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équipements ont été retrouvés au Niger deux ans plus tard,

tel qu’en témoigne ce chargement de trois tonnes d’armes


et munitions intercepté dans le nord du pays, comportant
des canons de 23 mm, des roquettes antichars, des
mitrailleuses 3
, des munitions et enfin, des systèmes sol-air
SA-7 (Powelton, 2014).
Aujourd’hui, les armes continuent à transiter depuis la
Libye via Tillabéri, à destination finale du Mali et du
Nigéria. Leur typologie demeure semblable aux exemples
rapportés par Powelton, toutefois, les systèmes de défense
antiaériens sont habituellement livrés incomplets. En 2019,
une arme de type AK d’origine libyenne s’échangeait pour
un montant d’environ 530 euros, dans la région d’Agadez
au centre du pays (Yser, 2019).
Au Niger, si l’Etat ne reconnaît pas aux civils le droit d’acheter
une arme d’alarme, il convient de préciser qu’il n’a pas été
rapporté localement l’existence d’ateliers de modification,
de conversion ou de transformation d’armes d’alarme en
armes létales 4
. Au nord du pays, dans des zones proches
de l’Algérie et de la Libye, une ruée vers l’or s’est déclarée
dès le printemps 2012. Ici, l’insécurité récurrente observée
dans les zones frontalières liée aux trafics qui y ont cours est
décuplée par la présence du métal précieux, motivant un vif
intérêt pour les armes à feu. « Les plus populaires sont les
pistolets (essentiellement les pistolets fabriqués en Turquie
et localement baptisés « turkiya ») » ainsi que les armes de
type AK. « Comme en Libye, ces turkiya sont pour la plupart
des armes à blanc modifiées. » Ils s’échangeaient en 2017
pour les sommes d’environ 140 ou 350 euros, selon que
l’acheteur était nigérien ou étranger (Pellerin, 2017, p.5-8).
Cette prolifération des armes d’alarme sur le sol libyen
semblait encore récemment d’actualité, les douanes de
Misrata ayant intercepté en janvier 2019 un lot de plus de
20 000 pistolets de fabrication turque Ekol P29, violant ainsi
la résolution UNSCR 1970 (Alwasat, 2019). Depuis 2020,
la présence des armes d’alarme, modifiées ou demeurées en
l’état d’origine, est moins prégnant au Niger que durant la
période 2016-2018.
Un flux en provenance du Burkina Faso
et du Nigéria.
Dans l’ouest et le sud du pays, les armes proviennent
davantage du Burkina Faso et, dans une moindre mesure, du
Nigeria. Cette situation a été quelque peu bouleversée lors
de l’afflux colossal des armes libyennes mais la prévalence
des armes introduites depuis le Burkina est de nouveau
manifeste depuis les années 2018-2019.
Un scénario commun est celui de citoyens nigériens se
rendant au Burkina et achetant une arme sur place. De
retour au pays, certains d’entre eux sollicitent une demande
d’importation et de détention auprès des autorités
nigériennes. Majoritairement, il s’agit d’armes de poing
fabriquées en Turquie, telles que le modèle Fatih 13 de
calibre 7,65 mm Browning, produit par Tisas. 5
Pourtant, au Burkina Faso les principes de l’achat, du
port d’arme et du transfert sont soumis à autorisation
(Burkina Faso, 2009). Les sept armureries situées dans
la capitale, Ouagadougou, dont les coordonnées sont
aisément accessibles sur internet témoignent d’une activité
florissante. L’une d’entre-elles précise qu’elle commercialise
« des fusils artisanaux de Calibre 12 », des « [...] carabines
et fusils de chasse de tous calibres [...] des munitions de calibre
12, 16, 20 [...] des cartouches métalliques pour carabines de la
22 LR au 460 Weatherby (et) des pistolets et des revolvers du
calibre 22 LR au 44 magnum ». En comparaison, aucune
armurerie n’est signalée à Niamey.
Il est également rapporté l’existence d’un axe de
pénétration depuis le Nigéria (Nowak, et al., 2019, p.7),
correspondant à des fusils d’assaut de type AK. Enfin, à
l’exemple de pratiques déjà observées dans ce pays, il a été
rapporté qu’à Maradi, dans le sud du Niger mais à quelques
kilomètres seulement de la frontière nigero-nigeriane,
prolifèrent des fusils de forgeron (autrement appelées
armes traditionnelles) produits localement et destinés à des
groupes d’autodéfense.
Trafics de munitions pour armes légères
et de petits calibres.
La question des cartouches mérite également qu’on s’y
attarde. Sans munitions, pas de violence. Les armes à
feu redeviennent ce qu’elles étaient initialement : un
assemblage de métal, de bois et de plastique. C’est la
raison pour laquelle des centres d’analyse tels que l’Institut
des Nations unies pour la recherche sur le désarmement
(UNIDIR) ou le Small Arms Survey font porter leur
intérêt sur les munitions. D’ailleurs, la problématique a été

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