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UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬

FACULTE DES SCIENCES


AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021

1
Chapitre 2

L’oscillateur harmonique

2
Motivations :
L’oscillateur harmonique est un modèle d’une grande importance en physique
quantique, pour les raisons suivantes :

⇨ C’est un système quantique simple dont on peut résoudre rigoureusement, et

de façon exacte, l’équation aux valeurs propres.

⇨ C’est un modèle qui permet de décrire les états de vibration d’un système

physique.

⇨ Un grand nombre de système sont régis, au moins de façon approchée, par les

équations de l’oscillateur harmonique.

3
Objectifs du chapitre :
Dans le présent chapitre nous allons illustrer le formalisme général de la
mécanique quantique en l’appliquant à l’étude de l’oscillateur harmonique à une
dimension.

(1) Après avoir défini la notion d’oscillateur harmonique, nous donnerons


l’expression de son énergie potentielle et de son Hamiltonien.

(2) On procédera ensuite à la résolution de l’équation aux valeurs propres de


l’Hamiltonien par la méthode algébrique de Dirac pour trouver les expressions
de ses énergies propres et fonctions propres.

(3) En fin, ces résultats seront généralisés au cas d’un oscillateur harmonique
isotrope à trois dimensions.

4
Partie 1

L’oscillateur harmonique à une dimension

I. Définition et énergie potentielle

I - 1. Définition

L’oscillateur harmonique est un système oscillant de façon idéale (sans perte


d’énergie) sous l’effet d’une force de rappel, avec une petite amplitude autour
d’une position d’équilibre stable et avec une fréquence unique.

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I - 2. Energie potentielle
Soit un oscillateur harmonique effectuant de petites oscillations autour de sa position
d’équilibre stable x0 . Au voisinage de x0 , l’énergie potentielle V (x) se développe en série
de Taylor à l’ordre 2 comme suit :

 dV  1  d 2V 
V ( x)  V ( x0 )    ( x  x0 )   2  ( x  x0 ) 2  
 d x  x0 2  d x  x0

V ( x0 ) est un terme constant, c’est la valeur du potentiel au point x0 .

 dV 
   0 car au point d’équilibre x0 l’énergie potentielle est minimale.
 d x  x0

 d 2V 
 2   k  0 car la position d’équilibre x0 est stable.
 d x  x0
6
Ainsi, l’énergie potentielle caractéristique d’un oscillateur harmonique est de la
forme :

1
V ( x)  V ( x0 )  k ( x  x0 )2
2

où k est une constante positive.

II – Résolution de l’équation aux valeurs propres de l’hamiltonien

II - 1. Equation aux valeurs propres de l’hamiltonien


L’énergie totale de l’oscillateur harmonique classique s’écrit :

p2 1
E  m 2 x2
2m 2

7
Le principe de correspondance (Postulat 2) permet d’obtenir l’opérateur hamiltonien :

P2 1
H  m 2 X 2
2m 2
L’équation aux valeurs propres de H s’écrit alors :

H  E 

En représentation  x , cette équation s’écrit :


P2 1
x  m 2 X 2   E x 
2m 2
Donc :

  2 d 2 ( x) 1
2
 m 2 x 2  ( x)  E ( x)
2m dx 2

8
☞ Deux méthodes pour résoudre cette équation :

 La méthode polynomiale (TD)

 La méthode algébrique de Dirac (Cours)

II - 2. Méthode algébrique de Dirac

a. Les opérateurs a , a  et N
▪ Définitions :
Les opérateurs a , a  et N sont définis par :

a
1
 m X  i P  , a   1  m X  i P  , N  a  a
2m 2m

9
▪ Calcul des commutateurs [a, a  ] , [ N , a] et [ N , a  ] :

1  i m i m
[ a, a  ]  [mX  iP, mX  iP ]  [ X , P]  [ P, X ]
2m 2m 2m
i i i
 [ X , P]  [ X , P]  [ X ,P]  
2 2   i

[ N , a]  [a  a , a]  a  [ a , a]  [a  , a] a  a

[ N , a  ]  [a  a , a  ]  a  [a , a  ]  [a  , a  ] a  a 

Conclusion :

[ a, a  ]   , [ N , a]  a , [ N , a  ]  a 

10
▪ Relation entre les opérateurs N et H :

N  a a 
1
 m X  i P  m X  i P 
2m

1
2m
m 2 2 X 2  P 2   [ X , P]
i
2
1 1 P  1
2
1 1
  m 2 X 2    .  H  .
  2 2m  2  2
Donc :

 1 
H    N  . 
 2 

Comme H , N   0 , les deux observables possèdent les mêmes états propres. La


résolution de l’équation aux valeurs propres de H se ramène alors à la résolution de celle
de N.

