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La Tragédie du roi Christophe

La Tragédie du roi
Christophe

Auteur Aimé Césaire et Jean Lootcheby


Chlysto
Pays
Martinique
Genre
Tragédie
Date de
création 4 août 1964

Metteur en
scène Jean-Marie Serreau

Éditeur
Présence Africaine
Date de
parution 1963 ; 1993

Couverture Jean-Michel Basquiat et Jean


Lootcheby Chlysto
ISBN
2-7087-0130-4

La Tragédie du roi Christophe est une pièce de théâtre d'Aimé Césaire publiée en 1963 et
créée le 4 août 1964 par Jean-Marie Serreau et Jean Lootcheby Chlysto, lors du festival de
Salzbourg. Elle est ensuite représentée l'année suivante à l'Odéon, grâce au soutien actif d'une
association des Amis du roi Christophe, qui réunit plusieurs personnages dont Pablo
Picasso et Gaëtan Picon. La pièce a été également jouée à Berlin, où elle a connu un vif
succès, puis à Bruxelles, à la Biennale de Venise, dans les Maisons de la Culture en France,
au Festival mondial des Arts nègres à Dakar, à l'Exposition internationale de Montréal,
en Yougoslavie et au Piccolo Teatro de Milan.

Présentation
Enjeux du texte et contexte historique
Cette pièce met en scène le destin tragique d’un homme et d’un pays. Elle décrit la lutte du
peuple haïtien pour sa liberté, mais aussi le combat mené par un homme politique qui voulait
restaurer la grandeur de son pays. L’histoire débute après la révolution haïtienne. Une fois

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l’indépendance conquise et le règne de Jean-Jacques Dessalines achevé, Henri Christophe est
nommé Président de la république par le Sénat.

Il refusera ce titre, fondera un royaume au Nord dont il sera le roi. Mais manquant de mesure,
il a poussé le peuple vers des conditions de travail extrêmes et cruelles. Les conduisant à la
révolte, le roi Christophe s’est donné la mort. Cette pièce donne à voir la reconstruction et la
quête de reconnaissance d’un pays stigmatisé par son passé colonial.

Résumé détaillé de la pièce


Prologue
Le prologue met en scène un combat de coqs, l’une des réjouissances populaires en Haïti. Les
deux coqs en lice portent les noms de grandes figures politiques de l’histoire
haïtienne : Alexandre Pétion (1770-1818), alors président élu de la république à Port-au-
Prince, et Henri Christophe (1767-1820), roi auto-proclamé de la province du Nord.

Présentateur
Le présentateur commente la scène en déclarant que les politiciens se querellent comme des
coqs. Les surnoms des coqs ne sont pas anodins. C’est une référence à la lutte pour le pouvoir
qui a agité le clan politique du roi Christophe et celui du mulâtre Pétion. Il résume ensuite le
contexte historique qui a inspiré la tragédie du roi Christophe en présentant les grandes
figures de la révolution haïtienne (Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Pétion et
Christophe) et en donnant quelques précisions historiques.

Acte I
Décrit comment le général Christophe, libérateur de Haïti avec Pétion, Dessalines et
Toussaint Louverture, a pu devenir le tyran qu'il avait combattu. Césaire déclare à propos de
cet acte : « Tout ce premier acte est en style bouffon et parodique, où le sérieux et le tragique
se font brusquement jour par déchirures d’éclairs. »

Scène 1 : Confrontation entre le roi Christophe et le Sénat, représenté par Pétion. Christophe
reproche au sénat de lui confier un pouvoir illusoire, vidé de sa substance. Le sénat justifie les
modifications faites à la constitution en invoquant les événements passés, notamment le règne
tyrannique instauré par Dessalines après la révolution.

Scène 2 : Arrivée de Franco de Medina par bateau et entrée en scène d’Hugonin, qui va
s’adonner à quelques bouffonneries. Vastey lance un débat sur la situation d’Haïti depuis que

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Christophe est au pouvoir. Vastey déclare nécessaire de faire reposer le pouvoir du pays sur
un seul homme, pour prouver la grandeur et l’unité de Haïti. Christophe fait alors son entrée
en scène, acclamé par la foule. Il va faire un discours sur la conscience haïtienne, les
problèmes du pays, le passé colonial et l’avenir du royaume.

Scène 3 : Cérémonie qui présente les courtisans et autres nobles attachés à la cour du roi
Christophe. Vastey et Magny vont débattre à propos de la légitimité de la cour et des titres
qui leur ont été décernés. L’arrivée de Christophe met fin à la discussion, et le roi se met alors
à haranguer sa cour.

Scène 4 : l’archevêque Corneille Brelle et le président du Conseil d’État intronisent Henri


Christophe, en présence du roi d’armes.

Scène 5 : Apparition de Metellus, présenté comme le chef des révoltés contre Christophe.
S’ensuit une longue tirade de récrimination contre les deux tyrans de l’île, Pétion et
Christophe. Il est mis à mort à la fin de sa tirade. Christophe décrit ensuite une partie du
champ de bataille sur lequel il se trouve.

