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ROME, ITALY
Vidimus et approbamus:
François Rossier, S.M., STD – Director
Bertrand A. Buby S.M., STD – Examinator
Celia Chua, M.I.C., STD – Examinator
Johann G. Roten S.M., Ph.D., STD – Examinator
2. REMERCIEMENTS
Je voudrais exprimer ma profonde reconnaissance à l’égard de tous
ceux qui ont rendu possible la réalisation de cette thèse et qui ont
offert leur soutien durant ces quatre années d’étude.
Toute ma gratitude va d’abord au R. P. François ROSSIER, qui a
accepté de me diriger dans mes recherches. Sa disponibilité, son
sens de l’efficacité et la clarté de ses conseils qui m’ont
accompagné tout au long de ce travail, son érudition et, aussi, son
accueil fraternel m’ont été d’un secours et d’un réconfort des plus
précieux.
Ma reconnaissance va aussi à mes confrères de la Société de Marie
(Marianistes), du District de Côte d’Ivoire et des Provinces de
France et des Etats-Unis, spécialement à la Province des Etats-Unis
qui m’a apporté son aide au financement de ma thèse et à
réalisation de cette recherche. Je n’oublie pas la communauté
Stonemill-Kiefaber à Dayton, pour l’appui et tout le dispositif
matériel qu’ils m’ont prodigués. Qu’ils en soient remerciés.
Qu’il me soit permis de remercier aussi tous ceux qui, d’une
manière ou d’une autre, m’ont apporté leur aide ou leur soutien,
soit par des prières et amitiés, soit en acceptant le travail ingrat de
relecture des épreuves de cette recherche. Je pense ici, en
particulier, au P. Johann Roten, au P. Leo Pauels, à M. Emieme
Jean-Baptiste, à Mme Krou Stéphanie, à Mme Adiko Adeline et à
Mme Mankambou Yacé Edith.
Je tiens à exprimer de chaleureux remerciements à tous mes
parents, plus particulièrement à ma mère Aka AZERE Germaine.
Qu’elle soit la première bénéficiaire de cette modeste réflexion sur
notre Mère du ciel, la bienheureuse Vierge Marie.
A vous, mes frères et sœurs, neveux et nièces, tous les membres de
ma famille, je dis simplement merci.
A tous mes amis, spécialement ceux du Centre Spirituel
Marianiste, j’exprime ma profonde gratitude pour le soutien
13
Eugène Adingra, sm
3. SIGLES ET ABRÉVIATIONS
AA Apostolicam actuositatem (Décret sur l’apostolat
des laïcs, Vatican II)
NA Nostra aetate
4. INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le premier Synode africain (1994)1 a suscité une prise de
conscience renouvelée de l’Église en Afrique avec l’adoption de
l’image ecclésiologique de l’Église-famille de Dieu. Et depuis,
cette image ecclésiologique est devenue un lieu de cristallisation
des espérances d’une Afrique autre. Aujourd’hui, les Églises en
Afrique cherchent à se construire sur le modèle familial et veulent
être le signe d’une fraternité enfin humaine. Ce modèle familial
veut mettre en exergue les grands atouts de la civilisation africaine
(valeur et sens de la famille et de la communauté)2. Il résume, à lui
tout seul, un certain nombre de défis auxquels l’Église en Afrique
est confrontée : inculturation, réconciliation inter-ethniques, souci
du bien commun, explosion démographique et SIDA, etc. Ce
modèle porte en lui des réponses propres à ce continent : «attention
à l’autre, solidarité, chaleur des relations, accueil, dialogue et
confiance3» et « pardon, réconciliation, justice et paix4 ».
1
JEAN-PAUL II., L’Église en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l’an 2000.
Exhortation apostolique Ecclesia in Africa. Paris (Pierre Téqui), 1995 ; in :
Documentation Catholique 2123 (1995), pp. 817-855. Désormais la citation de cette
Exhortation apostolique Ecclesia in Africa aura pour abréviation EA et la Documentation
Catholique DC.
2
« La famille africaine est la cellule vitale d’où émergent les modèles des expériences
ecclésiales vécues en Afrique. Lieu de reproduction, de transmission et de protection de
la vie, lieu d’apprentissage et d’intériorité des valeurs culturelles, lieu de communion, de
solidarité, d’entraide, de partage et d’accueil fraternels, lieu du vivre-ensemble, la famille
est la base existentielle de l’homme en société. Elle est le lieu d’une humanité, dans la
solution à apporter aux problèmes des orphelins, des personnes âgées ou seules » : Voir le
rapport de synthèse du cardinal THIANDOUM H, rapporteur général du premier Synode
n°5 in : DC 2095 (1994), p. 524.
3
EA 63.
4
Propositions du deuxième Synode n° 5, 14, 22 ; BENOIT XVI., L’engagement de
l’Afrique. Exhortation apostolique Africae Munus. Abidjan (Paulines), 2011. Désormais
cette exhortation aura pour abréviation AM (AM 17, 18, 19, 20, 21, 22).
18
6
Nouvelle phase de l’évangélisation dans le sens où l’intérêt pour la question d’une
spécificité ecclésiologique pour le continent noir a été l’objet de réflexion des Pères des
deux Synodes africains et a été relayé par le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation
apostolique post synodale Ecclesia in Africa n°40.
7
THIANDOUM H., « Second rapport du cardinal Hyacinthe Thiandoum », in : DC 2095
(1994), pp. 523-525.
8
C’est ce qui est démontré dans tous les documents du premier Synode de 1994.
9
C’est ce qui ressort des documents du second Synode de 2009.
10
APPIAH-KUBI F., L’Église, famille de Dieu. Paris (Karthala), 2008, pp. 25-77, cité
désormais sous le titre « l’Église ».
11
HOUNGBEDJI R., L’Église-Famille de Dieu en Afrique selon Luc 8,19-2. Problèmes
de fondements. Abidjan (UCAO), 2008, cité désormais sous le titre « l’Église-famille de
Dieu » ; NDIAYE B., Jésus, Premier-né d’une multitude de frères. Étude de Rm 8, 28-30.
19
12
DAFOGO E., Famille, Église Domestique. Quelle Famille pour une Église-famille de
Dieu en Afrique ? Perspective d’une Ecclésiologie africaine. Thèse de Doctorat à la
Grégorienne. Rome 2012.
13
EA 63.
16
Toutes les fois que l’on emploiera le vocable « Afrique », il s’agira de l’Afrique noire
ou subsaharienne. C’est aux peuples négro-africains que l’on se référera régulièrement
dans la suite du travail.
17
APPIAH-KUBI F., L’Église, p. 9.
21
5. ÉTAT DE LA QUESTION
5.1.1. Avant le Synode de 1994
Le concept d’Église-famille n’est pas une nouveauté pour
l’Église africaine, parce qu’il est déjà inscrit dans les textes du
Concile Vatican II. Il surgit à plusieurs reprises dans l’ensemble
des documents conciliaires. Il apparaît quatre fois dans Lumen
Gentium18, 8 fois dans Gaudium et Spes19, 2 fois dans Unitatis
Redintegratio20, une fois dans Presbyterorum Ordinis21, et une fois
dans Ad Gentes22. Cette place reste cependant modeste. Le concept
de l’Église-famille n’a pas été retenu, par la suite, comme un
concept majeur. D’autres titres l’ont rapidement éclipsé, surtout
celui de « peuple de Dieu », qui a connu un succès, parfois abusif,
mais aussi ceux de « sacrement de salut universel » et de « corps
du Christ ».
Vingt ans après le Concile Vatican II, se tient le Synode
extraordinaire de 1985 avec pour thème : « Vingt ans après
Vatican II ». Les objectifs de ce Synode étaient, entre autres,
d’échanger et d’approfondir expériences et nouveautés, quant à la
réception du Concile Vatican II au niveau de l’Église universelle et
des Églises particulières. Les thèmes abordés accordent une
attention particulière à l’unité, à la solidarité des Églises locales et
à la communion fraternelle. A cette occasion le concept
d’ « Église-famille » fait sa réapparition grâce à l’intervention de
18
LG 6 ; LG 28 ; LG 32 ; LG 51.
19
GS 32, 2; GS 32, 5; GS 40, 1; GS 40, 2; GS 43, 4; GS 43, 5: voir aussi LG 28; GS 50, 1;
GS 92, 3.
20
UR 2, 4 ; UR 4, 5.
21
PO 6 : citation de LG 28.
22
A G 1.
22
23
Synode Extraordinaire, Rome, 1985; Vingt ans après Vatican II. Paris (Centurion),
1986, pp. 75-76. Textes repris dans Les évêques d’Afrique parlent, p. 96. Mgr SANON
intervient au nom de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger.
24
CHEZA M, DERROITTE H et LUNEAU R., Les évêques d’Afrique parlent (1969-
1991). Paris (Centurion), 1992, p. 97.
25
Ibid., p. 97.
26
Synthèse des travaux de l'assemblée synodale, II, A, 3, in : DC 1909 (1986) p. 38.
27
Synthèse des travaux de l’Assemblée, II, C, 39-41.
28
DC 2045 (le 15 janvier 1992), pp. 208-209 ; DC 2046 (le 29 janvier 1992), pp. 263-
264 ; DC 2046 (le 5 février 1992), pp. 264-265.
23
29
DC 2055 (1992), pp. 729-734. Publié en France : L’Église comprise comme
communion. Lettre de la Congrégation pur la doctrine de la foi (coll. « Documents des
Églises »). Paris (Cerf), 1993.
30
Catéchisme de l’Église Catholique. Paris (Mame/Plon), 1992, n° 756.
31
YANOOGO B., Église-famille au Burkina Faso, Thèse de doctorat en théologie
pastorale soutenue à l'institut catholique de l'Afrique de l'Ouest. Abidjan, décembre 1991,
citée par PENOUKOU E. J., in : Les évêques d'Afrique parlent. Paris (Centurion), 1992,
p. 21.
32
LG 6, 28, 51 ; GS 32, 40, 43 ; UR 2, 4, 5 ; PO 6 ; AG 1.
24
33
LG 4, 13-15, 18, 21, 24-25, 51 ; DV 10 ; GS 32.
34
CONGAR Y., Les théologiens, Vatican II et la théologie. Le Concile de Vatican II :
son Église Peuple de Dieu et Corps du Christ. Paris (Beauchesne), 1984, p. 82 ; cf.
RIGAL J., Le mystère de l’Église. Fondements théologiques et perspectives pastorales.
Paris (Cerf), 1996, pp. 99-104 ; KASPER W., « L’Église comme communion. Un fil
conducteur dans l’ecclésiologie de Vatican II », in : Communio n° XII, 1 (janvier-février
1987), pp. 15-31 ; SICARD D., Quelques commentaires sur l’Église comme communion.
L’Église comprise comme communion. Paris (Cerf), 1993, pp. 37-120 ; De LA
SOUJEOLE B.-D., Le sacrement de la communion. Essai d’ecclésiologie fondamentale.
Paris-Fribourg (Ed. du CERF-Ed. Universitaires de Fribourg-Suisse), 1998, pp. 118s.
25
35
LG 1.
36
AG 11 ; NA 2.
37
LEGRAND H., La réalisation de l’Église en un lieu. Initiation à la pratique de la
théologie, t. III. Paris (CERF), 1993, p. 152 : « Ainsi, l’Église locale-diocésaine sera une
présence et une manifestation plénière de l’Église de Dieu…(par) : l’accueil de
l’Evangile, de l’Esprit et de ses dons, la célébration de l’eucharistie, le ministère
pastoral » ; LANNE E., « L’Église locale et l’Église universelle », in : Irénikon 43
(1970),pp. 481-511 : « ce n’est plus l’Église locale qui gravite autour de l’Église
universelle, mais c’est l’Église de Dieu qui se trouve présente dans la célébration de
chaque Église locale (LG 23 ; Christus Dominus 11 », p. 490.
26
38
BISHWENDE RAMAZANI A., Église-famille de Dieu. Esquisse d’ecclésiologie
africaine. Paris (L’Harmattan), 2001, p. 29. Cité désormais sous le titre Église-famille de
Dieu.
39
GS 42.
40
LG 51, 101 ; GS 32, 40, 42, 92.
27
41
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu, p. 21.
42
Ibid., p. 21.
43
Ibid., p. 21.
44
Ibid., p. 22.
45
Ibid., p. 22.
28
46
Ibid., p. 22.
47
Ibid., p. 22.
48
Ibid., p. 23.
49
Marie étant présente dans cette péricope comme mère de Jésus d’abord dans sa
capacité à écouter la parole de Dieu et à la mettre en pratique.
50
APPIAH-KUBI F., L’Église, Famille de Dieu. Paris (Karthala), 2008.
29
56
SIEME LASOUL J. P., « Marie, Mère de l’Église-Famille et l’inculturation »,in :
Trinité Marie, Mère de Dieu Église-Famille et Enfants des rues. Rome (Brain Edizioni),
2003, p. 95, cité désormais sous le titre « Marie ».
57
SIEME LASOUL J. P., « Marie », p. 95.
58
FERLAY PH., Marie, Mère des hommes. Prier Marie en Église. Paris (Cerf), 1985, p.
190. Cité par SIEME LASOUL J. P., « Marie », p. 96.
59
RATZINGER J., Marie, Mère de l’Église, in : RATZINGER, VON BALTHASAR.,
Marie, première Église. Paris (Cerf), 1998, p. 25.
32
60
L’instrument de travail qu’est Théologie im Kontext, publié par la
Missionswissenschaft de Aachen montre qu’entre 1985 et 2000, on n’y trouve même pas
d’article répertorié qui concernerait la question mariale, cité par NTIMA NKANZA dans
son article « La Theotokos dans les christologies africaines actuelles », in : Marianum 68
(2006), p. 559.
61
Pour un approfondissement de la question féministe lire : KAYIBA P., « Marie et
Femme », in : Marie dans le dessein de Dieu et dans la piété populaire au Congo.
Session Ignatienne (17-20 février 2000), pp. 207-216 ; LAURENTIN R., « Marie dans la
foi chrétienne. Situation et avenir », in : Initiation à la pratique de la théologie, Tome
III : Dogmatique 2, 3e édition mise à jour. Paris (Cerf), 1989; DE DIORES S., Maria
nella teologia contemporanea. 3a edizione aggiornata. Roma (Centro mariano
monfortano), 1991, pp. 400-437; PORCILE SANTISA M. T., La femme de salut. Mission
de la femme dans l’Église. Une perspective anthropologique. Paris (Cerf), 1999 ; TUNC
S., Des femmes aussi suivaient Jésus. Essai d’interprétation de quelques versets des
Evangiles. Paris (Desclée de Brauwer), 1998.
62
PARRAT J., Reinventing Christianity Theology. New Jersey (Trenton), 1995, pp. 90-
91.
63
On peut lire à ce sujet : GETUI M., «The Place and Role of Women in African
Theology », in : African Christian Studies. Vol 19, n°3 (september 2003), pp. 17-26.
33
65
Lire à cet effet, BROWNE M., « An Analysis of the Church in Africa. New People
Media Centre », in : The African Synod. Documents, Reflections, Perspectives. New York
(Maryknoll), 1996, pp. 14-19.
66
CHAPPOULIE H., « Les Missions et la spiritualité mariale », in : Maria. Études sur la
Sainte Vierge, Tome 1, pp. 899-902.
67
Cette importance se justifie d’abord par les églises dédiées à Marie, des sanctuaires, des
grottes et édicules de toutes dimensions qui égrènent les titres de gloire, tant anciens que
plus récemment attribués à la Vierge Marie. Ensuite, par la présence de Marie dans les
œuvres d’art plus particulièrement en sculpture. On trouve une multitude de styles
plastiques africains selon les différents groupes sociaux et facteurs environnementaux.
Enfin, par la présence de Marie dans la représentation picturale et par son image portée
sur des pagnes. En effet, les représentations picturales les plus nombreuses sont de
facture moderne. Les Vierges qu’on peut recenser parmi ces représentations recouvrent
les surfaces de divers objets et supports variés. Les images sur papier, les peintures sur
toile, les céramiques, les parois peintes, les écorces végétales, les calebasses et les tissus
fournissent de nombreux exemples de telles œuvres. On assiste aussi à une vogue
d’apparition de l’effigie de la Vierge Marie imprimée sur le fond de pagnes ou du foulard
à porter. Pour un approfondissement de ce sujet lire : MUDIJI Th., « Marie dans l’art
religieux congolais », in : Marie dans le dessein de Dieu et dans la piété populaire au
34
Congo. Session Ignatienne du 17-20 février 2000. Kinshasa (Éditions Loyola), 2000, pp.
217-244.
68
DOCUMENT FINAL DE LA CONFERENCE DE PUEBLA (1979)., Marie et
l’évangélisation en Amérique Latine. Paris (Le Centurion), 1980, pp. 77-81.
69
COLLOQUE., «Foi, culture et évangélisation en Afrique à l’aube du troisième
Millénaire, Spécial colloque post-synodal, Abidjan 18-20 avril 1996 », in : Revue de
l’Institut Catholique de l’Afrique de l’Ouest (Abidjan) n° 14-15 (1996), pp. 15-222 ;
COLLOQUE., « Quelle Église pour l’Afrique du troisième millénaire ? Contribution au
Synode spécial des évêques pour l’Afrique », in : Actes de la dix-huitième Semaine
Théologique de Kinshasa du 21 au 27 avril 1991 ; COLLOQUE., « Église-famille ;
Église-fraternité. Perspectives post-synodales », in : Actes de la XXè Semaine
Théologique de Kinshasadu 26 novembre au 2 décembre 1995.
70
ABENG B., L’Église -famille selon l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclésia
in Africa. La vocation et la mission des laics, dissertatio ad Licentiam in Facultate
Missiologiae, P. U. G., Rome 1998 (Unpublished) ; McGARRY C., What Happened at
the African Synod ?Nairobi (Paulines Publications), 1995; CHARLTON T., Exploring
Our Christian Life. In the Light of the African Synode.Nairobi ( Paulines Publications),
1994.
35
71
SIEME LASOUL J. P., « Marie », p.101 ; Voir aussi CONGREGATION POUR
L’EDUCATION CATHOLIQUE, La Vierge Marie dans la formation intellectuelle et
spirituelle. Rome (Cité du Vatican), 1989, n° 18.
72
Disons plus les cultures africaines dans leur totalité.
73
AMOUSSOU J., Le culte de Marie dans la spiritualité africaine au Dahomey en
Afrique noire. Ouidah (Grand Séminaire Saint Gall), 1974.
36
74
Cette mentalité n’est pas typique au seul peuple Dahomey. On la retrouve aussi chez le
peuple akan et surtout en Afrique de l’ouest.
75
MUPITA BALIKI V., Marie, Mère de la vie et Mère de la famille de Dieu. Essai de
mariologie inculturée à partir de l’expérience ecclésiale du peuple Nande. (Diocèse de
Butembo-Beni / Zaïre). Thèse de doctorat. Pontificia Universitas Urbania Facultas
Theologiae, Rome, 1997. Les Nande, qui constituent dans les territoires de Beni et de
Lubero, la population prédominante du point de vue numérique, sont originaires de
Muhulungu sur la rive droite proche de la rivière Semliki, et de la côte Ouest du lac
Edouard, dans le Nord-Kivu, au Congo-Kinshasa.
76
MAVINGA MBUMBA J. R., La médiation maternelle de Marie : du magistère
pontifical et conciliaire (1878-1978) à l’inculturation mariologique africaine. Frankfurt
Am Main (Peter Lang), 2001.
37
77
NWAIGBO F., Mary-mother of the African Church: a theological inculturation of
Mariology. Frankfurt Am Main (Peter Lang), 2001.
78
TSHIBANGU MWELE KABONGA P. F-M., Marie Mère de Dieu, Mère de l’Église-
famille de Dieu et la culture Luba-Kasaï. Extrait de la Thèse de Doctorat en Théologie
avec spécialisation en Mariologie. Rome, 2007.
79
TSHIBANGU MWELE KABONGA P. F-M., Marie Mère de Dieu, p. 71.
38
80
PAUL VI, « Allocution aux congrès mariologique et marial internationaux », in : AAS
67 (1975), p. 354 ; in : DC 72 (1975), pp. 551-552.
39
5.1.6. Contribution
Notre essai s’inscrit dans la dynamique amorcée par les
Synodes des Évêques pour l’Afrique de 1994 et 2009. Il se veut
une réponse à l’appel lancé par le Pape Jean-Paul II en 1995 : « il
est vivement souhaité que les théologiens élaborent la théologie de
l’Église-famille avec toute la richesse de son concept, en
dégageant sa complémentarité avec d’autres images de
l’Église82 ». Notre travail s’inscrit dans cette perspective et dans la
continuité des publications et travaux antérieurs. Mais en essayant
d’en dégager cette fois-ci, un rôle et une place pour Marie dans
l’Église-famille de Dieu. Car après le premier Synode africain de
1994, il n’y a eu aucune étude approfondie sur le rôle et la place de
Marie dans l’Église-famille de Dieu. De même, après le second
Synode africain de 2009, on ne trouve encore rien de construit sur
Marie dans l’ecclésiologie africaine. Telle est la justification du
présent travail dont l’objet est d’analyser le concept Église-famille
de Dieu en Afrique pour découvrir les conditions dans lesquelles
une ecclésiologie de l’Église-famille de Dieu peut être féconde
avec Marie comme Mère pour les Églises de ce continent.
81
CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE., La Vierge Marie dans la
formation intellectuelle et spirituelle. Rome (Cité du Vatican), 1989, in : Nouveaux
Cahiers Marials n° 64 (novembre 2001), p. 23.
82
EA 63.
40
5.1.8 Méthodologie
La première méthode utilisée sera celle de l’analyse. Elle
consistera à lire les textes des deux Synodes africains et les études
sur la famille en Afrique noire, à les appréhender en vue d’en faire
ressortir le concept ecclésiologique, c’est-à-dire Église-famille de
Dieu, ainsi que la place et le rôle de la Vierge Marie. Autrement
dit, le travail consistera en une étude herméneutique, historique et
critique de l’émergence du concept de l’Église-famille de Dieu
dans le contexte du christianisme africain. Dans cette quête de
l’émergence, on partira des résultats des études réalisées par les
théologiens africains qui ont réfléchi à la question.
42
83
DABIRE J. M., « L’Église-famille de Dieu en Afrique. Approche théologique
doctrinale et pastorale », in : RICAO, n° 14-15 (1996), p. 83.
84
KÄ MANA., La nouvelle évangélisation en Afrique. Paris (Karthala), 2000 : « Le
Concile a constitué un moment de refondation de la foi catholique dans ses relations avec
le monde, une force de réorientation, de redynamisation, de remobilisation de sa mission,
un temps de réaménagement et de réajustement de ses méthodes et de ses stratégies », p.
46.
85
DABIRE J. M., « L’Église-famille de Dieu en Afrique. Approche théologique
doctrinale et pastorale », p. 90.
44
86
Pour comprendre le contexte historique et culturel de l’œuvre missionnaire, surtout de
la première évangélisation de l’Afrique subsaharienne, lire SOEDE YAOVI N., « Du
concile au synode africain : Historique et options fondamentales. Quel intérêt ? », in :
RUCAO 20 (2004), pp. 5-28.
45
90
ILUNGA J. M., « Chiesa-Familia. Parola chiave per l’inculturazione del Vangelo in
Africa », in : AG 4 (Bologna 2000), p. 46.
91
BISHWENDE RAMAZANI A., Église-famille de Dieu, p. 21.
46
92
KABASELE F., Catéchiser en Afrique aujourd’hui. Apport des traditions orales,
Kinshasa, 1995, p. 96. Cet auteur soutient que les jamaïstes ont perçu l’Eglise comme une
famille. Cité désormais sous le titre de Catéchiser en Afrique.
93
Le terme « bantu » en tant que tel signifie les hommes.
94
KALAMBA NSAPO S., « Une théologie de l’Eglise-famille en Afrique sub-
saharienne », in : Ephemerides Theologicae Lovanienses, ANNUS LXXV, fasciculus 1,
(April 1999),p. 158.
95
BISHWENDE RAMAZANI A., Église-famille de Dieu, p. 22.
96
KABASELE F., Catéchiser en Afrique, p. 96.
97
Ibid., p. 96.
98
BISHWENDE RAMAZANI A., Église-famille de Dieu, p. 22.
47
99
Pour un approfondissement, nous pouvons également lire : SHORTER AYLWARD.,
« The Family as a Model for Social Reconstruction in Africa », in : Theology of the
Church as Family of God. Nairobi-Kenya (Paulines Publications Africa), 1997, pp. 30-
38. Lire également NYERERE J., « Les fondements du socialisme africain », in :
Présence Africaine 47 (1963), pp. 16 ss.
100
Il fut élu président le 26 avril 1964.
101
MBONIMPA M., Idéologies de l’indépendance africaine. Paris (Harmattan), 1989, pp.
192 et 204.
102
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu, p. 188.
103
ADOTEVI SPERO S., Négritude et Négrologues, France : Le Castor Astral. Paris
(Harmattan), 1998, p. 123.
48
104
KABASELE LUMBALA F., Catéchiser en Afrique, p. 99.
105
Ibid., p. 99.
106
Ibid., p. 99.
107
Ibid., p. 99.
49
108
Ibid., p. 99.
109
Ibid., p. 100.
110
MULAGO V., Théologie africaine et problèmes connexes. Au fil des années (1956-
1992). Paris (Harmattan), 2007, p. 31.
111
KABASELE LUMBALA F., Catéchiser en Afrique, p. 99.
112
Ibid., p. 98.
50
113
Ibid., pp. 102-103.
114
MULAGO V., Un visage africain du christianisme. L’union bantu face à l’unité vitale
ecclésiale. Paris (Présence Africaine), 1965, cité désormais sous le titre Un visage
africain du christianisme.
115
MULAGO V., Un visage africain du christianisme, p. 159.
51
118
MALULA J., « L’Église à l’heure de l’Africanité », in : Église et Mission, t. 54, 196
(1974), p. 21, cité désormais sous le titre : L’Eglise à l’heure de l’Africanité.
119
MALULA J., « L’Église à l’heure de l’Africanité », p. 20.
120
Ibid., p. 5.
53
121
SANON A. T., « Église, Famille de Dieu. Nous sommes de la famille de Dieu : voilà
la Bonne Nouvelle ! », in : Mission de l’Église 123 (1999), p. 63.
54
122
SANON A. T., « Église, Famille de Dieu. Nous sommes de la famille de Dieu », p. 62.
123
A propos de cette crise scolaire voir DABIRE J. M., Le sacrement de confirmation.
Paris (Harmattan), 1985, pp. 196-203 ; YANOOGO D., Église-famille au Burkina Faso.
Contribution théologique et perspectives pastorales. Abidjan (ICAO), Thèse de doctorat
en théologie, 1991 ; DABIRE J. M., « L’Église-famille-de-Dieu en Afrique. Approche
théologique doctrinale et pastorale », in : RICAO, n° 14-15 (1996), pp. 81-119 ;
ROAMBA B., « Pour une ecclésiologie de l’Église-famille de Dieu. Genèse théologique
et pastorale de l’expression Eglise-famille de Dieu au Burkina-Faso », in : Telema, 1-2
(1997), pp. 43-68 ; NDONGALA MADUKU I., Pour des Églises régionales en Afrique.
Paris (Karthala), 1999, pp. 56-59 ; KALAMBA NSAPO S., « Une théologie de l’Église-
famille en Afrique sub-saharienne », in : Ephemerides Theologicae Lovaniense I-LXXV
(1999), pp. 157-164.
124
DABIRE J. M., « L’Église-famille-de-Dieu en Afrique. Approche théologique
doctrinale et pastorale », in : RICAO, n° 14-15 (1996), pp. 81-119, cité désormais sous le
titre de L’Église-famille-de-Dieu en Afrique.
55
125
DABIRE J. M., « L’Église-famille-de-Dieu en Afrique », p. 84.
126
Ibid., p. 84.
56
127
DABIRE J. M., « L’Église-famille-de-Dieu en Afrique », p. 89 ; ROAMBA B.,
« Pour une ecclésiologie de l’Église-famille de Dieu », p. 48.
128
BISHWENDE RAMAZANI.,L’Église-famille de Dieu, p. 26.
129
Pour mieux saisir ce modèle nous pouvons nous référer au chapitre parlant d’une
Église au visage nègre.
130
BISHWENDE RAMAZANI A., l’Église-famille de Dieu, p. 26.
57
131
DC 2094 (15 mai 1994), p. 476.
132
DC 2094 (15 mai 1994), p. 476.
133
DC 2094 (15 mai 1994), p. 478.
134
MUYEMBE B. M., « Inculturation de la foi », in : Culture et foi, Vol, 3, n°1 (1995),
p. 105.
58
135
APPIAH-KUBI F., L’Église, famille de Dieu, p. 103.
136
OBIEFUNA A. K., Relatio ante disceptationem n° 6 in : DC 2095 (1994), p. 476.
137
DC 2095 (15-5-1994), p. 487.
59
138
DC 2095 (15-5-1994), p. 487.
139
MUYEMBE B. M., « Inculturation de la foi », in : Culture et foi, Vol, 3, n°1 (1995),
p. 106.
140
THIANDOUM H., in: DC, 2095 (5 juin 1994), p. 524.
141
CHEZA M., Le Synode africain. Histoires et textes. Paris (Karthala), 1996, p. 182, cité
désormais sous le titre le Synode africain.
60
143
Ibid., p. 224.
144
Ibid., p. 226. Cf. DC 2095 (5-6-1994), p. 529.
61
145
Ibid., p. 243.
146
Ibid., p. 244. Cf. DC 2095 (5-6-1994), p. 526.
147
EA63.
148
EA 63.
62
149
ECHEMA A., “Model of church-as-Family and the female altar servers” in : Journal
of Inculturation Theology, vol. 3, n°1 (April 1996), pp. 2-16.
63
150
BISHWENDE RAMAZANI A., L’Église-famille de Dieu, p. 11.
151
PENOUKOU E. J., Chemins d’église en Afrique. Les évêques d’Afrique parlent (1969-
1991). Paris (Centurion), 1992, p. 21.
152
HOUNGBEDJI R., La radicalité de la vie religieuse en contexte africain. Abidjan
(Editions Paulines), 2010, p. 68.
64
155
EA92.
156
NGOY KALUMBAL., « La personne consacrée africaine face à sa famille
biologique », in : Vie consacrée et famille africaine. Actes du colloque (Abidjan, 12 au 13
février 2009), p. 104.
157
LWAMINDA P., « The African Synod and the Family », in : African Christian
Studies Vol. 11 Number 2 (June 1995), p. 46.
158
EA63.
159
Voir le rapport de synthèse du cardinal Thiandum, rapport général du premier Synode,
au paragraphe 2 intitulé « l’Église vue comme la famille de Dieu » et les volets 8 et 10
des Propositions à soumettre au Saint-Père Jean-Paul II. Cf. NTEDIKA KONDE J.
(documents édités par).,Le Synode africain (1994). Un appel à la conversion et à
l’espérance. Kinshasa, FCK, 1995, p. 96.
160
MSAFIRI AIDAN G., « The Church as Family Model: Its Strengths And Weaknesses”
in : AFER Vol. 40 Number 5&6 (Oct/Dec 1998), p. 303 : “According to the Synodal
Fathers, the family model is fitting and appropriate for Africa because there is a
correlation between the African understanding of family and the Church as family of
God. Consequently, the family model has very enriching theocentric, Trinitarian,
Christological, sacramental, ecclesio-genetic, pastoral and communitarian implication to
the life and mission of the Church in Africa during the Third Millennium ».
65
aussi, pour les Pères Synodaux, une invitation à toute l’Église qui
est en Afrique à se réapproprier les valeurs de la famille africaine
traditionnelle. Les évêques de la CERAO (Conférence Épiscopale
Régionale de l’Afrique de l’Ouest) estiment que : « En Afrique, la
famille est le sanctuaire des relations sociales privilégiées, en
général, et de la fraternité, en particulier. A l’aune de la fraternité
vécue, exprimée par l’unité et la solidarité, se mesurent la force, la
noblesse, la générosité et, en définitive, la grandeur d’une famille.
Dans notre Afrique, la famille se présente ainsi, avec ses qualités
et ses tares, comme le lieu de salut pour la société dont elle
constitue le fondement : salut communautaire indissociable du
salut personnel161 ».
161
Évêques de la CERAO., L’Église-famille de Dieu : sacrement de salut et lieu de la
nouvelle fraternité pour les sociétés africaines. Abidjan (CERAO-Editions) 2007, p. 19,
cité désormais sous le titre l’Église-famille de Dieu.
162
LG 1.9.48.
163
Propositions du premier Synode n° 8.
66
165
SCEAM., « Christ est notre paix » (Eph 2, 14). L’Église-famille de Dieu : lieu et
sacrement de pardon, de réconciliation et de paix en Afrique. Kumasi (Catholic Press),
2001, p. 6.
166
SCEAM., The Church as family of God. Instrumentum laboris, Pastoral Letter, Accra,
SCEAM, 1998, p. 24.
167
Propositions du second Synode n° 38.
168
EA 85.
169
EA81.
67
170
EA 121.
171
Rapport introductif du card. THIANDOUM n° 28, in : CHEZA M., Le Synode
africain, p. 45; EA 82.
172
CERAO : Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest : les publications
de 1995 à 2010.
173
SCEAM : Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar.
68
176
EA81.
177
EA81 ; Voir également PAUL VI., Homélie en la basilique de l’Annonciation à
Nazareth (5 janvier 1964) : AAS 56 (1964), p. 167.
178
EA81.
179
EA 63.
69
181
BADO A. B., « 2ème Synode spécial pour l’Afrique : celui d’une Nouvelle
Pentecôte ? », in : Débats courrier d’Afrique de l’Ouest n° 69 (novembre 2009), p. 19.
182
Évêques de la CERAO., L’Église-famille de Dieu, p. 20.
183
Ibid., p. 20.
184
Ibid., p. 20.
185
Ibid., p. 20.
186
Ibid., p. 20.
70
188
Ibid., p. 21.
189
Ibid., p. 21.
190
PAUL VI au SCEAM, Kampala 1968.
191
Cardinal ZOUNGRANA Paul au SCEAM, Kampala, 1968.
71
192
Évêques de la CERAO., L’Église-famille de Dieu, p. 23.
72
193
Les Pères du premier Synode africain postulent d’emblée que « l’Église-famille de
Dieu ne pourra donner sa pleine mesure d’Église que si elle se ramifie en communautés
suffisamment petites pour permettre des relations humaines étroites» (EA 89). Ces petites
73
communautés «devront être d’abord les lieux de leur propre évangélisation, pour porter
ensuite la Bonne Nouvelle aux autres ; elles devront donc être des lieux de prière et
d’écoute de la Parole de Dieu, de responsabilisation des membres eux-mêmes,
d’apprentissage de la vie en Église, de réflexion sur les divers problèmes humains à la
lumière de l’Évangile. Et surtout on s’y efforcera de vivre l’amour universel du Christ,
qui surpasse les barrières des solidarités naturelles des clans, des tribus ou d’autres
groupes d’intérêt » (E.A 89). Les Pères du deuxième Synode africain en renouvelant leur
soutien à la promotion des CEB, reconnaissent que celles-ci édifient solidement l’Église-
Famille de Dieu en Afrique et se fondent sur le partage de l’Évangile où les chrétiens se
rassemblent pour célébrer la présence du Seigneur dans leurs vies et au milieu d’eux
(Propositions du deuxième Synode 35). Ils soulignent aussi la fraternité ouverte qui doit
être vécue au sein des CEB. Cette fraternité doit s’étendre au-delà des frontières de sang,
d’ethnies, de tribus, de cultures, de races (Propositions du deuxième Synode 35). Les
Pères du deuxième Synode africain reconnaissent également le rôle déterminant des CEB
dans le processus de réconciliation, de justice et de paix (Propositions du deuxième 35).
L’érection des communautés ecclésiales de base des deux Synodes est une réponse
appropriée à l’exigence d’une ecclésiologie de communion, d’une Église-famille de Dieu.
Elle met en lumière l’idée de famille, de clan et royaume comme moyens effectifs de
promotion de communion et de co-responsabilité ( McGARRY CECIL, « A Church in
Dialogue as the Family of God”, in : What Happened at the African Synod ? Nairobi-
Kenya (1995), p. 44). Les CEB sont comme la clef de voûte, la cellule de base de
l’Église-famille de Dieu. Comme l’affirme Léonard Santedi : « les CEB sont un remède à
l’anonymat, elles sortent les laïcs de leur apathie et du statut de figurants satisfaits. Dans
la perspective d’une nouvelle évangélisation, les laïcs sont des agents d’évangélisation
dans l’Église et dans la société, et leurs pasteurs sont plus animateurs que chefs imbus de
despotisme. Ils sont tous unis pour des tâches multiformes » (KINKUPU SANTEDI L.,
Les défis de l’évangélisation dans l’Afrique contemporaine. Paris (Karthala), 2005, p.
