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Par
Jean-Baptiste CHAMPENOIS
Version Provisoire
JURY
Laboratoire de Physico-Chimie des matériaux Cimentaires, Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives
30200 BAGNOLS SUR CEZE
Laboratoire d’Etude du Comportement des Bétons et des Argiles, Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies
Alternatives
91191 GIF SUR YVETTE
Abstract
In the primary circuit of pressurized water reactors, boron helps controlling the fission reactions. The treatment
of this solution produces aqueous low-level or intermediate-level and short lived radioactive with a high boron
concentration (up to 1 to 3 mol/L). Stabilization/solidification of such wastes with calcium silicate cement is
complicated by the strong retarding effect of borate ions on cement hydration. A calcium hydroxide addition is
required to precipitate borate ions into hexahydroborite. With this approach, the hydration delay is limited, but
not suppressed. Besides, hexahydroborite is unstable in the cement paste and is progressively converted into a
hydrated calcium boroaluminate phase. Another strategy may consist in using belite calcium sulfoaluminate
cement with high ye’elimite content. During hydration, this binder forms indeed large amounts of AFm and/or
AFt phases which can incorporate borate ions into their structure.
In this work, hydration of calcium sulfoaluminate cement by borated solutions was investigated at early age, and
over a 2-year period, in order to determine the influence of a set of parameters (boron concentration and pH of
the waste, gypsum content of the cement) on the hydration rate of the binder, on the phase assemblage formed,
and on the properties of the resulting material (mechanical strength, volume change). An analytical approach was
adopted, based on a progressive increase in the complexity of the investigated systems. The focus was
successively placed on the speciation of boron in alkaline solution, on the study of the phases formed within the
{CaO, B2O3, Na2O, H2O}, {CaO, B2O3, Al2O3, H2O} and {CaO, Al2O3, B2O3, SO3, H2O} systems, and on the
characterization of cement pastes prepared with a borate solution which mimicked the waste. The experimental
approach was completed by thermodynamic modelling using a database specially developed for the needs of the
study.
Gypsum appears to play a key role in controlling the reactivity of cement. The gypsum addition sets, by an
indirect mechanism, the interstitial solution pH at a value close to 11, which promotes the precipitation of a
poorly crystallized borated compound, ulexite. Dissolution of the anhydrous phases is strongly slowed down
until the exhaustion of gypsum, and major delays are observed. Without any gypsum, the hydration delay is
shorter. Under these conditions, the pore solution pH reaches higher values after mixing. Ulexite is consequently
quickly destabilized.
Borate anions are then incorporated into a mixed borate/sulphate AFt type phase. It appears that calcium
sulfoaluminate cements with low gypsum contents should be recommended to solidify borated solutions.
Ces travaux de thèse ont été réalisés au Laboratoire de Physico-Chimie des matériaux
Cimentaires (LP2C) du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives de
Marcoule, en collaboration avec le Département de Génie Civil et Environnemental (DGCE)
de l’Ecole des Mines de Douai, le Laboratoire d’Etude du Comportement des Bétons et des
Argiles (LECBA) du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives de
Saclay et EDF.
Tout d’abord, je tiens à remercier les membres du jury de thèse qui m’ont fait
l’honneur de juger ce travail.
Ces trois années ont été très enrichissantes, tant du point de vue professionnel que
personnel, et de nombreuses personnes ont contribué à l’aboutissement de ce travail.
Je souhaite remercier ensuite les membres ou anciens membres du LP2C, pour
m’avoir permis de réaliser ces travaux de thèse : Florence Bart, Fabien Frizon, Christophe
Joussot-Dubien, Anne Ponge, Véronique Labed, David Lambertin, Véronique Pauchon,
Stéphane Berger, qui m’a transmis un grand nombre de connaissances et de compétences au
début de ma thèse, Adrien Blachère, Jennifer Sanchez-Cannet, David Chartier.
Merci aussi à Denis Damidot et à Patrick Le Bescop pour l’ensemble de nos
discussions, pour leurs conseils et éclaircissements, mais aussi pour m’avoir accueilli au sein
de leur laboratoire respectif.
Je remercie tout particulièrement ma « Directrice de Thèse ». Il est évident que ce
seul statut est bien trop limitant pour exprimer ma reconnaissance envers Céline. Je
n’oublierai effectivement pas l’énorme soutien de Céline avant même le début de ma thèse.
Après quelques semaines de bilbio et un début de thèse quelque peu mouvementé, l’échange
s’est très rapidement installé, ce qui n’aurait pas été possible sans la grande disponibilité de
Céline, ni sans sa grande ouverture d’esprit. Cette disponibilité, malgré un emploi du temps
très chargé, est restée constante au cours de ces trois années, tout comme cette ouverture
d’esprit, on ne plus marquée quelques vendredi après-midi d’été, et d’hiver aussi… Céline,
grâce à ses connaissances, ses compétences mais aussi à son écoute, sa confiance et sa
patience, a fortement contribué à l’ensemble de ce travail. Je me souviens tout aussi bien de
longues et tardives discussions, que de mes irruptions intempestives en cours de journée pour
partager des idées rarement révolutionnaires au final. « Céline, une fois de plus, merci pour
tout, et à très bientôt, je n’en doute pas ».
Je tiens aussi à remercier Pascal Antonnuci et Adrien Gérenton pour m’avoir
régulièrement prêté main forte au laboratoire, mais aussi pour la bonne ambiance et les
échanges devenus bien plus amicaux que professionnels. Je pense que danser dans les labos
tout en chantant la Merguez Party me manquera à l’avenir : « On aura peut-être pas marché
sur la lune, mais aura bien rigolé ! »
Merci aussi à Arnaud, Johann et Adel. Ce fut un réel plaisir de faire votre
connaissance puis de travailler ensemble, mais c’était encore plus agréable de partager un bon
p’tit gros verre en terrasse, ou encore mieux, de se retrouver autour d’un bon barbeuc et d’une
grosse côte de bœuf, ou encore mieux, dans une auberge à Morteau devant une bonne saucisse
de Morteau…
Je garderai aussi un excellent souvenir de l’ensemble des moments passés avec mes
collègues thésards et post-docs : Cédric, Kevin, Benji, Matthieu, Abde, Seif et bien entendu
Emilie, à qui je souhaite bon courage pour sa fin de thèse.
Plus personnellement, je tiens à remercier toute ma famille et aussi tous mes amis de
longues dates qui m’ont toujours soutenu et qui ont toujours, ou presque (!), cru en moi.
Enfin, je souhaite dédier à Prune ces quelques dernières lignes. Voici quelques années
que nous partageons notre vie. Tu sais au quotidien m’épauler, m’écouter, me soutenir mais
aussi me guider dans mes choix. Certaines épreuves sont plus ou moins difficiles à passer,
mais tout ceci n’est que le début d’une belle aventure, avec surtout de grands moments de
bonheur en perspective.
A la Mémoire de Ma Grand-Mère
A Ma Mère et à Ma Soeur
TABLE DES MATIERES
NOTATIONS ....................................................................................................... v
LISTE DES FIGURES...................................................................................... vii
LISTE DES TABLEAUX ................................................................................. xv
INTRODUCTION ............................................................................................... 1
i
TABLE DES MATIERES
1. LES PHASES DE TYPE AFT ET DE TYPE AFM, PRINCIPAUX HYDRATES DES CIMENTS
SULFOALUMINEUX .......................................................................................................... 116
1.1. Présentation de l’ettringite et des phases de type AFt boratées........................................... 116
1.2. Présentation du monosulfoaluminate et des phases de type AFm boratées......................... 120
1.3. Assemblage minéralogique dans le système CaO-Al2O3-B2O3-H2O .................................. 123
2. SYNTHESE ET CARACTERISATION D’HYDRATES CIMENTAIRES BORATES ......................... 126
2.1. Synthèse de la boro-AFt et de la boro-AFm ....................................................................... 126
2.2. Caractérisation de la boro-AFt ............................................................................................ 126
2.3. Caractérisation de la boro-AFm .......................................................................................... 132
2.4. Simulation des synthèses de la boro-AFt et de la boro-AFm .............................................. 137
3. COMPORTEMENT DE LA BORO-AFT EN MILIEU SULFATE................................................. 142
4. CONCLUSION .................................................................................................................. 145
ii
TABLE DES MATIERES
iii
TABLE DES MATIERES
1.4. Influence de la composition de la solution d’hydratation sur la vitesse d’hydratation ....... 226
1.5. Origine du retard à l’hydratation ......................................................................................... 227
2. PERSPECTIVES ................................................................................................................ 228
2.1. Perspectives relatives à l’étude des systèmes simplifiés ..................................................... 228
2.2. Perspectives relatives à l’étude de l’hydratation en présence d’ions borate ........................ 228
2.3. Perspectives liées au conditionnement de déchets boratés .................................................. 229
ANNEXES ............................................................................................................. I
iv
NOTATIONS
Notationscimentières
A Al2O3 K K2O
B B2O3 L Li2O
C CaO N Na2O
CO2 S SiO2
F Fe2O3 Š SO3
H H20 T TiO2
v
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Répartition à l’équilibre thermodynamique des hydrates formés en fonction de la teneur initiale en gypse d’un liant
constitué de ye’elimite (47.5 %), de belite (26.6 %), d’anhydrite (5.5 %) et de ferroaluminate de calcium
C6AF2 (11.5 %) phase ferrite non prise en compte – Formation de C-S-H prise en compte au lieu de
C2ASH8 (Glasser and Zhang 2001) ............................................................................................................... 19
Figure 2 : Influence de la teneur en gypse sur le profil de flux thermique dégagé lors de l’hydratation par de l’eau pure d’un
mélange de gypse et de ye’elimite à 25°C (a) : de 0 à 30 minutes après le début de l’hydratation (b) : de 0 à
18 heures après le début de l’hydratation (Winnefeld and Barlag 2010) ...................................................... 20
Figure 3 : Evolution de la fraction volumique des phases au cours de l’hydratation d’un ciment sulfoalumineux par de l’eau
pure ............................................................................................................................................................... 22
Figure 4 : Courbe de solubilité de l’hydroxyde d’aluminium exprimée en fonction du pH à 25°C (Dezelic, Bilinski et al.
