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AFRICAN UNION UNION AFRICAINE

UNIÃO AFRICANA

African Commission on Human & Commission Africaine des Droits de


Peoples’ Rights l’Homme & des Peuples
No. 31 Bijilo Annex Lay-out, Kombo North District, Western Region, P. O. Box 673, Banjul, The Gambia Tel: (220)
441 05 05 /441 05 06, Fax: (220) 441 05 04 E-mail: au-banjul@africa-union.org; Web www.achpr.org

18ème Session extraordinaire

Du 29 juillet – 7 août 2015

Nairobi, Kenya

Observations Finales et Recommandations relatives au Rapport périodique et cumulé


de la République du Sénégal sur la mise en œuvre de la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples (2004 – 2013)

I. Introduction

1. La République du Sénégal est un Etat partie à la Charte africaine des droits de


l’homme et des peuples (la Charte africaine), qu’elle a ratifiée le 13/06/1982.

2. La République du Sénégal a présenté les rapports périodique combiné (8ème,


9ème ,10ème et 11ème), conformément à l'article 62 de la Charte africaine, au cours de la
56ème Session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des
peuples (la Commission), tenue du 1er au 17 décembre 2014 à Banjul (Gambie).

3. Le Rapport a été présenté par la Délégation de la République du Sénégal (la


Délégation), conduite par son Excellence Professeur Cheikh Tidiane THIAM,
Ambassadeur au Cabinet du Ministre sénégalais des affaires étrangères, Chef de
délégation
- Professeur Saliou NDIAYE, Ambassadeur du Sénégal en Gambie-Monsieur
Mouhamadou Moustapha SEYE, Directeur des droits humains au Ministère
sénégalais de la justice
- Monsieur Ndongo DIENG, Ministère des affaires étrangères
- Monsieur El Hadj Magatte NDAW, Ministère des Affaires étrangères
- Madame Dieynaba TOURE BATHILY, Premier Conseiller à l'Ambassade du
Sénégal en Gambie
- Monsieur Mouhamadou Moustapha THIOUNE, Directeur des Libertés
publiques, Ministère sénégalais de l'Intérieur

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- Monsieur Ibrahima DEME, Directeur de la promotion de la bonne
gouvernance au Ministère sénégalais de l'Intégration africaine, du NEPAD et
de la promotion de la bonne gouvernance
- Madame Astou SYLLA, Ministère sénégalais de la femme, de la famille et de
l'enfance
- Monsieur Assane DRAME, Secrétaire général du Comité sénégalais des droits
de l'Homme

4. Le Rapport met en lumière les développements intervenus en République du


Sénégal, dans le domaine des droits de l’homme et des peuples et les mesures
législatives, administratives et autres prises en vue de la mise en œuvre des
dispositions de la Charte africaine, depuis la présentation de son rapport périodique
combiné (3ème au 7ème) lors de la 34ème Session ordinaire tenue du 6 au 20 Novembre
2003 à Banjul, en Gambie.

5. Les présentes Observations finales font état des facteurs positifs et de ceux limitant
la jouissance effective des droits de l’homme et les domaines de préoccupation quant
au respect des droits de l’homme dans le pays. Aussi, la Commission formule à
l’endroit du Gouvernement Sénégalais, des recommandations pour renforcer la
jouissance des droits de l’homme par les populations sénégalaises.

6. La Commission félicite la Délégation de la République du Sénégal pour le dialogue


franc et constructif qui a été entretenu à l’occasion de la présentation de ce rapport
périodique combiné et des informations fournies en réponse aux préoccupations des
membres de la Commission.

II. Facteurs positifs

La Commission :

7. Félicite l’Etat du Sénégal pour la volonté politique dont il fait montre à travers la
présentation régulière de ses rapports périodiques.

8. Note avec satisfaction l’implication de toutes les parties prenantes y compris la


société civile, le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme (CSDH) et le Conseil
Consultatif National des Droits de l’Homme qui est un organe de consultation
regroupant les Départements ministériels et les acteurs de la société civile, dans le
processus d’élaboration et de validation de ce rapport.