127). Les CEB rendent visible l’Église-communion vécue à la base. L’érection des CEB
traduit l’adoption d’une nouvelle ecclésiologie qui contribue à déplacer le centre de
gravité de la pyramide hiérarchique catholique un peu plus vers la base, et à insérer
l’Église dans les lieux d’existence même des populations. Les CEB concrétisent une
nouvelle pastorale centrée sur le laïc, celui-ci cessant d’être le consommateur passif du
message religieux pour devenir un acteur à part entière au sein de l’institution (UGEUX
B., «Théologie et Méthodes missionnaires actuelles : les petites communautés chrétiennes
(ou communautés de base). Quelle Église pour l’Afrique du troisième millénaire ?
Contribution au Synode spéciale des évêques pour l’Afrique », in : Actes de la dix-
huitième semaine théologique de Kinshasa du 21 au 27 avril 1991. Kinshasa : F.C.K.,
1991, pp. 93-98 ; DIOUF J., « L’Église en Afrique. Pour une Église locale », in : N.R.T.
120 (1998), pp. 249-266). Enfin, les CEB constituent un espace où le simple laïc devient
responsable de l’évangélisation de la société à travers la lutte pour la réconciliation, la
justice et la paix. Il ressort de tout ce qui vient d’être dit sur les CEB que la mission de
l’Église-famille de Dieu qui est en Afrique porte sur cinq domaines : le dialogue, le
développement intégral humain, les moyens de communication sociale, les CEB et les
familles africaines. Cette mission doit en effet, nécessairement s’appuyer sur les familles
chrétiennes africaines qui constituent le socle anthropologique sur lequel repose son
édifice (BISHWENDE A. R., L’Église-famille de Dieu, p. 52). La vitalité de l’Église-
famille de Dieu ne pourra être effective que lorsque toutes les familles chrétiennes
deviendront Églises domestiques (CHEZA M., Le Synode africain, pp. 225-226).
74
194
Lineamenta du second Synode n° 36.
195
On tient à rappeler encore ici, même si cela a été déjà dit dans status quaestionis, que le
concept famille de Dieu figure parmi les images de l’Église retenues par le Concile
Vatican II. Son emploi n’est pas aussi fréquent que ceux de corps du Christ, de peuple de
Dieu. Cette image n’a pas non plus reçu une élaboration systématique, mais elle garde
toujours sa pertinence et sa valeur théologiques.
196
LG 32.
197
LG 51 ; GS 32
198
LG 51.
199
LG28 ; GS 42.
200
LG32 ;UR 1.
201
LG 32 ; GS 40.
75
202
AM 19-29.
203
Lineamenta du second Synode n° 38.
204
Pour la définition de l’ecclésiologie de communion selon le Concile Vatican II, il faut
se référer à ce qu’on a dit dans status quaestionis à l’introduction de la thèse.
205
UR 1.
206
GS 43.
207
GS 42.
208
LG 28 ; PO 6.
76
209
L’Église-famille de Dieu est le lieu propice pour l’apprentissage et la pratique de la
culture du pardon, de la paix, de la réconciliation et de l’harmonie (EA 105, 106, 107,
110 ; AM 33). Ces valeurs de pardon, de paix, de justice et de réconciliation qui doivent
caractériser l’Église-famille de Dieu sont fortement prônées dans les propositions du
deuxième Synode Africain de 2009 (Propositions du deuxième Synode 5, 6, 7, 8, 9, 14,
15, 16, 17, 18, 21). Dans les Lineamenta, l’Instrumentum Laboris et dans la liste finale
des Propositions du second Synode, ainsi que dans Africae Munus, on retrouve ces
thèmes du pardon, de la justice et de la réconciliation. L’Église d’Afrique et ses membres
doivent privilégier la réconciliation, le pardon, la justice et la paix (Propositions du
deuxième Synode 8. AM 1). Ils doivent être surtout des ambassadeurs (Propositions du
deuxième Synode 15), envoyés au monde pour plaider en faveur du pardon, de la
réconciliation, de la justice et de la paix. A cet effet, des propositions concrètes sont
présentées par les Pères synodaux de la deuxième assemblée spéciale pour l’Afrique :
« En vue de favoriser le développement de la culture de la réconciliation, les Églises
locales pourraient prendre des initiatives comme : célébrer chaque année un jour ou une
semaine de réconciliation … une année jubilaire extraordinaire pendant laquelle l’Église
en Afrique et dans les Îles adjacentes rend grâce avec l’Église universelle et prie pour
recevoir les dons de l’Esprit Saint » (Proposition du deuxième Synode 8).Tous les deux
documents synodaux insistent sur le fait que travailler pour la réconciliation, la justice et
la paix doit être un chantier où les trois religions principales en Afrique (la Religion
africaines traditionnelle, l’Islam et le Christianisme) doivent collaborer. Les évêques de
l’AMECEA (Association of Member Episcopal Conferences in East Africa)
s’interrogeant sur la mission de l’Église en Afrique et en particulier sur sa collaboration
avec les autres religions, affirment que : « We are all brothers and sisters, members of
one great family. God is Love and His one desire is that we live in fraternal love and
friendship irrespective of religion, race or sex» (AMECEA THIRTEEN PLENARY
ASSEMBLY, « Formation of Agents of Evangelization for the Church as Family of
God”, in : AFER Vol 41, N° 4, 5 et 6 (Aug/Oct/Dec 1999), p. 186). Il ne peut pas y avoir
de paix sans la collaboration de ces trois religions. L’Église-famille de Dieu en Afrique
doit ainsi œuvrer pour la non-violence, la justice et la paix. Elle est invitée comme
77
l’observent les Pères du second Synode dans ces Propositions, « à promouvoir la justice
pour chacun et le respect des droits humains par l’éducation civique et la construction
d’une culture de justice et de paix » (Propositions du deuxième Synode n° 15). Ce travail
de réconciliation, de justice et de paix n’est pas facultatif, mais bien une obligation pour
l’Église-famille de Dieu qui est en Afrique. Elle doit donc être signe et moyen efficace en
tant que promotrice de la réconciliation, de la justice et de la paix (Propositions du
deuxième Synode n° 3).
210
Lineamenta du second Synode n° 39.
211
KPODA NOVAT., « Pour un Synode de continuité », in : CERAO : Vers le 2è Synode
africain. Abidjan (CERAO Editions), 2008, p. 29.
212
AM 31-38.
78
215
Pour le premier Synode, elle est mentionnée au n° 34 pour le rapport introductif du car.
THIANDOUM et au n° 45 second rapport du card. THIANDOUM, aux n°s 69-
71Message final du premier Synode ; 64 Propositions ; 57, 60, 81, 140, 142, 144 EA ;
Pour le second Synode, elle est mentionnée aux n°s 93, 94 Lineamenta ; 105, 114, 149
Instrumentum laboris ; 25, 43 Message final au peuple ; Propositions 9, 57 et aux n°s 35,
114, 175 pour Africae Munus.
216
Message finale du premier Synode, nº 69-71 ; Ecclesia in Africa, nº 140-144;
Cependant, l’Exhortation parle aussi indirectement de Marie dans le cadre de la sainte
famille comme modèle de la famille africaine, cf., nº 81.
217
Message final du premier Synode nº 71; EA 144.
80
218
Rapport introductif du cardinal H. Thiandoum, n° 34.
219
Message final du premier Synode n° 71.
220
EA 57, 60 et 81.
221
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille. Cantique marial du
Synode et les défis africains actuels. Kinshasa (Editions Epervier), 1999, p. 10, cité
désormais sous le titre Marie et l’Église-famille.
222
Voici comment Marie est située dans la nouvelle évangélisation : « Réunis autour de la
Vierge Marie comme pour une nouvelle Pentecôte, les membres de l’Assemblée spéciale
ont examiné en profondeur la mission évangélisatrice de l’Église en Afrique au seuil du
troisième millénaire … je (le Pape) remercie Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui nous
ont accordé le privilège de vivre le moment de grâce authentique que fut le Synode » (EA
144).
81
Il s’agit là d’un signe éloquent que Marie n’est pas une donnée
marginale de la foi en Afrique. Marie est appelée Mère de
l’Église223. Marie apparaît comme la figure personnelle de l’Église,
pour une Pentecôte nouvelle de l’Afrique224. Grâce à Marie toutes
les cultures se réjouissent de l’Incarnation du Fils de Dieu225.
Marie est la Nouvelle Ève226. Marie remplit une fonction
d’assistance227. Elle est invoquée comme Notre Dame et comme
Mère de l’Afrique, comme celle qui est présente dans nos
Églises228et comme l’orante qui accompagne la nouvelle
évangélisation en Afrique229. Marie est vue comme source de
joie230. Référence est faite dans cette prière finale d’Ecclesia in
Africa à l’Annonciation, « aube des temps nouveaux » pour tout le
genre humain, et donc source de grande joie231. Le rôle de Marie se
résume en un appel à la joie de se savoir capable de l’Évangile, et
en la communion de prière au Saint-Esprit avec Marie en vue d’un
renouveau et d’une communion dans la diversité232. Ce qui veut
dire que l’Église-famille de Dieu, doit accorder dans sa mission
évangélisatrice une attention à Marie. Marie occupe par
conséquent une place d’honneur dans l’Église de la « famille du
Père, fraternité du Christ, image de la Trinité, germe et
commencement sur terre du Royaume éternel...233 ». Marie est
223
Second rapport du cardinal H. Thiandoum, n° 45.
224
Message final du premier Synode n° 70.
225
Message final du premier Synode n° 71.
226
Message final du premier Synode n° 69.
227
Message final du premier Synode n° 69.
228
Propositions du premier Synode n° 64.
229
EA 140.
230
ROTEN J.,« Marie dans l’enseignement missionnaire de l’Église au XXè siècle », in :
SFEM Tome 1 (2006), p. 73.
231
Ibid., p. 73.
232
Ibid., p. 73.
233
EA 142.
82
234
On retrouve cette expression également chez PAUL VI, Exhortation apostolique
Evangelii nutiandi, n° 82 ; EA 144.
235
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille, p. 15.
236
PIE IX., Bulle « Ineffabilis Deus », in : Denz. 2800.
237
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille, p. 15.
238
ELA J. M., Afrique : l’irruption des pauvres. Société contre Ingérence, Pouvoir et
Argent. Paris (L’Harmattan), 1994, p. 47.
239
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille, p. 15.
240
L’affirmation du titre « Mère de Dieu » dont témoigne déjà Matthieu dans la formule
équivalente de Mère de l’Emmanuel, Dieu avec nous (Mt 1, 23), remonte au cinquième
siècle. Ce titre est le fruit de la foi qui se justifie et explique sa vérité pendant la crise
ouverte par Arius. Voir SESBOÜE B., Histoires des dogmes, t. III. Les Signes du salut.
Paris (Desclée), 1996, pp. 563-621. M. AGNES, La professione di fede nei concili di
Efeso e di Calcedonia. Sangermano (Cassino), 1983 ; PHILIPPE D. M., « Le mystère de
la maternité divine de Marie », in : DU H. MANOIR (ed), Maria, VI, pp. 367-416 ;
VANHOYE A., « La mère du Fils de Dieu selon Gal 4, 4 », in : Marianum 40 (1978), pp.
237-247. Le Concile d’Ephèse en 431, en acclamant la seconde lettre que Cyrille a
adressée à Nestorius, affirme : la divinité et l’humanité de Jésus ; il a aussi proclamé
83
Marie comme Mère de Dieu, c’est-à-dire celle du Fils éternel du Père, engendré par la
Vierge dans l’histoire.
241
Ce titre date du XIIIè siècle. On le rencontre dans les Constitutions monasticae, mais
en relation avec la participation à l’Esprit Saint. Voir LAURENTIN R., « Pétitions
internationales pour une définition dogmatique de la médiation et la corédemption », in :
Marianum LVIII (1996), 429-446, p. 441 ; La proclamation de ce titre de « Mater
ecclesiae » fut le 21 novembre 1964, par le Pape PAUL VI dans son discours de clôture
de la troisième session du Concile Vatican II. Voir pour l’état actuel de la question, DE
FIORES S., Maria nella teologia contemporanea. Roma (Centro di Cultura Mariana),
1991, pp. 171-175.
242
GROUPE DES DOMBES, « Marie dans le dessein de Dieu et la communion des
saints », in : DC2165, 15 (3 et 17 août 1997), pp. 723-749.
243
On rappelle d’ores et déjà que c’est sous le titre de « Mère » que le Concile Vatican II
rassemble tout ce qui concerne l’influence de Marie sur l’Église.
244
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille, p. 30.
245
EA 144.
246
EA 142.
84
247
EA142 et 144.
248
EA 144.
249
EA 142.
250
LAVIGNE J-C., « Marie Afrique », in : Nouveaux Cahiers Marials 76 (décembre
2004), p. 5, cité sous le titre Marie Afrique.
251
EA 142.
252
LAVIGNE J-C., « Marie Afrique », p. 6.
253
Ibid., p. 6.
85
254
Lineamenta 93.
255
Lineamenta 94, Instrumentum laboris 105 et 149.
256
Instrumentum laboris du second Synode n° 105.
86
257
Ibid., n°105.
258
Ibid., n° 105.
259
Ibid., n° 105.
260
Ibid., n° 105.
261
Ibid., n° 114.
262
Ibid., n° 149 ; Propositions du second Synode n° 57 ; AM 114 et 175.
263
Instrumentum laboris du second Synode n° 149.
264
Ibid., n° 149.
265
Message final n° 25.
266
Message final n° 49.
87
267
Message final n° 49.
268
Propositions du second Synode n° 9.
269
Ibid., n° 9.
270
Ibid., n° 9.
271
Ibid., n° 57.
272
Ibid., n° 57.
273
Ibid., n° 57.
274
AM 35.
275
AM 35.
276
AM 35.
88
277
AM114.
278
AM175.
279
AM175.
280
AM 175.
89
281
EA 144.
282
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille, p. 13.
283
MA-MUMBIMBI MUZUMANGA F., Marie et l’Église-famille, p. 13. Cf. EA 142.
90
284
On peut citer en exemple les études d’APPIAH-KUBI F., L’Église, pp. 133-209 ;
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu, pp. 31-101 et pp. 137-183 ; NDIAYE B.,
Jésus, Premier-né d’une multitude de frères. Etude de Rm 8, 28-30. Dakar (Editions
Saint-Paul), 1998 ; BUETUBELA B. P., « Aux sources de l’Eglise-famille de Dieu. La
fraternité en Jésus Christ, Premier-né » (Rm 8, 29) », in : Telema 1-2 (1997), pp. 69-72 ;
BUETUBELA B. P., « Église-fraternité selon le Nouveau Testament. Enquête exégétique
dans les synoptiques et des épîtres pauliniennes », in : Église-famille ; Église-fraternité.
Perspectives post-synodales. Actes de la XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26
novembre au 2 décembre 1995, Kinshasa, FCK, 1997, pp. 199-272 ; LADO TONLIEU
L., « The Church as Family of God in the Pauline Corpus”, in : Hekima Review 12
(24décembre 2000), pp. 16-27.
285
ASSOCIATION PANAFRICAINE DES EXEGETES CATHOLIQUES (APECA).,
L’Église-famille et perspectives bibliques. Mélanges Paul Cardinal Zoungrana,
Kinshasa, (Matand Editeur), 1999.
286
ASSOCIATION PANAFRICAINE DES EXEGETES CATHOLIQUES (APECA).,
L’Église-famille et perspectives bibliques. Actes du neuvième congrès de l’APECA, Vol
II, Kinshasa, (Matand Editeur), 2002.
287
NGOY MWAKA J. J., « Le visage de la famille dans l’Ancien Testament. Une société
sans famille est comparable à un fruit sans noyau », in : Semaines Théologiques de
Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la XXè
92
292
ONAIYEKAN J., « The Church : Family of God on Earth », in : Association
panafricaine des exégètes Catholiques (APECA), L’Église famille et perspectives
bibliques. Mélanges Paul Cardinal Zoungrana, pp. 41-50.
293
ONAIYEKAN J., « The Church : Family of God on Earth », p. 44.
294
MONSENGWO PASINYA L., « L’Église famille et images bibliques de l’Église à
l’aube du 3ème millénaire », in : RICAO 14-15 (1996), p. 137. Ce double numéro a porté
94
300
MHAGAMA C., « The Church As Family of God : A Biblical Foundation ?”, in : The
Model of Church-as-Family : Meeting of the African Challenge. Naïrobi, (The Catholic
University of Eastern African), 1999, pp. 36-45.
301
MHAGAMA C., « The Church As Family of God : A Biblical Foundation?”, p. 39.
96
302
UMOREN A. I., « One Heart And Soul (Acts 4 : 32) : Family Unity in the Primitive
Church And Contemporary African Church”, in : Association Panafricaine des exégètes
Catholiques (APECA), L’Église famille et perspectives bibliques. Actes du neuvième
congrès de l’APECA, volume II, pp. 57-65.
303
GUILLAUME J.-M., « A la lumière des Actes des apôtres, bâtir une Église-famille de
Dieu, signe du règne de Dieu en Afrique », in : « Intégration régionale : union africaine
et développement de l’Afrique. Spécial 10 ans du Synode africain » RUCAO 21 (2004),
pp. 179-194.
304
STANDAERT B., « La première épître ou l’apologie d’une Église humble et
joyeuse », in : Association Panafricaine des exégètes Catholiques (APECA), L’Eglise
famille et perspectives bibliques. Mélanges Paul Cardinal Zoungrana, pp. 151-168.
305
UMEAGUDOSU M. A., « The Legal Role of the Church in the New Testament”, in :
Association Panafricaine des exégètes Catholiques (APECA), L’Église famille et
perspectives bibliques. Mélanges Paul Cardinal Zoungrana, pp. 171-180.
97
307
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu, p. 68.
308
Ibid., p. 67.
309
Ibid., p. 67.
310
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu, p. 68.
311
APPIAH-KUBI F., L’Église, pp. 127-164.
312
Mt 8, 19-22 par Lc 9, 59-60 ; Lc 14, 26-27 ; Mc 10, 31-36 par Lc 12, 51-53 ; Mc 3,
20-23 ; Mc 3, 31-35 par Mt 12, 46-50, Lc 8, 19-21 ; Mc 10, 28-30 par Mt 19, 27-29, Lc
18, 28-30.
98
314
Ibid., p. 134.
315
Ibid., p. 135.
316
Ibid., p. 136.
317
Ibid., p. 137.
99
318
Mc 3, 31-32.
319
Mc, 3 33-34.
320
Mc 3, 32.
321
Mc 3, 31
322
Mc 3, 33.
100
323
KEMDIRIM P. O., « The Role of Women in Luke and the African Image of Mother”,
in : Association Panafricaine des exégètes Catholiques (APECA), L’Église famille et
perspectives bibliques. Actes du neuvième congrès de l’APECA, volume II, pp. 33-42.
324
KEMDIRIM P. O., “The Role of Women in Luke and the African Image of Mother”,
p. 40.
325
DIOUF J. N., « La nouvelle naissance dans le Prologue de Saint Jean »,
in :Association Panafricaine des exégètes Catholiques (APECA), L’Église famille et
perspectives bibliques. Mélanges Paul Cardinal Zoungrana, pp. 99-112.
326
DIOUF J. N., « La nouvelle naissance dans le Prologue de Saint Jean », p. 109.
327
Ibid., p. 112.
328
L’expression est de DUJARIER M., l’Église-Fraternité. Paris (Cerf), 1991.
101
329
Mt emploie le terme 39 fois, Mc 20 fois, Lc 24 fois et Jn une fois. On peut relever
aussi 57 mentions dans les Actes des Apôtres, Corpus paulinien 133+ He 10 fois, au total
de 343 fois pour le NT. Si nous ajoutons les formes féminines (adelphè), nous arrivons
aux chiffres suivants : Mt 42 fois ; Mc 24 fois ; Lc 27 fois ; Jn 20 fois.
330
BUETUBELA BALEMBO., « Église-Fraternité selon le Nouveau Testament. Enquête
exégétique dans les synoptiques et les épîtres pauliniennes », in : Semaines théologiques
de Kinshasa, Église-Famille ; Église-Fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la
XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995, Kinshasa,
Facultés Catholiques de Kinshasa (1997), pp. 169-179.
331
BUETUBELA BALEMBO., « Église-Fraternité selon le Nouveau Testament », p. 176.
332
ATAL SA ANGANG., « La fraternité dans le Nouveau Testament », in : Semaines
théologiques de Kinshasa, Église-Famille ; Église-Fraternité. Perspectives post-
synodales. Actes de la XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2
décembre 1995, Kinshasa, Facultés Catholiques de Kinshasa (1997), pp. 181-198.
102
333
APPIAH-KUBI F., L’Église, p. 147.
334
Ibid., p. 147.
335
Cf. Mt 5, 22.24.47 ; 7, 3-5.
336
Cf. Lc 22, 32 ; Mt 28, 10.
337
Cf. Mc 3, 31-35 ; Mt 12, 46-50 ; Lc 8, 19-21.
338
1 Jn 2, 9-11 ; 1 Jn 3, 13-14 ; 3 Jn 3, 3-5.10 ; 1 Jn 1-2 ; 1 Jn 4, 20-21 ; 1 Jn 5, 16 ; 1 Jn
3, 18 ; 1 Jn 2, 27 ; 2 Jn 9.
339
3 Jn 1-8.
103
340
Amour des frères = lumière. Lumière = l’amour fraternel. Ténèbres = haine. Haine
= ténèbres.
341
Cette péricope, comme l’affirme F. Appiah-Kubi, attire l’attention sur le statut des
chrétiens, celui d’enfants de Dieu (APPIAH-KUBI F., L’Église, p. 184). En 1 Jn 3, 9-16,
cet amour fraternel apparaît clairement : « Nous devons nous aimer les uns les autres,
loin d’imiter Caïn, qui, étant du mauvais, égorgea son frère » (1 Jn 3, 11). En 1 Jn 4, 20-
21, cela est davantage explicité : « celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer
Dieu qu’il ne voit pas ». En 1 Jn 5, 16, cet amour fraternel devient un engagement :
« Quelqu’un voit-il son frère commettre un péché ne conduisant pas à la mort, qu’il prie
et Dieu donnera la vie à ce frère ». Ainsi dans les Épîtres de saint Jean, poursuit F.
Appiah-Kubi, la fraternité représente un thème majeur qui permet de fonder une famille.
Une telle fraternité est donc l’expression même de la foi et de la vérité : vivre de la sorte,
c’est être dans la vérité ; être fidèle à cette vérité, c’est avoir et le Père et le Fils. Les
Épîtres de saint Jean invitent les fidèles à se tourner vers le Père à l’exemple du Christ :
comme le Fils est tourné vers son Père, les fidèles sont tournés vers Lui et dans un même
mouvement vers les autres frères. Les frères demeurent dans cette vérité et sont invités à
la laisser demeurer en eux. Ainsi, les études de F. Appiah-Kubi laissent-elles apparaître,
dans les épîtres johanniques, l’étroite unité entre la dimension pratique de l’amour -
l’amour des frères - et la dimension théologale -, l’amour de Dieu. Ceci montre que la
famille des enfants de Dieu repose sur l’unité et l’amour. Le sort de chacun est lié à celui
des autres. Jésus veut que l’unité soit parfaite, et Jean nous invite à cette unité : « Notre
communion est la communion avec le Père et avec le Fils Jésus-Christ ». En effet, pour
saint Jean, il n’y a pas de communion avec Dieu sans la communion avec les frères et
sœurs. Cette communion fraternelle est ce qu’on appelle la famille de Dieu.
342
APPIAH-KUBI F., L’Église, p. 179.
104
343
Ibid., p. 179.
344
MATAND J. B., « La solidarité fraternelle de Jésus avec les croyants : Lecture
exégético-rhétorique de Heb 2, 5-16 », in : Association Panafricaine des exégètes
Catholiques (APECA), L’Église famille et perspectives bibliques. Mélanges Paul Cardinal
Zoungrana, pp. 67-88.
345
MATAND J. B., « La solidarité fraternelle de Jésus avec les croyants », p. 71.
105
346
NDIAYE B., Jésus, premier-né d’une multitude de frères. Etude de Rm 8, 28-30.
Dakar (Inédit), 1999, p. 102.
347
POUCOUTA P., Sous le souffle de l’Esprit. La mission dans les Actes des Apôtres.
Kinshasa (Epiphanie), 2003.
106
349
BISHWENDE R. A., Église-famille de Dieu, p. 182.
350
Ibid., p. 162.
351
Ibid., p. 171.
352
Ibid., p. 180.
353
Ibid., p. 180.
354
Ibid., p. 181.
108
355
Ibid., p. 182.
356
Ibid., p. 180.
357
HOUNGBEDJI R., L’Église-Famille de Dieu, p. 181.
358
Ibid., p. 292.
109
361
COLLOQUE., Église-famille; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de
la XIXe Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995,
Kinshasa, FKC, 1997. C’est aussi la position de BISHWENDE RAMAZANI A, Église-
famille de Dieu. Esquisse d’ecclésiologie africaine. Paris (Harmattan), 2001.
110
364
Ibid., p. 309.
365
Parlant de la fraternité, il affirme que « le respect mutuel ne suffit pas ; il s’agit
d’instaurer une vraie fraternité, pas seulement chrétienne mais universelle. Le
dynamisme nécessaire à une telle fraternité n’est autre que la charité, cet amour dont a
témoigné le Christ en faveur de toute humanité jusqu’à la croix. C’est bien cet amour qui
est au cœur du mystère chrétien », APPIAH-KUBI., L’Église, p. 308.
366
En ce qui concerne la solidarité, il soutient que « la reconnaissance de la fraternité ne
suffit pas. Il s’agit d’aller jusqu’à la solidarité effective entre tous, en particulier entre
les différentes ethnies, races, entre les personnes, entre riches et pauvres366 ». De ce fait,
l’Église-famille de Dieu doit promouvoir la fraternité et la solidarité entre race, ethnie et
111
clans, contre toute tentation de dominer, de perdre le moi par l’absorption dans l’autre.
L’Église-famille de Dieu a donc cette mission de bannir tous les clivages ethniques ou
raciaux, de respecter les étrangers et les différentes cultures, d’accepter le dialogue, le
partage et l’entraide ainsi que la collaboration avec les autres ethnies. Dans cette
gigantesque entreprise de fraternité et de solidarité, F. Appiah-Kubi souligne que :
« l’Église-famille de Dieu a pour mission d’apporter un supplément d’âme. C’est dans la
reconnaissance de ces nouveaux liens ecclésiaux de fraternité et de solidarité que
l’Église qui est en Afrique peut témoigner qu’elle est famille de Dieu, APPIAH-KUBI.,
L’Église, p. 309.
367
Enfin, F. Appiah-Kubi mentionne l’amour comme principe de tous les liens ecclésiaux
et fondement de l’Église-famille de Dieu : il transcende tout sans exception. Pour F.
Appiah-Kubi, il est question de la « charité qui est amour de Dieu et amour du prochain.
C’est dans ce sens ontologique et large qu’il faut entendre le sens profond d’une
fraternité non limitée à un groupe particulier. APPIAH-KUBI., L’Église, p. 309.
368
APPIAH-KUBI., L’Église, p. 107.
369
Ibid., p. 107.
370
La liste des publications sont : Plan d’Action de la CERAO – Triennat 2000-2003
(octobre 2001) ; Vademecum pour l’inculturation en liturgie (février 2003) ; Vademecum
pour un renouveau de la Catéchèse : De la conversion initiale vers la maturité de la foi
(février 2003) ; Gorée 2003 : Purification de la Mémoire africaine –l’Église-famille
demande pardon (décembre 2003) ; Plan d’Action de la CERAO 2003-2009 (mars
2004) ; Guide pratique d’Apostolat Biblique (août 2006) ; Avance au large !... Pour un
Laïcat responsable dans l’Église Famille de Dieu en Afrique ! (décembre 2006) ;
Guérison de l’Arbre Généalogique (juin 2007) ; L’Église-famille de Dieu : sacrement de
112
salut et lieu de la nouvelle fraternité pour les sociétés africaines (Instrumentum Laboris)
(juillet 2007) ; Vers le 2e Synode africain : Colloque Préparatoire de la CERAO (août
2008) ; Christianisme et Rite Funéraires Africains (septembre 2008) ; Stoppe la
Corruption… Développe ta patrie ! (octobre 2008) ; Le laïcat Ouest-Africain s’organise
(décembre 2008) ; La Famille et la santé de la Reproduction (janvier 2009) ;
Réconciliation, Justice et Paix en Afrique (janvier 2009) ; Travail, Entreprise,
Développement (mai 2009) ; Suggestions pour le 2e Synode africain. Synthèse-atelier
RECOWA/CERAO du 07 au 12 juillet 2009.
371
EVEQUES DE LA CERAO., L’Église-famille de Dieu : sacrement de salut et lieu de
la nouvelle fraternité pour les sociétés africaines. Abidjan (CERAO-Editions), 2007. Cité
désormais sous le titre L’Église-famille de Dieu.
113
372
ÉVEQUES DE LA CERAO., L’Église-famille de Dieu, p. 11.
373
Cf. Jn 10, 30.38; 14, 18-20.
374
Credo de Nicée-Constantinople.
375
EVEQUES DE LA CERAO., L’Église-famille de Dieu, p. 30.
376
L’évangile de Matthieu 12, 50 précise: « Quiconque fait la volonté de mon Père ».
377
EVEQUES DE LA CERAO., L’Église-famille de Dieu, p. 30.
378
Cf. Eph 2, 6.11-22; Gn 4, 8; He 11, 4; 1 Jn 3, 12.
114
379
EVEQUES DE LA CERAO.,L’Église-famille de Dieu, p. 11.
380
Ibid., p. 11.
381
Ces deux saints évêques africains de l’ère patristique n’ont eu de cesse dans leur
combat pour l’unité de l’Église de prôner la « fraternité » entre baptisés. C’est le baptême
qui fonde cette fraternité dans une Eglise, Mère. Pour ces deux Pères de l’Église, la
paternité de Dieu sur les baptisés les constitue frères dans la familia Dei. On se rappelle
la maxime théologique célèbre de l’évêque de Carthage dans son traité sur l’unité de
l’Église : Nul ne saurait avoir Dieu pour Père s’il n’a l’Eglise pour Mère. Et Augustin,
comme en un leitmotiv, dans ses écrits anti-donatistes, dira au donatiste qu’il cherchait à
ramener à l’unité catholique : « que tu le veuilles ou pas, tu es mon frère ». Sous-entendu,
à cause de l’unique baptême qui nous incorpore au Christ Tête.
382
EVEQUES DE LA CERAO., L’Église-famille de Dieu, p. 42.
115
24.1.1. Le concordisme
La première tendance que l’on retrouve chez certains
théologiens est celle du concordisme, c’est-à-dire des
correspondances entre le donné révélé et les donnés de la culture.
Ces théologiens soutiennent qu’il existe des présupposés socio-
anthropologiques (les valeurs positives caractérisent la famille
africaine) auxquels correspondraient des données évangéliques383.
Ainsi donc, dans le processus d’édification d’une Église-famille de
Dieu en Afrique, il existerait déjà dans la culture africaine des
valeurs prônées par l’Évangile, qui sont identifiées comme des
« pierres d’attente », et prises en compte pour l’épanouissement et
la fortification de la foi du chrétien africain. C’est dans ce sens que
certains théologiens de cette tendance parlent de correspondance
entre l’organisation de la vie familiale en Afrique et les nouvelles
structures ou mode de vie à envisager dans l’Église-famille de
Dieu384.Ce courant de pensée est caractéristique des théologiens de
383
KABASELE F., « L’Église-Famille en Afrique », in : Concilium 260 (1995), pp. 125-
131. Lire également la remarque de SOME J. M et PICHARD G., La Famille de Dieu II.
Bobo Dioulasso, (Imprimerie de la Savane), 1975, p. 3 : « L’Africain qui entre dans
l’Église trouve ce qu’il y a de plus beau, tout ce qu’il y a de meilleur dans sa famille ».
384
Les théologiens burkinabè qui se sont distingués par leurs œuvres sur ce thème sont :
Yanoogo B., Église-famille au Burkina Faso. Contribution théologique et perspectives
pastorales, Thèse de doctorat en théologie, Abidjan, 1991) ; SOME J.-M., « L’Église-
Famille de Dieu », in : RICAO 14-15 (1996), pp. 67-80) ; DABIRE J-M., L’Église-
116
385
YANOOGO B., Église-Famille au Burkina Faso. Contribution théologique et
perspectives pastorales, Thèse de doctorat en théologie, Abidjan, 2 Vol. 1991.
386
DABIRE J. M., L’Église-Famille de Dieu : Approche théologico-doctrinale.Bobo
Dioulasso (Imprimerie de la Savane), 1992.
387
DABIRE J. M., L’Église-Famille de Dieu, p. 43.
388
Ibid., p. 44.
117
389
Ibid., p. 46.
390
Ibid., p. 45.
391
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu,p. 200.
392
SEMPORE S., « Barthélémy Adoukonou, un pionnier de l’inculturation en Afrique de
l’Ouest », in : Théologie africaine au XXIè siècle. Quelques figures. Vol. I, Fribourg
(Editions Universitaires), 2002, p. 146. (pp ; 142-156).
393
Les théologiens de cette tendance peuvent être regroupés autour de quelques auteurs
majeurs dont les œuvres sont connues : NDIAYE B., Jésus, Premier-né d’une multitude
118
395
BEKUONE SOME J. M., « L’Église-famille de Dieu. Approche anthropo-
sociologique de la famille Dagara », in : Actes du colloque spécial post-synodal, Abidjan
(18-20 avril 1996) in : RICAO n° 14-15, pp. 67-80.
396
APPIAH-KUBI F., L’Église, p. 16.
119
397
Cf. Documents de travail, n° 267, p. 25. Voir également le premier rapport introductif
du cardinal Thiandoum H, du premier Synode africain, n° 8-15, in : CHEZA M., Le
Synode africain, pp. 35-38.
398
NDIAYE B., « Jésus, Premier-né d’une multitude de frères », p. 8.
399
Ibid., p. 8.
400
Ibid., p. 9.
401
Ce concept d’Église-fraternité apparaît également chez d’autres auteurs, tels que :
NDONGALA. I. M, Pour des Églises régionales en Afrique. Paris (Karthala), 1999 ;
120
403
NDIAYE B.,« Jésus, Premier-né d’une multitude de frères », p. 9.
404
NDIAYE B., focalise son travail de recherche autour de ce thème en étudiant le
passage de Rm 8, 28-30 où il montre comment « l’actualisation de l’unité communautaire
des croyants trouve une application typologique dans le Christ, Premier-né d’une
multitude de frères ». cf. NDIAYE B., « Jésus, Premier-né d’une multitude de frères », p.
102.
405
BISHWENDE R. A., Église-famille de Dieu, p. 154.
406
Ibid., p. 143.
407
Ibid., p. 143.
121
408
Ibid., p. 148.
409
Ibid., p. 143.
410
Ibid., p. 143.
411
Ibid., pp. 153-154.
412
Ibid., p. 153.
413
Ibid., p. 154.
122
414
NDIAYE B., « Jésus, Premier-né d’une multitude de frères », p. 102.
415
HOUNGBEDJI R., L’Église-famille de Dieu, pp. 208-209.
416
BISHWENDE A. R., Église-famille de Dieu dans la mondialisation. Théologie d’une
nouvelle voie d’évangélisation. Paris (Harmattan), 2006.
417
MESSOMO ATEBA A. G., Enjeu de la seconde évangélisation de l’Afrique noire.
« Mémoire blessée » et « Église du peuple ». Paris (Harmattan), 2005, cité sous le titre
de : Enjeu de la seconde évangélisation de l’Afrique noire.
418
MESSOMO ATEBA A. G., Enjeu de la seconde évangélisation de l’Afrique noire, p.
9.
123
421
C’est une Église où le peuple se comprend et se célèbre lui-même comme porteur de
la Bonne Nouvelle de Dieu. Elle est une Église où les chrétiens sont de manière plus
résolue et plus vivante les sujets de la communauté de l’espérance et où ils doivent
devenir de sujets véritables. MESSOMO ATEBA A. G., Enjeu de la seconde
évangélisation de l’Afrique noire, p. 431.
422
MESSOMO ATEBA A. G., Enjeu de la seconde évangélisation de l’Afrique noire, p.
10.
423
Ibid., p. 11.
124
424
Ibid., p. 430.
425
Ibid., p. 433.
426
Ibid., p. 433.
427
Ibid., p. 431.
125
428
Les tenants de cette tendance sont KALAMBA NSAPO S., « Une théologie de
l’Eglise-Famille en Afrique sub-saharienne », in : Ephermerides Theologicae
Lovanienses, Tome LXXV (1999), pp. 157-174 et ILUNGA J., « Chiesa-Familia. Parola
chiave per l’inculturazione del vangelo in Africa », in : Ad Gentes 4 (Bologna 2000), pp.
39-62.
429
KALAMBA NSAPO S., « Une théologie de l’Église-Famille en Afrique sub-
saharienne », p. 168.
126
430
Ibid., p. 169.
431
ILUNGA J., « Chiesa-Familia. Parola chiave per l’inculturazione del vangelo in
Africa », p. 51; KALAMBA NSAPO S., « Une théologie de l’Église-famille en Afrique
sub-saharienne », p. 161.
432
MBAYA M., « La solidarité africaine à l’épreuve du temps », in : Église-famille ;
Église-fraternité. Actes de la XX ème Semaine théologique de Kinshasa (26 décembre
1995), FCK, Kinshasa, 1997, pp. 63-74 ; THUNGU B., « La solidarité africaine à
l’épreuve du temps », pp. 75-81.
