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15 décembre 2020
1
1 Dérivabilité en un point
Dans ce chapitre, f désigne une fonction d'une variable réelle, dénie sur un ensemble E et à valeurs dans R. On note
C la courbe représentative de f dans un repère du plan.
f
f
lim
f (x) − f (x0 )
existe et est nie. Cette limite est alors notée f (x ) et appelée nombre dérivé de f
0
en .
0
x→x0 x − x0
x0
Remarque. Si lim f (x)x −− fx(x ) = ∞ alors f n'est pas dérivable en x et la courbe C admet une tangente parallèle
0
0 f
à l'axe des ordonnées.
x→x0 0
Exemple 1. Soit f la fonction dénie sur R par : x 7→ x. f est dérivable sur R , et admet donc les tangentes :
√ ∗
+ +
resp.
!
f (x) − f (x0 ) f (x) − f (x0 )
lim lim
x→x0+ x − x0 x→x0− x − x0
2
Proposition (Demi-tangente à la courbe).
Soit x ∈ E et f une fonction dénie au voisinage de x . Si f est dérivable à droite (resp. à gauche) en
x , alors C admet une demi-tangente à droite (resp. à gauche) d'équation :
0 f 0
0 f
y = f (x ) + f (x )(x − x )
0
0
d 0resp. y = f (x ) + f (x )(x − x ) ,
0 0
0
g 0 0
Proposition.
Soit x ∈ E et f une fonction dénie au voisinage de x . Si f est dérivable à droite et à gauche en x et
si f (x ) = f (x ) = `, alors f est dérivable en x et f (x ) = `.
0 f 0 0
0 0 0
d 0 g 0 0 0
D'après le chapitre sur les limites de fonction, le taux d'accroissement de f en x admet une limite
en x si et seulement si il admet des limites à droite et à gauche égales à ` en x . D'où le résultat.
Démonstration. 0
`∈R 0 0
On cherche à établir un lien entre f et son taux d'accroissement autour du point x . Cependant, le
taux d'accroissement de f en x n'est pas déni au point x . On introduit donc la fonction ϕ dénie au voisinage de
Démonstration. 0
x par :
0 0
0
∀x 6= x , ϕ(x) =
f (x) − f (x )
0
x−x
et ϕ(x ) = f (x ). 0
0
0
0
Par dénition de f (x ), ϕ est continue au point x (ϕ est le prolongement par continuité en x du taux d'accroisse-
0
0
3
1.4 Opérations sur les fonctions dérivables
Proposition (Linéarité).
Soient u et v deux fonctions dérivables en un point x et α un réel. Alors la fonction αu + v est dérivable
en x , et
0
0
(αu + v)0 (x0 ) = αu0 (x0 ) + v 0 (x0 ).
(αu + v)(x) − (αu + v)(x0 ) (αu(x) + v(x)) − (αu(x0 ) + v(x0 )) u(x) − u(x0 ) v(x) − v(x0 )
= =α + .
x − x0 x − x0 x − x0 x − x0
Or u et v sont dérivables en x , donc les deux termes de droite admettent une limite nie en x . Donc αu + v est
dérivable en x et on obtient par passage à la limite :
0 0
0
(uv)(x) − (uv)(x0 )
(uv)0 (x0 ) = lim = u(x0 )v 0 (x0 ) + v(x0 )u0 (x0 ).
x→x0 x − x0
De plus, pour tout x 6= x , 0
1
v (x) − v1 (x0 ) 1 v(x) − v(x0 )
=− .
x − x0 v(x)v(x0 ) x − x0
Comme v est dérivable et continue en x , le membre de droite admet bien une limite. Donc est dérivable en x et 1
0 1
− v1 (x0 )
1 v (x) 1
(x0 ) = lim =− v 0 (x0 ).
v x→x0 x − x0 v(x0 )2
Le résultat sur le quotient découle ensuite directement de ceux sur le produit et l'inverse.
4
Proposition.
