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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 226

15.Méthode des forces

15.1. Potentiel interne


Nous avons établi au chapitre 6.3.9 que l’énergie de déformation ou potentiel interne est égal dans le
cas des poutres droites planes à :

1  x2
2 v v 2 E  dV
W= E   2
x  dV =

Pratiquement, le potentiel interne correspond à l’aire formée par la fonction  x = E x dans la partie
linéaire élastique.

x W

u
e
x
E=
x

x
Zone Zone
linéaire Raffermi Rupture
plastique ssement
élastique

Ce qui donne dans le cas :

 S

2
N 2 l
N 2
  l
1 N2
• De l’effort normal : W =  x
 dV =  2
 dV =  2 
dS   dx =   dx ,
v
2 E v
2 ES 0
2 ES s  2 0
ES
M
• Du moment fléchissant  x = − y:
I
 I

 M  2 
2 2 l 2 l
M 1 M2
W =  x  dV =  2
 y 2
 dV =  2 
y  dS   dx =   dx
v
2 E v
2 EI 0
2 EI s  2 0
EI

De plus, l’énergie produite par une force Fi appliquée en un point i et provoquant un déplacement i
sera égale à :

1
Wi =  Fi   i
2

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F2
15.2. Théorème de Maxwell - Betti

F1

12

21

Le travail correspondant au produit de la force F 1 par le déplacement 21 (dans la direction de F1) du à
la force F2 est égal à celui de la force F2 fois le déplacement 12 dû à F1. On a donc :

F1   21 = F2   12 1
Démonstration :

• 1er cas : application de la charge F1 puis de la charge F2

➢ Application de la charge F1

F1

L’énergie produite par F1 est donc :

1
W1' =  F1   11
2

11

➢ Ajout de la charge F2

F2
1
L’énergie produite par F2 est  F2   22 . Par
2
F1 contre et du fait que F1 est toujours présente,
on a également l’énergie produite par F1, soit
1
 F1   21 . L’énergie est donc égale :
2
22
1 1
W2' =  F1   21 +  F2   22
2 2
21

1
 21 déplacement dû à la force F2 dans la direction de F1,  12 dû à F1 dans la direction de F2.

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L’énergie totale relative à l’application de la charge F 1 puis de la charge F2 a donc pour expression
finale :
1 1 1
W ' = W1' + W2' =  F1   11 +  F1   21 +  F2   22
2 2 2

• 2ème cas : application de la charge F2 puis de la charge F1

➢ Application de la charge F2

F2

L’énergie produite par F2 est donc :

1
22 W2" =  F2   22
2

➢ Ajout de la charge F1

F2
1
L’énergie produite par F1 est  F1   11 . Par
2
F1 contre et du fait que F2 est toujours présente,
on a également l’énergie produite par F2, soit
1
 F2   12 . L’énergie est donc égale :
2
12
1 1
W2" =  F2   12 +  F1   11
2 2
11

L’énergie totale relative à l’application de la charge F 2 puis de la charge F1 a donc pour expression
finale :
1 1 1
W " = W1" + W2" =  F1   11 +  F2   12 +  F2   22
2 2 2
De part le principe de superposition des états d’équilibre, on a bien évidemment :

W ' = W "  F1   21 = F2   12

Remarque : si F1 et F2 sont des charges unitaires, alors 12 = 21

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15.3. Formule de Bertrand de Fontviolant1

15.3.1. Démonstration

Système 1 :

Considérant une poutre droite soumise à un chargement quelconque :

(S’) (S)


x

 ()

La structure étant rendue isostatique tout en subissant les charges extérieures et les réactions d’appui
hyperstatiques, on pose que:

• Dans la section d’abscisse x, le moment fléchissant est égal à M(x),


• Dans la section d’abscisse , le déplacement dans la direction () est égal à .

