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Jury
A ma famille,
A la mémoire de mon défunt oncle Lakri EL Hadj, qui a beaucoup donné de son
Je remercie également Mr Zine Eddine Abib et son épouse Haifa pour leur
soutien, Mr Sofiane Ait Ouakli pour son aide à la réalisation des essais de
calorimétrie, Nacéra, Amina, Fadéla, Souhila, Saida et à tous mes amis(es) et
camarades pour leur encouragement journalier.
Pour conclure, je remercie mes parents pour leur soutien moral, mon mari pour
sa patience et son soutien logistique, mes frères et sœur pour leur dévouement
et leur soutien continuel, ma cousine Hind Saidani-Scott- Docteur à l’Université
de Bristol (UK)- pour ses encouragements et à mes chers enfants qui égayent
ma vie. Que Dieu les garde tous!
Résumé
Ce travail de thèse examine les caractéristiques et propriétés des ciments composés à base
d’ajouts minéraux locaux. A savoir, la pouzzolane naturelle de Beni Saf (PZ) et le laitier de haut
fourneau (LH), issue de la transformation de l’acier au niveau de l’usine sidérurgique d’EL
Hadjar (Est algérien).
Les formulations testées sont un mélange binaire avec un taux fixe de remplacement du
ciment par 20% de PZ et des mélanges ternaires obtenus par un remplacement pondéral de 20%
de PZ et de 10, 20 et 30% de LH en poids du ciment. L’influence des superplastifiants et d’une
activation thermique ont également été étudiés.
Les comportements physiques et mécaniques des mortiers ont été déterminés par des essais de
mécaniques et de maniabilité. L’ouvrabilité et la densité, à l'état frais et durci, ont été nettement
modifiées par la présence de la pouzzolane et le laitier de haut fourneau, en particulier pour les
mélanges adjuvantés.
L’effet combiné d’un broyage fin et d’une température de cure de 40°C, a permis d'augmenter
considérablement les résistances à court et moyen terme. La baisse de la qualité des mortiers
après 28 jours, indique que le traitement thermique prolongé peut avoir des effets négatifs.
L’essai Vicat indique une accélération de prise initiale dans le mortier M20 (20% PZ, 80% de
ciment). D’âpres les courbes de dégagement de chaleur, la période d’induction a été réduite par
une reprise rapide des réactions d’hydratations, comparativement au témoin.
La présence du laitier comme composant ternaire est bénéfique. Il permet d’équilibrer les
variations volumétriques dans les mélanges, pour une meilleure durabilité du matériau.
L'analyse par diffraction des rayons X (DRX) nous a permis d’identifier la nature des hydrates
formés et d’évaluer la réactivité pouzzolanique des ajouts minéraux. La microscopie électronique
à balayage (MEB) a mis en évidence la morphologie et la microstructure des mélanges de pâtes
de ciment. La microstructure montre une densification de la matrice de ciment et un changement
de la structure poreuse en fonction du type d'addition et de la température de cure.
Mots clés: Laitier de haut fourneau, pouzzolane, mortiers, résistances mécaniques, température
de cure, microstructure, hydratation.
ملخص
تبحث هذه الرسالة فً خصائص األسمنت المركب بناء على اإلضافات المعدنٌة المحلٌة .وهً البوزوالن الطبٌعً لبنً
صاف ( )PZوخبث الفرن العالً ( ، )LHالناتج عن تحوٌل الصلب على مستوى مصنع الصلب فً الحجار.
المستحضرات المختبرة عبارة عن خلٌط ثنائً بمعدل ثابت الستبدال األسمنت بنسبة PZ ٪02ومخالٌط ثالثٌة تم الحصول
علٌها باستبدال ٪02من PZو 02و 02و ٪02من LHبوزن األسمنت .كما تمت دراسة تأثٌر اللدائن الفائقة والتفعٌل
الحراري.
تم تحدٌد السلوكٌات الفٌزٌائٌة والمٌكانٌكٌة للمالط من خالل اختبارات مثل االختبارات المٌكانٌكٌة و قابلٌة اختبارات
التشغٌل .تأثرت قابلٌة التشغٌل والكثافة بشكل ملحوظ عند وجود البوزوالن وخبث الفرن العالً ،خاصة بالنسبة للمخالٌط
بالمضافات.
أدى التأثٌر المشترك للطحن الدقٌق ودرجة حرارة المعالجة ( 02درجة مئوٌة) إلى زٌادة المقاومة بشكل كبٌر على المدى
القصٌر والمتوسطٌ .شٌر انخفاض جودة المالط بعد ٌ 02وما إلى أن المعالجة الحرارٌة الطوٌلة قد ٌكون لها آثار سلبٌة.
ٌشٌر اختبار Vicatإلى انخفاض وقت اإلعداد األولً فً مالط ٪80 ،) M20 ٪ PZ 20أسمنت) ،وفقا لمنحنى إطالق
الحرارة ،تم تقصٌر فترة السكون باستئناف سرٌع لتفاعالت الترطٌب مقارنة مع مالط التحكم.
وجود الخبث كمكون ثالثً مفٌد .فهو ٌمكن من موازنة التغٌرات الحجمٌة فً الخلطات ،لتحسٌن دٌمومة المادة.
تم استخدام التحلٌل باألشعة السٌنٌة ( )XRDلتقٌٌم تفاعل البوزوالنً لإلضافات المعدنٌة .تم استخدام الفحص المجهري
اإللكترونً ( )SEMلوصف البنٌة المجهرٌة لمخالٌط معجون األسمنت .تظهر البنٌة المجهرٌة تكثٌفا لمصفوفة األسمنت
وتغٌٌرا فً البنٌة المسامٌة اعتمادا على نوع اإلضافة ودرجة حرارة المعالجة.
الكلمات المفتاحٌة :خبث الفرن العالً ،البوزوالن ،المالط ،القوة المٌكانٌكٌة ،درجة حرارة المعالجة ،البنٌة المجهرٌة
،الترطٌب.
Abstract
This present work examines the characteristics of composed cements based on local mineral
additions, namely, the natural pozzolan of Beni Saf (PZ) and the blast furnace slag (LH),
resulting from the transformation of steel at the steel manufacturing industry at El Hadjar.
The formulations tested are of binary mixture with a fixed rate replacement of cement by 20%
of PZ and ternary mixtures obtained by a replacement of 20% PZ and 10, 20 and 30% LH by
weight (of the cement). The influence of superplasticizers and thermal activation has also been
studied.
The physical and mechanical behaviours of the mortars were determined by workability and
mechanical tests. The workability and density, in the fresh and hardened state, were clearly
modified by the presence of pozzolan and blast furnace slag, in particular in the case of the
adjuvanted mixtures.
The combined effect of fine grinding and a curing temperature of 40°C have significantly
increased the strength in the short and medium term. The decline in the quality of the mortars
after 28 days indicates that prolonged heat treatment may have negative effects.
The Vicat test indicates an acceleration in the initial setting in M20 mortar (20% PZ, 80%
cement). According to the heat release curves, the induction period was reduced as a result of a
rapid resumption of the hydrating reactions, compared to the control.
The presence of slag as a ternary component is beneficial. It equilibrates the volumetric
variations in the mixes, for better durability of the material.
X-Ray Diffraction (XRD) analysis allowed identifying the nature of the hydrates formed and
to assess the pozzolanic reactivity of mineral additions. The scanning electron microscopy
(SEM) highlighted the morphology and the microstructure of paste mixtures showing a
densification of the cement matrix and a change in porous structure, depending on the type of
addition and the cure conditions.
Keywords: Blast furnace slag, Pozzolan, Mortars, mechanical strength, Cure temperature,
microstructure, hydration.
Sommaire
CONCLUSION GENERALE……………………………………………………………………………94
RECOMMENDATIONS ET PERSPECTIVES …….…………………………………………………96
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………………………………… 98
ANNEXES
Liste des tableaux
Chapitre I: Composition et hydratation du ciment
Tableau (I.1): Analyse chimique du clinker [Barron, 1980].....................................................................5
Chapitre IV: Méthodes expérimentales et caractérisation des matériaux
Tableau (IV.1): Caractéristique physique du ciment................................................................................48
Tableau (IV.2): Composition chimique du ciment......................................................................................
49
Tableau (IV.3): Composition minéralogique du ciment.............................................................................
49
Tableau (IV.4): Composition chimique du laitier........................................................................................
49
Tableau (IV.5): Composition chimique de la pouzzolane...........................................................................
50
Tableau (IV.6): Composition des mortiers pour les différentes formulations…………………………...58
Tableau (IV.7): Composition des pâtes pour les différentes formulations………………………………58
Tableaux en annexes
Tableau (A.1): Classe de consistance selon le temps d’écoulement [NF P 18-452].
Tableau (A.2): Qualité du béton et vitesse de propagation des impulsions) [Solis-Carcano, 2008]
Tableau (A.3): Opération de malaxage des mortiers.
Tableau (A.4): Opérations de malaxage des pâtes de ciment.
Tableau(A.5): CaractéristiqueS des superplastifiants.
i
Liste des figures
ii
[Feldman, 1983]………………………………………………………………………………………... 40
Figure (III.6): Gonflement des mortiers en fonction du taux et de la finesse du laitier [Deboucha
et al, 2018]………………………………………………………………………………………………..
44
Figure (III.7): Retrait de séchage de mortiers binaires et ternaires [Sullivan et al, 2020]…………..… 45
Figure (III.8): Effet de la température de cure sur la variation volumétrique [Pietro et al, 2001]……. 46
Figure (III.9): Expansion des mortiers avec ajouts (cure à 95°C) [Ramlochan et al, 2004]……….. ... 46
Figures en annexes
Figure (A.1): Mini cône de l’essai d’affaissement.
Figure (A.2): Mode de fonctionnement du maniabilimètre LCPC (B).
Figure (A.3): Matériel pour l’essai DRX.
Figure (A.4): Microscope électronique à balayage conventionnel, model (Jeol IT300).
Figure (A.5): Evaporateur par pulvérisation cathodique pour la métallisation des échantillons de
l’essai au MEB.
iv
Notations et symboles
vi
INTRODUCTION GENERALE
Actuellement, le monde entier tente de surmonter une situation économique difficile, aggravée
par une crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19. Pour faire face à ce problème l’Algérie
s’est fixé de nouveaux objectifs. Parmi ces priorités, sortir de la dépendance aux hydrocarbures
et se tourner vers l’emploi des énergies renouvelables et l’exploitation des ressources locales.
Un secteur clé comme celui de la construction peut participer activement à la relance
économique en produisant localement une grande partie ou la totalité des matériaux de
construction. Cela permettra, dans un premier temps, de réduire la facture d’importation en
satisfaisant la demande nationale et avec une plus grande production, envisager l’exportation
vers les marchés extérieurs.
Parmi les solutions, déjà adoptées par de nombreux pays, afin de booster leur production en
matériaux de construction, est l’emploi des additions minérales pour la fabrication du ciment, ou
comme ajout pour la confection de béton.
Les diverses additions minérales donnent la possibilité de produire de nombreux types de
ciments et de bétons aux propriétés améliorées. Qu’ils soient à base de mélanges binaires,
ternaires ou quaternaires, les matériaux obtenus peuvent être adaptés aux besoins et aux
applications techniques auxquelles ils sont destinés.
En plus des avantages, économique et technique, la substitution du clinker par ces matériaux
d’origine naturelle ou industrielle, a un impactécologique non négligeale. Sachant que la
fabrication d’une tonne de ciment émet environ une tonne de dioxyde de carbone (CO2), ainsi
que d’autres gaz toxiques, principale cause du réchauffement climatique, la réduction d’une part
du ciment et la remplacer par des ajouts cimentaires permet de diminuer cet impact
environnemental.
La contribution des additions minérales dans la modification des propriétés du matériau, à
l’état frais et durci, résulte essentiellement de deux effets:
- Un effet physique ou de remplissage des vides par les particules fines. Ce rôle est attribué
essentiellement aux additions minérales inertes, telles que les fines calcaires ou les poussières.
- Un effet chimique, dû à la réaction d’hydratation réalisée par, certains matériaux
cimentaires, comme les cendres volantes de classe C et le laitier de haut fourneau. La deuxième
réaction est la réaction pouzzolanique, qui est présentée par des matériaux cimentaires à haute
teneur en silice vitreuse ou en alumine lorsqu’ils sont mis en présence de l'hydroxyde de calcium
(CH) et l'eau. Dans cette réaction, l'alumine amorphe (vitreuse) ou la silice réagissent avec le CH
créé pendant l'hydratation pour produire des silicates de calcium hydratés C-S-H des aluminates
de calcium hydratés (C-A-H) ou des aluminosilicates de calcium hydraté (C-A-S-H).
1
- Les transformations qui s’opèrent dans la matrice cimentaire sont peu prévisibles à cause de
la complexité de la réaction d’hydratation et les interactions qui peuvent exister entre ces
composants. Cela est d’autant plus difficile lorsqu’il ya plus d’une addition dans le mélange.
Cette étude s’intéresse à l’évolution de l’hydratation et à la modification microstructurale de
systèmes binaires et ternaires à base d’ajouts locaux.
Les matériaux employés sont la pouzzolane naturelle et le laitier de haut fourneau. Ces ajouts,
peu coûteux et largement disponibles en Algérie, ont fait l’objet de nombreuses études, mais très
peu d’entre elles parlent d’un usage combiné des deux.
Les résultats antérieurs montrent que la substitution du ciment par le laitier de haut fourneau
améliore la fluidité et conduit non seulement à une baisse de la chaleur d'hydratation mais
également à l’amélioration de la durabilité et des performances mécaniques du matériau durci.
En fonction de sa composition chimique ou de sa finesse, la pouzzolane modifie le
comportement physico-chimique et mécanique des bétons et mortiers. Elle permet souvent
l’amélioration de la microstructure et des résistances mécaniques et chimiques.
Cependant, certaines recherches, ont noté une faiblesse des résistances mécaniques au jeune
âge, ce qui a induit une réticence quant à leur emploi.
Afin de remédier à ce problème et améliorer la réactivité initiale des additions minérales, des
méthodes très prometteuses ont été testées, telles que l’activation chimique, mécanique par
broyage ou l’activation thermique du matériau.
Cette étude combine entre deux de ces méthodes. Les additions minérales employées, ont subi
un broyage poussé pour obtenir une finesse supérieur à celle du ciment et les différentes
formulations de pâtes et de mortiers ont été conservées à deux températures différentes (20°C et
40°C). Le but est d’améliorer les résistances à court terme et de suivre l’effet sur les propriétés
physico-chimiques et mécaniques des ciments combinés, dans le temps.