433
MBEMBE A., Les jeunes et l’ordre politique en Afrique noire. Paris (Harmattan),
1985, pp. 20-25.
127
437
HOUNGBEDJI R., L’Église-Famille de Dieu en Afrique ; APPIAH-KUBI., L’Église,
famille de Dieu etc.
438
Jn 19, 25-27.
439
ADINGRA E., Mémoire de Licence en Mariologie (non publié) à Dayton : La
pertinence de la foi de Marie dans les Ecritures et dans les documents récents de
l’Église, Dayton, 2009.
440
Jn 19, 26.
130
441
GUILBERT P., Marie des Écritures. Paris (Nouvelle Cité), 1995, p. 245. Dans le
même ordre d’idées l’auteur affirme que : « Marie est ici la Femme et la Mère. Elle réfère
ainsi à celle qui, la première, a été présentée comme la Femme et la Mère de tous les
vivants (Gn 3, 20). Elle est la Mère qui donne naissance à d’innombrables fils. En cela
elle est aussi une image de l’Église, Mère universelle des enfants de Dieu », p. 245.
442
SERRA A., Sapienza e contemplazione di Maria secondo Luca 2, 19.51b. Roma
(Edizioni Marianum), 1982, p. 109.
443
DE LA POTTERIE I., Marie dans le mystère de l’Alliance. Paris (Desclée), 1988, p.
238.
131
444
MEURICE M-V., Voici ta Mère. Itinéraire théologique et spirituel avec Jean-Paul II.
Paris (Ad Solem), 2010, p. 287, cité désormais sous le titre Voici ta Mère.
132
447
THURIAN M., dit même que Marie est l’ « archétype » de l’Église, mais sans entendre
ce mot autrement que celui de symbole ou de figure. Et pour lui, le rôle de Marie comme
type de l’Église succède à son rôle de mère. Cf. THURIAN M., Marie, Mère du
Seigneur, figure de l’Église. Taizé, 1963.
133
448
NICOLAS M. J., Marie, Mère du Sauveur. Paris (Desclée), 1967, p. 113.
449
Eph 5, 27.
450
Ap 21, 2.
451
LG 68.
134
453
DUJARIER M., L’Église-fraternité, t. 1. Les origines de l’expression « adelphotès-
fraternitas » aux trois premiers siècles du christianisme. Paris (Cerf), 1991, p. 20.
454
NDONGALA I., Pour des Églises régionales en Afrique. Paris (Karthala), 1999, p. 67.
Cité aussi par BISHWENDE R. A., Église-famille de Dieu, p. 57.
135
455
BISHWENDE R. A., Église-famille de Dieu, p. 198.
456
MONSENGWO PASINYA L., « L’Église-famille et les images bibliques de l’Église à
l’aube du troisième millénaire », in : Actes du colloque spécial post-synodal. Abidjan.
RICAO(du 18 au 20 avril 1996), p. 137.
136
27. CONCLUSION DE LA
PREMIÈRE PARTIE
L’objectif premier de cette première partie, était de
présenter l’Église-famille de Dieu, selon les textes des deux
Synodes africains en vue de dégager le rôle et la place de Marie au
sein de l’Église-famille de Dieu en Afrique. Cette première partie a
permis d’aboutir à une meilleure compréhension de l’historique de
l’Église-famille de Dieu, ainsi que du développement effectué par
les théologiens africains. Le tout montre que l’Église est mystère
de communion trinitaire. La référence à la Trinité Sainte constitue
en elle-même l’originalité du christianisme. En Afrique, l’Église
est appelée désormais à vivre la tradition de l’Église-famille de
Dieu dans l’esprit et la vitalité d’une Église comme communion
trinitaire. La présence de Marie dans cette Église-famille de Dieu
s’est cependant révélée minime, quasi inexistante. Mais les
quelques éléments qui ont relevé la présence de Marie sont très
importants pour montrer la place et le rôle que Marie pourrait
remplir dans l’Église-famille de Dieu en Afrique.
137
29. INTRODUCTION
Ayant étudié l’Église-famille de Dieu dans ses différents
compartiments, on veut, dans cette deuxième partie de la thèse,
étudier la famille africaine traditionnelle parce qu’elle constitue le
présupposé au modèle ecclésiologique des deux Synodes africains.
On retient d’ores et déjà que la famille africaine traditionnelle est
très étendue. Elle ne se réduit jamais au père, à la mère et leurs
enfants. En effet, sa structure, ses méthodes éducatives et ses
valeurs marquent tellement la façon de penser et d’agir de
l’individu que pour le comprendre il devient incontournable de
pénétrer le milieu familial dans lequel il a été éduqué.
On mettra d’abord en relief les valeurs et les richesses, ainsi
que les faiblesses de la famille traditionnelle africaine, avant de
démontrer, par la suite, comment des changements dramatiques ont
ébranlé les familles africaines dans leur aptitude à répondre aux
besoins de leurs membres. On décrira par la suite, la nouvelle
configuration de la famille africaine d’aujourd’hui, pour montrer
enfin le rôle et la place de la mère dans cette réalité contemporaine
de la famille africaine.
On rappelle qu’on est à la recherche du point de rencontre
de la théologie de l’Église-famille de Dieu et de la famille africaine
pour en dégager la place et le rôle de Marie.
138
457
LOCH T., « Les familles africaines face à la crise », in : Afrique Contemporaine 166
(1993), p. 13.
458
AA 11 ; GS 52.
139
459
GS 86.
460
GS 48.
461
CHEZA., Le Synode africain, p. 246. « La famille chrétienne est la première cellule de
la petite communauté chrétienne. Elle trouve son modèle et sa vitalité spirituelle dans la
Sainte Famille de Nazareth et on l’appelle à juste titre : église-domestique ».
462
AA 11.
463
PAUL VI., Audience générale : in : DC 1704 (1976), pp. 754-755.
140
466
Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse, Perfectae Caritatis, I.
467
Perfectae Caritatis 15.
468
On entend par tradition un ensemble d’idées, de doctrines, de mœurs, de pratiques, de
connaissances, de techniques, d’habitudes et d’attitudes transmis de génération en
génération aux membres d’une communauté humaine (cf. FOUQUET E., Dictionnaire
universel de poche. Paris (Hachette), 1999, p. 552). Du fait du renouvellement perpétuel
de ses membres, la communauté humaine se présente comme une réalité mouvante et
dynamique. Ainsi, la tradition revêt à la fois un caractère normatif et fonctionnel. Cette
normativité se fonde essentiellement sur le consentement à la fois collectif et individuel.
Elle fait de la tradition une sorte de convention collective acceptée par la majorité des
membres, un cadre de référence qui permet à un peuple de se définir ou de se distinguer
d’un autre (PERROT C.H., Sources orales de l'histoire de l'Afrique. Paris (CNRS), 1989,
141
p. 64). La fonctionnalité d’une tradition, quant à, elle se révèle dans son dynamisme et
dans sa capacité d’intégrer de nouvelles structures ou des éléments d’emprunts
susceptibles d’améliorer, ou parfois de désagréger, certaines conditions d’existence des
membres de la communauté (MOUMOUNI A., L’éducation en Afrique. Paris (Maspero),
2è édition, 1967, p. 47). Ainsi, la tradition ne se présente pas essentiellement comme une
institution figée, conservatrice, rétrograde et insensible aux changements, mais comme un
sous-système mouvant et dynamique faisant partie de la vie elle-même. Elle ne se
confond donc pas avec le passé qu’elle transcende et ne s’oppose pas à la réalité
d’aujourd’hui. En somme, la tradition est une composante de l’histoire. Elle porte en elle,
malgré certaines résistances au changement, les germes subtiles de la modification, de la
transformation qui font que les peuples doivent à tout moment ajuster au temps leurs
idées, leur manière d’être et de faire (Ibid., p. 49). Les traditions à sauver sont donc celles
qui favorisent le progrès ou qui ont le pouvoir de corriger les excès des sociétés à des
moments d’égarement, de dérive.
469
GAMBEMBO G., « La famille africaine : cellule vitale », in : Semaines Théologiques
de Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la
XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995. Kinshasa
(Faculté Catholiques de Kinshasa), 1997, pp. 23-30.
470
ADE E., « La famille africaine d’hier et aujourd’hui », in : Pentecôte d’Afrique 40
(juin 2000), p. 29.
471
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », in : Pentecôte d’Afrique 40
(juin 2000), p. 20, cité sous le titre La famille dans la tradition africaine.
472
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », p. 20.
473
MUKENDI M., « La famille africaine : cellule de base », in : Semaines Théologiques
de Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la
XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995, Kinshasa,
Faculté Catholique de Kinshasa 1997, pp. 31-42 ; KANAYAMACHUMBI P., « La
famille traditionnelle africaine : un paradigme socio-politique très précieux », in :
Semaines Théologiques de Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-
142
31.1.1. Sa composition
La famille désigne chez les peuples noirs africains un cercle
de membres bien plus large que ce que le mot recouvre dans son
usage américano-européen. La famille européenne, au sens
traditionnel du terme, est qualifiée de famille nucléaire : composée
du père, de la mère et des enfants476. La famille africaine comme le
souligne V. Mulago, « est un groupe de personnes unies par un
certain système de relations basées sur la parenté. Elle comprend
avant tout des personnes liées entre elles par le sang, lien naturel
provenant de la naissance, de l’origine commune. Elle englobe
également des personnes liées par les effets d’alliances
matrimoniales, par le lien de l’affinité, lien basé sur un fait
474
TONDE B., « Conflits et réconciliation en famille », in : Réconciliation et paix en
Afrique. RUCAO n° 27 (2006), p. 45.
475
CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI., Lettre aux Évêques de
l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans
le monde (31 mai 2004), n° 13 : AAS 96 (2004), p. 682. Cf. AM 42.
476
GS 52.
143
477
MULAGO V., Théologie africaine et problèmes connexes. Au fil des années (1956-
1992). Paris (L’Harmattan), 2004, p. 249.
478
Mbiti John écrit à ce sujet: “has outlined that in the African traditional society the
family was extended, in the sense that it included children, parents, grandparents, uncles,
aunts, brothers and sisters who may have had their own children, and other immediate
relatives. The size of a family could therefore range from ten persons to even a hundred
where a man had several wives. The family included departed relatives, who were alive
in the memories of the living and were offered food and libation as tokens of fellowship,
communion, respect, remembrance and hospitality. Also included were the unborn that
were considered as buds of hope and expectation”. Cf. MBITI J., African Religions and
Philosophy, London, Heinemann, 1969, pp. 106-107. Lire également : KPAKALA
MICHAEL F., “The Church in Africa. Sacrament of Justice, Peace, and Unity” in : The
African Synode : Documents, Reflections and Perspectives, Maryknoll, New York (Orbis
Books), 1996, pp. 119-130.
479
SCEAM., l’Église-famille de Dieu, Instrumentum laboris, Lettre pastorale. Accra,
SCEAM, 1998, p. 20. Lire également G. Gambembo, « La famille africaine : cellule
vitale », in : Actes de la XXe Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2
décembre, 1995. Kinshasa, 1997, pp. 23-29.
480
MATOKO E., L’Afrique par les Africains : utopie ou révolution ? Paris
(L’Harmattan), 1996, p. 198.
481
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », p. 12.
144
31.1.1.1.2. Le lignage
Le deuxième échelon est le lignage. D’après J-P. Colleyn,
le lignage « groupe les gens qui se considèrent comme descendants
d’un ancêtre commun et qui peuvent reconstituer leur généalogie à
partir de cet ancêtre484 ». Le lignage est donc un groupe de
482
MOULARE A., L’évolution de la famille ivoirienne. Abidjan (INADES), 1968, p. 3 ;
cf. GANDOLFI S., « La famiglia e l’educazione nel contesto africano », in : La Famiglia
33 (1999), p. 29.
483
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique. Évolution
des modèles en Côte d’Ivoire. Abidjan (Éditions du CERAP), 2005, p. 13, cité désormais
sous le titre Socio-anthropologie de la famille en Afrique.
484
COLLEYN J-P., Éléments d’anthropologie sociale et culturelle. Bruxelles (Éditions de
l’Université de Bruxelles) 3ème édition, 1982, p. 75.
145
485
Il est à noter que l’Afrique noire ne tient compte de la consanguinité seulement que
dans le matrilignage ou le patrilignage. Chez les matrilinéaires, l’ancêtre commun est une
femme ; c’est un homme chez les patrilinéaires. Il s’ensuit qu’un groupe consanguin de
régime matrilinéaire (ou matrilignage) comprend des femmes avec leurs enfants et leurs
frères, (mais pas les enfants de ces frères), et compte son ascendance uniquement par les
femmes jusqu’à une aïeule première. Par contre, un groupe consanguin de régime
patrilinéaire (ou patrilignage) comprend des hommes avec leurs enfants et leurs sœurs (à
l’exclusion des enfants de ces sœurs), et compte la filiation dans la ligne exclusivement
paternelle jusqu’à l’ancêtre fondateur.
146
31.1.1.1.3. Le clan
Le dernier échelon du groupement familial traditionnel
africain est le clan486. Deux choses caractérisent celui-ci. C’est
d’abord une entité permanente, stable, qui n’évolue pas. Dans un
peuple donné, le nombre de clans reste constant, et, généralement
chacun d’eux possède un nom propre. Les clans se présentent
comme les lignages anciens et stabilisés des ancêtres de la tribu et
ils se rattachent à des souvenirs historiques. La seconde
caractéristique du clan, est que, parmi ses membres, personne ne
remonte à l’ancêtre commun par une généalogie certaine, à
l’exception de lignages dynastiques487, qui ont la prétention d’avoir
donné eux-mêmes naissance à des clans.
Un tel clan ne peut évidemment tenir aucune généalogie, et
l’ascendance commune des membres est seulement présumée par
la naissance. De ses origines, le clan garde cependant la
caractéristique d’un groupe unilinéaire : l’appartenance au clan se
transmet par descendance du père en régime patrilinéaire ou de la
mère en régime matrilinéaire488. Ainsi comme on le constate le
nombre de personnes, qui en font partie, peut devenir très grand ;
486
DICTIONNAIRE DE SOCIOLOGIE voir : C. BONVALET, Les Transformations de
la famille et l’habitat. Paris (L’Harmattan), 1988, pp. 89-132.
487
Le lignage dynastique a la particularité d’avoir un ancêtre commun. Toute la lignée
dynastique remonte à un ancêtre commun.
488
Le clan peut être patrilinéaire ou matrilinéaire ou parfois bilinéaire. Dans les sociétés
patrilinéaires, qui représentent 90% des sociétés traditionnelles africaines, la vie sociale,
les devoirs et les droits communautaires sont établis du côté paternel ; dans les sociétés
matrilinéaires, c’est la lignée maternelle qui prend la prééminence dans les affaires ; dans
les sociétés bilinéaires, qui sont peu nombreuses, certaines décisions sont prises du côté
paternel, d’autres du côté maternel. En général, ces sociétés dites linéaires ont les mêmes
principes, qu’elles soient patrilinéaires, matrilinéaires ou bilinéaires. Cf. Lettre Pastorale
SCEAM/SECAM., L’Église Famille de Dieu. Instrumentum Laboris. Accra (Édition et
Publication SECAM), 1998, pp. 20-21.
147
489
Animal représentant, dans de nombreuses tribus, l’ancêtre d’un clan.
490
ERNY P., Les premiers pas dans la vie de l’enfant d’Afrique Noire, Paris,
L’Harmattan, 1988, p. 27.
491
BUJO, B., «L’Éthique et le vieillissement en Afrique», in : Concilium, 235, 1991, pp
151-152.
148
492
ERNY P., Les premiers pas dans la vie de l’enfant d’Afrique Noire, p. 27.
493
GAWIYA GAMBEMBO., « La famille africaine : cellule vitale », p. 26.
494
Ibid., p. 27.
149
497
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine. Abidjan (Éditions du BICE).
Collection servir l’enfant, 1994, p. 12.
498
Ibid., p. 12.
150
499
Ibid., p. 12.
500
Ibid., p. 12.
501
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », p. 17.
502
Ibid., p. 16.
151
503
Ibid., p. 16.
504
THIRIAT M-P., « Les unions libres en Afrique subsaharienne », in : Cahier Québécois
de Démographie, vol. 28, n°1-2, (1999), pp. 81-115.
505
Pendant les périodes de famines, les parents se déplaçaient pour aller dans d’autres
villages ou contrées pour trouver de quoi se nourrir et nourrir leur famille.
506
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », p. 16.
152
507
On entend par éducation traditionnelle celle qui est fondée sur les traditions
proprement africaines et qui est transmise de génération en génération dans les sociétés
africaines depuis l’Afrique précoloniale jusqu’à nos jours (cf. LIKIMBA ABILI.,
« L’éducation traditionnelle en Afrique et ses valeurs fondamentales », in :
Communication présentée au Colloque du Centre de Recherche et de Pédagogie
Appliquée (CRPA) sur le thème « Valeurs et anti-valeurs des traditions zaïroises »
(Kinshasa, 13-17 avril 1961), ronéo 1981, p. 3). C’est dire que l’éducation traditionnelle
coexiste aujourd’hui avec l’éducation dite « moderne » introduite avec la colonisation.
Elle n’implique donc aucune dimension temporelle et ne renferme pas le sens péjoratif
qu’on a l’habitude de lui accorder (Ibid., p. 4) ; elle ne signifie pas une éducation au
rabais, archaïque ou dépassée.
508
Lire à cet effet : SYNTERS G., Pédagogie progressiste : éducation traditionnelle et
éducation nouvelle. Paris (PUF), 1975.
509
L’individu se définit en fonction de la collectivité et c’est dans le groupe social que
l’enfant fait son apprentissage ; il est ainsi soumis à la discipline collective. L’enfant
étant considéré comme un bien commun, il est l’objet de l’action éducative de tous ; il
peut être envoyé, conseillé, corrigé ou puni par n’importe quel adulte du village. Il reçoit
ainsi une multitude d’influences, mais les résultats sont convergents du fait de la cohésion
du groupe.
510
Il s’agit là d’une pédagogie du vécu où les adultes servent d’exemple et de cadre de
référence à l’action des jeunes. L’accent est mis sur l’expérience et la pratique.
511
En effet, on donne à l’enfant un ensemble de connaissances qui lui permettront
d’affronter sans beaucoup de frustration les difficultés de la vie.
512
Avec l’absence relative de l’écriture, l’éducation ne pouvait être qu’orale et non
institutionnalisée dans le sens de la systématisation. De là, son caractère essentiellement
informel, tel que l’école sur mesure.
513
Elle va du plus simple au plus complexe et se définit en termes de paliers ou plutôt
s’articule en fonction d’une hiérarchie des âges où l’aîné est censé connaître plus que le
153
puîné. L’action éducative est donc continue et graduelle ; il n’y a pas de coupures entre
les différentes étapes du développement de l’enfant ni entre la famille, le clan et la société
ni entre la théorie et la pratique.
514
Elle est aussi entourée d’interdits ou de tabous qui en font une réalité inviolable et elle
marque de manière profonde les relations que l’homme établit avec la nature, avec la
communauté humaine et avec le monde des invisibles. Les relations avec la nature se
caractérisent par la crainte que l’homme puisse être la victime des forces naturelles telles
que la foudre, le fleuve, les animaux ou les arbres sacrés, divinisés ou protecteurs du clan,
etc. Cette crainte rend l’homme impuissant devant la nature et le pousse à vivre en
harmonie avec celle-ci. Les relations avec la communauté humaine se révèlent dans les
pratiques rituelles dont le but principal est d’insérer, d’intégrer l’individu dans sa société.
Elles impliquent donc des devoirs vis-à-vis des autres et développent le sens du respect
envers les anciens, l’esprit d’entraide, le sens de la responsabilité, de l’hospitalité. Bref,
elles préparent l’individu à la vie en établissant un ordre social au travers de sa conduite à
la fois collective et individuelle. Enfin les relations avec le monde des êtres invisibles se
caractérisent par des échanges entre les vivants et les morts. Ces derniers jouent le rôle
d’intermédiaire entre les divinités et les hommes. Ainsi la famille africaine n’est pas
composée uniquement des vivants, elle s’étend jusqu’aux morts, aux êtres invisibles.
515
Tous les enfants sont soumis à un même type d’éducation qui poursuit un même idéal,
les mêmes objectifs, à savoir : faire de l’enfant l’homme de la famille. L’homme qui
devra travailler dur pour fonder une famille et lui assurer le bonheur ; l’homme qui obéira
à ses parents et aux aînés, qui se soumettra à la réglementation sociale du groupe, qui
aidera les vieillards, les faibles et les étrangers ; l’homme qui connaîtra son milieu, sa
société et s’y harmonisera ; l’homme qui pourra perpétuer les traditions de son clan, de
son ethnie, etc. Ainsi, l’éducation n’est pas marquée par des contradictions et tout adulte
sert d’exemple pour l’éducation des jeunes en fonction du type d’homme défini par la
société.
516
Les disciplines ne sont pas découpées ni isolées les unes par rapport aux autres comme
dans l’éducation moderne. A travers un conte par exemple, on enseigne à l’enfant à la
fois la langue (vocabulaire et phraséologie), l’art de conter (langage et rhétorique), les
caractéristiques des animaux (zoologie), les comportements humains ou les conduites des
hommes, le chant, le savoir-vivre en société (morale, civisme), etc.
154
517
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », p. 14.
518
Ibid., p. 17.
519
OSTERRIETH P., Introduction à la psychologie de l’enfant. Paris (PUF), 9ème 2dition,
1969, p. 153.
155
520
Lire à cet effet : ERNY P., L’enfant et son milieu en Afrique, essai sur l’éducation
traditionnelle. Paris (Payot), 1972, pp. 22-25.
521
A cet effet, lire ESCHLIMAN J. P, Naître sur la terre africaine. Abidjan (Édition
INADES), 1982, pp. 54-63 ; les interdits alimentaires et les interdits relatifs au
comportement de la femme enceinte.
522
BELLER R., « Introduction à l’éducation de l’enfant dans la tradition africaine », in :
Recherches et documents n°4. L’éducation en Afrique traditionnelle. Nairobi (Don Bosco
Printing Press), 2006, p. 26.
523
MOUMOUNI A., L’éducation en Afrique. Paris (Maspéro), 2e édition, 1967, p. 39 ;
cf. B.I.C.E., L’enfant africain. Paris (Fleurus), 1959, p. 201.
156
524
ERNY P., Les premiers pas dans la vie de l’enfant d’Afrique noire. Naissance et
première enfance. Paris (L’École), 1972, p. 17 ; Lire aussi ERNY P., « Pédagogie
traditionnelle et pédagogie moderne », in : Recherche, Pédagogie et Culture n° 22 (mars-
avril 1976), pp. 40-45.
525
B.I.C.E., L’enfant africain. Paris (Fleurus), 1959, pp. 187-191.
157
être une seule chose avec l’enfant526 ». La mère porte l’enfant avec
elle, près de son corps, tout en vaquant à ses activités journalières.
La plupart du temps, l’enfant se trouve sur son dos et, tel un petit
roi ou une petite reine, il commence à regarder et observer de cette
position stratégique le monde des adultes. En même temps, il est
soumis à de multiples stimulations sociales, alors qu’il est entouré
par tant de visages familiers.
526
ERNY P., The Child and his Environment in Black Africa . Nairobi (Oxford University
Press), 1981, p. 31.
527
Ibid., p. 33.
528
Ibid., p. 26.
158
529
DIALLO YAYA., The Healing Drum. Rochester (Destiny Books), 1989, p. 27.
530
ERNY P., L’enfant et son milieu en Afrique noire, essai sur l’éducation traditionnelle,
pp. 128-160 ; cf. B.I.C.E., L’enfant africain. Paris (Fleurus), 1959, pp. 192-195.
531
ERNY P., L’enfant dans la pensée traditionnelle de l’Afrique noire. Paris (Le Livre
Africain), 1968, pp. 127-156 ; Lire également ERNY P., Essai sur l’éducation en Afrique
noire. Paris (L’Harmattan), 2001.
532
B.I.C.E., L’enfant africain, pp. 192-193 ; ERNY P., Les premiers pas dans la vie de
l’enfant d’Afrique noire. Naissance et première enfance. Paris (L’École), 1972.
159
534
KOUAWA M-M., « L’éducation en Afrique traditionnelle », in : Recherches et
documents n°4 (septembre 2006), p. 62.
535
KOUAWA M-M., « L’éducation en Afrique traditionnelle », p. 62.
536
Cette initiation à l’ethnie, nous pouvons la trouver avec Marie qui introduit Jésus dans
son ethnie : Lc 2, 22-27 ; Lc 2, 41-52 ; Ex 13, 13-16 ; Nb 3, 12-13 ; 18, 15-16.
160
537
B.I.C.E., L’enfant africain, p. 197.
538
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 15.
539
Ibid.,p. 16.
161
540
WERNICK R., La cellule familiale, Collection comportement humain. Paris (Edition
Time-Life), 1976, p. 41.
541
B.I.C.E., L’enfant africain, p. 201.
542
KOUAWA M-M., « L’éducation en Afrique traditionnelle », p. 65.
162
543
GAWIYA GAMBEMBO., « La famille africaine : cellule vitale », in : Église-famille ;
Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la XXème Semaine Théologique
de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995, Kinshasa, Facultés Catholiques de
Kinshasa, 1997, pp. 26-27.
163
544
DE VAREILLES-SOMMIERES P., « La polygamie dans les pays d'Afrique
subsaharienne anciennement sous administration française », in : Revue Européenne des
Migrations Internationales. Vol. 9- n° 1(1993), p. 143.
545
Plusieurs raisons expliquent la polygamie en Afrique noire. La première raison est le
désir d’avoir une nombreuse descendance en raison de la stérilité de l’épouse. La
polygamie, pratique ancestrale africaine, qui consiste pour un homme à avoir plusieurs
femmes, a pour objectif la création d’une famille nombreuse (CLIGNET R.,
« Distribution et fonctions de la polygamie en milieu africain : ses effets sur les rôles
familiaux », in : Psychopathologie Africaine, XI, 2 (1975), p.161). Le fait d’avoir
plusieurs femmes témoigne de la virilité de l’homme. Une femme doit obligatoirement
faire des enfants afin d’avoir au moins un héritier de son mari, car avoir un héritier reste
et demeure le vœu de tout Africain. Si elle ne peut pas procréer, elle doit accepter que son
mari aille chercher une autre femme plus jeune pour assumer cette fonction. La deuxième
justification de la polygamie s’explique par des raisons économiques. La polygamie est
très utile pour les hommes, notamment pour détenir une force de travail familiale
gratuite. En effet, avoir plusieurs femmes pour les cultivateurs représentent une source de
main-d’œuvre irremplaçable pour les travaux de champs puisqu’ils ne détenaient ni
charrues ni tracteurs comme aujourd’hui (ANTOINE P, DJIRE M, LAPLANTE B., « Les
déterminants socioéconomiques de la sortie du célibat à Dakar », in : Population n° 1,
(1995), p. 98. pp. 95-118). Les femmes représentent donc de nombreux bras pour
l’autosubsistance de la famille en faisant la culture de champs, en allant chercher de l’eau
pour la fournir à la famille. Aussi, certaines femmes admettent que leurs maris prennent
164
une seconde épouse avec laquelle les besoins seront repartis. La troisième raison
s’explique par le choix de la première épouse d’une coépouse pour son mari. En situation
de polygamie, une femme peut intervenir dans le choix d’une nouvelle épouse pour son
mari (LE COUR GRANDMAISON C., « Stratégies matrimoniales des femmes
dakaroises », in : Cahiers de l'ORSTOM série Sc.Hum. Vol VIII n° 2 (1971), p. 209). Les
modalités diffèrent selon les ethnies, mais l’objectif est le même. En choisissant une
coépouse avec laquelle elle espère cohabiter harmonieusement, une femme essaie de se
ménager un environnement familial paisible. C’est ce qui explique, en plus du désir de
conserver le contrôle du patrimoine constitué dans leur foyer, la démarche, souvent
observée, de femmes qui favorisent la rencontre entre leur mari et une jeune fille de leur
village ou de leur clan d’origine. La femme en choisit donc une avec laquelle elle
s’entendra bien, et qui, espère-t-elle, lui sera reconnaissante de lui avoir offert ce
mariage. Un polygame peut ainsi se retrouver avec des épouses dont chacune a amené la
suivante et qui forment une coalition d’amies. La quatrième raison est le mariage forcé.
Le mariage forcé fait que certains hommes deviennent polygames en se mariant avec
plusieurs femmes à cause de l’obligation fait par leurs parents. On note que dans ce cas
précis, si l’homme prend une seconde femme c’est parce qu’il est assez riche pour payer
la dot réclamée par les parents de la famille en question (LOCOH T., « Evolution de la
famille en Afrique », in : L'État de la Démographie Africaine édité par Etienne Van de
Walle, Mumpele. D. Sala-Diakanda et Patrick O. Ohadike . UIESP (1988), p. 48). La
cinquième raison est le veuvage. Certaines traditions africaines exigent après le décès
d’un homme marié que sa ou ses femmes soient épousées par son frère direct. Le célibat
de la femme étant très mal perçu en Afrique noire, la polygamie pourrait signifier, pour
celui qui la pratique et pour certains adeptes, la mise de la femme à l’abri de la débauche
(LO NDIAYE K., « Entrée en union et divorce », in : Nuptialité et fécondité au
Sénégal édité par Yves Charbit, lamine Gueye et Salif Ndiaye, INED n° 112 (1985), pp.
52). La sixième raison s’explique par les caprices de l’homme. Certains hommes à cause
du goût de changement, d’un appétit sexuel se remarient (MARCOUX R., « Nuptialité,
activité des femmes et maintien de la polygamie en milieu urbain au Mali », in :
Conférence Femme, Famille et Population, UEPA, Ouagadougou, Vol1(1991), pp. 354).
546
La polygamie est encore très répandue en Afrique occidentale, particulièrement dans
les pays francophones tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, etc.
547
THORE L., « Mariage et divorce dans la banlieue de Dakar », in : Cahiers d’études
africaines. Vol IV, no.4 (1964), p. 479.
165
548
Ibid., p. 481. La seconde épouse cache en réalité ses principales motivations car, dans
beaucoup de ménages, la seconde femme détruit l’équilibre du foyer et constitue un
obstacle à l’épanouissement de la première. Toutefois, la deuxième épouse donne du
prestige au mari et aussi une descendance.
549
L’évolution de la polygamie : Depuis les indépendances, beaucoup de facteurs
viennent remettre en cause ce type de famille. On note comme facteurs justificatifs le
système de protection sociale en place encore embryonnaire, le travail des femmes dû à
une instruction galopante, l’exercice du commerce informel, le changement de mentalité
vis-à-vis du célibat des femmes etc. Le constat est clair. La polygamie, comme toute
institution, suit les mutations. Dans les pays où la loi l’interdit, elle prend la forme de
pratique extraconjugale d’où les appellations « les bureaux » ou « les maîtresses ». La
polygamie a donc beaucoup évolué avec la mutation des sociétés africaines. Un certain
nombre de changements se produit au sein des familles avec l’accentuation des difficultés
économiques, l’aspiration à une famille de taille élevée diminue. La solidarité familiale
est la clé de voûte de la société africaine traditionnelle. Et plus la taille de la famille est
grande, plus ceux qui réussissent à s’en sortir des contraintes et des obligations envers ses
membres. Cependant, abandonner la polygamie suppose un autre fonctionnement de la
société africaine et une remise en cause du pouvoir des hommes sur les femmes. Ce
système matrimonial, en effet, est source d’inégalité. Il donne plus de droit à l’homme
qu’à la femme, plus de pouvoir au riche qu’au pauvre qui pourra avoir plus de femmes et
tirer profit de son travail et de celui de ses enfants. La perception démographique de la
polygamie aujourd’hui reste fortement marquée par la perspective masculine (ETIENNE
P., « Terminologie de la parenté et de l’alliance chez les Baoulé », in : L’Homme vol VII,
n°4 (1987), p.16). L’intensité du phénomène mesurée par le nombre moyen d’épouses par
homme polygame varie généralement entre 2 et 2,5. La forme la plus courante est la
bigamie, elle concerne plus de 80% des polygames (LOCOH T., « Evolution de la famille
en Afrique », p. 51). Le nombre moyen d’épouses par homme marié est généralement
compris entre 1,02 et 1,50, et il augmente avec l’âge (Ibid., p. 52). Le taux de polygamie
couramment utilisé donne la proportion des hommes mariés polygames; cet indice se
situe le plus souvent en dessous de 30 %. Quelle que soit la société, la polygamie ne
166
concerne donc qu’une minorité des hommes. Mais vu du côté des femmes, la réalité est
tout autre, par exemple, alors qu’en 1985 un peu plus d’un tiers (35 %) des hommes
Moba-Gurma (Nord-Togo) mariés étaient polygames, plus de la moitié (57 %) des
femmes en union vivaient une situation de polygamie. La prise en compte de l’âge
montre par ailleurs, pour cette même population, que dès l’âge de 25 ans, plus de la
moitié des femmes sont en union polygame, la proportion tournant autour de 70 % chez
celles âgées de la cinquantaine. Pour les hommes, il faut attendre l’âge de 50 ans pour
que les polygames deviennent majoritaires (autour de 60 %)(Ibid., p. 53). Ces chiffes
peuvent évidemment varier d’une population à l’autre, mais sans remettre en cause ces
différences entre sexes, qui recouvrent des vécus très contrastés.
550
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 97.
551
THORE L., « Polygamie et monogamie en Afrique Noire », in : Revue de l'action
populaire. Leras, Paris (1964), pp. 819.
167
555
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 23.
556
Ibid., pp. 21-22.
557
Ashanti au Ghana, Serer au Sénégal, Mina au Togo. En Afrique centrale, la plupart des
Bantou de la savane pratiquent le système matrilinéaire ; au Soudan, les Nuba du Sud et
les Dagu ; en Éthiopie, les Baréa, Kunana et Bédja. En Côte d’Ivoire, la filiation
matrilinéaire se rencontre chez les Sénoufo (sauf ceux de Boundiali en contact avec les
Malinké), la plupart des Akan (sauf les Abè et les Baoulé Ayaou et Kodè), les Lobi
(KONE M et KOUAME N.,Socio-anthropologie de la famille en Afrique, pp. 21-22).
558
Ibid., p. 25.
559
On trouve des lignages patrilinéaires dans toute l’Afrique : Afrique de l’Ouest (les
Mandé, par exemple), Afrique centrale (certains Bantou et Pygmées). En Côte d’Ivoire, le
système patrilinéaire est en vigueur dans les régions du Nord-Ouest (Malinké), du
Centre-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Ouest avec les Krou (Bété, Dida, Bakwé, Guéré,
Wobè), et dans le groupe Mandé Sud (Dan, Gouro, Gagou).
169
du défunt. Les critiques560 sont unanimes sur le fait que durant des
siècles, la femme africaine était assujettie par la société patriarcale
qui limitait sa liberté sur le plan social et culturel, même si on
constatait que certaines sociétés accordaient une importance aux
mères (sociétés matriarcales) comme susmentionné au point
précédent. Dans la société patriarcale, il y a une confrontation entre
le monde masculin et féminin561. En fait, la femme vit sous
l’autorité de l’homme. La naissance d’un garçon dans une famille
africaine patriarcale est synonyme d’une grande joie, de bonheur
en ce sens qu’il perpétue la lignée parentale. Par contre, l’arrivée
au monde d’une fille n’est pas du tout appréciée562.
La conclusion qui se dégage des systèmes matrilinéaire et
patrilinéaire révèle qu’ils ont quelques points communs qui en
constituent leur fondement. On note d’abord la notion de
succession qui est la même, c’est-à-dire que ce sont les frères qui
constituent le premier ordre d’héritier. Et ensuite, on constate qu’il
n’y a aucune vocation successorale entre les époux. Enfin, on se
rend compte que les deux systèmes accordent une importance
capitale à la famille qui constitue la base réelle des relations
juridiques.
560
Lire à cet effet : MILOLO, KEMBE., L’image de la femme chez les romanciers de
l’Afrique noire Francophone. Fribourg (Presses Universitaires Fribourg), 1986 ; BA
MARIAME., Une si longue lettre. Dakar (NEA), 1986 ; YAOU R., La Révolte d’Affiba.
Abidjan(NEA), 1985 ; DEHON C., Le Roman francophone en Afrique subsaharienne.
Paris (L’Harmattan), 2002.
561
KOUROUMA A., Les soleils des Indépendances. Paris (Le Seuil), 1976 ; Lire aussi
BETI M., Perpétue et l’habitude du malheur. Paris (Buchet/Chastel), 1974.
562
En fait, si on se réfère à la famille dans ses relations internes, il y a un fait important à
souligner : le garçon, dès les premières années, est plus respecté que la fille. Pire, il dicte
ses ordres à cette dernière qui doit les respecter à la lettre.