1971) (les espèces polynucléaire sont négligées ici) ..................................................................................... 24
Figure 5 : Solubilité de la gibbsite en fonction de la concentration en soude du milieu et de la température (Konigsberger,
May et al. 2006)............................................................................................................................................ 25
Figure 6 : Evolution de la constante de formation de la katoïte en fonction de la température - (Blanc, Bourbon et al. 2010) 26
Figure 7 : Courbes de solubilité des phases du système CaO-Al2O3-H2O à 5°C (gauche) et 25°C (droite) (Matschei,
Lothenbach et al. 2007) ................................................................................................................................ 26
Figure 8 : Diagrammes de phases du système CaO-Al2O3-CaSO4-H2O à 25°C et 85°C (Damidot 2005)................................ 27
Figure 9 : Diagrammes de phases du système CaO-Al2O3-CaSO4-H2O à 25°C en considérant la formation des hydrates
métastables au lieu de la katoite (Damidot 2005). ........................................................................................ 28
Figure 10 : Diagrammes de phases simplifiés montrant l’évolution de la concentration en sulfate pour les points invariants
AH3 + C3AH6 + Ettringite et AH3 + gypse + Ettringite en fonction de la concentration en sodium à 25°C
(Damidot and Glasser 1994) ......................................................................................................................... 28
Figure 11 : Diagramme de phases stables du système CaO-Al2O3-SiO2-H2O à 25°C (Damidot 2005) HG Si low : C3AS0,3H5,4
– HG Si High : C3AS0,8H4,4 – C-S-H de type I et II ayant respectivement un rapport un rapport C/S de 1,1 et
1,8 – AH3 ...................................................................................................................................................... 29
Figure 12 : (a) à (d) : Points invariants du système CaO-Al2O3-SiO2-CaSO4-H2O à 25°C, représentés dans un repère [Ca]-
[Al]-[Si] avec [SO4] fixé (Damidot 2005; Matschei, Lothenbach et al. 2007).............................................. 30
Figure 13 : Influence de la teneur en gypse du liant sur la résistance en compression de mortiers conservés en sac étanche à
25°C – ME0 : 0 % de gypse, ME1 : 10 % de gypse : ME2 : 20 % de gypse (Composition du clinker : 68,5
% de ye’elimite – 15,9 % de bélite – 9,5 % de mayenite) (Berger, Cau dit Coumes et al. 2011) .................. 32
Figure 14 : Gauche : Evolution de la constante de formation de l’acide borique logK en fonction de la température (Blasdale
W. 1939; Linke and Seidell 1958) ................................................................................................................ 41
Figure 15 : Exemples d’édifices polyboratés ne pouvant pas exister suite à l’application des règles d’Edwards et al. ........... 43
Figure 16 : Anions boratés de charge y contenant x atomes de bore respectant les règles d’Edwards et al (Edwards and Ross
1960)............................................................................................................................................................. 43
Figure 17 : Espèces boratées en solution considérées dans notre étude : a : acide orthoborique – b : anion ............................ 45
Figure 18 : Répartition des différentes espèces boratées selon Ingri – [B(OH)3]tot = 0.4 mol/L (Ingri, Lagerstrom et al. 1957)
...................................................................................................................................................................... 47
vii
LISTE DES FIGURES
Figure 19 : Evolution des courbes de titrage en fonction de la concentration en acide borique initiale de la solution – volume
de solution titrée = 30 mL............................................................................................................................. 52
Figure 20 : Superposition des courbes expérimentales et des courbes simulées (chess.tdb) des dosages de solution d’acide
borique (10, 50 et 100 mmol/L) par une solution de soude 1N à 25°C. ........................................................ 53
Figure 21 : Evolution du coefficient de corrélation entre les données expérimentales ............................................................ 53
Figure 22 : Répartition des espèces en fonction du pH lors du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par une
solution de soude 1N (gauche) et par une solution de soude 3M (droite) ..................................................... 54
Figure 23 : Influence de la valeur de la constante de formation du borax sur la courbe simulée du dosage d’une solution
d’acide borique à 1 mol/L par une solution de soude 1 mol/L ...................................................................... 55
Figure 24 : Evolution de la répartition des espèces en solution lors du dosage d’une .............................................................. 55
Figure 25 : Influence de la modification de la valeur de la constante de formation de l’acide borique minéral sur la courbe
simulant le dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L.............................. 57
Figure 26 : Influence de la valeur de la constante de formation de l’acide borique minéral sur la répartition simulée des
espèces lors du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L gauche : valeur
issue de la base chess.tdb – droite : valeur calculée à partir des données de Linke ...................................... 57
Figure 27 : Dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L : influence du jeu de données
considéré sur la courbe simulée .................................................................................................................... 59
Figure 28 : Evolution de la répartition des espèces, calculée à partir des données de Momii et al lors du dosage d’une solution
d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L à 25°C ........................................................................ 60
Figure 29 : Dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L : influence du jeu de données
considéré sur la courbe simulée, en interdisant la formation du complexe boraté ........................................ 61
Figure 30 : Comparaison entre la courbe simulée à partir des données de Momii et celle simulée à partir des valeurs de
constantes recalculées en prenant en compte la formation du complexe ...................................................... 62
Figure 31 : Répartition simulée des espèces lors du dosage d’une solution d’acide borique à 1mol/L par de la soude 1 mol/L
calculée à partir des données de Momii et al, à partir des données de Momii et al sans prendre en compte la
formation du complexe NaB(OH)4, puis à partir des données recalculées en prenant en compte la formation
du complexe.................................................................................................................................................. 63
Figure 32 : Influence de la variation de la valeur de la constante de formation de l’anion tétraborate sur la courbe simulée du
dosage d’acide borique (1 mol/L) par de la soude (1 mol/L) – 25°C ............................................................ 64
Figure 33 : Evolution du coefficient de corrélation entre la courbe expérimentale et la courbe simulée lors de la variation de
la valeur de la constante de formation de l’espèce tetramérique ................................................................... 64
Figure 34 : Influence de la valeur de la constante de formation de l’anion tétramérique sur l’évolution de la répartition des
espèces en solution lors du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par la soude 1 mol/L à 25°C 65
Figure 35 : Comparaison entre les courbes expérimentales et simulées du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L
par la soude à 1 mol/L – utilisation de la base chess_especes_boratees.tdb ................................................ 66
Figure 36 : Evolution de la répartition des espèces en solution lors du dosage simulé d’une solution d’acide borique à 1
mol/L par la soude à 1 mol/L – utilisation de la base chess_especes_boratees.tdb ....................................... 67
Figure 37 : Influence du modèle de correction de force ionique utilisé sur la courbe de dosage simulé d’une solution d’acide
borique 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L à 25°C ....................................................................................... 68
Figure 38 : Influence du modèle de correction de force ionique utilisé sur l’évolution de la répartition simulé des espèces lors
du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude 1N...................................................... 68
Figure 39 : Comparaison des courbes expérimentales et simulées à différentes forces ioniques du dosage de l’acide borique à
500 mmol/L par de la soude à 1 mol/L ......................................................................................................... 70
Figure 40 : Influence de l’élévation de la force ionique du milieu sur la répartition des espèces en solution lors du dosage
d’une solution d’acide borique à 500 mmol/L par de la soude à 1 mol/L ..................................................... 70
Figure 41 : Evolution du coefficient de corrélation r² entre les courbes expérimentales et simulées en fonction de la
concentration initiale en sulfate de potassium dans la solution dosée .......................................................... 71
Figure 42 : Comparaison des courbes expérimentales et des courbes simulées (chess_especes_boratees.tdb) de dosage de
différentes solutions d’acide borique par de la soude à 1 mol/L ou 3 mol/L (25°C). .................................... 72
Figure 43 : Comparaison des coefficients de corrélation entre les courbes expérimentales et les courbes simulées selon la
base thermodynamique utilisée (chess.tdb ou chess_especes_boratees.tdb) ................................................. 72
3. CONCLUSION ....................................................................................................................... 73
Figure 44 : Nature, structure et domaine approximatif de pH d’existence des anions polyboratés formés en milieu aqueux lors
de l’hydrolyse de l’acide borique.................................................................................................................. 73
Figure 45 : Spéciation du bore en fonction du pH dans une solution d’acide borique à 1 mol/L dont le pH est ajusté par ajout
de soude à 25°C ............................................................................................................................................ 74
viii
LISTE DES FIGURES
Figure 46 : Représentation d’un groupement borate sous forme trigonale (gauche) et tétragonale (droite) (les charges
formelles des groupements sont omises) ...................................................................................................... 80
Figure 47: Représentation d'un groupement borate sous forme cyclique (les charges formelles du groupement sont omises)
...................................................................................................................................................................... 80
Figure 48 : Représentation d'un groupement borate au sein duquel deux cycles ont fusionnés à un atome de bore (les charges
formelles du groupement sont omises) ......................................................................................................... 81
Figure 49 : Représentation d'un groupement borate organisé sous forme de chaine (les charges formelles du groupement sont
omises).......................................................................................................................................................... 81
Figure 50 : Représentation d'un groupement borate contenant 5 atomes de bore au sein duquel 2 cycles contenant chacun 3
atomes de bore ont fusionné à 1 atome de bore (les charges formelles du groupement sont omises) .......... 81
Figure 51 : Organisation des groupements borate au sein de la nobléite (gauche) représentation structurale en perspective de
la nobléite (droite) ........................................................................................................................................ 83
Figure 52 : Organisation des groupements borate au sein de l’inyoite (gauche) représentation structurale en perspective de
l’inyoite (droite)............................................................................................................................................ 83
Figure 53 : Organisation des groupements borate au sein de l’hexahydroborite (gauche) représentation structurale en
perspective de l’hexahydroborite (droite) ..................................................................................................... 84
Figure 54 : Organisation des groupements borate au sein de l’ulexite (gauche) représentation structurale en perspective de
l’ulexite (droite) ............................................................................................................................................ 84
Figure 62 : Evolution du pH et de la turbidité mesurée en mV du milieu réactionnel lors d’ajouts successifs de soude à une
suspension de 100 mL constituée initialement de chaux et d’acide borique dans un rapport B/Ca = 9 – tB = 1
mol/L - 25 ± 1°C – les sauts de pH correspondent aux ajouts de 500 µL de soude 10 mol/L...................... 96
Figure 63 : Evolution en fonction du temps du pH d’une suspension contenant initialement 1 mol/L d’acide borique, de la
portlandite dans un rapport B/Ca = 9 et 925 mmol/L de soude – 25 ± 4°C .................................................. 97
Figure 64 : Diffractogramme du composé obtenu après 4 heures de maintien sous agitation à 25°C d’un mélange de 925
mmol/L de soude, 1 mol/L d’acide borique et 112 mmol/L de portlandite (les pics de diffraction non
indexés correspondent aux pics de diffraction de l’hexahydroborite CBH6, F : frolovite CBH4) ................. 97
Figure 65 : Evolution du coefficient d’extinction apparent en fonction du pH dont la variation est impliquée par un ajout de
soude – 25 ± 2°C .......................................................................................................................................... 98
Figure 66 : Superposition des points expérimentaux (vert) et de données simulées à l’aide de la base
chess_especes_boratees.tdb – 25°C .............................................................................................................. 99
Figure 67 : Evolution simulée du pH du milieu lors de l’ajout de portlandite à une solution d’acide borique pour différentes
concentrations initiales en soude ................................................................................................................ 101
Figure 68 : Evolution de l’assemblage minéralogique lors de l’ajout de portlandite à une solution contenant 1 mol/L d’acide
borique et 500 mmol/L de soude (gauche) ou 1000 mmol/L de soude (droite) .......................................... 101
Figure 69 : Evolution approximative de l’assemblage minéralogique simulé d’une solution d’acide borique à 1 mol/L lors de
l’ajout de portlandite pour une concentration en soude initiale variable ..................................................... 102
ix
LISTE DES FIGURES
Figure 70 : Evolution de l’assemblage minéralogique simulé d’une solution d’acide borique à 1 mol/L lors de l’ajout de
portlandite pour une concentration en soude initiale variable – tracé des courbes iso-portlandite............. 103
Figure 71 : Diagramme de phases du système CaO-B2O3-Na2O-H2O à 25°C (Damidot and Glasser 1993) évolutions
minéralogiques lors de l’ajout de portlandite à une solution de borate de sodium ([NaOH] = 500 mmol/L
(rouge) et 1000 mmol/L (bleu)) replacées approximativement sur le diagramme (CH : Ca(OH)2, NH :
NaOH, Na 1.2.10 : Na2O·2B2O3·10H2O, Na 1.5.10 : Na2O·5B2O3·10H2O, u. (ulexite) :
Na2O·2CaO·5B2O3·16H2O, Ca 1.1.6 : CaO·B2O3·6H2O, Ca 2.3.13 : 2CaO·3B2O3·13H2O, Ca 1.3.4 :
CaO·3B2O3·4H2O, Na 1.1.8 : Na2O·B2O3·8H2O) .................................................................................. 104
Figure 72 : Evolution simulée du pH du milieu lors de l’ajout de gypse à une solution contenant 1 mol/L d’acide borique et
des concentrations variables en soude ........................................................................................................ 105
Figure 73 : Evolution de l’assemblage minéralogique (gauche) et de la répartition des espèces en solution (droite) lors de
l’ajout de 400 mmol/L de gypse à une solution contenant 1 mol/L d’acide borique et 250 mmol/L de soude
.................................................................................................................................................................... 106
Figure 74 : Evolution de l’assemblage minéralogique (gauche) et de la répartition des espèces en solution (droite) lors de
l’ajout de 400 mmol/L de gypse à une solution contenant 1 mol/L d’acide borique et 500 mmol/L de soude
.................................................................................................................................................................... 108
Figure 75 : Evolution de l’assemblage minéralogique (gauche) et de la répartition des espèces en solution (droite) lors de
l’ajout de 400 mmol/L de gypse à une solution contenant 1 mol/L d’acide borique et 750 mmol/L de soude
.................................................................................................................................................................... 108
Figure 76 : Evolution de l’assemblage minéralogique (gauche) et de la répartition des espèces en solution (droite) lors de
l’ajout de 400 mmol/L de gypse à une solution contenant 1 mol/L d’acide borique et 1000 mmol/L de soude
.................................................................................................................................................................... 109
Figure 77 : Evolution en fonction du temps du pH du milieu lors de l’ajout de 400 mmol/L gypse à une solution contenant
initialement 1 mol/L d’acide borique et 250 mmol/L de soude (gauche) et 1000 mmol/L de soude (droite) –
25°C (l’ajout de gypse à lieu à t = 0 min) ................................................................................................... 111
1. LES PHASES DE TYPE AFT ET DE TYPE AFM, PRINCIPAUX HYDRATES DES CIMENTS SULFOALUMINEUX... 116
Figure 78 : Projection de la représentation structurale de l’ettringite dans le plan (a,c) (gauche) et dans la plan (a,b) .......... 117
Figure 79 : Projection de la représentation structurale du monosulfoaluminate de calcium hydraté dans le plan (b,c) .......... 121
Figure 80 : Diagramme de phases du système CaO-Al2O3-B2O3-H2O à 25°C (Csetenyi)...................................................... 123
Figure 81 : Influence de la concentration en sodium sur le diagramme de phases du système CaO-Al2O3-B2O3-H2O à 25°C
(Csetenyi) ................................................................................................................................................... 125
Figure 82 : Diffractogramme du composé obtenu après 90 jours d’agitation à 20°C ............................................................. 126
Figure 83 : Analyse thermogravimétrique et calorimétrique de la boro-AFt .......................................................................... 127
Figure 84 : gauche : Analyse Rietveld du diffractogramme de la boro-AFt – (a) : superposition des diffractogrammes
expérimental et calculé, (b) : différence entre le diffractogramme expérimental et calculé, (c3) : position des
pics de Bragg de la boro-AFt droite : Paramètres d’affinement de la structure de la boro-AFt .................. 128
Figure 85 : gauche : Projection de la représentation structurale de la boro-AFt dans le plan (a,c) et dans le plan (a,b) droite :
Positions atomiques, déplacement thermique isotrope et taux d’occupation au sein de la boro-AFt .......... 128
Figure 86 : Spectre 11B-RMN de la boro-AFt ........................................................................................................................ 129
Figure 87 : Spectre Raman de la boro-AFt ............................................................................................................................. 130
Figure 88 : Morphologie de la boro-AFt observée par MEB (x 10 000) ................................................................................ 130
Figure 89 : Diffractogramme du composé obtenu après 7 jours de maintien sous agitation à 20°C (K : katoïte) ................. 132
Figure 90 : Analyse thermogravimétrique et calorimétrique de la boro-AFm ........................................................................ 133
Figure 91 :gauche : Analyse Rietveld du diffractogramme de la boro-AFm – (a) : superposition des diffractogrammes
expérimental et calculé, (b) : différence entre le diffractogramme expérimental et calculé, (c1) : position des
pics de Bragg de la boro-AFm, (c2) : position des pics de Bragg de la katoite droite : paramètres
d’affinement de la structure de la boro-AFm .............................................................................................. 133
Figure 92 : gauche : Projection de la représentation structurale de la boro-AFm dans le plan (a,c) droite : Positions
atomiques, déplacement thermique isotrope et taux d’occupation au sein de la boro-AFm........................ 134
Figure 93 : Spectre 11BRMN de la boro-AFm ........................................................................................................................ 135