Deux types de superplastifiants ont été utilisés pour la formulation d’une série de mortiers
adjuvantés, afin d’étudier leur impact sur la maniabilité et évaluer leur efficacité, comme moyen
d’amélioration des résistances mécaniques, en présence d’ajouts cimentaires.
Le travail de recherche effectué est présenté dans ce document, composé de sept chapitres :
Le premier chapitre parle principalement du ciment, donne les mécanismes réactionnels de
son hydratation, avec une description de l’état de l’eau dans la pâte liante.
Le second chapitre donne les différents types d’additions minérales et de superplastifiants. Il
définit la réactivité pouzzolanique, et indique les méthodes employées pour l’améliorer.
Une synthèse de travaux antérieurs met en évidence l’impact des additions sur l’hydratation,
la maniabilité et les résistances mécaniques des bétons et mortiers.
2
Le troisième chapitre décrit la microstructure de la pâte cimentaire et la porosité qui s’y
développe. Il donne la morphologie des silicates de calcium hydratés (C-S-H) et aborde
succinctement les variations volumétriques engendrées avant et après durcissement.
Les caractéristiques des matériaux utilisés, les essais, ainsi que les différentes formulations de
pâtes de ciment et de mortiers sont présentées au quatrième chapitre. Parmi les méthodes d’essais
utilisées dans le cadre de cette recherche, il y’a la Calorimétrie, la Diffraction aux rayons X, le
Microscope Electronique à Balayage (MEB).
Le cinquième chapitre rapporte l’influence des additions minérales et des superplastifiants
employés sur la rhéologie. Il décrit l’évolution de l’hydratation et l’effet de l’augmentation de la
température de cure sur les mélanges non adjuvantés.
Les propriétés physiques et mécaniques des mélanges selon la température de cure sont
évaluées au sixième chapitre. Les résultats des essais non destructifs, par ultrasons, employée sur
mortier, y sont décrits.
Le dernier chapitre traite des variations volumétriques (retrait et gonflement) et de masse des
mortiers, ainsi que du développement de la microstructure dans la matrice cimentaire.
Enfin, une conclusion générale vient synthétiser l’ensemble du travail et les résultats obtenus.
Quelques recommandations sont présentées en perspectives de travaux avenir, pour une
meilleure compréhension du comportement des ciments composés, l’amélioration de leurs
performances et l’optimisation de leur application.
3
CHAPITRE I
Composition et hydratation du ciment
CHAPITRE I: Composition et hydratation du ciment
I.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous nous intéressons en premier lieu au constituant principal de la pâte
cimentaire, à savoir le ciment. Ensuite, nous aborderons les phénomènes qui conduisent à la prise
et au durcissement lorsque le ciment est mis en contact avec l’eau.
Depuis de longues années, deux théories se sont opposées pour expliquer les mécanismes qui
régissent la réaction d’hydratation, celle de Le Chatelier (1887), qui considère que lorsqu’ un
liant hydraulique est mis en contact avec l’eau, il se dissout et sursature la solution. La différence
de solubilité entre l’hydrate et le composé anhydre, fait précipiter les hydrates, ce qui provoque
une réduction de la concentration en ions dissous dans la solution. Ce mécanisme dissolution
précipitation dans le temps et l’enchevêtrement progressif des cristaux, explique le phénomène
de prise et de durcissement, dite théorie par passage en solution.
La théorie de Michaelis (1909), dite colloïdale ou topo-chimique, s’appuie sur le fait que les
produits d’hydratation se forment sur le grain anhydre, formant un gel quasiment insoluble.
Toutefois, il semblerait que les deux théories peuvent être complémentaires et s’appliquer à
différents moments de l’hydratation et pour différents hydrates. L’hydratation est un sujet qui
continue de susciter l’intérêt des chercheurs, car certains phénomènes n’ont pas encore été
totalement élucidés.
I.2.1.3 Le broyage: Le broyage a pour but de réduire les éléments en une poudre suffisamment
fine afin de rendre la matière plus réactive (plus la surface spécifique est élevée, plus la réactivité
chimique est importante). Ce traitement développe les propriétés hydrauliques du ciment et lui
confère ses principales propriétés rhéologiques [Pliskin, 1993].
La broyabilité d’un ciment est fonction des structures cristallines et des textures de ses
constituants [Amar, 2001]. Le clinker présente une bonne broyabilité s'il contient plus de C 3S,
moins de C3A et une forte microfissuration des grains lors du refroidissement. Selon certain
chercheurs, plus le rapport [(C3S+C2S)/(C3A+C4AF)] est élevé, plus facile est la broyabilité
[Hermann,1995].
Les ajouts, composés minéraux naturels ou industriels, sont généralement broyés avec le
clinker et le plâtre. La décision de broyer les ajouts séparément dépend fondamentalement des
facteurs suivants:
• Pourcentage d’ajouts dans le produit final et dans le total de la production de ciment;
• Disponibilité d’un broyage de remplacement;
• Différence importante entre la broyabilité du clinker et celle des ajouts;
• Teneur en humidité des ajouts [MPP, 2008].
5
En chimie des ciments, et afin d’abréger les notations, les composés primaires du ciment sont
représentés comme suit:
C = CaO, S = SiO2, A = Al2O3, F = Fe2O3, M = MgO, Ŝ = SO3, H = H2O, N = Na2O, K =
K2O, Ĉ= CO2.
La combinaison de ces oxydes nous donne les phases minérales majeurs du clinker, les
cristaux, formés ne sont pas purs [Alexander, 1988; Pliskin, 1993].
I.2.4.1 Les phases majeures: Elles sont principalement constituées de phases alite, bélite et
célite.
a) Le silicate tricalcique (alite) (3CaOSiO2): C’est une forme impure de C3S qui constitue
une des phases principales du ciment (50 à 70%) [Baalbaki, 1998], c’est principalement la phase
qui confère la résistance au ciment, plus particulièrement à court terme. Elle contient jusqu’à 4%
d’oxydes étrangers [Alexander, 1988; Pliskin, 1993; Baalbaki, 1998; Barroghel-Bouny, 1994.].
Les éléments les plus fréquents sont : Al 3+, Mg2+, Fe3+, S2- et K+ [Petrov, 2003]. Entre la
température ambiante et 1100°C, le C3S se cristallise sous sept formes allotropiques ( 3
tricliniques différentes, 3 monocliniques et 1 rhomboédrique) [Baalbaki, 1998]. Sous le
microscope, l’alite se présente sous forme de cristaux polygonaux de 20 à 50 μm de diamètre
[Ghosh, 1983].
b) Le silicate bicalcique (bélite) (2CaOSiO2): Forme impure de C2S, constitue entre 15 à
30% du ciment Portland. On retrouve au moins quatre variétés polymorphiques de C 2S, la plus
courante etant la forme βC2S, qui lors d’un refroidissement lent, peut se transformer en γC 2S et
qui ne présente aucune propriété hydraulique, [Baalbaki, 1998]. Il apparaît généralement sous
forme de cristaux arrondis, tout comme le silicate tricalcique, et peut contenir jusqu'à 6%
d’oxydes mineurs [Ghosh, 1983]. Ainsi les ions les plus fréquents qui entrent dans la structure du
C2S sont : Al3+, Fe3+, P5+, K+ et SO42- [Petrov, 2003].
c) L’aluminate tricalcique (célite): C’est le mélange de deux phases, le C3A et le C4AF (5 à
10% du ciment), au cours de la clinkerisation, la célite est à l’état liquide. Après refroidissement,
elle cristallise entre les cristaux de C 3S et C2S et forme une phase interstitielle [Baalbaki, 1998 ;
Baroghel-Bouny, 1994].
6
- L’aluminate tricalcique (C3A): l’aluminate tricalcique possède la vitesse de réaction la
plus importante [Alexander, 1988 ; Baalbaki, 1998] et sa forme détermine sa réactivité. La
présence d’alcalis (surtout le sodium) modifie la symétrie cristalline du C 3A, selon la quantité
totale dissoute dans le réseau cristallin, le C 3A peut donc être monoclinique (peu fréquent), ou
cubique orthorhombique.
Le C3A orthorhombique stabilisé par la présence de sodium est moins réactif que le C3A
cubique [Baalbaki, 1998].
- Le Ferroaluminate tétracalcique (4CaO.Al 2O3.Fe2O3): C’est une solution solide
composée par des cristaux massifs et allongés, pouvant contenir jusqu'à 13% d’impuretés tel que
Mg2+, Si4+ et des alcalis [Petrov, 2003]. Les formes C6A2 F et C4AF sont les plus courantes dans
le ciment [Amar, 2001].
Le C4AF s’hydrate moins rapidement et dégage moins de chaleur que le C3A, il joue un rôle
peu important dans la réaction de durcissement, et confère au ciment sa couleur grise
caractéristique [Pliskin, 1993], due à la présence de fer (Fe).
I.2.4.2 Les constituants mineurs: sont constitués de chaux libre, et des oxydes.
a) La chaux libre (CaO): Elle est cristallisée dans le système cubique, sa densité est de 3,18.
Sa présence dans le ciment est inférieure à 2% [Dreux, 1995], en raison de problèmes posés par
son hydratation (gonflement chimique causé par son extinction, connu sous le non ‘
foisonnement de la chaux’), ce qui conduit à des désordres en cas d’hydratation tardive dans le
béton durci.
b) L’oxyde de magnésium (MgO): Il est aussi appelé périclase. Lorsqu’il est non combiné, il
peut être à l’origine d’une expansion par réaction avec l’eau. Sa teneur dans le clinker doit être
inférieure à 5% [Pliskin, 1993]. Il réagit de la même manière que le CaO en formant le Mg(OH) 2
avec un fort accroissement de volume.
c) Les oxydes alcalins (Na2O et K2O): Leur teneur est inférieure à 1%, mais ils jouent un
rôle important lors de la clinkérisation, en favorisant notamment la formation de C3S.
I.3 Le gypse
Le sulfate de calcium permet le contrôle de l’hydratation des aluminates tricalciques (C 3A), par
la formation d’une fine couche d’ettringite autour des grains de C3A [Baalbaki, 1998; Baroghel-
Bouny, 1994].
La transformation du gypse en hémihydrate ou plâtre, lors du broyage avec le clinker, à une
température de 100°C à 150°C, peut être à l’origine de la fausse prise du ciment [Venuat, 1976].
Augmenter la durée de malaxage peut remédier à ce problème.
7
Selon Locher et al, (1980), le rapport sulfate/aluminate peut modifier la cinétique
d’hydratation des aluminates et les produits d’hydratation qui en découlent, en conséquence
modifier le comportement rhéologique du béton. La teneur en gypse, de l’ordre de 3 à 5%
maximum [Aïtcin, 2001], est déterminée en fonction des teneurs en Alcalis soluble (Na 2O;
K2O), en C3A et de la surface spécifique (Blaine) du clinker, selon la formule de Lerch ou la
formule de Jirko.
- Formule de LERCH (formule statique ne tenant pas compte de la finesse du clinker) :
% SO3= 0.093x % C3A + 1.71x %Na2O + 0.94x %K2O + 1.23 (I.2)
- Formule de JIRKO : (formule ne tenant pas compte de la teneur en alcalis) :
% SO3= 6.810-5 x B x % C3A (I.3)
Avec B : surface spécifique Blaine en cm2/g.
8
I.5.1 L’eau libre et capillaire
Elle occupe les macrospores et fissures et échappe aux forces d’attraction des surfaces solides.
L’eau capillaire est la phase condensée remplissant le volume poreux et séparée de la phase
gazeuse par des ménisques. Cette eau obéit aux lois de capillarité. L’évaporation de l’eau libre et
capillaire s’effectuerait entre 30°C et 120°C. La vitesse de montée en température est un
paramètre influant. En effet, la vapeur n’arrive pas à s’échapper lorsque cette vitesse est élevée.
A titre d’exemple, avec une vitesse de 1°C/min à 100°C, seuls 3% de l’eau s’évaporent alors que
la proportion atteindrait 9% avec une vitesse de 0.2°C/min à 100°C [Wittman, 1982].
9
d’eau inter-foliaire triplement liées par des ponts hydrogène nécessite un séchage avec une
température comprise entre 30°C et 120°C.
L’eau inter-lamellaire: Elle est adsorbée aux surfaces des lamelles soit par un hydroxyle, soit
liée à d’autres molécules d’eau.
D’après le model proposé par Baroghel-Bouny (1994), la figure (I.1) montre les liaisons des
trois formes d’eau dans les C-S-H.
10
appelé tobermorite, selon les réactions suivantes. Les réactions des silicates bicalciques et
tricalciques avec l’eau peuvent être schématisées par les équations (I.4) et (I.5). Ces réactions
sont exothermiques et peuvent servir de catalyseur à la réaction d’hydratation [Bresson, 2006].
11
I.6.2 L’hydratation du C3A et du C4AF
La réaction du C3A avec l’eau est très rapide et très exothermique. En absence de (gypse et/ou
anhydrite) la réaction (I.4) conduit à la formation d’aluminates de calcium hydratés hexagonaux
et instables. Ce qui provoque la prise éclair du ciment, d’où un problème de mise en œuvre dans
les ouvrages.
Une partie de ces aluminiums peut également être présente dans les C-S-H. Ces ions aluminates
dans le ciment hydraté peuvent aisément remplacer les ions silicates dans le C-S-H, pour donner
de la géhlénite hydratée notée (C-S-A-H) [Haouas, 2007].
Lorsque le gypse est totalement consommé, généralement 10 à 24 heures après le gâchage,
l’ettringite se dissout et devient une nouvelle source d’ions sulfates pour former avec les
aluminates excédentaires ou mono-sulfoaluminate du calcium hydraté (MSA). Le gypse en excès
dans le ciment peut réagir avec le C3A après la prise et provoquer des fissures suite à la
formation du sulfoaluminate. Pour cela, la quantité doit être suffisante pour l’hydratation du
C3A, et tenir compte de la finesse du clinker. Plus ce dernier est broyé finement, plus la quantité
du gypse doit être importante [Baron, 1992].
12
Le C4AF réagit comme le C3A, mais la vitesse de la réaction d’hydratation est beaucoup plus
lente et le dégagement de chaleur est plus faible. Il semble que ce composé contribue très peu au
développement de la résistance [Delagrave, 1996].
En présence du gypse, il y a formation d'ettringite puis du mono-sulfoaluminate lorsque le
gypse est épuisé.