Système 2 :

y
F
(S’)
x

 ()

1
Eugène Bertrand de Fontviolant (1861-1954) Ingénieur diplômé de l’Ecole Centrale de Paris.

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En appliquant sur la structure toujours rendue isostatique, une force F unitaire à l’abscisse  dans la
direction (), on déduit que le moment fléchissant à l’abscisse x aura pour valeur M ce qui conduit à

une rotation égale à d ( x ) =


M
dx .
EI
Considérant maintenant le travail produit par les forces du système 2 pour les déplacements du
système 1 :
1
W1 = F 
2
Puis le travail produit par les forces du système 1 pour les déplacements du système 2 :

M M
M  d ( x ) = 
1 1
W2 =
2 Structure 2 Structure EI
 dx

Une approche analogue aurait pu être utilisée pour un couple unitaire C associé à une rotation .
1
Dans ce cas, l’énergie produite serait égale à W1 = C  .
2
Finalement, le théorème de Maxwell – Betti nous permet donc d’écrire la formule de Bertrand de
Fontviolant sous une autre forme :

M M
W1 = W2  F   + C   =   dx
Structure EI
Le principe de superposition nous permet de généraliser cette formule à plusieurs systèmes forces
unitaires en posant :

 F   + C    = 
M M
 dx
Structure EI
15.3.2. Exemples d’application

15.3.2.1. Cas d’une poutre console


Système 1 :

y+
P
ME

x
l GE

RE
M (x ) = − P  x

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Système 2 :

+
y
F

x
l GE

M (x ) = − F  x = − x
l
M M P  x3  Pl 3
 dx =  (− x )(− P  x )
l dx
F  =  =    = 1
Structure EI 0 EI EI  3  0 3EI

15.3.2.2.Cas d’une poutre soumise à une charge répartie


Système 1 :

y +
q

x
GO l GE

RO RE
Système 2 :

+ F =1
y
a=l/2

x
GE
GO l
l x
0 x M ( x) = F 
2 2
RO l F (l − x )
 x  l M ( x) = RE
2 2
1
On notera que le signe du déplacement est donné suivant le sens de la force unitaire. Le fait d’être positif
signifie que le déplacement va dans le sens de la force unitaire donc vers le bas.

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M M x qx(l − x ) dx (l − x )  qx(l − x )  dx
2 l
F  =   dx =    +
Structure EI 0
2 2 EI l 2 2 EI
2

 
 2l   l
l 
q  2  q  x 3 x 4  2  x 2 x3 x4  
l
x (l − x )  dx +  x(l − x )  dx =
4 EI  0
= −  + l − 2l − 
2
l
4 EI   3 4 0  2 3 4 l 
   2 
l
 2 
 = 

q   l 4 l 4  5ql 4
 =  
2  −  = 1
4 EI   24 64   384EI

15.3.2.3.Cas d’une poutre encastrée – simplement appuyée

+
y q
MO

O x
l

RE
RO

Système 1 :

+
y
q
MO

O E x
l

 x  qx(l − x ) 2
M ( x ) = M 0 1 −  +
 l 2

1
On retrouve bien la déformée maximale trouvée au chapitre 12.4.2.
2
On somme l’équation du moment due à M0 et celle due à la charge répartie.

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Système 2 :

C =1
y

O E x
GO GE

l
 x
M ( x ) = C 1 − 
 l

M M l x   x  qx (l − x )  dx
C  =   dx =  1 −  M 0  1 − + 
Structure EI 0
 l   l 2  EI
l ql 3
=a
   
3 EI 24 EI
2 2
l x  dx ql 2 l x  x M Ol ql 3
= M O  1 − 
l  EI 2 EI 0 l 
+  1 −  dx = +
0
 l 3EI 24 EI

Comme la rotation  au point O est nulle du fait de l’encastrement, on obtient finalement :


ql 2
M0 = − .
8

15.4. Méthode des coupures (ou des forces)


15.4.1. Degré d’hyperstaticité

On se référera aux chapitres 5.4 pour calculer le degré d’hyperstaticité d’une structure.

De manière très synthétique, la différence entre le nombre total d’inconnues et les 3 équations de la
statique constitue le degré d’hyperstaticité externe.

Exemple :

+
y q
MO
NO
O E x
l

RE
RO

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Hyperstaticité extérieure d’ordre : 4-3 =1.

Si la structure comporte des relaxations internes, celles-ci doivent être prises en compte négativement
du fait qu’elles apportent chacune une équation supplémentaire (le moment est nul à cet endroit).

G0 G1 G2
l l
Hyperstaticité extérieure d’ordre : 4-3 = 1.
Hyperstaticité intérieure d’ordre : -1.