x
LISTE DES FIGURES
Figure 100 : Diffractogrammes du composé obtenu après mise en suspension de la boro-AFt dans une solution de sulfate de
sodium à 0 jours (bleu), 14 jours (vert) et 28 jours (vert) ........................................................................... 143
Figure 101 : Simulation d’un ajout croissant de sulfate de sodium à une suspension de boro-AFt L/S = 10 ......................... 144
Figure 102 : Influence du taux de gypse d’un ciment sulfoalumineux sur le flux thermique dégagée lors de mesuré par
microcalorimétrie isotherme à 25°C Composition massique du clinker utilisé : 68,5 % de ye’elimite – 9,5
% de mayenite – 15,9 % de bélite (Berger 2009) ....................................................................................... 152
Figure 103 : Evolution du module élastique G’, de la conductivité et de la température au cours de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux exempt de gypse par de l’eau déminéralisée ..................................................................... 154
Figure 104 : Simulation des évolutions des quantités de phases formées et du pH lors de la dissolution de 10 mmol/L de
ye’elimite dans de l’eau pure chess_especes_boratees.tdb ......................................................................... 155
Figure 105 : Evolution du module élastique G’, de la conductivité et de la température au cours de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par de l’eau déminéralisée ........................................................ 156
Figure 106 : Simulation des évolutions des quantités de phases formées et du pH lors de la dissolution de 20 mmol/L de
ye’elimite dans de l’eau pure en présence initiale de 20 mmol/L de gypse chess_especes_boratees.tdb.... 157
Figure 107 : Evolution de la conductivité de la pâte et du flux thermique au cours de l’hydratation à 23 ± 1°C de liants
contenant 0, 5, 10 ou 20 % de gypse par une solution de borate de sodium ............................................... 158
Figure 108 : Influence du taux de gypse du liant sur le critère Tc, défini grâce au suivi conductimétrique de l’hydratation à 23
± 1°C d’une pâte de ciment par une solution de borate de sodium ............................................................. 158
Figure 109 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur le flux thermique dégagé lors de
l’hydratation d’un liant exempt de gypse – [B(OH)3] = 1 mol/L – 23 ± 1 °C ............................................. 160
Figure 110 : Points bleus : évolution du temps τc en fonction du pH de la solution d’hydratation......................................... 160
Figure 111 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur le flux thermique dégagé lors de
l’hydratation d’un liant contenant 10 % de gypse – [B(OH)3] = 1 mol/L – 23 ± 1 °C ................................ 161
Figure 112 : Points bleus : évolution du temps τc en fonction du pH de la solution d’hydratation......................................... 162
Figure 113 : Evolution du module élastique G’, de la conductivité et de la température lors de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux exempt de gypse par une solution d’acide borique à 1 mol/L dont le pH a été ajusté à 11 par
ajout de 962 mmol/L de soude.................................................................................................................... 163
xi
LISTE DES FIGURES
Figure 114 : Diffractogrammes d’une pâte de ciment obtenue par mélange d’un liant exempt de gypse et d’une solution de
borate de sodium ([B(OH)3 = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) à 26 heures (bleu) et 30 heures
(rouge), mettant en évidence la précipitation d’une seule phase de type AFt et de la phase U ................... 165
Figure 115 : Evolution au cours de l’hydratation d’un liant exempt de gypse par une solution boratée de l’aire du pic d’une
des réflexions de la ye’elimite {311}, du CAH10 {100}, de la (B,S)-AFt {100} et de la phase U {001}
normalisée par l’aire du pic de la réflexion {111} du silicium ................................................................... 165
Figure 116 : Evolution de la position angulaire du maximum du pic de la réflexion {100} de la (B,S)-AFt au cours de
l’hydratation d’un liant exempt de gypse par une solution boratée............................................................. 166
Figure 117 : Evolution au cours de l’hydratation de la perte de masse située à 250°C, caractéristique de la déshydratation de
l’hydroxyde d’aluminium ........................................................................................................................... 167
Figure 118 : Spectre 11B-RMN d’une pâte obtenue par mélange d’un ciment exempt de gypse avec une solution de borate de
sodium ([B(OH)3 = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) 24 heures après le début de l’hydratation
– conditions ................................................................................................................................................ 167
Figure 119 : Evolution au cours du temps du pH et de la composition chimique de la solution interstitielle d’une pâte de
ciment obtenue par mélange d’un liant exempt de gypse et d’une solution de borate de sodium ([B(OH)3] =
1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) ............................................................................................ 168
Figure 120 : Evolution au cours du temps des indices de saturation déterminés à partir de l’évolution de la composition
chimique de la solution interstitielle et calculés à l’aide du code de calcul CHESS et de la base
chess_especes_boratees.tdb ........................................................................................................................ 170
Figure 121 : Récapitulatif des processus d’hydratation au très jeune âge d’un ciment sulfoalumineux exempt de gypse par une
solution de borate de sodium ...................................................................................................................... 171
Figure 122 : Simulation de la dissolution de ye’elimite dans une solution de borate de sodium – chess_especes_boratees.tdb –
25 °C........................................................................................................................................................... 172
Figure 123 : Evolution du module élastique G’, de la conductivité et de la température lors de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une solution d’acide borique à 1 mol/L dont le pH a été ajusté
à 11 par ajout de 962 mmol/L de soude ...................................................................................................... 173
Figure 124 : Evolution au cours de l’hydratation d’un liant contenant 10 % de gypse par une solution boratée de l’aire du pic
d’une des réflexions de la ye’elimite {311} et {202}, du gypse {020}, de la (B,S)-AFt {100} et de la phase
U {001} normalisée par l’aire du pic de la réflexion {111} du silicium ..................................................... 174
Figure 125 : Evolution de la position angulaire du maximum du pic de la réflexion {100} de la (B,S)-AFt au cours de
l’hydratation d’un liant contenant 10 % de gypse par une solution boratée ................................................ 175
Figure 126 : Evolution au cours de l’hydratation de la perte de masse située à 250°C caractéristique de la déshydratation de
l’hydroxyde d’aluminium ........................................................................................................................... 175
Figure 127 : Spectre 11B-RMN d’une pâte obtenue par mélange d’un ciment contenant 10 % de gypse avec une solution de
borate de sodium ([B(OH)3 = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) 24 heures après le début de
l’hydratation - conditions............................................................................................................................ 176
Figure 128 : Evolution au cours du temps du pH et de la composition chimique de la solution interstitielle d’une pâte de
ciment obtenue par mélange d’un liant contenant 10 % de gypse et d’une solution de borate de sodium
([B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) ........................................................................ 177
Figure 129 : Evolution au cours du temps des indices de saturation déterminés à partir de l’évolution de la composition
chimique de la solution interstitielle et calculés à l’aide du code de calcul CHESS et de la base
chess_especes_boratees.tdb ........................................................................................................................ 178
Figure 130 : Récapitulatif des processus d’hydratation au très jeune âge d’un ciment sulfoalumineux comportant 10 % de
gypse par une solution de borate de sodium ............................................................................................... 179
Figure 131 : Simulation de la dissolution de ye’elimite dans une solution de borate de sodium en présence de gypse –
chess_especes_boratees.tdb – 25 °C ........................................................................................................... 180
4. DISCUSSION SUR L’ORIGINE DU RETARD A L’HYDRATATION IMPLIQUE PAR LA PRESENCE D’IONS BORATE
....................................................................................................................................... 181
Figure 132 : Influence de la concentration en ions borate sur les évolutions de conductivité ayant lieu au cours de
l’hydratation en suspension d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une solution de
borate de sodium (pH = 11 – bleu : [B(OH)3] = 50 mmol/L ; rouge : [B(OH)3] = 60 mmol/L).................. 183
Figure 133 : Dépendance vis-à-vis du pH de la capacité de sorption du bore par la gibbsite (gauche – (a)) et par la bayerite
(droite – (b)) (Goldberg, Forster et al. 1993) .............................................................................................. 184
Figure 134 : Schématisation de l’inhibition des réactions de polymérisation impliquée par la sorption d’ions borate (A) à la
surface de l’hydroxyde d’aluminium – les premiers germes d’AH3 sont représentés par les deux cycles
hexagonaux fusionnés – Chaque sommet d’un hexagone représente un atome d’aluminium en coordinence
octaèdrique et coordiné par des ligands hydroxyde OH- D’après (Beyrouty, Scoyoc et al. 1984) .............. 184
Figure 135 : Influence d’un ajout de germes de gibbsite sur le flux thermique dégagé au cours de l’hydratation à 25°C de
ciments sulfoalumineux (0 et 10 % de gypse) par un solution de borate de sodium (pH = 11 – [B(OH)3] = 1
mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L) ................................................................................................................ 185
xii
LISTE DES FIGURES
Figure 136 : Evolution de la composition chimique de la solution (gauche) et des rapports molaires Al/Ca, Al/S, et Ca/S au
cours de la dissolution de ye’elimite dans une solution de pH = 10 et contenant 150 mmol/L de nitrate de
sodium – 23 +/- 1°C points : résultats expérimentaux traits : concentrations ou rapports théoriques en
supposant une dissolution congruente de la ye’elimite ............................................................................... 187
Figure 137 : Comparaison entre l’évolution expérimentale (23 +/- 1°C) et simulée (25°C) de la composition chimique de la
solution lors de la dissolution de ye’elimite dans une solution de pH = 10 et contenant 150 mmol/L de
nitrate de sodium k0 = 20µmol.m-2.s-1 chess_especes_boratees.tdb ...................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 138 : Influence du pH sur la dissolution de ye’elimite dans une solution de borate de sodium de pH variable (haut
gauche : pH = 7 – haut droite : pH = 10 – bas gauche : pH = 11 – bas droite : pH = 12) traits pleins :
dissolution simulée – points : résultats expérimentaux ......................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 139 : Evolution expérimentale (points rouges) et simulée (carrés bleus) de la vitesse de dissolution de la ye’elimite en
fonction du pH – [B(OH)3] = 100 mmol/L Evolution de la spéciation du bore en solution (lignes pleines)
.................................................................................................................................................................... 188
Figure 140 : Evolution du flux thermique dégagé au cours de l’hydratation de 2,5 mol/L de ye’elimite par une solution de
borate de sodium [B(OH)3(aq)] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11 – E/C = 0,6 – 25°C .. Erreur !
Signet non défini.
Figure 141 : Simulation de la dissolution de 625 mmol/L de ye’elimite dans une solution de borate de sodium en l’absence
de gypse (gauche) et en présence de 972 mmol/L de gypse (droite) (la formation de phases AFt et
d’hydroxyde d’aluminium n’a pas été représentée ici) ......................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 142 : Influence du rapport L/S sur l’évolution de conductivité d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse
mis en suspension dans une solution de borate de sodium.......................................................................... 191
Figure 143 : Simulation de l’influence du rapport L/S sur l’hydratation d’un mélange de ye’elimite et de gypse (972
mmol/L) par une solution de borate de sodium – 25 °C (la précipitation d’ettringite, d’hydroxyde
d’aluminium et de phase U n’a pas été repréntée) ...................................................................................... 192
Figure 144 : Simulation de l’influence du rapport L/S sur l’hydratation de ye’elimite par une solution de borate de sodium –
bore/ye’elimite = - bore/sodium = 25 °C (la précipitation d’ettringite, d’hydroxyde d’aluminium et de
phase U n’a pas été représentée) ................................................................................................................. 190
Figure 145: Influence du rapport L/S sur l’évolution de conductivité d’un ciment sulfoalumineux exempt de gypse mis en
suspension dans une solution de borate de sodium ..................................................................................... 190
Figure 146 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur les évolutions minéralogiques ayant lieu
au cours de l’hydratation de ye’elimite (972 mmol/L) chess_especes_boratees.tdb (la précipitation des
phases AFt et de l’hydroxyde d’aluminium n’est pas représentée ici) ........................................................ 194
Figure 147 : Points bleus : Evolution de la quantité de ye’elimite à dissoudre pour parvenir à l’épuisement du gypse lors de
l’hydratation de ye’elimite en fonction du pH de la solution d’hydratation contenant 1 mol/L d’acide
borique Courbe rouge : Evolution de la concentration en soude de la solution d’hydratation en fonction de
son pH chess_especes_boratees.tdb ............................................................................................................ 195
Figure 148 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur les évolutions minéralogiques ayant lieu
au cours de l’hydratation d’un mélange de ye’elimite et de gypse (972 mmol/L) chess_especes_boratees.tdb
(la précipitation des phases AFt et de l’hydroxyde d’aluminium n’est pas représentée ici) ....................... 196
Figure 149 : Points bleus : Evolution de la quantité de ye’elimite à dissoudre pour parvenir à l’épuisement du gypse lors de
l’hydratation d’un mélange de ye’elimite et de gypse (10 % massique) en fonction du pH de la solution
d’hydratation contenant 1 mol/L d’acide borique Courbe rouge : Evolution de la concentration en soude de
la solution d’hydratation en fonction de son pH chess_especes_boratees.tdb ............................................ 197
Figure 150 : Evolution du temps τc caractéristique de la fin de la période de la faible activité thermique en fonction de la
quantité de ye’elimite simulée à dissoudre pour parvenir à un évènement caractéristique de la fin de la
période de faible activité thermique selon le taux de gypse du liant (rouge : 0 % de gypse ; bleu : 10 % de
gypse) ......................................................................................................................................................... 198
1. EVOLUTION MINERALOGIQUE DES CIMENTS SULFOALUMINEUX HYDRATES PAR DE L’EAU PURE ........... 204
Figure 151 : Influence de la teneur en gypse du liant et de l’application d’un cycle thermique sur les diffractogrammes des
pâtes de ciment âgées de 7 jours – E/C = 0,57 Gauche : liant exempt de gypse - Droite : liant contenant 10
% de gypse ................................................................................................................................... 204
xiii
LISTE DES FIGURES
Figure 166 : Influence de base utilisée sur l’évolution de la conductivité au cours de l’hydratation d’une pâte de ciment
sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une solution d’acide borique à 1 mol/L dont le pH a été austé
par ajout de 962 mmol/L de soude (rouge), de potasse (bleu) ou de lithine (vert) E/C = 0,6 – 25°C ......... 231
Figure 167 : Quantités d’ions hydroxyde, calcium, aluminium, sulfate, borate, sodium et silicium relâchées durant 1 mois de
lixiviation d’une pâte de ciment âgée de 90 jours élaborée à partir d’un ciment sulfoalumineux intialement
exempt de gypse et d’une solution de borate de sodium par de l’eau pure pH = 7 – 20°C – Surface/Volume
= 0,46 dm2/L ............................................................................................................................................... 232
xiv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Composition chimique typique d’un ciment Portland et d’un ciment sulfoalumineux bélitique, en pourcentage
massique (Janotka and Krajci 1999; Zhang, Su et al. 1999; Zivica 2000; Popescu, Muntean et al. 2003;
Gartner 2004; Berger 2009) .......................................................................................................................... 13
Tableau 2 : Composition minéralogique d’un ciment Portland et d’un ciment sulfoalumineux bélitique, en pourcentage
massique ; 0,2 x 0,8 et y = 0 ou 2 (Odler 2000; Gartner 2004; Zhou, Milestone et al. 2006; Berger 2009)
...................................................................................................................................................................... 15
Tableau 3 : Evolution de la composition chimique de la solution interstitielle au cours de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux par de l’eau pure 54 % massique de ye’elimlite – 19 % de belite et 21 % d’anhydrite
(Winnefeld and Lothenbach 2010) ............................................................................................................... 22
Tableau 10 : Liste des solutions d’acide borique ayant été dosées - solutions 1 à 6 préparées par dilution à l’eau déminéralisée
d’une solution mère d’acide borique à 700 mmol/L ; solutions 7 à 9 préparées par mise en suspension de la
quantité d’acide borique appropriée dans de l’eau déminéralisée. ................................................................ 51
Tableau 11 : Influence de la constante de formation de l’acide borique sur la solubilité simiulée de l’acide borique et sur le
pH initial d’une solution saturée en acide borique – comparaison avec le pH initial mesuré à 25°C ........... 58
Tableau 12 : Jeux de données étudiés pour la formation des espèces trimérique et pentamérique ; l’espèce tétramérique n’est
pas prise en compte dans ces simulations. .................................................................................................... 59
Tableau 13 : Valeurs des constantes de formation des espèces trimérique et pentamérique fournies par la littérature (Momii
and Nachtrieb 1967) puis recalculées à partir de ces mêmes données en prenant en compte la formation du
complexe de borate de sodium...................................................................................................................... 61
3. CONCLUSION ....................................................................................................................... 73
Tableau 14 : Valeurs retenues pour les constantes de formation des anions polyboratés à 25°C ............................................. 73
xv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 15 : Classification selon l’organisation des groupements borates des borates minéraux susceptibles de se former en
milieu cimentaire (Casabonne Masonnave 1987; Roux 1989; Csetenyi and Glasser 1995) (*) : rapport
molaire du bore en coordination 4 au bore en coordination 3 ....................................................................... 82
Tableau 16 : Famille des C2B3Hn classé selon le degré d’hydratation n ................................................................................... 85
Tableau 17 : Compositions élémentaires des composé Cajusté et Csaturées normalisées par rapport au calcium .......................... 90
Tableau 18 : Simulation des produits obtenus à partir des deux voies de synthèse – 25°C – chess_especes_boratees.tdb ...... 94
Tableau 19 : Simulation de l’évolution thermodynamique des solutions surnageantes recueillies à 24 eures 25°C -
Chess_especes_boratees.tdb ......................................................................................................................... 94
1. LES PHASES DE TYPE AFT ET DE TYPE AFM, PRINCIPAUX HYDRATES DES CIMENTS SULFOALUMINEUX... 116
Tableau 22 : Substitutions ioniques totales ou partielles admises dans la structure de l’ettringite, selon Berger (Berger 2009).