13
Figure (I.3): Dégagement de chaleur lors de l’hydratation du ciment [Bresson, 2006].
Période I (pré-induction): Cette période débute dès le contact entre l’eau et le ciment et ne
dure que quelques minutes. Elle se caractérise par un dégagement de chaleur très important avec
le premier pic correspondant principalement au mouillage et à la dissolution du C 3S et du C3A
qui réagissent immédiatement avec l’eau. Les ions entrent en solution et il y a formation
d’ettringite et de C-S-H métastables.
Période II (dormante): Durant cette période, des ions Ca
2+
et OH- sont libérés. Ceci
augmente le pH de la solution en ralentissant la dissolution des constituants, ce qui entraine un
dégagement de chaleur plus faible. Cette période correspond à la phase durant laquelle les
systèmes cimentaires sont maniables.
Période III (d’accélération): Durant cette phase, la concentration en ions sulfate dans la
solution diminue. L’hydratation du C3S s’accélère et la croissance des phases hydratées devient
importante, atteignant leur maximum au 2ème pic de dégagement de chaleur. La prise du béton se
situe donc dans cette période. Elle correspond au moment où le béton passe de sa phase liquide à
sa phase solide, c’est à dire qu’un chemin continu de particules liées mécaniquement traverse le
solide.
Période IV (Période de durcissement) : La formation d’ettringite à partir des C 3A aboutit à
l’épuisement du gypse. La réaction de l’ettringite avec les aluminates en excès, pour former du
mono-sulfoaluminate, se traduit par un troisième pic thermique. La chaleur ainsi produite
accélère l’hydratation des silicates.
Les grains de ciment se couvrent d’une couche d’hydrates, d’épaisseur et de perméabilité
variables. La cinétique d’hydratation diminue. Elle est régie par la diffusion des espèces ioniques
14
à travers la couche d’hydrates. L’hydratation se poursuit de plus en plus lentement mais de
manière continue.
En général, les quatre périodes d’hydratation sont présentes lors de l’hydratation du ciment.
Cependant, elles varient en durée et en intensité (chaleur dégagée) selon le type de ciment et les
conditions d’hydratation (température, finesse, E/C, …); d’autres réactions d’hydratation ou de
transformation de phases viennent modifier l’allure de la courbe et d’autres pics de dégagement
de chaleur peuvent apparaître [Van-Rompaey, 2006]. Un troisième pic, formé à la période de
croissance, peut être attribué à la reprise de l’hydratation du C3A ou à celle du C4AF ou à
l’hydratation du βC2S ou encore à la transformation de l’ettringite en monosulfate lors de
l’épuisement du gypse. A ce jour les hypothèses ne sont pas toutes vérifiées.
15
Figure (I.4): Effet de la température de cure sur l’hydratation [Martinez-Ramirez, 2009].
La température élevée influe sur le processus d’hydratation à long terme; il est limité ou retardé
par les C-S-H formés autour des grains de ciment qui créent une barrière qui restreint l’accès de
l’eau [Kjellsen et al 1991]. El Khadiri et al, (2009) en étudiant le processus d’hydratation de
pâtes de ciment au microscope électronique à balayage, à différentes températures, ont observé la
formation d’un liseré noir à 85°C, non visible en cas de cure à 22°C, voir figure (I.5). Il s’agit
d’une discontinuité dans la matrice qui agit comme un obstacle ralentissant l’hydratation. Les
micro-fissures dans la matrice cimentaire peuvent être à l’origine d’un retrait thermique.
Figure (I.5): Formation d’un liseré noir à 85°C non visible à 22°C autour du grain de ciment [El
Kadiri et al, 2009].
16
CHAPITRE II
Les ajouts cimentaires
CHAPITRE II : Les ajouts cimentaires
II.1 Introduction
Employés en addition ou en substitution d’une partie du ciment, les laitiers, les cendres volantes
et les pouzzolanes constituent des ajouts pouzzolaniques et hydrauliques actifs. Grâce à la
présence de la portlandite produite par l’hydratation du clinker, les laitiers et les cendres volantes
réagissent avec l’eau pour donner des composés hydratés semblables à ceux du clinker [Dron,
1982]. Le but de ce chapitre est de mettre en évidence l’impact de l’emploi des additions
minérales et des superplastifiants, sur l’évolution physico-chimique et mécanique des bétons et
mortiers. De nombreuses recherches indiquent qu’ils contribuent considérablement à
l’amélioration de leurs propriétés. Toutefois les apports bénéfiques des additions, varient souvent
en fonction de certains paramètres tels que, le dosage, la composition chimique, la finesse de
l’ajout, ou encore les conditions de murissement. Une attention particulière est accordée au
laitier de haut fourneau, à la pouzzolane naturelle, employés dans le cadre de cette étude.
II.2.1.1 Les pouzzolanes naturelles: Ce terme désigne au sens strict les pyroclastites, qui sont
des projections des éruptions volcaniques. La vitesse de refroidissement relativement importante,
qui applique un effet de trempe au magma, explique que le verre volcanique (matière amorphe,
non cristallisée) soit un des composants majeurs des matériaux pouzzolaniques [Rocher, 1992].
Les pouzzolanes les plus acides, contenant de la silice et peu de chaux (CaO) sont en général les
plus vitreuses. La différence SiO2-CaO doit être supérieure à 34% pour que la teneur en verre
soit appréciable [Bul, 1977]. Les éléments constitutifs présentent une texture scoriacée,
vacuolaire. Leur couleur est généralement noire ou rouge (rouge brique ou brun foncé) selon le
degré d’oxydation du fer, présent respectivement sous forme de magnétite ou d’hématite
[Rocher, 1992].
Les pouzzolanes peuvent faire l’objet d’un broyage préalable, séparé, avant d’être ajoutées au
clinker. Il convient dans ce cas de procéder à une homogénéisation avec le clinker [Pliskin, 1993;
Baroghel-Bouny, 1994].
II.2.1.2 Les pouzzolanes artificielles: Les plus couramment utilisées sont les cendres volantes,
les fumées de silice, la bauxite calcinée, les cendres de balles de riz et des latérites
calcinées [Messi, 1988].
18
a) Les cendres volantes: Les cendres volantes (CV) sont des particules très fines, de forme
sphérique (1μm à 200μm), de couleur grise noirâtre. Ce sont des pouzzolanes artificielles
récupérées des installations de dépoussiérage des centrales thermiques [Venuat, 1976]. Elles sont
constituées d’une matière minérale vitreuse contenant en majeure partie de la silice et de
l’alumine à l’origine de la réactivité pouzzolanique [ACI 232]. L’addition au clinker se fait avant
le broyage afin d’obtenir un mélange bien homogénéisé [Pliskin, 1993]. La norme [ASTM C-
618-80] regroupe les cendres volantes en deux grandes classes :
- La classe F riche en oxyde (SiO2 + Al2O3 + Fe2O3 > 70%) avec une teneur faible en chaux
(CaO< 10%). Qualifiée de silicoalumineuse, elle a un faible potentiel pouzzolanique.
- La classe C riche en chaux (CaO > 10%), avec une teneur en oxyde supérieur à 50%.
Qualifiée de silicocalcaire, elle a un potentiel pouzzolanique élevé.
Les réactions pouzzolaniques des CV sont lentes. Pour des pâtes de ciment qui contiennent 40%
de CV, 30% de ces cendres sont hydratées après 3 mois et pour 60% de CV, 20% sont hydratées
après cette même durée [Taylor et al, 1985].
b) La fumée de silice (SF): Elle est issue du dépoussiérage des fours électriques élaborant du
silicium, ferro-silicium ou d’autres alliages renfermant de la silice. Elle se présente sous forme
d’ultra fines particules, vitreuses, de diamètre moyen de l’ordre de 0.1μm, cinquante fois
moindre que celles du ciment courant. Leur surface spécifique est de 20m 2/g, C’est une
pouzzolane très réactive, qui peut avoir un effet filler grâce à son très faible diamètre [Aîtcin,
2006]. Ces particules peuvent aussi constituer des sites de nucléation pour la germination des
produits d’hydratation. En absence de superplastifiants, la fumée de silice peut constituer des
agglomérats, ce qui réduit sa réactivité [Sanchez de Rojas et al, 1999].
c) Le métakaolin (MK): C’est une pouzzolane artificielle très réactive obtenue par
calcination de kaolin. Ses particules sont très fines, mais moins que celles de la Fumée de silice.
Elles jouent un rôle de fillers et constituent des sites de nucléation dans la pâte cimentaire. Sa
réactivité est amorcée lorsqu’une quantité suffisante de portlandite est formée par le ciment.
Cette réaction forme un C-S-H supplémentaire ainsi que des produits cristallins qui comprennent
les aluminates de calcium hydratés et l’alumino-silicate hydraté [Kinuthia, 2000].
20
Tout comme la pouzzolane, avant d’être ajouté au clinker, le laitier peut faire l’objet d’un
broyage préalable. Cependant, l’incorporation au clinker avant broyage permet d’obtenir des
liants hydrauliques mieux homogénéisés et plus réactifs [Venuat, 1976].
Figure (II.2): Réactivité des laitiers en fonction de la finesse, taux de remplacement, fraction
vitreuse, température d'hydratation, indice d'hydraulicité [Escalante et al, 2001].
Figure (II.3): Variation de la viscosité plastique relative des pâtes de ciment avec ajouts
cimentaires [Bouglada et al, 2019].
24
II.2.7 Effet des additions minérales sur la demande en eau
L’étude effectuée par Arroudj et al, (2018) a montré que la substitution du ciment par 15, 20 et
30% de sable de dune broyé engendre une augmentation de la demande en eau en fonction du
taux de remplacement, cela est attribué à la forme irrégulière des particules de sable. La forme
sphérique des particules, réduit le rapport de la Surface/ Volume, ce qui engendre une réduction
de la demande en eau dans les mortiers [Felekoglu et al, 2006]. La demande en eau des pâtes à
base de pouzzolane naturelle, à consistance normale, est inférieure à celle des autres pâtes
employées pour l’étude faite par Arroudj et al, (2018).
Les fines particules de pouzzolane remplacent l'eau présente dans les pores intergranulaires.
L`eau piégée dans les pores granulaires est libérée, ce qui augmente la compacité de la pâte,
améliore l`ouvrabilité et diminue la demande en eau [Menendez et al, 2001; Yahia et al, 2005;
Laakri et al, 2012]. Ceci est en contradiction avec le résultat de [Nagele, 1986; Colak, 2003;
Bouglada et al, 2019,].
Figure (II.4): Consistance normale de différentes pâtes de ciment avec ajout cimentaire
[Bouglada et al, 2019]
Lorsqu’on augmente la quantité de laitier, le besoin en eau diminue significativement par rapport
au témoin. De nombreuses études soulignent la diminution du taux d’absorption d’eau en
présence de laitier dans le cas de mélange binaire, ternaire et quaternaire. La structure vitreuse
des particules de laitier et sa grande finesse par rapport à celle de la pouzzolane et du calcaire, et
même de celle du ciment témoin, sont à l’origine de cette réduction du besoin en eau.
Tel que cela été rapporté par Lange et al, (1997); Park et al, (2005); Laakri et al, (2012), l’ajout
de laitier finement broyé, améliore la fluidité des mortiers.
25
Manai (1995) explique cet effet lubrifiant par les caractéristiques de la surface des grains de
laitiers qui permettent un meilleur glissement inter granulaire dans la pâte. Selon Kourounis et al,
(2007), L’addition du laitier, moins réactif que le ciment, réduit la quantité d’ettringite formée au
jeune âge, causant ainsi une amélioration de l’ouvrabilité. L’augmentation de la fluidité serait
donc attribuée au retardement de l’hydratation du laitier.
Figure (II.5): Essais mécaniques sur les bétons avec ajouts de pouzzolane naturelle de
Bouhamidi [Mouli, 2008].
26
L’amélioration des résistances est visible entre 28 à 365 jours, avec un optimum pour le
mélange LWC20 avec 20% de pouzzolane [Mouli, 2008; Arroudj et al, 2018].
Un taux de substitution de 20% de pouzzolane de Béni Saf au ciment Portland confère au béton,
des performances mécaniques qui égalent, sinon surpassent à long terme, celle du béton témoin
[Belas Belaribi et al, 2003]. Afin d'éviter toute dégradation à long terme due à l’augmentation du
taux d’aluminate, Arroudj et al (2018) ont choisi de fixer le taux de remplacement du ciment par
la PZ à 20%. En se basant sur ces différentes études, le taux de 20% de pouzzolane naturelle,
semble être le dosage idéal pour approcher les performances mécaniques d’un béton de
référence.
Deboucha et al, (2018) ont étudié des mélanges de mortiers conservés dans l’eau à 80°C, avec
du laitier broyé (400 et 500 m2/kg). A moyen terme, le mortier avec 20% de laitier donne des
résistances à la compression similaires à celles du témoin, alors qu’un taux de substitution de
40% entraine une chute de résistance de 8%. A long terme, les valeurs sont largement
supérieures au mortier de référence.
Un remplacement partiel du ciment par du métakaolin (moins de 15%), améliore les
résistances mécaniques en compression à tous les âges. Au-delà de cette valeur, la tendance est
inversée [Abdelli et al, 2017]. En comparant les résistances mécaniques de mélanges ternaires à
base de 15 % de métakaolin et 30% de laitier et ceux de mélanges binaires à base de 45% de
cendres volantes ou de laitier au témoin, Sullivan et al (2020) obtiennent des résistances
comparables à celles du témoin sauf dans le cas du mélange avec les cendres volantes seules.
Entre 7 et 28 jours, les fumées de silice présentent un pouvoir liant de 3 à 4 fois supérieur à
celui du ciment, et contribuent significativement au développement des résistances [Manai,
1995].
Les essais de calorimétrie ont montré que l’ajout de sable de dune broyé (SD) ou de pouzzolane
naturelle (PZ) génère une chaleur élevée, dans les premières heures d'hydratation. La finesse
importante contribue à une meilleure hydratation du ciment. Il est probable aussi qu’un taux
élevé d’aluminates et la présence de chaux non combinée (CaO) dans la PZ soient à l’origine
d’un important dégagement de chaleur [Arroudj et al, 2018].
Au-delà du cinquième jour, la chaleur d'hydratation dans les mortiers avec ajouts, devient plus
faible que celle du mortier de contrôle, ce qui contribue à diminuer le risque de fissuration
[Oudjit, 1981; Blombled, 1985, Binici, 2017; Arroudj et al, 2018].