170
563
Par valeur, on entend tout fait social ou de culture qui est conforme à la raison, à la
nature de l’homme et qui répond positivement aux besoins fondamentaux de la majorité
des membres d’une communauté humaine (cf. FOUQUET E., Dictionnaire universel de
poche, p. 569). Selon ce point de vue, les valeurs revêtent un caractère dynamique et
permettent ainsi à l’individu de vivre en équilibre harmonieux aussi bien avec lui-même
qu’avec les autres. Elles ne brisent pas les structures psychiques des individus et ne
marginalisent pas les sociétés qui en vivent, mais leur offrent plutôt les moyens de
débloquer certains mécanismes sociaux grippés ou de dominer des phénomènes nouveaux
et imprévisibles de manière à faire de l’homme le premier bénéficiaire du progrès (cf.
BALANDIER G., Sociologie actuelle de l’Afrique Noire. Paris (PUF), 1971, p. 154). On
ne peut parler de valeurs qu’en termes essentiellement relatifs car elles se rapportent le
plus souvent aux conditions de vie et aux intérêts de la société qui les produit. Toutefois,
il faudra remarquer ici que les valeurs auxquelles on vient de faire allusion ne sont pas
absolues, elles ne peuvent être que relatives, car il existe des données de base qui, au-delà
des dimensions culturelles, sociales et temporelles, semblent sous-tendre l’organisation
générale du monde (cf. BALANDIER G., Sociologie actuelle de l’Afrique Noire, p. 154).
Ce sont là des valeurs constantes et communes à l’humanité et sur lesquelles il est
possible de porter un jugement atemporel. On voit ainsi apparaître deux sortes de
valeurs : les valeurs trans-temporelles (ou les acquis historiques) et les valeurs de
situation (valeurs conjoncturelles ou relatives) : Les acquis historiques sont des valeurs
qui se sont construites à travers l’histoire de l’humanité et dont la validité s’est toujours
confirmée au-delà des changements sociaux ou des horizons culturels et temporels. Ce
sont des valeurs qui ont été triées, sélectionnées par une sorte de tribunal de l’histoire et
se sont maintenues dans le va-et-vient historique, constructeur et destructeur des valeurs.
Elles ont un caractère universel (ce qui n’est pas pour elles une garantie contre les
rechutes) et émergent comme fondamentales du fait qu’elles sont enracinées dans la
conscience publique et que leur abandon entraîne des dégâts sociaux importants (Ibid.,
pp. 157-162). Les valeurs conjoncturelles sont celles qui ne sont pas consacrées par
l’expérience historique ; elles reposent sur les données immédiates, brutes et leur portée
ne dépasse pas leur cadre contextuel. Il suffit alors qu’on change le contexte social,
temporel ou culturel pour voir ces valeurs perdre toute leur validité, leur importance et
toute leur signification (Ibid., pp. 162-169). La distinction ainsi faite entre valeurs
fondamentales ou transhistoriques et valeurs conjoncturelles ou de situation semble
importante dans la mesure où non seulement elle peut éclairer la distinction à faire entre
valeur et contre-valeur, mais aussi permet de comprendre que ce qu’on peut considérer
aujourd’hui comme valeur ou comme contre-valeur peut ne pas l’être dans un contexte
différent. La valeur permanente est donc celle qui permet à l’homme de se remettre en
cause et de supprimer les organes d’exploitation, d’intimidation ou d’ensauvagement.
Elle assure ainsi le meilleur fonctionnement des institutions, en évitant le dépérissement
culturel de l’homme pour favoriser en lui la réflexion sur son propre destin et celui des
autres.
171
564
NGIMBI BAMWENEKO, « La famille africaine, lieu d’humanité (valeur et respect de
la vie) : le dynamisme de la famille yombe urbain », in : Semaines Théologiques de
Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la
XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995, Kinshasa,
Faculté Catholiques de Kinshasa 1997, pp. 83-90 ; NIMY L., « La famille africaine, lieu
d’humanité (valeur et respect de la vie) », in : Semaines Théologiques de Kinshasa,
Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la XXè Semaine
Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995. Kinshasa, Faculté
Catholique de Kinshasa 1997, pp. 91-108.
565
ECHEMA A., “Model of Church-as-Family and the Female altar servers”, in : Journal
of Inculturation Theology, Vol. 3, n° 1, April 1996, p. 2.
172
567
SOME J. M et PICHARD G., La Famille II. Bobo Dioulasso (Imprimerie de la
Savane), 1975, p. 3.
568
Ibid., p. 13.
569
BISHWENDE A. R., Église-famille de Dieu, p. 68.
570
Ibid., p. 69.
571
BONTE P., Prohibition de l’inceste et structures familiales. Qu’en est-il de
l’universel ? La famille des sciences à l’éthique. Paris (Bayard Éditions/Centurion), 1995,
pp. 87-98, p. 90.
173
572
KOLIE A. C., « La famille dans la tradition africaine », p. 19.
573
Ibid., p. 21.
574
La base de la solidarité africaine est la manière dont les Africains se comprennent par
rapport à tout l’univers créé et à Dieu. MASINI LUKAYA J-B., « Pour une pastorale des
marginaux dans l’Église-famille », p. 26). Pour les Africains, tout l’univers participe de la
même vie. « Cette vie n’est pas statique, elle est capable de croissance et de
décroissance, elle est vécue dans la communion de ses membres pouvant user de
l’influence vitale réciproque ; cette vie est enfin rendue palpable et maniable, et c’est le
rôle du symbole » (MULAGO V., Un visage africain du christianisme. L’union vitale
Bantu face à l’unité vitale ecclésiale. Paris (Présence Africaine), 1962, p. 115). Cette
vision du monde est transmise par une pédagogie qui appelle à une pratique conséquente
(MA-MUMBIMBI F. M., « La Trinité, l’eschatologie solidaire africaine et Marie. », in :
Ephemerides Mariologicae 51 (2001), p. 407). Elle est marquée par une interdépendance
des êtres par rapport à l’unique vie qui vient du Créateur par l’intermédiaire des ancêtres.
Elle se spécifie par rapport aux autres formes de solidarité par sa structure (MANGONI
T. M, « La solidarité dans la tradition africaine », in : Semaines Théologiques de
Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la
XXe Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995, Kinshasa,
Faculté Catholique de Kinshasa 1997, pp. 119-127).
575
MANGONI T. M., « La solidarité dans la tradition africaine », p. 121.
174
576
NWAGWU MARY G., “Communion and Self-Reliance: Signs of Church as God’s
Family in Africa”, in : AFER Vol. 42, n° 1 et 2 (2000), p. 21.
577
QUENUM A., Église-Famille de Dieu. Chemin de fraternité en Afrique. Essai de
réflexion théologique inculturée. ICAO, Abidjan, 1996, p. 9 ; cf. MANGONI T., « La
solidarité dans la tradition africaine », in : Semaines Théologiques de Kinshasa, Église-
famille ; Église-fraternité. Perspectives post-synodales. Actes de la XXè Semaine
Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995. Kinshasa, Faculté
Catholique de Kinshasa 1997, pp. 119-127 ; cf. MONSENGWO P., « L’Église Famille et
images bibliques de l’Église à l’aube du 3è millénaire », in : Actes du Colloque : Foi,
culture et évangélisation en Afrique à l’aube du 3 ème millénaire, Abidjan 18-20 avril
1996, RICAO, n° 14-15 (1996), p. 126.
578
C’est l’attention particulière qui est portée à toute personne vulnérable. Entrent
automatiquement dans cette catégorie des pauvres l’orphelin, la veuve, le malade, les
parents d’âge avancé et toute autre personne victime de pénurie matérielle.
579
On appelle riches toutes les personnes ou familles qui ont la possibilité d’apporter de
l’aide matérielle, spirituelle ou de leur temps aux personnes qu’on a qualifié de pauvres.
175
586
BOKA DI MPASI L., «Pour une pastorale africaine», in : Telema, n°26 (avril-juin,
2/1981), p. 28.
587
Ibid., p. 29.
588
Ibid., p. 30.
589
Par exemple, à l’occasion d’une grave palabre entre deux familles, n’importe quel
membre du groupe accusé peut subir les conséquences du crime perpétré par un de ses
177
frères ou sœurs. A cause des interactions continues qui existent entre les membres du
même groupe, ceux-ci se sentent intimement liés les uns aux autres589 (THEEUWS, P. P.,
Familles anciennes-Familles nouvelles, rapport et compte rendu de la XXè semaine de
missiologie. Louvain (Desclée de Brower) 1961, p. 121).
590
La solidarité familiale : La famille est définie comme la cellule de base de la société et,
comme telle, c’est en son sein que l’individu apprend à vivre ensemble avec les autres, à
cultiver la vertu de la solidarité (TSHUNGU B., « La solidarité africaine à l’épreuve du
temps », in : L’Église-famille ; Eglise-fraternité. XXè semaine théologique de Kinshasa
du 26 novembre au 2 décembre 1995, p. 77). La famille est le sanctuaire de la vie et la
cellule fondamentale de la société et de l’Église. La solidarité familiale se traduit par la
présence, l’assistance et la participation de tous les membres aux événements qui
affectent le bien-être et la cohésion du groupe, événements qui réclament une action
commune (TSHUNGU B., « La solidarité africaine à l’épreuve du temps », p. 77). En
d’autres termes, la solidarité familiale se réalise par des actes concrets (par exemple, lors
d’un décès dans une famille ou lors d’un événement heureux tel que le mariage) qui
visent au renforcement des liens de parenté entre les membres (MASINI LUKAYA J-B.,
« Pour une pastorale des marginaux dans l’Église-famille », p. 28).
591
La solidarité villageoise : Le village est une petite agglomération rurale. La solidarité
villageoise est celle qui est vécue entre les personnes d’un même village. Elle a pour
finalité l’entraide mutuelle entre les villageois. Cette entraide mutuelle s’exprime par le
rapprochement et le partage des situations heureuses et malheureuses. « Au Bénin, par
exemple, de tout temps, les paysans pratiquent un système d’aide mutuelle qui se fait
tantôt sous forme de travail, tantôt sous forme de don des biens de consommation »
(MBAYA M., « La solidarité africaine à l’épreuve du temps », in : L’Église-
famille/Église-Fraternité. XXè semaine théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2
décembre 1995, p. 65).
178
592
La solidarité tribale, d’après T. Bamesa, est « une communauté constituée par des gens
qui admettent que leur communauté d’origine est née d’un ancêtre commun et ayant en
partage la culture et la langue » (TSHUNGU B., « La solidarité africaine à l’épreuve du
temps », p. 78). Elle est comprise comme étant une organisation de plusieurs clans
(groupes d’individus issus d’un même ancêtre ou groupes fermés de personnes se
soutenant mutuellement) sur une base territoriale592. Sans avoir l’intensité de la solidarité
familiale, la solidarité tribale fait obligation aux membres de la tribu de s’entraider et de
se solidariser face aux entreprises d’autres groupes ne faisant pas partie de leur tribu, qui
menacent leur identité ainsi que leurs intérêts (TSHUNGU B., « La solidarité africaine à
l’épreuve du temps », p. 78). La solidarité tribale est une solidarité qui ne s’étend pas au-
delà des membres de la tribu. Le danger d’une telle solidarité est que, quand elle est mal
vécue, elle a pour conséquence le tribalisme, c’est-à-dire le rejet du différent ou le
dénigrement des autres tribus ou encore la tendance à défendre son identité en dénigrant
celle des autres.
593
La solidarité nationale se manifeste au moment des crises telles que les guerres, les
famines, etc. Elle s’exprime par l’entraide de tous les individus ayant la même
nationalité. Elle se vit surtout par les personnes qui sont loin de leur terre d’origine ou de
leur nation. Ces personnes forment une grande famille qui partage leurs expériences
d’exil, faites de misère ou de joie.
594
La solidarité continentale africaine qui se vit au niveau du continent africain tout
entier. Les pays africains ont créé entre eux des structures et des organisations de
coopération. Il s’agit de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine créé en 1963),
devenue aujourd’hui l’UA (Union Africaine), de la CEAC (Communauté des États de
l’Afrique Centrale), CEDEAO (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest), CEMAC
(Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale), BAD (Banque africaine
de développement), etc. pour ne citer que celles-là. Cette solidarité continentale se perçoit
aussi au sein de la communion ecclésiale dans le cadre du SCEAM (Symposium des
conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar), première instance de communion
ecclésiale au niveau continental, et du COSMAM (Confédération des conférences des
supérieurs majeurs d’Afrique et de Madagascar, cf. Proposition du second Synode n° 4 ;
AM 106-107). Toutes ces structures et organisations visent à favoriser l’unité des peuples
africains et à sauvegarder leurs intérêts communs.
595
TSHOBO M., Réflexion sur la notion de la solidarité africaine : Théorie et pratique.
Mémoire de licence en Relations Internationales. Lubumbashi (Unaza), 1979, p. 4. Cité
par MASINI LUKAYA J-B., « Pour une pastorale des marginaux dans l’Église-famille »,
p. 28.
179
597
EA 43.
598
Ici, la fraternité et la solidarité n’ont pas de différence dans leur sens. En effet, la
fraternité est la solidarité entre les hommes. Elle est le lien qui porte des personnes à
s’entraider.
599
En Afrique, les termes « frères » ou « sœurs » portent bien au-delà de la simple
consanguinité parentale. Ils englobent toute la famille élargie […] ; ces vocables de
« frère » ou « sœur » englobent donc toute la famille élargie et s’appliquent encore plus
largement à tous ceux à qui l’on veut témoigner de l’amitié ou de la sympathie ; ils
s’appliquent même à tous ceux que l’on reconnaît simplement comme hommes, comme
semblables à soi. Voir à cet effet : ETSOU F (card), « Les défis et enjeux pastoraux du
Synode des évêques pour l’Afrique », in : L’Église-famille/Église-fraternité. XXè
semaine théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995, p. 17.
600
MASINI LUKAYA J-B., « Pour une pastorale des marginaux dans l’Église-
famille »,p. 31.
180
601
On rappelle ici que de telles affirmations ne proviennent pas d’une étude ou d’une
enquête sociologique ou ethnologique, mais décrivent la façon dont les documents
synodaux perçoivent la réalité africaine.
602
ETSOU F., « Les défis et enjeux pastoraux du Synode des évêques pour l’Afrique », p.
17.
603
CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE CÔTE D’IVOIRE., Directoire de pastorale
familiale, Abidjan le 28 janvier 1984, n° 5, p. 4.
604
GAWIYA GAMBEMBO., « La famille africaine : cellule vitale », p. 28.
181
605
SOME J. M., « L’Église-famille de Dieu », in : Actes du Colloque : « Foi, culture et
évangélisation en Afrique à l’aube du 3ème millénaire », Abidjan (18-20 avril 1996),
RICAO, n° 14-15 (1996), p. 77
606
EA 42.
607
EA 42.
608
EA 42 ; AM 70.
609
Ce sens sacré de la vie a son fondement en Dieu le Créateur et dans la solidarité. La
sacralité découle fondamentalement du Dieu Créateur. Ce n’est donc pas les Ancêtres qui
font que la vie est sacrée. C’est Dieu Créateur qui donne, selon la conception africaine,
toute la valeur et tout le poids à la vie humaine et cosmique.
610
THOMAS L. V. et LUNEAU R., La Terre africaine et ses religions. Paris
(Harmattan), 1995, p. 12 ; Cf. EA 121.
182
cette union vitale se vit dans une relation qui unit les descendants
jusqu’au premier ascendant et au Dieu Créateur. Horizontalement,
elle unit tous les membres de la communauté considérée dans la
ligne collatérale et exclut tous ceux qui n’appartiennent pas au clan
ou à la tribu. Cette union vitale se fonde donc dans l’unité des
communautés et des individus611. Pour l’Africain la vie est une
unité qu’on ne peut diviser612, une vie qui est mouvement et action.
Cette vie est synonyme de plénitude et d’intensité613. La vie est
également sacrée pour l’Africain par le fait qu’elle circule dans
l’univers. L’univers n’est pas un tout informel. Il a une origine et
une finalité qui donnent sens à l’existence des hommes. C’est ainsi
que la vie après la mort confère au quotidien de l’Africain une
dimension relationnelle en vertu de laquelle il est en contact
permanent avec les morts614.
En définitive on retient que, la famille africaine est un
édifice de relations, lesquelles déterminent des valeurs sociales
comme la solidarité, l’amour, la fraternité, l’hospitalité. Même les
évêques d’Afrique et tous les sociologues et anthropologues
africains partagent cette vision de la fonction humanisante de la
famille africaine traditionnelle, fondement de toute société. On
peut synthétiser les valeurs de la famille africaine traditionnelle
par : un sens très aigu de la parenté, de la filiation et de la
fraternité, un esprit très sensible à la solidarité humaine (sociale et
familiale) et à l’hospitalité-accueil ; un respect des coutumes et des
Anciens dans la famille et la société. Mais encore par un sens sacré
de la vie.
Est-ce pour autant qu’il faut sacraliser cette conception
africaine de la famille africaine ? Il faut plutôt la percevoir comme
611
MASINI LUKAYA J-B., « Pour une pastorale des marginaux dans l’Église-famille »,
p. 33.
612
Ibid., p. 33.
613
Ibid., p. 33.
614
GAZOA G., « Réalités africaines dans Ecclesia in Africa et défis actuels de l’Église-
famille de Dieu. », in : RUCAO 20 (2004), p. 33.
183
34.1.1. L’exclusion
Si la famille traditionnelle s’occupe bien de ses membres, il
lui arrive d’en exclure. Ceux qui n’appartiennent pas à la même
famille ne sont pas toujours traités avec le même respect parce
qu’ils sont de familles différentes ; on ne leur accorde pas toujours
les mêmes droits, par exemple, le droit de respect, d’hériter et de
615
Lire à ce sujet, l’intervention de Mgr OBIEFUNA (évêque d’Awka, Nigéria) qui, au
premier Synode africain, conseille de ne pas ignorer la crise de la famille lorsqu’on
évoque l’image de l’Église-famille. Il n’est pas prudent de surestimer une image
ecclésiale, in : CHEZ M, Le Synode africain, p. 91. Lire aussi : « Présenter aux chrétiens
africains l’Église comme famille », in : L’Osservatore Romano, 19 (avril 1994), p. 16 ;
Lire également BALANDIER G., Sociologie actuelle de l’Afrique Noire. Paris (P.U.F),
1971.
616
Lire à cet effet : MSAFIRI AIDAN G., « The Church As Family Model: Its Strengths
and Weaknesses”, in : AFER Vol 40, n°5 et 6 (oct/déc 1998), pp. 302-319 ; BINET J.,
« Nature et limites de la famille », in : Études scientifiques (septembre/décembre 1979),
pp. 5-10 ; MBAYA M., « La solidarité africaine à l’épreuve du temps », in : Semaines
Théologiques de Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives postsynodales.
Actes de la XXè Semaine Théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre
1995, Kinshasa, Faculté Catholiques de Kinshasa 1997, pp. 63-74.
184
617
SCEAM., L’Église Famille de Dieu (Instrumentum Laboris) : Lettre Pastorale des
évêques du SCEAM, Assemblée tenue, du 22 au 28 septembre 1997 à Midrand, en
Afrique du Sud. Publiée à Accra, le 15 août 1998, n° 72 (1998), p. 26.
618
SCEAM., L’Église Famille de Dieu (Instrumentum Laboris) : Lettre Pastorale des
évêques du SCEAM, n° 74-75 (1998), p. 26.
185
619
Quelles sont les causes et les formes de cette vengeance ou haine ? On peut énumérer
les causes suivantes : Le vol de produits alimentaires et de bétails sont des causes de
conflits interminables. Surtout les confiscations de terres, de récoltes, d'argent, les rapts
ou les enlèvements crapuleux de femmes et les adultères sont des causes fréquentes
d'homicide. Or tout homicide réclame vengeance. La légitime défense exige que
l’Africain soit tout le temps sur ses gardes ; chez les Lobi par exemple, l’individu est
toujours armé de son arc et de son carquois garni de flèches empoisonnées. Car la
légitime défense commande toujours vengeance en cas de meurtre ou de méfait. La
vengeance, écrit J-C. Dabiré : « est une conséquence de l'inimitié, elle se vit au niveau
des personnes individuelles ou des familles» (DABIRE J-C., De la notion de famille chez
les Lobi à la famille de Jésus en référence particulière à Mc. 3,20-21,31-35. Mémoire
186
34.1.3. La gérontocratie
Le terme « gérontocratie » est employé dans le domaine
politique. Ses racines grecques gérôn (vieillard) et kratos,
traduisent l’exercice du pouvoir par les personnes les plus âgées de
la société. Le respect de l’âge est une valeur traditionnelle reposant
sur la conviction que «l’ancien» a eu le temps d’accumuler plus de
connaissances et d’expériences que le jeune. L’âge est la
manifestation de la sagesse qui, elle, est très appréciée. Ainsi, dans
la société traditionnelle africaine, l’ancien détenait tout pouvoir. «
Chaque membre de la communauté est conscient de son statut et
ICAO, Abidjan, 1995, p. 45). Si pour l’Africain la vengeance est un devoir, elle est un
devoir solidaire vécu surtout au niveau des clans et des familles. Et cette solidarité dans le
devoir de vengeance (ou vendetta) était la principale cause des conflits entre différentes
familles et à l’intérieur des familles africaines traditionnelles elles-mêmes dont les
conséquences se cristallisent dans les guerres inter-villageoises et inter-claniques. Cette
haine entre familles et entre villages se transmet de génération en génération. Les
funérailles d’une victime de vengeance peuvent être l’occasion où ses parents de même
famille ou ses alliés sociaux s’engageront à le venger. Et dans une société où le vengeur
de sang est très honoré, cette vengeance qui s'inspire de la volonté des ancêtres
surviendra immanquablement. La loi de la vengeance, par exemple chez le Lobi,
contraint ce dernier à la recherche de milieux de vie plus paisibles et plus sécuritaires. Le
Lobi élira domicile dans le village de ses oncles maternels avec qui il partage le devoir de
solidarité et d’assistance mutuelle. En cas d’homicide involontaire ou de légitime
défense, il sera contraint à l’émigration afin de protéger sa maisonnée de la vendetta. Il
s’ensuit une désintégration familiale et même la dislocation de villages entiers en
hypothéquant la paix et la survie de la société. La vendetta à l’intérieur d'un même village
et la spirale de la violence en cas de vol sont aussi les causes de la haine dans la société
africaine traditionnelle. En effet, comme le note M. Fieloux « la permanence des
relations d’hostilité à l’intérieur d'un village nuit à la vie communautaire et à la défense
même du village dont la position de force ou de faiblesse dans la zone qu’il occupe est
liée aux rapports de solidarité existant entre ses membres » (FIELOUX M., Les sentiers
de la nuit. Les migrations Lobi de la Haute-Volta vers la Côte d'Ivoire. Paris (Édition
ORSTOM), 1980, p. 67). C’est ainsi que par des moyens illicites comme
l’empoisonnement et la sorcellerie, la violence intra-familiale conduisent à la cruauté
ainsi qu’à la méfiance générale au sein de la société. Il devient impérieux de quitter
tranquillement son lieu d’habitation ou son village d’origine pour une autre destination. Il
faut être un « homme », c’est-à-dire un brave pour entreprendre un tel voyage. Car la
mort rode sur tous les sentiers ; cette situation familiale de guerre froide n’épargne guère
les familles. L’opposition légendaire entre les familles est tout le temps rappelée dans les
diverses altercations : l’exemple de la haine entre les familles musulmanes et les familles
chrétiennes au nord du Nigéria illustre nos propos. Il existe encore des familles, aussi
bien musulmanes que chrétiennes, qui évitent des échanges commerciaux ou
matrimoniaux, entre elles à cause du tribut du passé.
187
620
BALAS D., Le mythe familial contre les jeunes en rupture : le cas de Dakar, au
Sénégal. Paris (Université Paris-I), 2005, p. 53.On note aussi que le plus âgé se chargeait
de l’organisation de la vie de la famille et prenait toutes les décisions. Ses compétences
s’étendaient à la gestion de la terre, à la distribution des richesses. Il veillait au respect de
l’ordre social. Gardien des coutumes et détenteur de la science des ancêtres, il relevait du
sacré et était doté du pouvoir de malédiction et de bénédiction. Il détenait également un
rôle de conseiller et de modèle à l’égard des jeunes. C’est un rôle qui perdure étant donné
qu’on ne reconnaît pas aux enfants une autonomie complète : « tout comme ni l’oreille ni
l’épaule ne peuvent dépasser la tête, aucun enfant ne peut devenir tellement grand qu’il
cesse de se référer à ses parents et d’avoir besoin d’eux. A mesure qu’ils grandissent, les
enfants acquièrent un grand pouvoir décisionnel mais ils ne sont jamais coupés de leurs
parents ni entièrement autonomes, spécialement en ce qui concerne le bien commun et
l’avenir de la famille et du clan » (BWALWEL J-P., Famille et habitat. Implications
éthiques l’éclatement urbain. Kinshasa (Peter Lang), 1998, p. 28).
621
TSANGU MAKUMBA, M. V., Pour une introduction à l’africanologie, Fribourg,
(Éditions Universitaires de Fribourg), 1994, p. 183.
622
Ibid., p. 184.
623
BALANDIER, G., Au Royaume de Kongo du XVIe siècle, Paris (Hachette), 1965, p.
25.
188
34.1.4. Le parasitisme
Le parasitisme vécu au sein des familles africaines est une
lourde charge pour les plus vaillants ou courageux. En effet, la
plupart des membres des familles riches s’occupent des membres
des familles pauvres, puisque l’Africain a un esprit communautaire
qui, quelquefois, encourage la paresse de certains. Ainsi, des
membres des familles pauvres restent dans l’oisiveté. Une telle
notion de la famille est un véritable poids en même temps qu’une
charge aujourd’hui dans les centres urbains où se développe un
624
KNAPEN, M. TH., L’enfant mukongo. Louvain (Nauwelaerts), 1962, p. 179.
625
NSAPO KALAMBA S., « Une théologie de l’Église-famille en Afrique sub-
saharienne », p. 160.
189
626
La solidarité africaine profonde est celle fondée sur les liens de sang. On peut consulter
quelques recherches qui vont dans ce sens. HOUNGBEDJI R., « Famille africaine et vie
religieuse s’interpellent mutuellement », in : Pentecôte d’Afrique 40 (2000), pp. 39-45 ;
AGBOBLI J. E., « Quand le lien de sang crie plus fort que le lien de religion : Famille
humaine et famille religieuse », in : Pentecôte d’Afrique 40 (2000), pp. 51-55 ; BAMESA
T., « La solidarité africaine à l’épreuve du temps », in : L’Église-famille ; Église-
fraternité. XXè semaine théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995,
pp. 75-81 ; MANGONI T., « La solidarité africaine à l’épreuve du temps », in : L’Église-
famille ; Église-Fraternité. XXè semaine théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2
décembre 1995, pp. 63-74 ; BEYA M., « La solidarité dans la tradition africaine. Une
approche psychologique », in : L’Église-famille ; Église-Fraternité. XXè semaine
théologique de Kinshasa du 26 novembre au 2 décembre 1995. Kinshasa, 1995, pp. 109-
117.
190
627
APPIAH-KUBI F., L’Église, p. 281.
628
CHEZA M., Le Synode africain, p. 63.
191
629
Il arrive que ce qui est préférable et acceptable dans une société donnée puisse être
refusé et même rejeté comme une abomination dans une autre. Par exemple, la naissance
des jumeaux est exécrée dans certaines sociétés africaines, alors qu’elle est exaltée dans
d’autres ; alors que certaines sociétés africaines ne tolèrent pas la naissance d’un dixième
enfant, d’autres au contraire la célèbrent ; les chefs traditionnels qui sont faibles et très
vieux sont supprimés dans certaines sociétés, alors que dans d’autres ils sont considérés
comme sacrés et sont gardés en vie à tout prix. Voir SCEAM (Symposium des
Conférences Épiscopales de l’Afrique et de Madagascar), Christ notre paix (Eph 2, 14).
L’Église-famille de Dieu : lieu et sacrement de pardon, de réconciliation et de paix.
Kumasi (Catholic Press), 2001, p. 21. Ou bien SCEAM/SECAM, L’Église famille de
Dieu. Instrumentum Laboris. Lettre pastorale. Accra (Edition et Publication SECAM),
1998, p. 21.
630
Lettre Pastorale SCEAM/SECAM., L’Église Famille de Dieu. Instrumentum Laboris.
Accra (Édition et Publication SECAM), 1998, pp. 13-14.
192
631
AMEADAN J., « La femme africaine dans l’état de vie consacrée », in : Pentecôte
d’Afrique 19 (mars 1995), p. 24, cité désormais sous le titre La femme africaine dans
l’état de vie consacrée ; L’enfant fait la fierté de la famille et plus la mère en a, plus elle
se fait respecter, parce qu’une mère se fait identifier et estimer par le nombre d’enfants
qu’elle a mis au monde. Dans ce contexte, la femme stérile (Cette affirmation a une
limite, parce qu’elle n’est pas appliquée partout en Afrique. Par exemple au Nord-Togo
(pays Ouest africain), les femmes stériles qui éduquent des enfants sont appelées
« Maman » alors qu’une jeune fille qui accouche puis ne s’occupe pas de son bébé ne
reçoit pas l’appellation de maman) est considérée comme une branche morte sur un arbre.
La reconnaissance de la mère dans la communauté, dans son foyer est tributaire de sa
capacité d’avoir des enfants. De ce point de vue elle est l’espoir de la famille.
193
632
TOGBOGA M., «Église africaine et domination masculine. Un défi pour les femmes »,
in : Théologiens et théologiennes dans l’Afrique d’aujourd’hui. Paris-Yaoundé (Karthala-
Clé), 2007, p. 142.
633
AMEADAN J., « La femme africaine dans l’état de vie consacrée », p. 45 ; La mère
discrète est une porte susceptible de s’ouvrir à bon escient ; une présence aux autres,
perpétuellement offerte. Vient à elle qui veut, quand bon lui semble : elle est hospitalité,
oasis de paix et de consolation (LEBLANC M, « Femme africaine entre deux mondes »,
in : Vivante Afrique (Août 1958), p. 45).
634
MKOLE L., « A Liberating Women’s Profile in Mk 5:25-34” in : African Christian
Studies. 13 (2 June 1997), p. 38.
635
CAMARA LAYE., L’Enfant noir. Paris (Édition Plon) 1953, p.7
194
636
C’est ainsi que dès sa tendre enfance, la fillette, en Afrique, apprend à devenir
« mère ». Toute l’éducation que l’Africaine reçoit depuis son enfance l’oriente vers son
futur rôle de mère. Elle apprend au contact de sa mère qu’elle suit partout, à remplir les
tâches domestiques de son futur foyer. Ses petits frères et petites sœurs sont souvent
confiés à sa garde, ce qui l’aide à reproduire les gestes d’attention, de protection,
d’affection, et à développer ses instincts maternels. D’ailleurs, il n’est pas rare de
constater que son entourage l’appelle « maman » (AMEADAN J., « La femme africaine
dans l’état de vie consacrée », p. 25). En observant la vie quotidienne de sa famille, de
son lignage, de son village, en recevant les préceptes et les commentaires occasionnels
des anciens, l’adolescente assimile les valeurs du patrimoine social et apprend à se placer
dans le réseau des relations humaines. Les attitudes de ses proches contribuent à sa
formation humaine et spirituelle. Elle est éduquée plus particulièrement à poser des actes
qui favorisent l’éclosion de la vie. Progressivement elle adopte des attitudes qui
épanouissent, protègent, défendent la vie. L’initiation qui marque l’entrée dans le monde
des adultes, reçue à l’âge de la puberté, est une épreuve parfois difficile et pénible surtout
lorsqu’elle s’accompagne de l’excision. Cette initiation qui peut se poursuivre pendant
des semaines ou même des mois, comprend une large part d’enseignement. L’initiation
est aussi une préparation au mariage pour devenir la mère aux nombreux enfants
physiquement ou spirituellement. A ce propos, des enseignements sont donnés sur la vie
sexuelle à travers des instructions, des chants, des symboles et différents rituels. En fait,
un aspect essentiel du processus d’initiation est d’inculquer à l’adolescente l’importance
d’accepter la dignité de sa sexualité pour en être fière et responsable.
637
Qu’en est-il vraiment de l’initiation ? Le mot latin « initiare » signifie commencer,
entrer dans. C’est un ensemble de cérémonies par lesquelles on est admis à la
connaissance de certains mystères. De plus, c’est un ensemble de rites et d’enseignements
oraux qui vise la modification radicale du statut religieux et social du sujet à initier.
L’initié reçoit les rudiments de sa tradition, une connaissance empirique. En effet, il ne
s’agit pas tellement d’apprendre de nouvelles choses mais d’acquérir une nouvelle vision
et une nouvelle expérience plus larges, transmises par la tradition, par rapport à sa propre
personne par raport à la vie dans sa dimension naturelle et surnaturelle par rapport à la
communauté et au monde spirituel, que l’initié doit faire siennes et qui sont scellées par
le rituel. De fait, pour vivre et se comporter comme une personne humaine mûre,
accomplie, on ne peut agir et réagir simplement d’après ce que l’on voit, sent et perçoit.
Mais comme adulte on doit être capable d’aller au-delà des limites immédiates, qu’elles
soient physiques, psychologiques ou spirituelles. A la fin de ces épreuves, le néophyte
jouit d’une toute autre existence qu’avant l’initiation. L’initiation proprement dite suit un
processus qui peut être vu schématiquement en quatre moments : la séparation de la
communauté ou l’isolement ; les instructions ; les épreuves et marques physiques
symboliques ou réelles ; la réintégration dans la communauté. La séparation de la
communauté ou l’isolement : l’initié quitte sa famille et se réfugie dans un lieu calme loin
de tout bruit. Dans certaines sociétés africaines, il se retire dans une forêt où il séjourne
un long temps. Les instructions : le message essentiel laissé pendant cette période
d’instruction est que la vie à un sens, une direction et une valeur unique et sacrée et en
elle l’individu a un rôle à jouer, un statut à assumer. L’initié est donc éduqué à la vie
195
qu’on a reçue comme le don le plus précieux et qu’on doit transmettre aux autres. Une
vie qui a valeur d’un bien commun qui scelle et renouvelle continuellement l’unité de la
communauté. Aussi, l’initié est instruit à la vie ancestrale. Cette instruction lui permet
d’entrer dans le monde des ancêtres, qui est en fait le lieu d’où il vient, et il rejoint ainsi
leur individualité. L’initié est invité à découvrir le lien entre sa propre vie, le dessein et la
volonté des ancêtres, « pour comprendre la relation sacrée qui existe entre enfants et
personnes âgées, entre pères et fils adolescents, entre mères et filles637 ». Enfin, l’initié
est instruit à la vie de la communauté. On lui apprend comment se comporter en société, à
connaître les interdits, les totems de sa tradition et avec qui ou avec quelle famille il faut
contracter un mariage. Les épreuves et marques physiques symboliques ou réelles : une
partie importante de l’initiation est d’apprendre à dominer la souffrance et le contrôle de
soi-même. Dans beaucoup de sociétés africaines, il y a, à ce propos, une marque
physique, classiquement la circoncision de l’homme et de la femme, des scarifications
corporelles ou autres. Dans la circoncision ou autres tribulations, il y a un message clair,
la douleur doit être sublimée, le don de soi et le sacrifice pour la communauté sont des
aspects essentiels de la vie. La réintégration dans la communauté : le retour et la
réintégration dans la communauté comme membre à part entière est célébré avec grande
joie et par des festivités. Il y a parfois d’authentiques rituels d’intronisation dans la vie
adulte pour marquer le nouveau statut qui est conféré avec les droits et les devoirs qui lui
sont attachés, en particulier la continuation de la vie et le bien-être de la communauté.
Dès lors, l’initié a « conscience d’être à la source fondatrice de son existence et d’y être
relié à travers les liens de toute la communauté » (SANON A., Enraciner l’Évangile.
Paris (Seuil), 1982, p. 91).
638
AMEADAN J., « La femme africaine dans l’état de vie consacrée », p. 27.
639
Ibid., p. 27.
196
640
BELLANGER M-J., La femme dans le contexte africain. Abidjan (ISCR/ENC), 1978,
p. 23.
641
SASTRE A., « La mission de la femme africaine », in : Femme africaine. Paris
(Centurion), 1959, collection « Le poids du jour », p. 6.
642
Ibid., p. 23.
643
Ibid., p. 23.