En gras : substitutions existant dans la nature ; en italique : substitutions suspectées mais non prouvées. Les
autres substitutions sont obtenues uniquement par synthèse. ...................................................................... 117
Tableau 23 : Comparaison des produits de solubilité de la boro-AFt déterminés à 25°C par Csetenyi et al (Csetenyi and
Glasser 1993) et Bothe et al (Bothe and Brown 1998), puis des constantes de formation recalculées dans le
formalisme de la base chess_especes_boratees.tdb..................................................................................... 119
Tableau 24 : Paramètres de maille des différentes phases de type AFt incorporant des ions borate recensées dans la littérature
.................................................................................................................................................................... 120
Tableau 25 : Substitutions ioniques totales ou partielles admises dans la structure du monosulfoaluminate de calcium hydraté
.................................................................................................................................................................... 121
Tableau 26 : Valeur moyenne des concentrations des espèces en solution en équilibre avec la boro-AFt ............................. 131
Tableau 27 : Distances interatomiques au sein de la boro-AFm – la distance oxygène Ow2 – oxygène Ow2, beaucoup trop
faible, conforte le désordre statistique au sein de l’interfeuillet. ................................................................. 134
Tableau 28 : Composition chimique de la solution en contact avec la boro-AFm – les incertitudes proviennent de l’erreur
expérimentale ............................................................................................................................................. 136
Tableau 29 : Comparaison entre les concentrations mesurées et calculées en équilibre avec la boro-AFt à 25°C – L/S = 100 -
logKboro-AFt = -123,8 – l’hydroxyde d’aluminium considérée dans la base est la forme amorphe ............... 138
xvi
LISTE DES TABLEAUX
4. DISCUSSION SUR L’ORIGINE DU RETARD A L’HYDRATATION IMPLIQUE PAR LA PRESENCE D’IONS BORATE
....................................................................................................................................... 181
Tableau 36 : Composition chimique (déterminée par dissolution en milieu acide et dosage de la solution résultante par ICP-
AES) et surface spécifique de la ye’elimite utilisée (déterminée par adsorption d’azote - surface BET). .. 187
Tableau 37 : Conditions de simulation des expériences de dissolution de ye’elimite dans des solutions de borate de sodium de
pH variable – chess_especes_boratees.tdb............................................................ Erreur ! Signet non défini.
xvii
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
Le bore est un élément indispensable dans les centrales nucléaires. Sa faible masse lui
permet de capturer les neutrons, controllant ainsi les réactions de fission. Il est notamment
introduit sous forme d’acide borique dans les circuits de refroidissement des Réacteurs à Eau
Pressurisée (REP) ainsi que dans certaines piscines de stockage du combustible usé. La
décontamination de ces effluents conduit à l’obtention de concentrats d’évaporation boratés
ou de Résines Echangeuses d’Ions (REI) boratées selon le procédé de décontamination utilisé.
Les déchets générés constituent un déchet aqueux de faible ou moyenne activité à vie courte ;
ils contiennent principalement du bore (de 30 à 40 g/L), du sodium, de faibles quantités de
lithium et des traces de produits d’activation.
Les déchets boratés doivent être conditionnés afin de les stabiliser sous une forme
solide, stable monolithique et confinante, constituant un colis satisfaisant aux normes de
manutention et de stockage. Deux procédés de conditionnement sont actuellement utilisés en
France, selon le déchet considéré. Dans le procédé Mercure, les résines échangeuses d’ions
sont enrobées dans une matrice organique de type époxy. Les concentrats boratés sont quant à
eux conditionnés dans une matrice minérale à base de ciment Portland. Cette dernière
présente un certain nombre d’avantages par rapport à la matrice organique :
En revanche, elle se heurte à un problème majeur : le bore contenu dans les déchets est
un puissant inhibiteur de l’hydratation du ciment Portland. Cette difficulté est partiellement
résolue en prétraitant le déchet à la chaux. La prise du liant, si elle n’est plus inhibée, reste
cependant très retardée : le temps de prise des enrobés excède une semaine, et des anomalies
sont signalées, certains matériaux faisant prise après plus d’un mois (Roux 1989)
3
INTRODUCTION
liants, les phases de type AFm et AFt, peuvent incorporer les ions borate au sein de leur
structure.
Malgré l’existence de premiers travaux exploratoires visant à déterminer le
comportement macroscopique des enrobés, les processus d’hydratation des ciments
sulfoalumineux par des solutions boratées restent peu connus. Cet effort de compréhension est
indispensable si l’on veut envisager une utilisation ultérieure de ces matrices cimentaires pour
le conditionnement de déchets boratés.
Cette étude a pour but de clarifier la nature des interactions entre les ions
borate et les ciments sulfoalumineux à forte teneur en ye’elimite afin
d’améliorer la compréhension du comportement de l’enrobé au très jeune âge
et à plus long terme.
Une démarche analytique est ensuite adoptée. Elle procède par complexification
progressive des systèmes étudiés.
Le second chapitre est consacré au comportement des ions borate en solution alcaline.
Une base thermodynamique, prenant en compte les composés boratés, est constituée afin de
décrire les évolutions de spéciation du bore en solution en fonction du pH. Sa validité est
testée par confrontation de données expérimentales aux résultats de simulation.
L’ajout de calcium dans une solution boratée alcaline peut conduire à la formation
d’un grand nombre de borates minéraux hydratés, et notamment à la formation du borate de
calcium hydraté amorphe C2B3H8, qui selon la littérature (Casabonne-Masonnave 1987),
pourrait jouer un rôle dans le retard d’hydratation causé par les ions borate. Les borates
minéraux hydratés pouvant précipiter en milieu cimentaire sont par conséquent étudiés dans le
troisième chapitre. Une attention particulière est portée au borate de calcium amorphe, dont le
domaine de stabilité est déterminé en l’absence et en présence de sulfates.
4
INTRODUCTION
En présence d’aluminates, d’ions calcium et d’ions borate, des phases de type AFm ou
AFt incorporant les ions borate sont susceptibles de se former en milieu alcalin. La structure
et la solubilité de ces hydrates sont déterminées avec précision dans le chapitre 4. Le
comportement de la boro-AFt dans une solution de sulfate de sodium est ensuite examiné.
Le chapitre 5 est dédié à l’hydratation au jeune âge des liants sulfoalumineux par une
solution boratée. Il précise dans un premier temps l’influence de la teneur en gypse et de la
composition de la solution d’hydratation sur le déroulement de l’hydratation. Il s’en suit une
discussion sur l’origine du retard à l’hydratation causé par les ions borate.
Le chapitre 6 a pour objectif de préciser l’évolution des matériaux obtenus (pâtes de
ciment sulfoalumineux ou mortiers gâchés avec une solution de borate de sodium) à plus long
terme, jusqu’à l’échéance de 700 jours. Une attention particulière est portée à leur minéralogie
ainsi qu’à leurs propriétés mécaniques et à leur stabilité dimensionnelle.
Ce mémoire se termine par un récapitulatif des résultats obtenus et dégage les
perspectives qui en découlent.
5
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
7
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Les potentialités des ciments sulfoalumineux pour l’inertage de déchets sont enfin
abordées dans la dernière partie, avec une attention particulière pour les déchets boratés.
Objectifs :
9
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Il est bien connu que les ions borate retardent l’hydratation des ciments silicocalciques
(Weiler 1935). Les sels boratés ont longtemps été utilisés comme retardateur de prise des
coulis dans l’industrie pétrolière pour le chemisage des puits (Smith 1987). Les mécanismes
d’hydratation sous-jacents restent cependant mal compris. De manière générale, il est observé
que le sel retarde d’autant plus l’hydratation que sa solubilité est élevée (Bensted, Callaghan
et al. 1991). Autrement dit, il semble que ce sont les ions borate en solution qui interfèrent
avec l’hydratation du liant considéré. Ramachandran et al (Ramachandran and Lowery 1992)
montrent que la période de faible activité thermique augmente lorsque la teneur en borate
croît dans la solution de gâchage.
Lorsque les sels boratés sont utilisés comme agent retardateurs, la concentration en
bore dans la solution d’hydratation reste faible (< 250 mmol/L). Les déchets aqueux boratés
issus de centrales nucléaires sont nettement plus concentrés en ions borate, et la concentration
en bore peut atteindre jusqu’à 3 mol/L. Dans ces conditions, le retard à l’hydratation d’un
ciment Portland peut être très important : Roux (Roux 1989) montre que pour des rapports
molaires B4O72-/C3S ou B4O72-/C3A égaux à 1,5 et 6,7 respectivement, toute réaction
d’hydratation est inhibée pendant les 72 heures de l’étude.
Pour expliquer ce retard à l’hydratation observé avec les ciments Portland, deux
hypothèses ont principalement été formulées.
L’hypothèse la plus répandue dans la littérature pour expliquer l’effet retardateur des
ions borate met en avant un phénomène de « précipitation colmatante ». Lors de l’hydratation
d’un ciment Portland par des solutions boratées, Casabonne-Masonnave observe la
précipitation d’un borate de calcium amorphe vis-à-vis de l’analyse par diffraction des rayons
X (Casabonne-Masonnave 1987). Ce borate de calcium amorphe 2CaO.3B2O3.8H2O
précipiterait de façon quasi-instantanée à la surface des grains d’anhydres dès le début de
l’hydratation. Il formerait alors une couche autour des grains, ce qui ralentirait
10
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
De manière plus générale, ces deux hypothèses font appel à deux mécanismes
pour expliquer le retard à l’hydratation des liants hydrauliques :
- le ralentissement de la précipitation des hydrates ;
- la précipitation d’un hydrate transitoire.
Pour réduire l’effet retardateur des ions borate, deux stratégies ont été principalement
développées.
11
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
1.2.2. Précipitation directe des ions borate sous forme de phases AFm ou AFt
La seconde stratégie (Roux 1989; Goni and Guerrero 2001) consiste à utiliser un
ciment composé, constitué d’un mélange de ciment Portland, de ciment alumineux et de
chaux afin de former dès le début de l’hydratation des phases de type AFt et AFm qui
incorporent les ions borate, et ainsi d’éviter le phénomène de conversion de
l’hexahydroborite. L’hydratation d’un tel ciment par une solution boratée conduit à la
formation d’un mélange de quadriboroaluminate de calcium hydraté, une phase de type AFt,
et/ou de monoboroaluminate de calcium hydraté, une phase de type AFm. Le retard à
l’hydratation est considérablement diminué par rapport à la stratégie précédente.
Cette solution efficace a été reprise lors de la mise au point d’une formulation
d’enrobage de résines boratées (Le Bescop, Bouniol et al. 1990; Le Bescop, Atabek et al.
1991).
1.3.Conclusion
La deuxième stratégie semble la plus efficace pour limiter les retards à l’hydratation.
Elle offre également l’avantage de précipiter le bore sous des formes stables en milieu
cimentaire, ce qui n’est pas le cas de l’hexahydroborite.
Sur la base de ces résultats, les ciments sulfoalumineux qui forment deux hydrates
principaux, l’ettringite, une phase de type AFt, et le monosulfoaluminate de calcium hydraté,
une phase de type AFm, pourraient présenter un intérêt pour le conditionnement des déchets
boratés. Ils font l’objet d’une présentation détaillée dans la suite de ce chapitre.
12
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
SiO2 (S) Al2O3 (A) Fe2O3 (F) CaO (C) SO3 (Š)
Clinker sulfoalumineux
3-27 8-47 1-13 36-61 3-15
bélitique
Clinker de ciment
17-25 3-8 0,5-6 59-67 /
Portland
Tableau 1 : Composition chimique typique d’un ciment Portland et d’un ciment sulfoalumineux bélitique,
en pourcentage massique (Janotka and Krajci 1999; Zhang, Su et al. 1999; Zivica 2000; Popescu,
Muntean et al. 2003; Gartner 2004; Berger 2009)
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CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Le clinker obtenu est refroidi à l’air. Il possède une grande porosité, ce qui lui confère
la propriété d’être plus friable que le clinker Portland (Ikeda 1980; Andaç and Glasser 1995).
Le clinker est ensuite cobroyé avec des quantités variables de gypse ou d’anhydrite pouvant
atteindre 25 % en masse afin d’obtenir le ciment aux propriétés souhaitées.