Le temps de prise des pâtes de ciment avec SD n’est pas affecté de manière significative,
tandis que le temps de fin de prise est retardé. Cela s'explique par la cinétique d'hydratation lente,
en présence de SD. Quant à PZ, un temps de prise accéléré a été enregistré. Cela reflète
l'accélération de la cinétique d'hydratation des pâtes de ciment incorporant de la PZ [Arroudj et
al, 2018].
D’après la figure (II.7) les valeurs du degré d’hydratation, obtenues sur des mélanges à base
de fumée de silice (SF), de laitier noté (S), et de quartz broyés (Q) sont substantiellement les
même au jeune âge.
Toutefois, pour des faibles niveaux de remplacement et en raison d’une nucléation
hétérogène, où la surface des additions minérales peut servir de site de nucléation au hydrates du
ciment, une augmentation du degré d'hydratation du ciment peut être observé. D’après
Deboucha et al (2017), le degré d'hydratation à court terme des pâtes de ciment contenant 20%
28
de laitier présentant un degré d'hydratation légèrement plus élevé que les autres pâtes de ciment
mélangées.
29
Figure (II.8): structure chimique des superplastifiants (LSM) en (a), et (PNS) en (b).
- polymélamines sulfonates (PMS) : tous comme les PNS les PMS sont des polymères
organiques, linéaires et anioniques, avec des groupements polaires sulfonates SO3- à intervalles
réguliers, qui montrent des propriétés électrostatiques dispersantes beaucoup plus efficaces que
les lignosulfonates [Hirsch, 2005]. Leur structure chimique est donnée sur la figure (II.9, a).
- Les polycarboxylates (PC) : Ce sont des superplastifiants nouvelle génération, formés par
plusieurs chaines de polymères, leur mode de dispersion se fait par effet combiné de répulsion
électrostatique et stérique. Leur structure chimique est représentée sur la figure (II.9, b).
II.3.1.1 Par adsorption: Au contact de l’eau, les particules de ciment s’agglomèrent à cause des
charges électriques de signe opposées sur leur surface libre. Les superplastifiants tout comme les
réducteurs d’eau ordinaires, sont adsorbés à la surface des grains de ciment, et empêchent ces
derniers de se floculer [Baalbaki, 1998]. L’état d’adsorption et l’épaisseur de la couche formée
dépendent du type de ciment, du type de polymère et de sa masse molaire [Chandra et al, 2002].
Une plus grande quantité de polymères s’adsorbait préférentiellement sur les phases aluminates
30
(C3A et C4AF) que sur les phases silicates (C3S et C2S) [Yoshika et al, 2002]. Selon Hanehara,
(2008) l’efficacité des PC est liée directement au pourcentage d’adsorption du SP sur le grain de
ciment et à la surface spécifique des hydrates, alors que celle du PNS est liée directement à
l’adsorption, mais cette dernière est difficile à estimer, car les molécules du PNS peuvent être
absorbées par les hydrates et sur les hydrates en même temps.
II.3.1.3 Dispersion par répulsion stérique: La dispersion des grains de ciment due aux
répulsions stériques s'explique par la structure moléculaire des superplastifiants. Les longues
chaînes qui forment des spirales avec des ramifications dans différentes directions,
s'enchevêtrent et empêchent le rapprochement des particules [Aîtcin et al, 2001].
L’encombrement stérique apparaît suit à la perte d'entropie engendrée lorsque les chaînes
s'entremêlent et que la pression osmotique crée par l'augmentation de la concentration en
polymères entre deux particules, qui apparait dès que la distance entre les polymères adsorbés est
inférieure à deux fois l’épaisseur des polymères [Baalbaki, 1998; Neubauer et al. 1998]. Les
polymères avec chaîne (polyéthylène oxyde) induisent une plus grande dispersion [Houst et al,
2008].
31
Kara, (2002) a constaté qu’avec l’emploi des adjuvants fluidifiants sur des mortiers avec
ajouts cimentaires, la réduction du besoin en eau a augmenté avec le dosage en adjuvant
fluidifiant, indépendamment de la nature de l’addition minérale.
Selon d’autres études les propriétés rhéologiques de la matrice cimentaire, en présence de
superplastifiant, semblent varier en fonction de la réactivité des particules et de l’affinité entre
superplastifiant et additions minérales et/ou type de ciments [Sheinn et al, 2003].
D’après Nagele (1986), l’utilisation d’une quantité croissante de pouzzolane naturelle,
entraîne une diminution des diamètres d’étalement. Cela a été attribué à la forte demande en eau
et en SP de la pouzzolane utilisée, dont la finesse est plus élevée que celle du ciment. La
présence d’alumine (Al2O3) dans la pouzzolane naturelle, influe sur la consommation du
superplastifiant [Bellifa, 2012].
La substitution du ciment par la pouzzolane engendre une augmentation du besoin en eau des
pâtes de ciment à maniabilité constante, l’incorporation de 1% de SP à base de naphtalène
entraîne une réduction significative du rapport (E/L) [Colak, 2003].
En accord avec Ling et al (2004) indiquent que, lorsque la surface spécifique du laitier et
supérieur au ciment, et que le taux de remplacement du ciment par le laitier broyé augmente de
(10, 30 et 50%), le dosage de saturation en SP change peu, mais le potentiel -δ- augmente, et la
répulsion entre les fines particules augmente. Suite à cela, la fluidité des pâtes de ciment est
améliorée et la perte de fluidité est réduite.
Figure (II.10): Influence du dosage en laitier sur la fluidité et la perte de fluidité des pâtes de
ciments adjuvantées [Ling et al, 2004].
Les essais au rhéomètre, sur des mélanges contenant de la fumée de silice, ont montré que le
seuil de cisaillement et la viscosité plastique augmentent en fonction de l’augmentation du taux
de substitution du ciment par l’addition [Park et al, 2005]. La perte de maniabilité est parfois
attribuée au dosage en SP, qui peut être en excès [Gull et al, 1999], à la formation précoce de
32
certains hydrates, qui augmentent la viscosité de la pâte de ciment [Aitcin, 1990; Fukuda et al,
1990], ou encore au temps d’introduction du superplastifiant, qui est généralement optimal entre
10 à 15 min après le début du malaxage [Kim, 2000].
Les superplastifiants améliorent les propriétés du béton au jeune âge et ils n'ont pas d'effets
indésirables à long terme, surtout quand ils sont utilisés dans du béton de haute qualité [Neville,
1991]. Cette amélioration peut être attribuée à la réduction d’eau [Henning, 1982]. Tout comme
la rhéologie, l’amélioration des résistances mécaniques, en présence de superplastifiant, semble
dépendre de l’affinité entre les ajouts et le SP [Kara, 2002]. Mazloom et al, (2018) montrent
l’effet bénéfique des SP sur les résistances mécaniques de mélanges avec et sans ajout de fumée
de silice (10% FS), ils indiquent que le SP à base de polycarboxylate donne les meilleurs
résultats, indépendamment du rapport SP/ciment et du rapport E/L.
Figure (II.11): Résistances à la compression des mélanges avec et sans SF, en fonction du type
de superplastifiant [Mazloom et al, 2018].
Selon Islam et al, (2017), les mélanges avec les SP carboxylique éther ont montré les meilleures
propriétés mécaniques, au jeune âge. En étudiant quatre types de SP (mélamine-formaldéhyde,
naphtalène-formaldéhyde, carboxylique éther et un polycarboxylate). Erdoğdu, (2000) trouve
que les résistances à court terme augmentent avec la nature du SP et dépendent aussi de la
compatibilité du couple SP/Ciment.
Figure (II.12): Temps de prise en fonction du type de superplastifiant [Mazloom et al, 2018].
34
CHAPITRE III
Microstructure et variations volumétriques de la pâte cimentaire
CHAPITRE III: Microstructure et variations volumétriques de la pâte cimentaire
III.1 Introduction
L’emploi d’additions présente un impact direct sur la microstructure et le comportement
physico-chimique de la pâte de ciment. Ce chapitre présente les principaux composants de la
microstructure, en particulier les silicates de calcium hydratés (C-S-H), et décrit la porosité qui
s’y développe. Il aborde aussi les variations volumétriques engendrées avant et après
durcissement, en particulier dans les mélanges de pâte avec ajouts.
35
A l’échelle moléculaire et nanométrique la structure du C-S-H est et assimilé au modèle
structural de la tobermorite (cristal naturel). Avec une répartition en feuillets d’ions calcium
reliés entre eux par des chaines silicates.
Figure (III.1): Représentation des deux types de C-S-H, à faible densité (LD) à gauche et forte
densité à (HD) droite [Thomas, 2006].
Le modèle de la figure (III.2) proposé par Feldman (1968) illustre cette structure en feuillets. Il
permet d’interpréter l’influence de l’humidité relative sur les propriétés physiques et mécaniques
de la pâte de ciment (résistance, retrait, fluage).
Figure (III.2): Structure en feuillet des C-S-H selon le modèle de Feldman en (a) [Feldman,
1968] et vue schématique de la structure dreierketten, comme dans le gel C-S-H en (b) [Manzano
et al, 2009].
Un grand nombre de modèles ont été proposés. Il en ressort que tous se retrouvent dans l'une des
deux catégories : Une où les anions de silicate sont entièrement monomériques, l'autre où ils sont
dérivés de type chaîne linéaire de silicate, présente dans la tobermorite et dans un certains autres
minéraux. C'est-à-dire des modèles à base de dreierketten chaine silicate [Richardson, 2008;
Manzano et al, 2009].
36
D’après Hunnicutt (2013), Il existe deux types d'imperfection de la structure de la
tobermorite: (1) l'absence de tétraèdres de pontage dans les chaînes et (2) les chaînes manquantes
dans la structure (substituées par des groupes hydroxyle). Ces défauts sont à l'origine de fortes
variations du rapport C/S de 0.75 en tobermorite à 1.5 en jennite. Selon à ce modèle, une
formation graduelle des dreierketten se produit par la condensation du monomère en dimère, des
dimères en trimmers, etc. propriétés de transport, vieillissement…. etc.
L’aluminium peut être incorporé dans le silicate de calcium naturel hydraté (tobermorite)
[Kalousek, 1957]. Le C-S-H substitué par l'aluminium (C-A-S-H) est formé lorsque le ciment
portland est hydraté en présence d'ions Al 3+ [Andersen et al, 2003]. C’est le cas en présence de
certains ajouts tels que les cendres volantes et le laitier.
Figure (III.3) : Photos MEB de pâte de ciment avec ajouts pouzzolaniques [Oudjit, 2011].
37
III.2.2. Porosité de la pâte de ciment hydratée
L’hydratation de la pâte de ciment produit une structure poreuse hétérogène constituée
d’hydrates tels que la portlandite, l’ettringite et le gel C-S-H, on trouve aussi des grains de
ciment non hydraté, des vides capillaires pouvant être remplis d’eau ou d’air. On peut distinguer
deux types de pores :
Les pores fermés: Ce sont des pores isolés, non accessibles, et ne communiquant pas avec
l’extérieurs.
III.2.2.1 Les macrospores (taille>50nm): C’est une gamme de pores qui peut être des cavités de
forme presque sphériques, dont le diamètre reste inférieur à 500μm (air entrainées) [Diamond,
1999], on y trouve également la porosité capillaire, formée par les fissures qui ont une longueur
cent à mille fois plus importante que leur largueur.
III.2.2.3 Les micropores (taille < 2nm): Cette porosité est associée aux gels C-S-H présentant
une structure en feuillets (degré de cristallinité faible). La porosité de l’ensemble des hydrates
représente environ 28% du volume total des hydrates [Delagrave, 1996; Baroghel-Bouny, 1994].
La distribution des tailles des micropores varie de quelques dixièmes de nanomètres à plusieurs
micromètres. On distingue trois types de porosité dans les C-S-H :
- Les pores intra cristallites (espace inter feuillets. r < 0.6 nm) ;
- Les pores inter cristallites (espace inter lamellaires, 0.6 < r < 1.6 nm) entre les lamelles de
C-S-H.
FA : cendre volante.
phosphore.
LS : calcaire.
SL : Boue de chaux.
En présence de cendre volantes ou de laitier, la plus grande taille des pores est augmentée aux
très jeunes âges, mais à plus long terme, leur effet se traduit par une diminution de la taille des
plus gros pores. Le volume des pores de diamétre superieur à 2000 A° diminue, alors que celui
des pores de diamétre inférieur à 200 A° augmente [Pandey, 2000].
En effet, les réactions pouzzolaniques entraînent la formation de C-S-H secondaires qui
réduisent la porosité, ce qui est favorable vis-à-vis de la durabilité [Maso, 1980; Pandey, 2000].
L’ajout de pouzzolanes finement broyées influe sur la structure poreuse, en raison de la réaction
pouzzolanique et aussi par son effet filler (les particules fines servent de points de nucléation
pour la formation des hydrates), ce qui se traduit par une distribution plus homogène des
hydrates et donne une structure plus fine et plus dense. Les études de Baron (1992) et Mehta
(1980) confirment que l’avancement de l’hydratation se traduit par une diminution de la porosité
totale, aux dépens des pores capillaires.
Les résultats d’essais sur des mélanges binaires, avec substitution partielle du ciment par 50%
de laitier et 30% de cendres volantes ont montré une réduction de la perméabilité et de la
diffusivité, pour un même rapport eau/liant, suite à l’affinage de la structure poreuse [Feldman,
1983].
39
Figure (III.5): Evolution de la porosité et des dimensions des pores d’un ciment avec ajout de
laitier [Feldman, 1983].
III.3.1 Le gonflement
C’est une augmentation du volume du matériau durci, il peut être d’origine chimique ou être
observé suite à une immersion de l’éprouvette dans l’eau ou lors de la mise sous des conditions
hygrométriques saturées [Coquillat, 1987].
Le gonflement observé après la prise est dû à la constitution d’hydrates massifs comme la
portlandite, Ca(OH)2, dont la croissance fait pression sur l’ensemble de la structure, et en
provoque la dilatation (foisonnement de la chaux). Ce gonflement s’oppose en partie au retrait et
est lié à la quantité de chaux libre non hydratée restant après le début de la prise. Si cette quantité
est faible, le gonflement pourra être négligeable [Dupain et al, 2004].
Il est de même pour la formation de l’ettringite. Cinq mécanismes existent concernant le
gonflement dû à l’ettringite [Mitani, 2004]:
- Gonflement par croissance cristalline,
- Lié à l’absorption d’eau par les particules d’ettringite,
- Lié à la pression de cristallisation de l’ettringite,
- Par pression osmotique sur une membrane semi-perméable entre la phase interstitielle et la
surface des grains anhydres.