Le degré d’hyperstaticité total d’une structure sera donc égal à la somme des degrés d’hyperstaticité
interne et externe (dans ce dernier cas, degré d’hyperstaticité d’ordre 0 donc isostatique).

15.4.2. Principe de la méthode

Eléments de réduction Eléments de réduction


des forces de droite des forces de gauche

M M
N N
x x

V
Nous avons vu au chapitre 8.4 que toute section droite pouvait rester en équilibre sous l’effet des
éléments de réduction M, N, V.

De plus et si on pratique une coupure dans un élément de structure, on observera assurément un


déplacement des deux lèvres (relatif à la fibre moyenne) et ce en raison de la nullité des sollicitations.


u X2
v X3 X3
X1 X1
x x

X2

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Pour refermer la coupure et donc annuler les déplacements u, v, , il sera donc nécessaire
d’appliquer des efforts Xi dans les directions de ces mêmes déplacements.

15.4.3. Résolution du système

En désignant par :

• Xi = 1, l’effort appliqué sur les deux lèvres de la coupure considérée dans l’état de charge i,
• Xj = 1, l’effort appliqué sur les deux lèvres de la coupure considérée dans l’état de charge j,
• ij, le déplacement, dans l’état de charge j, des deux lèvres de la coupure considérée dans
l’état de charge i et ce suivant l’axe de l’effort Xi.

Xj

Xj
ij
Xi

Xi

Etat i Etat j

On a donc :

• ij, le déplacement dans la direction de Xi dû à Xj = 1,


• ij . Xj, le déplacement dans la direction de Xi dû à Xj,
• i0, le déplacement dans la direction Xi sous charges appliquées.

Le déplacement final dans la direction Xi est donc égal à  i =  i 0 +   ij  X j qui doit être forcément
j
égal à 0 si on veut refermer la coupure. On peut donc écrire :
 i 0 +   ij  X j = 0 i
j 1

avec  ij  0 et  ij =  ji (Maxwell - Betti)

Remarque : les ij seront calculés avec la formule de Bertrand de Fontviolant vue au chapitre 15.3.

Méthodologie d’application de la méthode des coupures :

• Rendre la structure isostatique (intérieurement et extérieurement),


• Définir les différents états de charge auxquels est soumise la structure isostatique :

➢ Etat 0 : charges réelles appliquées,


➢ Etat i : charges Xi correspondant aux coupures,

• Calculer les déplacements unitaires ij et i0 avec la formule de Bertrand de Fontviolant,
• Résoudre le système  i 0 +  ij  X j = 0 i
j

• Calculer les sollicitations par superposition : M = M 0 +  M j 2.


j

1
On se réfèrera aux exemples du chapitre 15.4.4 pour une meilleure compréhension de cette équation.
2
Il est également possible d’utiliser les forces à gauche directement.

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15.4.4. Exemples d’application

15.4.4.1.Cas d’une poutre encastrée – simplement appuyée

+
y q
MO

0 1 x
l

R0 R1

Etat 01 :

+
y
q

x
0 l 1

qx (l − x )
M ( x) =
2
Etat 12 :

X1 = 1
y

x
0 1

l
x
M ( x) = 1 −
l

1
La structure ayant un degré d’hyperstaticité égal à 1, on rend celle-ci isostatique en supprimant l’inconnue
hyperstatique choisie. Dans notre application, ce choix s’est porté sur le moment d’encastrement M0 mais il aurait
été tout à fait possible de supprimer la réaction R1 pour transformer la poutre en console par exemple.
2
On applique un couple unitaire X1 dans la direction de l’inconnue hyperstatique choisie soit M0.