Soient f une fonction dérivable en un point x et g une fonction dérivable en f (x ). Alors la fonction g ◦ f
est dérivable en x , et
0 0
0
(g ◦ f )0 (x0 ) = f 0 (x0 ) · (g 0 ◦ f )(x0 ).
par :
0
ϕ(y) =
g(y) − g(f (x ))
y − f (x )
si y 6= f (x ) et ϕ(f (x )) = g (f (x )).
0
0 0
0
0
g ◦ f (x) − g ◦ f (x0 )
(g ◦ f )0 (x0 ) = lim = ϕ(f (x0 ))f 0 (x0 ) = g 0 (f (x0 ))f 0 (x0 ).
x→x0 x − x0
Remarque. ATTENTION : Une fonction peut être dérivable sur [a, b] et sur [b, c] sans être dérivable sur [a, c]. L'étude
locale de la dérivabilité en b est indispensable pour armer qu'elle est dérivable sur [a, c].
Exemple 4. Soit f la fonction dénie sur R par ∀x > 0, f (x) = x et ∀x < 0, f (x) = 0. Est-elle dérivable sur R ?
2
Il est immédiat que f est dérivable sur R et sur R , car elle coïncide sur ces intervalles avec des fonctions polynômes.
∗ ∗
5
2.2 Formulaire
Les dérivées de combinaison linéaires, de produits ou de composées s'eectuent exactement comme pour le cas des
dérivées en un point, pour tout intervalle inclus dans l'ensemble de dénition des fonctions dérivées.
Les dérivées classiques suivantes sont à connaître :
∀x ∈ Ef , f (x) = Ef Ef 0 ∀x ∈ Ef 0 , f 0 (x) =
ex R R ex
1
ln x R∗+ R∗+
x
k(constante) R R 0
x , n ∈ N (n ∈ Z \ N)
n ∗ ( )
R R∗ ( )
R R∗ nxn−1
x , α∈R\Z
α R∗+ R∗+ αxα−1
√ 1
x R+ R∗+ √
2 x
sin x R R cos x
cos x R R − sin x
π π
1 + (tan x)2
tan x R\ 2 + kπ, k ∈ Z R\ 2 + kπ, k ∈ Z
(
ax a ∈ R∗+ ) R R ax ln a
Si u est une fonction dérivable sur un intervalle I , on obtient par composition (en précisant les conditions de validité)
les formules suivantes, classiques également :
fonction du type dérivée
eu u0 eu
u0
ln u
u
uα αu0 uα−1
sin u u0 cos u
6
Proposition (Dérivée d'une fonction polynomiale).
dérivable : 1 0 1
f −1 (b) =
= .
f 0 (f −1 (b)) f 0 (a)
La fonction f est continue sur I (car dérivable) et strictement croissante sur cet intervalle. D'après
le théorème de la bijection, elle réalise donc bien une bijection de I sur J = f (I) et f existe et est continue (et
Démonstration.
−1
Si par contre f (a) 6= 0, la limite de l'inverse est nie donc f est dérivable en b et on trouve :
y−b
0 −1
f −1 (y) − f −1 (b) 1
(f −1 )0 (b) = lim = 0 .
y7→b y−b f (a)
Exemple 5. Utiliser ce résultat pour retrouver la dérivabilité du logarithme en utilisant celle de l'exponentielle.
exp est une fonction bijective strictement croissante de R dans R , de réciproque ln. On sait que exp est dérivable
∗
sur R et que ∀x ∈ R, exp (x) = exp(x) 6= 0. Sa réciproque ln est donc dérivable sur l'ensemble de son ensemble de
+
0
dénition et 1 1 1
∀x ∈ R∗+ , ln0 (x) = = = .
exp0 (ln(x)) exp(ln(x)) x
Exemple 6. Trouver les ensembles de dérivabilité des fonctions suivantes et donner l'expression des dérivées :
1. f dénie sur R par : f (x) = cos(3x) + 2 sin(x).
Elle est dérivable sur R, et f (x) = −3 sin(3x) + 2 cos(x).