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CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
La composition du cru pouvant être très variable, il existe une large gamme de ciments
sulfoalumineux bélitiques. Le Tableau 2 présente les variations de composition minéralogique
des différents ciments sulfoalumineux bélitiques, en comparaison avec celles d’un ciment
Portland.
Les ciments sulfoalumineux bélitiques à forte teneur en bélite sont les plus proches du
ciment Portland. Le produit d’hydratation principal est une phase de type C-S-H, conséquence
du fort taux de silice présent dans le liant. Ce sont ces types de ciments qui sont actuellement
développés par certains cimentiers pour répondre aux impératifs environnementaux. Le
ciment Lafarge Aether® appartient par exemple à cette famille.
15
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Réaction 1 C + H = CH
Réaction 2 CŠ + 2H = CŠH2
16
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
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CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Il apparaît clairement ici que la nature et la quantité des hydrates formés dépendent de
la teneur initiale en gypse du liant. Glasser et al (Glasser and Zhang 2001) montrent que pour
une composition minéralogique de ciment sulfoalumineux spécifique (47,5 % massique de
C4A3Š, 26,6 % de C2S, 11,5% de C6AF2, 5,5 % de CŠ), l’ettringite devient majoritaire pour
18
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
100
90 Hydroxyde d’aluminium
80
70 Monosulfoaluminate
% d'hydrates
60 de calcium
50 hydraté
40 Ettringite
30
20 Gypse
10
0 Silicate de calcium hydraté
3 8 12 16 19 23 26 28 31 33 36 38 40
% gypse
Figure 1 : Répartition à l’équilibre thermodynamique des hydrates formés en fonction de la teneur initiale
en gypse d’un liant constitué de ye’elimite (47.5 % massique), de belite (26.6 % massique), d’anhydrite
(5.5 % massique) et de ferroaluminate de calcium C6AF2 (11.5 % massique)
Phase ferrite non prise en compte – Formation de C-S-H prise en compte au lieu de C2ASH8
(Glasser and Zhang 2001)
2.4.Processus d’hydratation
L’hydratation des ciments sulfoalumineux a été étudiée par un grand nombre d’auteurs
(Okushima, Kondo et al. 1968; Ogawa and Roy 1982; Mudbhatkal, Permeswaran et al. 1986;
Andac and Glasser 1999; Janotka and Krajci 1999; Zhang and Glasser 2002; Peysson 2005;
Berger 2009; Winnefeld and Barlag 2010; Martin-Sedeno, Cuberos et al. 2010), mais reste
bien moins connue que celle des ciments Portland. Ces études ont été menées soit sur des
systèmes reconstitués ye’elimite + gypse ou ye’elimite + gypse + bélite, soit sur des ciments
19
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
réels. Comme il a déjà été précisé, ces processus d’hydratation, ainsi que la vitesse
d’hydratation, dépendent de la teneur en gypse du liant (Figure 2).
Winnefeld et al (Winnefeld and Barlag 2010) montrent ainsi que l’hydratation de
ye’elimite est d’autant plus rapide que la teneur en sulfate de calcium est élevée. Berger et al
(Berger, Cau dit Coumes et al. 2011) mettent en évidence un effet similaire de la teneur en
gypse sur l’hydratation d’un ciment sulfoalumineux.
Figure 2 : Influence de la teneur en gypse sur le profil de flux thermique dégagé lors de l’hydratation par
de l’eau pure d’un mélange de gypse et de ye’elimite à 25°C
(a) : de 0 à 30 minutes après le début de l’hydratation
(b) : de 0 à 18 heures après le début de l’hydratation
(Winnefeld and Barlag 2010)
Toutefois, quelle que soit la teneur en gypse du liant, une séquence d’hydratation
identique peut être mentionnée (Andac and Glasser 1999; Peysson 2005; Berger 2009;
Winnefeld and Barlag 2010):
L’hydratation d’un ciment sulfoalumineux exempt de gypse par de l’eau pure conduit
initialement à la formation d’ettringite et d’hydroxyde d’aluminium. Un jour après le début de
l’hydratation, la précipitation du monosulfate est observée, en plus de celle de l’ettringite.
Peysson (Peysson 2005) et Berger (Berger 2009) observent ensuite la formation de CAH10
20
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Toutefois :
21
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Figure 3 : Evolution de la fraction volumique des phases au cours de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux par de l’eau pure
(54 % massique de ye’elimlite – 19 % de belite et 21 % d’anhydrite)
(Winnefeld and Lothenbach 2010)
Le ciment utilisé par Winnefeld et al. (Winnefeld and Lothenbach 2010) est constitué
d’un rapport molaire ye’elimite : bélite proche de celui des ciment sulfoalumineux étudiés
par Peysson (Peysson 2005) et Berger (Berger 2009). Dans le ciment utilisé par ces derniers
auteurs, la mayenite constitue une phase anhydre supplémentaire non négligeable. Toutefois,
les évolutions minéralogiques observées sont similaires à celles observées par Winnefeld et al
(Winnefeld and Lothenbach 2010): précipitation majoritaire d’ettringite, d’hydroxyde
d’aluminium et de strätlingite. La présence en quantité non négligeable de mayenite ne
semble donc pas modifier considérablement l’assemblage minéralogique.
22
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
L’aluminium est une espèce amphotère. En milieu acide, l’espèce majoritaire est le
cation Al3+ alors qu’en milieu basique, l’espèce majoritaire est l’anion aluminate Al(OH)−4 .
La chimie de l’aluminium en solution est complexe : pour des concentrations en aluminium
supérieures à 0,1 mol/L, des réactions de condensation par olation ou par oxolation entre les
espèces mononucléaires peuvent avoir lieu et conduire à la formation d’espèces ioniques
polymériques.
23
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
L’hydroxyde d’aluminium, ou alumine hydratée Al(OH)3, peut exister sous une forme
amorphe ou sous trois formes cristallines : la bayerite, la nordstrandite ou la gibbsite. La
phase amorphe est par définition très peu structurée. Les polymorphes cristallins présentent en
revanche une structure lamellaire, consistant en un enchaînement de feuillets d’hydroxyde
d’aluminium au sein desquels l’aluminium est coordiné par deux groupements hydroxyl et
deux ions aluminium. La cohésion entre les feuillets est assurée par un réseau de liaisons
hydrogène. Les polymorphes diffèrent alors les uns des autres uniquement par l’enchaînement
plus moins compact de ces feuillets : la structure de la nordstrandite est de type ABBABABA
et est alternativement composé de bayerite (ABAB) et de la forme la plus compacte, la
gibbsite (ABBA).
Le polymorphe obtenu dépend des conditions expérimentales (Gerson, Counter et al.
1996). L’hydroxyde d’aluminium amorphe est la conséquence d’une précipitation rapide et
brutale à partir d’une solution d’aluminate par neutralisation du pH. La bayerite ou la gibbsite
peuvent être obtenues par précipitation à partir d’une solution alcaline d’aluminium en
influant sur la concentration initiale en aluminium de la solution et sur la vitesse à laquelle le
pH est neutralisé : la neutralisation lente du pH d’une solution faiblement concentrée en
aluminium conduira à la formation de gibbsite et alors qu’une neutralisation rapide conduira à
la formation d’hydroxyde d’aluminium amorphe. La nordstrandite peut quant à elle être
obtenue lorsque la synthèse est effectuée à une température plus élevée, proche de 60°C. La
gibbsite, phase thermodynamiquement la plus stable, peut aussi être obtenue par mûrissement
d’une suspension d’alumine hydratée amorphe à température ambiante ; la plupart du temps,
au cours du mûrissement, la formation transitoire de bayerite est alors observée (Sposito
1995).
La solubilité de l’hydroxyde d’aluminium dépend du pH, de la température et de la
forme cristalline considérée comme le montre la Figure 4. Quelle que soit la forme
considérée, la solubilité est minimale pour un pH proche de 7. Il est à noter que, même pour
un pH proche de 12, la solubilité de l’alumine hydratée reste faible (environ 10-3 mol/L pour
la gibbsite).
24
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
150°C
120°C
Al(OH)3(s) → Al(OH)3(aq)
Eq. 1
En présence d’anions, l’effet inverse est observé (Konigsberger, May et al. 2006). Une
augmentation de la concentration en sulfates par exemple diminue la solubilité de l’alumine
hydratée. D’un point de vue cinétique, il a de plus été montré que la présence d’ions sulfate
dans le milieu peut ralentir fortement la précipitation d’alumine hydratée à cause d’un
phénomène de sorption des sulfates à la surface des premiers grains d’alumine hydratée, ce
qui ralentirait leur croissance (Sposito 1995).
25
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Figure 7 : Courbes de solubilité des phases du système CaO-Al2O3-H2O à 5°C (gauche) et 25°C (droite)
(Matschei, Lothenbach et al. 2007)
26
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Damidot et al (Damidot and Glasser 1993; Damidot and Glasser 1994) montrent par
des calculs thermodynamiques qu’à température ambiante, le composé stable
thermodynamiquement est l’ettringite. Le domaine de stabilité de l’ettringite diminue lorsque
la température augmente. En effet, à 85°C, le même type de calculs montre que le
monosulfoaluminate de calcium hydraté et l’ettringite sont deux des hydrates stables du
système CaO-Al2O3-CaSO4-H2O. Les autres hydrates sont la portlandite, la katoite, la gibbsite
et le gypse. La Figure 8 présente les diagrammes de phases de ce système à 25 et 85°C.
27
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
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CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
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CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Damidot et Glasser ont établi des diagrammes de phases stables dans le système CaO-
Al2O3-SiO2-CaSO4-H2O en fixant la teneur en sulfates à différentes valeurs. Ces diagrammes
sont présentés sur la Figure 12.
Figure 12 : (a) à (d) : Points invariants du système CaO-Al2O3-SiO2-CaSO4-H2O à 25°C, représentés dans
un repère [Ca]-[Al]-[Si] avec [SO4] fixé
(Damidot 2005)
Ces diagrammes ont été calculés en considérant uniquement les hydrates stables
thermodynamiquement. Or nous avons vu dans les paragraphes précédents qu’un grand
nombre de phases métastables peut se former, comme le monosulfoaluminate de calcium
hydraté et le CAH10 par exemple. La prévision de l’évolution minéralogique d’une pâte de
ciment sulfoalumineux au cours de l’hydratation peut donc s’en trouver compliquée.
30
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Les ciments sulfoalumineux bélitiques à forte teneur en ye’elimite ont été développés
en Chine par la CBMA (China Building Materials Academy) dans les années 1970.
L’utilisation de ces liants dans des conditions extrêmes est rendue possible grâce aux
propriétés qu’ils développent. Leur forte chaleur d’hydratation peut par exemple permettre un
bétonnage par temps froid : le Shenyang Long Distance Communication Hub, atteignant 103
mètres de hauteur, a ainsi été construit en hiver par une température de -20°C avec du ciment
sulfoalumineux bélitique à forte teneur en ye’elimite en utilisant de l’eau chaude et en isolant
thermiquement le coffrage du milieu extérieur (Zhang, Su et al. 1999).
De manière générale, l’ensemble de ces propriétés dépend grandement de la teneur
initiale en gypse (Glasser and Zhang 2001).
31
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Ohta et al. 1980). Les résistances mécaniques les plus élevées sont obtenues pour de très
faibles dosage en gypse (Figure 13) (Peysson 2005; Berger, Cau dit Coumes et al. 2011).
Figure 13 : Influence de la teneur en gypse du liant sur la résistance en compression de mortiers conservés
en sac étanche à 25°C – ME0 : 0 % de gypse, ME1 : 10 % de gypse : ME2 : 20 % de gypse
(Composition du clinker : 68,5 % de ye’elimite – 15,9 % de bélite – 9,5 % de mayenite)
(Berger, Cau dit Coumes et al. 2011)
32
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Outre l’intérêt environnemental lié à leur fabrication et l’ensemble des propriétés que
les matériaux élaborés à partir des ciments sulfoalumineux développent, ces liants offrent de
nouvelles potentialités pour le conditionnement de déchets, soit parce que leur hydratation est
moins perturbée que celle du ciment Portland par certains constituants des déchets, soit parce
que les hydrates qu’ils forment permettent d’immobiliser certains polluants.
Ambroise (Ambroise and Pera 2008) propose par exemple d’avoir recours à ce type de
ciments pour l’immobilisation de résidus de chantiers de démolition contenant du sulfate de
calcium pollué ; en effet, comme nous l’avons souligné précédemment, les ions sulfate
participent aux réactions d’hydratation et sont intégrés dans la structure des hydrates
majoritaires. Un ajout maitrisé de déchets sulfatés peut donc conduire à des enrobés stables
alors que leur enrobage par un ciment de type Portland pourrait conduire à l’obtention
d’enrobés expansifs.
Plus récemment, Berger et al (Berger, Coumes et al. 2011) ont montré l’intérêt des
ciments sulfoalumineux pour le conditionnement de déchets contenant du chlorure de zinc
ZnCl2. Il ressort de cette étude que la présence de chlorure de zinc modifie les processus
d’hydratation, avec la précipitation transitoire d’un hydrate de nature non déterminée et
l’insertion du chlorure au sein de phases de type AFm. L’ajustement de la teneur en gypse du
liant à 20 % permet de supprimer l’effet retard impliqué par la présence de chlorure de zinc
ZnCl2 dans la solution d’hydratation, mais aussi d’obtenir des résistances mécaniques élevées
et une bonne stabilité dimensionnelle. De plus, la rétention du zinc par le matériau est
excellente, même en cas de lixiviation prolongée par l’eau pure.
33
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
D’après les travaux de Cau-dit-Coumes et al (Cau Dit Coumes, Maurel et al. 2007),
l’utilisation d’un ciment sulfoalumineux (CSA) bélitique à forte teneur en ye’elimite, associé
à un traitement sodique, pourrait permettre de parvenir à des temps de prise limités tout en
conservant des propriétés acceptables pour l’enrobé durci.
Le pH de la solution boratée, fonction de la quantité d’hydroxyde de sodium ajoutée,
apparaît comme un paramètre déterminant pour le contrôle de la vitesse d’hydratation de liant.