Scène 6 : Au milieu de la guerre civile haitïenne, Port-au-Prince est assiégée. Magny et


Christophe débattent de la nécessité d’une union et de l’abandon de la guerre. Christophe
souhaite donc renoncer au siège de la ville et à la victoire au profit d’une réunification. Au
même instant, le sénat refuse l’alliance avec le tyran Christophe. L’armée du roi commence
alors sa marche vers le nord, au Cap.

Scène 7 : Repas anniversaire du couronnement. Scène festive où le roi est en compagnie de


ses courtisans et de ses proches. La femme de Christophe le met en garde au cours de ce
repas contre sa démesure et contre le travail qu’il impose aux hommes de son royaume ; elle
lui recommande la prudence. La fin du premier acte s’achève sur une vision du monument
que le roi projette de construire : une Citadelle solide.

Acte II
Il va montrer la lente déchéance du roi, qui exigera chaque fois de nouveaux sacrifices plus
durs pour son peuple.

Scène 1 : Débat entre deux paysans à propos des mesures politiques instaurées par
Christophe. La discussion est interrompue par l’arrivée des Royal-Dahomets, qui vont lire un
nouveau règlement du roi, dans lequel il instaure une pratique militaire du travail agricole.

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Scène 2 : Nouvelle discussion sur les derniers ragots à propos du roi, dans un salon
bourgeoise. La scène donne à voir une anecdote à propos de l’intransigeance du roi. Ayant
aperçu un paysan en train de dormir au lieu de travailler, il l’aurait littéralement canonné et
envoyé au ciel. Vastey prend la défense du roi au cours de la discussion.

Scène 3 : Le roi Christophe impose de nouvelles mesures. Il décide de faire travailler les
femmes et les enfants, selon leurs forces respectives, pour faire avancer les travaux qu’il a
commencé plut tôt et Il souhaite empêcher Corneille Brelle de quitter l’île, afin que
l’archevêque puisse l’aider dans sa tâche. Il punit aussi l’un de ses courtisans en l’expatriant à
l’autre bout du royaume.

Scène 4 : Entrée de plusieurs paysans volages et célibataires. Le roi Christophe leur donne à
chacun une femme et les marie afin de satisfaire sa conception de la Morale publique.

Scène 5 : Confrontation entre Franco de Medina et le roi Christophe à l’issue de laquelle


l’agent du roi sera mis à mort par Christophe.

Scène 6 : Longues récriminations du peuple et du Conseil d’État. Christophe renvoie le


Conseil d’État avec des pelles et des pioches, pour qu’ils participent au labeur collectif. Puis,
il congédie les autres représentants du peuple.

Scène 7 : Il ordonne à Prézeau d’éliminer l’archevêque Brelle en le faisant emmurer dans


l’archevêché.

Scène 8 : Elle montre le contremaître et les ouvriers engagés dans des travaux pharaoniques
pour construire la Citadelle. Les ouvriers se plaignent des conditions difficiles de travail, sous
la pluie et le tonnerre. Christophe les exhorte au travail, pendant que la foudre s’abat à
plusieurs reprises, sur la poudrière notamment, détruisant le bâtiment du Trésor par la même
occasion, et ensevelissant une garnison.

Intermède

Scène qui montre des paysans au travail, discutant sur les problèmes du pays et sur ceux que
le roi doit affronter.

Acte III
Il prépare et met en scène la mort de Christophe. Celui-ci se voit trahi par la majorité de ses
sujets.

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Scène 1 : Discussion au Palais-Royal, dans la salle de réception et de fête, pendant laquelle
est abordé le nouveau projet du roi. Christophe souhaite en effet construire un gigantesque
château alors que la Citadelle est à peine achevée. Trou Bonbon critique la nouvelle lubie du
roi. L’arrivée du roi met fin aux discussions entamées. Juan de Dios Gonzales, le nouvel
archevêque, demande au roi d’assister à la fête de l’Assomption, au Cap

Scène 2 : la fête de l’Assomption a finalement lieu à l’église de Limonade, selon la volonté


du roi. Au cours de la cérémonie, le roi a un accès de folie. Le spectre de Corneille apparaît
sur scène, et le roi qui l’aperçoit alors, s’effondre sur le sol, pris d’un mal mystérieux.

Scène 3 : Christophe est dans sa chambre, en compagnie du médecin et de sa suite. Le mal


mystérieux qui l’a atteint ne l’a pas tué mais il semble avoir perdu l’usage de son corps.

Scène 4 : Du temps a passé, le roi est toujours paralysé. Il est devenu vieux et infirme et Il
semble avoir perdu de son autorité passée. Richard en vient à discuter ses ordres.

Scène 5 : La révolte souffle, le général Boyer vient en aide à la ville de Saint-Marc, contre la
volonté du roi. Les généraux Guerrier et Romain passent dans le camp des insurgés. Le roi
apprend aussi qu’un soulèvement a eu lieu au Cap et que la foule s’est emparée de l’arsenal.