1 1
0
1
7
2. f dénie sur R par : f (x) = 2√x .
2
∗
+ 2
3
Elle est dérivable sur R , et f (x) = 2 23x√x = √3xx = 3√x car x > 0.
2 2
∗ 0
+ 2 3 3
Exemple 7. Les fonctions polynômes, la fonction exponentielle, les fonction cosinus et sinus sont de classe C sur R. 1
Soit I un intervalle de R. L'ensemble des fonctions de classe C sur I , noté C (I), est un espace vectoriel
1 1
sur R.
Soit f et g deux fonctions de C (I), et soit λ ∈ R. Par les propositions précédente, λf + g est dérivable sur I ,
1
de dérivée λf + g . Comme f et g sont de classe C , f et g sont continues sur I . Par combinaison linéaire de
0 0 1 0 0
Donc C (I) est un sous espace vectoriel de l'ensemble des fonctions de I dans R, c'est donc un espace vectoriel sur R.
1
(démonstration à connaître) Supposons que f possède un maximum local en x . Il existe alors un réel
tel que [x − α, x + α] ⊂ I et ∀x ∈ [x − α, x + α], f (x) 6 f (x ).
Démonstration. 0
α>0
Donc, pour tout x ∈]x , x + α],
0 0 0 0 0
0 0
f (x) − f (x0 )
6 0.
x − x0
8
Or f est dérivable en x par hypothèse. On peut donc passer à la limite dans cette inégalité et on trouve f (x ) 6 0.0
Remarque. ATTENTION : la réciproque est fausse! Il se peut que f (x ) = 0 sans que f n'admette d'extremum en
0
x .
0
0
Exemple 8. La fonction dénie sur R par x 7→ x a une dérivée nulle en 0, mais n'atteint ni un maximum ni un
3
minimum en ce point.
Exemple 9. Trouver les extremums locaux de la fonction f dénie sur R par ∀x ∈ R, f (x) = x + x. 4
Cette dérivée s'annule si et seulement si x = − 41 . Il y a une seule solution réelle, − √14 , et la dérivée est négative avant
3
3
et positive après. Donc la fonction est décroissante avant − √14 , et croissante ensuite. On en conclut que la fonction
3
admet un minimum local en − √14 . Comme la dérivée ne s'annule pas ailleurs, et qu'il n'y a pas de borne ou de point
où la fonction n'est pas dérivable, cela signie que la fonction n'admet pas de maximum.
3
(démonstration à connaître) La fonction f est continue sur le segment [a, b] donc par le théorème des
bornes elle y est bornée et atteint ses bornes. On note m le minimum global et M le maximum global.
Démonstration.
Si m = M , la fonction est constante sur [a, b], et donc f est nulle sur ]a, b[. Dans ce cas, on peut choisir
0
a• •b
9
3.3 Accroissements nis
Théorème (Égalité des Accroissements Finis).
Soit a < b. Si f est une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ alors il existe c ∈]a, b[ tel que
f (b) − f (a)
f 0 (c) = .
b−a
Démonstration. On se ramène aux hypothèses du théorème de Rolle. Pour tout x ∈ [a, b], on pose :
f (b) − f (a)
g(x) = f (x) − (x − a).
b−a
La fonction g est continue sur [a, b] comme somme de fonctions continues, et elle est dérivable sur ]a, b[ comme somme
de fonctions dérivables. Et pour tout x ∈]a, b[,
f (b) − f (a)
g 0 (x) = f 0 (x) − .
b−a
On remarque que g(b) = g(a) = f (a). Donc g vérie les hypothèses du théorème de Rolle, et il existe c ∈]a, b[ tel que
g (c) = 0. Et donc tel que
0
f (b) − f (a)
f 0 (c) = .
b−a
Remarque. est le coecient directeur de la corde [AB], donc il existe un point de C admettant une tangente
f (b)−f (a)
Si a = b, le résultat est évident. Sinon, l'égalité des accroissements nis appliquée à la fonction f sur
donne l'existence d'un c ∈]a, b[ tel que = f (c). Les bornes sur f donnent par ailleurs m 6 f (c) 6 M
Démonstration.
f (b)−f (a) 0 0 0
[a, b]
et donc b−a
f (b) − f (a)
m6 6 M.
b−a
Il sut alors de tout multiplier par (b − a) > 0 pour obtenir le résultat annoncé.