- Par formation de mono-sulfoaluminate de calcium hydraté ou ettringite différée.
40
III.3.2 Le retrait
Il peut être défini comme la déformation d'un élément de béton, libre de toute sollicitation
mécanique extérieure, dans une ambiance thermodynamique constante. On peut distinguer un
retrait dans une ambiance sèche et un gonflement dans une ambiance saturée [Acker, 1988].
III.3.2.2 Retraits dus aux conditions externes: Lorsque le béton n’est pas en conditions
scellées, une partie de l’eau, qui n’est pas consommée par les réactions de l’hydratation, a
tendance à s’évaporer.
a) Le retrait plastique: Ce retrait se développe alors que le béton est encore déformable et
que la quantité d'eau évaporée à la surface est supérieure à la quantité d'eau de ressuage. Parmi
les paramètres influençant la cinétique et l’amplitude de ce retrait, il y’a la contraction Le
Chatelier, la taille des pores, le taux d’évaporation ou encore le ressuage [Turcry, 2004].
b) Le retrait de séchage (dessiccation): Selon Aïtcin et al (1997), c’est un phénomène de
dessiccation localisé qui commence à se développer à la surface du béton par où s'évapore l'eau
interne du béton. L'évaporation se produit aussitôt que le degré hygrométrique de l'air ambiant,
est inférieur à celui qui règne dans le réseau capillaire. Les forces de tension développées à
l'intérieur du béton entrainent une contraction du béton.
Les trois principaux mécanismes proposés pour les valeurs usuelles de l’humidité relative (plage
50-100 %) sont liés aux effets suivants [Baron, 1982]:
- Pression capillaire
- Pression de disjonction
- Variation de l’énergie surfacique solide
Le retrait de séchage dépend de l’humidité relative présente aux limites de l’élément en béton. Il
est d’autant plus fort que la quantité d’eau libre dans la pâte est plus grande. Les bétons
ordinaires ont donc un retrait de séchage plus important que les BHP [Acker et al, 2004].
c) Retrait thermique: L'hydratation du ciment est toujours accompagnée du dégagement
d'une certaine quantité de chaleur. Cependant, l'amplitude de ce dégagement de chaleur et,
surtout, l'élévation de température qui en résulte dépendent de plusieurs facteurs : la quantité de
ciment qui s'hydrate, le type de ciment, les propriétés thermiques des granulats, les conditions
thermodynamiques au cours de la maturation, la forme et la dimension de l'élément en béton et,
dans une moindre mesure, la température du béton au moment de sa mise en place et la
température ambiante [Aïtcin et al, 1998]. Lorsque le refroidissement débute, le béton se
42
contracte. La rigidité du béton, après la prise, limite la déformation, et les contraintes de traction
commencent à se développer. Le retrait observé peut entraîner des fissurations, lorsque les
déformations de traction dépassent la limite en traction [Mitani, 2004].
d) Le retrait de carbonatation: Lors de la réaction de carbonatation, les composés calciques
issus de l’hydratation, principalement la portlandite, réagissent avec le dioxyde de carbone de
l’air pour donner du carbonate de calcium et de l’eau [Baron, 1982], selon le schéma réactionnel
simplifié suivant :
43
nombre d’hydrates, lors de la présence de substance minérale, rend la pâte plus rigide et donc
moins déformable.
En étudiant l’évolution du retrait d’éprouvettes de mortier renfermant des cendres volantes,
ayant un rapport E/C égal à 0.4, Atiz et al (2004) ont conclu que le retrait des mortiers est réduit
à long terme, probablement à cause de la forte concentration de chaux libre et de MgO dans ces
cendres. Chindaprasirt et al (2004) trouvent que les cendres volantes réduisent le retrait de
dessiccation dans des mortiers, indépendamment de la finesse et attribuent ce résultat à la
diminution du besoin en eau dans les mélanges. Cependant, lorsque le rapport E/C est constant et
que le taux de substitution est inférieur à 20%, le retrait augmente légèrement par rapport au
témoin [ACI 232].
Le taux de remplacement du ciment par les ajouts peut modifier considérablement le
comportement des ciments vis-à-vis du retrait et du gonflement. Chen, (1989) trouve que les
mortiers contenant 35 et 68 % de laitier présentent un retrait supérieur à celui d’un mortier
témoin. Ce retrait provoque des autocontraintes de traction et une fissuration de peau, qui
provoque la chute de résistance. Ces résultats sont en partie en accord avec ceux de Pietro (2001)
et Mehta (1989). Ce dernier trouve que la présence de 50% de laitier augmente largement le
retrait alors qu’aucune différence de retrait n’est observée sur des bétons comportant moins de
25% de cendres volantes.
Zenati et al, (2019), ont évalué l’effet d’ajouts pouzzolaniques et du taux de remplacement,
sur le retrait de mortiers à ultra haute performance (rapport E/L= 0.16). Les mortiers employés
sont composés de ciment Portland, de 15 % de fumée de silice en poids du liant et d’un taux de
laitier variant de 15, 30, 40, et 60% en poids du ciment. Les résultats montrent une nette
augmentation du retrait total et endogène avec l’augmentation du taux de laitier.
Figure (III.6): Gonflement des mortiers en fonction du taux et de la finesse du laitier [Deboucha
et al, 2018].
44
D’après la figure (III.6), la présence d’une quantité de laitier supérieur à 10% a permis de
réduire l’expansion des mortiers, indépendamment de la finesse du laitier [Deboucha et cal,
2018]. L’addition de 10% de pouzzolane naturelle de Béni Saf au ciment augmente le retrait,
mais une fois ce taux dépassé, sa valeur est réduite [Itim et al, 2010].
Selon l’étude faite par Sullivan et al (2020) les mélanges ternaires à base de 15 % de
métakaolin et 30% de laitier ont montré une plus grande efficacité dans la réduction du retrait de
séchage et du gonflement dû aux attaques chimiques, comparativement aux mélanges binaires à
base de 45% de cendres volantes ou de laitier.
Figure (III.7): Retrait de séchage de mortiers binaires et ternaires [Sullivan et al, 2020].
45
Ce type de détérioration est lié à la déformation dû à l’ettringite différée, retrouvés en dépôts
dans les vides, fissures, et espaces autour des granulats du béton [Ramlochan et al, 2004;
Martínez-Ramírez, 2009; Guillon, 2004].
Figure (III.8): Effet de la température de cure sur la variation volumétrique [Lura et al, 2001].
La Figure (III.9) montre l'expansion de mortiers durcis à 95°C, ensuite stocké dans de l'eau à
température ambiante. Le mortier de ciment Portland a présenté un gonflement de plus de 2.5% à
1 an, alors qu’il ne présente aucun gonflement lorsqu’il ne subit aucun traitement thermique.
Figure (III.9) : Expansion des mortiers avec ajouts (cure à 95°C) [Ramlochan et al, 2004].
46
fourneau, les cendres volantes, donnent les plus faibles valeurs (moins de 0.04%) [Ramlochan et
al, 2004].
Les conséquences de la durée de cure sont aussi importantes que la température sur les
variations volumétriques. Sri Ravindrarajah et al (1989) observe, que pour une durée de
conservation de sept jours, un béton de classe 25 (avec une substitution du ciment par 20 et 40%
de cendres volantes), on note une augmentation du retrait de 23 et 38% respectivement. Pour le
béton de classe 35, l’augmentation est de 10 et 32 %. Lorsque la durée de cure passe de 7 à 28
jours, la tendance est inversée, d’autant plus pour les taux élevés de substitution. Cette réduction
du retrait avec l’augmentation de la durée de cure est associée à la faible porosité, résultant de la
lenteur de la réaction pouzzolanique.
47
CHAPITRE IV
Méthodes expérimentales et caractérisation des matériaux
CHAPITRE IV: Méthodes expérimentales et caractérisation des matériaux
IV.1 Introduction
Le programme expérimental mis au point pour notre étude débute par des essais de
caractérisations de tous les matériaux utilisés, incluant essentiellement les propriétés physico-
chimiques des poudres (ciment, et ajouts), ainsi que les propriétés des adjuvants chimiques.
Après formulation des mélanges, nous avons élaboré un protocole d’essais sur des mélanges de
pâte de ciment et mortier.
Les essais ont été effectués au niveau du laboratoire Bâti dans l’Environnement, à l’exception
des essais qui demandent des matériels plus sophistiqués. La détermination de la composition
chimique des poudres a donc été effectuée au niveau du laboratoire de la cimenterie Lafarge,
Algérie, et les essais de diffraction aux rayons X et de MEB ont été faits au niveau du laboratoire
de chimie, à l’université de Bristol, Angleterre. Les matériaux utilisés pour cette étude sont les
suivants:
Ciment CEM I 42.5 de la cimenterie de Zahana.
Laitier de Haut fourneau d’El-Hadjar (LH).
Pouzzolane naturelle de Beni Saf (PZ).
Sable normalisé.
Adjuvants (super plastifiants) MEDAFLOW 30 et SIKA VISCOCRETE TEMPO 12.
IV.2.1 Le ciment
Le ciment (C) est un CEM I 42.5 PM. Il contient un faible taux de calcaire, et provient de la
cimenterie S.C.I.Z. (Zahana). Les principales propriétés et caractéristiques physiques sont
données dans le tableau (IV.1). Les compositions chimiques et minéralogiques du ciment sont
données dans le Tableau (IV.2) et le Tableau (IV.3):
48
Tableau (IV.2): Composition chimique du ciment.
Eléments SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO K2O Na2O SO3 CaO l Cl- Ins P.F
Teneurs (%) 21.44 4.34 4.55 62.25 1.64 0.61 0.11 1.93 0.91 0.02 1.28 2.57
49
Intensité
IV.2.3 La pouzzolane
La pouzzolane (PZ) utilisée est une pouzzolane naturelle provenant du gisement de Bouhamidi
(Béni Saf), extraite à la côte 210 m et fournie sous forme de roches concassées de diamètre
variant de 5 à 10 mm. La masse volumique réelle est de 2.8g/cm 3et la masse volumique en vrac
est de 0.71g/cm3. Sa surface spécifique Blaine est de 9000cm2/g. La pouzzolane est riche en
silice et présente une forte teneur en Aluminates Al 2O3. La composition chimique de la
pouzzolane est donnée dans le tableau (IV.5).
50
IV.2.4 Analyses des poudres au microscope électronique à balayage (MEB)
La figure (IV.4) montre les grains de ciment anhydre de forme angulaire. Leur diamètre varie
entre 1et 80 μm.
Le laitier en (b) est composé macroscopiquement de petits grains anguleux. Les particules de
laitier totalement vitreuses indiquent leur refroidissement brusque lors de leur trempe. Les plus
gros grains font moins de 30 μm, et les fines sont de l’ordre du micromètre. La pouzzolane en (c)
présente une granularité plus petite que celle du laitier, les fines forment des amas en
s’agglutinant par suite de leur attraction par des forces électrostatiques de signe opposés, elles
peuvent atteindre ainsi 15 μm de diamètre.
Figure (IV.4): Photos MEB des poudres; Ciment (a); Laitier (b); Pouzzolane (c).
IV.2.7 Superplastifiant
Deux types de superplastifiants, ont été utilisés pour la préparation d’une série de mortiers
adjuvantés avec ajouts cimentaires. Le premier est commercialisé sous le nom de MEDAFLOW
30, noté (SPw), le deuxième sous le nom de SIKA VISCOCRETE TEMPO 12, noté (SPt).
Le MEDAFLOW 30: Est un superplastifiant haut réducteur d’eau ; il se présente sous forme
d’un liquide brun clair. Il est conçu à base de polycarboxylates. Sa plage normale d’utilisation,
fixée par la fiche technique, est de 0.5% à 2% du poids de ciment.
51
Le SIKA VISCOCRETE TEMPO 12: Est un superplastifiant haut réducteur d’eau, de
forme liquide et de couleur brune. Il est non chloruré, à base de copolymère acrylique. Sa plage
normale d’utilisation, fixée par la fiche technique, est entre 0.5 à 2% du poids de ciment. Les
caractéristiques des superplastifiants sont données en annexe.
52
IV.3.2 Consistance normale
L'essai de consistance normale a été réalisé avec l'appareil Vicat, selon la norme [EN 196-3]. Il
permet de déterminer la quantité d'eau de gâchage optimale qui correspond à d (distance entre
l'extrémité de la sonde, de diamètre 1cm, et le fond du moule Vicat). Pour aboutir à la
consistance normale, le rapport E/L est corrigé par tâtonnement successif jusqu'à atteindre la
consistance normale correspondant à d= 6mm ± 1.
(IV.1)
53
Avec :
Rf : la résistance en flexion, en newtons par millimètre carré ou en [MPa].
b : le côté de la section carrée du prisme, en millimètres.
Ff : la charge appliquée au milieu du prisme à la rupture, en newtons.
l : est la distance entre les appuis, en millimètres.
Compte tenu des dimensions b= 40 mm et l= 100mm, cette résistance peut s’exprimée en méga
pascals [MPa] comme suit:
( )
(IV.3)
Avec :
Fc: La charge de rupture, exprimée en newtons [N].
Rc: La résistance en compression, exprimée en méga pascals [MPa].
IV.3.8.1 Préparation des échantillons pour (DRX): Un échantillon de pâte est prélevé et réduit
en une poudre très fine à l’aide d’un mortier (moins de 80μm), une petite quantité est ensuite
disposée dans le creux du porte échantillon, et arasée de manière à ce que la surface soit
parfaitement plane. L’appareil employé et un diffractomètre model Bruker D8, radiation (Kα
Cu).
54
IV.3.9 Analyse au microscope à balayage (MEB)
Le microscope à balayage (MEB) ou SEM (scanning electron microscopy) fournit une image
reconstituée: un fin faisceau d'électrons est émis par un canon à électrons, et des
lentilles électromagnétiques permettent de focaliser le faisceau d'électrons sur l'échantillon.
L'interaction entre les électrons et l'échantillon provoque la formation d'électrons secondaires de
plus faible énergie. Ils sont amplifiés puis détectés et convertis en un signal électrique.
Ce processus est réalisé en chaque point de l'échantillon. L'ensemble des signaux permet de
reconstruire la typographie de l'échantillon et donne une image en relief. Le contraste est défini
par l’intensité du signal, un élément lourd donnera un signal intense et donc une zone claire ; un
élément léger donnera un signal faible et donc une zone sombre.