9. Salue les dispositions prises pour la mise en œuvre des recommandations faite par la
Commission suite à l’examen du son rapport périodique combiné, au cours de 34ème
Session ordinaire (Banjul, Novembre 2003). Particulièrement les mesures prises pour
les familles des victimes du naufrage du Diola, l’harmonisation de la législation

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nationale avec la Charte africaine ; l’amélioration des conditions des détentions,
l’amélioration de la situation des enfants, particulièrement les enfants de rues,
l’amélioration des conditions de détentions et les actions en faveur de la presse et du
respect des droits fondamentaux par ces derniers.

10. Prend acte de la ratification par la République du Sénégal des instruments régionaux
et internationaux pertinents relatifs aux droits de l’homme, notamment :
- Le Protocole facultatif à la Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
- Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant
l’implication d’enfants dans les conflits armés ;
- La Convention relative aux droits des personnes handicapées.

11. Salue l’Accord Général de Paix du 30 décembre 2004 signé entre le Gouvernement
du Sénégal et le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), et
l’engagement du Sénégal dans un vaste programme de reconstruction de la
Casamance. La Commission est également satisfaite de la mise en œuvre d’un
Programme de développement spécifique pour la région de la Casamance.

12. Apprécie la décision de l’Etat d’avoir déclaré pupilles de la Nation, les enfants
orphelins suite au naufrage du bateau le « Diola », la mise en place d’un office
national des pupilles de la nation et les efforts considérables consentis pour assurer
la liaison maritime Dakar Ziguinchor avec la mise en service d’un nouveau bateau
de transport de personnes et la programmation de la mise en circulation d’un navire
de fret pour soutenir la commercialisation des produits.

13. Prend note que L’Etat s’est doté d’un système national intégré de protection de
l’enfance, incorporé dans le Document de Politique Economique et Social (DPES).

14. Se réjouit des efforts consentis pour combattre le phénomène des enfants de la rue, à
travers diverses actions, particulièrement l’introduction dans le code pénal du délit
de mendicité et l’adoption d’une loi incriminant la traite des personnes et
l’exploitation de la mendicité d’autrui ; la mise en place d’un cadre stratégique de
réduction du phénomène des enfants de la rue, d’une Stratégie nationale de
protection sociale, la création d’un mécanisme de mutualisation des ressources et des
expériences de lutte contre la pratique et d’autres initiatives visant à lutter
efficacement contre ce phénomène.

15. Se réjouit de la mise en œuvre des programmes visant les enfants en situation de
vulnérabilité en vue de renforcer les actions prioritaires menées pour éliminer les
pires formes de travail des enfants et de les protéger contre toutes formes
d’exploitation, d’abus et de violences.

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16. Salue l’allocation de 4,5 milliards de FCFA pour la réhabilitation des infrastructures
pénitentiaires, notamment la construction à la Maison d’Arrêt et de Correction
(MAC) de Rebeuss d’une salle polyvalente abritant une bibliothèque, un service
socio-éducatif, une salle des fêtes et une salle informatique; la réinstallation du réseau
électrique dans les MAC de Rebeuss et du Cap Manuel; l’installation de cuisinières à
gaz dans les MAC et la construction de chambres pour les détenues mineures à la
MAC des femmes de Dakar.

17. Salue la mise en place des mesures visant à améliorer les conditions sanitaires dans
les prisons et de la prise en charge totale des détenus malades.

18. Prend note de la mise en place de bibliothèques, cabines téléphoniques, téléviseurs,


ventilateurs et extracteurs d’air installés à la MAC de Rebeuss et au Camp Pénal de
Liberté 6 et dans quelques établissements pénitentiaires de l’intérieur du pays.

19. Se réjouit de la création de la fonction de juge d’application des peines et de


l’introduction par le Code pénal des peines alternatives à l’incarcération consistant
en l’accomplissement de travaux d’intérêt général.

20. Prend note du recrutement de près de 700 agents pénitenciers et la modification du


statut du personnel avec des avantages tels que l’indemnité de logement.