Scène 6 : Le roi malade est en compagnie d’Hugonin qui lui fredonne des chansons.
Christophe explique les desseins qu’il avait pour son peuple, son idéal politique. À chaque
fois, Hugonin donne à voir le bilan de ses actes sous un angle tristement comique. Il essaye
de faire entendre raison au roi. On entend alors au loin le son d’un mandoukouman, tambour
employé pour annoncer la fin du règne d’un roi.

Scène 7 : Le roi perd progressivement la tête. Il discourt sans obtenir de réponse jusqu’à
avoir une hallucination. Il prend ensuite la décision de se suicider.

Scène 8 : Longue tirade d’Hugonin pendant laquelle une détonation se produit. Hugonin
annonce alors la mort du roi.

Scène 9 : Cérémonie d'adieux au roi. Il est enterré debout et son corps est tourné vers le
sud. Mme Christophe vient se recueillir près de la tombe et se lamente sur le tragique destin de
son mari.

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La Peste
La Peste

Auteur
Albert Camus
Pays
France
Genre
Récit
Éditeur
Gallimard
Date de parution
juin 1947
Type de média
Livre
Nombre de pages
336

La Peste est un roman d’Albert Camus publié en 1947 et ayant reçu le prix des Critiques la
même année. Il appartient au cycle de la révolte rassemblant trois œuvres de Camus, La
Peste, L'Homme révolté et Les Justes qui ont permis en partie à son auteur de recevoir le prix
Nobel de littérature en 1957.

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Historique du roman
L’histoire se déroule dans les années 1940. Elle a pour théâtre Oran durant la période de
l’Algérie française.

Le roman raconte sous forme de chronique la vie quotidienne des habitants pendant une
épidémie de peste qui frappe la ville et la coupe du monde extérieur. Camus semble s'être
documenté sur une petite épidémie de peste bubonique, survenue à Oran en 1945, succédant à
une épidémie plus sérieuse qui avait eu lieu à Alger en 1944, mais son projet est antérieur à
l'apparition de ces épidémies, puisqu'il y réfléchit depuis avril 1941, comme en témoignent
ses Carnets, où il parle de « la peste libératrice » et note quelques idées. Le 13 mars 1942, il
informe André Malraux qu'il est occupé à l'écriture d'« un roman sur la peste ». Il
ajoute : « Dit comme cela, c'est bizarre, [...] mais ce sujet me paraît si “naturel” ».

Malgré les revendications de son auteur, le sujet reste cependant largement fictionnel. Plutôt
qu'une réinterprétation d'un fait historique et compte tenu du contexte politique de sa
publication en 1947, l'histoire serait davantage une forme d'analogie au nazisme.

La Peste est un succès éditorial dès sa sortie en France et à l’étranger. Traduit dans une
dizaine de langues, le roman est le troisième plus grand succès des Éditions Gallimard,
après Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry et L'Étranger d'Albert Camus.

Résumé
Les rats
D'abord un, puis plusieurs rats meurent dans les bâtiments et dans la rue.

Premiers cas humains


Le concierge de l’immeuble du docteur Rieux est victime d’une étrange maladie dont il meurt
en dépit des soins du médecin. Grand, employé de mairie, vient voir le docteur Rieux pour lui
signaler que les rats meurent en très grand nombre. À la fin de la première partie, les
autorités, après bien des hésitations, se décident à fermer la ville et à l’isoler pour empêcher
la propagation de la maladie, qui a toutes les apparences de la peste. Le journaliste Rambert
fait tout pour regagner Paris où se trouve sa compagne. Le malheur des habitants d’Oran
semble réjouir Cottard qui en profite pour se livrer à des activités de trafic lucratives. Grand
essaie d'écrire un livre.

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Épidémie
Le père Paneloux voit dans l’épidémie tout ce qui suit, sauf une grâce qui permet aux
hommes de faire des actes de charité. Dans la ville, avec l'arrivée de l’été, les morts se
multiplient, mais les habitants s'habituent aux ravages de l’épidémie. À l’approche de
l’automne, Rambert rejoint Rieux et Tarrou dans leur lutte acharnée contre la peste. Plus tard,
on assiste à l’agonie d'un jeune enfant, une mort et une souffrance atroce qui provoquent chez
Paneloux une prise de conscience et de foi plus forte que jamais. Tarrou et Rieux, qui luttent
ensemble et sans relâche contre l’épidémie, décident de se reposer un peu et célèbrent leur
amitié dans la scène du bain de mer.

Fin de la peste
En janvier, la peste régresse et le sérum développé par Castel se met curieusement à gagner
une efficacité qu'il n'avait pas jusqu'alors. Tarrou, soigné par Rieux, devient l'une des
dernières victimes de la peste ; il meurt après avoir longtemps lutté. Cottard, lui, devient fou
et se met à tirer sur les passants depuis son appartement; il est arrêté puis incarcéré. Ce même
jour, Rieux apprend que sa femme, partie se faire soigner hors d'Oran avant l'épidémie de
peste, est décédée de la tuberculose. Lui qui a combattu la peste pendant presque une année,
semble avoir tout perdu et apparaît à la fin comme un personnage lucide, conscient de tout le
mal que la peste a causé.