10
Théorème (Inégalité des Accroissements Finis, deuxième version).
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I de R et telle qu'il existe un réel K qui vérie : ∀x ∈ I ,
|f (x)| 6 K . Alors ∀(a, b) ∈ I ,
0 2
|f (b) − f (a)| 6 K |b − a| .
Il sut d'appliquer la première version de l'inégalité des accroissements nis entre min(a, b) et
en posant m = −K et M = K .
Démonstration.
max(a, b)
Remarque. Interprétation géométrique. Ce résultat permet d'encadrer les valeurs de la fonctions entre deux droites
passant par (a, f (a)) :
f (x) − f (x0 )
> 0.
x − x0
Par passage à la limite (la limite existe et est nie par dénition de f (x )), on obtient f (x ) > 0. Ceci étant
0 0
Supposons que ∀x ∈ I , f (x) > 0. Soit x et y dans I tels que x 6 y. La fonction f étant dérivable sur I ,
0
0
l'inégalité des accroissements nis (dont on utilise seulement la partie minoration) donne :
0(y − x) 6 f (y) − f (x).
D'où f (x) 6 f (y). Comme c'est vrai pour tout couple (x, y) tel que x 6 y, la fonction f est croissante sur I .
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Remarque. On peut adapter ce résultat pour montrer la stricte monotonie : soit f une fonction dérivable sur un
intervalle I de R,
Si pour tout x ∈ I , f (x) > 0, alors f est strictement croissante sur I .
0
Plus généralement, si pour tout x ∈ J , f (x) > 0, où J est l'intervalle I auquel on a retiré un nombre ni de
0
points, alors f est strictement croissante sur I (Cette propriété peut même s'appliquer s'il existe un nombre
ni de points où f n'est pas dérivable).
4 Fonction arc tangente
4.1 Fonction tangente
Dénition (Tangente).
La fonction tangente est la fonction dénie sur I = [ ]kπ − π2 , kπ + π2 [ par : ∀x ∈ I , tan(x) = cos(x)
sin(x)
.
k∈Z
• •
π π
−
2 2
Démonstration. La fonction est dérivable comme quotient de fonctions dérivables, et par quotient, ∀x ∈ I ,
cos(x) cos(x) − (− sin(x)) sin(x) cos(x)2 + sin(x)2
tan0 (x) = = ,
cos(x)2 cos(x)2
ce qui donne les deux formules annoncées.
4.2 Fonction arc tangente
Dénition (Arc tangente).
La restriction de la fonction tangente à l'intervalle ] − , [ est une bijection strictement croissante de
π π
] − , [ sur R. Sa bijection réciproque est appelée arc tangente, et est notée arctan.
2 2
π π
2 2
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(démonstration à connaître) La fonction tangente est dérivable sur ]− , [, de dérivée 1+tan(x) > 0,
π π 2
donc elle est strictement croissante sur cet intervalle. Elle est de plus continue (car dérivable) sur ] − , [. Donc par
Démonstration.
2 2
π π
le théorème de la bijection, elle eectue une bijection de ] − , [ sur tan ] − , [ . En étudiant les limites de tan en
π π π π
2 2
− et , on trouve −∞ et +∞, ce qui montre que tan est une bijection de ] − , [ sur R. Donc la bijection réciproque
2 2 2 2
π π π π
π
−
2
π
−−
2
Remarque. Le théorème de la bijection donne au passage que la fonction arc tangente est une bijection continue et
strictement croissante de R dans ] − , [.
π π
2 2
1 1
arctan0 (x) = = .
1 + tan (arctan(x))2 1 + x2
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