197
645
Kabasele Lumbala F., souligne avec force que « pour nos peuples, la femme est l’être
sacré par excellence car c’est la femme qui mûrit en elle la vie, qui communie le plus
étroitement possible au mystère de la vie … dans son corps, la communion à la nature est
plus intime que celle de l’être masculin » (KABASELE LUMBALA F., Catéchiser en
Afrique aujourd’hui. Apport des traditions orales. Kinshasa, 1997, p. 98). J. Amoussou
écrit à ce sujet qu’au Bénin (Afrique de l’Ouest) : « les femmes aiment bien être mères et
la stérilité est considérée comme la plus grande malédiction et le plus grand malheur qui
puisse frapper une femme. Dans la société dahoméenne, une femme qui a beaucoup
d’enfants est bien respectée. On ne l’appelle pas par son nom propre mais par celui de
son premier enfant, par exemple Kodjonon-mère de Kodjo, Ablawanon-la mère
d’Ablawa … une maman considère toujours son enfant de 40 ou 50 ans comme un jeune
garçon ou une petite fille et lui parle comme tel. Elle lui témoigne de la tendresse. Elle est
prodigue en conseils et ne souhaite qu’une seule chose : que son fils ou sa fille puisse
fonder un foyer heureux. Lorsque son fils habite une ville, une maman sent le besoin
d’aller le voir de temps en temps. Elle lui rapporte du village des produits qu’elle sait
que son enfant aime. Une maman dahoméenne nourrit à l’égard de son enfant un tel
sentiment maternel profond, une telle tendresse qu’elle a du mal à rester séparée de lui »
(AMOUSSOU J., Le culte de Marie dans la spiritualité africaine au Dahomey en Afrique
noire. Grand Séminaire Saint Gall Ouidah (Bénin), 1974, p. 50). D. Atal quant à lui
affirme qu’en République Démocratique du Congo : « la mère africaine est l’objet de
l’affection et de la sollicitude de tous, elle est intimement associée à la vie du fruit de ses
entrailles … L’honneur de l’Enfant, c’est l’honneur de la Maman » (ATAL SA
ANGANG D., « Culture et réflexion théologique sur la Vierge », pp. 159-160). Ces trois
citations illustrent le fait que la mentalité africaine s’accorde sur le rôle et la dignité de la
mère.
646
GAHUNGU M., Inculturare la vita consacrata in Africa. Problemi e prospettive.Roma
(Las-Libreria Ateneo salesiano), 2007, p. 62 :« L’homme africain est très ouvert à la
valeur de la fécondité qui est pour lui un signe de la bénédiction de Dieu et de la capacité
de donner la vie et aussi de continuer la descendance ».
198
647
SIEME LASOUL J-P., « Marie », p. 114.
648
Ibid.,p. 114.
649
AUBERT J-M, la femme (Antiféminisme et Christianisme). Paris (Cerf/Desclée), 1975,
p. 67.
650
ACHOLA PALA et MADINA LY., La femme africaine dans la société précoloniale.
Paris (Presses Universitaires de France), 1979, p. 36.
651
VITAL MBADU-KWALU A., « La société africaine et la mère, Marie et l’Église »,
in : Ephemerides Mariologicae 51 (2001), p. 29, cité désormais sous le titre La société
africaine et la mère, Marie et l’Église.
199
652
VITAL MBADU-KWALU A., « La société africaine et la mère, Marie et l’Église », p.
29.
653
B.I.C.E., L’enfant africain. Paris (Fleurus), 1959, p. 192.
654
ACHOLA PALA et MADINA LY., La femme africaine dans la société précoloniale,
p. 41.
655
Ibid., p. 42.
656
Ibid., p. 43.
200
657
BELLANGER M-J., La femme dans le contexte africain, p. 55.
658
Ibid., p. 56.
201
659
SIEME LASOUL J-P., « Marie », p. 112 ; Cela s’explique par le fait que les mères
enfantent, et surtout parce qu’elles prennent une grande part dans l’éducation des enfants.
Les mères africaines sont détentrices de la connaissance de l’arbre généalogique de la
famille, en qui chacun des membres puise la force et l’élan nécessaire pour un bonheur
personnel. Elles sont la fierté du groupe, parce qu’elles sont porteuses de vie, sève
d’amour et d’unité.
660
On peut faire ici référence aux « Nana Benz » de Lomé.
661
GAFSI., « Organisation sociale de la production dans les exploitations familiales
africaines », in : Granie et al, (2006), p. 3.
662
GAFSI., « Organisation sociale de la production dans les exploitations familiales
africaines », p. 3.
202
663
BARBARA E., “African Women in the Church as the Family of God”,in : African
Christian Studies. Vol 17, N°1 (March 2001), p. 47.
664
Pour ce qui est des mutations ecclésiales lire NSAPO KALAMBA S., « Une théologie
de l’Église-famille en Afrique sub-saharienne », pp. 163-166. En effet, il montre
l’évolution de la jamaa et de l’ujamaa déjà étudiée dans la partie historique de l’Église-
famille (l’évolution).
665
WEISNER THOMAS S. BRADLEY C and KILBRIDE PHILIP L., African Families
and Crisis of Social change. Connecticut (Bergin& Garvey), 1997.
204
666
Lire l’étude faite par : SOME J. M., sur le changement de modèle et de style de vie
dans le Nord du Ghana et du Sud-ouest du Burkina Faso. En effet, SOME évoque le
choc colonial, l’impact de l’économie de marché et le christianisme, pour expliquer ces
mutations. SOME J. M., « L’Église-Famille de Dieu », in : RICAO 14-15 (1996), pp. 74-
75 ; Lire également VIMARD P., « Modernité et pluralité familiales en Afrique de
l’Ouest », in : Revue Tiers Monde Vol. 34, n°133 (mars 1993), pp. 89-115 ; VIMARD P.,
« Modernisation, crise et transformation familiale en Afrique subsaharienne », in :
Autrepart n° 2 (1997), pp. 143-159 ; TODD E., La diversité du monde : famille et
modernité. Paris (Seuil), 1999 ; KOUASSIGAN G. A., Quelle est ma loi ? : Tradition et
modernisme dans le droit privé de la famille en Afrique noire francophone. Paris
(Pédone), 1974.
667
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine, p. 24.
205
673
Selon les estimations de l’Organisation internationale du Travail (OIT), de 2000 à
2008, quelque 73 millions d’emplois ont été créés en Afrique, mais seulement 16 millions
pour les 15-24 ans. En conséquence, de nombreux jeunes Africains se retrouvent sans
emploi ou, plus fréquemment, en sous-emploi dans le secteur informel, où la productivité
et la rémunération sont faibles. Quelque 60 % des chômeurs africains sont des jeunes et,
dans la plupart des pays africains, le taux de chômage des jeunes est deux fois plus élevé
que celui des adultes, in : MAHMOUD C., « L’emploi des jeunes », in : Perspectives
économiques en Afrique 19 (2009), pp. 20-24.
674
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine, p. 40.
675
Pour VIMARD P., deux causes expliquent les changements des familles africaines
subsahariennes : l’accès à l’indépendance et à la crise économique à la fin des années 70.
L’accès à l’indépendance de certains États africains dans les années 60 et de leur option à
la promulgation de législation familiales favorables à la famille nucléaire proches de
celles en vigueur dans les pays d’Europe et d’Amérique du Nord est un facteur justificatif
pour comprendre la transformation des familles africaines. Outre la volonté d’améliorer
le droit des personnes, et notamment des femmes, il s’agissait pour les gouvernements de
faire, d’un nouveau code de la famille, relatif au mariage, aux rapports à l’intérieur du
couple, aux relations parents-enfants et à la transmission des biens, un substitut aux
règles traditionnels et un point de départ facilitant une politique d’industrialisation et de
création d’un État et d’une nation moderne. La crise économique de la fin des années 70
et ses conséquences explique l’évolution globale des familles africaines, et celle-ci s’est
caractérisée par le passage de la famille élargie à la famille nucléaire : tendance à une
209
38.1.2.1.1. Le phénomène de
l’urbanisation
Le fait urbain n’est pas récent en Afrique, puisqu’on en
retrouve les traces dans les capitales des grands empires du XIème
siècle (Gao, Tombouctou, Djenné, Monomotapa, Sosso...). A côté
de ces empires, une grande partie de l’Afrique restait composée de
sociétés essentiellement rurales. Mais le contact avec le monde
occidental va progressivement faire apparaître une nouvelle
configuration de la ville qui, selon J. P. Vernant, aura désormais
pour objectif « de créer un système institutionnel permettant
d’unifier des groupes humains encore séparés par des statuts
sociaux, territoriaux, religieux, d'arracher les individus aux
anciennes solidarités, à leurs appartenances traditionnelles, pour
les constituer en une cité homogène, faite de citoyens semblables et
égaux, ayant les mêmes droits à participer à la gestion des affaires
publiques »676. À ce nouvel ordre socio-politique, correspond une
croissance démographique inégalement répartie. Certaines cités,
notamment les capitales d’États, sont des lieux de forte
concentration humaine, tandis que d’autres comptent un nombre
nettement moins important d’habitants677. L’avènement de la ville
comme un milieu géographique et social réunissant un nombre
considérable de bâtiments et dont la population se consacre, en
grande partie, à des activités secondaires et tertiaires (commerces
et administration), connaît ainsi en Afrique un développement
considérable. Le contact avec le monde occidental va être un
autonomie croissante des familles élargies à l’intérieur d’un même réseau de parenté et
baisse de la solidarité ; et par la pluralité des modèles de familles : famille
monoparentale. VIMARD P., « Modernisation, crise et transformation familiale en
Afrique subsaharienne », pp. 143-159.
676
VERNANT J. P., Mythe et pensée chez les Grecs. Paris (Maspéro), 1974, p. 23.
677
En Afrique de l’Ouest francophone, les villes de Dakar et d’Abidjan illustrent bien le
phénomène d’urbanisation accélérée que l’on constate partout dans le continent ces
dernières années. La ville de Dakar a connu un développement précoce par rapport aux
autres villes de la région. En 1960, Dakar comptait environ 350.000 habitants contre
180.000 pour la ville d’Abidjan. Dès 1970, Abidjan rejoignait Dakar autour de 600.000
habitants. Abidjan est aujourd’hui une ville d’environ 5.000.000 d’habitants et Dakar
environ 3.300.000 habitants.
210
678
BREESE G., Urbanisation et tradition. Paris (Tendances), 2000, p. 24.
679
Ibid., p. 29.
680
Ibid., p. 128.
211
681
Banque Africaine de Développement, Statistiques choisies sur les pays africains, 2000,
cité par KONE M. et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, pp.
128-130. On a choisi cette période parce qu’elle est plus fournie et montre bien
l’évolution démographique de l’Afrique que les périodes suivantes.
212
682
Si les pays industrialisés sont aujourd’hui urbanisés à 95%, les pays sous-développés
ne sont pas en reste et connaissent actuellement les taux d’accroissement urbain les plus
importants. Cependant, le processus et les contextes d’urbanisation sont différents.
Tandis que l’urbanisation du monde développé est allée de pair avec l’industrialisation,
celle des pays africains a pour fertilisant la misère rurale. Le continent africain connaît les
214
685
Ibid., p. 74.
686
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine, p. 39.
687
Lire à cet effet : MUKENE P., L’ouverture entre l’école et le milieu en Afrique noire.
Pour une gestion pertinente des connaissances. Fribourg (Éditions universitaires de
Fribourg – Suisse), 1988 ; GADJIGO SAMBA., École blanche, Afrique noire : L’école
coloniale dans le roman d’Afrique noire francophone. Paris (L’Harmattan), 1990.
216
688
TADET R., « L’école de demain », in : Ivoire Education n° 12 (1995), p. 4.
217
689
Même si l’introduction dans la modernité n’a pas réellement encore éliminé la famille
traditionnelle de façon complète.
690
Tous ces éléments ont permis un déplacement et une mobilité extrême des populations
causant ainsi l’exode rural. L’école et le christianisme ont modifié profondément les
mentalités et le regard sur le couple et sa formation ; grâce aux facteurs scolaires et
religieux, le choix des conjoints, la conception de la famille et des rapports familiaux se
sont profondément modifiés690. GERRIS J., Familles d’aujourd’hui : approche des
sciences sociales et perspectives morale. La Famille : des sciences à l’éthique. Paris
(Bayard Ed/Centurion), 1995, p. 49.
691
SOME J. M., en parlant de la sociologie actuelle des mutations familiales, affirme
qu’on peut délimiter trois espaces qui correspondent à des formes dominantes que revêt
la famille aujourd’hui en Afrique : 1) La société du monde rural, c’est celle des villages
où l’on retrouve la famille du village de forme traditionnelle ; 2) La société du monde
urbain, celle des villes et des milieux semi urbains qui se veut moderne et où la famille
revêt une forme hybride de vie où s’entrechoquent des modes traditionnels et de
nouveaux modes de vie importés de la modernité. Il y a chez l’individu une rupture d’un
ensemble homogène de sens et de valeurs partagées par tous dans le monde rural. On note
une assurance de la société où les autochtones adoptent des comportements et des
manières de faire et de vivre en famille venues d’ailleurs et s’y complaisent sans les
assimiler complètement et en profondeur ; 3) La société du secteur informel qui revêt
une forme transitoire atypique mal connue qui semble constituer un espace laboratoire au
sein duquel s’élabore la famille africaine de demain qui sera ni purement traditionnelle ni
moderne au sens euro-américain du terme. On note dans cette zone transitoire : le village
dans la ville et la ville dans le village, repérable par : le transfert de la famille
traditionnelle dans la famille moderne où l’Africain vit mal dans sa peau tant au village
qu’en ville où des structures sociales villageoises entrent en conflit avec les structures
modernes, des pratiques et des rites socioculturels renoués et renouvelés. Cf. SOME J.
M., « L’Église-famille de Dieu », in : Actes du Colloque : Foi, culture et évangélisation
en Afrique à l’aube du 3ème millénaire, Abidjan 18-20 avril 1996, RICAO, n° 14-15
(1996), p. 75.
218
692
KOLIE A. C., Afrique lève-toi, prends ton grabat et marche. Abidjan (Éditions
Compagnon de prière), Tome 3, p.44.
693
Ce manque d’intérêt s’explique par l’incapacité de certains parents à faire face aux
exigences de la vie moderne. En conséquence, la relation entre les enfants et leur famille
tend à se fragiliser.
694
KOLIE A. C., Afrique lève-toi, prends ton grabat et marche, p. 46.
695
Puisque la femme est chef de ménage, c’est elle qui a la responsabilité d’entretenir le
foyer.
696
Parce qu’ils ne peuvent plus compter sur le soutien d’un cercle élargi de relations.
219
familiales.
38.1.3.1.3. Le poids de la tradition
Il n’est pas rare de voir aujourd’hui en certains endroits de
l’Afrique subsaharienne, des couples se former à l’insu des parents
qui se voient ainsi mis devant le fait accompli. Dans la société
traditionnelle africaine, les mariages se faisaient sous le regard des
familles. Les futurs époux servaient à l’établissement d’alliance
entre les différentes familles. Le choix du conjoint était l’affaire
des parents. Aujourd’hui, ce sont les partenaires eux-mêmes qui se
choisissent et forment leur projet de mariage. Les parents les
découvrent au dernier moment. Cela provient en partie du poids de
certaines traditions qui ont encore la vie dure. Quand des jeunes
gens de la société contemporaine présentent leurs futurs conjoints
aux parents, ceux-ci ne demandent pas si l’ami (e) de leur enfant
est gentil (le), doux (ce) ou sympathique, mais, on s’empresse de
savoir de quelle ethnie il est, quelle est sa situation professionnelle
et quelle est sa religion. Ce n’est pas tant le souci du bonheur du
couple qui sous-tend ces questions, mais celui des intérêts
bassement matériels et les sentiments de tribalisme, de
régionalisme et d’opposition politique698. L’émancipation des
jeunes au plan économique met fin au pouvoir des parents qui ont
une fille à marier ; pour certains, le paiement de la dot, de la part
de la famille de l’époux, est le seul moyen de pression qui reste sur
les choix opérés par les futurs candidats au mariage699.
L’urbanisation et le brassage des sexes à l’école et dans la rue
amènent les jeunes à se rencontrer individuellement. Par ce
processus, la première mise en contact ne relève plus des familles
d’origine, et l’autorité paternelle, parentale ou lignagère se voit
privée d’une démarche qu’elle contrôlait auparavant. Ce contrôle
est perçu comme négatif par les jeunes d’aujourd’hui, du fait qu’ils
ne se sentent pas libre dans leur choix. Dans un milieu urbain
caractérisé par la rencontre de plusieurs courants migratoires et
culturels, le choix du ou de la conjoint(e) n’est pas toujours en
698
KOLIE A. C., Afrique lève-toi, prends ton grabat et marche. Abidjan (Éditions
Compagnon de prière), Tome 3, p.47.
699
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 138.
221
704
L’enfant était la richesse de la famille africaine traditionnelle. Son rôle dans la famille
nucléaire confrontée aujourd’hui aux exigences de l’économie n’est plus le même. Il est
souvent perçu comme une charge par la famille nucléaire. Il devient valeur ambiguë. Cf.
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine, p. 29.
705
KONE M et KOUAME N.,Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 219.
223
706
KOLIE A. C., Afrique lève-toi, prends ton grabat et marche. Abidjan (Éditions
Compagnon de prière), Tome 3, p.45.
224
707
LOCH T., « Familles africaines, populations et qualité de la vie », in : Les dossiers du
CEPED (Centre français sur la population et le développement) n° 31 (mars 1995), p.
36.
708
CICCHELLI-PUGEAULT C. et CICCHELLI V., Les théories sociologiques de la
famille. Paris (Éditions La Découverte), 1998, p. 33.
225
709
GOUDINEAU Y., « Sens de la famille, sens de la communauté », in : Cahiers des
sciences humaines, Vol. 25, n° 3 (1989), p. 310.
710
VIMARD P., « Modernité et pluralité familiales en Afrique de l’Ouest », pp. 102-110.
226
39.1.2.1.2.
Rupture avec les autres membres
de la famille
Devenant autonome par rapport à la famille élargie,
l’homme et la femme admettent de plus en plus difficilement
l’intrusion des autres parents dans la gestion de leur foyer. Il ne
s’agit pas d’une rupture avec les familles d’origine des deux
conjoints mais d’un affranchissement du pouvoir de ceux qui
711
Les familles monoparentales sont des familles où les enfants sont élevés par un seul de
leurs parents. La monoparentalité résulte de la séparation temporaire des parents. Elle est
surtout une conséquence de la démission de l'un des parents, et dans une moindre mesure
un choix délibéré.
712
Il s’agit tout d’abord de la nucléarisation des ménages, qui correspond à l’émergence
d’un nouveau modèle familial où le groupe de résidence, qui est une unité de
consommation, est réduit au seul noyau de reproduction biologique. On note ensuite
l’intégration dans la famille nucléaire des petits-enfants et l’accueil des collatéraux (dans
certaines populations ces deux catégories peuvent représenter en moyenne jusqu’à 30%
des individus d’un ménage). On relève enfin, le rôle de l’instabilité matrimoniale, avec
l’éclatement de la cellule conjugale, à l’origine des ménages et des familles
monoparentales. Ces ruptures d’unions ont aussi pour effet une redistribution des enfants
entre les ménages qui favorise une adaptation des solidarités familiales antérieures pour
palier la dissolution de la famille nucléaire. Désagrégation et nouvelle solidarité
apparaissent ainsi comme les deux moments successifs de la réaction des familles aux
nouvelles contraintes qui s’exercent sur elles (VIMARD P., « Modernité et pluralité
familiales en Afrique de l’Ouest », p. 107).
713
VIMARD P., « Modernité et pluralité familiales en Afrique de l’Ouest », p. 107.
227
714
BINET J., LOMBARD J., « Aspects juridiques et politiques de la famille africaine.
Études scientifiques », in : Cahiers des sciences humaines Vol. n°3 (1989), pp. 25-29, p.
29 : « La cellule conjugale, repliée sur elle-même, et sans ouverture sur une plus large
parenté, est actuellement rare en Afrique ». Voir aussi QUESNEL A et VIMARD P.,
« Famille plurielle en milieu rural africain », in : Cahiers des sciences humaines Vol. n°3
(1989), p. 339-353.
715
Parce que la présence d’une tierce personne est perçue comme un frein à l’atteinte de
l’objectif de promotion sociale.
716
En effet, quand on parle de familles recomposées on veut parler du refus d’interaction
entre des groupes de personnes définis structurellement par le sang, l’alliance, la
communauté ou quelque autre affinité comme la religion etc.
228
717
DEDY. S et TAPE. G., Comportements sexuels et SIDA en Côte d’Ivoire. Rapport
d’étude. Genève, (O. M. S), 1990, p. 74.
718
Lire à cet effet: SHIRIMA Aretha., « African Marriage and Family », in: What
happened at the African Synod? Edited by Cecil McGARRY, Nairobi-Kenya (Paulines
Publications Africa), 1995, pp. 67-79. On peut observer une forme de polygamie
parallèle, c'est-à-dire le fait pour un individu d'entretenir des rapports matrimoniaux avec
des personnes autres que son ou sa conjointe(e) officiel(le).
719
BRECHON. P., La famille, idées traditionnelles, idées nouvelles. Paris (Centurion),
1976, p. 197.
720
GETUI MARY., “The Evolution of the Family in Africa” in : Theology of the Church
as Family of God. Nairobi-Kenya (Paulines Publications Africa), 1997, p. 44. “Today,
marriage has become a private affair between the spouses and sometimes not even the
parents are involved, let alone informed”.
229
722
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 170.
723
MARIE A., L’Afrique des individus, itinéraires citadins dans l’Afrique contemporaine.
Paris (Karthala), 1997, p. 101.
230
724
On veut rappeler qu’il existe aussi les hommes qui vivent seuls. Mais nous
mentionnons uniquement les femmes vivant seules parce que c’est cet aspect correspond
à notre thème de réflexion.
231
39.1.3.1.2. Le SIDA
Face à ce contexte généralisé de crise économique et de
bouleversement des structures sociales traditionnelles engendré par
l’urbanisation croissante des pays en développement et de bien
d’autres facteurs relevés plus haut, l’épidémie du SIDA a un fort
impact sur les relations sociales et familiales. On a pu constater
dans certaines familles que la spécificité de la maladie, aussi bien
dans son mode de transmission que dans sa gravité, fragilisait les
réseaux familiaux de solidarité. La peur suscitée par l’épidémie et
la saturation de certaines formes de solidarité face à la diffusion
très rapide du virus mènent parfois à l’isolement des malades et
leurs proches, en particulier leurs enfants. Les chiffres donnés par
les spécialistes dans le domaine du SIDA sont effrayants. La
jeunesse scolaire et universitaire serait la tranche d’âge la plus
atteinte. Une étude réalisée en 1994 par l’OMS indique que les 15-
29 ans constituent, par exemple, 29,51% des sidéens déclarés en
Côte d’Ivoire en 1993726. L’Afrique subsaharienne demeure la
région la plus touchée par l’épidémie du SIDA dans le monde. Plus
des deux tiers (68 %) de toutes les personnes infectées par le VIH
vivent dans cette région et plus des trois quarts (77 %) de tous les
décès dus au SIDA en 2007 s’y sont produits727. On estime que 1,7
million (fourchette de 1,5 million à 2,0 millions) de personnes ont
été infectées par le VIH en 2007, ce qui porte à 22,5 millions
(fourchette de 20,9 millions à 24,3 millions) le nombre total des
personnes vivant avec le virus en Afrique subsaharienne. Ce
chiffre représente 6,1 % de la population adulte728. Un Africain
725
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique,p. 171.
726
Ibid., p. 227.
727
BASTIN J., « Santé Sida, paludisme… des raisons d’espérer », in : Jeune Afrique
Hors-Série n° 18 (2008), p. 117.
728
ONUSIDA/OMS., RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN,
2006. Voir WWW.google.fr/VIH/sida en Côte d’Ivoire taux des personnes infectées.
232
729
ONUSIDA/OMS., RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN,
2006. Voir WWW.google.fr/VIH/sida.
730
ONUSIDA/OMS., RAPPORT MONDIAL SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN,
2006. Voir WWW.google.fr/VIH/sida.
233
731
La famille est par essence le lieu d’émergence de sentiments affectifs liant ses
membres les uns aux autres. Cette affection est, aujourd’hui, dans beaucoup de familles
en Afrique, ressentie par les enfants comme faussée. Celui ou celle qui réussit facilement
dans ses études se voit attribuer une place de choix dans la famille. Dans les familles de
condition modeste ou presque dépourvues de revenus, à la rentrée scolaire, un ordre est
établi dans la scolarisation des enfants. Les garçons ou les filles qui réussissent passent
avant les autres. Une telle option ne fait que réduire encore les chances des enfants moins
brillants qui ressentent une injustice de la part de leurs parents et se considèrent comme
des laissés pour compte. Ce sentiment d’injustice entraîne certains enfants à la
délinquance. Ainsi, on assiste à des actes délictueux, avec la complicité de leurs amis, par
les enfants sur leurs propres parents. Ces actes peuvent commencer à la maison par des
vols d’objets qui tiennent à cœur à leurs parents ou des sommes d’argent importantes
pour aboutir par la suite à des braquages organisés du domicile familial. Les relations
deviennent conflictuelles entre les enfants et leurs parents qu’ils considèrent comme
responsables de leur échec (MARGUERAT J. Y., Les jeunes délinquants d’Abidjan, pp.
34-41).
732
La ville produit beaucoup de marginaux : populations fuyant la pauvreté des
campagnes pour un monde meilleur mais qui se trouvent désillusionnées par les réalités
urbaines qui sont aux antipodes de leurs espoirs, populations urbaines prolétarisées,
chômeurs et sans travail. Les jeunes pauvres s’adonnent à toutes les activités possibles
par exemple les petits métiers : cireurs de chaussures, gardiens de voitures, porte-faix au
marché, laveurs de vitres de voiture aux carrefours, rabatteurs de voyageurs dans les
gares routières etc. Les petites activités qu’ils exercent en plein jour ne sont que le
camouflage d’activités délictueuses : cambriolage, vente de marchandises volées, vol à la
tire. Dans ces conditions, l’enfant, le garçon comme la fille, retrouve une nouvelle
famille, c’est-à-dire des amis délinquants eux aussi, qui lui permettent de subvenir à ses
besoins quotidiens. Cette nouvelle famille représente tout pour lui, sa mère, son père, ses
frères et sœurs. C’est le lieu où il trouve la protection et la sécurité. Comme toute
institution, cette nouvelle famille a une culture spécifique et des règles de
fonctionnement. Elle connaît une structuration au sommet de laquelle se trouve le chef
dont l’autorité s’est imposée aux autres membres grâce à ses prouesses pendant les
différentes opérations qu’ils organisent. Sa qualité de chef exige de lui qu’il assure la
sécurité et la protection de tous les membres de son groupe. Il est un « modèle ».
L’identification progressive des nouveaux venus à ce modèle qui incarne l’autorité,
l’audace, le défi à toutes les formes d’autorité conventionnelles éloigne de plus en plus
234
738
KOFFI A. C., L’attitude de la femme face à l’utilisation du préservatif en milieu rural,
mémoire de maîtrise, Université Nationale de Côte d’Ivoire, Département de sociologie,
année universitaire 1999-2000.
236
739
DEDY S et TAPE G., Comportements sexuels et SIDA en Côte d’Ivoire. Rapport
d’étude, Genève, O. M. S., 1990, p. 80.
740
Ibid., p. 81.
237
741
L’audiovisuel (télévision, publicité, cinéma...) fait trop souvent de la femme un
instrument de plaisir ; les « viragos » féministes en donnent une image agressive et peu
attrayante, et le nouvel idéal de la femme tout à la fois active et mère exemplaire se
heurte aux réalités d’un monde où la famille est le parent pauvre de la politique sociale.
238
742
LUENA D. O., « The Role of Women in Development in the AMECEA Countries”,
in: AFER Vol. 37 (5/Oct/Nov 1995) pp. 304-306.
743
AMEADAN J., « La femme africaine dans l’état de vie consacrée », in : Pentecôte
d’Afrique 19 (mars 1995), p. 29.
744
Il y a dans l’opinion publique, chez les politiques, les gouvernants et l’Église, au
moins sur le plan théologique, une conscience grandissante de l’égalité de dignité et de
droit de l’homme et de la femme. Des organismes gouvernementaux et non-
239
746
Selon le Programme des Nations unies pour le développement (1995), les femmes en
Afrique subsaharienne occupent 8 % des sièges parlementaires et 6 % des postes au
niveau des gouvernements (PNTJD, in : Rapport mondial pour le développement humain
(1995).
747
ICF (Institut de la Condition Féminine) au Cap Vert ; AFAO (Association des Femmes
de l’Afrique de l’Ouest) ; L'AFARD-continental est une organisation non
gouvernementale panafricaine, apolitique, à but non lucratif, créée en 1977, qui regroupe
des femmes chercheuses et publie des études sur le genre ; ASFAG (Association
solidarité femmes africaines de Genève ; ROFAF (Réseau des organisations féminines
d’Afrique francophone), etc.
748
OGOLA MARGARET., « The Role of Woman in the African Family Today », in :
African Christian Studies Vol. 11 Number 2 (June 1995), p. 59 : « Men are afraid of
educated women because they (women) feel independent, capable and outspoken.
Somme women can become extremely radical and critical about men’s conduct. The men
cannot take that ».
749
ALIBERT J., « La femme africaine, son rôle dans le développement de l’Afrique
noire, difficultés et perspectives », in : Africaine contemporaine 136 (oct/nov/déc 1985),
pp. 25-35 ; ALIBERT J., « Les femmes et le développement », in : Revue Tiers Monde
n° 91 (juillet-août-septembre 1982), p. 19.
240
750
ALIBERT J.,« La femme africaine, son rôle dans le développement de l’Afrique
noire, difficultés et perspectives », p. 29.
751
Ibid., p. 29.
752
Ibid., p. 29.
753
OGOLA MARGARET., The Role of Woman in the African Family Today, p. 59.
754
BINET J., LACOMBE B., ROCH G., La famille africaine. Caire (INAD), 1979, p. 67.
241
755
En Afrique, il existe deux types d´éducation : l’éducation traditionnelle qui a lieu à la
maison et qui comprend l´apprentissage des coutumes. L´autre est l´éducation moderne,
acquise à l´école. Une famille qui a un fils et une fille se décide souvent à envoyer le fils
à l´école parce que quand il travaillera, l´argent retournera à la famille. Mais la fille est
destinée à se marier et à habiter avec son mari. Le taux de scolarisation est en
augmentation. Néanmoins, il y a encore 44% d’analphabètes en Afrique et un grand écart
persiste encore entre le taux de scolarisation des filles et celui des garçons. Par exemple,
au Bénin le taux actuel s´élève à 61,5% pour les filles et 91,72% pour les garçons.
ALIBERT J., La femme africaine, son rôle dans le développement de l’Afrique noire,
difficultés et perspectives, pp. 29-31. La raison pour le manque d’éducation des femmes
est, entre autres la peur, parce que la fille instruite pourra s´affirmer en femme
responsable, capable de participer aux prises de décision, aussi dans les partis politiques
ou au gouvernement en général. Mais quand même, en ce qui concerne l’exemple du
Bénin on a pris des mesures. Pour intégrer les femmes dans la société les autorités
politiques offrent déjà une éducation moderne gratuite aux filles.
756
BLACKDEN M., Gender, Time use, and Poverty in Sub-Saharan Africa.Washington
DC, 2006, p. 72.
242
757
Lire à cet : HERZBERGER-FOFANA P., Littérature féminine francophone d’Afrique
noire. Paris (L’Harmattan), 2000.
758
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine, p. 39.
243
759
Ibid., p. 40.
760
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine, p. 42.
244
761
AMEADAN J., « La femme africaine dans l’état de vie consacrée », p. 29.
762
HARTH G., « La maternité en Afrique et Marie », in : Nouveaux Cahiers Marials 76
(décembre 2004), p. 19.
763
KONE M et KOUAME N., Socio-anthropologie de la famille en Afrique, p. 219.
764
Ibid., p. 222.
245
765
YANA S. D., Statuts et rôles féminins au Cameroun. Réalités d’hier, images
d‘aujourd‘hui. Consulté sur le site : http//www.politique-
africaine.com/numeros/pdf/065035.pdf, pp. 44-45.
246
766
UNESCO : BUREAU INTERNATIONAL D’ÉDUCATION., Perspectives : revue
trimestrielle d’éducation comparée. Paris UNESCO, vol. XXIII, n° 1-2, (1993), pp. 277–
293 ; C’est particulièrement vrai dans les premières années de l’enfant. Qu’on le veuille
ou non, c’est la femme qui porte l’enfant. Le cordon ombilical n’est pas coupé à la
naissance de l’enfant. De plus les deux ou trois premières années un lien privilégié
demeure et donne un aspect particulier à la relation de l’enfant avec sa mère. Dans cette
tâche éducative, elle dispose d’aptitudes psychologiques particulières. Même si certains,
par opportunisme, remettent en cause ces aptitudes, le bon sens le constate tous les jours.
La femme se familiarise tout naturellement avec les problèmes ardus d’éducation, cela ne
signifie pas pour autant que les pères ne sont pas de bons éducateurs. Mais tout est une
question d’accent et de priorités. Aussi, la femme a-t-elle plus de facilité à comprendre
les attitudes d’un adolescent difficile, qui ne se réfère pas aux mêmes critères qu’elle. La
femme est capable de transposer la faculté d’adaptation dans le domaine du
renouvellement des sociétés. Par son instinct de conservation comme par son aptitude au
renouvellement, la femme exerce un rôle de premier plan dans l’édification de la
civilisation de l’amour : rôle spirituel, certes, mais aussi pratique, par un travail sur les
structures sociales.
767
Ibid., p. 236.
768
Instrumentum Laboris du premier Synode n° 38 ; Voir également Evangelii nuntiandi
de Jean-Paul II du (08 décembre1975), in : AAS 58 (1976), n°71.
247
769
Mgr VERDZEKOV P., archevêque de Bamenda (Cameroun), son intervention au
premier Synode Africain dans CHEZA M. (2d.), Le Synode africain, p. 123.
248
42. CONCLUSION DE LA
DEUXIÈME PARTIE
L’étude de cette deuxième partie, a montré que la famille
africaine est différente de la famille européenne ou américaine qui
est composée du père, de la mère et des enfants. Elle désigne la
lignée d’un clan dont les membres sont répandus sur une région
géographique. Les membres du clan ou de la lignée descendent
d’un ancêtre commun, ils se considèrent comme apparentés, quel
que soit le degré de relation ou la distance qui les sépare. Le clan
ou la lignée peut être patrilinéaire ou matrilinéaire. Quel que soit le
cas, dans une communauté donnée, il y a un chef ou une cheffe du
lignage qui dirige ou coordonne les affaires du lignage. La famille
africaine traditionnelle n’est pas composée uniquement des vivants
d’une lignée ou d’un clan, elle englobe également les morts. La
famille africaine traditionnelle assure trois principales fonctions.
La première fonction est une fonction de reproduction (le rôle des
parents est de perpétuer l’espèce, entourer l’enfant d’affection et de
chaleur humaine) et de protection, (l’enfant est aimé et soutenu par
son entourage, qui prend soin de son alimentation et de sa santé).
La deuxième est celle de l’éducation à l’intégration et à la
socialisation de l’enfant (c’est à elle que revient la lourde tâche de
former les enfants, de leurs donner des notions fondamentales pour
la vie future). La troisième est liée à la fonction d’économie
(l’enfant est progressivement initié aux vertus de l’effort et du
travail). La famille africaine traditionnelle possède des valeurs
axiologiques. La première valeur est le sens de l’appartenance à la
249
44. INTRODUCTION
Cette troisième partie de la recherche, la plus originale,
veut répondre aux deux premières parties. Elle se veut une
proposition catéchétique ou pastorale du rôle et de la place de la
Vierge Marie dans l’édification de l’Église-famille de Dieu en
Afrique sur la base de la réalité familiale africaine d’aujourd’hui.
C’est notre apport personnel à l’édification de l’Église-famille de
Dieu en Afrique. Il s’agit, en effet, de montrer comment la mère
africaine peut s’identifier à Marie dans la construction de la
nouvelle ecclésiologie africaine de l’Église-famille de Dieu.
252
771
Lire à cet effet : GAZELLES H., « Fille de Sion et théologie mariale dans la Bible »,
in : Études mariales 21 (1964), pp. 51-72 ; LAURENTIN R., Court traité sur la Vierge
Marie. Paris (Lethielleux), 1967 ; RATZINGER J., La fille de Sion. Paris (Parole et
Silence), 2002 ; SERRA A., Myriam, fille de Sion. Paris-Montréal (Médiaspaul), 1999 ;
Préface de la messe de « La Vierge Marie, fille de Sion », in : Messes en l’honneur de la
Vierge Marie. Paris (Desclée et Mame), 1988, p. 35 ; DE LA POTTERIE I., Marie dans
le mystère de l’Alliance. Paris (Desclée), 1988, pp. 20-22 et 32-35.
772
IRENÉE DE LYON., Contre les hérésies, III, 16, 4.
254
773
CEC 501 ; LG 53, 63.
774
LAURENTIN R., « La foi de Marie dans l’Écriture. », in : SFEM 51 (1994), p. 81.
775
ANSELME DE CANTORBERY., De conceptu virginali et originali peccato, in :
Lettre 28 à Gondulphe, Schmitt, III, p. 136. Cité par JEAN-PAUL II., homélie prononcée
à Éphèse le 30 novembre 1979, in : DC 1776 (16 décembre 1979), p. 106.
776
JEAN-PAUL II., homélie prononcée à Éphèse le 30 novembre 1979, in : DC 1776 (16
décembre 1979), p. 106.
777
Ibid., p. 106.
255
778
GALOT J., « Marie, première dans la foi », in : Esprit et Vie 27 (2 juillet 1987), p.
386.
779
Pour plus de détails, lire mon Mémoire de licence : ADINGRA E., la pertinence de la
foi de Marie dans les textes de l’Église les plus anciens (Écritures) et les plus récents
(Lumen Gentium et le Magistère depuis le Concile Vatican II). Dayton, Ohio USA
(IMRI), 2009, p. 57, à lire également dans Mundo Marianista 7 (2009), pp. 1-173.
