix, puis partez. Et merci pour votre bourse !"
Commentaires

Un texte étrange, n'est-ce pas ? En effet, ce texte n'en est pas vraiment un. Il s'agit en fait
de la description du personnage que j'avais joué à un jeu de rôle sur forum. On devait
présenter notre personnage, physiquement et psychologiquement, et j'avais choisi de tenter un
monologue dans lequel mon personnage se présentait lui-même. Pas évident au premier
abord…

Néanmoins, le résultat me plaît, et je pense peut-être l'inclure dans une de mes futures
œuvres, pour présenter le personnage. Gulix, en quelque sorte, c'est le personnage que j'aime
incarner en jeu de rôle, et c'est pourquoi j'aime beaucoup ce texte…
Gladiatrice

décembre 2004
Aujourd'hui est un grand jour. Je le sens à la tension qui règne parmi mes geôliers. Ils ne
cessent de s'invectiver depuis l'aube. Une personnalité importante doit assister au spectacle.
Pour moi, cela ne change rien. Dans quelques instants, je pénètrerai dans l'arène. Ils m'ont
déplacée de la cellule, et j'attends sous l'une des nombreuses trappes du Colisée.

Il y a quelques mois, j'aurais tout fait pour m'échapper, et j'aurais même égorgé un de mes
gardiens, s'il le fallait. Je sais maintenant que c'est inutile, et je garde mes forces pour là-haut.
Le seul salut que je puisse espérer viendra de l'arène. Le combat, le sang, c'est tout ce qu'ils
souhaitent. J'entends déjà la clameur du peuple enfler. On a dû m'annoncer.

Depuis quelques semaines, chacune de mes apparitions provoque cette hystérie que je ne
peux m'expliquer. Je combats pour survivre, je ne tue que lorsque cela est nécessaire, mais ils
désirent toujours plus, tranquillement assis qu'ils sont dans leurs hauts gradins. Ils viennent
savourer leur plaisir. Le plaisir de voir, de sentir le sang des autres couler. Le mien n'a
toujours coulé qu'en faible quantité, au contraire de celui de mes adversaires.

Le passage s'ouvre, et le soleil envahit le souterrain. L'astre est au zénith, et la chaleur


étouffante. Je m'avance lentement. Le sable de l'arène brûle mes pieds nus. La chaleur de l'air,
ajoutée à celle qui monte des tribunes, rend l'atmosphère très pesante. Cela ne me dérange
pas, moi, la Lionne du Katanga. Je vivais encore sous le soleil brûlant de l'Afrique, dans les
Hautes Steppes, il y a quelques années, lorsque cet Empire sur le déclin s'est emparé de moi.

Mes adversaires semblent plus souffrir de cette chaleur. J'ai rapidement fait le tour de
l'arène, et n'ai repéré que deux combattants, un rétiaire et un mirmillon. Leur armure va les
gêner, mais leurs bras ne tremblent pas, ils ne semblent pas me craindre. Je les sens très
expérimentés, mais je ne perdrai pas aujourd'hui. Dans la loge qui se trouve en face de moi,
quelqu'un se lève, et s'adresse à la foule.

Le grondement déferle alors sur nous trois. Ce vacarme me rappelle le déplacement des
hardes de gnous, dans mon pays natal. J'aimerais pouvoir encore en chasser. Mais la
mélancolie n'a pas sa place ici. Seules la cruauté et la violence règnent en ces lieux. Les deux
guerriers s'avancent vers moi prudemment. Le filet du rétiaire est déjà prêt, il n'attend plus
que d'être à bonne distance pour me le lancer. J'ai déjà goûté à ce genre d'arme, et ne souhaite
pas renouveler l'expérience. Le mirmillon se tient entre moi et son allié, le glaive et le
bouclier en main.

Lorsque enfin ils atteignent le centre de l'arène, j'entame ma ronde. Je tourne autour d'eux,
ne les quittant jamais du regard, et les invectivant dans ma langue natale. Ils parlent, eux
aussi, mais entre eux. Ils ne me quittent pas non plus du regard, mais le mirmillon, qui
s'intercale constamment entre moi et le rétiaire, commence à fatiguer. Je peux sentir la sueur
qui coule sous son casque d'acier. J'accélère ma course, et me rapproche d'eux un peu plus à
chaque tour que je réalise. Je sais que si le filet m'attrape, je suis perdue. Mais il ne m'aura
pas.

