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Dynamique des fluides réels 2020/2021

EQUATIONS GENERALES DE NAVER-STOKES

I. ECOULEMENT DES FLUIDES REELS


L’étude des fluides réels utilise les résultats obtenus avec les fluides parfaits que l’on devra
corriger du fait qu’il existe des forces internes à l’écoulement des fluides dans les conduites
s’opposant à l’écoulement (forces de frottement …) et provoquant une perte d’énergie
mécanique.
Il s’agit de tenir compte des différentes forces agissant sur les particules fluides en
mouvement. Une description qualitative de l’écoulement pourra ainsi être déduite des
équations fondamentales locales.

Modélisation des vitesses d’un fluide dans une section droite de conduite

En supposant, pour un fluide parfait, une vitesse en chacun des points d’une section droite, on
remarque que l’on commet une erreur. Pour un fluide réel, la vitesse, nulle au contact de la
canalisation, varie jusqu’à devenir maximale au centre.
On ne peut plus considérer une vitesse mais une répartition des vitesses qui dépend du type
d’écoulement d’un fluide. Pour un fluide réel, on définit donc une vitesse moyenne telle que :

q v  w moy  S

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II. EQUATIONS GENERALES DU MOUVEMENT D’UN FLUIDE REEL :
EQUATIONS DE NAVIER-STOKES : CAS BIDIMENSIONNEL
Ces équations s’obtiennent en ajoutant les forces de viscosité aux autres forces s’exerçant sur
un élément fluide. Autrement dit, nous devons écrire l’équilibre du système des forces
suivantes :
- forces extérieures (forces de volume par unité de mase) ;
- pressions normales ;
- forces d’inertie ;
- forces de viscosité.

1] INTERVENTION DE LA VISCOSITE DANS LES EQUATIONS GENERALES DU MOUVEMENT :


L’expérience de couette montre que le déplacement relatif des molécules fluides
absorbe une énergie provenant de l’existence de tensions visqueuses qui vont intervenir dans
les équations générales du mouvement, au même titre que les forces extérieures.

2] DETERMINATION DES TENSIONS VISQUEUSES :


Nous supposons un flux incompressible ( constant). Nous supposons également un
écoulement presque isotherme, à savoir que les variations locales de température sont faibles
ou inexistantes; cela élimine la nécessité d'une équation d’énergie. Une autre conséquence de
cette dernière hypothèse est que les propriétés du fluide, tel que la viscosité dynamique  et
la viscosité cinématique , sont également constantes.

La première chose que nous faisons est de séparer les contraintes de pression et les
contraintes visqueuses. Lorsqu'un fluide est au repos, la seule contrainte agissant à n'importe
quelle surface de l'élément fluide est la pression hydrostatique locale P, qui agit toujours vers
l'intérieur et normale à la surface (figure).

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Ainsi, indépendamment de l'orientation des axes des coordonnées, pour un fluide au repos, le
tenseur de contrainte se réduit aux contraintes du fluide au repos.

Lorsqu'un fluide est en mouvement, la pression agit toujours normalement vers l'intérieur,
mais des contraintes visqueuses peuvent également exister. Nous généralisons l’expression de
la contrainte qui agit sur un fluide en mouvement comme suit:

où nous avons introduit un nouveau tenseur, ij, appelé tenseur des contraintes visqueuses
ou le tenseur de contrainte déviateur.

Considérons en un point M(x, y, z) du fluide, un parallélépipède infiniment petit dont les


arêtes dx, dy, dz sont parallèles aux axes. Soient u, v et w, les composantes de la vitesse V du
fluide au point M.

Considérons les projections sur l’axe Ox :

 Composante 1 :
Sur la face ADHE :1 dy dz
  
Sur la face BCGF :   1  1 dx dydz
 x 
  
Résultante :   1 dxdydz
 x 
 Composante 2 :
Sur la face CGHD : 2 dx dy
  
Sur la face ABEF :   2  2 dz dydx
 z 
  
Résultante :   2 dxdydz
 z 

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 Composante 3 :
Sur la face ABCD : 3 dx dy
  