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Considérant sur la structure initiale que la rotation est nulle à l’encastrement en 0, le calcul par la
2

l x  dx l
formule de Bertrand de Fontviolant des déplacements  11 =  1 −  = 1 et
0
 l  EI 3EI
M M x  qx(l − x )  dx ql 2
2
l l  x  x ql 3
 10 =  dx =  1 −   = 0  l 1 −  dx = 2 permet
Structure EI 0
 l  2  EI 2 EI l 24EI
d’établir que :
ql 2
 10 +  11  M 0 = 0  M 0 = − 3
8
L’utilisation de la formule de Bertrand de Fontviolant revenant à combiner des diagrammes de
moments, il existe une méthode plus aisée et plus rapide pour déterminer les déplacements  ij . Il
s’agit des tables de Mohr 4 indiquées en Annexe. On pourrait alors trouver le même résultat en
posant :

l 1  l 1  ql 2  ql 3
•  10 = M1  M 3  =  (1)    = (Triangle gauche x parabole)5,
EI  3  EI  3  8  24 EI
l 1  l 1
•  11 =  M1  M 3  =  (1)  (1) = l (Triangle gauche par lui-même)6.
EI  3  EI  3  3EI

15.4.4.2.2 travées chargées uniformément

EI EI
0 1 2
l l
1
 11 déplacement (en fait une rotation) dans la direction de l’inconnue hyperstatique X 1 dans l’état de charge 1.
En d’autres termes, l’appui 0 tourne de  11 sous l’effet du couple unitaire X1 = 1. Ceci revient à utiliser la formule
de Bertrand de Fontviolant en posant M = M . Enfin, le résultat trouvé correspond à la souplesse a.
2
 10 déplacement dans la direction de l’inconnue hyperstatique X1 dans l’état de charge 0. On remarquera que
la rotation trouvée correspond bien à celle trouvée au chapitre 14.1.3 à la différence près qu’elle est positive au
lieu d’être négative. Ceci est normal dans la mesure où cette rotation est donnée suivant le sens de X1.
3
Comme la rotation à l’encastrement 0 est nulle, la question est de savoir par combien doit être multiplié  11
pour obtenir l’inverse de  10 . La réponse correspond bien sûr à la valeur du moment d’encastrement M 0 .
l
4
On notera que ces tables de Mohr permettent de calculer le produit M
0
i  M j  dx . Il faut donc, pour être

L
cohérent avec la formule de Bertrand de Fontviolant, ne pas oublier de multiplier ce résultat par le terme ,L,
EI
E et I étant respectivement la longueur, le module de Young et l’inertie de l’élément considéré.
1 ligne – 4ème colonne du 1er tableau de Mohr.
5 ère

1 ligne – 1ère colonne du 1er tableau de Mohr.


6 ère

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Etat 01 :

+
y
q

x
0  10 2

q(2l)2/8=ql2/2

2l

Etat 12 :

 11

0 X1 = 1 2

2l

-l/2

1
On supprime l’appui central pour rendre la poutre isostatique. L’inconnue hyperstatique choisie est donc R1 . La
déformée de la poutre est alors celle d’une poutre sur 2 appuis subissant une charge répartie sur toute sa
qL2
longueur. Pour une poutre de longueur L, son moment maximum est de la forme M= et sa déformée
8
5qL4
maximale égale à f = . En posant que L = 2l , on retrouve bien la valeur trouvée par les tables de
384EI
5q(2l )
4
5ql 4
Mohr soit  10 =− =− .
384EI 24 EI
2
Il s’agit dans ce cas d’une poutre sur 2 appuis subissant une charge ponctuelle unitaire centrée dans la direction

R1 . A cet endroit, le moment est de la forme M =


(− 1)  2l = − l
de l’inconnue hyperstatique (le moment au
4 2
PL
centre d’une poutre sur 2 appuis subissant une charge P centrée descendante est égal à M = ) et sa
4

déformée égale à 11 = −


(− 1)  (2l )3 =
l3
.
48EI 6 EI

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En utilisant les tables de Mohr, on trouve :

• (double triangle symétrique x parabole) 1 :

 1  1 2 
1 + −   
2l  2  2  2l  5  2l  5  l   ql 
2
5ql 4
 10 = M1  M 3  = M  M =   −   
 
  = − 2
EI  3  EI 12 1 3
 EI 12  2   2  24 EI
 
 

• (double triangle symétrique par lui-même) :

2l  1  2l  1  l   l  l3 3
 11 = M  M =   − 
  −  =
EI  3
1 3 .
 EI  3  2   2  6 EI

Lors de la suppression de l’appui central, le point 1 est descendu de la quantité  10 . Nous savons par
ailleurs que pour une force unitaire X1 = 1, l’appui 1 monte de  11 . Il faut donc multiplier  11 par une valeur
5ql
inconnue R1 pour ramener l’appui à l’horizontale. On a donc  10 +  11  R1 = 0  R1 = ce qui
4
correspond bien à la réaction trouvée au chapitre 14.5.2.