Je me jette subitement vers eux. Je ne lâche pas le rétiaire des yeux et, à l'instant où je
vois son bras droit se contracter, je dévie ma trajectoire pour attaquer le mirmillon. Comme je
l'avais pensé, il s'est décalé pour laissant le champ libre au rétiaire. Mais il n'a pas pour autant
lâché sa garde. Je bondis et tente de le faire chuter en lui retombant dessus. Il anticipe en
roulant en arrière et je sens son glaive me caresser le flanc gauche. Je finis ma course
quelques mètres plus loin. Mon sang tâche le sable de l'arène, mais il n'est pas le seul. J'ai
entamé son cuir de mes armes acérées. Son torse porte ma marque. Il éprouve quelques
difficultés à se relever.
Le rétiaire est à ses côtés rapidement, et me menace de son trident, pour me tenir à
distance. Il n'a pas encore récupéré son filet. Il me fixe, puis nos regards convergent vers le
même point, où gît sa précieuse arme. Il est le plus proche, mais ma rapidité joue en ma
faveur. Il recule, le trident fermement tenu à deux mains. J'ai le choix, entre lui laisser
reprendre le filet et m'occuper du mirmillon encore au sol, ou m'occuper définitivement du
rétiaire. Je choisis la seconde option.

J'ignore ma première victime et m'élance vers le rétiaire. Mon flanc me fait souffrir, mais
l'ivresse du combat me donne l'énergie nécessaire. La foule accompagne ma course de ses
encouragements, mais le rétiaire n'entend que le cri terrible qui monte de ma gorge. Il s'est
figé et a opté pour une position défensive, le trident tendu vers moi. Il me faudra l'éviter à tout
prix. J'opte pour une attaque au sol, dans les jambes. Il est surpris, et ne baisse pas à temps
son arme. Je sens tout de même le contact du métal sur le sommet de la tête. Ses hurlements
m'apprennent que mon attaque a réussi. Il est au sol, les jambes en sang. Il est fini.

Je m'approche de lui lentement. La panique se lit dans son regard quand du sang qui ne
peut être que le mien vient obscurcir ma vision. Il m'a touchée, alors, et plus gravement que je
ne le pensais. Il aura une mort rapide. Je me jette sur lui, et emportée par ma sauvagerie, je
l'éventre en répandant ses entrailles sur l'arène. Je laisse mon instinct de tueuse reprendre le
dessus quelques instants, et me repaît de sa chair alors que la foule sombre dans l'hystérie la
plus totale.

"Leona ! Leona !" La foule scande mon nom. Je me relève, et tente de retrouver le
mirmillon. Il est étendu dans une flaque de sang, là où je l'avais laissé. Ses blessures ont eu
raison de sa vaillance. Mon nom continue d'être repris par la foule, mais je n'en ai cure. La
gloire ne m'intéresse pas. A cet instant, je souhaite simplement revoir le calme et placide
soleil africain, sentir les hautes herbes caresser mes flancs. Les chasses avec mes soeurs me
manquent. Je rentre mes griffes et m'allonge sur le sable brûlant. Ici, le soleil est cruel, tout
comme le sont les hommes. Ma fourrure perd peu à peu la couleur du sable pour s'imprégner
de celle du sang. Ma vue se brouille, mais mon esprit entame son dernier voyage.

Je suis de retour en Afrique, et je parcours inlassablement la savane. Rome, je ne tue plus


pour ton bon plaisir. J'étais libre, tu m'as fait gladiatrice. Aujourd'hui, je savoure enfin le repos
auquel j'aspire depuis que j'ai pénétré cette maudite arène. Dans quelques jours, Rome, tu
m'auras déjà oubliée, mais l'Afrique, elle, me rappelle déjà.
Commentaires

Mon texte préféré, pour l'instant. Celui dont je suis le plus fier, et pour plusieurs raisons.

La première, et non des moindres, c'est qu'elle m'a permis d'exprimer mes sentiments sur
une cause qui me tient à cœur, celle de la protection des animaux. Au moment où j'écrivais ce
texte, une ourse était abattue dans les Pyrénées, et la chasse au loup était relancée en France.
La première version de ce texte contenait d'ailleurs un Post-Scriptum le rappelant.

La seconde raison, c'est qu'il s'agit de mon premier texte se situant en dehors du
"fantastique". La seule chose de fantastique dans ce texte est le fait d'être dans l'esprit d'une
lionne. Je voulais laisser une part d'incertitude au texte, et je pense l'avoir assez réussi.

