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V21PY9 cours 1 Marie Blaise

Révolution

En considérant la révolution française dès son origine, et au moment où a commencé son


explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du
jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur
fait prononcer ; où toutes les puissances de la terre […] sont ébranlées et où les justes et les
méchants reçoivent en un instant leur récompense. […] N’avons-nous pas vu, lorsqu’elle a
éclaté […] les opprimés reprendre comme par un pouvoir surnaturel, tous les droits que
l’injustice avaient usurpés sur eux1 ?
Louis-Claude de Saint-Martin, Lettre à un ami ou considérations politiques, philosophiques et
religieuses sur la Révolution française, Paris, J.B. Louvet et Migneret, an III (1795

Quoique la révolution qui s’opère dans l’état social, les lois, les idées, les sentiments des
hommes soit encore bien loin d’être terminée, déjà on ne saurait comparer ses œuvres avec
rien de ce qui s’est vu précédemment dans le monde. Je remonte de siècle en siècle jusqu’à
l’Antiquité la plus reculée : je n’aperçois rien qui ressemble à ce qui est sous mes yeux. Le
passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres.
Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, II, 1840

Apocalypses rétrogrades

Qu'on se demande pourquoi on trouve tant de dépouilles d'animaux inconnus, tandis qu'on
n'en trouve presque aucune dont on puisse dire qu'elle appartienne aux espèces que nous
connoissons, et l'on verra bien combien il est probable qu'elles ont appartenu à des êtres d'un
monde antérieur au nôtre, à des êtres détruits par quelques révolutions de ce globe ; êtres
dont ceux qui existent aujourd'hui ont rempli la place, pour se voir peut-être un jour
également détruits et remplacés par d'autres.
Cuvier, Mémoire sur les espèces d'Elephans vivans et fossiles, Mémoire de l’Institut National
des Sciences et des Arts, an 7 (1799), t. 2, p. 21

En découvrant de tranche en tranche, de couche en couche, sous les carrières de Montmartre


ou dans les schistes de l’Oural, ces animaux dont les dépouilles fossilisées appartiennent à des
civilisations antédiluviennes, l’âme est effrayée d’entrevoir des milliards d’années, des
millions de peuples que la faible mémoire humaine, que l’indestructible tradition divine ont
oubliés et dont la cendre, poussée à la surface de notre globe, y forme les deux pieds de terre
qui nous donnent du pain et des fleurs. […] Cuvier n’est-il pas le plus grand poète de notre
siècle ? Échauffés par son regard rétrospectif, [l]es hommes chétifs, nés d’hier, peuvent
franchir le chaos, entonner un hymne sans fin et se configurer le passé de l’univers dans une
sorte d’Apocalypse rétrograde. En présence de cette épouvantable résurrection due à la voix

1
Louis-Claude de Saint-Martin, Lettre à un ami ou considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la
Révolution française, Paris, J.B. Louvet et Migneret, an III (1795), p. 12. Cité dans Nicole Jacques Lefèvre,
« Interprétations eschatologiques de la Révolution française », dans Révolutions du moderne, ed. Paris-
Méditerranée, 2004, p. 271-281)
d’un seul homme, la miette dont l’usufruit nous est concédé dans cet infini sans nom, commun
à toutes les sphères et que nous avons nommé le temps, cette minute de vie nous fait pitié.
Nous nous demandons, écrasés que nous sommes sous tant d’univers en ruines, à quoi bon
nos gloires, nos haines, nos amours ; et si, pour devenir un point intangible dans l’avenir, la
peine de vivre doit s’accepter ? Déracinés du présent, nous sommes morts jusqu’à ce que
notre valet de chambre entre et vienne nous dire : Madame la comtesse a répondu qu’elle
attendait monsieur.
Balzac, La Peau de chagrin. [1831]

Mathieu 24 :29 : « Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne
donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront
ébranlées »
Apocalypse 6 :12 : « Je regardai, quand il ouvrit le sixième sceau ; et il y eut un grand
tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme
du sang »
Apocalypse 8 :12 : « « Le quatrième ange sonna de la trompette. Et le tiers du soleil fut frappé,
et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le tiers en fût obscurci, et que le jour perdît
un tiers de sa clarté, et la nuit de même. »

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