780
Cette obéissance dans la foi est caractéristique de la réponse propre à l’homme et à la
femme appelés par Dieu à une mission en faveur du peuple élu : citons d’abord Moïse, au
commencement de l’ancienne Alliance (Ex 4, 10 ; 14, 31), puis parmi les Pères d’Israël :
Abraham (Gn 26, 24) ; Isaac (Gn 24, 14), Jacob (Ex 32, 13 ; Ez 37, 25), Josué (Jos 24,
29) et le roi David (2sam 7, 8sv). Les prophètes et les prêtres sont aussi des « serviteurs »
du dessein divin. Enfin, parmi les femmes, on a l’exemple remarquable d’Esther (Est 4,
17). Mais, on retient que l’obéissance dans la foi de Marie, au début de la Nouvelle
Alliance, inaugure d’une manière toute personnelle le service parfait que Dieu attend de
son peuple. Ce service, Marie l’accomplit déjà dans les dispositions intimes du Fils de
l’homme qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon
pour une multitude » (Mc 10, 45).
256
783
FEUILLET A., « L’heure de la femme », p. 564. Ce lien de causalité s’explique par la
participation de Marie dans le mystère du salut. Dès l’événement de l’Annonciation,
Marie est située comme la mère de tous les hommes. Saint Thomas d’Aquin considère
que la Vierge Marie en son consentement lors de l’Annonciation représente la totalité du
genre humain (THOMAS D’AQUIN., ST III, q. 30, a. 1). Irénée avait lui aussi affirmé le
rôle universel de Marie comme Mère en disant du Verbe de Dieu : « […] Lui le plus pur
ouvrirait de manière pure le sein pur qui régénère les hommes en Dieu et qu’il a lui-
même fait pur » (IRENÉE., Adversus haereses IV, 33, 11, in : SC 100, p. 831).
784
RM 1.
785
JEAN-PAUL II., Lettre encyclique Redemptor hominis, 4 mars 1979, n° 22.
786
GS 22.
257
787
Préface de la messe votive de « Notre-Dame de Fatima », Missel de Fatima, Édition
française, sanctuaire de Fatima, 1995, p. 8.
788
Cette péricope de Jn 2, 1-12 constitue, à elle seule, un évangile, parce que dans ce récit
de Jean, la mention du « troisième jour » (Jn 2, 1) situe les noces de Cana au terme de la
« semaine inaugurale » de la vie publique de Jésus et assimile, par cet exode, l’épisode
aux grands événements de l’Histoire sainte qui se passent le « troisième jour ». En effet,
le thème se trouve riche de sens par le fait que l’Écriture présente le motif du troisième
jour comme signifiant l’intervention de Dieu : le sacrifice d’Abraham (Gn 22, 4), la
conclusion au Sinaï de l’Alliance de Yahvé avec Israël par le don de la Torah (Ex 19,
1.10-11.16), l’histoire de Jonas (Jon 2, 1) et celle d’Esther (Est 5, 1). Osée enrichit encore
le thème : « c’est le troisième jour que Dieu interviendra pour guérir » (Os 6, 2). La Bible
grecque des Septante traduit : « le troisième jour il nous ressuscitera ». Ce qui nous
conduit naturellement à la Résurrection du Christ qui a lieu elle aussi le « troisième jour »
(Mt 16, 21 ; Lc24, 46 ; Jn 2, 1.19-22 ; Ac 10, 40 ; 1Co 15, 4). Mais entre tous ces
événements, on peut admettre qu’un fil rallie tout particulièrement le « troisième jour »
du Sinaï, celui de Cana et celui de la Passion glorification du Christ, événements qui sont
comme trois bornes saillantes sur l’itinéraire unique du salut. La péricope de Jn 2, 1-12
s’annonce comme un récit de théophanie, de manifestation salvifique et de révélation
divine comme l’affirme SERRA A., Marie à Cana, Marie près de la Croix (Jean 2, 1-12
et 19, 25-29). Paris (Cerf), 1983, p. 34.
789
MEURICE M.-V., Voici ta Mère. Un itinéraire théologique avec Jean-Paul II. Paris
(Ad Solem), 2010, p. 207.
258
791
AUGUSTIN., De sancta virginitate, III, 3 : PL 40, 398 ; Sermo 215, 4 : PL 38, 1074 ;
Sermo 196, 1 : PL 38, 1019 ; Sermo 25, 7 : PL 46, 937-938 ; Sermo 293, 1 : PL 38, 1327 ;
Enarr. In. Ps. 67, 21 : PL 36, 826.
792
« Marie, écrit ROTEN J, profondément unie au Christ par sa foi, unit et unira à son Fils
ceux et celles qui entrent dans son champ d’influence. La foi de Marie revêt ainsi une
fonction de ralliement ; elle hâte la redintegratio finale en ramenant tout au centre, au
foyer de la révélation, c’est-à-dire à la personne du Christ » (La foi de Marie à la lumière
de la théologie actuelle, p. 167).
793
DE ANDIA Y., « Le vin de Can », in : Marie Mère de Dieu. Venasque (Édition du
Carmel), 1989, pp. 116-117, cité désormais sous le titre « Le vin de Cana ».
794
Cette affirmation est à nuancer, pour le moins, surtout si on fait référence à la question
des genres littéraires dans les Écritures.
795
DE ANDIA Y., « Le vin de Cana », p. 114.
259
de Jn 2, 12, qui relie le récit des noces à ce qui suit : « Après quoi,
il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et ses frères et
ses disciples ». Ainsi, on voit se former un groupe autour de Jésus.
Une seule et même foi rassemble désormais la petite communauté
messianique, noyau de l’Église naissante.
Un rapprochement semblable s’établit si l’on considère le
récit de Jean antérieurement à l’épisode de Cana : « Dans la
semaine inaugurale, Jésus appelle les disciples qui le suivent, mais
c’est à Cana seulement qu’ils crurent en lui. Entre « suivre796 »
Jésus et « croire797 en lui », il y a l’intercession de Marie. Avant
Cana, les disciples ont été appelés un à un par le Christ, mais c’est
la foi qui constitue le groupe des douze en tant que tel 798 ».
Dans le premier signe opéré par Jésus, Y. de Andia, à la
suite des Pères de l’Église, a entrevu une forte dimension
symbolique. Elle écrit : « Marie à Cana n’est pas seulement la
figure d’Israël, elle est aussi la figure de l’Église. C’est peut-être
cela le sens mystique de la transformation de l’eau en vin et de la
substitution du nom de « Femme » à celui de « Mère » :
l’accomplissement, en Marie, d’Israël dans l’Église.
Accomplissement, car de même que Jésus n’a pas créé ex nihilo le
vin des noces, mais à partir des jarres d’eau, de même l’Église qui
s’assemble autour de lui à Cana est Israël fidèle qui a reconnu son
Messie799 ».
Cette maternité de l’Église, rapportée à Marie au début du
ministère public de Jésus, trouve sa pleine expression en Jn 19, 25-
27.
796
Les disciples suivaient Jésus mais ne croyaient pas véritablement en lui ni encore
moins en ses paroles. Ils faisaient du suivisme sans rien comprendre à son message.
797
En ce moment précis ils adhèrent à ses paroles et à son ouvre, mais cette adhésion
demande encore un abandon total.
798
DE ANDIA Y., « Le vin de Cana », p. 116.
799
DE ANDIA Y., « Le vin de Cana », p. 114.
260
800
Les interprétations de ces versets ont suscité, au cours des âges, de multiples et
diverses explications : on en trouvera la présentation dans THURIAN M., Marie, figure
de l’Église, pp. 234-241 ; KOEHLER T., « Les principales interprétations traditionnelles
de Jn 19, 25-27, pendant les douze premiers siècles. », in : SFEM 16 (1959), pp. 119-
155 ; DE LA POTTERIE I., « Et à partir de cette heure, le disciple l’accueillit dans son
intimité (Jn 19, 27).», in : Marianum 42 (1980), pp. 84-125 ; DE LA POTTERIE I.,
Marie dans le mystère de l’Alliance. Paris (Desclée), 1988, pp. 236-237 ; FEUILLET A.,
« Les adieux du Christ à sa mère (Jn 19, 25-27) et la maternité spirituelle de Marie », in :
NRT 86 (1964), pp. 469-489 (Cité désormais sous le titre « Les adieux ») ; BARRÉ H., «
La maternité spirituelle de Marie dans la pensée médiévale. », in : SFEM 16 (1959), pp.
87-118.
801
TORRELL J-P., La Vierge Marie dans la foi catholique, p. 146.
802
Nombre de théologiens affirment ici que cette maternité de Marie à l’égard du genre
humain, présente en sa racine à l’Annonciation, devient à la Passion formellement
réalisée. Il n’est pas sans signification que ce soit à la Croix que Jésus lui-même proclame
la mission maternelle de Marie à l’égard de ses disciples. La piété ou la théologie ne
commettent ici aucune espèce d’exagération, c’est la Révélation elle-même qui
l’enseigne. Pie XII a résumé cela en des termes devenus classiques en finale de son
encyclique Mystici corporis : « [Marie enfanta Jésus] déjà revêtu en son sein […] de la
dignité de chef de l’Église [… Mais à la Croix] celle qui corporellement était la mère de
notre Chef devint spirituellement la mère de tous ses membres» (PIE XII., Lettre
Encyclique Mystici CorporisChristi du 29 juin 1943 : AAS 35 (1943), pp. 208-223).Voilà
donc ce qui fonde et explique du côté de Marie sa maternité envers le genre humain.
261
Réelle de son côté dès le début, cette relation acquiert sa réalité à l’égard des croyants
quand, par une démarche libre, on reçoit la grâce de Fils adoptifs au baptême.
803
GALOT J., Marie, Mère et corédemptrice. Paris (Parole et Silence), 2005, p. 194.
804
Cette maternité spirituelle ne pouvait être signifiée qu’en un seul, car la maternité est
essentiellement personnelle, et pour toute mère, si nombreux que soient ses enfants,
chaque enfant est unique. Marie accepte le douloureux transfert : de son divin Fils qui la
comblait, à ses Fils adoptifs, des pécheurs.
805
On reste prudent à cette affirmation, d’autant plus que le disciple bien-aimé fut le seul
à ne pas faiblir.
806
GOURGUES M., interprète les paroles de Jésus au sens que Marie, la première à
croire, « est la mère des croyants représentés par le disciple bien-aimé » (Marie la femme
et la mère de Jésus, Nouvelle Revue Théologique 108 (1986), p. 191). Cependant il
262
convient d’ajouter que la maternité de Marie, énoncée de façon générale, ne se limite pas
à cet aspect.
807
L’appellation « Femme », par laquelle Jésus s’adresse à sa mère et qui revient aussi
aux noces de Cana, n’est pas la coutume employée pour s’adresser à sa propre mère.
Jésus le fait, c’est un signe que le titre « Femme » prend ici une signification spéciale.
Laquelle ? On doit garder présent à l’esprit qu’à partir de ce moment Jésus se manifeste
pleinement comme le Messie. Jésus prend sur lui une autre fonction (la fonction
messianique) ; et, ce qui est important, en s’adressant à sa mère comme « Femme », il
l’implique directement dans sa mission qui se termine. (DE LA POTTERIE I., Marie
dans le mystère de l’alliance. Paris Desclée, p. 226). Par cette appellation, il prend une
certaine distance envers la relation antérieure, la relation mère-Fils, mais il ouvre en
même temps une nouvelle perspective : et il amorce avec elle, au-delà de sa maternité
familiale, une autre relation dans le mystère du salut : sa maternité messianique, celle qui
collabore, qui est associée à l’œuvre de son Fils (Ibid, p. 226). Jésus en appelant sa mère
« femme », il la regarde comme la femme qui coopère à l’œuvre rédemptrice (Ibid, p.
226). Cette collaboration ne se situe pas au niveau des rapports mère-Fils, mais de celui
de sa vocation universelle. Marie doit passer de sa fonction de Mère de Jésus à celle de
Femme dans l’Église: sa maternité nouvelle à l’égard de tous les croyants (le peuple de
Dieu).
808
BROWN R., Mary in the New Testament. New York (Fortress Press), 1978, p. 212.
809
BROWN R., Mary in the New Testament, affirme que : « Dans la même direction que
Luc 8, 19-21 qui inclut, la famille physique de Jésus dans la famille de disciples : « ma
mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique »,
saint Jean semble aussi modifier le point de vu de Marc. Le rejet de Jésus à Cana et la
distinction entre mère-frères (Lc 8, 19-21// Mc 3, 31-35) et disciples en Jn 2, 12 sont en
harmonie avec le thème de Marc ; mais au pied de la Croix Jésus donne à sa mère
physique un rôle spirituel comme mère du disciple par excellence, et le disciple un rôle
comme son Fils. Ainsi donc, il émerge une relation familiale en termes de disciple. Marie
est la mère de la famille eschatologique donc de l’Église », p. 213.
263
812
GOURGUES M., « Marie, la femme et la mère en Jean », in : NRT 108 (1986), p. 190.
813
MEURICE M.-V., Voici ta mère, p. 315.
264
814
LAURENTIN R., Court traité, p. 36.
815
DE LA SOUJEOLE B-D., Initiation à la Théologie mariale. Paris (Éditions Parole et
Silence), 2007, p. 77.
816
Le lien entre la « femme » et la « mère » éclaire mieux la maternité de Marie. En effet,
l’appellation Femme exprime la personnification du peuple d’Israël souvent représenté
par les prophètes sous le symbole d’une femme, la fille de Sion, la Vierge Israël, et cela
en rapport avec une maternité messianique et eschatologique : « Mais on appelle Sion ma
mère car en elle tout homme est né » (Ps 87, 5 ; traduction liturgique). Dans la ligne des
textes bibliques concernant la fille de Sion (Is 60, 4-5 ; Ba 4, 36-37), Marie, image de la
Mère Sion, réalise au calvaire en sa personne ce qui était annoncé par les prophètes. Le
disciple bien-aimé qui, au pied de la croix, devient Fils de Marie, est la personnification
des Fils d’Israël qui se rassemblent autour d’elle.
265
817
MEURICE M.-V., Voici ta mère, p. 317.
818
« On peut dire que, si la maternité de Marie envers les hommes avait déjà été
antérieurement annoncée, elle est maintenant clairement précisée et établie : elle résulte
de l’accomplissement plénier du mystère pascal du Christ » (RM 23).
819
FEUILLET A., « Les adieux », p. 476.
820
JEAN-PAUL II., Audience générale du 10 janvier 1979, n° 3 ; in : DC 1757 (3 février
1979), pp. 102-103.
266
821
PAUL VI., « Discours de clôture de la 3e session du concile Vatican II » cfe, (AAS 56
(1965), p. 1016).
822
Au pied de la Croix, Jésus invite Marie à voir en Jean celui qui est désormais son Fils.
Or, la « mère de Jésus », est toute relative à la personne de son Fils. Par le dévoilement et
par le don de cette maternité nouvelle qu’il lui fait, Jésus donne aussi à sa mère de
reconnaître qu’il sera désormais présent en la personne de Jean ainsi qu’en chacun de ses
disciples. On peut alors recevoir l’interprétation d’Origène qui présente Jean comme le
type du disciple parfait, en tant que celui-ci est configuré au Christ. Marie n’a pas d’autre
Fils que Jésus ; donc quand Jésus dit à sa mère : « Voici ton Fils et non voici cet homme
est aussi ton Fils, c’est comme s’il lui disait : voici Jésus que tu as enfanté. En effet,
quiconque est arrivé à la perfection ne vit plus, mais le Christ vit en lui (Ga 2, 20) et,
puisque le Christ vit en lui, il est dit de lui à Marie : voici ton Fils, le Christ 822 »
(ORIGENE, Commentaire sur saint Jean, t. 1, I, 4 (23), Sources chrétiennes 120, pp. 71-
73 ; cf. SERRA A., Marie à Cana, note 2, p. 100 et p. 129). Il s’agit du mystère du Christ
total dont Marie est la mère. C’est ce que la tradition spirituelle postérieure précisera,
notamment Grignon de Montfort : « Dieu le Fils veut se former et, pour ainsi dire,
s’incarner tous les jours, par sa chère mère, dans ses membres […]. Si Jésus-Christ, le
chef des hommes, est né en elle, les prédestinés, qui sont les membres de ce chef, doivent
aussi naître en elle par une suite nécessaire. Une même mère ne met pas au monde la tête
ou le chef sans les membres, ni les membres sans la tête […] de même dans l’ordre de la
grâce, le chef et les membres naissent d’une même mère822 » (GRIGNION DE
MONTFORT L.-M., Traité de la vraie dévotion. Paris (Édition le Seuil), 1966, n° 31-32,
pp. 503-504). Au Calvaire, c’est bien en qualité de mère du Fils de Dieu que Marie est
appelée « Femme ». En effet les mots : « Femme, voici ton Fils » signifient le passage
d’une maternité naturelle à une maternité spirituelle. Marie est consacrée définitivement
dans sa mission maternelle.
267
823
La figure de Marie, mère du Sauveur, s’est progressivement dégagée dès les débuts de
l’histoire du salut. Elle s’entrevoit dans les textes de l’Ancien Testament lus dans l’esprit
et compris à la lumière du Nouveau Testament (LG 55). En Gn 3, 15 on lit : « Je mettrai
une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu
l’atteindras au talon ». A travers ces expressions on a la volonté salvifique de Dieu qui se
manifeste dès les origines de l’humanité. Elle n’est pas celle de punir les coupables, mais
de leur ouvrir une perspective de salut et de les faire participer activement à l’œuvre de
rédemption. En lisant Gn 3 à la lumière des écrits de saint Irénée (IRÉNÉE, Adversus
Haeresus 5, 19, 1, PG 7, 1175 A – 1176 A, SC 153, 249-25) on le comprend mieux. Par
Ève qui avait cédé à la tentation du serpent avant l’homme, la femme est devenue l’alliée
du serpent pour entraîner l’homme dans le péché. En vertu de son plan divin, le Dieu
créateur et rédempteur annonce qu’il inversera cette situation en faisant de la femme la
première alliée de Dieu, et donc l’ennemie du serpent. En révélant ce destin particulier,
Dieu laisse entrevoir l’existence d’une femme nouvelle voulue par lui pour réparer la
chute d’Ève. Restaurée dans son rôle et dans sa dignité féminine, cette femme est appelée
à contribuer au changement du destin de l’humanité. Ennemie irréductible du serpent, elle
collaborera à la lutte contre le tentateur par sa mission maternelle : le vainqueur du mal et
du péché sera son descendant (Gn 3, 15). Dans cette lutte, l’inimitié mise par Dieu entre
le serpent et la femme se réalisera en Marie par son association intime à l’œuvre
salvifique de son Fils.
824
JEAN-PAUL II., Audience générale du 24 septembre 1997, n° 2.1, in : DC 2169 (2
novembre 1997), pp. 901-907.
825
SERRA A., Marie à Cana, p. 141.
268
826
LÉON-DUFOUR X., Lecture de l’évangile selon saint Jean, t. 4, p. 139.
827
Même si le texte ne le dit pas clairement, on le suppose. On sait que dans l’évangile de
Jean, le disciple bien-aimé en effet est introduit au chapitre 13, verset 23 (Jn 13, 23).
828
MEURICE M.-V., Voici ta mère, p. 320.
829
DE ANDIA Y., « Le vin de Cana », p. 117.
830
SERRA A., Marie à Cana, p. 141.
831
SERRA A., Marie presso la Croce. Solo l’Addolorata ? Verso una rilettura dei
contenuti di Giovanni 19, 25-27. Padova (Edizioni Messaggero), 2011, p. 102.
832
SERRA A., Marie à Cana, pp. 141-142.
269
834
Dans une troisième série de textes particuliers à Jean, lambanein a toujours pour
complément d’objet, à l’exception de Jn 19, 27 b, la personne de Jésus (Jn 1, 12 ; 5, 43 ;
13, 20 ; cf. 6, 21), ses paroles (Jn 12, 48 ; 17, 8) et son témoignage (Jn 3, 11.32-33 ; cf.
1Jn 5, 9).
835
« Il [le Verbe] est venu chez lui (eis ta idia), et les siens ne l’ont pas accueilli
(parelabon). Mais à tous ceux qui l’ont accueilli (elabon), il a donné pouvoir de devenir
enfants de Dieu, à ceux qui croient (pisteuousin) en son nom » (Jn 1, 11-12).
836
MEURICE M.-V., Voici ta mère, p. 327.
837
Devenir Fils de Marie et d’accueillir dans la foi, la mère de Jésus -- « chez soi » -- se
présente comme la modalité incontournable du « devenir enfant de Dieu par la foi en son
nom » dont parle saint Jean dans le Prologue de son évangile (Jn 1, 12). Tout croyant naît
de la Croix (MEURICE M.-V., Voici ta mère, p. 327) et du sein de Marie, sa mère,
« engendré ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu »
(Jn 1, 13).
838
Expression que l’on peut traduire par « auprès de lui » (SERRA A., Marie à Cana, p.
139) ; « dans ses biens spirituels » (Ambroise de Milan cité par le cardinal Tolet (XVIIe
siècle), DE LA POTTERIE I., Marie dans le mystère de l’Alliance, p. 250) ; « parmi ses
270
biens personnels » (RM 45) ; « dans son intimité » (JOURNET C., L’Église du Verbe
incarné, II, Paris (Édition le Seuil), 1962, p. 415, cité DE LA POTTERIE I, ibid., p. 251).
839
RM 45.
840
HONORE-LAINE G., La femme et le mystère de l’Alliance. Paris (Cerf), 1985, p. 56.
841
RONZE B., La Mère du Christ ou la vraie structure de la Révélation. Paris (François-
Xavier de Guibert), 1996, p. 157.
842
RM 44.
843
RM 45.
271
844
RM 45.
845
Le Christ est le Fils connu qui a existé avant sa mère, qui a choisi sa mère. Cela fait de
la relation Fils-mère un cas exceptionnel, mais aussi Marie en ressort comme la mère.
272
846
MEURICE M.-V., Voici ta mère, p. 327.
847
Selon les historiens, à l’origine du christianisme, il y avait une possible tension entre
deux groupes se réclamant de l’héritage de Jésus : celui de sa parenté et celui de ses
disciples (en Mc 3, 34-35, on peut voir les disciples revendiquant la nouvelle parenté ou
la nouvelle famille de Jésus). En Jn 19, dans le disciple bien-aimé et à travers Marie, les
deux groupes sont réunis. Comme Marie est présentée, en Ac 1, 14, entre le groupe des
disciples et celui de la parenté de Jésus, alors elle devient celle qui les unit.
848
Les « apôtres », on le sait, désignent le nouvel Israël fondé par le Seigneur ; ils sont
les témoins de Jésus et les missionnaires par qui le travail de l’Église a commencé.
849
Les « femmes » sont les premiers témoins du mystère du tombeau vide.
850
Les « frères de Jésus » apportent à l’Église le témoignage de la tradition, de la famille
juive de Jésus.
851
MADUENO M., Suivre Jésus Fils de Marie. Un parcours de spiritualité marianiste.
Bordeaux (Maison Chaminade), 2006, p. 199.
852
Ibid., p. 199.
853
PHILIPS G., L’Église et son mystère, au IIè concile du Vatican, Histoire, texte et
commentaire de la constitution Lumen gentium, t. 2. Paris (Desclée), 1968, p. 253.
273
854
DUQUESNE J., Marie. Paris (Plon), 2004, p. 80.
855
Le « cœur », en grec « kardia » est le centre de décision, le lieu où Marie s’est donnée
toute entière à l’œuvre de son Fils, où naît et s’épanouit en don total son amour pour son
Fils et pour les hommes.
856
GALOT J., Marie dans l’Évangile. Paris (Desclée de Brouwer), 1958, p. 192.
857
LAURENTIN R., Marie clé du mystère chrétien. La plus proche des hommes, parce
que la plus proche de Dieu. Paris (Fayard), 1994, p. 35.
274
858
LG 4, 13-15, 18, 21, 24-25, 51 ; DV 10 ; GS 32.
859
On signale ici que les auteurs qu’on citera ont formulé et donné des outils de travail
pour une bonne compréhension du concept Église-famille en général : MURPHY-
O’CONNOR C., The Family of the Church. London (Winston Press), 1984 ; DOOHAN
L., The Lay-centered Church. New York (Winston Press), 1984 ; BECHINA F., Die
Kirche als Familie Gottes (1974-1994). Roma (Editrice Pontificia Università
Gregoriana), 1998.
275
863
Ibid., p. 29.
864
Lire à cet effet : COATHALEM H., Le parallélisme entre la Sainte Vierge et l’Église
dans la tradition Latine jusqu’à la fin du XIIè siècle. Rome (Analecta Gregoriana : Cura
Pontificiae Universitatis gregorianae edita), Vol. LXXIV, 1954.
276
865
DE LUBAC. H., Méditation sur l’Église. Paris (Aubier/Éditions Montaigne), 1968, p.
275.
866
Ibid., p. 275.
867
On retient que cette insertion n’a pas été acceptée par tous en un seul instant. Le
Concile a eu recours au vote comme le décrit LAURENTIN R : « Au cours du débat
général sur l’Église qui ouvrit la deuxième session, de nombreux Pères, notamment le
cardinal Frings, le cardinal Silva Henriquez au nom d’un groupe important d’évêques
sud-américains, et Mgr Garrone au nom des évêques français demandèrent l’insertion du
schéma De Ecclesia (De Beata) dans le schéma sur l’Église. Les modérateurs décidèrent
de poser cette question à l’assemblée. Le vote subit des retards, car on leur contestait le
droit de soumettre des questions à la décision des Pères. Le 23 octobre au soir, la
difficulté était résolue, non sans peine. Dès le lendemain 24, le texte de la question fut
remis aux Pères : Vous plaît-il d’adapter le schéma sur la Bienheureuse Vierge Marie
Mère de l’Église, de manière à en faire le dernier chapitre du schéma De Ecclesia ? Ce
même jour, le cardinal Santos, de Manille et le cardinal König, de Vienne, plaidèrent
respectivement contre et pour cette proposition. Tous deux mirent en avant l’honneur de
la Vierge, en même temps que la raison œcuménique. (…) Le vote se déroula dans une
atmosphère inquiète. Les résultats furent partagés : pour l’insertion : 1114 voix, contre :
1074 voix, Bulletins nuls : 5. Quarante voix de différence seulement » (LAURENTIN R.,
Genèse du texte Conciliaire, in : Ephemerides Mariologicae 22 (1965), pp. 8-9 ; On
pourra aussi consulter MÜHLEN H., L’Esprit dans l’Église, tome II. Paris, 1969, pp.
134-135.
277
868
MC 28.
869
DE FIORES S., Marie dans la théologie postconciliaire : Bilan et perspectives vingt-
cinq ans après (1962-1987). Montréal-Paris (Cerf), 1988, p. 470.
870
RATZINGER J., Marie, Mère de l’Église, p. 27.
278
1- Le Mystère de l’Église
2- Le Peuple de Dieu
4- Les Laïcs
6- Les Religieux
871
KOEHLER T., « Le chapitre VIII dans la Constitution dogmatique de Ecclesia », in :
SFEM 22 (1965), p. 28.
279
872
Ibid., p. 26.
280
873
On retiendra pour notre gouverne personnelle qu’en plus du chapitre spécial du De
Ecclesia, où on traite du mystère de Marie, il y a trois autres mentions de Marie dans les
autres chapitres : le chapitre II De populo Dei, & 15 rappelle que dans les communautés
ecclésiales qui ne reconnaissent pas le successeur de Pierre, plusieurs « entourent de leur
piété la Vierge Marie ». Le chapitre VI, De Religiosis, & 46 évoque comment la voie des
conseils, entre autres bienfaits, peut « assurer aux chrétiens une conformité plus grande
avec la condition de virginité et de pauvreté que le Christ Seigneur a choisie pour lui-
même et qu’a embrassée la Vierge Marie ». Le chapitre VII consacré « au caractère
eschatologique de l’Église en pèlerinage et son union avec l’Église du ciel », (& 49) :
formule une doctrine fondamentale pour la nature de l’Église : elle n’est pas une
institution de la terre, car elle est destinée à être avec son Époux dans la gloire qu’il a
auprès du Père. Déjà ses saints du ciel contemplent « dans la pleine lumière, Tel qu’il est,
le Dieu Un en Trois Personnes ». C’est pourquoi l’Église pérégrinante les entoure de sa
ferveur, les prie « en même temps que la Bienheureuse Vierge Marie et les saints Anges »
(& 50).
874
La traduction du latin donne ceci : « une partie maximale, une partie optimale, une
partie principale et une partie choisie ». cf. Discours de PAUL VI à la clôture de la 3 e
session (21 novembre 1964), en la fête de la Présentation de Marie : AAS 1964, 56, p.
1044.
875
Ibid., p. 1014.
281
876
Ibid., p. 1014.
877
RATZINGER J., Marie, Mère de l’Église, p. 66.
282
878
NICOLAS M. J., Le mystère de Marie. Paris (Desclée), 1965, p. 208.
879
ROSSI DE GASPERIS F., Marie de Nazareth. Icône d’Israël et de l’Église. Paris
(Éditions Parole et Silence), 2004, p. 112.
880
PAUL VI., Discours de clôture de la troisième période du Concile Vatican II, (AAS 56
(1965), p. 1016).
881
Ibid., p. 1016.
283
882
ROTEN J., « Marie dans l’enseignement missionnaire de l’Église au XXè siècle », in :
SFEM Tome 1 (2006), pp. 91-92.
883
Cette expression « icône eschatologique » veut souligner le rôle maternel de Marie
vers l’avenir, vers la fin ou l’eschaton de l’Église. Ce rôle maternel est de tourner le
regard de ses enfants vers le Christ qui revient. « Oui, désormais tous les âges me diront
bienheureuse » (Lc 1, 48), cette parole prononcée par Marie dans son Magnificat se
réalise tout au long du temps de l’Église qu’elle accompagne de sa présence maternelle ;
Église qui est toute tendue vers la Parousie ou la venue définitive du Christ en gloire (cf.
CEC 1001). Déjà parvenue au port, Marie brille devant le peuple de Dieu encore en
pèlerinage, « comme un signe d’espérance assurée et de consolation » (LG 68).
884
On précise qu’à chaque fois que le mot « modèle » est employé, il faut savoir qu’il
signifie à la fois un modèle imitable et jamais égalé. C’est un modèle qui fait avancer.
Car le modèle fonctionne quand on peut s’y identifier. En effet, c’est un modèle auquel
on peut s’identifier. Il faut aussi que Marie modèle donne envie de l’imiter. Or Marie est
284
imitable parce qu’elle connaît nos souffrances, elle est « puissante » par rapport à son
intercession.
885
LG 61.
285
mystère du Christ886.
A travers Marie, témoin exceptionnel du mystère du Christ,
parce que seule présente à la fois au début et à la fin de
l’Incarnation, l’Église approfondit le mystère de la kenosis du Fils
de Dieu887. Marie reste une personne historique ; mais, comme
personne historique, elle est aussi la Mère élue, virginale du Christ,
celle qui a été tirée de l’ensemble coupable de tous les enfants
d’Adam, et placée à côté de son Fils, afin que le Christ rachète
l’humanité888. Ainsi le Fils et la Mère forment une unité. C’est
pourquoi renchérit Balthasar : « ils furent, dès le début, désignés
comme le nouvel Adam et la nouvelle Ève, bien que nous soyons
clairement conscients que Jésus, en tant que Fils du Père éternel,
se tient sur un tout autre plan que Marie, qui est un simple être
humain. Mais si la sainteté de Marie et sa pureté immaculée sont
totalement dépendantes de la grâce salutaire de Dieu et du Christ
[…] le Fils a voulu dépendre fortement de sa Mère. Ensemble, tous
deux illustrent comment, dans l’Alliance que le Dieu éternel veut
conclure librement avec les hommes, Dieu et l’homme se
comportent l’un envers l’autre889 ».
Pour étayer ce qui vient d’être dit, on peut reprendre ici, le
travail conclusif de la Congrégation pour l’éducation catholique,
portant sur le lien entre Marie et le Christ. D’après cette dernière,
les liens existant entre la Vierge et le Christ sont multiples890 :
- Marie est le « fruit le plus excellent de la Rédemption ;
Marie est unie à son Fils dans l’œuvre salutaire par un lien
886
DE LA SOUJEOLE B-D., Initiation à la théologie mariale, p. 195.
887
SIEME LASOUL J-P., « Marie, Mère de l’Église-famille et l’inculturation », p. 97.
888
VON BALTHASAR H. U.., Marie, Mère de l’Église, p. 117.
889
Ibid., p. 117.
890
CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, La Vierge Marie dans la
formation intellectuelle et spirituelle. Rome (Cité du Vatican), 1989, n° 7.
286
891
SC 103.
892
LG 53.
893
LG 57.
894
LG 61.
895
LG 56.
896
Le mot est profondément enraciné dans l’histoire d’Israël et il ne se comprend
vraiment qu’à partir de cette histoire. C’est le titre que Dieu donne à Moïse et qui restera
associé au nom de celui-ci tout au long des Écritures, jusqu’au livre de l’Apocalypse (15,
3). « Serviteur » est aussi le titre du roi David, et celui que reçoivent les prophètes,
individuellement et collectivement ; par exemple : « mes serviteurs les prophètes » (Jr 35,
15). C’est le meilleur titre du peuple : « Israël, serviteur du Dieu du ciel et de la terre »
(Esd 5, 11). Mais c’est aussi le nom qui supporte la plainte et la déception de Dieu : « Qui
est aveugle comme mon serviteur, sourd comme le messager que j’envoie ? », jusqu’à ce
que vienne l’heure précisément où d’une « servante » totalement fidèle naîtra le
« serviteur », « appelé dès sa naissance », qui « justifiera les multitudes » (Is 42, 19 ; 49,
1 ; 53, 11) et d’où s’engendra le peuple des « serviteurs du Christ Jésus » (Ph 1, 1).
287
898
LG 58.
899
MASCIARELLI M. G., La discepola. Roma (Città del Vaticano), 2001, p. 15 ; Pour
une étude plus approfondie de l’identité du disciple voir : PRADO FIORES J. H., La
formazione dei discepoli. Roma (Città del Vaticano), 1996 ou MOIOLI G., Il discepolo.
Milano (Edizioni Paoline), 2000.
900
LG 61.
288
901
FEUILLET A., Jésus et sa Mère d’après les récits lucaniens de l’enfance et d’après
saint Jean. Le rôle de la Vierge Marie dans l’histoire du salut et la place de la femme
dans l’Église. Paris (Gabalda), 1974, p. 216.
289
902
SIEME LASOUL J-P., « Marie, Mère de l’Église-famille et l’inculturation », p. 111.
903
ATAL SA ANGANG D., « Culture Africaine et réflexion théologique sur la Vierge
Marie », p. 158.
904
Le rôle maternel de Marie dans l’Église universelle est justifié et explicité par le
Concile Vatican II, plus précisément au chapitre VIII de Lumen Gentium. Avec le
Concile Vatican II, on découvre ce qui explique sa possibilité, et la façon dont la
maternité de Marie s’exerce. Le titre de mère à propos des hommes, et pas seulement
pour Jésus, est employé sept fois dans le chapitre VIII de Lumen Gentium : « Mère des
membres du Christ » (selon une expression de saint Augustin, n° 53) ; « Mère des
hommes, et surtout des fidèles » (n° 54) ; « Mère des vivants » (par un transfert à Marie,
nouvelle Eve, selon saint Irénée, du titre accordé à la première Eve par la Bible, n° 56) ;
« Mère du disciple (bien-aimé) » (n° 58) ; « pour nous, Mère dans l’ordre de la grâce »
(n° 61), « notre Mère » (n° 67), « Mère des hommes » (n° 69). A ces divers titres, le
Concile Vatican II ajoute de nombreuse expression qui reprennent cette même donnée, de
façon plus abstraite mais tout aussi insistante : « maternité dans l’ordre de la grâce » (n°
291
61), « maternité dans l’économie de la grâce » (n° 62), « maternelle charité » (n° 62),
« maternel secours » (n° 62), « maternel amour » (n° 63), « maternelle affection » (n°
65). Beaucoup de ces termes sont synonymes ; leur intérêt vient de leur accumulation
même, car elle est une vérité que le Concile Vatican II veut mettre en exergue. Ainsi, la
doctrine traditionnelle catholique de Marie, Mère des chrétiens, a reçu une nouvelle
compréhension dans la constitution sur l’Église du Concile Vatican II, où Marie occupe
une place importante dans l’histoire du salut et du mystère du Christ : « La bienheureuse
Vierge, prédestinée de toute éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du Verbe, pour
être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une disposition de la Providence divine,
l’aimable Mère du divin Rédempteur, généreusement associée à son œuvre à un titre
absolument unique, humble servante du Seigneur. En concevant le Christ, en le mettant
au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec
son Fils qui mourait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération
absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité,
pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour
nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère » (LG 61). Le Concile Vatican II précise le
sens de cette maternité de Marie en disant : « le rôle maternel de Marie à l’égard des
hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en
manifeste au contraire la vertu. Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse
Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu : elle
ne naît pas d’une nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du
Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa
vertu ; l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière
empêchée, mais au contraire favorisée » (LG 60). A côté du titre de Mère de Dieu et des
croyants, l’autre catégorie fondamentale employée par le Concile Vatican II pour illustrer
le rôle de Marie, est celle du modèle ou de la figure : « La bienheureuse Vierge, de par le
don et la charge de sa maternité divine qui l’unissent à son Fils, le Rédempteur, et de par
les grâces et les fonctions singulières qui sont siennes, se trouve également en intime
union avec l’Église : de l’Église, comme l’enseignait déjà saint Ambroise, la Mère de
Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ »
(LG 63). Ainsi, elle est proposée comme modèle qu’on est invité à imiter, tout en sachant
qu’on ne peut complètement imiter tout, car Marie n’est pas imitable en tout point.