Enfin, ce texte est pour moi mon préféré car c'est celui où j'ai vraiment réussi pour la
première fois à ne pas simplement raconter. Ce texte n'est pas qu'une suite de descriptions et
de situations, j'ai réussi à y rajouter des sentiments, chose que je peinais à faire avant.

A présent, je lui trouve néanmoins un défaut dans sa taille. J'aurais pu passer plus de
temps sur certains passages. J'essaierai sans doute d'y revenir dans le futur.
Et tous périront ...

Juin 2004
La Couronne Rouge
La nuit est tombée, et le brouillard étire ses bras voluptueux sur les ruelles abandonnées.
La lune a disparu du ciel pour cette nuit, et seul le bruit du vent se fait entendre aux abords du
grand cimetière. Une ombre le parcourt, vêtue de noir, indiscernable depuis l'extérieur de
l'enceinte. Ses pas ne font pas de bruit sur l'herbe qui entoure les tombes. Vêtue d'un chapeau
à larges bords et d'une ample veste, la silhouette a un but précis : elle se dirige vers le
mausolée des Grassoffen…

----------------------

Ils étaient tous au rendez-vous. Le grand maître avait réuni vingt-quatre disciples. Il s'était
occupé de l'objet du sacrifice, ou plutôt il avait demandé à des mercenaires de s'en charger
contre monnaie sonnante et trébuchante. La jeune fille avait le regard paisible, maintenant
qu'il lui avait administré une dose de lotus blanc. Elle était comme il l'avait souhaité, jeune,
vierge, de longs cheveux blonds. Il en aurait bien profité si elle lui avait été livrée un peu plus
tôt, mais il n'avait pu différer la cérémonie.

Les disciples se disposèrent en cercle autour de l'autel de fortune formé par le sarcophage
du patriarche Grassoffen, s'asseyant à trois sur chacun des six bancs disposés en cercle, alors
que six d'entre eux restaient debout, entre chaque banc. Pendant ce temps, le grand maître
avait pris la main de la jeune femme et la guidait vers le centre de la pièce. Il l'allongea sur le
sarcophage, alors que le regard de certains des hommes présents était captivé par sa parfaite
nudité.

A l'exception du grand maître, personne ne connaissait l'identité véritable de ceux qui se


cachaient derrière le masque hideux au nez crochu que tous arboraient. Avides de frissons et
de pouvoir, ils avaient rejoint la Couronne Rouge il y a quelques mois, voire quelques jours
pour certains. Recommandés par des connaissances, invités par de mystérieux courriers, ils
avaient participé à quelques réunions secrètes dans des caves de la cité, masqués à chaque
fois, ne s'appelant que par les titres de "frère", "adepte" ou "maître".

Dans la semaine, ils avaient tous reçus un mot les convoquant dans cette crypte, en cette
nuit sans lune, pour un rituel qui signerait leur véritable entrée dans l'ordre. L'excitation
planait dans l'air, augmentée encore lorsque la fille était apparue. L'assemblée, qui n'était pas
exclusivement masculine, entama des litanies dans une langue qu'ils ne devaient même pas
connaître.

Le grand maître, reconnaissable à son masque écarlate, en opposition aux masques blancs
des autres participants, quitta l'assemblée pour rejoindre une pièce attenante du mausolée, et
revint rapidement, tenant solennellement dans ses mains une couronne écarlate aux vingt-trois
branches, caractéristique de l'ordre. Elle était posée sur un coussin, par-dessus une dague que
peu pouvaient apercevoir.

Les litanies reprirent de plus belle alors que le grand maître s'approchait de sa future
victime, toujours docile, sous l'effet de la drogue. Il posa le coussin et saisit la couronne.
L'assemblée se tut, et tous les regards convergèrent vers le centre de la pièce.

"Mes frères, commença le grand maître, cette nuit est celle où votre vie changera. En
acceptant le sacrifice de cette vierge, et en revêtant cette couronne, votre intégration au sein
de notre ordre sera enfin accomplie. Vous pourrez participer à l'élaboration d'un ordre
nouveau, dont nous prendrons la tête ! Que le Grand Conspirateur accepte notre offrande !"

L'excitation était encore montée d'un cran à la mention du sacrifice, mais de


l'appréhension commença à poindre dans le regard d'une minorité lorsque le grand maître
reposa la couronne et se saisit de la dague. Il la leva bien haut au-dessus de la gorge de sa
victime, qui souriait béatement.

"Grand Conspirateur, accepte notre offrande, et fais-nous don de tes pouvoirs !" cria-t-il.