Sur la face EFGH :   3  3 dy dzdx
 y 
  
Résultante :   3 dxdydz
 y 

En faisant la projection de toutes les forces agissant sur l’axe (ox), on obtient :
 P       
Pdydz   P  dx dydz  1dydz   1  1 dx dydz  2dydx   2  2 dz dydx  3dxdz
 x   x   z 
   du
  3  3 dy dxdz  X  dxdydz
 y  dt
La résultante des forces de viscosité projetée sur l’axe Ox à pour expression :
    
  1  3  2 dxdydz 
 x y z 

En remplaçant 1, 3 et 2 par leurs valeurs tirées du calcul des déformations, il vient :
1 3 2  2u   u v    w u 
   2 2          
x y z x y  y x  z  x z 
  2u  2u  2u    u v w 
  2  2  2       
 x y z  x  x y z 
 u v w
Or ; div V     0 (équation de continuité)
x y z
Par ailleurs ;

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  2u  2u  2u 
u   2  2  2 
 x y z 
Donc la résultantes des forces de viscosité projetée sur l’axe Ox, s’écrira :
    
  1  3  2 dxdydz  u dxdydz 
 x y z 

Il suffit donc d’adjoindre cette valeur à celles figurant au deuxième membre de la première
équation d’Euler en remarquant que, pour conserver l’homogénéité de l’équation, il convient
de ramener cette force à l’unité de masse du fluide ; en définitive ; on obtient la première des
trois équations, les deux autres s’en déduisent facilement.

1 P   2u u u u
  X u v
 x  y 2 t x y

C’est l’équation de Navier-Stokes selon (ox).

Les équations de Navier-Stokes en (3D) s’écrivent :

 1 P   2u  2u  2u  du
   2  2  2   X 
  x  x y z  dt


 1 P   2v  2v  2v  dv
   2  2  2   Y 
 y   dt
  x y z 

 1 P   2w  2w  2w  dw
   2  2  2   Z 
 z  x y z  dt
 

Ces équations peuvent se condenser en une équation vectorielle unique :


1   
gradP  F  V  

1
grad P : forces de pression ;

F : forces externes ou de volume par unité de masse ;
 : forces d’inertie résultant du mouvement ;
V : forces de viscosité.

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Elles ont été présentées en 1822 par Navier à l’académie des sciences ; elles sont
généralement appelées équations de Navier-Stokes.
L'équation de Navier-Stokes est la pierre angulaire de la mécanique des fluides. Il s'agit d'une
équation différentielle partielle, non linéaire. Les solutions analytiques sont inaccessibles, sauf
pour des champs d’écoulements simples.
L'équation comporte quatre inconnues (trois composantes de vitesse et pression), mais elle ne
représente que trois équations (trois composantes car il s'agit d'une équation vectorielle). De
toute évidence, nous avons besoin d'une autre équation pour résoudre le problème. La
quatrième équation est l'équation de continuité en fluide incompressible

III. RESOLUTION D’UN PROBLEME DE NAVIER-STOKES


1. Définir les hypothèses
- écoulements 1D ; 2D ou 3D ;
-  = constante ;
- écoulement permanent.
2. Définir les conditions aux limites ;
(vitesses aux frontières)
3. Ecrire l’équation de continuité ;

à simplifier selon les hypothèses

4. Ecrire les équations du mouvement (N-S) ;


1   
grad P  F  V  

Equation différentielle à résoudre avec les conditions aux limites.

IV. SOLUTIONS EXACTES DES EQUATIONS DE NAVIER-STOKES


Dans la pratique, les équations de bilans, qui sont toutes des équations différentielles aux
dérivées partielles, très souvent couplées entre elles, ne permettent d’obtenir des solutions
analytiques des écoulements que dans très peu de cas simples.
Dans la très grande majorité des cas, les résolutions doivent être entièrement numériques.
Cependant, l’écoulement laminaire peut être résolu de façon analytique, dans le cas des
fluides incompressibles newtoniens par les équations de Navier-Stokes pour certaines
configurations d’écoulements conservatifs en régime permanent.

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Selon les conditions aux limites, les résultats diffèrent. Parmi ces solutions analytiques, on
peut citer celles qui sont relatives aux écoulements suivants :
 l’écoulement de Poiseuille ou laminaire en conduite cylindrique à base circulaire ;
 l’écoulement de Hagen-Poiseuille ou écoulement laminaire entre deux plans, ou deux
cylindres coaxiaux de grands diamètres par rapport à l’entrefer, dont l’un est mobile
(écoulement de Couette) ;
 les écoulements "rampants" ou écoulement type du graissage hydrodynamique.
Des méthodes pseudo-analytiques sont aussi utilisées, par exemple, pour la résolution des
couches limites laminaires.