15.4.4.3.Poutre continue à trois travées égales

EI EI EI
0 1 2 3

l l l

Le degré d’hyperstaticité de cette poutre sur 4 appuis est égal à 2.

1er Méthode : les inconnues correspondent aux réactions des appuis 1 et 2

1
4ème ligne – 4ème colonne du 1er tableau de Mohr. On notera que le coefficient « b » de cette table correspond à
un ratio de longueur. Il varie entre 0 et 1 et vaut 0.5 dans notre cas de figure car le double triangle est symétrique.
2l
2
Attention à la longueur « 2l » pour le terme .
EI
3
4ème ligne – 3ème colonne du 1er tableau de Mohr avec a = b = 0.5.

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Etat 01 :

+
y q

x
0
 10  20
3

q(3l)2/8=9ql2/8

3l

Etat 12 :

 11  21

0 3
X1 = 1
3l

-2l/3

1
Une fois rendue isostatique, la structure se réduit à une poutre sur 2 appuis de longueur 3l. Partant sur le choix
de R1 et R2 comme inconnues hyperstatiques, les déplacements au droit de ces appuis sont respectivement
 10 et  20 . De part la symétrie, on sait également que  10 =  20 .
2
L’application de la charge unitaire X1 = 1 à une position a = l (b = 2l) crée un moment fléchissant

M =
(− 1)  l  2l =−
2l
(le moment sous la charge d’une poutre sur 2 appuis de longueur L subissant une
3l 3
Pab
charge P descendante à une position a de l’appui gauche est égal à M = ). Le déplacement dans la
L
direction de R1 est égal à  11 alors que celui dans la direction de R2 vaut  21 (  21 déplacement dans la
direction de l’inconnue hyperstatique R2 dans l’état de charge 1).

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Etat 21 :

 12  22

0 3
X2 =1
3l

-2l/3
Pour ramener les appuis 1 et 2 à l’horizontale, le système à écrire est donc :
 10 +  11  R1 +  12  R2 = 0
 . Par ailleurs et du fait de la symétrie de la structure, on sait que
 20 +  21  R1 +  22  R2 = 0
 =  20
R1 = R2 et  10 . De plus et conformément au théorème de Maxwell -Betti, on peut écrire que
 11 =  22
 12 =  21 . On a donc pour :

•  10 : (double triangle non - symétrique x parabole) :

3l   1 + b − b 2  3l  1  2l   9ql 2   1 1  11ql 4
 10 =  1
M  M 
3
 =
 EI  3  −   
 
   1 + −   = − ,
EI   3    3   8   3 9  12EI

M M l 2  2  dx 3l   1  dx
+   − (3l − x ) − (3l − x )
1
 11 =   dx =   − x  − x 
Structure EI 0
 3  3  EI l
 3  3  EI

1  (3l − x ) 
l 3l
4  x3 
3
12l 3
4 1
(3l − x ) dx =
l 3l
= 0 x dx + 9EI    +  =
2 2

9 EI l 9 EI  3  0 9 EI  − 3  l 27 EI
ou par les tables de Mohr (double triangle non - symétrique par lui-même) :

l 2l
 11 =  x +  x 2
EI EI
-2l/3 -2l/3 -2l/3 -2l/3

l 1  2l  1  l  1  2l   2l  2l  1  2l   2l  12l 3
 11 =  3 M 1  M 3  + EI  3 M 1  M 3  = EI  3  − 3    − 3  + EI  3  − 3    − 3  = 27 EI
EI
               
1er triang le 2ème triangle

1
Similaire à l’état 1 avec  22 déplacement dans la direction de  12 déplacement dans la direction de
R2 et
l’inconnue hyperstatique R1 dans l’état de charge 2. On constate bien que  12 =  21 .
2
On notera que lors de l’utilisation des tables de Mohr, il est également possible de diviser un diagramme de
moment fléchissant en plusieurs sous diagrammes. Par exemple et pour  11 , un double triangle en 2 triangles de
longueurs respectives l et 2l.