Les vingt-quatre disciples reprirent en chœur, bien qu'une légère pointe d'appréhension se
faisait sentir chez certains.

"Le Grand Conspirateur s'est couché ce soir…" fit une voix masculine qui venait des
escaliers menant au cimetière. Un homme se trouvait là, partiellement dans l'ombre, un
chapeau à larges bords vissé sur le crâne, un manteau ample sur les épaules. Le silence s'était
établi dans la salle. Le couteau levé au-dessus de la tête, le grand maître regardait avec
incrédulité l'étranger descendre les marches et s'avancer vers eux. Tous avaient le regard posé
sur lui.

"Qui est-tu ?" demanda-t-il à l'intrus, une pointe de défi dans la voix.

"Pour vous, mon nom sera Mort…" répondit calmement ce dernier.

Le grand maître restait sans voix. Comment cet homme pouvait-il les provoquer ainsi,
alors que le poids du nombre était plus que largement en leur faveur ? Il désigna deux des
hommes assemblés autour de lui, et leur ordonna de s'occuper de cet intrus.

Les deux hommes se levèrent, et sortirent de sous leur robe de cérémonie, une dague pour
l'un, un couteau de boucher pour l'autre. Ils s'avancèrent calmement vers l'inconnu, tentant de
le prendre en tenaille, lorsque celui-ci, d'un geste fulgurant, se saisit de deux revolvers qu'il
portait sous son manteau, et fit feu simultanément sur ses deux cibles, les bras écartés car elles
se trouvaient toutes deux opposées. Les deux hommes s'effondrèrent, leur masque brisé au
niveau du front.

L'homme rangea calmement ses pistolets, et fit un pas en avant. Son visage parvint à la
lumière, et tous purent alors découvrirent un masque représentant une face de squelette
souriant, dont la partie inférieure droite manquait, laissant apparaître la bouche de son porteur.
Celui-ci affichait un rictus de satisfaction. Ils étaient tous à sa merci.

"C'est tout ce que vous avez à me proposer ?"

"Attrapez-le !!!" cria le grand maître de façon quasi-hystérique.

Six personnes se levèrent rapidement, et sortirent des armes diverses de sous leur tunique.
Ils se dirigèrent vers cet homme qui les provoquait, et qui se laissait prendre à revers. Les
autres s'étaient rassemblés entre l'autel et cette menace potentielle, pendant que le grand
maître restait près de sa victime, hurlant ses ordres frénétiquement.

Pendant qu'ils approchaient tranquillement de lui, l'inconnu restait immobile, les bras
ballants le long du corps, le regard rivé sur le grand maître, à l'autre bout de la pièce. Il
souriait toujours, rendant mal à l'aise beaucoup de ses prochaines victimes. Deux hommes
l'avaient pris à revers, pendant qu'une femme et un homme maniant chacun une épée courte le
prenait en tenaille sur ses côtés. Et deux hommes tenant des gourdins s'avançaient vers lui,
attendant le signal de leurs compagnons pour attaquer.

Telle une meute de loups affamés, ils se jetèrent tous sur lui au même moment. Deux
lames apparurent alors dans ses mains comme par magie, et quelques secondes plus tard, il
avait repris la même pose, à l'exception des deux courtes lames sanguinolentes qu'il tenait, et
des six corps qui l'entouraient. Leurs dépouilles inertes portaient de nombreuses marques de
blessures, surtout au visage. Personne n'avait vraiment réussi à saisir ce qu'il s'était passé, tant
les mouvements du tueur avaient été rapides. Lui-même ne portait aucune séquelle, même son
ample vêtement n'avait pas souffert du combat.

La peur commençait à se lire dans le regard de plusieurs sectateurs. Certaines armes


tremblaient dans les mains de leur propriétaire. Le rictus toujours visible sous son masque de
mort, l'assassin reprit la parole.

"Ceux qui le souhaitent peuvent s'en aller…MAINTENANT !" cria-t-il en terminant sa


phrase. Ce petit effet de scène fit sursauter la majorité des séides du grand maître. Certains
n'hésitèrent pas et coururent rapidement rejoindre la sortie. D'autres se firent plus hésitants, et
rejoignirent la sortie plus lentement. Le dernier qui s'en alla jeta plusieurs regards en arrière
avant d'avancer franchement vers les escaliers qui menaient au cimetière. Il jeta un dernier
regard à celui qui avait déjà tué huit de ses anciens compagnons.