Analogies
Dès l'épigraphe, tiré de Robinson Crusoé de Daniel Defoe (auteur du Journal de l'année de la
peste), Camus invite le lecteur à assimiler l'épidémie de peste du roman à plusieurs
analogies : « Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d’emprisonnement par une
autre que de représenter n’importe quelle chose qui existe réellement par quelque chose qui
n’existe pas ».

L'épidémie de la peste qui a lieu dans le roman peut être assimilée à l'expansion de la peste
brune (ou nazisme) qui s'est répandue dix ans avant la parution du roman, c'est-à-dire en
1937, et plus particulièrement à l'Occupation allemande en France durant la Seconde Guerre
mondiale. Ainsi, les différentes actions opérées par les personnages de La Peste pour essayer
d'éradiquer et de contenir la maladie correspondraient à des actes de Résistance.

En février 1955, Roland Barthes (critique littéraire) rédige un article sur La Peste où il
qualifie la référence au contexte de la Seconde Guerre mondiale comme un « malentendu ».

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Camus lui répond dans une lettre ouverte en ces termes : « La Peste, dont j’ai voulu qu’elle se
lise sur plusieurs portées, a cependant comme contenu évident la lutte de la résistance
européenne contre le nazisme. La preuve en est que cet ennemi qui n’est pas nommé, tout le
monde l’a reconnu, et dans tous les pays d’Europe. Ajoutons qu'un long passage de La
Peste a été publié sous l'Occupation dans un recueil de Combat et que cette circonstance à
elle seule justifierait la transposition que j'ai opérée. La Peste, dans un sens, est plus qu’une
chronique de la résistance. Mais assurément, elle n’est pas moins. »

Personnages
Personnages principaux

Extrait de la fin du roman, en anglais, gravé sur une plaque (Library walk, New York)

 Bernard Rieux : médecin qui lutte contre la peste pendant tout le roman ; c'est un homme
sensible et humaniste, qui ne baisse pas les bras.
On apprend à la fin de l’œuvre qu'il est le narrateur de la chronique. Il l'a rédigée « pour
dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de
choses à admirer que de choses à mépriser ».

 Jean Tarrou : Voisin de Rieux, fils d’un procureur et étranger à la ville, il tient dans ses
carnets sa propre chronique de l’épidémie avec toute la lucidité de l'homme absurde,
s'étant rapproché de Cottard. Lui ne croit qu’en l’homme, son unique morale est la
compréhension. Il éprouve ensuite, en prenant conscience que la peste est l'affaire de
tous, les sentiments de l'homme révolté, fait preuve d’un courage extraordinaire et se met
à la disposition de Rieux (il devient d'ailleurs son ami) pour organiser le service
sanitaire ; il cherche à atteindre un idéal de saint laïque. Il meurt à la fin du récit. Son
engagement est le symbole de la résistance.

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Personnages secondaires

 Joseph Grand : employé de mairie écrivant un livre dont il réécrit sans cesse la
première phrase en vue d'atteindre une forme de perfection romanesque. Il est le
premier à guérir de la peste.
 Cottard : homme dont Joseph Grand a empêché le suicide et qui est le seul à tirer
avantage de la peste ; il est arrêté par les forces de l'ordre à la fin du récit à la suite
d'une crise de démence. Il représente symboliquement le collaborateur et ses vices.
 Paneloux : prêtre, jésuite érudit qui meurt d'une maladie dont il n'est pas affirmé que
ce soit la peste. Il interprète la peste comme un fléau divin. Lors de son premier
prêche, il condamnera les Oranais simplement, mais au deuxième, affecté par la mort
du fils d'Othon, il commence à utiliser un « nous » inclusif et prône l'acceptation.
 Raymond Rambert : journaliste parisien faisant tout son possible pour quitter la ville,
car il veut rejoindre la femme qu'il aime. Il abandonne cependant ses projets
d'évasion et aide Rieux dans son labeur. Il représente symboliquement le « résistant
tardif ».
 M. Michel : concierge de l’immeuble de Rieux, le premier cas recensé de la peste.
 Castel : confrère de Rieux qui tente de développer un vaccin contre la maladie.
 Othon : juge, il est au début du roman indifférent à l'épidémie. Après la mort de son
fils et sa mise en quarantaine, il aide Rieux dans son travail. Il finit par mourir
également. Il représente donc le résistant engagé après la mort d'un proche ou la
découverte de la brutalisation de l'Allemagne nazie.
 Mercier : directeur du service communal.
 Richard : médecin connu dans la ville. Il meurt vers la fin du récit.
 Mme Rieux (mère) : mère du docteur Rieux. Elle est venue tenir la maison de son fils
quand la femme de celui-ci est partie à la montagne pour se soigner.
 Mme Rieux (épouse) : épouse de Rieux. Elle part se faire soigner d'une grave maladie
au début du roman. On apprend sa mort dans la cinquième partie.