UTC103 - Résistance des Matériaux Année : 2018/2019


Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 242

M M l 2  1  dx 2l   1  dx
+   − (3l − x ) − x 
1
 12 =   dx = 2   − x  − x 
Structure EI 0
 3  3  EI l
 3  3  EI
• l 2l

(3l − x )xdx = 4  x  + 1  x2 x3 
3
4 l 1 2l 7l 3
= 0 x dx + 9 EI  − =
2

9 EI  3  0 9 EI  2
3l
3  l
9 EI l
 18EI

ou par les tables de Mohr (2 x triangles + trapèzes) :

l l l
 12 =  x +  x +  x
EI EI EI
-2l/3 -l/3 -l/3 -l/3
-2l/3 -l/3 -2l/3
-2l/3

l 1  l 1
 12 = 2  M1  M 3  +  (2M 1  M 3 + M 1  M 4 + M 2  M 3 + 2M 2  M 4 )
EI
  3   6
EI  
triangles trapèzes

l  1  2l   l  l  1   2l  l   2l  2l   l  l   l  2l  
=2 − −  +   2 −  −  +  −  −  +  −  −  + 2 −  −  
EI  3  3   3  EI  6   3  3   3  3   3  3   3  3  
4l 3 l  4l 2 4l 2 l 2 4l 2  21l 3 7l 3
= +  + + +  = =
27 EI 6 EI  9 9 9 9  54 EI 18EI

11ql 4 12l 3 7l 3
+ −
R1 + R2 = 0
12 EI 27 EI 18EI
Le système devient donc :  90  ce qui correspond bien à
− 9  11ql + (4  12 + 6  7 )R1 11
= 0  R1 = ql
108 10
la réaction trouvée au chapitre 14.6.

2ème Méthode : les inconnues correspondent aux moments fléchissants sur appuis 1 et 2

Etat 01 :

0 1 2 3

ql2/8 ql2/8 ql2/8

1
On libère les moments aux appuis 1 et 2.

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 243

Etat 1 :

0 1 2 3

M1 = 1
Etat 2 :

0 1 2 3

M2 = 1
En utilisant les tables de Mohr, on trouve :

• (triangle droit x parabole + triangle gauche x parabole) :

l 1  l 1  1  ql 2  ql 3
 10 =  M1  M 4  +  M1  M 3  = 2
l
 (1)    =
 8  12EI ,
EI  3  EI  3  EI  3  
• (triangle droit par lui-même + triangle gauche par lui-même) :

l 1  2l  1
 11 = 2  M1  M 3  =  (1)  (1) = 2l ,
EI  3  EI  3  3EI

• (triangle droit x triangle gauche) :


1  l 1 
 6 M 1  M 4  = EI  6 (1)  (1) = 6 EI ,
l l
 12 =
EI    

ql 3  2l l  ql 2
D’où : + +   M1 = 0  M1 = − ce qui correspond bien à l’équation
12 EI  3EI 6 EI  10
correspondant à l’application du théorème des trois moments (chapitre 14.6)1.

1
Le choix des moments fléchissants sur appuis comme inconnues est bien évidemment plus adapté car
beaucoup simple pour le calcul des déplacements  ij et la résolution du problème.

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 244

15.5. Cas particulier des portiques

15.5.1. Principe de la méthode

La méthodologie reste identique à celle utilisée pour les poutres droites. Cependant et pour le tracé
des différents diagrammes d’effort normal, d’effort tranchant et de moment fléchissant, il est
nécessaire de prendre en compte un repère local x-y correspondant à chacun des éléments de
structure appelés plus communément « barres » ou « poutres ». Ces différentes barres sont reliées
entre elles par des nœuds assurant la jonction entre un ou plusieurs éléments.

15.5.2. Exemples d’application

15.5.2.1.Portique simple articulé avec une charge répartie sur la traverse


y

x
q

y
B I2 C
x

H I1
I1

x
HA y A HD D

Y
VA VD
L
X
I2 H
On pose : =  d°H = 4-3 = 1
I1 L

On choisit HD comme inconnue hyperstatique car le choix de VD rendrait la structure instable (elle
tournerait autour de A).