21. Apprécie la modification de la durée du mandat de dépôt fixée à 6 mois pour les
affaires correctionnelles et le transfèrement des détenus vers les prisons les moins
peuplées pour lutter efficacement contre la surpopulation et l’oisiveté dans les
prisons.

22. Prend note de la mise en place par l’Etat d’autorités administratives indépendantes
pour réguler le secteur des médias, à savoir, l’Autorité de Régulation des
Télécommunications et des Postes (ARTP) et le Conseil National de Régulation de
l’Audiovisuel (CNRA), mais également du Conseil pour le Respect de l’Ethique et de
la Déontologie (CORED), qui est un organe d’autorégulation du métier de
journaliste.

23. Note avec satisfaction l’adoption du projet de code de la presse, qui propose des
solutions aux multiples défis qui se posent au secteur de la presse dont la
dépénalisation des délits de presse, l’accès à l’information, le renforcement du statut
du journaliste et le financement des médias privés.

24. Prend note de la mise en place d’un Comité national pour le Numérique (CNN) afin
d’orienter, coordonner et piloter les actions à mener pour assurer le passage du
secteur de l’audiovisuel analogique au numérique en juin 2015.

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25. Apprécie les efforts consentis par l’Etat partie dans la lutte contre le trafic humain,
notamment par l’adoption d’une loi relative à la lutte contre la traite des personnes
et pratiques assimilées et la protection des victimes et la mise en place d’une cellule
dédiée à la lutte contre la traite des personnes. A cet effet ; elle salue l’adoption de la
loi 2005 – 06 du 10 mai 2005 relative à la lutte contre la traite des personnes et
pratiques assimilées et la protection des victimes.

26. Se réjouit de l’élargissement de la carte judiciaire par la mise en place de nouvelles


juridictions au Sénégal, particulièrement de la mise en œuvre du Programme
Sectoriel de la Justice en vue d’instaurer une bonne gouvernance judiciaire par le
renforcement de l’état de droit, la création des maisons de justice spécialisées dans la
médiation, l’information et l’écoute juridique et la mise en place d’un système
d’assistance judiciaire.

27. Prend note des règles instaurées pour régir la garde à vue en conformité avec les
standards internationaux, particulièrement les mesures prévues pour la garde à vue
des mineurs.

28. Salue la volonté du Sénégal de s’acquitter du jugement de l’ancien président tchadien


Hissen Habré, volonté manifestée à travers les différents accords signés avec l’Union
Africaine pour la création de « chambres africaines extraordinaires » et de l’accord
avec le Tchad concernant la coopération judiciaire sur ce sujet.

29. Salue la mise en place de mesures de prévention contre la torture durant la garde à
vue et la mise en place de l’observatoire national des lieux de privation de liberté,
autorité indépendante, habilité à exercer un contrôle sur tous les lieux de détention.

30. Salue l’adoption d’une série de lois relatives à la torture recoupant les dispositions
pertinentes du Statut de Rome Relatif à la Cour pénale internationale.

31. Prend note des réformes du code pénal en cours, en vue de rendre conforme le droit
pénal sénégalais avec ses engagements internationaux.

32. Prend acte du renforcement du statut du Comité Sénégalais des Droits de l’Homme
(CSDH).

33. Apprécie les efforts de l’Etat pour garantir la jouissance des droits sociaux et
économiques par les populations, à travers l’adoption des programmes politiques
concernant l’accès au logement et le droit à l’eau.

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34. Prend acte des efforts consentis par l’Etat partie en vue de l’amélioration de la santé
des populations, particulièrement pour celles vivant avec un handicap à travers la
gratuité totale ou partielle de soins dans les institutions médicales relevant de l’Etat.

35. Apprécie les mesures entre autres prises dans le cadre de la lutte contre la
discrimination, la transmission volontaire du VIH-SIDA et la violation de la
confidentialité.

36. Salue les actions engagées par le Gouvernement dans le domaine de l’éducation,
particulièrement pour les personnes vivant avec un handicap.

37. Salue l’accompagnement et la prise en charge psychosociale des victimes d’actes de


violences et violations des droits de l’homme, notamment par la mise en place des
Services d’écoute, de conseil et d’orientation sur l’ensemble du territoire.