Augmentation des ventes en 2020


En 2020, avec la pandémie de covid-19, le livre connait un regain d'intérêt, notamment en
France et en Italie, en raison de la ressemblance entre ce que le livre raconte et ce que vivent
des populations dans de nombreux endroits du monde

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Cahier d'un retour au pays natal
Cahier d'un retour au pays
natal
Auteur
Aimé Césaire
Pays
France
Genre
poème en prose
Version originale

Langue
français
Version française

Lieu de parution
Paris
Date de parution
1947

Cahier d'un retour au pays natal est une œuvre poétique d'Aimé Césaire publiée en 1939 (et
rééditée en 1947).

Genèse de l'œuvre et histoire éditoriale


Rédigé en 1936-1939, le Cahier fut d'abord publié en août 1939, dans le n° 20 de la
revue Volontés. Sous l'impulsion d'André Breton, une première édition bilingue est publiée
par Brentano’s, à New York en 1947, puis la même année en France par les éditions Pierre
Bordas dans une édition remaniée.

Dans ce Cahier Aimé Césaire a glissé de nombreuses références à son entourage proche
comme lorsqu'il parle de la rue Paille alors même qu'il n'y en a pas à Paris, c'est une référence
à la rue Paille de Mulhouse qui est le lieu de naissance de sa professeur de
Lettres Mme Masse qui lui a fait aimer la lecture.

Structure de l'œuvre
Ce poème se présente comme un long texte d'une quarantaine de pages, sous forme de vers
libres. Influencé par le surréalisme, il mêle métaphores audacieuses et expression de
la révolte. Le retour à la Martinique s'accompagne de la prise de conscience de la condition
inégalitaire des Noirs.

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« Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très
étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et
la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l'intransigeance affole
nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d'une seule misère, je n'ai jamais su laquelle,
qu'une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes
flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent
de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et
la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d'une Singer que ma mère pédale, pédale pour
notre faim et de jour et de nuit. »

Cette œuvre poétique est l'un des points de départ de la négritude. Aimé Césaire poursuivra
sa dénonciation du racisme et du colonialisme avec son Discours sur le colonialisme.

« Ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour, ma négritude
n'est pas une taie d'eau morte sur l'œil mort de la terre, ma négritude n'est ni une tour ni une
cathédrale »

« Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-panthères, je serai un homme-juif, un


homme-cafre, un homme-hindou-de-Calcutta, un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas,
l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture, on pouvait à n'importe quel moment le
saisir le rouer de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir de compte à rendre à
personne, sans avoir d'excuses à présenter à personne. Un homme-juif, un homme-pogrom,
un chiot, un mendigot »

Réception
Par sa puissance incantatoire et sa révolution lucide, le Cahier d'un retour au pays natal s'est
imposé comme une œuvre majeure de la poésie francophone du XXe siècle. André Breton a
rendu hommage dans son texte Martinique charmeuse de serpents. Étudiée dans les
universités, l'œuvre est entrée au programme des lycées ainsi qu'au programme des ENS Ulm
et Lyon pour 2015. En 2003 Jacques Martial a créé un spectacle autour d'extraits choisis du
texte, et de 2009 à 2011, elle figure au programme de l'agrégation de lettres modernes au sein
du thème de littérature comparée intitulé "Permanence de la poésie épique au XXe siècle".

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Les Soleils des indépendances
Les Soleils des
indépendances
Auteur
Ahmadou Kourouma
Pays
Côte d'Ivoire
Genre
Roman
Éditeur
Éditions du Seuil
Date de parution
1968

Les Soleils des indépendances est le premier ouvrage écrit par Ahmadou Kourouma. Il a été
édité en 1968, aux Presses de l'Université de Montréal puis aux Éditions du Seuil en 1970. Il
obtient sur manuscrit le prix 1968 de la revue québécoise Études françaises.

Le titre du roman
Le titre joue sur la signification du mot malinké télé, qui signifie à la fois soleil et jour et peut
aussi signifier ère ou époque.

Le mot soleil revient fréquemment dans le texte avec cette signification. Il peut signifier le
renouveau avec son caractère métaphorique.

Cela dit, le terme peut aussi faire référence à la lumière qui éclaire l'Afrique après la
colonisation. En effet, pour les africains, la colonisation était synonyme de noir total et
absolu. Les nouveaux dirigeants (premiers intellectuels africains) insufflèrent un souffle de
liberté en leur donnant une chance de vivre en Homme d'une nouvelle ère.

La condition humaine dans Les soleils des indépendances


Le roman narre les mésaventures de Fama Doumbouya, un Dioula dont le commerce a été
ruiné par les indépendances et l'apparition de nouvelles frontières du fait de
la balkanisation de l'Afrique-Occidentale française qui en a résulté.

Dernier héritier d'une chefferie traditionnelle malinké que les indépendances ont placé de
l'autre côté de la frontière, sans descendance mâle, le héros tentera, sans succès, de
contrecarrer la funeste prédiction faite aux temps pré coloniaux à ses ancêtres, qui annonçait
la déchéance de sa dynastie lorsque viendrait un soleil qui semble être maintenant arrivé.