55
IV.3.11 Mesure des variations linéiques des mortiers
Selon la norme [NF P 15-433], la première mesure de la longueur (l 0) a eu lieu au démoulage sur
des éprouvettes de mortier 4x4x6 cm3. On mesure ensuite la variation de la longueur en fonction
du temps.
Au moment de la mesure, le comparateur est mis au zéro sur la tige étalon en Invar de
longueur L=16 cm. Soit dl(t) la valeur lue sur le comparateur au temps t; l’éprouvette a une
longueur (l) au temps considéré :
() (IV.4)
() () ( ) () ( ) (IV.5)
() () ( )
() (IV.6)
Lorsque Δl(t) est négatif, on parle de retrait du mortier. Lorsque Δl(t) est positif, c’est alors un
gonflement. La mesure du retrait et du gonflement, dans différents milieux, ont été effectués sur
les mélanges de mortier non adjuvantés seulement.
( )
Variation de la masse (%) = (IV.7)
56
IV.3.13 Calorimétrie Langavant
L’essai sur mortiers par calorimétrie semi-adiabatique, dite méthode de Langavant, a pour but la
mesure continue du dégagement de chaleur des ciments au cours des trois premiers jours de
l’hydratation selon la norme [NF EN 196-9].
La chaleur d'hydratation du ciment contenue dans l'éprouvette est égale à la somme de la
chaleur accumulée dans le vase de Dewar et de la chaleur dissipée vers le milieu ambiant depuis
l'instant initial.
57
IV.5 Compositions des pâtes de ciment et des mortiers étudiés
Les compositions des mortiers et pâtes de ciments employés sont récapitulées dans le tableau
(IV.6) et le tableau (IV.7) respectivement.
58
CHAPITRE V
Rhéologie et hydratation des ciments aux ajouts
CHAPITRE V: Rhéologie et hydratation des ciments aux ajouts
V.1 Introduction
Le présent chapitre étudie l’hydratation des ciments composés à base d’ajouts de pouzzolane et
de laitier de haut fourneau, finement broyés. L’essai Vicat sur pâte de ciment permet de définir le
temps de début et de fin de prise. Le suivi de l’évolution des réactions d’hydratation, des
mélanges non adjuvantés, est réalisé par la diffraction aux rayons X.
Le dégagement de chaleur lors de ces réactions est déterminé par la méthode semi adiabatique
dite Langavant. La maniabilité de mortier et la fluidité de la pâte de ciment, sont liées à la nature
et à la composition des ciments. L’emploi de superplastifiants offre la possibilité d'une meilleure
dispersion des fines particules, produisant ainsi une pâte de plus grande fluidité [Chandra, 2002].
Il est donc utile, que les changements dans le comportement rhéologique des pâtes de ciment
et mortiers formulés, soient mis en évidence par des essais de maniabilité. L’utilisation de
superplastifiants nécessite l’étude de leur compatibilité avec les ciments formulés. Notre choix
s’est porté sur une méthode simple et pratique, qui est celle du mini cône d’Aitcin, employé sur
des coulis de ciment.
20
18
Etalement d (cm)
16 PTP
PP20
14
PP22
12 PP23
10
0 50 100 150
Temps (min)
Figure (V.1): Etalement dans le temps des pâtes de ciment avec 1% du superplastifiant SPt.
60
20
18
Etalement d (cm)
16 PTw
Pw20
14
Pw22
12 Pw23
10
0 50 100 150
Temps (min)
Figure (V.2): Etalement dans le temps des pâtes de ciment avec 1% du superplastifiant Sw.
7
Maniabilité
6
Enfoncement (mm)
5
4
3
2
1
0
MT M20 M21 M22 M23
62
V.4.2 Effet des superplastifiants
La fluidité des mortiers adjuvantés avec 1% de SP est meilleure que celle des mortiers non
adjuvantés [Roncero, 2002], les valeurs du temps d’écoulement sont respectivement de 9s et 2s
pour les mortiers TP et MP23. Les mortiers avec 1% SPw à base de polycarboxyates est le plus
performant, il apporte un grand gain d’ouvrabilité. Les temps d’écoulement respectifs de Tw et
Mw23 sont de 7s et 1s.
12 11
10 9
Temps découlement (s)
8 7
6 5 5
4
4 3 3
2 2 2
2 1 1
0
500
450
400
350 Temps
début de
Temps (min)
300
prise
250
200 Temps
150 fin de
100 prise
50
0
PT P20 P21 P22 P23
Les temps de début et de fin de prise sont indiqués sur la figure (V.6). L’ajout de la pouzzolane
et du laitier, finement broyés, s’est traduit par une réduction du temps de début de prise des
ciments, comparativement au témoin. La présence de particules fines a accéléré l’hydratation des
constituants et a contribué à augmenter la rigidité de la pâte.
L’ajout de laitier se traduit par une légère augmentation du temps de prise [Laakri et al, 2014],
par rapport au mortier M20. La cinétique d’hydratation du liant devient de plus en plus lente, en
fonction de l’augmentation de la quantité du laitier. La réduction de la quantité de C3S et C2S
dans le liant se traduit par une faible quantité de cristaux de C-S-H (élément responsable du
phénomène de durcissement de la pâte) [Naceri, 2006].Ces résultats sont en accord avec la
littérature, les ciments à teneur importante en laitier ont des temps de prise plus longs que ceux
des ciments Portland [Alexander, 1988]. Cela explique les temps de fin de prise dans les
mélanges ternaires, qui sont proches du témoin.
64
V.6.1 Hydratation des pâtes de ciment conservées dans l’eau à 20°C
L’évolution de l’hydratation des pâtes a été étudiée à travers le suivi de la variation des raies des
phases principales des minéraux anhydres (C3S, βC2S et C3A) et des produits d’hydratation. La
portlandite (CH) et les silicates de calcium hydratés (C-S-H) sont les produits d’hydratation de la
phase alite. Les C-S-H de par leur structure semi-cristallisée, sont difficiles à quantifier par DRX
[Oudjit, 1986].
Les diffractogrammes X indiqués dans les figures (V.7) à (V.9), montrent la cinétique
d’hydratation du témoin, de la pâte P20 et P23 en fonction du temps.
L’hydratation du ciment correspond à la réduction des raies de ses principaux constituants
anhydres.
Dès 7 jours, on constate ainsi la présence de la portlandite, la formation d’ettringite (Et)
cristallisé et des C-S-H semi cristallisés caractérisés par les raies : 3.06 A° (220) ; 2.8A° (400) et
1.83 A° (040).
L’effet de la réaction pouzzolanique dans les pâtes avec ajouts minéraux, est mis en évidence,
par la diminution de l’intensité des pics de portlandite, et l’augmentation du halo de C-S-H
centré à la distance réticulaire de 3.06 Å.
On notera l’absence de raies de diffraction X du gypse, qui a été totalement consommé dès 7
jours, et qui a contribué à la formation de l’ettringite (C 6AŜ3H32), clairement identifiable sur tous
les diffractogrammes X.
65
Figure (V.8): Diffractogrammes X de la pâte P20 à 7, 28 et 90 jours, cure à 20°C.
66
Figure (V.10): Diffractogrammes X des pâtes à 7 jours, cure à 20°C.
Selon Thomas et al, (2009), l’effet accélérateur de l’hydratation des ajouts minéraux finement
broyés est plus lié à la présence des sites de nucléation additionnels pour la précipitation des
67
produits d’hydratation qu’à la réactivité des ces derniers avec l’hydroxyde de calcium (CH),
produit par l’hydratation du ciment. Aux mêmes échéances, les pics de C 3S et βC2S et de
portlandite diminuent dans le mélange térnaire avec l’augmentation du taux de laitier. Cela peux
être attribué à la réduction de la quantité de ciment, plutôt qu’à la reaction pouzolanique des
ajouts [Naceri, 2006]. Cette dernière joue le rôle d’activant pour le laitier.
Après 90 jours de durcissement, les phases de ciment anhydre ne se sont pas totalement
hydratées. Les pics de portlandite encore visibles dans les diffractogrammes X de la pâte P20 et
P23, indiquent que la réaction pouzzolanique des ajouts n’est pas totale.
Toutefois, les pics de portlandite sont plus faibles et la formation de C-S-H est légèrement
supérieure dans les spectres de rayon X des mélanges avec ajouts que dans ceux du témoin. Cela
est en accord avec l’aspect de la microstructure vue au MEB, figure (VII.7), qui a révélé une pâte
plus dense avec l’ajout de laitier et de pouzzolane. À long terme, les mélanges ternaires montrent
une meilleure réactivité que le mélange binaire.
68
La fixation de la portlandite est plus importante dans la pâte P23. L’augmentation de la
température de cure a permis d’améliorer la réactivité des ajouts et particulièrement le laitier.
Le halo correspondant à la formation de C-S-H est nettement plus important dans les pâtes
muries dans l’eau à 40°C à 28 jours que celle muries dans l’eau à 20°C.
Figure (V.13): Diffractogrammes X des pâtes après 28 jours de conservation dans l’eau à 40°C.
250
Quantité de chaleur [J/g]
200
150
100 MT
M20
50 M22
M23
0
0 10 20 30 40 50 60 70
Temps (heure)
14
12
MT
10 M20
Flux de chaleur (j/g.h)
M22
8
M23
6
0
0 10 20 30 40 50 60
Temps (heure)
70
L’apparition du 2ème pic dans les mortiers M22, et M23 est plus rapide comparativement à MT,
témoignant de l’accélération de l’hydratation du C 3S, néanmoins leur intensités est plus faibles
en raison de la diminution des C3S dans les mélanges.
Après qu’il ait atteint sa valeur maximale, le 2ème pic est suivi par une période de décélération,
au cours de laquelle on remarque l’apparition d’un 3 ème pic (en forme de petite bosse) dans les
courbes des mortiers avec ajouts. Ce pic est souvent lié à la transformation de l’ettringite en
monsulfoaluminate après épuisement du gypse, Ainsi qu’à la reprise de l’hydratation du C 3A.
Les réactions d’hydratation continuent en dégageant un très faible taux de chaleur.
Dans cas du mortier M20, on peut attribuer l’accélération des réactions d’hydratation et le fort
dégagement de chaleur à la grande finesse des particules de pouzzolane [Arroudj et al, 2018], qui
offrent des sites de nucléation additionnels pour la précipitation des produits d’hydratation du
ciment (effet filler) plutôt qu’à la réactivité de cette dernière avec l’hydroxyde de calcium (effet
pouzzolanique) [Thomas et al, 2006].
Par sa propriété d’hydratation latente, l’ajout de laitier a permis de réguler la cinétique
d’hydratation, tout en réduisant de moitié la quantité de chaleur dégagée [Schindler, 2003]. La
diminution du dégagement de chaleur et en grande partie lié à la réduction de la quantité de
ciment dans le mélange.
V.8 Conclusion
D’après les résultats obtenus, les conclusions suivantes peuvent être tirées:
Dans les pâtes de ciment testées au mini cône, l’emploi 1% de superplasrtifiant SPt a amélioré la
fluidité et son maintien dans le cas des mélanges avec ajout cimentaire. Le SPw augmente
légèrement l’étalement lorsqu’il est employé avec le ciment seul et le diminue pour les autres
mélanges à bases d’ajouts.
La présence de superplastifiant induit une amélioration de la consistance et une réduction de
la demande en eau dans les mélanges sans additions minérales.
Contrairement au laitier, la substitution de 20% de pouzzolane au ciment augmente faiblement la
demande en eau des mortiers non adjuvantés. Grâce à son effet lubrifiant, le laitier finement
broyé améliore la fluidité et réduit le besoin en eau dans les ciments.
Les résultats de l’essai LCPC montrent que la présence des ajouts minéraux améliorent la
fluidité des mortiers adjuvantés et non adjuvantés, particulièrement lorsqu’on augmente le taux
de remplacement du ciment par le laitier. Les temps d’écoulement des mortiers avec ajout de
SPw sont plus faibles, ce qui le rend plus performant que le SPt. Ces résultats sont
contradictoires avec ceux obtenus sur pâte de ciment. Cela indique la difficulté à développer une
71
corrélation entre les deux méthodes, sans prendre en compte d’autres paramètres, autres que la
composition de la pâte cimentaire.
La substitution du ciment par 20% de pouzzolane finement broyée a réduit le temps de prise,
et a augmenté la chaleur d’hydratation, par une accélération des réactions à très court terme.
L’ajout de laitier a permis de réguler la cinétique d’hydratation. En conséquence, l’écart dans
le temps de prise entre les ciments composés et le ciment témoin a été réduit, de même que la
quantité de chaleur dégagée.
D’après les analyses par diffraction aux rayons X à court terme, le broyage poussé des
additions (pouzzolane et laitier de haut fourneau) n’a que faiblement agi sur leur réactivité.
Cependant il a permis l’accélération de la réaction d’hydratation du ciment, en offrant de
nouveaux sites de nucléation. À long terme et les produits d’hydratation sont plus importants
dans les mélanges ternaires.
L’augmentation de la température de cure s’est traduite par une accélération des réactions
d’hydratation du ciment dans les mélanges.
72
CHAPITRE VI
Propriétés physiques et mécaniques des ciments aux ajouts
CHAPITRE VI: Propriétés physiques et mécaniques des ciments aux ajouts
VI.1 Introduction
Ce chapitre vise à étudier certaines propriétés physiques et mécaniques des ciments composés.
Pour ce faire, nous avons voulu étudier l’effet des additions finement broyées (pouzzolane et
laitier de haut fourneau) ainsi que celle des superplastifiants, sur la variation de la masse
volumique et sur le développement des résistances mécaniques à la traction et à la compression.
La série de mortiers non adjuvantés a été soumise à différentes conditions de cure afin d’évaluer
les changements de comportement que cela peut engendrer.
D’après Landis (1995), la propagation des ultrasons est directement liée aux propriétés
mécaniques du matériau (la vitesse permet de remonter à la masse volumique, aux modules de
compression et de cisaillement), tandis que l'atténuation de vitesse est liée à la porosité, et à la
fissuration du matériau. Cette méthode sera donc employée comme moyen de contrôle des
propriétés physiques et mécaniques obtenues par les essais précédents.
2,30
2,25
2,20
2,15
2,10
2,05
2,00
Figue (VI.1): Masse volumique des mortiers à l’état frais et à l’état durci.
73
VI.2.1 Masse volumique des mortiers (cure dans l’eau à 20°C)
Les masses volumiques sont légèrement plus élevées à l’état durci comparativement à l’état frais
et ce indépendamment des mélanges testés. La masse volumique des mortiers à base de
superplastifiant sont plus denses relativement à ceux non adjuvantés.