Aussitôt après le Concile Vatican II, le Pape Paul VI, développa le thème de la maternité
de Marie, Mère des croyants. Il a attribué explicitement et solennellement à Marie le titre
de Mère de l’Église : « A la gloire de Marie et pour notre réconfort, nous proclamons la
très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église, c’est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi
bien des fidèles que des pasteurs, qui l’appellent Mère très aimante et nous voulons que
dorénavant, avec ce titre si doux, la Vierge soit davantage honorée et invoquée par tout le
peuple chrétien » (PAUL VI, Discours de clôture de la troisième période du Concile
(AAS 56, 1964, p. 1016). Ainsi, à la lumière de ces textes de Lumen gentium (LG 60, 61,
63) et du discours de Paul VI à la clôture de la troisième période du Concile, on peut
résumer la double relation de Marie avec Jésus et avec l’Église : par rapport à Jésus,
Marie est mère et disciple ; par rapport à l’Église, elle est mère et modèle
(CANTALAMESSA R., Marie, miroir pour l’Église, p. 183). Elle peut vraiment dire
comme Paul et plus que lui : « soyez mes imitateurs, comme moi je le suis du Christ »
(1Cor 11, 1). Marie est en effet modèle parce que parfaite disciple et imitatrice du Christ
(CANTALAMESSA R., Marie, miroir pour l’Église.Paris, Éditions Saint-Augustin,
2002, p. 183).
292
905
LG 53.
293
prophètes sont sur terre des intercesseurs qualifiés pour le peuple devant Dieu. Dans le
Nouveau Testament, ce qui est central est, l’intercession du Christ. Le lieu majeur est la
grande prière sacerdotale en Jn 17. Saint Jean précise que cette grande intercession pour
tous ceux qui croiront demeure au ciel (cf. 1 Jn 2, 1 : Nous avons un avocat auprès du
Père, Jésus-Christ, le Juste…). C’est aussi explicite en saint Paul (Rm 8, 34 ; de même
pour le rôle de l’Esprit paraclet, cf. Rm 8, 26). Cette intercession du Christ ne supprime
pas celle des chrétiens. Dans les évangiles c’est déjà noté (Mt 5, 44 : priez pour vos
ennemis). La phrase de Jésus : « Tout ce que vous demandez à mon Père en mon nom,
cela vous sera accordé » (Jn 16, 23) montre bien cette intercession des chrétiens. Tout
cela vise en premier lieu l’intercession des hommes de ce monde pour les hommes de ce
monde.
908
ROSSIER F., « Biblical Perspectives on Marian Meditation: Lessons from a failure of
meditation », in : Marian Studies 52 (2001), pp. 53-77; cf. GALOT J., « L’intercession de
Marie » dans DU MANOIR H : Maria VI. Paris (Beauchesne et ses Fils), 1961, pp. 513-
550.
909
En plus du rôle d’intercession, Marie joue aussi le rôle de médiatrice. Marie la plus
proche de Dieu et la plus proche des hommes est celle qui établit un pont entre tout
croyant et Jésus. Elle est alors l’échelle par laquelle on monte à Dieu. Saint Louis-Marie
GRIGNON de Montfort résumait cette audace des hommes à regarder vers Dieu par le
hublot de Marie dans la formule restée célèbre depuis : «Ad Jesum per Mariam». Marie
est cette sécurité qui permet de monter à Dieu sans crainte d’une quelconque chute. En
effet, de quelle sécurité ne se sent pas entouré un enfant retenu dos de sa mère ? A partir
de ce dos, un enfant peut soumettre sa mère à tous les caprices et se faire protéger de tout
danger. C’est cela une médiatrice, celle qui intercède pour que soient obtenus des faveurs
ou que soient évitées punitions et réprimandes. C’est la sollicitude de Marie pour les
hommes, le fait qu’elle aille au-devant de toute la gamme de leurs besoins et de leurs
nécessités : aller au-devant des besoins de l’homme veut dire, en même temps, les
introduire dans le rayonnement de la mission messianique et de la puissance salvifique du
Christ. Il y a donc une médiation, car Marie se situe entre son Fils et les hommes dans la
réalité de leurs privations, de leur pauvreté et de leurs souffrances. Elle agit en
médiatrice, non pas de l’extérieur, mais à sa place de Mère, consciente comme telle de
montrer au Fils les besoins des hommes. Sa médiation a donc un caractère d’intercession.
Marie intercède pour les hommes. Cette médiation de Marie est solennellement consacrée
par le dialogue de Jésus avec Marie au pied de la croix où, à l’article de la mort, le Fils de
Dieu confiait l’humanité à sa mère à travers la personne de Jean. En effet, relate
l’Évangile, «près de la croix se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie,
femme de Cléophas et Marie de Magdala. Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple
qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : «Femme, voici ton Fils». Il dit ensuite au disciple :
«Voici ta mère» (Jn 19, 25-27). Ainsi, donc Marie a une place bien définie dans le plan
du salut. Cette place n’est point usurpée ni revendiquée, mais découle de la pure volonté
295
914
LG 63.
915
RICHARD C., La prière d’intercession. Paris (Médiaspaul), 1994, p. 129.
916
C’est la tradition qui va développer l’idée d’une intercession des fidèles morts en
faveur des fidèles encore vivants sur la terre. Et le développement évident s’ajoute : les
297
hommes de ce monde prient les morts d’intercéder pour eux. De là naît la conscience de
l’intercession des saints en notre faveur. Ce furent d’abord les martyrs selon l’idée que
l’imitation la plus parfaite du Christ est réalisée chez ceux qui tant dans leur vie que dans
leur mort ont suivi ses exemples : ils sont maintenant configurés dans la gloire. Ainsi, dès
le IIè siècle l’Église a vénéré les martyrs et a demandé dans une prière adressée à eux,
leur intercession. C’est la distinction fermement rappelée au concile de Nicée II (787)
entre le culte de latrie (adoration) qui s’adresse à Dieu seul, et le culte de dulie (honneur,
respect) qui s’adresse aux saints. Pour la Vierge Marie on a le culte d’hyperdulie à cause
de son union au Christ dans les actes mêmes qui ont réalisé historiquement notre salut.
917
Marie est, non seulement une parfaite contemporaine du Christ, mais elle a vécu le
mystère de la Rédemption en même temps que le Christ. Cela fonde l’union la plus
étroite possible entre une créature et le Sauveur. Marie participe ainsi de très près à cette
grande intercession récapitulative que le Christ assume en permanence auprès du Père.
Cela fonde l’universalité et la puissance de l’intercession de Marie.
298
918
AUGUSTIN : Sermo 192, 2 ; PL 38, 1013.
299
919
EA 49.
920
KIKI C., « Être chrétien en Afrique aujourd’hui », in : Théologiens et théologiennes
dans l’Afrique d’aujourd’hui. Paris-Yaoundé (Karthala-Clé), 2007, p. 70.
300
922
MOLLAT B., Choisie entre toutes les femmes : MARIE. Paris (Cerf), 1988, p. 47.
923
Ibid., p. 48.
301
924
On peut aussi se référer en Ac 1, 14 où la présence de Marie au milieu de l’assemblée
en prière montre l’unité autour de la mère.
302
925
AM 88.
926
AM 90.
927
GARDET L., L’Islam, religion et communauté. Paris (Desclée de Brouwer), 1982, p.
31.
928
Ibid., p. 31.
303
la foi chrétienne sont très distantes l’une de l’autre, mais, Marie est
un signe qui permet d’indiquer le chemin de la construction d’une
Église-famille de Dieu où musulmans et chrétiens pourront enfin
témoigner de l’amour de Dieu, créateur de tous et encourager une
attitude respectueuse et une réciprocité dans l’estime929.
932
EA 144.
933
CEC 969.
934
LAFRANCE J., Demeurer en Dieu. (4e éd.) Paris (Médiaspaul), 1995, p. 308.
305
Vierge qu’elle est, Dieu peut faire la Mère de son Fils. La parole
de Dieu est toute-puissante et créatrice, elle opère dans le cœur de
Marie ce qu’elle annonce. Marie s’en remet à l’action de Dieu et
s’abandonne entre ses mains.
Marie est éducatrice par son exemple dans les rapports avec
Dieu. Elle apprend à briser le cercle de la subjectivité fermée sur
soi pour accéder au plan objectif ouvert à l’autre, c’est-à-dire à
Dieu. Cette loi de la substitution de la subjectivité à l’objectivité
est un critère pour vérifier l’authenticité de la prière. Trop souvent,
la prière est une recherche de soi-même, une dégustation du
« moi » plutôt qu’une contemplation du « toi » divin. Ainsi, parce
que modèle, Marie apprend à l’Église-famille de Dieu à se livrer à
Dieu dans une conversion quotidienne à son amour. Qu’il s’agisse
de l’Annonciation, de l’épisode de Jésus au Temple, de Cana ou de
la croix, on constate que Marie est toujours attentive et prête à
scruter les paroles et les actes de Jésus pour se consacrer à son
œuvre, à laquelle elle invite l’Église-famille de Dieu en ces
termes : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5). En Marie, il y a
un mouvement d’accueil de la Parole de Dieu qui est intériorisée
au plus profond du cœur, puis il y a une reddition (Is 54-55) de la
même Parole à Dieu dans une prière de louange (Lc 1, 46-54).
Marie comprend que le Tout-Puissant a fait pour elle de grandes
choses et elle les lui restitue dans un mouvement d’action de grâce.
Dans la prière, c’est-à-dire la relation à Dieu, Marie apprend à
l’Église-famille de Dieu à restituer à Dieu tous les dons qu’il
donne gratuitement, c’est-à-dire à lui rendre grâce. Rendre grâce,
c’est donc tourner vers Dieu, dans l’adoration et la louange, toute
son existence935.
La prière de Marie éduque l’Église-famille de Dieu. Marie
éduque cette dernière à la prière par le modèle de son intercession.
Dans le catéchisme de l’Église catholique il est souligné que Marie
« après son Assomption, son rôle dans le salut ne s’interrompt
pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les
dons qui assurent notre salut936 ». Les Africains ressentent les
935
Ibid. p. 310.
936
CEC 969 ; LG 62.
306
937
AM 1.
938
Lc 1, 28.
939
JEAN-PAUL II, audience générale du 11 mai 1983, n° 3, 2 ; DC 1854 (19 juin 1983),
p. 613.
307
940
AM 15-22.
941
GALLE P., « Marie dans les communautés de base de l’Amérique Latine », in :
Nouveaux Cahiers Marials 75 (septembre 2004), p. 33.
308
942
CHEZA M., Le Synode africain, p. 241 ; Propositions du Premier Synode n° 2.
943
Le mot conversion est la traduction française de deux mots grecs. Le premier se dit
« Métanoia » et signifie un changement de mentalité, de pensée et de désir. Le second
mot grec se dit « Epistrophè » et exprime le mouvement de se tourner vers quelqu’un,
ici : vers Jésus, et par lui, vers Dieu son Père et notre Père. En ce sens, je me convertis
lorsque j’oriente mon cœur, mes projets, mes intentions vers Jésus ; lorsque je crois en
lui, je me confie en lui, je me donne à lui par amour. Aussi, un des sens du mot hébreu
« teshuvah » (conversion) est « réponse à un appel ». L’Église-famille de Dieu est ainsi
appelée à répondre à l’appel du Christ, à se tourner vers lui.
944
THURIAN M., Marie, Mère du Seigneur, figure de l’Église. Paris (Cerf), 1983, p. 96.
945
Proposition du second Synode n° 2.
309
946
THURIAN M., Marie, Mère du Seigneur, figure de l’Église, p. 27.
947
Ibid., p. 27.
948
Pour savoir plus sur Marie comme la « theotokos » lire : MEO S. M., La theotokos al
Concilio Ecumenico de Efeso. Roma (Marianum), 1979 ; NICOLAS M. J., Theotokos. Le
mystère de Marie. Tournay (Desclée), 1965, pp. 69-71.
949
LG 56, 57, 58, 59.
950
MC 25.
310
951
JAVELET R., L’unique médiateur Jésus et Marie. Paris (O.E.I.L), 1985, p. 111.
952
MC 87.
311
953
On ne possède pas de renseignement dans l’Évangile sur cet unique climat familial,
car aucune description de la vie à Nazareth n’a été fournie. On peut seulement le deviner,
en raison de la perfection des membres de cette famille. Une indication est néanmoins
significative. Saint Luc affirme que « l’enfant Jésus était soumis à ses parents » (Lc 2,
51). La personnalité divine de Jésus n’a donc jamais rendu l’harmonie plus difficile,
parce que le Fils de Dieu a voulu vivre une vie d’enfant pareille à la condition des autres
enfants, et se conformait à la volonté de ses parents. Une autre observation peut être faite
à propos de l’épisode où Jésus, à l’âge de 12 ans, est demeuré au temple (Lc 2, 41-52). Ce
n’est qu’au soir de la première journée de voyage, sur le chemin de retour de Jérusalem à
Galilée, que Marie et Joseph se sont rendu compte que Jésus était absent, qu’il n’était pas
dans la caravane des pèlerins et qu’ils n’avaient pas eu d’inquiétude, en ne le voyant pas
toute une journée. C’est l’indice que Marie et Joseph faisaient confiance à Jésus en lui
donnant beaucoup de liberté. Cela aussi montre que Marie ne surveillait ni ne gardait
jalousement son enfant, par crainte que le trésor qui lui avait été confié ne se perde. Par la
liberté qu’elle lui accordait, elle lui permettait de développer toutes ses ressources et
qualités humaines.
314
elle est un modèle et un exemple pour nous. Toutes les fois qu’on
emploiera les verbes « inviter », « encourager », « développer »,
« enseigner », « éduquer », « recourir », « permettre », « aider »,
« parvenir », « assister », « être », etc. pour expliquer ou illustrer le
rôle de Marie, il faudra se rappeler ces trois axes.
954
GARCIA-MURGA J R., Marie, Femme en mission figure de l’Église. Madrid-
Bordeaux (Maison Chaminade), 2004, p. 144. Traduit de l’espagnol par DE LUSSY
Robert.
315
955
ZUNDEL M., Ses pierres de fondation. Québec (Anne Sigier), 2005, p. 201.
956
Ibid., p. 16.
957
HOUNGBEDJI R., « Marie et la femme africaine dans l’édification de l’Église-
famille », in : Nouveaux cahiers marials 76 (2004), p. 11.
316
958
ABALODO S., « Marie, femme en mission », in : Mundo Marianista 1 (2003), p. 137.
959
BUETUBELA BALEMBO P., « L’enfant et sa mère : Signification ecclésiale de la
maternité de Marie », in : MATAND JB.- NJOROGE P.D.- MHAGAMA CH., L’ Église-
Famille et perspectives bibliques. Mélanges offerts à Son Éminence Paul cardinal
ZOUNGRANA à l’occasion de son 80è anniversaire. Actes du VIIIè Congrès de
l’APECA, (Ouagadougou Burkina Faso 19-27 juillet 1997), Kinshasa 1999, p. 110.
960
BUETUBELA BALEMBO P., « L’enfant et sa mère : Signification ecclésiale de la
maternité de Marie », p. 118. Cité aussi par SIEME LASOUL J-P., « Marie, Mère de
l’Église- famille et l’inculturation », p. 120.
317
lien particulier qui existe entre Marie et Jésus. Elle apprend aux
femmes africaines à exercer une maternité qui dépasse les limites
de leur seule famille pour s’étendre à l’humanité, à être une mère
aux dimensions universelles parce qu’elle est la vierge ainsi que la
plénitude de la perfection de ce qui est caractéristique de la femme,
de ce qui est féminin, c’est-à-dire source de la vie. En sa qualité de
Theotokos, Marie éduque la femme africaine à exercer une
maternité qui vise à donner la vie en plénitude, une vie de
communion et de solidarité961. Ainsi, comme l’affirme R.
Houngbedji, « il apparaît que la maternité de Marie se situe bien
au-delà de celle qui définit la femme africaine : elle ne se limite
pas seulement à son Fils Jésus engendré en elle mais s’étend à tout
homme et à toute femme […] Marie est donc une donneuse de vie
par excellence dans la mesure où en mettant au monde son Fils
(Verbe de Dieu et Sauveur du monde), elle engendre aussi une
nouvelle humanité composée d’hommes et de femmes et
entretenant entre eux des rapports de fraternité aux dimensions
universelles, grâce aux liens de foi qui les unissent à Jésus962 ».
C’est ainsi qu’être mère pour la mère africaine, c’est être une
donneuse ou génératrice de vie : une vie nouvelle de famille, de
fraternité et de solidarité, y compris envers tout membre de la
communauté ecclésiale963. Il s’agit de dépasser les liens de sang ou
d’appartenance à un groupe culturel, ethnique et clanique afin
d’être solidaire. La mère africaine est invitée à exercer une
maternité qui vise à donner la vie à tout membre de l’Église-
famille de Dieu.
961
DIARRA P., « Anthropologie africaine et théologie mariale », in : SFEM, Tome II, 64e
session (2007), p. 216.
962
HOUNGBEDJI R., « Marie et la femme africaine dans l’édification de l’Église-
famille », pp. 13- 14.
963
Ibid., p.16.
318
famille de Dieu est fondée sur la foi. Marie est celle qui rassemble
dans la foi tous les chrétiens, celle qui engendre, enfante, conçoit
dans la foi en Jésus. Enfin, Marie est celle qui intercède, celle qui
est perçue comme une protection et un refuge pour tous les fidèles.
Elle est celle qui éduque. Cela veut dire que la foi de l’Église-
famille de Dieu a commencé avec la foi de Marie. À ce titre, la foi
de Marie est première, originelle. Le caractère primordial de la
maternité chez Marie est donc la foi. En effet, la foi constitue une
disposition générale qui a influencé tout le comportement et toute
l’activité de Marie964 de par son adhésion au projet de Dieu965. Par
la foi, Marie se trouve aussi à l’aurore de la Nouvelle Alliance,
modèle et fondatrice pour le disciple du Christ. La foi est alors le
trait de figure de Marie qui peut parler le plus à l’Église-famille de
Dieu et aux mères africaines en particulier. Se tourner vers cette
source première de foi, est d’une grande nécessité pour l’Église-
famille de Dieu et pour les mères africaines. Marie aune fonction à
remplir encore aujourd’hui dans l’évolution de la foi de l’Église-
famille de Dieu et de celle des mères africaines en particulier. Sa
foi interpelle celle des mères africaines et les aide à mieux
découvrir la foi en Jésus. En effet, sa foi attire leur attention sur ce
qu’il y a d’intime dans la relation à Jésus.
En commentant la réponse de Marie : « Me voici ! Je suis la
servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1,
38), la Tradition a trouvé qu’il existe un contraste entre
l’obéissance de Marie et la désobéissance d’Ève. Ève avait ouvert
la voie de la désobéissance alors que, dans l’œuvre du salut, Marie
est la première à obéir. À la désobéissance d’Ève, qui a rejailli sur
l’humanité, a répliqué l’obéissance de Marie, qui a eu le même
retentissement universel966. Pour saint Irénée, le contraste entre
Ève et Marie est systématiquement développé : « De même que
Ève avait été séduite par le discours d’un ange de manière à se
964
SERRA A., Maria di Nazaret, una fede in camino. Milano (Edizioni Paoline), 1993, p.
19.
965
Ibid., p. 20.
966
LÉTHEL F-M., Connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance. La
Théologie des saints. Venasque (Éditions du Carmel), 1989, p. 88.
319
967
IRENÉE., Adversus Haeresus 5, 19, 1, PG 7, 1175 A – 1176 A, SC 153, 249-251
968
IRENÉE., Adversus Haeresus 3, 22, 4, PG 7, 959 A, SC 211, 441.
969
IRENÉE., Démonstration de la prédication apostolique, 33, SC 62, 84-86.
970
IRENÉE., Adversus Haeresus 3, 22, 4, PG 7, 959 A, SC 211, 443-445.
971
SERRA A., Maria di Nazaret, una fede in camino, p. 51.
320
972
LG 56.
973
Parce que ce oui humain de Marie introduit Jésus dans le cosmos, dans la race
humaine, dans la famille humaine pour l’œuvre merveilleuse du salut.
321
974
AUGUSTIN., Sermon 25, 7-8, PL 46, 937-938.
975
On précise ici que quand on parle de Marie comme mère originelle dans la culture
africaine, il s’agit de l’ancêtre.
322
choix. Les africains reconnaissent que Marie est leur mère. Elle est
l’idéal des mères car, par la volonté libre de Dieu, elle a mis au
monde l’Auteur de la vie976. Aussi dans la conception africaine, la
mère est-elle omniprésente. D’un autre côté, les Africains n’ont
pas de mal à concevoir Marie comme celle qui est aussi très proche
d’eux. C’est une présence « permanente », dans un lien qui reste
toujours le même parce que Jésus est le même hier, aujourd’hui et
demain (He 13, 8). Cette présence omniprésente est qualifiée par
F.-M. Tshibangu d’ « une présence maternelle, active et efficace,
priante en notre faveur (He 7, 25), singulière, permanente,
féminine, exemplaire, sacramentelle, discrète977 ». Tout ceci
confirme l’importance de la présence maternelle dans la famille
africaine. Une telle présence s’avère nécessaire pour le
rassemblement des enfants au sein de la famille de Dieu. D’où
l’importance d’une famille qui accueille en son sein tous ses
enfants sans distinction aucune.
Les évêques d’Afrique en choisissant de définir l’Église
comme famille de Dieu, ont voulu aller au-delà du clanisme, de
l’éthnocentrisme et du tribalisme978 de sorte que le lien d’unité ne
soit plus le sang, mais la foi en Jésus979, que la parenté de sang ne
prime pas les rapports980 et que sa règle de vie soit la communion
fraternelle, la koinônia, à la fois partage des biens et union
spirituelle : « d’un seul cœur, d’une seule âme » (Ac 2, 14 .44-
976
TSHIBANGU MWELE F.-M.., Marie Mère de Dieu, Mère de l’Église-famille de Dieu
et la culture Luba-Kasai. Thèse de Doctorat à Rome, 2007, p. 132.
977
PAMI., La Mère du Seigneur. Mémoire – Présence – Espérance. Quelques questions
actuelles sur la figure et la mission de la Bienheureuse Vierge Marie. Paris (Salvator),
2005, n° 66. Cité par TSHIBANGU MWELE F.-M.., Marie Mère de Dieu, Mère de
l’Église-famille de Dieu et la culture Luba-Kasai. Thèse de Doctorat à Rome, 2007, p.
133.
978
EA 63.
979
NOTHOMB D., «L’Église-famille : concept-clé du Synode des évêques pour
l’Afrique », p. 53.
980
Ibid., p. 53.
323
984
Ibid., p. 360.
985
FEUILLET A., Jésus et sa Mère d’après les récits lucaniens de l’enfance et d’après
saint Jean. Le rôle de la Vierge Marie dans l’histoire du salut et la place de la femme
dans l’Église. Paris (Gabalda), 1974, p. 217.
325
986
MD 5.
987
DRAVO-ZINZINDOHOUE M.-J., « La femme, mère de la renaissance africaine », in :
Revue Théologique Africaine, Église et Sociétés 2 (2012), p. 104.
326
988
On est conscient ici que cette question est encore débattue : Marie constitue-t-elle un
modèle pour toutes les femmes ? Pour notre part, on affirme que Marie est bel et bien un
modèle pour toutes les femmes parce qu’en elle se réalise d’abord la vocation de la
femme, et ensuite en elle Dieu rencontre l’homme et communique son amour.
989
JEAN-PAUL II., Audience générale du 6 décembre 1995 dans « Marie et la valeur de
la femme » ; in : DC 2130 (6 décembre 1995).
327
991
MC 37.
992
GUMA MONGEZI., “The Magnificat : Mary Speaks on Justice”, in : Living the
Magnificat. Affirming Catholicism in a Broken World. London (Mark D. Chapman),
2007, p. 49.
993
Ibid., p. 49.
994
HAMEL E., Marie au cœur de nos vies. Montréal (Éditions Paulines), 1981, p. 58.
328
995
Ibid., p. 59.
996
Marie en affirmant : « Je suis la servante du Seigneur… », s’identifie aux prophètes,
spécialement au prophète Amos (Am 3, 7). Amos lui aussi a particulièrement fustigé
l’injustice sociale. Il est aussi bien de savoir qu’en Luc, Marie est la seule à être appelée
« Mariam » nom araméen, en référence dans la Septante en Ex 15, alors que Matthieu et
Marc appellent Marie par « Maria », nom grec.
997
RM 37.
329
998
GRÜN A. et JAROSCH L., La Féminité dans tous ses états, p. 94.
999
RM 13.
1000
GRÜN A. et JAROSCH L., La Féminité dans tous ses états, p. 95.
1001
MOLLAT B., Choisie entre toutes les femmes : MARIE. Paris (Cerf), 1989, p. 129.
1002
HOUNGBEDJI R., « Marie et la femme africaine dans l’édification de l’Église-
famille», p. 15.
330
1003
PHILIPPE M-D., Trois mystère de miséricorde. Saint-Maur (Parole et Silence), 2000,
p. 90.
1004
HOUNGBEDJI R., « Marie et la femme africaine dans l’édification de l’Église-
famille », p. 16.
1005
Ibid., p. 17.
1006
Ibid., p. 17.
331
1008
ROTEN J., « La foi de Marie à la lumière de la théologie actuelle », in : La foi de
Marie mère du Rédempteur (II), BSFEM (1995). Paris (Médiaspaul), 1995, p. 199.
1009
Cardinal POUPARD., Fécondité théologique de l’Action dans l’Action. Une
dialectique du salut. Colloque du centenaire, Aix-en-Provence, Mars 1993, Paris
(Beauchesne), 1994, p. 277. Cité par SANTEDI KINKUPU L., Marie et l’inculturation
de la foi au Congo : Résistances et approches nouvelles en théologie mariale en Afrique,
p. 201.
1010
ROTEN J., « La foi de Marie à la lumière de la théologie actuelle », p. 200.
333
1011
RM 6.
1012
Dans ce récit, Marie occupe une place exceptionnelle : elle est la première à
s’apercevoir du manque de vin, ce qui l’amène à faire appel à son Fils (ils n’ont plus de
vin : Jn 2, 3), le Messie tant attendu, celui qui organise un banquet où il y aura du vin en
abondance (cf. Jl 2, 19 ; Jr 31, 12). Ce recours à Jésus attire l’attention sur un manque
qui, lorsqu’il n’est pas comblé, peut remettre en cause la joie et le bonheur des noces.
334
1013
HOUNGBEDJI R., « Marie et la femme africaine dans l’édification de l’Église-
famille », pp. 14-15.
335
1014
ELABENA M., « Les femmes consacrées dans l’Église », in : Pentecôte d’Afrique n°
23 (mars 1996), p. 51.
1015
On rencontre le mot joie dans la Bible 345 fois, mais il faut ajouter une infinité de
nuances : allégresse, exultation, ivresse, cri de joie, tressaillement, jubilation, etc.
1016
Pour une étude biblique et complète du Magnificat, voir l’article de PERETTO E.,
« Magnificat », in : Nuovo Dizionario di Mariologiaa cura di De FIORES S e S. MEO.
Milano (Edizioni San Paolo), 1985, pp. 853-865.
336
1017
MADUEÑO M., Suivre Jésus Fils de Marie : un parcours de spiritualité marianiste.
Bordeaux (Maison Chaminade), 2006, p. 266.
1018
LADAME J., Les Béatitudes. Paris (CLD éditions), 2005, p. 86.
337
créature.
Cette attitude positive de la joie et donc de la vie de Marie
est généralement présente chez les mères africaines. Celles-ci
expriment une espèce de joie de vivre, même quand elles
connaissent toute sorte de souffrances. Elles savent les supporter.
L’exemple de Marie renforce la joie de vivre chez les mères
africaines. Marie renforce leur joie en la conduisant à une joie plus
parfaite. Elle leur apprend aussi à conserver cette joie en la
communiquant aux autres, comme elle le fit elle-même pour sa
cousine Élisabeth.
1019
JAVELET R., L’unique médiateur Jésus et Marie. Paris (O.E.I.L), 1985, p. 76.
1020
Lc 1, 26-38.
339
1021
Mt 1, 18.
1022
Lc 2, 7.
340
1023
LG 57 et 61 : Marie qui prend soin « en concevant le Christ, en l’engendrant, en le
nourrissant, en le présentant au Père dans le Temple, en souffrant avec son Fils mourant
sur la croix » (LG 61). Joseph aussi a pris soin de Marie et de Jésus. Sans lui, le mystère
de l’Incarnation n’allait pas être effectif. Il est aussi dépositaire de ce mystère divin. Cf.
JEAN-PAUL II., Redemptoris Custos, n° 5. Aussi on peut se référer à l’ajout fait par le
pape François aux prières eucharistiques : « …Et Saint Joseph son époux ».
1024
LG 58.
1025
Mt 1-2 montre que Marie et Jésus doivent la vie à Joseph.
341
1029
A titre d’exemple, S. Augustin., De nuptiis et concupiscentia, I, XI, 12, BA 23, p. 81-
83 ; S. Ambroise., Expositio super Lucam, II, 5, SC 45, p. 74. Cette tradition s’est
poursuivie jusqu’au Pape François qui a inclus la mention « saint Joseph son époux »
dans toutes les prières euchristiques, en mars 2013.
1030
C’est une union mystique des corps qui n’est pas vécue à la façon humaine. Pour un
approfondissement de cette union mystique lire l’article de CAVADINI J., « The
Intimacy of Love : On the Holy Family », in :
http://blogs.nd.edu/oblation/2013/01/03the-intimacy-of-love-on-the-holy-family/.
343
1037
GALOT J., Présence de Marie dans la famille. Collection : Présence de Marie dans
notre vie n° 1. Québec (Sillery), le 1er janvier 1990, p. 25.
347
1038
Par exemple, le Magnificat élargit le sort de Marie à autrui. Il crée un certain lien
entre les familles.
349
53.1.3. La gérontocratie
On a aussi fait remarquer que la gérontocratie, définie
comme principe de gouvernement de la famille par les plus
anciens, conduit aux conflits de générations entre les cadets et les
aînés dans les familles africaines. Elle est perçue aujourd’hui
comme un facteur de division. Cette façon de gouverner ne tient
pas toujours compte de l’avis des jeunes et des femmes qui n’ont
généralement pas le droit à la parole dans les affaires importantes
de la famille et de la société. Cette détention du pouvoir par la
personne la plus âgée de la communauté ou de la famille pose
problème pour une véritable construction de la famille de Dieu où
le pouvoir est perçu non comme une domination, ni comme un dû
lié à l’âge et à la génération, mais comme un service.
Ici aussi, Marie apprend aux Africains à exercer le pouvoir
comme un service. Elle s’est en effet déclarée la servante du
Seigneur et s’est empressée de se mettre au service de sa parente
Élisabeth lorsque celle-ci attendait la naissance de Jean-Baptiste
(Lc 1, 39-45). En contemplant cet esprit de service de la mère du
Seigneur, les plus anciens des familles africaines sont incités, à
l’exemple de Marie, à le développer pour eux-mêmes et en chaque
famille. Car l’épisode de la Visitation montre avec quelle joie
Marie veut servir. Elle tend à répandre cette joie, cet empressement
à servir.
1039
Lc 23, 34.
350
1042
BICE-AFRIQUE., Aperçu sur la famille africaine. Abidjan (Éditions du BICE).
Collection servir l’enfant, 1994, p. 64.
1043
Il y a les ennuis et difficultés de la vie quotidienne, et il y a les grandes épreuves telles
que les difficultés d’ordre économique et financier, la peine parfois éprouvée pour assurer
la subsistance de la famille, les incidences du chômage ou les craintes pour le maintien de
l’emploi. Il y a les épreuves de santé, les maladies, les accidents et parfois les deuils. Il y
a le danger pour la bonne entente des époux, les problèmes posés par l’éducation des
enfants. Il y a toutes les déceptions dans la vie conjugale et celles liées à la croissance des
enfants.
1044
Il s’agit de l’assistance de Marie dans la réalité de la famille africaine moderne. Car la
spiritualité mariale (dévotion mariale) est une spiritualité de famille, elle est ecclésiale et
« l’Évangile est comme norme et critique » (VON BALTHASAR H. U., « L’Évangile
comme norme et critique de toute spiritualité dans l’Église », in : Concilium 9 (novembre
1965), p. 22). La présence de Marie dans les familles africaines est une présence active.
Elle peut être comparée à celle du pape Jean-Paul II dans la troisième partie de son
353
Encyclique Redemptoris Mater : une présence exemplaire (n° 44), intime (n° 26 et 28),
constante (n° 35 et 44), assistante (n° 52) et surtout maternelle (n° 24, 28 et 52). En un
mot, c’est une présence active et non passive. C’est dans le sens actif qu’on doit
comprendre la présence de Marie dans les familles africaines. Marie est une présence
conciliatrice qui suppose une particulière proximité avec les personnes, les groupes ou les
familles à concilier.
1045
FRISCH J-R., Marie et nos épreuves. Paris (Éditions de l’Emmanuel), 2006, p. 128.
1046
Ibid., p. 129.
1047
Ibid., p. 129.
354
1048
Ibid., p. 131.
1049
Ibid., p. 131.
355
1050
SANTEDI KINKUPU L., « Marie et l’inculturation de la foi au Congo : Résistances
et approches nouvelles en théologie mariale en Afrique », in : Marie dans le dessein de
Dieu et dans la piété populaire au Congo. Session Ignatienne du 17-20 février 2000,
Kinshasa (Éditions Loyola), 2000, p. 202.
1051
CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, La Vierge Marie dans
la formation intellectuelle et spirituelle. Rome (Cité du Vatican), 1989, in : Nouveaux
Cahiers Marials 64 (Nov 2001), p. 23.
358
1056
Ce thème de « pèlerinage de foi » se trouve déjà dans le chapitre VIII de la
constitution dogmatique sur l’Église du concile Vatican II (LG 58). Il a été choisi par
Jean-Paul II pour devenir le thème central de son encyclique Redemptoris Mater qui
ouvrit l’année mariale 1987. Dans cette encyclique, le mot pèlerinage apparaît à trente-
quatre reprises, essentiellement dans les deux premières parties, dans lesquelles le Pape
adopte un accent méditatif (le thème du pèlerinage apparaît, dans une moindre mesure,
dans la troisième partie, davantage centrée sur la médiation mariale et au caractère un peu
plus dogmatique).
1057
Marie était un pèlerin : elle était certes élue par Dieu pour devenir la mère du Christ,
et en vue de cela, préservée du péché originel, mais elle est restée pèlerin croyant. Et qui
dit pèlerinage croyant, dit incertitude de ce qui va arriver aujourd’hui, demain et après-
demain, incertitude de savoir si on emprunte ou non le bon chemin, incertitude de savoir
si les jambes pourront encore nous porter le soir venu. Marie – comme tout croyant – a
également connu ces incertitudes, les textes bibliques en témoignent. Elle ne comprit pas
immédiatement les projets de Dieu et dut demander des explications (Lc 1, 34) ; à
certains moments, elle s’inquiète (Lc 22, 48), elle est parfois impatiente (Mt 12, 47, Jn
2,3), etc. Malgré cette incompréhension et cette tension, la foi de Marie a toujours été
plus grande et plus profonde que ses doutes. Elle a suivi son Fils jusqu’au bout, jusqu’au
pied de la croix. Elle ne refoula pas ses doutes, mais les exprima, les affronta, et c’est
ainsi, précisément qu’elle devint un exemple pour nous. On peut donc parler d’un
« double malgré » : 1) malgré le fait que Marie était prédestinée et sauvée d’avance, elle
n’était pas préservée du doute et de l’incompréhension propres aux hommes et aux
femmes croyants, et 2) malgré ce doute et cette incompréhension, elle demeura « la plus
parfaitement rachetée par grâce », et fut ainsi accueillie au ciel à la fin de sa vie. C’est là
que se situe le mystère de Marie, son mystère est le mystère du Dieu bon et
miséricordieux en lequel on croit.
362
1058
On peut rappeler à ce sujet l’affirmation de S. THOMAS : « Par l’Annonciation était
attendu le consentement de la Vierge en lieu et place de la nature humaine » (S. Théol.
IIIa, q. 30, a. 1).
1059
Marie dit oui à l’ange sans demander l’avis de son fiancé Joseph. Aussi, elle s’expose
à l’accusation de l’adultère selon la loi juive (Lv 18, 20-22 ; Ex 20, 14 ; Dt 22, 22-24),
puisqu'elle n’est pas enceinte de Joseph.