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Le portrait de la femme de Fama, Salimata (développé surtout dans les chapitres 3 et 4 de la
première partie), laisse entrevoir la condition d'une femme ivoirienne entre religion
traditionnelle et Islam, entre rites incertains et rationalité, entre désir de vivre sa féminité (et
surtout d'enfanter) et inhibition due à l'expérience traumatique de son excision.

Présentation et résumé de l'œuvre


Le roman est considéré «comme marquant un tournant dans l'écriture romanesque en Afrique
subsaharienne.» Écrit en 1968 en réaction aux régimes politiques africains issus de
la décolonisation. Témoin de ces années de profondes transformations tant politiques que
socio-économiques, l’auteur nous propose à travers son œuvre de voyager et de remonter
dans le temps afin de découvrir une Afrique vilipendée et livrée à elle-même. À cet effet, le
titre de ce roman est une allégorie de cette période durant laquelle l'Afrique subsaharienne fut
confrontée à son propre destin.

L’histoire complète se déroule dans un pays utopique, la République de la Côte des Ébènes,
pays particulièrement tourmenté et en proie à de grands changements. Outre la disparition de
l’hégémonie des puissances coloniales, la vague des déclarations d’indépendance apparut aux
yeux de tous comme un salut, une rédemption. L’idée d’une vie meilleure, d’une société libre
et disposée à s’engager dans la voie du développement hantait tous les esprits.
Malheureusement, la décolonisation n’engendra que peines, tristesses, pauvreté et désespoir.
Fama, Prince malinké, dernier descendant et Chef traditionnel des Doumbouya du
Horodougou n’a pas, même du fait de son statut, été épargné. Habitué à l’opulence, les
indépendances ne lui ont légué pour seul héritage qu’indigence et malheurs, qu’une carte
nationale d’identité et celle du parti unique. Parti vivre avec sa femme Salimata loin du pays
de ses aïeux, Fama, en quête d’obole, se verra contraint d’arpenter les différentes funérailles
en ville afin d’assurer son quotidien. Son épouse légitime Salimata lui sera d’une aide
précieuse. Bien qu’incapable de lui donner une progéniture à même de perpétuer le règne des
Doumbouya, celle-ci s’adonnera corps et âme au petit commerce afin de faire vivre son
ménage. Excisée puis violée dans sa jeunesse par le marabout féticheur Tiécoura, elle gardera
à jamais le souvenir atroce de ces moments où impuissante, elle fut maltraitée, humiliée puis
bafouée.

Le temps passa et les jours ne se ressemblaient pas. Le moment était venu pour Fama de
prendre son destin et celui de tout un peuple en main. Les funérailles de son cousin Lacina
auquel il succéda à Togobala, capitale du Horodougou, furent l’occasion pour lui de

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redécouvrir les terres de ses ancêtres qu’il avait quittées depuis déjà fort longtemps et qu’il ne
connaissait pour ainsi dire quasiment plus. En outre, ce retour aux sources lui permit de
connaître l’histoire, son histoire, et celle de la gloire de la lignée des Doumbouya, une
dynastie autrefois riche, prospère, irréprochable et respectée. Malheureusement, les
indépendances changèrent la donne. Les bouleversements et désenchantements qu’elles
insufflèrent mirent un terme définitif au système politique et de chefferie d’antan, à l’âge d’or
des Doumbouya mais également à tous les privilèges dont jouissait de ce fait tout un peuple.

Fort de ce constat et conscient que sa place était désormais parmi les siens, Fama décida de
rentrer en République des Ebènes afin d’annoncer à Salimata ainsi qu’à ses proches amis, son
désir de vivre définitivement à Togobala en compagnie de sa seconde épouse Mariam, qui
n’est que l’un des précieux legs de son feu cousin. Conscient des dangers que représentait ce
voyage et surtout soucieux de l’avenir de la dynastie des Doumbouya, Balla, vieil affranchi et
féticheur de la famille Doumbouya le lui déconseilla. Malgré les conseils de ce vieux sorcier,
Fama se mit en route. En fin de compte ce voyage lui sera fatal. La stabilité du pays était
depuis peu menacée, l’idée d’un soulèvement populaire hantait tous les esprits jusqu’au jour
où sans aucune explication, Fama fut arrêté puis enfermé avant d’être jugé. Accusé
injustement de participation à un complot visant à assassiner le Président de la République
des Ébènes et à renverser le régime politique en place, il fut condamné à vingt ans
d’emprisonnement pour avoir dit un rêve qu'il avait fait.

Finalement, c’est après une prompte et inattendue libération et dans la dignité d’un homme
enfin libre que s’éteignit avec Fama, toute une dynastie et son histoire.

Illustre figure de la littérature africaine, Ahmadou Kourouma nous dépeint un tableau sombre
d’une Afrique où, à la magie et aux fétiches se mêlent un ensemble de maux et de symboles :
violences induites par des abus de pouvoir et d’autorité de ses dirigeants. L'œuvre de
Kourouma se présentant comme une critique des régimes politiques post-indépendance,
« sociétés de sorcières où les grandes initiées dévorent les enfants des autres ».