La masse volumique des mortiers avec ajouts est légèrement supérieure à celle du mortier
témoin et varie proportionnellement avec la quantité d’ajout, on peut attribuer cela au rôle filler
(remplissage) des additions minérales finement broyées [Yahia et al, 2005; Laakri et al, 2012]
qui contribue à améliorer la densité de la pâte par un empilement plus compacte des grains
solide.
La masse volumique du mortier M22 augmente rapidement et dépasse celle des autres
mortiers, y compris le mortier témoin.
75
70
50
40
MT
30 M20
20 M21
M22
10
M23
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps en jours
70
Résistance à la compression (MPa)
60
50
MT
40 M20°
30 M22°
20 M23°
10
0
0 20 40 60 80 100
Temps en jours
Figure (VI.3): Résistance à la compression des mortiers non adjuvantés muris dans l’eau à 40°C.
76
À 90 jours dans l’eau à 40°C on observe, outre le témoin MT qui est mûri dans l’eau à 20°C,
une chute des résistances de tous les mortiers. Les valeurs de résistance de M20°, M22° et M23°
sont respectivement de 8, 35 et 40% en dessous des résistances de mêmes mortiers à 20°C. Une
élévation de température durant les premiers stades de l’hydratation développe la résistance mais
a des conséquences néfastes sur les propriétés à long terme [Ezziane, 2007; Bougara et al, 2009].
VI.3.1.3 Effets des superplastifiants sur les résistances à la compression des mortiers:
a) Effet du superplastifiant (SPt)
D’après la figure (VI.4), l’ajout de 1% de SPt a permis l’amélioration des résistances à la
compression de tous les mortiers à court terme. Ce qui est en accord avec les résultats de la
mesure de la masse volumique. Cette amélioration est proportionnelle au pourcentage d’ajout.
On note une augmentation des résistances des mortiers MP20, MP22, MP23, respectivement de
40, 43, et 70% à 7 jours comparativement aux mêmes mélange non adjuvantés. Il est bien établi
que l'utilisation de superplastifiant permet un gain de résistances mécaniques du fait de la
réduction d’eau [Henning, 1982], le rapport E/L passe de 0.48 à 0.43 suite à l’emploi des
superplastifiants. À 28 jours, l’évolution des résistances est rapide pour tous les mélanges,
particulièrement pour le mortier M20 qui présente des résistances comparables au témoin TP, et
dépasse celle du témoin non adjuvanté de 14%.
À long terme, les résistances du témoin adjuvanté et non-adjuvanté ont tendance à se
rapprocher, alors que celle du mortier MP20 tend à se stabiliser. L’augmentation du taux de
remplacement en laitier a un effet négatif sur les résistances en compressions en présence du SPt.
70
Résistance à la compression (MPa)
60
50
40
MT
30 TP
20 MP20
MP22
10
MP23
0
0 20 40 60 80 100
Temps en jours
77
À 90 jours, on note pour le mortier MP23 une chute de résistance comparativement à sa
résistance à 28 jours et une baisse de 11% par rapport à la résistance en compression du mortier
M23. Cet effet est probablement dû à l’augmentation du taux d’alumine dans le mélange.
70
Résistance à la compression (MPa)
60
50
40 MT
30 Tw
20 Mw20
Mw22
10
Mw23
0
0 20 40 60 80 100
Temps en jours
Les valeurs des résistances des mortiers sont comparables au mortier MT à 28 jours,
indépendamment de la nature ou du taux de remplacement de l’ajout.
Au delà de 28 jours, les courbes des résistances à la compression ont une allure croissante,
pour tous les mortiers avec 1% de SPw, mis à part celle du mortier Mw20 qui tendent à se
stabiliser rapidement dans le temps. Cela est probablement dû à une incompatibilité du
superplastifiant avec le mélange, mise en évidence par l’essai d’affaissement au mini cône. À 90
jours, les Mw22 et Mw23 atteignent des résistances proches de celle du mortier témoin non
adjuvanté MT.
78
VI.3.2 Résistances mécaniques des mortiers à la traction par flexion
VI.3.2.1 Effet des ajouts minéraux sur les résistances à la traction: L’évolution des
résistances à la traction des mortiers non adjuvantés muris dans l’eau à 20°C est présentée à la
figure (VI.6).
À 7 et 28 jours, l’incorporation des ajouts réduit légèrement les résistances des mortiers. La
diminution de la résistance est proportionnelle au taux de substitution.
À 90 jours, les résistances s’améliorent, les mortiers M20 et M21 donnent des résistances
comparables au témoin. Le mortier M23 donne les plus faibles résistances alors que le mortier
M22 dépasse même le mortier témoin. À long terme, les mortiers M20, M21et M23 développent
des résistances très proches. Le mortier M22 semble être le mélange optimal, sa résistance est
comparable à celle du témoin à 365 jours.
La composition avec 20% de pouzzolane et 20% de laitier, en remplacement du ciment, donne
les meilleurs résultats en traction.
10
Resistance à la traction (MPa)
MT
6
M20
M21
4
M22
2 M23
0
0 100 200 300 400
Temps en Jours
8
Résistance à la traction (MPa)
7
6
MT
5
TP
4
MP20
3
MP22
2
MP23
1
0
0 20 40 60 80 100
Temps en jours
8
Résistance à la traction (MPa)
7
6
MT
5
Tw
4 Mw20
3 Mw22
2 Mw23
1
0
0 20 40 60 80 100
Temps en jours
La résistance du mortier avec 20% de pouzzolane est nettement améliorée, elle est comparable
aux résistances des témoins (MT et Tw) dans le temps. A long terme, les résistances des mortiers
ternaires dépassent ceux des témoins et du mortier Mw20. Les résistances augmentent avec le
taux de remplacement des ajouts. On note une amélioration respective de 10% et de 19% pour le
mortier M22 et M23 par rapport au témoin.
81
7Js 28Js 90Js
5000
4500
La figure (VI.10) donne les vitesses de propagation du son dans les différents mélanges. Les
vitesses de propagation des ultrasons obtenues à 7 et 28 jours, sur les mortiers ternaires M22 et
M23, sont plus faibles que celles obtenues sur MT. À long terme, la vitesse du mortier M23
augmente sensiblement pour atteindre celle du témoin MT.
Les mortiers adjuvantés, montrent une amélioration de la vitesse des ultrasons dans le temps,
particulièrement pour le SPt.
Le mortier avec ajout de 20% de pouzzolane en remplacement du ciment, donne les meilleurs
résultats pour les mélanges. La vitesse mesurée dépasse celle du témoin MT aux différentes
échéances.
La vitesse de la plupart des mortiers est supérieure à 4000 m/s à 28 jours ce qui permet de les
classer comme étant de bonne qualité [Solis-Carcano, 2008].
Bien que les mortiers MT°, M20°, M23°, immergés dans l’eau à 40°C, donnent des valeurs
comparables aux mortiers adjuvantés à moyen terme les valeurs des vitesses, à 90 jours, chutent
indépendamment de la composition du mortier. Les valeurs diminuent de 6.8, 6.9 et 8 %
respectivement pour les mortiers MT°, M20°, M23°. Cela est un signe d’une baisse de la qualité
du béton, car l’atténuation des vitesses est souvent liée à la porosité, aux fissurations, ou encore à
un degré d'hétérogénéité élevé du matériau [Landis, 1995]. Plus le matériau est dense plus la
vitesse de propagation du son est élevée.
MT M20 M22,M23
70 y = 0,0488x - 145,46
Résistance à la compression (MPa)
R² = 0,8624
60
50
40
30
y = 0,0353x - 91,745
20 y = 0,0386x - 115,02
R² = 0,7163
10 R² = 0,7148
0
2500 3000 3500 4000 4500
VI.5 Conclusion
Les résultats des essais effectués sur mortiers avec et sans adjuvants permettent de dire que :
L’incorporation des additions fines augmente la masse volumique des mortiers par une
densification du mélange à l’état frais et durci.
Le broyage très poussé des ajouts n’a pas donné l’effet escompté sur les résistances
mécaniques à court terme.
A long terme les résistances mécaniques augmentent dans les ciments aux ajouts, par la
formation de C-S-H supplémentaires, issus de la réaction pouzzolanique. Les résultats donnent le
mortier M22 comme optimum pour les mortiers immergés dans l’eau à 20°C.
83
L’augmentation de la température de cure a été bénéfique pour tous les mélanges, à court et
moyen terme, l’amélioration de la masse volumique et des résistances mécaniques des mortiers
avec ajouts est significative, comparativement au mortier immergé dans l’eau à 20°C. Le mortier
M20° donne les meilleures résistances mécaniques avec une augmentation de 29% de la
résistance en compression à 7 jours comparativement au résultat obtenu avec une cure à 20°C.
La résistance du mortier M23° est améliorée de 17.5% à 7 jours par rapport au mortier M23.
Une cure thermique prolongée à réduit les performances physiques et mécaniques du
matériau. Une bonne estimation de la température et de la durée de la cure est importante, afin
d’éviter tout effet indésirable. Dans le cas échéant, le temps de cure à 40°C ne doit pas excéder
les 7 jours.
Pour chaque type de superplastifiant, le comportement mécanique des mortiers diffère, de
même que sur le comportement rhéologique des pâtes cimentaires.
Le superplastifiant SPt améliore les résistances mécaniques et la masse volumique des
mélanges avec ajouts et donne les meilleurs résultats dans le cas du mortier avec ajout de
pouzzolane seule. Cependant une chute de résistance est observée à long terme, lorsque le taux
de laitier augmente, traduisant une incompatibilité du superplastifiant avec le mélange.
Avec l’incorporation du SPw, les résistances mécaniques sont meilleurs que celles des
compositions sans adjuvant. Les meilleurs résultats sont obtenus dans le cas des mélanges
ternaires, en particulier pour le mortier M23.
Tout comme l’effet sur la rhéologie, les résistances mécaniques en présence de
superplastifiant semblent dépendre de l’affinité entre les ajouts et le superplastifiant [Kara,
2002].
Bien que l’évolution des vitesses des ultrasons semble proche de celle de la variation des
résistances mécaniques en compression, la tentative de développement de corrélation entre les
deux paramètres est peu concluante.
84
CHAPITRE VII
Variation volumétrique et microstructure
CHAPITRE VII: Variation volumétrique et microstructure
VII.1 Introduction
Les ajouts cimentaires, ainsi que le changement de milieu de conservation, entrainent des
modifications dans les propriétés physico-chimiques et mécaniques des bétons et mortiers. Ayant
abordé les résistances mécaniques et l’hydratation dans les chapitres précédents, Il semble
pertinent qu’il en soit de même pour les variations volumétriques.
La prédiction de ces déformations présente une grande importance pour l’étude de la
durabilité et de l’aptitude au fonctionnement à long terme des structures [Acker, 1988]. Ce
chapitre sera donc consacré à l’étude du retrait, du gonflement ainsi qu’à la variation de la masse
des mortiers aux ajouts de laitier et de pouzzolane. L’observation du développement de la
microstructure des mélanges (nature des hydrates, porosité, fissuration) est obtenue à l’aide du
Microscope Electronique à Balayage.
85
-900
-800
-700
-600
Retrait (μm/m)
MT
-500
-400 M20
-300 M21
-200 M22
-100 M23
0
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps (jours)
-8
-7
Perte de masse (%)
-6
MT
-5
M20
-4
-3 M23
-2 M21
-1 M22
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
Temps (jours)
340
290
Gonflement (μm/m)
240
MT
190 M20
140 M21
M22
90 M23
40
-10
0 100 200 300 400 500
Temps (jours)
Les résultats de la DRX et de la calorimétrie ont montré une accélération des réactions
d’hydratations du ciment en présence des fines particules de la pouzzolane. Lorsque le taux de
87
laitier dans les mélanges augmente, le gonflement a tendance à être réduit. En accord avec la
littérature, le laitier permet de contrôler le gonflement [Ramlochan et al, 2003; Laakri et al,
2014; Deboucha et al, 2018].
L’évolution de l’expansion dans les mélanges est moins rapide après un mois de cure. Les
courbes du mortier MT, M20 et M22 tendent à se stabiliser à long terme, alors que celles des
mortiers M21 et M23 continuent d’augmenter.
Après plus d’un an et demi de cure, les valeurs de l’expansion dans les mortiers restent
faibles. On note moins de 300 μm/m pour le mortier M20 et de 120 μm/m pour le mortier
témoin.
Le mélange M22 donne les plus faibles valeurs du gonflement dans le temps. Cela peut
expliquer, en partie, les bonnes performances mécaniques données par ce mélange.
VII.3.1.1 Variation de la masse des mortiers conservés dans l’eau à 20°C: Les courbes de
l’absorption augmentent rapidement pour l’ensemble des mortiers à court terme. Après 28 jours
de cure, la vitesse d’absorption est plus faible, surtout dans le mortier M20. A de plus longues
échéances, les courbes des mortiers M20, M10 et M22 augmentent et tendent à se rapprocher de
la courbe du témoin, alors que celle du mortier M23 se stabilise rapidement. Le témoin donne les
plus grandes valeurs de l’absorption dans le temps (le maximum est de 1.3%) et les plus faibles
sont celles du mortier M23 avec un maximum de 1%. Cela est dû à la présence d’une porosité
plus importante, observée au MEB dans le témoin, comparativement aux autres mortiers, Ainsi,
l’eau est facilement absorbée par le matériau [Alrifai et al, 2008].
1,4
1,2
1,0
Absorption (%)
0,8
MT
0,6 M20
0,4 M21
M22
0,2
M23
0,0
0 100 200 300 400 500
Temps (jours)
88
VII.3.2 Gonflement des mortiers à 40°C
La figure (VII.5) donne les courbes du gonflement des mortiers immergés dans une eau à 40°C.
A court et moyen terme, les courbes du gonflement augmentent rapidement dans le temps.
Le mortier témoin présente une allure similaire à celle de M22, mais supérieure aux autres
mortiers.
400
350
Gonflement (μm/m)
300
250 MT°
200 M20°
150 M22°
100
M23°
50
0
0 50 100 150
Temps (jours)
Un certain ralentissement du gonflement est observé, marqué par l’apparition d’un palier entre
10 et 28 jours. Puis les courbes continuent d’augmenter rapidement, particulièrement pour les
mortiers aux ajouts cimentaires.
Cette deuxième phase d’accélération coïncide avec l’accélération de la réaction
pouzzolanique, sous l’effet de l’augmentation de la température (confirmée par DRX). Les
valeurs du gonflement augmentent rapidement et dépassent celles du mortier témoin.