Pendant tout ce temps, le grand maître menaçait des plus terribles malédictions ceux qui
choisissaient la fuite. Il promettait à ceux qui restaient le pouvoir et la puissance, la
bénédiction du Conspirateur. Mais peu l'avaient entendu. Alors que le dernier pleutre
atteignait les escaliers, le bretteur pivota sur lui-même et lança une de ses lames vers le
fuyard. La lame vint se ficher dans l'arrière du crâne de ce dernier, qui n'avait rien vu venir.

"Je n'aime pas que l'on me regarde de travers …" s'expliqua-t-il, le dos tourné à ses
derniers opposants.

L'un d'eux saisit rapidement cette opportunité et s'élança vers lui, masse en l'air. Au
dernier moment, sans se retourner, le tueur leva son bras gauche et son agresseur vint
s'empaler sur la lame, au niveau de la gorge. Cela arrêta net sa course, et, dans un
gargouillement incompréhensible, il expira une dernière fois. Son sourire s'élargissant, il se
retourna vers ses cinq derniers remparts avant le grand maître, et retira son arme de la gorge
de sa dernière victime.

Tel un chat bondissant sur sa proie, il se rua alors vers l'ennemi le plus proche de lui et le
décapita d'un seul geste. Poursuivant sa danse mortelle, il transperça la poitrine d'un deuxième
et embrocha le visage d'un troisième, avant que sa botte sur le quatrième ne soit déviée
habilement par l'épée de celui-ci.

Arrêtant ses mouvements, il sourit à son adversaire, et se mit en posture défensive,


comme pour l'inciter à l'attaquer. A trois pas de lui, ses deux derniers adversaires ôtèrent leur
tunique et leur masque ridicules. C'était une femme qui avait dévié son coup. Vêtue d'habits
de voyage, elle semblait sûre d'elle et de ses capacités. Son dernier compagnon était plus petit
qu'elle, mais tout en muscles. Il arborait une barbe rousse tressée, et maniait une hache à
double tranchant. Pendant ce temps, le grand prêtre avait saisi sa victime, toujours heureuse
dans son état second. Il tenait son couteau dans sa main droite, et serrait la jeune fille de son
bras gauche. Il semblait apeuré, mais n'avait pas d'autre choix que d'attendre, car le chemin
vers la sortie était occupé par trois combattants déterminés à en finir.

Ils avancèrent tous deux vers leur ennemi, qui conservait paisiblement sa position
défensive, lame relevée. L'homme se décala sur la droite, alors que la femme avançait droit su
sa cible. Ils lancèrent tous deux leur assaut au même moment. L'assassin dévia l'attaque de la
femme et, réalisant un grand arc avec son arme, vint frapper la hache qui allait s'abattre sur
lui. La puissance qu'il mit dans sa contre-attaque fit s'envoler cette dernière à quelques mètres
de là. Il ne put s'occuper tout de suite de l'homme car la femme reprenait ses assauts.

Elle lança une botte au niveau de la poitrine, qui fut contrée par une audacieuse contre-
attaque qui lui lacéra la cuisse. Reculant d'un pas, la main sur sa blessure, elle regardait
fixement son adversaire, qui n'avait pas abandonné son sourire, et n'attendait qu'une nouvelle
attaque. Derrière lui, l'autre guerrier avait récupéré sa hache, et la lança vers son dos. Doté de
réflexes surhumains, l'homme masqué s'éleva dans les airs, et d'un salto arrière, évita la hache
tournoyante qui traça un sillon dans son manteau.

La hache avait poursuivi son chemin et alla se ficher dans la poitrine de la femme. Celle-
ci tomba à la renverse, sans comprendre ce qui s'était passé. Le guerrier qui venait de tuer son
alliée était abasourdi, ne comprenant pas comment son adversaire avait pu esquiver son
attaque. Celui-ci, qui était parfaitement retombé sur ses pieds, s'approcha de l'homme et lui
délivra un coup mortel en pleine poitrine.

"Je n'aime pas que l'on m'attaque dans le dos !" dit-il avant de ramasser son chapeau qui
était tombé lors de son acrobatie. Il le remit en place après l'avoir quelque peu épousseté, puis
se retourna vers le dernier survivant, le sourire toujours présent sur son visage.

"N'avance plus où je la tue !" hurla le grand maître alors qu'il pressait le couteau contre la
gorge de la fille. Celle-ci, sentant le froid de l'acier contre sa gorge, reprenait peu à peu
conscience.