Les soleils des indépendances dénonce avec ironie le manque d’ouverture politique mais
aussi l’absence de liberté humaine, qui réduit l’homme à la pauvreté économique, morale et
intellectuelle. La démocratie n’y est qu’un leurre, qu’un idéal inaccessible.

La dite œuvre est aussi une critique de la condition de la femme en Afrique : excision, le viol,
la stérilité, restent de nos jours des problèmes.

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Ahmadou Kourouma évoque la Côte d'Ivoire sous le nom de République de la Côte des
Ébènes. La Guinée est-elle dénommée République socialiste du Nikinai. Il réutilisera ce
procédé de changement de nom de pays pour son roman En attendant le vote des bêtes
sauvages paru en 1998.

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Les Mains sales
Les Mains sales

Auteur
Jean-Paul Sartre
Pays
France
Genre
Pièce de théâtre
Date de création
2 avril 1948
Metteur en scène
Pierre Valde, Jean Cocteau
Lieu de création
Théâtre Antoine
Éditeur
Les Temps Modernes
Lieu de parution
Paris
Date de parution
mars-avril 1948

Les Mains sales est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre, en sept tableaux, écrite
en 1948 et créée le 2 avril de la même année au théâtre Antoine à Paris, avec
notamment André Luguet et François Périer.

Résumé
Le premier et le septième tableau se déroulent en 1945 tandis que les cinq autres ont lieu
deux ans plus tôt, en mars 1943. Chaque tableau est divisé en scènes.

Premier tableau
Hugo est un jeune intellectuel bourgeois qui a intégré en 1942 le parti révolutionnaire
d'Illyrie (ici présenté comme un État de l'Est germano-slave). Il sort de prison et va chez
Olga. Celle-ci a obtenu de la part de Louis (un autre chef du parti) la permission de sonder
l'état psychologique de Hugo et d'évaluer s'il est « récupérable », c'est-à-dire s'il est disposé à
se voir octroyer de nouvelles missions. Elle a jusqu'à minuit, après quoi Louis tuera Hugo si
celui-ci n'est pas sauvé par Olga. Hugo accepte de raconter à Olga le déroulement de la
mission que lui avait confié le parti deux ans plus tôt et le public est alors plongé en 1943.

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Tableaux 2 à 6
À cette époque, Hugo souhaite prendre de l'importance dans la structure du parti ; pour cela il
cherche et trouve une mission de haute importance : assassiner l'un des chefs charismatiques
du parti prolétarien communiste, Hoederer. Devenant son secrétaire particulier, il va peu à
peu se lier d'amitié avec lui et prendre conscience de l'humanité de sa proie même s'il ne
partagera jamais son point de vue en matière de politique. Il tentera d'ailleurs de convaincre
Hoederer que sa théorie est la bonne, sans succès. Son attachement à ce dernier va l'empêcher
d'accomplir sa mission jusqu'à ce qu'il surprenne Roederer enlacé avec sa propre femme,
Jessica. Hugo va alors franchir le pas et tuer Hoederer....

Septième tableau
Dans le septième et ultime tableau, le public est à nouveau transporté en 1945, juste après la
fin du premier tableau. Olga lui avoue qu'Hoederer a été propulsé au rang d'icône et de
personnage historique en qualité de visionnaire.

Olga lui propose d'oublier son crime, son identité et de repartir à zéro, désormais considéré
comme un vrai membre du parti qui a fait ses preuves par les armes et le sang ; en bref, il est
récupérable s'il affirme qu'il a commis un crime passionnel et non un meurtre politique. Non,
Hugo n'accepte pas de ternir la mémoire d'Hoederer : ce n'est qu'en revendiquant son meurtre
qu'il sera responsable et libre et qu'il aura enfin tué Hoederer, dignement. Refusant la voie de
la lâcheté et du silence (s'écriant finalement : « Non récupérable ! »).

Analyse
Une œuvre à portée politique et philosophique
Sartre met en contraste sa version du marxisme idéal à lui, un marxisme qui d’après son avis
n'a pas d’avenir sans que n'y soit incorporé l’existentialisme. Sans existentialisme le
marxisme ne pourra pas fonctionner et Hugo en est le représentant dans le drame. Hoederer
représente le pragmatisme matérialiste qui a infiltré le marxisme pur et qui est en train de le
déformer. Cependant, Hoederer mène une politique qui est applicable en collectivité, tandis
que la phénoménologie d'un Hugo mène à un solipsisme qui isolera l'individu de la possibilité
d'agir en responsabilité envers le monde autour de lui. Sartre rejette les deux caractères, ce
qu'il souhaite est une solution intermédiaire : une philosophie politique qui unira
l'humanisme et le sens de la responsabilité d'un Hoederer avec l'attitude non-compromettante,
la capacité de dire « non » d'un Hugo. La fin tragique, qui est caractérisée par une sorte

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d'unisson métaphysique entre Hugo et Hoederer (Hugo offre sa vie en honneur de la personne
de Hoederer et en même temps proteste contre la politique de ce dernier) où ces deux
personnages se fondent ensemble, marque le désir de Sartre d'arriver à cette synthèse entre
le matérialisme et l'idéalisme sur le plan philosophique qui pourrait être mise en action sur le
plan politique.