L’effet de l’élévation de la température de cure sur le gonflement des mortiers est significatif
après 28 jours de cure. Les valeurs de l’expansion du M22 sont proches de celles du témoin, qui
atteint 150 μm/m à 28 jours, alors qu’elle n’est que de 40 μm/m lorsqu’il est muri dans l’eau à
20°C.
Le comportement des mortiers M20 et M23 aux ajouts pouzzolaniques, vis-à-vis du
gonflement, est totalement modifié lorsque la température de cure change. Lorsqu’il est muri à
20°C, le mortier M23 donne un gonflement plus faible que celui du mortier avec ajout de
pouzzolane seule. À 40°C, la tendance est inversée et les valeurs du gonflement de M20 et M23
sont supérieures au témoin. Ce changement peut être lié à la formation d’hydrates massifs,
retrouvés à l’intérieur des vides [Guillon, 2004; Mitani, 2004; Ramlochan et al, 2004; Martínez-
Ramírez, 2009].
89
VII.3.2.1 Variation de la masse des mortiers conservés dans l’eau à 40°C : Les courbes de
l’absorption des mortiers à 40°C évoluent rapidement aux premiers jours de l’hydratation. Elles
tendent à se stabiliser après 28 Jours, pour entamer un léger accroissement après deux mois de
cure. Le mortier M20° donne les plus grandes valeurs, alors que l’augmentation du taux de laitier
à tendance à réduire l’absorption. La variation de masse des mortiers M23 et MT présente une
allure similaire.
3,0
2,5
Absorption (μm/m)
2,0
1,5
MT°
1,0 M20°
M22°
0,5
M23°
0,0
0 50 100 150
Temps (jours)
90
Les fractures montrées par la figure (VII.7) sont celles des échantillons de pâte muris dans
l’eau à 20°C. Le témoin en (A) présente un nombre important de pores. Les pâtes de ciment
binaire et ternaire en (B) et (C) semblent plus compactes.
Bien que les particules fines d’une addition minérale soient moins réactives que les grains de
ciment, elles génèrent une multitude de sites de nucléation pour la précipitation des hydrates. La
pâte devient plus homogène et plus dense avec des pores plus fins [Shi et al, 1998].
91
La structure des micropores est modifiée à 90 jours. La formation de produits d’hydratations
visible à l’intérieur de la porosité comble les interstices, voir la figure (VII.7) à droite ((1) C-S-H
secondaire; (2) grain de Hadley remplis d’ettringite dans la pâte P23). La présence des silicates
de calcium hydratés, issue de la réaction pouzzolanique, semble plus importante dans les pâtes
avec ajouts minéraux, ce qui est confirmé par la DRX.
Comme le montre la figure (VII.7), le nombre de vides laissé par les bulles d’air est plus
important dans les pâtes M20 car la pouzzolane à tendance à augmenter la teneur en air occlus
[Belas et al, 2003]. Alors que dans la pâte P23, il n’y a presque pas de trace de bulle d’air.
4
4 1
1
3
4
4 1
1
(H) P23° à 28 jours. (J) P23° à 28 jours.
Figure (VII.8): Images MEB des fractures des pâtes P20° et P23° à 28 jours, en 1 (C-S-H); 2
Ettringite; 3 Portlandite; 4 grain de ciment non hydraté.
92
La porosité semble différente de celle des échantillons muris sous conditions standard. Les
dimensions des pores semblent plus faibles, probablement par la formation d’hydrates qui
remplissent les vides.
La figure (VIII. 8) en (G et H) illustre respectivement les fractures des pâtes P20° et P23°. On
note la présence de grains de ciment non hydratés et partiellement hydratés (4). Lors d’un
échauffement trop long l’épaisseur de la couche de C-S-H autour des grains anhydres augmente
et devient plus dense. Cela peut stopper en grande partie l’hydratation ultérieure de ces grains de
ciment [Brunetaud, 2005]. Sur la figure (VIII.8), (I), on remarque la formation de C-S-H de type
II (de forme alvéolaire), de fines aiguilles d’ettringite et de microfissures traversant le vide laissé
par une bulle d’air, dans l’échantillon de la pâte P20°. La figure (VIII.8), (J) montre de larges
plaquettes de portlandite qui se sont formées à l’intérieur des pores de la pâte P23° à 28 jours.
VII.5 Conclusion
- Cas des mélanges muris dans l’eau à 20°C
Le mortier M20 donne les valeurs les plus élevées du retrait. La présence du laitier comme ajout
ternaire est bénéfique pour les mélanges. Il permet de réduire d’avantage le retrait pour une
meilleure durabilité du matériau.
A court terme, la perte de masse est plus importante pour les mélanges avec ajouts,
comparativement au témoin. La porosité ouverte formée est plus importante dans les mortiers à
fort taux de laitier à court terme. A moyen et long terme, la perte de masse limité par l’effet
d’une densification de la matrice cimentaire, suite à la formation de C-S-H supplémentaire.
L’expansion du mortier binaire M20 est deux fois plus importante que celle du mortier témoin
à 28 jours. L’introduction du laitier permet de contrôler le gonflement. Après un mois de cure,
l’expansion est moins rapide, puis tend à se stabiliser à long terme pour tous les mélanges. Les
hydrates formés et la porosité de la matrice cimentaire change en fonction de la composition du
mélange. L’addition minérale augmente la compacité des mélanges à moyen et long terme. La
porosité liée à l’air occlus diminue par addition de laitier.
- Cas des mélanges muris dans l’eau à 40°C
L’élévation de la température de cure engendre un gonflement plus important dans les mortiers.
Le gonflement, dans les mortiers aux ajouts, dépassent celui du mortier témoin, entre 25 et 28
jours. Ce qui coïncide avec l’accélération de la réaction pouzzolanique par activation thermique
observé par DRX. L’augmentation de la température de cure semble avoir modifié la distribution
et les dimensions des pores. On note la présence de grains de ciment non hydratés et de
microfissure à 90 jours, ce qui peut être à l’origine de la baisse des résistances mécaniques à long
terme.
93
CONCLUSION GENERALE
L’étude des propriétés des ciments binaire et ternaire, à base de laitier de haut fourneau et de
pouzzolane naturelle de Béni Saf, est une contribution au développement de nouveaux produits
locaux, écologiques et de bonnes qualités.
Les résultats des essais, sur l’ensemble des pâtes de ciment et mortiers à l’état frais et durci,
permettent de tirer les conclusions suivantes :
En termes de maniabilité, l’essai au mini cône, a montré que l’emploi 1% de superplasrtifiant SPt
a amélioré la fluidité et son maintien dans le temps. Le SPw augmente légèrement l’étalement
lorsqu’il est employé avec le ciment seul, et le diminue pour les autres mélanges.
Les résultats de l’essai au maniabilimètre LCPC montrent que la présence des ajouts
minéraux améliorent la fluidité, particulièrement lorsqu’on augmente le taux de remplacement
du ciment par le laitier.
La substitution du ciment par 20% de pouzzolane augmente légèrement la demande en eau
des mortiers non adjuvantés. Le laitier améliore la fluidité et réduit le besoin en eau dans les
ciments.
Dans les mortiers adjuvantés, les temps d’écoulement en présence du SPw sont plus faibles
que ceux des mortiers avec SPt. Ces résultats sont contradictoires avec ceux obtenus avec l’essai
au mini cône, sur pâte de ciment. Cela indique la difficulté à développer une corrélation entre les
deux méthodes, lorsque d’autres paramètres changent, tels que le rapport E/L ou l’emploi de
granulats.
La substitution du ciment par 20% de pouzzolane finement broyée a réduit le temps de prise, et a
augmenté la chaleur d’hydratation, par une accélération des réactions à très court terme.
L’ajout de laitier, aux propriétés latentes, a permis de réguler la cinétique d’hydratation, qui a
été augmentée par la présence de la pouzzolane finement broyée. En conséquence, l’écart du
temps de prise entre le mélange binaire et le témoin a été réduit, de même que la quantité de
chaleur dégagée.
D’après les analyses par diffraction aux rayons X à court terme, le broyage poussé des
additions (pouzzolane et laitier de haut fourneau) n’a que faiblement agi sur leur réactivité.
Cependant, il a permis l’accélération de la réaction d’hydratation du ciment, en offrant de
nouveaux sites de nucléation. À long terme, les produits d’hydratation sont plus importants dans
les mélanges ternaires.
L’augmentation de la température de cure s’est traduite par une accélération des réactions
d’hydratation du ciment dans les mélanges.
94
L’incorporation des additions fines augmente la masse volumique des mortiers par une
densification du mélange à l’état frais et durci, par effet filler.
Le broyage très poussé des ajouts, qui permet d’augmenter la réactivité des aditions
minérales, n’a pas donné l’effet escompté pour l’amélioration des résistances mécaniques à court
terme.
À long terme, les résistances mécaniques augmentent dans les ciments aux ajouts, suite à la
formation de C-S-H supplémentaires, issus de la réaction pouzzolanique. Le mortier M22 est le
mélange optimum pour les mortiers immergés dans l’eau à 20°C.
L’augmentation de la température de cure a été bénéfique pour tous les mélanges. À court et
moyen terme, l’amélioration de la masse volumique et des résistances mécaniques des mortiers
avec ajouts est significative. La résistance en compression du mélange M23 est améliorée de
17.5% à 7 jours. Le mortier M20° donne les meilleures résistances mécaniques à 7 et 28 jours,
avec une amélioration de 29% à 7 jours.
À long terme, les performances mécaniques des mortiers sont réduites considérablement.
Pour cela, une bonne estimation de la température et de la durée de la cure est importante, afin
d’éviter tout effet indésirable. Dans le cas échéant, le temps de cure à 40°C ne doit pas excéder 7
jours.
L’addition de superplastifiants a été très bénéfique pour les propriétés physiques et
mécaniques des mélanges à court terme, par leur effet dispersant, et à long terme, par leur effet
réducteur d’eau.
- Le superplastifiant SPt améliore les résistances mécaniques et la masse volumique des
mélanges avec ajouts donne les meilleurs résultats dans le cas du mortier avec ajout de
pouzzolane seule.
- Le superplastifiant SPw, est moins performant, particulièrement pour le mélange ternaire
avec 30% de laitier. Néanmoins, ils restent meilleurs que ceux obtenus avec les compositions
sans adjuvant. L’effet bénéfique du superplastifiant sur les propriétés physiques et mécaniques
dépend de l’affinité entre ajouts et superplastifiant et du taux employé.
Pour pallier au problème lié aux chutes des résistances mécaniques, à court terme, l’emploi du
superplastifiant, approprié, semble être le moyen le plus pratique et le plus efficace. Si les
conditions de l’échauffement sont optimisées, la cure thermique peut représenter une solution
très satisfaisant, néanmoins plus énergivore.
La méthode non destructive (essais par ultrason) est un bon moyen pour évaluer le
comportement mécanique et détecter l’endommagement.
95
Pour plus de précision dans l’évaluation du comportement mécanique à l’aide de l’essai par
ultrason, certains paramètres doivent être pris en considération, tels que l’humidité, l’âge de
l’échantillon et la présence de superplastifiant.
Le suivi des variations volumétriques, dans le cas des mortiers muris dans l’eau à 20°C, montre
que le mortier M20 donne les valeurs les plus élevées du retrait. La présence du laitier comme
ajout ternaire est bénéfique pour les mélanges. Il permet de réduire d’avantage le retrait pour une
meilleure durabilité du matériau.
À court terme, la perte de masse est plus importante pour les mélanges avec ajouts,
comparativement au témoin. La porosité ouverte formée est plus importante dans les mortiers à
fort taux de laitier à court terme. À long terme, la perte de masse est compensée par l’effet d’une
densification de la matrice cimentaire, suite à la formation de C-S-H supplémentaire.
L’expansion du mortier binaire M20 est deux fois plus importante que celle du mortier témoin
à 28 jours. L’introduction du laitier a tendance à réduire le gonflement. Dans les mélanges
ternaires, il permet de contrôler le gonflement. Après un mois de cure, l’expansion est moins
rapide, puis tend à se stabiliser à long terme pour tous les mélanges.
Les hydrates formés et la porosité de la matrice cimentaire change en fonction de la
composition du mélange. Les additions minérales semblent augmenter la compacité des
mélanges à moyen et long terme. La porosité liée à l’air occlus diminue par addition de laitier.
Dans le cas des mortiers muris dans l’eau à 40°C, L’élévation de la température de cure engendre
un gonflement plus important dans les mortiers. Le gonflement, dans les mortiers aux ajouts,
dépassent celui du mortier témoin, entre 25 et 28 jours. Ceci coïncide avec l’accélération de la
réaction d’hydratation, par activation thermique observée par DRX.
L’augmentation de la température de cure a induit une plus grande compacité de la matrice
grâce à l’accélération des réactions d’hydratation. On note la présence d’hydrates (ettringite et
portlandite) et de microfissures à l’intérieur des vides ainsi que des grains de ciment non
hydratés. Cela peut être la cause du gonflement et de la baisse des résistances mécaniques à long
terme.
RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
Les résultats positifs, en termes de rhéologie et de résistance, obtenus sur le mélange ternaire
M22, incitent à effectuer des essais supplémentaires, pour déterminer la combinaison optimale,
qui permettra de satisfaire au mieux tous les critères de résistances et de durabilité.
Des essais de porosimètrie à différentes échéances seront utiles pour une meilleure
compréhension des comportements physico chimiques et mécaniques des ciments.
96
Pour une évaluation plus large des performances des ciments composés, l’exploration de
certains aspects de la durabilité, tels que la résistance aux attaques chimiques et aux variations de
température est recommandée.
L’incorporation de superplastifiant adéquat ou encore le traitement thermique, peuvent être
une alternative au broyage poussé des ajouts, dans le but d’améliorer les propriétés des ciments
aux ajouts, en particulier les résistances mécanique à court terme. Des essais supplémentaires
permettront de mieux définir les modes et les conditions d’emploi de ces méthodes.
97
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ANNEXES
Tableau (A.2) : Qualité du béton et vitesse de propagation des impulsions [Solis-Carcano, 2008].
Classement qualitatif Vitesse de propagation des impulsions (m/s).
Excellente supérieure à 4575
Bonne 3660 - 4575
Douteuse 3050 - 3660
Mauvaise 2135 - 3050
Très mauvaise inférieure à 2135
Figure (A.5): Evaporateur par pulvérisation cathodique pour la métallisation des échantillons de l’essai au
MEB.