38. Salue les actions entreprises en faveur de l’emploi des jeunes, notamment des
initiatives de financement et d’appui technique, des structures d’accompagnement et
de placement, de formation et de financement.

39. Salue les mesures adoptées pour la sauvegarde du patrimoine culturel, notamment
la codification et la mise en valeur des langues nationales, la promotion et la
valorisation des expressions culturelles locales et d’autres mesures comme la
réduction de la taxe du livre à l’importation

40. Se réjouit de l’adoption de la Loi No 2010-11 du 28 mai 2010 instituant la parité


absolue Homme-Femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement
électives.

41. Salue l’adoption de la loi 63 du 28 Juin 2013 modifiant la Loi No 1961-10 du 7 mars
1961, loi permettant à la femme sénégalaise de transmettre sa nationalité à ses enfants
et à son mari de nationalité étrangère.

42. Salue l’adoption des dispositions prise à l’égard des femmes notamment le Décret
No 2006-515/PR du 9 juin 2006 relatif à l’accès des femmes au corps de la
gendarmerie.

43. Salue l’adoption des Décrets No 2006-1309 et 1310 du 23 novembre 2006 permettant
respectivement à la femme fonctionnaire et la femme salariée du secteur privé de
prendre en charge médicalement son mari et ses enfants.

44. Salue les actions entreprises en faveur des femmes, à travers les projets et
programmes visant au renforcement des capacités des réseaux des femmes pour la

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lutte contre la pauvreté, l’amélioration du revenu familial et la mise en place d’un
dispositif d’appui aux femmes pauvres dans les centres de promotion de la femme.

45. Se félicite de la vulgarisation et l’intégration de certaines dispositions du Protocole


de Maputo dans la législation interne.

46. Salue les efforts dans l’harmonisation de la législation nationale avec les
engagements internationaux en matière de protection des droits de la femme à
travers la révision de divers textes législatifs et réglementaires et la mise en place de
nouvelles politiques.

47. Se félicite des actions entreprises dans le cadre de la formation des magistrats sur
l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes.

48. Se réjouit des mesures prises pour la préservation de l’environnement, notamment


la mise en place d’un dispositif institutionnel et juridique pour la protection efficace
de l’environnement.

49. Apprécie les efforts et mesures engagés pour la gestion durable des forêts, la
préservation de la faune, la lutte contre l’érosion côtière, la protection de la couche
d’ozone et l’utilisation rationnelle des produits chimiques.

III - FACTEURS LIMITANT LA JOUISSANCE DES DROITS GARANTIS PAR LA


CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES

50. La méconnaissance, par la majeure partie de la population, des instruments


juridiques de promotion et de protection des droits de l’homme adoptés au plan
national ainsi que les instruments ratifiés aux niveaux régional et international par la
République du Sénégal constitue un frein à l’exercice et à la jouissance effective des
droits de l’homme dans l’Etat partie.

51. Le poids des facteurs sociologiques et culturels, la persistance de la coutume, ainsi


que les préjugés profondément ancrés, en particulier contre les femmes restent des
freins à la pleine réalisation des droits de la femme.

52. Les limitations des ressources financières pour la mise en œuvre effective des
programmes de l’Etat, pour la réalisation d’un certain nombre de droits.

IV DOMAINES DE PREOCCUPATION

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En dépit des efforts du gouvernement pour promouvoir et protéger les droits de
l’homme, la Commission demeure grandement préoccupée par :

53. La non ratification de plusieurs instruments des droits de l’homme notamment :


- Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ;
- Convention de l’Union Africaine sur la protection et l’assistance aux personnes
déplacées en Afrique (convention de Kampala).

54. La lenteur dans l’adoption et la promulgation des codes et lois en cours d’élaboration
ou de réforme, notamment la révision du code pénal, l’adoption du projet de loi sur
la liberté de la presse et le cadre juridique concernant les enfants talibés et la réforme
de la justice en générale.