Celle-ci semble d’autant plus rapide que la fraction de bore sous la forme B(OH) −4 est
importante, et donc que le pH du déchet est élevé. Ainsi, la prise Vicat d’une pâte de ciment
de rapport E/C égal à 0,4 gâchée avec une solution à 3 mol/L est inhibée si cette solution
possède un pH de 8,2, mais se produit après seulement 13 heures si le pH est de 11,2 (valeurs
mesurées à 60°C).
Les ions borate du déchet sont majoritairement incorporés dans la structure du
matériau cimentaire dès les premiers stades de l’hydratation. Deux phases acceuillant du bore
ont été identifiées par diffraction des rayons X :
- une phase de type ettringite, dans laquelle les ions sulfate sont
partiellement remplacés par des ions borate, le degré de substitution
semblant diminuer lorsque le dosage en gypse du liant augmente,
- un borate mixte de sodium et de calcium, l’ulexite de stoechiométrie
NaCaB5O6(OH)6(H2O)5, observé pour des liants initialement faiblement
dosés en gypse (de 0 à 10 % de gypse).
Sun et al (Sun, Li et al. 2011) ont récemment confirmé ces observations. Leurs travaux
portent sur l’hydratation d’un ciment sulfoalumineux de composition minéralogique non
renseignée par une solution de borate de sodium contenant environ 40 g/L d’acide borique et
un rapport molaire Na/B variant de 0,15 à 0,45. Il est à noter que ces auteurs ajoutent au
ciment de la chaux, du carbonate de lithium jouant le rôle d’accélérateur, des fibres pour
augmenter les résistances mécaniques et des zéolithes pour la rétention d’éléments radioactifs.
L’enrobé résultant présente une résistance en compression à 28 jours égale à 14 MPa. Les
ions borate sont effectivement insérés dans la structure de l’ettringite, en formant une solution
solide avec les sulfates. Il est noté que cette insertion n’implique aucune modification de la
34
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
structure de base de l’ettringite. Le temps de prise du liant augmente avec la teneur en bore du
déchet, ainsi que lors d’une diminution du rapport Na/B. La fluidité du coulis obtenu est
accrue par rapport à un échantillon témoin gâché à l’eau pure et les résistances mécaniques
développées par les enrobés sont satisfaisantes vis-à-vis des normes en cours (Rc > 7 MPa).
Au cours d’un second travail, les mêmes auteurs étudient les potentialités de leur
formulation pour le conditionnement de REI boratées (Sun, Li et al. 2011).
Le recours aux ciments sulfoalumineux se justifie non seulement par une vitesse
d’hydratation plus rapide que celle du ciment Portland, mais aussi par le fait que
les principaux produits d’hydratation de ces liants, les phases de type AFm et
AFt, peuvent incorporer les ions borates au sein de leurs structures.
35
CHAPITRE I :Cimentation de déchets boratés et potentialités des ciments sulfoalumineux
Etat des connaissances
Incorporation d'un grand nombre d'ions au sein des phase AFt et AFm
Conditionnement de
Complexation de surface possible sur l'hydroxyde d'aluminium
déchets
Borates insérés au sein de l'AFt
Les essais de cimentation de déchets boratés restent très limités. Les résultats
préliminaires obtenus justifient l’intérêt qui leur est porté :
Problématique :
36
CHAPITRE II : Modélisation de la spéciation du bore en
milieu alcalin
37
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Objectifs :
• Déterminer les espèces boratées à prendre en compte et
recenser les différentes constantes de formation associées
répertoriées dans la littérature.
39
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
La dissolution de l’acide borique est régie par l’équation de Réaction 16. La constante
de formation de l’acide borique minéral K Tboric _ acid associée à cette réaction est définie par
l’équation suivante (Eq. 2), avec a l’activité de l’espèce considérée. Cette constante est égale
à l’inverse du produit de solubilité de l’acide borique KsTBoric _ acid .
a(B(OH )3( s ) )
log KTBoric _ acid = − log KsTBoric _ acid = log
a(B(OH )3( aq) )
Eq. 2
Température
0 25 50 60 100
(°C)
solubilité (1) 0,2458 0,4949 0,9316 1,1807 2,5069
(mol/L) (2) 0,4189 0,9041 1,6739 2,0864 4,6418
(1) 0,6094 0,3055 0,0308 -0,0721 -0,3991
(2) 0,3779 0,0438 -0,2237 -0,3194 -0,6667
Constante de
formation chess.tdb 0,4936 0,1746 - -0,2050 -0,5197
logK
moyenne
0,4936 0,1746 - -0,1958 -0,5329
(1) et (2)
Tableau 5 : Solubilité en fonction de la température de l’acide borique selon (Blasdale W. 1939) (1)
et (Linke and Seidell 1958) (2) – constantes de formation fournies par la base chess.tdb et calculées à
partir des solubilités ((1) : (Blasdale W. 1939) ; (2) : (Linke and Seidell 1958)) en supposant l’activité de la
phase solide égale à 1 et le coefficient d’activité de l’acide orthoborique égal à 1
40
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
0.8
0.6
Blassdale, 1939
Linke, 1958
0.4
chess.tdb
Température Moyenne
0.2 (1) (2)
(°C) (1) et (2)
logK
0 0 20% 30% 1%
25 48% 262% 9%
-0.2
60 184% 36% 5%
-0.4
100 30% 22% 2%
-0.6
-0.8
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Température (°C)
Au-delà d’une certaine teneur en bore dans la solution, la formation d’ions polyboratés
intervient par réactions de condensation. L’existence de ces ions polyboratés a dans un
premier temps été supposée suite au constat d’une surconsommation d’ions hydroxyde lors de
dosages potentiométriques (Owen 1934) et conductimétriques (Thygesen 1938) (Réaction
41
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Dans les années 1960, les techniques d’analyses spectroscopiques n’étaient pas assez
performantes pour déterminer la nature et la structure des polyanions boratés existant en
solution. Les auteurs, notamment Ingri (Ingri, Lagerstrom et al. 1957; Ingri 1962; Ingri 1963;
Ingri 1963), ont donc effectué une analogie avec la structure des groupements polyboratés
présents dans les borates minéraux, déjà bien connus à l’époque, pour déterminer la nature des
polyborates pouvant exister en solution. En effet, suite à la caractérisation d’un grand nombre
de borates minéraux, Christ et al (Christ 1960) dans un premier temps, puis Edwards et Ross
(Edwards and Ross 1960) ont formulé des règles régissant la formation et l’organisation des
groupements borate au sein des minéraux :
42
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
y− +
Réaction 20 xB(OH)3 (aq) + ( y − z )H 2 O = B x O z (OH)3x + y -2z + yH
De la même manière que pour les groupements boratés présents dans les minéraux,
l’application des règles précédemment énoncées réduit le nombre de polyanions pouvant
exister. Ceux-ci sont présentés sur la Figure 16 en fonction du nombre d’atomes de bore x par
polyanion et de leur charge formelle y respective.
43
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Concernant les polyanions boratés, Ingri et al (Ingri 1962) et Baes et al (Baes and
Mesmer 1981) ajoutent une règle supplémentaire qui stipule que le polyanion à privilégier est
le polyanion présentant la charge formelle la plus faible. De plus, ils formulent l’hypothèse
que les polyanions contenant le moins d’atomes de bore se forment préférentiellement.
Ce n’est qu’à la fin des années 1960 que des analyses spectroscopiques ont permis de
prouver l’existence des anions polyboratés et de proposer des structures. Toutefois, il n’existe
pas de consensus sur la nature des polyanions en présence.
Momii et Nachtrieb (Momii and Nachtrieb 1967) et Smith et Wiersema (Smith and
Wiersema 1972) ont été parmi les premiers à étudier les solutions boratées par 11B-RMN. Ces
auteurs décrivent l’existence de deux polyanions seulement : le trimère B 3 O 3 (OH) −4 et le
pentamère B 5 O 6 (OH) −4 . La majorité des études spectroscopiques qui ont suivi s’accorde sur
l’existence et la prédominance en solution aqueuse des anions B 3 O 3 (OH) −4 et B 5 O 6 (OH) −4 ,
ainsi que sur leurs structures (Covington and Newman 1973; Henderson, How et al. 1973).
Toutefois, certains travaux ont démontré l’existence d’un ou plusieurs autres anions
polyboratés. Le polyborate B 4 O 5 (OH) 24− a été observé par spectroscopie Raman (Maya 1976)
ainsi que par 11B-RMN (Salentine 1983). Maya (Maya 1976) précise toutefois que cet anion
est minoritaire dans les conditions étudiées; Salentine (Salentine 1983) ajoute que l’existence
de cet anion en solution serait réduite à quelques minutes. Ce dernier résultat est confirmé par
l’étude d’Anderson et al (Anderson, Eyring et al. 1964) dans laquelle les constantes de vitesse
de formation des différents polyborates envisagés ont été déterminées.
Quelques études spectroscopiques mentionnent l’existence du trimère divalent
B3 O 3 (OH) 52− (Heller, Janda et al. 1980; Zhou, Fang et al. 2011) et du dimère B 2 O(OH) 62− .
(Heller, Janda et al. 1980; Botello, Morales-Dominguez et al. 2003). L’existence de ces deux
polyborates n’est toutefois pas validée par d’autres analyses spectroscopiques. S’il n’est pas
possible d’écarter la formation de ces deux derniers anions polyboratés, il apparaît cependant
qu’ils sont largement minoritaires en solution ; leur existence serait réduite à des conditions
expérimentales extrêmes ou à des durées très courtes (Anderson, Eyring et al. 1964).
44
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Nous retiendrons la valeur moyenne LogK 1,1 de ces valeurs pour la constante de
formation associée à la Réaction 21 à 25°C.
T = 25° C = −9,24
LogK 1,1
Plusieurs auteurs ont ensuite tenté de déterminer des constantes de formation des
espèces polyboratées, soit par des méthodes indirectes consistant à simuler des données
45
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
expérimentales obtenues par dosage acido-basique, soit par des dosages directs effectués par
analyse spectroscopique.
Ingri a mené une étude exhaustive et rigoureuse de la spéciation du bore en solution
(Ingri, Lagerstrom et al. 1957; Ingri 1962; Ingri 1963; Ingri 1963). Pour expliquer les écarts
observés entre les courbes de dosage acido-basique théoriques initialement basées sur
l’équation de Réaction 19 et celles mesurées par potentiométrie, Ingri, en accord avec ses
prédécesseurs, propose la formation d’ions polyboratés (Ingri, Lagerstrom et al. 1957). Un
grand nombre de données expérimentales est alors acquis. Différents scénarii, concernant la
nature des polyborates pouvant se former, sont ensuite formulés. Pour chaque scenario, les
valeurs des constantes de formation des ions polyboratés considérés sont ajustées par
résolution numérique afin de minimiser les écarts entre les courbes théoriques et
expérimentales. Les meilleurs scénarii sont alors retenus, ce qui conduit à considérer la
coexistence des formes boratées suivantes : l’acide orthoborique B(OH) 3 (aq) , l’anion
monoborate B(OH) −4 , le polyanion B 3 O 3 (OH) −4 et le polyanion B 3 O 3 (OH) 24− . La formation
du polyanion B 4 O 4 (OH) 62− , à la place du polyanion B 3 O 3 (OH) 24− , est aussi envisagée (Ingri,
Lagerstrom et al. 1957). Les travaux suivants (Ingri 1962; Ingri 1963; Ingri 1963) concernent
l’hydrolyse de l’acide borique à différentes concentrations et dans différents électrolytes. A
force ionique élevée, il devient nécessaire d’introduire un autre anion polyboraté en plus des
deux trimères précédemment cités: l’anion B 5 O 6 (OH) −4 , ou l’anion B 4 O 4 (OH) 62− en fonction
du scénario retenu. Le polyanion B 3 O 3 (OH) −4 reste toutefois présenté comme étant le
polyanion majoritaire (Figure 18).
Mesmer et al, quant à eux, ont étudié l’hydrolyse de l’acide borique en fonction de la
température en utilisant la même méthode que Ingri et al (Mesmer and Baes 1971; Mesmer,
Baes et al. 1972). Les auteurs s’accordent sur le fait que le polyanion majoritaire à
température ambiante est B 3 O 3 (OH) −4 . Selon Mesmer et al, le second polyanion majoritaire
serait B 4 O 4 (OH) 62− à température ambiante. Ils rapportent aussi la formation du dimère
B 2 O(OH)5− dans des quantités significatives pour une température supérieure à 100°C. Enfin,
Spessard, dans son étude de l’hydrolyse de l’acide borique (Spessard 1970) a considéré les
deux formes trimèriques, la forme tétramérique et la forme pentamérique.
46
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Figure 18 : Répartition des différentes espèces boratées selon Ingri – [B(OH)3]tot = 0.4 mol/L
(Ingri, Lagerstrom et al. 1957)
Momii et al (Momii and Nachtrieb 1967), Maya (Maya 1976) et Salentine ont eux
aussi tenté de déterminer les constantes d’équilibre des espèces boratées en solution, mais en
ayant recours à des dosages directs par spectroscopie (Spectroscopie Raman et 11B-RMN).
L’ensemble des données thermodynamiques relatives à la formation des espèces polyboratées
à 25 °C retenues dans la suite de notre étude est regroupé dans le Tableau 7. Les données de
Baes et Mesmer (Baes and Mesmer 1981), souvent citées dans la littérature, n’ont pas été
retenues étant donné qu’elles prennent en compte la formation du dimère à 25°C, ce qui est en
désaccord avec les analyses spectroscopiques. Afin de pouvoir introduire les espèces boratées
dans notre base de données, les constantes ont été recalculées en utilisant le formalisme des
bases de données du code de calcul CHESS, avec les valeurs suivantes pour la formation de
l’anion monoborate et pour la réaction d’autoprotolyse de l’eau (Sweeton, Mesmer et al.
1971) :
Solution
0,1M NaClO4 3,0M NaClO4 0,1 à 0,4M 0,15M
Conditions expérimentales saturée -
[B(OH)3]tot = 0,6M B(OH)3]tot = 0,6M NaB5O8.5H2O KB5O8.4H2O
Borax
Tableau 7 : Constantes de formation des espèces polyboratées à 25°C selon différents auteurs
47
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Comme nous l’avons déjà mentionné, les ions boratés présentent une grande affinité
avec les cations, et notamment avec les alcalins et les alcalino-terreux. Le dosage acido-
basique d’une solution d’acide borique implique l’ajout d’alcalins dans le système. En milieu
aqueux, certains auteurs ont mis en évidence la formation de complexes anions
boratés/alcalins et anions boratés/alcalino-terreux. La formation de l’ensemble de ces
composés est à prendre en compte pour décrire la chimie du bore en solution. Dans le cas
contraire, la détermination des constantes de formation des polyborates peut être biaisée. Il est
à noter qu’aucun des auteurs précédemment cités n’a considéré la formation des paires
ioniques dans le calcul des constantes de formation des polyborates.