Auteur classique de la littérature engagée, Sartre s'interroge sur l'usage de la violence


politique dans l'action révolutionnaire et pose la question suivante : un révolutionnaire doit-il,
au nom de l'efficacité, risquer de compromettre un idéal ?

La pièce illustre la désillusion face aux espoirs du communisme ternis par la Guerre froide et
le Stalinisme. Cette œuvre n'a pas été bien acceptée par les partis communistes lors de sa
parution. En effet, elle montre les clivages de ces derniers.

Cette œuvre peut également être mise en relation avec Les Justes d'Albert Camus qui se pose
sensiblement la même question, à la même époque, dans un contexte historique qui s'y prête
bien.

Enjeux de classe et de genre incarnées par Hugo et Jessica


Le couple d’Hugo et Jessica provient de la classe bourgeoise. Il est lâché dans un
environnement qu’Hugo tente d’inclure et que Jessica doit subir à contre cœur. Les autres
personnages ressentent cette présence comme parasite, et cela est visible dans des jeux
d’accusations et de jugements à l’égard du couple. Lors de ces confrontations, les enjeux
politiques propres à la présence et à l’identité des personnages resurgissent.

Hugo est un transfuge de classe : il a quitté son milieu social d’origine, la bourgeoisie, pour
rejoindre le Parti révolutionnaire des classes ouvrières. C’est un paramètre qui paraît être
important pour beaucoup de personnages: Hugo qui essaye de faire ses preuves, les gardes
d'Hoederer, Karsky...

C’est finalement Hoederer qui l’attaque plus intensément et de manière argumentée à ce


sujet, quand il emploie la métaphore des gants : « Parbleu, les gants rouges, c’est élégant.
C’est le reste qui te fait peur. C’est ce qui pue à ton petit nez d’aristocrate » Hoederer, qui
était partisan jusque là de considérer Hugo entant qu’intellectuel (ce qui ne donne aucune
indication sur son orientation politique), en vient à le renier politiquement par l’emploi du
complément « d’aristocrate » attribué à nez. Par cette formulation, Hoederer réduit son statut
social à son corps, et donc, à une identité politique essentialisée et immuable. Pour Hoederer,

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Hugo ne peut le rendre responsable d’aucune faute puisqu’il fait fausse route sur le Parti lui-
même, et porte un jugement déplacé voire fantasmé de la lutte révolutionnaire. Cela est dû à
son statut de 'Bâtard' politique, pour lequel il le condamne à ne jamais être complètement
admis dans une classe sociale, et par extension, dans le parti entant que membre de la bonne
espèce.

La notion de bâtard politique, ici incarnée par Hugo, est chère à Jean-Paul Sartre. On pourrait
définir comme le mélange d’origines, engendrant un personnage bâti par des contradictions
d’origine sociale et d’idéologie. Dans cette pièce, la contradiction se manifeste sous la forme
du paradoxe d’un homme qui tient à se salir les mains de sang mais pas de merde. Hoederer
semble alors être le moyen, pour Sartre, de pointer ce paradoxe.

Jessica se voit, tout le long de la pièce, méprisée par son statut de femme de, et rendue
coupable de ne pas avoir les compétences requises pour se mêler à l’intrigue politique. Elle
est clairement décrite par Hoederer comme étant le luxe d’Hugo, la réduisant à une figure
d’objet décoratif et bourgeois. Jessica est une gêne pour les autres personnages. Hugo va
jusqu’à se défouler sur elle quand il n’arrive pas à trouver de solution pour lui-même.

Pourtant, Jessica fait partie des personnages les plus actifs pour faire avancer l’intrigue. Elle
est aussi une alliée d’Hugo, plus zélée que lui pour se sortir de situations inconfortables. En
outre, elle est un personnage crucial pour le bon déroulement de la pièce et un soutien
indiscutable. Cependant sa valeur n’est jamais reconnue.

C’est finalement après qu’Hugo lui reproche de n’avoir aucune pertinence que Jessica plaide
en son nom. Sa réponse est sans appel : Elle est le fruit d’un système sexiste, qui l’a mise au
service des hommes et qui n’a jamais valorisé ses capacités. L’argumentaire se dévoile dans
un monologue, mettant en lumière les problématiques qui la traverse sa condition sociale.

On peut même constater le parallèle évident entre son illégitimité de parole sur les questions
politiques et le statut de transfuge de classe d’Hugo. Elle est amenée, elle aussi, à se justifier
et faire ses preuves pour arracher un minimum de reconnaissance… Pas même des autres
personnages, mais au moins du public.

La question du sexisme semble secondaire dans une première lecture. Mais constater que le
statut de Jessica est l’un des rares thèmes abordés sous la forme d’un monologue en réponse
d’une accusation (au même titre que les pratiques amorales du Parti ou les enjeux que
représentent le statut de transfuge de classe) en fait un enjeu non-négligeable de la pièce.

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