363
1060
Cf. la définition de la foi donnée plus haut.
1061
LEGRAND L., L’Annonce à Marie. Paris (Cerf), 1981, p. 228.
364
démarches est remarquable. L’ange Gabriel est envoyé à Marie, et cet envoi acquiert une
signification plus frappante par le fait qu’à Zacharie l’ange est apparu là où normalement
sa présence est attendue : dans le sanctuaire du Temple, à proximité de l’endroit où est
vénérée la présence divine elle-même. Au contraire, le dialogue avec Marie se déroule
loin de cet endroit, de telle sorte que la démarche de l’ange revêt l’allure d’une mission
vers une contrée lointaine. Entre les circonstances des deux messages, le contraste est très
vif. A propos de Zacharie, Luc ne parle pas d’un envoi de l’ange Gabriel par Dieu :
l’ange est nommé au moment où il se montre à Zacharie ; tandis que dans le cas de
Marie, on assiste, pour ainsi dire, au départ de l’ange pour sa mission, celle d’annoncer à
Marie sa maternité divine. Ensuite, l’annonce du précurseur est enveloppée de toute la
solennité du culte juif. Elle s’adresse à un prêtre, et à un prêtre qui exerce publiquement
sa fonction sacerdotale. Zacharie avait été désigné par le sort pour offrir l’encens sur
l’autel des parfums, et il devait considérer cet acte comme le couronnement de sa mission
sacerdotale, ainsi qu’un don exceptionnel accordé par le Seigneur. L’apparition de l’ange
se produit à l’heure de l’encensement, au moment où la foule observe le silence et unit sa
prière au geste du prêtre. C’est à un point culminant de la liturgie juive (Lc 1, 9-10) que
l’ange apparaît à Zacharie. A cette solennité s’oppose la simplicité de l’annonce faite à
Marie, comme pour dire que la foi est signe de simplicité. La personne à qui s’adresse
l’ange n’est plus un prêtre, mais une jeune fille du nom de Marie. De Zacharie,
l’évangéliste mentionne qu’il est de la classe sacerdotale d’Abia (Lc 1, 5). L’origine de
Marie n’est pas dévoilée, par contraste avec celle de Zacharie. La présentation de
Zacharie accumule tout ce que le monde religieux hébreu peut fournir de mieux : un
prêtre dont la femme est de la plus haute descendance sacerdotale (Lc 1, 5), deux époux
justes devant Dieu, qui se distinguent par une parfaite observance de la loi (Lc 1, 6).
Ainsi, Zacharie est un prêtre irréprochable. Mais son incrédulité provient de son manque
de foi. On perçoit ainsi la dissociation entre la foi et l’observance fidèle de la loi. Un
homme peut réaliser l’idéal du juste, agir conformément à tous les commandements et
manquer de foi. Selon le récit évangélique de l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste
(Lc 1, 5-25), Zacharie montre un comportement de sécurité fondé sur les réalités visibles
et contrôlables. L’observance parfaite de la loi du prêtre Zacharie fait de lui un prêtre
exemplaire et lui accorde toute la considération de la part de Luc. Quant à Marie aucune
vertu ne lui est attribuée ni aucun mérite. Elle ne possède aucun titre héréditaire. Selon le
témoignage de Luc 1, 27, Joseph est de la maison de David. C’est de Joseph que provient
son élection divine. Mais de la part de Dieu, Marie est la « Kécharitôménê » celle qui est
« objet-de-la-faveur-de-Dieu » (Lc 1, 28-30). Ce qui précède la foi de Marie est donc une
grâce divine toute spéciale. Les circonstances de l’Annonciation à Marie mettent en relief
une caractéristique essentielle de la foi. C’est une foi en la parole. A la différence de
Zacharie qui reçoit le message à Jérusalem, dans un sanctuaire, durant l’exercice de sa
fonction sacerdotale, pour Marie, tout se passe dans un cadre où l’intervention céleste
n’est pas mentionnée avec précision, signe que ce cadre ne comportait rien de
remarquable. Pour Marie, tout se concentre dans la seule parole qui vient d’en haut. C’est
à cette parole qu’elle adhère sans réserve, qu’elle décide de dire oui. On note également
une différence entre la question posée par Zacharie et celle que pose Marie. Zacharie
demande à quoi il pourra reconnaître la vérité du message, car sa femme et lui sont
avancés en âge. Marie au contraire ne veut pas s’assurer de la vérité de la maternité
annoncée, et désire simplement savoir comment elle se réalisera : « Comment cela se
fera-t-il ? » (Lc 1, 34). Elle ne doute pas que cela se fera, mais s’enquiert du comment.
Marie ne reste pas passive devant cette parole de Dieu qui la concerne ; elle s’étonne.
Elle ne demande pas une explication pour comprendre, elle cherche à comprendre, elle
réfléchit, pour savoir comment exécuter la volonté de Dieu, comment elle devra se
366
comporter, ce qu’elle devra faire, étant donné qu’elle ne connaît pas d’homme. La foi de
Marie à la différence de celle de Zacharie se manifeste ici par sa disponibilité qui cherche
à comprendre comment collaborer à la volonté divine. La foi de Marie est une foi qui
dépasse celle de Zacharie - qui manque de foi, qui est attachée à l’observance de la loi -
par sa disponibilité dans la recherche de la compréhension, par son accueil de la parole,
par sa simplicité et son attachement à la personne du Christ.
1067
THURIAN M., Marie mère du Seigneur figure de l’Église. Paris (Cerf), 1983, p. 95.
1068
Ibid., p. 96.
1069
RONZE B., La Mère du Christ ou la vraie structure de la Révélation. Paris (Éditions
Francois-Xavier de Guibert), 1996, p.118.
1070
THURIAN M., Marie mère du Seigneur figure de l’Église, p. 102.
367
1075
VALENTINI A., Maria secondo le Scritture. Figlia di Sion e Madre del Signore, p.
124.
1076
RAVASI G., « Beata colei che ha creduto », in : Marianum 50 (1988), p. 160.
1077
BROWN R., The Birth of the Messiah: A Commentary on the Infancy Narratives in
the Gospels of Matthew and Luke. New York (Doubleday), 1993, p. 135.
1078
RM 14.
369
1079
O’CARROLL M., « Faith, Our Lady’s », in : Theotokos. A Theological Encyclopedia
of the Blessed Virgin Mary (2000), p. 142. “Mary’s faith was in time prior to the
existence of Jesus Christ”.
1080
Le Magnificat n’est pas une prière faite à Marie, c’est la prière même de Marie. Elle
nous introduit ici, au travers des textes bibliques traditionnels qui l’habitent, au lieu de
son cœur, là où Dieu demeure (BLAQUIERE G., L’Évangile de Marie. Paris (Éditions du
Lion de Juda), 1986, p. 39). Dans cette prière de grâce « se trouve fondée la louange
émerveillée de Dieu que l’Église de tous les temps est invitée à chanter pour le don reçu
par Marie » (GROUPE DES DOMBES., Marie dans le dessein de Dieu et la communion
des saints 1. Dans l’histoire et l’Écriture. Paris, (Bayard Éditions/Centurion), 1997, p.
82). Marie exalte le Très-Haut « parce qu’il a porté son regard sur son humble
servante » (Lc 1, 48), son Magnificat n’est pas sa propre glorification mais la louange du
Seigneur pour les merveilles qu’il a accomplies. Dans le Magnificat, Marie présente sa
physionomie spirituelle qui se résume dans le contraste de son humble situation humaine
avec sa grandeur selon la grâce (MARTINI C. M., Itinéraire de prière. Paris
(Médiaspaul), 1984, p. 39). Elle est la femme pauvre comblée par Dieu (Lc 1, 28). Marie
en manifeste la conscience lucide, car elle se situe elle-même dans la lignée des
« pauvres », des « humbles », qui sont, selon l’Écriture, la portion choisie d’Israël : le
Seigneur l’a regardée dans sa pauvreté, et à cause même de cette pauvreté (Lc 1, 48), elle
est le type des pauvres que le Seigneur se plaît à exalter (Lc 1, 52).
1081
LAURENTIN R., « La foi de Marie dans l’Écriture », in : SFEM 52 (1995), p. 77.
1082
SERRA A., « Maria permeate dallo spirito dei poveri di Yahvé », in : Marianum 50
(1988), p. 273.
1083
Dans la mesure où c’est tout l’expérience du peuple Israël avec Dieu qui est reprise et
exprimée par Marie comme expression de sa prière.
370
1087
BUBY B., Mary of Galilee. Mary in The New Testament. New York (Alba House),
Vol 1, 1994, p. 94.
1088
Ibid., p. 95.
374
vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2,
49). Cette question de Jésus place Marie et Joseph dans une autre
dimension de la foi. Après la confession de foi qui est la base, le
point de départ de toute vie chrétienne – « Jésus est le Christ », ce
que Marie croit fermement (c’est sa béatitude) – il y a ce qu’on
peut appeler « l’avenir de la foi », c’est-à-dire la façon dont le
mystère s’accomplit pour Marie au sens entier, mais aussi pour
chaque croyant, c’est-à-dire le mystère de ce que sera sa vie en
Christ. Elle se développe au fur et à mesure qu’elle vit sa foi.
Marie a dû progresser dans la compréhension du mystère pascal,
au fur et à mesure que le mystère de son Fils Jésus se déroulait
sous ses yeux. En cela, Marie n’a pas échappé à la condition
commune du cheminement de la foi. Elle a donc connu un
véritable pèlerinage de foi. En Lc 2, 51, on a la réponse de Marie.
Marie conservait toutes ces paroles1089 dans son cœur et les
méditait. Ce verset 51, dit Buby : « atteste la croissance de Marie
dans la compréhension de Jésus et son aptitude à retenir les
significations profondes des événements et des mots qui impliquent
son Fils Jésus1090 ». La divinité de Jésus comme le souligne L. B.
Pineau « ne lui (Marie) sera pas manifestée par une révélation
(anticipée), mais dans le cheminement de sa foi de servante du
Seigneur1091 ». Le verset 51, dit R. Laurentin, est comme « un
refrain de souvenir »1092. Il indique un acte essentiel de la foi : la
méditation des paroles et gestes de Dieu. Pour Marie, ce refrain
caractérise de manière profonde sa méditation : elle garde « tout »
dans son « cœur ». Ainsi, Marie est le modèle de foi, aussi bien
dans l’accueil que dans l’étude. Elle ne conserve pas seulement des
souvenirs : elle « médite en son cœur » ce dont elle a été témoin
(Lc 2, 19), c’est-à-dire qu’elle s’efforce de comprendre le sens de
1089
Ce « toutes ces paroles » représentait la Parole de Dieu. Ce qu’elle avait recueilli du
Seigneur, ce qu’elle avait vu faire par le Seigneur, ce qu’elle croyait mais ne comprenait
pas encore, elle le gardait dans son cœur et le méditait.
1090
BUBY B., Mary of Galilee. Mary in The New Testament. New York (Alba House),
Vol 1, 1994, p. 95.
1091
PINEAU L. B., « De foi en foi Marie à la suite de Jésus », in : Nouveaux Cahiers
Marials 40 (1995), p. 10.
1092
LAURENTIN R., « La foi de Marie dans l’Écriture », p. 79.
375
tous les événements qui concernent Jésus. Marie ici, dit A. Serra,
« est la figure qui anticipe la vocation de l’Église et de chaque
croyant à l’égard de Jésus1093 ». Marie contemple Jésus et doit
ainsi découvrir progressivement dans le visage humain celui du
visage de Dieu. Elle saisit la perfection de son Fils, puisqu’il
apparaît comme un être ordinaire, si bien qu’un effort particulier
est nécessaire pour percevoir en lui ce qui dépasse l’homme. Le
Dieu qu’il est ne se fait pas voir directement : il s’exprime
seulement à travers paroles et gestes humains. On sait que les
habitants de Nazareth n’ont rien observé d’exceptionnel en lui, de
telle sorte qu’ils furent énormément surpris de le voir lire et
commenter l’Écriture dans la Synagogue durant sa vie publique
(Lc 4, 16-25). Il n’est donc pas facile de découvrir en Jésus sa
vraie identité et la préfiguration du mystère. Marie fut invitée à
faire cette découverte, à travers un effort continu : son regard de
foi cherche à pénétrer le mystère de son Fils. Ainsi, la foi de Marie
demeure une foi active, ouverte à l’avenir, avide de scruter plus
profondément le secret de Jésus, qui continue à se développer dans
le cours de la vie publique en s’affirmant comme foi dans la
résurrection (Lc 24, 45), puis comme foi de l’Église (Act 1, 14).
La foi de Marie a fait l’expérience de l’épreuve, de
l’obscurité : les épisodes de la présentation de Jésus au Temple et
de son recouvrement, laissent supposer que la foi de Marie, comme
celle du croyant, a rencontré des ombres, et qu’elle a dû
continuellement s’efforcer de comprendre mieux ce qu’elle croit.
Ainsi, la foi de Marie est une foi méditative : la phrase
énigmatique prononcée par Jésus dans le temple exige de Marie un
effort de réflexion. L’incompréhension de Marie est le point de
départ d’un effort de méditation. En prenant conscience de ses
limites, sa foi doit développer le plus possible son intelligence du
mystère. C’est pourquoi, Luc évoque brièvement cet effort, quand
il parle de l’attitude de Marie en face des événements qu’elle
vit (Lc 2, 19 ; Lc 2, 51). Marie conserve avec soin le souvenir des
événements déroutants et mystérieux auxquels elle a pris part. Par
deux fois l’évangéliste se réfère à ses étonnements (Lc 2, 33.48), et
1093
SERRA A., Maria secondo il Vangelo. Brescia (Editrice Queriniana), 1988, p. 131.
376
1094
La péricope (Mc 3, 31-35) de Marc qui a ses parallèles en Mt 12, 46-50 et en Lc 8,
19-21, souligne le point de départ de l’itinéraire de la foi de Marie qui, de mère selon la
chair, deviendra la femme associée à son Fils par la foi. Marc ne connaît Marie que
comme la mère de Jésus et il la situe au sein d’une famille qui ne le comprend pas. Cette
péricope de Marc est un exemple caractéristique du récit à sentence. Taylor V. en définit
comme suit le genre littéraire : « Il s’agit d’un court récit dans lequel tout est
subordonné au désir de faire connaître une parole de Jésus qui avait de l’intérêt et de
l’importance pour les premières communautés chrétiennes » (TAYLOR V., “The Gospel
according to Mark.”, in : J. McHUGH éd., La Mère de Jésus dans le Nouveau Testament.
Paris (Les Éditions du Cerf), 1977, p. 280).
1095
Pour Marc les versets 31-35 n’entendent pas rejeter la mère et les frères de Jésus,
mais affirmer positivement la nouvelle famille spirituelle et eschatologique dans laquelle
ses parents eux-mêmes sont invités à entrer. Car on n’en est pas membre par un fait de
nature, mais par un acte de volonté. Une telle famille n’est pas limitée seulement à celle
de la terre avec exclusion des autres, mais est spirituelle et universelle, ouverte à tous
ceux qui font la volonté de Dieu. La mère de Jésus est nommée ensemble avec les frères
et sœurs de Jésus pour affirmer que la nouvelle parenté qui s’instaure avec Jésus et autour
de Jésus, présente les connotations d’une vraie famille. Ces versets comme le dit R.
Laurentin « interdisent d’exalter la maternité de Marie », mais plutôt son exemple de
proximité de Jésus. Comme le souligne encore Valentini V., Marie, « avant d’être mère,
elle est la croyante, liée indissolublement à la condition des serviteurs et disciples du
Seigneur ». Marie étant la mère de Jésus est appelée grâce à sa foi à devenir la mère de
cette nouvelle famille eschatologique.
377
1096
VALENTINI A., « Maria nostra sorella nella fede », in : Maria di Nazaret itinerario
del lieto annuncio. Roma (Edizioni Monfortane), 1998, p. 40.
1097
FORTE B., Maria, la donna icona del mistero. Saggio di mariologia simbolico-
narrativa. Milano (Edizioni Paoline), 1988, p. 51.
378
itinéraire de foi, mais elle en a atteint l’état adulte. C’est une foi
qui agit et provoque le premier miracle de Jésus. On peut voir ici le
lien entre le premier oui à la conception de Jésus (Lc 1, 26-38) et la
foi adulte de Marie à Cana où elle fait accomplir à Jésus adulte son
premier signe (Jn 2, 1-12).
possédait le même pouvoir miraculeux que dans les autres endroits où il passait, mais il
ne pouvait pas l’exercer, parce que cet exercice a besoin de l’accueil de la foi. Le manque
de foi s’oppose au déploiement de la puissance divine. L’exemple négatif de Nazareth
fait mieux comprendre comment la foi permet ce déploiement. Jésus énonce en outre la
proportion entre foi et événement. L’exemple du centurion en est un. Celui-ci a eu
l’audace de demander un miracle à distance, et la faveur lui a été accordée, exactement
comme elle a été réclamée : « Va qu’il t’advienne selon ta foi ! » (Mt 8, 13). La mesure
de la foi devient la mesure de l’accomplissement. Plus la foi est audacieuse, plus
l’événement dépasse les limites humaines. Jésus pose même le principe de la toute-
puissance de la foi. Le père de l’épileptique lui dit : « Si tu peux faire quelque chose,
viens à notre aide, par pitié pour nous ». La réaction de Jésus est immédiate, radicale :
« Si tu peux !... Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9, 22-23). Le problème ici n’est
pas du côté de la puissance du Christ, mais du côté de celui qui sollicite la guérison : sa
puissance est mesurée par sa foi. Les termes « tout est possible » attestent clairement
qu’aucune limite n’est mise au pouvoir de la foi. Enfin, cette illimitation est confirmée
par les cas où la foi réussit à obtenir même la modification de certaines décisions divines.
L’épisode de la Cananéenne (Mt 15, 21-28) en apporte un témoignage remarquable, vu
que par deux fois Jésus affirme que l’intervention réclamée par cette femme n’est pas
conforme au plan du Père. D’abord, aux disciples qui le pressent d’accéder aux cris de la
femme, Jésus répond que sa mission le lui interdit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis
perdues de la maison d’Israël » (Mt 15, 24). Ensuite, à la femme elle-même, il oppose
également le plan du Père, dans le cadre de la religion juive : « Il ne sied pas de prendre
le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens » (Mt 15, 26). Cependant, devant la
persévérance de la Cananéenne, Jésus satisfait à sa demande. Il déroge donc au cadre qui
limitait son action et n’hésite pas à modifier les déterminations divines que lui-même
avait énoncées : « O femme, grande est ta foi ! Qu’il t’advienne selon ton désir ! » (Mt
15, 28). La foi humaine peut donc changer le plan divin. Les traits caractéristiques de la
valeur de la foi dans l’événement du salut, tels qu’ils apparaissent dans la vie publique de
Jésus, se retrouvent dans l’attitude de Marie. L’épisode de Cana en fournit l’illustration la
plus claire. Ces traits distinctifs de la foi, mentionnés plus haut, se vérifient ici. La
proportion entre la foi et l’événement est mise en relief par la correspondance entre les
paroles de Marie « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5) et l’accomplissement du
miracle. La toute-puissance de la foi, avec son aptitude à modifier les décisions divines,
s’affirme d’une façon surprenante, puisque l’heure du premier miracle est changée. Jésus,
en déclarant que son heure n’était pas venue, a permis, après le miracle, de comprendre
qu’il y avait eu réellement une modification du plan divin. L’intervention de Marie n’est
pas une simple exécution d’un programme établi d’avance, mais la collaboration à
l’établissement du nouveau programme. Et cela, grâce au rôle initiateur de la foi de
Marie. La démarche de la mère de Jésus, qui expose le manque de vin, est animée par la
foi. Elle tend à obtenir la révélation du Sauveur en espérant une manifestation de la gloire
de Jésus. Marie souhaite partager sa foi avec d’autres. A sa demande, Jésus répond en
invoquant le plan du Père, qui n’a pas prévu le miracle dans le cadre des noces à Cana.
Ainsi, à Cana Marie n’est pas seulement mère, mais aussi coopératrice.
380
1100
Jn 6, 1-14; Mt 14, 13-21; Mc 6, 32-44; Lc 9, 10-17.
381
1101
Comme les Évangiles synoptiques (Mt 27, 55-56 ; Mc 15, 40-41 ; Lc 23, 49), celui de
Jean mentionne la présence des femmes au pied de la Croix. Cependant, dans l’Évangile
de Jean, cette mention des femmes précède la description de la mort de Jésus et celles-ci
se tiennent « près de la croix ». De toutes ces femmes, seule la mère de Jésus est révélée
par l’évangéliste Jean : « or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa
mère » (Jn 19, 25). Que l’évangéliste introduise la scène en mentionnant en premier, la
présence de la mère de Jésus, laisse entrevoir la part prépondérante et singulière qu’elle
prend dans l’œuvre qui se réalise au calvaire. Mais l’apport important de Jean réside dans
les versets 26 et 27 également inconnus des synoptiques. C’est d’une part, avec la
présence de la mère, la présence du « disciple que Jésus aimait » et, d’autre part, les
paroles que Jésus adresse à sa mère : « Femme, voici ton Fils » (Jn 19, 26), puis à son
disciple : « Voici ta mère » (Jn 19, 27).
1102
KOEHLER T., Maria ai piedi della Croce. Casale Monferrato (Edizioni Piemme),
1989, p. 65.
1103
JOULIN M., Marie Servante et Pauvre. Paris (Desclée de Brouwer), 1987, p. 65.
1104
Une telle coopération se justifie par la participation de Marie à l’œuvre du salut depuis
l’Annonciation-Incarnation jusqu’à la Croix. Marie en devenant la mère du Christ qui est
la tête du Corps mystique, la Vierge devient de façon germinale, de façon lointaine la
mère des membres de ce corps. Cette maternité s’affermit, pourrait-on dire, tout au long
de la vie de Marie et elle acquiert sa consommation à la Croix. Par sa présence au pied de
la Croix qui est une forme de com-passion (il faut prendre le mot au sens le plus fort),
Marie ajoute à sa maternité une dimension proprement salvifique. En parallèle et en
dépendance de Jésus qui acquiert, lui-même, à ce moment-là la plénitude de son mérite
dans l’acte d’amour achevé qui consiste à donner sa vie pour ses amis, le processus de sa
maternité s’achève alors en Marie.
383
1105
Cet amour maternel de Marie peut être perçu et comparé au sacrifice d’Abraham
quand il offrit son Fils Isaac. Cette comparaison est faite par KEARNS C. M. dans son
livre The Virgin Mary, Monotheism, and Sacrifice. New York (Cambridge University
Press), 2008, pp. 61-112. “…Both Mary and Abraham have many similar roles…both are
prominent in narratives in which these sons are offered up to God ; and both are
understood to have attested to the faith in the great outcome of this moment – though not
without questions and struggles – through faith and surrender”, p. 97.
1106
MASCIARELLI M. G., La discepola. Roma (Città del Vaticano), 2001, p. 40.
1107
Pour un approfondissement de cette foi de Marie, lire à cet effet les articles
spécifiques à la question de la foi de la Vierge Marie : BERTETTO D., “Maria, modello
di fede”, in : Perfice munus 44(1969), pp. 194-203 ; BONY P., “Le chemin de foi de
Marie”, in : Esprit et vie 13 (2000), pp. 3-8 ; BORDONI M., “Maria madre e sorella in
cammino di fede.”, in : Theotokos 2 (1994), pp. 91-105 ; CARR A., “Mary, Model of
Faith”, in : D. Donnelly., Mary of Nazareth: Biblical and Theological Perspectives,
Paulist Press, 1989, pp. 251-255; CASALE U., « Pensare la fede attraverso Maria », in :
Theotokos VI (1998), pp. 531-559. ; CASCANTE J., “ Singularidad y ejemplaridad de la
fe’ en Maria.”, in : Estudios Marianos XXIX (1967), pp. 13-41 ; EYQUEM O. P., « La
foi de Marie et les noces de Cana. » In : Vie Spirituelle 117(1967), pp. 169-181 ;
FRANQUESA P., « Maria la creyente judia, Cristiana y ecclesial. », in : Ephemerides
Mariologicae 38 (1988), pp. 229-276 ; GABUS J. P., « Le cheminement de la foi de
384
mission de salut. Animée par cette foi, elle entre dans le drame de
la passion douloureuse de Jésus. Frappée dans son cœur maternel
par l’épreuve, elle souffre. Elle est là, présente au pied de la croix,
parce que c’est là que sa foi l’a conduite. Et c’est là que sa foi est
le plus mise à l’épreuve. C’est dire que Marie est ici parfaitement
la croyante et, à ce titre, la figure de la fidélité de l’Église
universelle et de l’Église-famille de Dieu en particulier1110. C’est
donc en étant avant tout la croyante que Marie assume son rôle
maternel auprès du disciple bien-aimé et auprès de l’Église-famille
de Dieu1111. C’est sous la croix que la foi de Marie atteint sa
plénitude. La présence de Marie à la croix est également liée au
fait qu’elle y devient mère des croyants en la personne du disciple
bien-aimé. On retrouve ici encore la fonction maternelle de la foi,
car il s’agit bien d’un enfantement de foi. La parole du Christ
« femme voici ton Fils » (Jn 19, 26) est une parole fondatrice. Elle
fait de Marie la mère dans la foi de l’Église universelle
particulièrement de l’Église-famille de Dieu non fondée sur les
liens biologiques. Jésus, dans son amour, fait don de sa mère au
disciple bien-aimé et, en la personne du disciple, c’est à l’Église-
Siméon unit donc si étroitement Marie et l’enfant qu’elle (la prophétie) révèle la passion
de Jésus par l’épée de douleur qui transpercera l’âme de sa mère. Marie est ainsi
immédiatement avertie du sacrifice auquel va entraîner son offrande. Elle est désormais
associée au sacrifice de son Fils. Cette association est caractérisée par une certaine
priorité temporelle en même temps que par une dépendance ontologique. Priorité
temporelle, car Marie est la première à faire l’offrande du sacrifice rédempteur : le geste
de la présentation a lieu trente ans avant la tragédie de Golgotha. Dépendance
ontologique, car Marie devra souffrir à cause de son Fils ; son sacrifice tirera toute sa
substance et sa raison d’être du sacrifice du Christ. C’est donc le sacrifice du Christ qui
demeure le sacrifice fondamental, et qui confère au sacrifice de Marie son existence et sa
valeur. Ainsi donc, comme les disciples, Marie avait été préparée au sacrifice. Les
paroles prononcées par Siméon (Lc 2, 35) s’étaient imprimées dans son esprit, et avaient
orienté sa vie maternelle vers un événement messianique qui ne s’accomplirait qu’à
travers la contradiction et qui comporterait une épreuve fort douloureuse : celle de la
croix.
1110
DE LA POTTERIE I., La vérité dans saint Jean. II, le croyant et la vérité. Rome,
1977, pp. 564-565.
1111
SAGNE J-C., La maternité spirituelle de Marie « Femme, voici ton Fils ». Paris
(Éditions de l’Emmanuel), 2006, p. 173. Aussi il faut noter que Marie est la croyante et
que cela commence depuis l’Annonciation, à Cana ; au pied de la croix elle attend
simplement la suite.
386
1112
FABRIS R., « La presenza della Vergine nel Cenacolo (act 1, 14) », in : Marianum 50
(1988), p. 407. « Questa presenza di Maria nella comunità dei credenti si colloca alla sua
origine, la precede nella missione e in maniera esemplare vive il dinamismo della fede ».
1113
Se référer à ce qu’on a dit sur le chapitre « la maternité spirituelle de Marie » dans la
partie biblique de cette troisième partie de la recherche et à ce qui vient d’être plus haut.
1114
PANNET R., Une femme nommée Marie. Paris (Cl. Chopin), 1985, p. 201.
1115
GALOT J., Marie dans l’Évangile. Paris (Desclée de Brouwer), 1958, p. 192.
1116
Les apôtres et les disciples sont réunis dans l’attente de l’Esprit Saint. Et après
l’effusion de l’Esprit saint sur les apôtres c’est l’annonce du règne de Dieu. Tout le livre
des Actes des apôtres retrace cette annonce du règne de Dieu.
388
1117
CANTALAMESSA R., Marie, miroir pour l’Église. Paris (Éditions Saint-Augustin),
2002, p. 212.
1118
Ibid., p. 212.
1119
JOULIN M., Marie, Mère de l’Église. Paris (Desclée de Brouwer), 1990, p. 87.
1120
CANTALAMESSA R., Marie, miroir pour l’Église, p. 212.
1121
On peut établir ici un lien entre la sagesse de Marie et celle de Jésus en Mc 6, 2-3 et
Lc 2, 40-52.
389
1123
JEAN-PAUL II., Les tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui.
Exhortation apostolique, Familiaris Consortio, du 22 novembre 1981, n° 17.
1124EA 80.
1125
EA 80.
1126
EA 80.
392
africaine face aux nouveaux défis qui sont les siens. En enseignant
la foi de Marie aux familles africaines, on leur fait apprendre que
« Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de
Jésus : l’école de l’Évangile. A cette école, on comprend la
nécessité d’avoir une discipline spirituelle, si l’on veut devenir
disciple du Christ »1127. En se centrant sur la vie de foi de Marie,
les familles africains sont invitées à recueillir une leçon de silence,
une leçon de vie familiale, une leçon de travail1128, car dans la
maison de Nazareth, chacun accomplit sa mission en parfaite
harmonie avec celle des autres membres de la Sainte Famille.
vie. La voilà invitée à cheminer dans la foi pour accueillir le projet de Dieu. Elle
acquiesce et tout change : sa vie, l’histoire de Dieu avec les hommes. Elle dit un oui dans
la confiance.
1131
LAURENT O., « Faire route avec Marie », in : Pentecôte d’Afrique 34 (décembre
1998), p. 25.
1132
Marie part en hâte. Elle se presse. La joie du salut est faite pour être partagée sans
attendre. Missionnaire, elle porte en son sein celui qui sera le salut du monde. Elle est
pleinement engagée au service de l’œuvre de Dieu. Marie, pleine de délicatesse, vient en
aide à sa cousine ; elle l’entoure de sa sollicitude et de soins prévenants (Lc 1, 39-45).
Elle est messagère de l’amour, d’un Dieu qui vient pour établir un monde nouveau, de
joie, de paix, de justice et de fraternité. Elle est témoin privilégié de cet amour et le
chante dans l’allégresse.
1133
LG 63.
394
1134
EA 93.
1135
Pour un approfondissement sur l’éducation de la jeunesse en Afrique lire : AA.W.,
« L’éducation de la jeunesse dans l’Église-famille en Afrique», in : Semaines
Théologiques de Kinshasa, Église-famille ; Église-fraternité. Perspectives postsynodales.
Actes de la XXIè Semaine Théologique de Kinshasa du 22 au 28 novembre 1998,
Kinshasa, Faculté Catholique de Kinshasa 2001, pp. 15-402.
1136
Parmi les nombreux problèmes qui préoccupent les jeunes en Afrique, les Pères du
premier Synode ont évoqué quatre principaux, et ceux du second Synode, en plus des
quatre en ont ajouté deux autres qui, en raison de leur particulière gravité, méritent une
attention toute particulière et des solutions avec la Vierge Marie. Il s’agit de
l’analphabétisme, du désœuvrement ou chômage, de la faim et de la drogue (EA 93);
d’une formation et d’une éducation personnelle sérieuse, de l’exploitation politique
(Proposition du second Synode n° 48). Le défi de l’analphabétisme : On note la
persistance du phénomène de l’analphabétisme en Afrique. L’analphabétisme touche
encore 45% des plus de 15 ans aux côtés d’un grand nombre d’enfants qui quittent
l’enseignement primaire sans maîtriser la lecture, l’écriture et le calcul (cf. KAMGUIA
E., « Alphabétisation, pour un plan d’ajustement », in : La Nouvelle expression n° 1567
(9 septembre 2005), p. 17). Le désœuvrement : Entre autres écueils qui entravent
l’épanouissement de la jeunesse en Afrique, on note le désœuvrement. Le chômage en
Afrique a atteint des proportions inacceptables pour la survie des nations. La probabilité
pour la jeunesse de trouver un travail stable est presque nulle. Les jeunes se livrent à des
comportements qu’on ne finit pas de décrier : banditisme de survivance ou de grand
chemin, prostitution, etc. La famine : Elle frappe énormément la jeunesse africaine. Face
à cette difficulté, beaucoup de jeunes sont tentés par la résignation en pensant que la
situation est sans issue. La drogue : Nombreux sont les jeunes Africains qui, au regard de
tant de difficultés qui les entourent et des responsabilités qui les interpellent, choisissent
de se réfugier dans la consommation de stupéfiants (chanvre indien, alcool à forte dose et
autres mixtures, etc,). Cette dérive, en dehors des effets nocifs qu’elle engendre pour la
395
paix dans les familles et la stabilité dans la société, prend parfois des allures de véritable
autodestruction. Formation et éducation personnelle inadéquates : Une formation et une
éducation sérieuse font aussi défaut pour les jeunes en Afrique. La formation et
l’éducation sont au rabais. Les systèmes d’éducation sont réservés à un petit nombre de
jeunes. La formation à l’entreprenariat est aussi absente. L’exploitation politique : La
jeunesse Africaine est aujourd’hui à la solde des politiciens. Ceux-ci les manipulent à
leurs fins personnelles.
396
1137
EA 76.
1138
LG 58.
1139
Ce point de départ essentiel est le passage du niveau émotionnel et affectif de la foi au
niveau adulte de la foi.
397
59. CONCLUSION DE LA
TROISIÈME PARTIE
Cette troisième partie de la recherche s’est voulue une
tentative d’éclaircissement et d’approfondissement du rôle et de la
place de Marie dans l’édification de l’Église-famille de Dieu sur la
base de la réalité familiale africaine d’aujourd’hui, assortie d’une
proposition pour une catéchèse du pèlerinage de la foi de Marie.
Au terme de cette étude, on peut dire que Marie est un modèle à
proposer aux familles et aux mères africaines. Elle est un idéal
approchable parce qu’elle est la mère (Jn 19, 26). Elle représente
l’archétype maternel de la vie, de l’affection, de la protection et de
la sécurité. Cette relation fondamentale à autrui et ce renvoi
constant à l’autre qui définissent sa foi constituent une contribution
majeure pour les familles et les mères africaines en vue de
l’édification d’une Église-famille de Dieu. Marie apparaît comme
1140
ZOA J, Homélie de Noël, 1987. Cité par SALLA J-B., « La jeunesse africaine et
l’avenir de l’Église », in : D’un Synode africain à l’autre. Réception synodale et
perspectives d’avenir : Église et société en Afrique. Paris (Karthala), 2007, p. 66.
398
60. CONCLUSION
GÉNÉRALE
En commençant cette recherche, je me suis proposé de
présenter une ecclésiologie de l’Église-famille de Dieu où le rôle et
la place de Marie devraient être situés. En effet, il s’agissait de
bâtir avec Marie une Église-famille de Dieu dont le caractère
maternel et la fécondité spirituelle imprégneront chaque chrétien
d’Afrique.
Pour une conclusion alors complète aux différentes parties
de la thèse, on peut se référer aux conclusions partielles qu’on
trouve à la fin de chaque chapitre et partie. Je ne veux donc pas
répéter ce qui a été déjà dit. Je souhaite seulement mettre en
évidence, dans l’ensemble des trois parties, l’essentielle de la place
et du rôle de Marie dans l’Église-famille de Dieu.
La réflexion théologique sur la place et le rôle de Marie
dans l’Église-famille de Dieu s’est élaborée non selon dans une
perspective philosophique spéculativement abstraite, mais dans
une réflexion scripturaire à partir des textes bibliques, en
particulier ceux de Lc 1, 26-38 ; Jn 2, 1-12 ; Jn 19, 25-29 et Ac 1,
12-14. Cela a fourni des éléments théologiquement saillants,
susceptibles de contribuer à l’élaboration d’une théologie saine de
l’Église-famille de Dieu intégrant Marie comme Mère. Cela a
permis de reconnaître que Marie est la concrétisation de l’Église-
famille de Dieu, qu’elle l’aide à se la représenter. Cela a aussi
permis de juger la pertinence de la foi de Marie. La foi de Marie
est à l’origine de sa maternité vis-à-vis de l’Église-famille de Dieu
et de la naissance de l’Église-famille de Dieu. Icône parfaite de la
399
1143
LAURENTIN R., Marie clé du mystère chrétien, p. 64.
1144
FRANCOIS., Lettre encyclique lumen fidei sur la foi, n° 58.
400
1145
Lire : VANHOYE A., « La mère du Fils de Dieu selon Ga 4, 4 », in : Marianum 40
(1978), pp. 237-247 ; ALETTI J-N., « Une lecture de Ga 4, 4-6 : Marie et la plénitude des
temps », in : Marianum 50 (1988), pp. 408-421 ; DORE D., « Né d’une femme (Galates
4, 4) », in : SFEM 59 (2002), pp. 60-71 ; ESCAFFRE LADET B., « Né d’une femme
(Gal 4, 4) », in : Ephemerides mariologicae 44 (1994), pp. 437-452 ; BUBY B., Mary of
Galilee. Mary in the New Testament, pp. 7-11; DE FIORES S., Maria madre di Gesù.
Sintesi storico-salvifica, pp. 56-58.
401
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