Le Tableau 8 recense les constantes de formation des complexes boratés, selon
l’équation de Réaction 25 où M = Na+, Mg2+ ou Ca2+. Il est à noter que la formation du
complexe KB(OH) 04 (aq) n’a jamais été observée (Bassett 1980).
Afin de pouvoir introduire ces valeurs dans la base de données, les différentes
constantes de formation LogK MB(OH) (x −1) + sont exprimées en fonction des espèces de base,
4 (aq)
log Θ 0,33 1,83 1,45 1,80 1,71 1,52 1,34 1,63 1,50
LogK -8,91 -7,41 -7,79 -7,39 -7,53 -7,72 -7,9 -7,61 -7,74
48
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Soit s, la solubilité du borax à 25°C, avec s = 0.162 mol/L (Apelblat and Manzurola
2003)
4 2 2
Log = a B(OH) a Na + a OH −
3(aq)
(
Log = Log 4096s 8 . 4
B(OH) 3(aq)
2
Na +
2
OH −
)
(avec γi, le coefficient d’activité de l’espèce i, estimé à partir
du modèle decorrection de force ionique de Davies tronqué)
Log = −3,26
La valeur de la constante de formation du borax fournie par la base chess.tdb est égale
à -12,04. La justesse de cette valeur sera évaluée dans la suite de ce chapitre.
49
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
chess_especes_
Chess.tdb
boratees.tdb
50
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Les courbes de dosage de solutions d’acide borique par la soude ont été simulées grâce
au code de calcul CHESS en utilisant dans un premier temps la base de données chess.tdb,
puis, dans un second temps, la base chess_especes_boratees.tdb. Le but de ces simulations est
d’obtenir une description correcte du comportement du bore en solution. Les différentes
constantes de formation des espèces polyboratées recensées dans la littérature ont été testées
afin d’obtenir la meilleure simulation. La validité des simulations a été appréciée grâce au
calcul du coefficient de corrélation entre les données expérimentales et les données simulées.
La comparaison des coefficients de corrélation obtenus avec les différentes simulations a été
possible dans la mesure où le nombre de données utilisées pour déterminer ces coefficients est
identique dans tous les essais.
Les dosages ont été effectués à l’aide d’un titrateur automatique Radiometer
Analytical TIM 860 en mode d’inflexion dynamique croissante. Entre chaque ajout de soude,
le critère de stabilité sur le pH a été fixé à 15 mpH/min afin de permettre à la solution
d’atteindre un état de pseudo-équilibre. Les concentrations en bore des solutions à titrer sont
reportées dans le Tableau 10.
Solution n° 1 2 3 4 5
Concentration initiale en
10,0 ± 0,3 50,0 ± 0,2 100,0 ± 0,4 250,0 ± 0,6 500,0 ± 0,3
acide borique (mmol/L)
Solution n° 6 7 8 9
Concentration initiale en
700,0 ± 0,7 1000,0 ± 0,7 2000,0 ± 0,9 3000,0 ± 1
acide borique (mmol/L)
Tableau 10 : Liste des solutions d’acide borique ayant été dosées - solutions 1 à 6 préparées par dilution à
l’eau déminéralisée d’une solution mère d’acide borique à 700 mmol/L ; solutions 7 à 9 préparées par
mise en suspension de la quantité d’acide borique appropriée dans de l’eau déminéralisée.
Les solutions titrantes utilisées sont soit une solution d’hydroxyde de sodium
normadosée à 1 mol/L, soit une solution d’hydroxyde de sodium préparée à 3 mol/L dont le
titre a été vérifié préalablement par dosage à l’acide chlorhydrique. Les courbes obtenues sont
présentées sur la Figure 19.
51
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13
12
11
10
10 mmol/L
9 50 mmolL
pH
100 mmol/L
8 250 mmol/L
500 mmol/L
7 700 mmol/L
1 mol/L
6 2 mol/L
3 mol/L
5
4
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Quantité de soude ajoutée (mmol)
Figure 19 : Evolution des courbes de titrage en fonction de la concentration en acide borique initiale de la
solution – volume de solution titrée = 30 mL
La base de données chess.tdb a dans un premier temps été utilisée pour simuler le
dosage de solutions d’acide borique par la soude.
Afin de prendre en compte les effets de dilution engendrés par l’ajout de soude lors
des dosages, le mode mix du programme CHESS a été utilisé. Le modèle de correction de
force ionique de Davies tronqué a été appliqué, même si, pour certaines solutions, la valeur de
la force ionique est en dehors du domaine de validité de ce modèle.
Les résultats obtenus sont présentés sur la Figure 20. La Figure 21 décrit l’évolution
du coefficient de corrélation entre les courbes expérimentales et les courbes simulées en
fonction de la concentration en bore initiale dans la solution.
Le dosage par la soude de solutions d’acide borique est relativement bien simulé par
les espèces présentes dans la base thermodynamique chess.tdb pour une concentration totale
en bore dans la solution initiale égale à 10 mmol/L. Pour des concentrations en acide borique
comprises entre 50 mmol/L et 250 mmol/L, les courbes expérimentales et simulées se
superposent pour un pH supérieur à 10, mais pas pour un pH inférieur à 10, l’écart
augmentant avec la concentration totale en bore de la solution. Pour des concentrations
supérieures ou égales à 500 mmol/L, l’adéquation entre courbes expérimentales et courbes
simulées est mauvaise, et ce quel que soit le pH. Pour un pH compris entre 10 et 12, un point
anguleux est même observé sur les courbes simulées, ce qui traduit la précipitation ou la
dissolution d’une espèce minérale.
52
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13 13
12 12
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
10 mM exp 250 mM exp
7 10 mM sim 7 250 mM sim
50 mM exp 500 mM exp
6 50 mM sim 6 500 mM sim
5 100 mM exp 5 700 mM exp
100 mM sim 700 mM sim
4 4
0 1 2 3 4 5 0 5 10 15 20 25
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
13
12 12
11
10
10
9 8
pH
pH
8
6 1 M exp
7 1 M sim
6 2 M exp
4 2 M sim
5 1 M exp 3 M exp
1 M sim 3 M sim
4 2
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 3M ajouté (en mL)
Figure 20 : Superposition des courbes expérimentales et des courbes simulées (chess.tdb) des dosages de
solution d’acide borique (10, 50 et 100 mmol/L) par une solution de soude 1N à 25°C.
La mauvaise qualité des simulations pour des teneurs en bore initiales supérieures à
100 mmol/L est bien mise en évidence sur la Figure 21 : pour des teneurs supérieures à
100 mmol/L, le coefficient de corrélation est inférieur à 0,98 et chute lorsque que la teneur
initiale en bore augmente.
0.96
0.94
0.92
0.9
0.88
0.86
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Teneur en bore initiale (mmol/L)
Figure 21 : Evolution du coefficient de corrélation entre les données expérimentales
et les données simulées en fonction de la teneur initiale en bore de la solution initiale
53
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
1 0.6 1 0.6
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Btotal BTotal
Force ionique
Force ionique
0.9 0.5 0.95 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 Ionic strength 0.4 0.9 Ionic strength 0.4
0.7
0.3 0.85 0.3
0.6
0.5 0.2 0.8 0.2
0.4 0.1 0.75 0.1
0.3 0 0.7 0
0.7 0.7
Boric acid Boric acid
Borax Borax
0.6 0.6
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
Concentration (en mol/L)
0.1 0.1
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
Figure 22 : Répartition des espèces en fonction du pH lors du dosage d’une solution d’acide borique à
1 mol/L par une solution de soude 1N (gauche) et par une solution de soude 3M (droite)
Il est donc nécessaire de modifier la base chess.tdb pour améliorer la simulation des
courbes de dosage de solutions d’acide borique et obtenir ainsi une meilleure description de la
chimie du bore en solution.
54
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Comme nous l’avons déjà mentionné dans le paragraphe 2.1, la courbe simulée du
dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par une solution de soude à 3 mol/L présente
un point anguleux pour un pH voisin de 11, lié à la dissolution du borax, alors qu’aucun point
anguleux n’est observé sur la courbe expérimentale.
D’un point de vue expérimental, aucun précipité n’a été observé lors du dosage de
cette solution. Par ailleurs, nous avons montré que la valeur de la constante de formation du
borax renseignée dans la base chess.tdb diffère largement de celle recalculée à partir des
données de solubilité (51% d’écart entre les deux valeurs logarithmiques). Le remplacement
de cette valeur par la valeur recalculée par nos soins conduit à la courbe simulée et à la
répartition des espèces présentées sur les Figure 23 et Figure 24 respectivement.
13
12
11 r² = 0.8978
10
9
pH
r² = 0.8501
8
7
6
1M exp
1M - logK(Borax) = -12.04
5
1M - logK(Borax) = -24.80
4
0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 23 : Influence de la valeur de la constante de formation du borax sur la courbe simulée du dosage
d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par une solution de soude 1 mol/L
1 0.6
Teneur en Bore
Force ionique
BTotal
0.9 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
-
0.5 BO2
-
B2O(OH)5
0.4
NaB(OH)4(aq)
+
0.3 Na
-
OH
0.2
0.1
0
5 6 7 8 9 10 11 12
pH
55
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
LogKBorax(25°C) = -24,80
En revanche, il existe toujours des écarts importants entre valeurs simulées et données
expérimentales, ce qui nécessite d’améliorer notre base de données
Une fois cette constante fixée, les simulations ont été effectuées en utilisant les jeux de
données relatifs à la formation des espèces polyboratées fournis par la littérature. Les
différents jeux de données testés sont recensés dans le Tableau 7. Les simulations les plus
satisfaisantes ont permis de retenir les jeux de données permettant la description la plus
précise du système bore/solution alcaline.
Quel que soit l’essai considéré (Tableau 12), pour un pH inférieur à 7, les courbes
simulant le dosage d’une solution d’acide borique par une solution de soude à 1 mol/L ont la
même allure lorsque la valeur de la constante de formation de l’acide borique de la base
chess.tdb est retenue : un point anguleux est observé pour un pH proche de 6, contrairement
aux données expérimentales.
Or, nous avons vu dans le paragraphe 1.1 que la constante de formation de l’acide
borique dans la base chess.tdb semble être une moyenne des valeurs fournies par la littérature.
L’influence de la valeur de cette constante a donc été étudiée en considérant les différentes
données de la littérature (Blasdale W. 1939; Linke and Seidell 1958) (Figure 25 et Figure 26).
56
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13
12
11
10
9
pH
8
1 M exp
7 Run 5 - logK(Boric acid) = 0.1583
Run 5 - logK(Boric acid) = 0.0438
6 Run 5 - logK(Boric acid) = 0.3055
4
0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 25 : Influence de la modification de la valeur de la constante de formation de l’acide
borique minéral sur la courbe simulant le dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude
à 1 mol/L
1 0.2 1 0.2
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
0.95 0.95
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.15 0.15
0.9 BTotal 0.9 BTotal
0.85 0.1 0.85 0.1
0.8 Ionic strength 0.8 Ionic strength
0.05 0.05
0.75 0.75
0.7 0 0.7 0
1 1
Boric acid Boric acid
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
0.8 - 0.8 -
Concentration (en mol/L)
B(OH)4 B(OH)4
- -
B3O3(OH)4 B3O3(OH)4
- -
0.6 B5O6(OH)4 0.6 B5O6(OH)4
logK = 0.1583 NaB(OH)4(aq) logK = 0.0438 NaB(OH)4(aq)
+ +
0.4 Na 0.4 Na
- -
OH OH
0.2 0.2
0 0
4 4.5 5 5.5 6 6.5 7 3.5 4 4.5 5 5.5 6 6.5 7
pH pH
57
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Le pH auquel le point anguleux apparaît sur la courbe de dosage est par conséquent
influencé par la valeur de la constante de formation de l’acide borique.
Nous retiendrons la valeur calculée à partir des données de solubilité de Linke dans la
base chess_espèces_boratées.tdb dans la suite de notre travail.
logKBoric_acid(25°C) = 0,0438
Après avoir fixé la constante de formation de l’acide borique, nous nous sommes
intéressés à la formation des anions polyboratés et aux constantes associées. Dans un premier
temps, seuls l’anion trimérique monovalent et l’anion pentamérique ont été considérés, en
accord avec les analyses spectroscopiques de la littérature. Les données associées reposent
principalement sur les travaux de Ingri (Ingri 1962), de Momii et al (Momii and Nachtrieb
58
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
1967), de Maya (Maya 1976) et de Salentine (Salentine 1983). L’ensemble des différents jeux
de données du Tableau 12 a été testé. Les courbes obtenues sont présentées sur la Figure 27.
(Momii and
(Ingri (Ingri (Maya Ingri (Maya (Salentine
Source Nachtrie.Nh
1962) 1962) 1976) 1976) 1983)
1967)
Tableau 12 : Jeux de données étudiés pour la formation des espèces trimérique et pentamérique ; l’espèce
tétramérique n’est pas prise en compte dans ces simulations.
13 13
12 r² = 0.9939 12 r² = 0.9954
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
7 7
6 6
1M exp 1M exp
5 Ingri 0.1M NaClO4 5 Ingri 3M NaClO4
4 4
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
13 13
12 r² = 0.9949 12 r² = 0.9891
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
7 7
6 6
1M exp 1M exp
5 Momii et al 5 Maya
4 4
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 3M ajouté (en mL)
13 13
12 r² = 0.9938 12 r² = 0.9717
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
7 7
6 6
1M exp 1M exp
5 Ingri selon Maya 5 Salentine
4 4
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 27 : Dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L : influence du jeu
de données considéré sur la courbe simulée
59
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
sur la Figure 28 : l’anion trimérique monovalent prédomine sur l’anion pentamérique pour un
pH compris entre 6 et 11.