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 245

Cas 01 :

B I2 C

I1
I1

 10
HA A D

VA VD

HA = 0 
V A + VD − qL = 0  V = V = qL
 A D
qL2  2
 M / A = V D  L −
2 
qL2
8

B C

HA A D

VA VD

1
On se réfèrera à la méthodologie développée en 8.10.3 pour le tracé du moment fléchissant.

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 246

Cas 1 :

+H

+H -(-1 x H ) =+H
B C

A D
 11
1

qL2
8
L +H
L 2  L 2 qL2  qHL3
 10 =  =    M1  M 3  =    H  =
8  12EI 2
x
EI 2 EI 2 3  EI 2  3
+H +H
H L +H +H
 11 = 2  x +  x
EI 1 EI 2
H 1  2 H 3 L  H 2 H 2  2 H  I 2 + 3L  I 1 
 (M 1  M 3 ) =
L
= 2    M1  M 3  + + =  
EI 1  3  EI 2 3EI 1 EI 2 E  3I 1 I 2 
  H  I2  
 2  + 3
H  L  I 1   L  I 1   H 2 L
2
=

=
 3EI 2
2 + 3
E 3I 1 I 2
 
 

En superposant les cas 0 et 1, on a :


qHL3
12 EI 2 qL2
 10 +  11  H D = 0  H D = − 2 =− = −H A
4 H (2 + 3)
H L
2 + 3
3EI 2

En posant M B = M C = M = − H A  H 1, on obtient pour le diagramme des moments fléchissants :

1
Notre convention de moment positif allant de y vers x (repères locaux), une coupure à une abscisse x sur le
poteau AB permettra de trouver un moment de la forme M (x ) = − H A  x d’où son expression en B
M B = − H A  H . Ce moment nul en A est bien sur linéaire sur AB.

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 247

M(-) M(-)
B C

Mmax

A D

qx 2 qL2  H qx(L − x ) 1
Sur la poutre BC M (x ) = − H A  H + V A  x − =− +
2 4 H (2 + 3) 2
dM L qL2  2 + 1 
M max  = 0  x =  M max =  
dx 2 8  2 + 3 

15.5.2.2.Portique simple articulé avec une charge concentrée sur la traverse

a b

y
x
y
B I2 C
x

H I1
I1

x
HA y A HD D

Y
VA VD
L
X

1
En se positionnant à une abscisse x sur la traverse BC, le moment induit par H A est égal à − H A  H , celui
2
qx
par VA égal VA  x et enfin celui généré par la charge répartie égal à − .
2

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 248

I2 H
On pose : =  d°H = 4-3 = 1
I1 L

Cas 0 :
P
a b

B I2 C

I1
I1

HA A D
 10

VA VD

HA = 0 
 Pa Pb
V A + V D − P = 0  V D =  VA =
 M / A = VD  L − Pa 
L L

Pab
L

B C

HA A D

VA VD

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 249

Cas 1 :

+H

+H -(-1 x H ) =+H

B C

A 1 D  11

Pab
L
L +H L 1  L 1 Pab  PabH
 10 =  x =    M1  M 3  =   H  =
EI 2 EI 2  2  EI 2  2 L  2 EI 2
+H +H
H L +H +H
 11 = 2  x +  x
EI 1 EI 2
1  2 H 3 L  H 2 H 2  2 H  I 2 + 3L  I 1 
 (M 1  M 3 ) =
H L
= 2    M1  M 3  + + =  
3
EI 1  EI 2 3EI 1 EI 2 E  3I 1 I 2 
  H  I2  
 2  + 3
H  L  I 1   L  I 1   H 2 L
2
=

=
 3EI 2
2 + 3
E 3I 1 I 2
 
 

En superposant les cas 0 et 1, on a :


PabH
2 EI 2 3Pab
 10 +  11  H D = 0  H D = − 2 =− = −H A
2 HL(2 + 3)
H L
2 + 3
3EI 2

En posant M B = M C = M = − H A  H , on obtient pour le diagramme des moments fléchissants :

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Chaire de Travaux Publics et Bâtiment 250

M(-) M(-)
B C

Mmax

A D

Sur la poutre BC :

0  x  a M (x ) = − H A  H + V A  x = −
3Pab Pb
+ x
2 HL(2 + 3) L
Pab  4 + 3 
 x = a M max =  
2 L  2 + 3 

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