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Considérons alors l’équation aux valeurs propres de N. Soit   un état propre de

l’opérateur N avec la valeur propre  :

N    

Lorsque cette équation sera résolue, nous saurons que le vecteur propre   de N est

 1
aussi vecteur propre de H avec la valeur propre E       :
 2

 1
H          
 2

b. Détermination des spectres de N et de H

Proposition 1 :

12
Les valeurs propres  de N sont positives ou nulles.

Démonstration :
N    aa          aa        
a    
2 2
 0
  0

Proposition 2 :

Soit   un vecteur propre (non nul) de N avec la valeur propre  .

i. Si   0 , alors a    0  0 .

ii. Si   0 , alors a   est vecteur propre de N avec la valeur propre   1.

Démonstration :
13
i. N   0  0   0  0 a   0  a   0  0
2
 0

ii. On a : [ N , a]  Na  aN  a  Na  aN  a

Donc :
N a    a N    a    (  1) a  

Proposition 3 :

i. Le vecteur a    est toujours non nul.

ii. a    est vecteur propre de N avec la valeur propre   1 .

Démonstration :
2
i. a      a a  

14
Or : [a, a  ]  a a   a  a    a a   N   , donc :
2
a      ( N  )    (  1)    

Comme d’après la proposition 1,   0 , le ket a    est toujours non nul.

ii. On a : [ N , a  ]  N a   a  N  a   N a  a N  a

Donc :
N a     a  N    a     (  1) a   

Proposition 4 :

Les valeurs propres de N sont des entiers ( ℕ ).

Démonstration :

15
On a : N       avec, d’après la proposition 1,   0 .

Supposons tout d’abord que  n’est pas entier, donc il existe toujours un entier n tel
que : n  1    n . Calculons alors par récurrence le ket : N a n   .

n  0  N    

n  1  N a    (  1) a  

n2  N a2    ?

On a :

N a 2  ( N a) a  (aN  a) a  aN a  a 2  a (aN  a)  a 2  a 2 ( N  2)

Donc :
N a 2    (  2) a 2  
16
Ainsi pour n on aura :
N a n    (  n) a n  

Donc, d’après la proposition 1,   n  0 .

Or, d’après l’hypothèse,   n  0 .

D’où la contradiction !!
Donc, les valeurs propres de N sont des entiers naturels ( ℕ).

Notations :

Les valeurs propres de N seront notées n et les vecteurs propres  n  n .

L’équation aux valeurs propres de N s’écrit alors :

N n n n

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 Le spectre de N est discret et non dégénéré.

▪ Relations importantes :

N n n n , n  0, 1, 2, .... ; a 0 0
N a n  (n  1) a n ; N a  n  (n  1) a  n

▪ Conséquence : L’équation aux valeurs propres de H devient :

 1
H n   n    n
 2

On en déduit les énergies propres E de l’opérateur H :

 1
En   n   
 2

avec n étant un entier naturel : n  0, 1, 2, ....


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▪ Conclusion :

Le spectre de H est discret et non dégénéré : les niveaux d’énergie de


l’oscillateur harmonique sont quantifiés.

II - 3. Etats propres de l’hamiltonien


Les opérateurs H et N sont des observables, c’est-à-dire que le système de leurs vecteurs

propres  n , n ℕ constitue une base de l’espace des états de la particule. Les kets n

vérifient alors les relations d’orthonormalisation et de fermeture :

n m   nm ,  n n 
n

a. Action des opérateurs a et a  sur les kets n


i. Action de l’opérateur a :
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D’après la proposition 2, le ket a n est un ket propre de N avec la valeur propre n  1 :

N a n  (n  1) a n

Or, à la valeur propre non dégénérée (n  1) est associé aussi le vecteur n  1 , donc :

a n   n 1

La norme au carré de ce vecteur s’écrit :

  n 1 n 1   
2
  n aa n  n N n  n
2 2 2
a n
   n

En choisissant  réel et positif, il vient   n , par conséquent :

a n  n n 1

20
ii. Action de l’opérateur a  :