1] FAMILLE D’ECOULEMENTS SIMPLES :


Considérons une famille d’écoulements pour laquelle la vitesse V possède uniquement une
composante V(u,0,0) et F=0. Par conséquent, on obtient le système d’équations :
 u
  0  u  fy, z, t) 
 x
 u 1 P   2u  2u 
       
t  x  y 2 z 2 
  
 P P
   0  P  fx, t 
 y z

P
u ne dépend pas de x  ne peut être que : nulle, constante ou une fonction de t.
x
La forme de la fonction g(t) se spécifie en étudiant l’écoulement en question, selon que
l’écoulement est permanent ou non.

2] ECOULEMENT DE COUETTE : l’écoulement est permanent


Une paroi est immobile, l’autre en mouvement avec la
 dP
 0
vitesse uniforme U0. avec  dx
u  uy 

 2u
0  u  C1y  C2
y 2
Conditions aux limites :

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u  U0 pour y  d U
  u 0 y
u  0 pour y  0 d

La distribution des vitesses est linéaire.

3] ECOULEMENT DE HAGUEN-POISEUILLE :
L’écoulement de Hagen-Poiseuille correspond à l’écoulement bidimensionnel laminaire
d’un fluide newtonien, pesant, incompressible entre deux plans parallèles. L’écoulement se
reproduit identique à lui-même dans la direction x.
 dP
  cste  2u dP 1  dP  2
 dx on obtient    u  y  C1y  C2
u  uy  y 2 dx 2  dx 

dP
Posons :  a
dx
Les deux parois sont au repos :

u  0 pour y  y0 ay02 
1  y 2 
  u
u  0 pour y   y0 2  y02 

ay02
La vitesse maximale est atteinte au centre, elle vaut : Umax 
2
Le profil de vitesse entre les deux plaques est parabolique. Pour faire couler le fluide dans la
dP
direction i (u > 0), il faut que :  0 . Par conséquent, la pression baisse dans la direction de
dx
l’écoulement.

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4] ECOULEMENT DE POISEUILLE :
Supposons que l’écoulement laminaire et permanent, d’un fluide newtonien pesant et
incompressible, soit pleinement développé dans la totalité de la section d’une conduite
cylindrique.

Dans la totalité de la section d’une conduite cylindrique, comme c’est le cas dans la région B
sur la figure. Cette restriction exclut l’entrée A de la canalisation où la couche limite ne
remplit pas toute une section droite. Dans la région considérée, les lignes de courant sont
rectilignes et parallèles à l’axe x de la canalisation. Ainsi, P * est constante en tout point d’une
section droite. Par ailleurs, on peut noter que les conditions de l’écoulement impliquent les
conditions cinématiques suivantes :
 la vitesse v est toujours parallèle à l’axe x (v2 = v3 =0)
 v = 0 à la paroi.

Dans ces conditions, l’équation de Navier-Stokes s’écrit :

En utilisant un repère de coordonnées cylindriques x, r,  et en notant que :

les projections de cette équation sont :

Les deux premières équations conduisent à un résultat déjà connu. Il s’agit de la répartition
hydrostatique des pressions. On note alors que : P = f(x)

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L’équation de conservation de la masse en régime permanent pour un fluide incompressible,
applicable ici, se simplifie pour donner :

On en déduit que v ne peut être fonction que de r et de q. Cependant, par raison de symétrie v
ne dépend pas de . Ainsi, on peut écrire : V = f (r)
et la troisième composante de l’équation de Navier s’écrit simplement :

Comme, d’une part : P = f(x)


On a : dP/dx = F(x)
D’autre part, V = f (r)

On a :
L’égalité entre ces deux expressions nécessite donc que les fonctions F et G soient égales à
une constante. On écrit :
F=G=–a
où a est une constante qui, comme nous le verrons en fin de paragraphe, est essentiellement
positive.
Par intégration, on a : P = -ax + cste
ce qui signifie que la pression varie linéairement avec x.
L’intégration donne :