"Tu ne la tueras pas…" commença l'assassin en sortant un de ses pistolets, et en le


rechargeant tranquillement.

"Je la tuerais si tu fais un pas de plus !"

"Je n'avance plus promis, mais si tu la tues, tu ne seras plus protégé, et je pourrais alors te
tuer en toute quiétude, … Markus…" répondit-il, alors qu'il terminait de recharger sa première
arme, et se saisissait de sa seconde.

"Cococomment connaissez-vous mon nom ?"

"Je sais tout de toi, je suis la Mort, ne te l'ai-je pas déjà dit ? Je suis venu te chercher,
rappelle-toi…"

"Foutaises !" hurla le grand maître alors que la fille, les effets de la drogue la quittant,
commençait à réaliser qu'une lame était posée sur sa gorge, et qu'un homme masqué armé se
tenait face à elle.

"Je suis également là pour le livre… Markus, celui que vous avez dérobé à la Main
Pourpre…"
"Je ne vois pas de quel livre vous voulez parler …"

"Alors, c'est que la Main Pourpre l'a en sa possession, merci Markus, tu m'es inutile
maintenant…"

Il pointa son arme sur le grand maître.

"Non, non, je pourrais vous servir, je peux être vos yeux et vos oreilles et Aaahhhhh…"

Une détonation avait retenti. Markus continuait de hurler alors que la fille s'échappait de
son emprise, inerte, un trou rouge entre les deux yeux.

"En effet, tu pourrais m'être utile, si tu te lèves et que tu me suis…"

Markus, toujours effrayé, passablement étourdi par la détonation, se releva et arracha en


tremblant son masque. Il était en sueur, mais parvint à suivre l'énigmatique tueur qui quittait
déjà le mausolée. Il jeta un dernier coup d'œil derrière lui, et vit le canon d'une arme braquée
sur lui lorsqu'il se retourna. Ce fut sa dernière vision.

"Markus, comme si j'avais besoin de quelqu'un … d'un traître à sa propre foi qui plus
est…"

Sur ces mots, un sourire sadique gravé sur le visage, il remonta vers le cimetière, où les
brumes étaient toujours présentes. La nuit était aussi noire que lorsqu'il l'avait quitté. Il reprit
le chemin qui l'avait mené ici, en sens inverse. Après quelques minutes de marche dans la
ville endormie, il s'arrêta devant une lourde porte de bois.

"Le Sceptre de Jade, les Moines Noirs, la Faux Ecarlate et la Main Pourpre… tous je les
trouverai, et tous périront…"

Il retira son masque et l'enfouit sous son manteau, puis frappa à la porte.
Commentaires

La Couronne Rouge… Ma première expérience d'écriture face à un match de football. En


effet, si vous regardez bien la date d'écriture, vous constaterez que ce texte a été écrit lors de
l'Euro 2004. Bon, à part cette anecdote, il est bon de signaler que ce texte n'a nécessité
presque aucune préparation, et qu'il est sorti "comme ça" de mon esprit.

Néanmoins, beaucoup d'idées me sont venues au cours de l'écriture, et ce qui ne devait au


départ être qu'un one-shot est alors devenu pour moi le prologue d'une saga … jamais
poursuivie. Manque d'inspiration, et problèmes scénaristiques m'ont fait abandonner cette
histoire.

Pour ceux qui s'intéressent aux cultes du Chaos de Warhammer, l'avant-dernière phrase
doit d'ailleurs soulever plusieurs questions. J'avais en effet prévu que le justicier masqué
s'attaque à chacune d'entre elles, lui-même faisant partie des adeptes d'une secte secrète. En
parallèle, je prévoyais de dévoiler le parcours du milicien responsable de l'enquête sur ces
meurtres. Voilà pour le "background" de cette saga. A noter que je ne comptais pas l'inclure
dans le monde de Warhammer, mais plutôt dans une Cité, gigantesque, sans nom.

Il y a un autre point que je voudrais souligner concernant ce texte. Ce texte est en quelque
sorte un "remake". Je me suis en effet inspiré d'une scène présente dans la trilogie Wielstadt,
écrite par Pierre Pevel, dans laquelle le Chevalier Kantz s'attaque lui-aussi seul à une bande de
cultistes. Même si le final s'en écarte beaucoup, la dynamique de la scène est complètement
reprise de celle du roman.