D’après la proposition 3, a  n est vecteur propre de N avec la valeur propre n  1 :

N a  n  (n  1) a  n

Or, à la valeur propre non dégénérée (n  1) est associé le vecteur n  1 , donc :

a n   n  1

La norme au carré de ce vecteur s’écrit :


2
a n   n 1 n 1      n a a n  n N   n  n  1
2 2 2

   n 1

En choisissant  réel et positif, il vient   n  1 , par conséquent :

21
a n  n 1 n 1

Ces relations sont très importantes et sont à la base de toutes les propriétés de
l’oscillateur harmonique.

b. Interprétation des opérateurs a et a  :


 1
Si l’on part d’un état propre n de H d’énergie propre En   n    :
 2
- L’application de l’opérateur a permet de passer à l’état n  1 d’énergie propre :

En 1  En  

☞ Il y a disparition d’un quantum d’énergie 

☞ On dit pour cette raison que a est un opérateur d’annihilation

22
- L’application de l’opérateur a  permet de passer à l’état n  1 d’énergie :

En 1  En  

☞ Il y apparition d’un quantum d’énergie 

☞ On dit pour cette raison que a  est un opérateur de création

Energie

E n 1 n 1
a   
En n
a  
E n 1 n 1

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- L’énergie du niveau repéré par le nombre n peut s’écrire sous la forme :
 1 
En   n      n . 
 2 2


Or, En0  est l’énergie du niveau fondamental,  est le quantum d’énergie
2
et n est le nombre de quanta contenus dans ce niveau d’énergie.

L’opérateur N est alors interprété comme étant l’opérateur nombre de quanta.

c. Expression de l’état n :
1 
On a : a n  1  n n  n  a n 1
n
Donc :

24
1 
n  a n 1
n
1
 a a n  2
n (n  1)
1
 a a a n  3
n (n  1) (n  2)

1
 a a a  a 0
n (n  1) (n  2)  2.1 n 
fois

D’où la relation de récurrence :

1
n  (a  ) n 0
n!

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II - 4. Fonctions propres de l’hamiltonien

a. Fonction d’onde du niveau fondamental

▪ Définition :
 Le niveau fondamental d’un système est le niveau de plus basse énergie.

Les niveaux d’énergie de l’oscillateur harmonique sont donnés par l’expression :

 1
En   n    , n ℕ
 2

Par conséquent, la valeur minimale de l’énergie est obtenue pour n  0 :


Emin  En 0 
2

26
E 0 est appelé énergie du niveau fondamental. L’état fondamental est noté n  0
et la fonction d’onde associée :
 0 ( x)  x 0

▪ Expression de  0 ( x) :

D’après la proposition 2, nous avons :

a 0 0

En utilisant la relation qui défini l’opérateur a, cette équation s’écrit :

a 0 
1
 m X  i P  0  0
2m

En représentation  x , on peut écrire :

27
d 0 ( x) m
x a 0 0   x 0 ( x)  0
dx 
m 2
 x
  0 ( x)  C e 2

C est une constante déterminée à partir de la condition de normalisation.


1
m 2
   x   m  4
1    0 ( x) d x  C dxC  C   
2 2 2
e 
m  
   
Car :


e
 x 2
dx ,   ℝ+
 
En choisissant la constante C réelle et positive, la fonction d’onde normalisée s’écrit :

28
1/ 4 m 2
 m   x
 0 ( x)    e 2

   

b. Fonctions d’onde associées aux autres états stationnaires

On a la relation de récurrence qui donne l’état n en fonction de l’état 0 :

1
n  (a  ) n 0
n!

Donc, la fonction d’onde  n (x) associée à cet état est donnée par :

1
 n ( x)  x n  x (a  ) n 0
n!

Or, en représentation  x , l’opérateur a 


s’écrit :

29
1  d  1  m  d 
a   m x      x 
2m  dx  2   m d x 

On obtient alors :
n
1 1  m  d 
 n ( x)   x    0 ( x)
n! 2 n   m d x 

1/ 4 nm
1  m   m  d   2 x 2
  n ( x)  n    x  e
2 . n!       m d x 

Les premières fonctions d’onde :


Un calcul simple donne les fonctions d’onde  1 ( x ) et  2 ( x ) :

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1/ 4
 4  m 3  
m 2
x
 1 ( x)     xe 2

    
1/ 4 m
 m   2m 2   2 x 2
 2 ( x)      x  1 e
 4   

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