Soit ;

Et ;
Dans cette expression a, b et c sont des constantes ; b et c sont déterminées par les conditions
aux limites :
 pour r = 0, ln r = – ∞, ce qui donnerait une vitesse infinie sur l’axe du cylindre. Ceci étant
contraire au cas réel, il faut nécessairement que b = 0 ;

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 comme à la paroi, où r = R, la vitesse doit être nulle, on a : C = aR2/4

En définitive, la vitesse v s’exprime par la relation :

Ainsi, on note que la vitesse varie de façon parabolique en fonction de r, d’une vitesse nulle
pour r = R à une vitesse maximale : Vmax = aR2/4
Ce résultat montre que si l’écoulement a lieu dans le sens de x, a doit être positif. Ceci étant,
P* décroît linéairement en fonction de x conformément à la figure. Le coefficient a peut être
déterminé par la mesure de la hauteur piézométrique en deux points 1 et 2 distants de l. En

effet :
Le fluide étant incompressible, le débit volumique est le même en toute section. Sa valeur est

donnée par : =
Cette relation indique que dans un écoulement de Poiseuille, la chute de pression et la perte de
charge sont proportionnelles au débit du fluide.

Forces de frottement à la paroi


En général, les contraintes dues à la viscosité peuvent être tangentielles ou normales. Ici, les
contraintes normales de viscosité sont nulles car en tout point : v/x = 0

Les contraintes tangentielles :


La force exercée par le fluide sur une longueur l de paroi de la conduite est :
F = -2Rl (v/r) = 8l/R2 q
Cette force, proportionnelle à la viscosité et au débit, est égale au produit de la section de la
canalisation par la chute de pression étoilée exercée entre les deux sections considérées. Ce
résultat était prévisible car, le profil des vitesses étant le même dans toute section droite, il n’y
a pas de variation de quantité de mouvement du fluide. Ainsi d’après le théorème fondamental
de la dynamique, la résultante des forces appliquées doit être nulle. La somme des forces de
pression et de volume étant, en projection sur l’axe R2 P la force de frottement doit avoir
ce même module.

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Exercice
Une lame de verre partiellement immergée dans un liquide
visqueux est tirée verticalement vers le haut avec une
vitesse constante V0, comme l'illustre la figure. Grâce aux
forces de viscosité, la lame entraîne dans son mouvement
ascendant un film de liquide d'épaisseur h. A l'opposé, les
forces de pesanteur vont agir de façon à entraîner le film
fluide vers le bas.
En supposant l'écoulement laminaire, permanent
et uniforme, déterminer l'expression de la vitesse moyenne
du film fluide ainsi que le débit lorsque son mouvement
est globalement ascendant (on négligera la tension
superficielle).

L’écoulement est uniforme, la seule composante de vitesse est suivant y (v), avec u = w = 0.
L’équation de continuité donne : v/y = 0
L’écoulement est permanent : v/t = 0 soit v = v(x)
L’équation de Navier-Stokes selon x et z donne : P/x = 0 et P/z = 0
La pression à la surface du film (x = h) est égale à la pression atmosphérique, la pression à
n’importe quel point du film doit etre égale à la pression atmosphérique P/x = 0. En
conséquence : P/y = 0
Solution
L’équation de Navier-Stokes projetée selon y, donne :
0 = -g + (d2v/dx2)
Soit ; (d2v/dx2) = g /
L’intégration donne : dv/dx = (g/ ) x + C1
A la surface du film (x=h), la contrainte visqueuse est nulle. La contrainte visqueuse en un
point du film fluide est donnée par : xy =  (dv/dx)
Donc, si xy = 0 à (x = h) ; C1 = -gh/
Une deuxième intégration donne la distribution de vitesse à l’intérieur du film :
v(x) = (g/2 x2 – (gh/x + C2
A x = 0, la vitesse v = V0, ce qui donne : C2 = V0
La vitesse instantanée est alors : v(x) = (g/2 x2 – (gh/x + V0
Avec la distribution de vitesse connue, on peut déterminer le débit volume par unité de

profondeur :
Soit ; q = V0h – gh3/3
La vitesse moyenne est déduite : Vmoy = V0 – gh2/3

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