Voilà pour ce texte. Peut-être, un jour, reviendrais-je dessus. J'ai conservé plusieurs notes
sur le déroulement des prochains chapitres (un par culte, plus une conclusion).
Esprit Vagabond

Octobre 2005
"Ne pourrais-tu pas prier plus rapidement ?" demanda André avec impatience, tout en
tirant ses deux revolvers dans un mouvement qui reflétait son expérience, et en prenant pour
cibles les créatures pourrissantes et désordonnées qui s'approchaient d'eux depuis les ruines du
village encore fumant. "Nous avons besoin de toutes les protections possibles que tu pourrais
nous offrir MAINTENANT ! "

Après avoir visé les deux premiers cadavres sans âmes, alors qu'ils étaient encore à plus
d'une vingtaine de mètres, André fit feu, touchant chacune des deux créatures dans la poitrine.

"Voici pour Clarice," marmonna André pour lui-même. "Et celui-ci est pour mon enfant
qui n'a jamais vu le jour." Il tendit les pistolets déchargés à un homme plus jeune derrière lui,
qui les attrapa adroitement et procéda à leur rechargement pendant qu'André se saisissait de la
première de ses nombreuses bombes à poudre noire et en allumait la mèche.

La psalmodie s'arrêta, et André sentit une vague de bien-être envahir son être. "Merci,
Père," dit-il distraitement, "c'était plus que nécessaire..."

Il compta jusqu'à trois puis lança la bombe dans un geste lent et relâché, minutant son
lancer de façon à ce que la bombe explose au niveau des têtes d'une autre paire de zombies.
L'odeur de chair pourrie et calcinée emplit bientôt l'atmosphère.

"Vos pistolets, Sire," annonça son assistant. André ouvrit ses mains et le garçon artilleur,
Guillaume, plaça les armes rechargées dans les poignes de son maître.

"Mille mercis," répondit André. Guillaume n'était arrivé à son service que depuis
quelques semaines, attiré par la réputation d'André en tant qu'expert des armes à poudre et
tireur d'élite. Comme lui, le garçon avait perdu sa famille par la faute de créatures ignobles
telles que celles qu'ils combattaient à présent. Dans quelques années, s'ils survivaient tous,
Guillaume pourrait devenir un tireur d'élite compétent. Pour l'instant, il conservait les pistolets
d'André en parfait état et chargés.

"Il y en a davantage plus loin," la voix de Père Bruno contenait un tremblement


d'inquiétude. "Combien de temps pourrons-nous les combattre ?" Le prêtre s'avança pour se
tenir devant André, son symbole sacré fermement dressé dans sa main.

"Tenez les à distance, mon Père," dit André. "Nous les combattrons jusqu'à ce qu'il n'en
reste que des morceaux !"

Le vieux prêtre, vétéran de nombreuses batailles contre les morts-vivants, leva son
symbole sacré, un disque doré à la teinte rose, vers les zombies. "Au nom du Seigneur de
l'Aube, retournez d'où vous venez et ne nous dérangez plus !"

Le Père Bruno sentit un frisson le parcourir alors qu'il luttait pour exercer sa foi. Chaque
jour, lui semblait-il, les forces maléfiques pesaient de plus en plus sur les épaules des gens
comme lui et son ami André, qui refusaient d'accepter la loi des ténèbres. Une prière de
dévotion murmurée sur le bout des lèvres redonna au Père Bruno la foi en l'espoir du Seigneur
de l'Aube, et il sentit une vague de pouvoir le parcourir, alors qu'il repoussait l'hôte mort-
vivant.

"Bien," dit André. "Cela me donne plus de temps pour tirer. Il faut juste les garder là où
ils se trouvent et nous les abattront, un par un."
Il tira deux fois de plus, priant pour ne pas manquer ses cibles jusqu'à ce que toutes ces
créatures aient rejoint les ténèbres éternelles.

"Nous ne tiendrons plus longtemps dans ces ruines, André. La chapelle est à une centaine
de mètres sur la gauche. Nous pouvons l'atteindre sans problèmes, et nous pourrons nous
barricader."

"C'est d'accord. " répondit le tireur, sans même jeter un oeil vers son ami. Dans un geste
mille fois répété, il tendit ses armes toutes fumantes à son apprenti, et se saisit d'une de ses
bombes.

Les trois hommes partirent vers la chapelle dédiée à Ezra. En passant entre les bâtiments
en ruine, ils purent constater la désolation qui régnait dans le hameau : les maisons qui ne
brûlaient plus n'étaient plus que ruines, et une bonne cinquantaine de non-morts claudiquait
vers les seules sources de vie encore présentes.