55. L’absence de prise en charge effective des enfants talibés, et le retard dans la mise en
œuvre de la réforme des écoles coraniques qui accueillent ses enfants (les Daaras)

56. Le taux de mortalité maternelle et infantile qui reste élevé malgré les efforts consentis
par le Gouvernement.

57. Les insuffisances notées dans le domaine de l’éducation en dépit des progrès réalisés
dans la mise en œuvre du droit à l’éducation, notamment dans la construction des
infrastructures scolaires ; la formation des formateurs et la revue du curricula.

58. Le retard dans l’atteinte des normes préconisées par l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) en termes de couverture en infrastructures sanitaires, de personnel
qualifié, et de fourniture de médicaments.

59. La non jouissance systématique par les catégories les plus pauvres des programmes
de gratuité mis en place à leur attention car, réduisant ainsi leur capacité à accéder
aux soins qui leur sont dus.

60. La persistance de la malnutrition chronique des enfants de moins de 5 ans,


particulièrement dans les zones rurales.

61. La lenteur dans l’abrogation des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes
contenues dans le Code de la famille notamment ; le choix de la résidence du couple,
l’âge du mariage, l’interdiction de la recherche judiciaire de paternité même en cas
de viol ; et les inégalités basées sur le genre dans l’attribution des droits successoraux.

62. La lenteur dans l’harmonisation de la législation nationale avec les prescriptions du


Protocole de Maputo.

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63. Le maintien des peines sévères à l’encontre des femmes en cas d’avortement ou de
tentative d’avortement dans le Code Pénal et l’absence de qualification des
agressions sexuelles en crimes.

64. La discrimination du régime de sécurité sociale, en ce sens que la femme ne perçoit


pas encore d’allocations familiales et de l’absence de pension pour l’époux et les
enfants de la femme travailleuse dans le secteur public et privé qui décède.

65. L’insuffisance de la mobilisation des ressources internes, et la mise à disposition des


ressources budgétaires pour la mise en œuvre des programmes prioritaires en faveur
des femmes et la réalisation de leurs droits.

66. La non prise en compte de façon effective et suffisante de la dimension genre dans
les politiques plans et programmes publics.

67. L’insuffisance en droits humains dans la formation dispensée aux agents chargés de
l'application de la loi.

68. Le déséquilibre dans l’accès à l’eau entre les zones urbaines et rurales, qui ne permet
pas à tous les Sénégalais d'avoir accès à une eau potable saine.

V - LES RECOMMANDATIONS

Au vu de ce qui précède, la Commission recommande au Gouvernement de :

i. Prendre toutes les mesures nécessaires en vue de ratifier la Convention de


l’Union africaine sur la protection et l'assistance des personnes déplacées en
Afrique (Convention de Kampala), la Charte africaine de la démocratie, des
élections et de la gouvernance et d’accélérer l’harmonisation de la législation
nationale avec les prescriptions du Protocole de Maputo.

ii. Adopter le projet de loi relatif au statut des réfugiés et des apatrides.

iii. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de permettre l’accession du Comité
Sénégalais des droits de l’homme au Statut A conformément aux Principes de Paris

iv. Accélérer la procédure d’adoption et de promulgation des lois révisant le code de


la famille et d’autres réformes en cours d’adoption.

v. Finaliser la modernisation et la généralisation de la gestion du service public de


l’état civil.

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vi. Mettre en place des mesures pour s’assurer que toutes les personnes bénéficient
durablement et équitablement de la disponibilité et de l’accessibilité des ARV et
d’autres médicaments efficaces contre le VIH et les infections et conditions
opportunes y associées.

vii. Prendre les mesures idoines pour augmenter la couverture thérapeutique ARV des
enfants et pour s’assurer que les bébés reçoivent une thérapie antirétrovirale
pédiatrique appropriée.

viii. Mettre en place un système similaire à celui de la « carte d'égalité des chances »
(pour les personnes vivant avec un handicap) pour lutter contre la pauvreté chez
les personnes âgées.

ix. Renforcer la mise en œuvre des politiques publiques de santé aux familles à
faibles revenus et augmenter le nombre d’infrastructures sanitaires et le
personnel soignant tout en s’assurant de leur répartition équitable sur l’ensemble
du territoire.

x. Prendre des mesures idoines pour l’élargissement du champ de gratuité des


soins de santé aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes enceintes à d’autres
maladies que le paludisme afin de réduire le taux de mortalité maternelle et
infantile.

xi. Garantir la protection de la santé reproductive des femmes et leur assurer l’accès
à des services de santé adéquats et à des coûts abordables.

xii. Permettre l’applicabilité des lois relatives aux lois contre les violences faites aux
femmes, y compris les violences domestiques et s’assurer que les auteurs soient
traduits devant les juridictions compétentes.

xiii. Renforcer les capacités opérationnelles et institutionnelles des structures chargées


de la lutte contre des mutilations génitales féminines.

xiv. Valoriser le travail des femmes qui évoluent dans le secteur informel en les
soutenants dans le développement des activités génératrices de revenus.

xv. Adopter des mesures législatives et autres qui favorisent la réduction du chômage
en particulier chez les femmes et les jeunes.

xvi. Poursuivre ses efforts en vue d’assurer l’accès gratuit et obligatoire à l’éducation
primaire spécialement aux filles et aux enfants de moins de 15 ans.

10
xvii. Accroître le nombre d’infrastructures scolaires en vue de faire face aux effectifs qui
ne cessent de croître, tout en améliorant la qualité de l’enseignement,
particulièrement dans l’enseignement supérieur. Assurer la formation des
formateurs, la révision des programmes et les programmes continue.

xviii. Prendre les mesures appropriées en vue de la mise en en œuvre de la réforme


des écoles coraniques (Daaras).

xix. Renforcer et accroître le volume horaire consacré à l’enseignement aux droits de


l’homme dans la formation des agents chargés de l’application des lois (juge,
police nationale, gendarmerie et aux services pénitentiaires) et introduire
l’enseignement aux droits de l’homme à tous les niveaux du cursus scolaire. Les
services de police devraient s’inspirer des dispositions des lignes directrices sur
les conditions d'arrestation, de garde à vue et de détention avant le procès en
Afrique tout en prenant ou en examinant la loi et les politiques et en assurant la
formation pour les agents de police et les agents des prisons.

xx. Poursuivre le programme de modernisation des prisons et en construire de


nouveaux, si nécessaire.

xxi. Prendre les mesures adéquates pour réduire le déséquilibre dans l’accès à l’eau
entre les zones urbaines et rurales, et pour permettre à tous les Sénégalais d'avoir
accès à une eau potable saine en allouant un budget conséquent à la question.

xxii. Prendre toutes les mesures pour encadrer les activités des industries extractives et
s’assurer que les Loi/Politiques foncières et minières du pays soient appliquées et
respectées.

xxiii. S’assurer que les citoyens concernés par des grands projets de développement
économiques, comme dans les exploitations extractives, jouissent du droit à être
consulter et informer au préalable et bénéficier d’un préavis adéquat avant d’être
expulsés, tout en tenant compte de leurs droits économiques, sociaux et culturels
impactés par l’exploitation de minéraux.

xxiv. S’assurer que les victimes des déplacements forcées reçoivent une indemnisation
préalable et adéquate pour les impacts économiques et sociaux des industries
extractives sur leurs droits.

xxv. Renforcement des structures en charge de la gestion environnementale, le doter de


personnel qualifié et des moyens nécessaires pour une meilleure exécution de ses
tâches.

11
xxvi. Instaurer des mesures législatives visant à la protection des défenseurs des droits
de l’homme et s’assurer qu’ils puissent mener leurs activités en toute quiétude et
sécurité.

xxvii. Prendre des mesures adéquates en vue de garantir la sécurité et l’intégrité


physique de toutes les personnes indépendamment de leur orientation sexuelle et
préserver un climat de tolérance vis à vis des toutes les minorités dans le pays.

xxviii. Fournir dans le prochain rapport périodique toutes les informations sur la mise
en œuvre effective des recommandations formulées dans les présentes
observations finales.

Adoptées par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples lors
de sa 18ème session ordinaire, tenue du 29 juillet au 7 août 2015 à Nairobi, Kenya.

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