Un marchand itinérant rencontré dans une auberge de passage les avait renseigné sur ce
hameau "où la mort marchait". Sans hésiter, les trois chasseurs de morts-vivants avaient pris
le chemin vers une nouvelle bataille. Mais ici, la mort semblait intelligente ... Ils s'étaient fait
encercler, et leur route de sortie avait été coupée.

Arrivé le premier à la porte de la chapelle, le Père Bruno poussa le battant qui le dépassait
d'une tête. Ses deux compagnons, qui fermaient la marche en empêchant les non-morts de trop
s'approcher, passèrent la porte à reculons, et la refermèrent derrière eux.

"André, je crois que nous avons fait une erreur, cette fois-ci ..." commença le prêtre, de
l'inquiétude se lisant dans sa voix. Se retournant, les deux artificiers découvrirent l'objet du
trouble de leur ami : la chapelle anciennement dédiée à Celui Qui Apporte La Lumière avait
été profané en l'honneur d'un obscur dieu impie.

"Par tous les diables !" jura André. "Où nous sommes-nous fourrés ?"

"Chez moi !" répondit une voix enjouée, mais sinistre. Des poutres descendit en
suspension une créature squelettique, au visage bestial, et aux membres terminés par des
crochets défiant toutes proportions.

Instantanément, André tira et toucha la créature, pendant que Bruno brandissait son
symbole sacré. La créature chuta lourdement sur l'autel. Tendant ses pistolets à son apprenti,
le tireur se dirigea précautionneusement vers la créature, une bombe et son briquet à la main.
Le prêtre l'accompagnait. La créature était inerte, une balle sacrée entre ses deux yeux
globuleux.

"Jamais vu ça. Qu'est-ce donc ?"

"Je ne sais pas, mais plus rien n'anime ce cauchemar, crois-moi. Il est disparu pour de
bon." répondit Bruno, tendant son symbole sur le cadavre et entamant une prière de
consécration, quand un coup de feu retentit, le faisant s'affaisser contre l'autel, du sang
imbibant sa toge couleur crème.

"Qu'est-ce... !" fit André en se retournant. Là se tenait Guillaume, l'arme encore fumante
au bout du bras.
"Ce corps commençait à être embarrassant. Celui-ci est bien mieux, plus jeune, plus
malléable."

"Qu'êtes-vous ? ... Pourquoi ?" Se sentant plus que jamais à la merci d'une créature
infernale, André perdait ses moyens.

"Ne vous inquiétez pas, je ne suis pour rien dans le carnage extérieur. Je ne fais que
"passer", disons. Et la créature que vous avez abattue s'était bâtie un petit domaine. Mais je ne
pouvais plus sortir de ce lieu... Merci à vous de m'avoir libéré."

"Qu'allez-vous faire ? Je ne vous suis d'aucun danger, maintenant. Mais dehors, il en reste
encore plusieurs..." tenta désespérément André.

"Vous savez, quand je m'approprie un corps, je m'approprie aussi son savoir. Et je sais par
l'expérience de votre ... apprenti... que vous n'accepterez pas de me laisser vivre. Au revoir !"

Une seconde détonation retentit dans la chapelle. Puis le silence reprit ses droits.
Guillaume sortit de la chapelle, ou tout du moins celui qui allait s'appeler Guillaume.
Commentaires

Ce texte a été écrit dans l'optique d'Halloween 2005, pour les Chroniques des Jours
Anciens. En tant que fan des zombies, j'ai enfin pu les mettre en scène. Ou, tout du moins, j'ai
pu mettre en scène des personnages confrontés aux zombies.

Ce texte a pour but un texte en anglais que j'avais traduit il y a quelques années. Le texte
était paru dans Heroes of Light, un supplément pour Ravenloft D20. J'ai conservé la trame du
début, puis, dès que le personnage d'André fait mention de la chapelle, j'ai inventé une suite et
une fin au récit.

Etrangement, les nombreuses critiques sur ce texte portaient plus sur l'attitude de départ
des personnages, dans la partie que je n'avais que légèrement retouchée. La suite, dans la
chapelle, a été plus appréciée, même si certains ont "manqué" la fin. Mais j'ai souhaité avant
tout faire une fin telle que je les aime dans l'horreur cinématographique ou littéraire : une fin à
laquelle on ne s'attend pas !
Contact : Gulix – gulix33xp@yahoo.fr

Retrouvez mes textes sur les Chroniques des Jours Anciens

http://www.les-chroniques.org

Date de la dernière mise à jour : 17 janvier 2006

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