1 0.6
Teneur en Bore
Force ionique
0.9 BTotal 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 Ionic strength 0.4
0.7 0.3
0.6 0.2
0.5 0.1
0.4 0
1
Boric acid
B(OH)3(aq)
0.8 -
Concentration (en mol/L)
B(OH)4
-
B3 O3(OH)4
-
0.6 B5 O6(OH)4
NaB(OH) 4(aq)
+
0.4 Na
-
OH
0.2
0
5 6 7 8 9 10 11 12
pH
Figure 28 : Evolution de la répartition des espèces, calculée à partir des données de Momii et al lors du
dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L à 25°C
Les données conduisant aux meilleures simulations sont celles d’Ingri et de Momii
(r = 0,9954 et r2 = 0,9949 respectivement). Toutefois, un écart non négligeable intervient
2
60
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13 13
12 r² = 0.9961 12 r² = 0.9939
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
7 7
6 6
1 M exp 1 M exp
5 Ingri 0.1M NaClO4 5 Ingri 3M NaClO4
4 4
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
13 13
12 r² = 0.9978 12 r² = 0.9848
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
7 7
6 6
1 M exp 1 M exp
5 Momii et al 5 Maya
4 4
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 3M ajouté (en mL)
13 13
12 r² = 0.9924 12 r² = 0.9829
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
7 7
6 6
1 M exp 1 M exp
5 Ingri selon Maya 5 Salentine
4 4
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 29 : Dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L : influence du jeu
de données considéré sur la courbe simulée, en interdisant la formation du complexe boraté
La qualité des simulations semble être ici augmentée (la moyenne des coefficients de
corrélation passe d’environ 0,9900 à 0,9913). Toutefois, l’allure des courbes est aussi
influencée, avec l’apparition d’un point d’inflexion sur la courbe simulée pour un pH proche
de 10.
Tableau 13 : Valeurs des constantes de formation des espèces trimérique et pentamérique fournies par la
littérature (Momii and Nachtrieb 1967) puis recalculées à partir de ces mêmes données en prenant en
compte la formation du complexe de borate de sodium
61
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13
12 Momii : r² = 0.9949
10
9
pH
6 1 M exp
Momii
5 Momii sans NaB(OH)4
Momii recalculée
4
0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 30 : Comparaison entre la courbe simulée à partir des données de Momii et celle simulée à partir
des valeurs de constantes recalculées en prenant en compte la formation du complexe
Il est à noter que la répartition simulée des espèces polyboratées obtenue à partir des
données de Momii et al (Momii and Nachtrieb 1967) est quasiment identique si la formation
du complexe NaB(OH) 04 ( aq ) est négligée, ou si elle prise en compte avec réajustement des
constantes de formation des polyborates. Ce constat nous permet de valider les valeurs
recalculées, qui sont retenues comme valeurs de référence pour la suite de notre travail.
62
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
1 0.6
Teneur en Bore
Force ionique
0.9 BTotal 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 Ionic strength 0.4
0.7 0.3
0.6 0.2
0.5 0.1
0.4 0
1
Boric acid
B(OH)3(aq)
0.8 - Momii et al
0.2
0
5 6 7 8 9 10 11 12
pH
1 0.6 1 0.6
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
0.9 0.5 0.9 BTotal 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 BTotal 0.4 0.8 Ionic strength 0.4
0.7 0.3 0.7 0.3
0.6 Ionic strength 0.2 0.6 0.2
0.5 0.1 0.5 0.1
0.4 0 0.4 0
1 1
Boric acid Boric acid
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
0.8 - Momii 0.8 - Données
Concentration (en mol/L)
B(OH)4 B(OH)4
-
sans NaB(OH)4 -
recalculées
B3O3(OH)4 B3O3(OH)4
- -
0.6 B5O6(OH)4 0.6 B5O6(OH)4
+
Na NaB(OH)4(aq)
- +
0.4 OH 0.4 Na
-
OH
0.2 0.2
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
Figure 31 : Répartition simulée des espèces lors du dosage d’une solution d’acide borique à 1mol/L par de
la soude 1 mol/L calculée à partir des données de Momii et al, à partir des données de Momii et al sans
prendre en compte la formation du complexe NaB(OH)4, puis à partir des données recalculées en prenant
en compte la formation du complexe
63
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13
12
11
10
1M exp
logK4 = -16.50
9
logK4 = -16.00
pH
logK4 = -15.75
8
logK4 = -15.50
logK4 = -15.25
7
logK4 = -15.00
logK4 = -14.75
6
logK4 = -14.50
logK4 = -14.25
5
logK4 = -14.00
Sans tetramère
4
0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 32 : Influence de la variation de la valeur de la constante de formation de l’anion tétraborate sur la
courbe simulée du dosage d’acide borique (1 mol/L) par de la soude (1 mol/L) – 25°C
1.01
1
Coefficient de corrélation r²
0.99
Figure 33 : Evolution du coefficient de
corrélation entre la courbe 0.98 Valeur du coefficient de
corrélation sans l'espèce
expérimentale et la courbe 0.97 tetramérique
0.93
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
- logK4
64
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
1 0.6 1 0.6
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
0.9 0.5 0.9 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 0.4 0.8 0.4
BTotal BTotal
0.7 0.3 0.7 0.3
0.6 Ionic strength 0.2 0.6 Ionic strength 0.2
0.5 0.1 0.5 0.1
0.4 0 0.4 0
1 1
Boric acid Boric acid
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
0.8 - 0.8 -
Concentration (en mol/L)
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
1 0.6 1 0.6
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
0.9 0.5 0.9 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 0.4 0.8 0.4
BTotal BTotal
0.7 0.3 0.7 0.3
0.6 Ionic strength 0.2 0.6 Ionic strength 0.2
0.5 0.1 0.5 0.1
0.4 0 0.4 0
1 1
Boric acid Boric acid
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
0.8 - 0.8 -
Concentration (en mol/L)
B(OH)4 B(OH)4
- -
B3O3(OH)4 LogK4 = - 15.50 B3O3(OH)4 LogK4 = - 15.00
- -
0.6 B5O6(OH)4 0.6 B5O6(OH)4
2- 2-
B4O5(OH)4 B4O5(OH)4
NaB(OH)4(aq) NaB(OH)4(aq)
0.4 +
0.4 +
Na Na
- -
OH OH
0.2 0.2
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
1 0.6 1 0.6
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
0.9 0.5 0.9 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 0.4 0.8 0.4
BTotal BTotal
0.7 0.3 0.7 0.3
0.6 Ionic strength 0.2 0.6 Ionic strength 0.2
0.5 0.1 0.5 0.1
0.4 0 0.4 0
1 1
Boric acid Boric acid
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
0.8 - 0.8 -
Concentration (en mol/L)
B(OH)4 B(OH)4
- -
B3O3(OH)4 LogK4 = - 14.50 B3O3(OH)4 LogK4 = - 14.00
- -
0.6 B5O6(OH)4 0.6 B5O6(OH)4
2- 2-
B4O5(OH)4 B4O5(OH)4
NaB(OH)4(aq) NaB(OH)4(aq)
0.4 +
0.4 +
Na Na
- -
OH OH
0.2 0.2
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
65
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Deux zones distinctes sont observées sur la courbe de la Figure 33. Pour une valeur
inférieure à - 16,6, la contribution du tétramère dans la répartition des espèces en solution
devient négligeable. L’influence sur le pH résultant est par conséquent peu marquée et la
valeur du coefficient de corrélation tend vers celle obtenue sans avoir introduit l’espèce
tétramérique (r2 = 0,9954).
En revanche, l’augmentation de la valeur de la constante de formation de -16,6 à -14,0
conduit à de fortes variations de pH, et modifie notablement la répartition des espèces en
solution. Nous avons retenu la valeur de logK4 qui maximise le coefficient de corrélation,
soit :
La simulation d’un dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par une solution
de soude 1N en utilisant la base chess_especes_boratees.tdb avec les valeurs de constantes de
formation suivantes conduit à la courbe présentée sur la Figure 35.
12
r² = 0.9992
10
pH
4 1M exp
1M sim
0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 35 : Comparaison entre les courbes expérimentales et simulées du dosage d’une
solution d’acide borique à 1 mol/L par la soude à 1 mol/L – utilisation de la
base chess_especes_boratees.tdb
66
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
1 0.6
Teneur en Bore
Force ionique
0.9 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 0.4
BTotal
0.7 0.3
0.6 Ionic strength 0.2
0.5 0.1
0.4 0
1
Boric acid
B(OH)3(aq)
Concentration (en mol/L) 0.8 -
B(OH)4
-
B3O3(OH)4 LogK4 = - -15.89
-
0.6 B5O6(OH)4
2-
B4O5(OH)4
NaB(OH)4(aq)
0.4 +
Na
-
OH
0.2
0
5 6 7 8 9 10 11 12
pH
Dans les simulations précédentes, la formule de Davies tronquée a été appliquée afin
de prendre compte des effets de force ionique. Pour un pH supérieur à 10, la force ionique du
milieu atteint une valeur proche de 0.4 mol/L. Cette valeur de force ionique est proche de la
limite de validité du modèle de Davies tronqué. Pour des forces ioniques supérieures,
l’utilisation du modèle B est recommandée.
Le rayon ionique des espèces considérées doit toutefois être bien renseigné dans la
base lors de l’utilisation de ce modèle. Concernant les espèces boratées considérées, un ordre
67
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
de grandeur de ces rayons ioniques a été évalué. L’utilisation du modèle B conduit aux
courbes simulées présentées sur la Figure 37.
12
10
1M exp
4 Davies tronqué
B dot
0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL)
Figure 37 : Influence du modèle de correction de force ionique utilisé sur la courbe de dosage simulé d’une
solution d’acide borique 1 mol/L par de la soude à 1 mol/L à 25°C
1 0.6 1 0.6
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
0.9 0.5 0.9 0.5
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.8 0.4 0.8 0.4
BTotal BTotal
0.7 0.3 0.7 0.3
0.6 Ionic strength 0.2 0.6 Ionic strength 0.2
0.5 0.1 0.5 0.1
0.4 0 0.4 0
1 1
Boric acid Boric acid
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
0.8 - 0.8 -
Concentration (en mol/L)
B(OH)4 B(OH)4
- -
B3O3(OH)4 Davies tronqué B3O3(OH)4 B dot
- -
0.6 B5O6(OH)4 0.6 B5O6(OH)4
2- 2
B4O5(OH)4 B4O5(OH)4
NaB(OH)4(aq) NaB(OH)4(aq)
0.4 +
0.4 +
Na Na
- -
OH OH
0.2 0.2
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
Figure 38 : Influence du modèle de correction de force ionique utilisé sur l’évolution de la répartition
simulé des espèces lors du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude 1N
(gauche : utilisation du modèle Davies tronqué – droite : utilisation du modèle B)
Dans le cas du dosage d’une solution d’acide borique à 1 mol/L par de la soude à
1 mol/L, l’utilisation du modèle B conduit à une courbe simulée de qualité légèrement
inférieure (r² = 0,9983 contre 0,9992 lorsque le modèle Davies tronqué est utilisé), ce qui
pourrait être expliqué par le fait que la base de données a été ajustée en utilisant le modèle
Davies tronqué. Concernant les espèces polyboratées, la quantité d’anion tétramérique formé
est influencée de manière significative. L’affinement de la constante de formation de l’espèce
tétramérique en utilisant le modèle B permettrait d’améliorer la qualité de la simulation.
Toutefois, l’utilisation du modèle B peut s’avérer délicate car les calculs ne convergent pas
systématiquement. En effet, les simulations pour des teneurs initiales en bore supérieures
n’ont pas pu être obtenues pour des problèmes de convergence.
68
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Pour étudier l’influence de la force ionique sur la qualité des simulations, des dosages
de solutions d’acide borique à 0,50 mol/L par de la soude à 1 mol/L ont été effectués en
présence de sulfate de potassium K2SO4 (0,25 mol/L, 0,50 mol/L et 1,00 mol/L). Nous avons
montré précédemment qu’une accumulation d’ions sodium dans la solution peut conduire à la
précipitation de borax. Pour éviter ce phénomène de précipitation, l’utilisation de sulfate de
potassium a été préférée à celle de sulfate de sodium. De plus, aucun complexe de borate de
potassium ne se forme en solution. Le recours à un sel de sulfate se justifie enfin par le fait
que cet anion est présent en grande quantité dans nos matériaux cimentaires.
Quelle que soit la force ionique du milieu, les courbes de dosage simulées obtenues
sont identiques (Figure 39). De plus, l’élévation de la force ionique n’a aucune influence sur
la répartition simulée des espèces boratées en solution (Figure 40), contrairement aux
observations d’Ingri et de Mesmer selon lesquelles l’augmentation de la force ionique du
milieu favorise la formation des espèces polyboratées.
Ceci s’explique tout d’abord par le fait que les ions sulfate et potassium sont
spectateurs vis-à-vis des espèces boratées et des ions oxonium (la quantité d’espèces
protonées sulfatées telles que HSO4- est ici négligeable). Ce phénomène est ensuite expliqué
par le modèle de correction de force ionique appliqué. Lorsque le modèle Davies tronqué est
utilisé, pour toute force ionique supérieure à 0,3 mol/L, la force ionique est fixée à 0,3 mol/L
pour le calcul des coefficients d’activité des espèces en solution. L’obtention de courbes
simulées identiques est par conséquent tout à fait cohérente avec les conditions de simulation.
69
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13 13
r² = 0.9989 r² = 0.9974
12 12
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 500 mmol/L B(OH)3 8 500 mmol/L B(OH)3
7 0.00 mol/L K2SO4 7 0.25 mol/L K2SO4
6 6
5 exp 5 exp
sim sim
4 4
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
13 13
r² = 0.9966 r² = 0.9854
12 12
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 500 mmol/L B(OH)3 8 500 mmol/L B(OH)3
7 0.50 mol/L K2SO4 7 1.00 mol/L K2SO4
6 6
5 exp 5 exp
sim sim
4 4
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 3M ajouté (en mL)
Figure 39 : Comparaison des courbes expérimentales et simulées à différentes forces ioniques du dosage
de l’acide borique à 500 mmol/L par de la soude à 1 mol/L
0.5 1.2 0.5 1.2
Teneur en Bore
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
BTotal 1 BTotal 1.1
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.45 0.45 1
Ionic strength 0.8 Ionic strength
0.9
0.4 0.6 0.4
0.8
0.4 0.7
0.35 0.35
0.2 0.6
0.3 0 0.3 0.5
0.5
0.5 0.5
0.5 2-
Concentration
Concentration
SO4
(en mol/L)
(en mol/L)
0.4 0.4
-
0.3 0.3 KSO4
-
0.2 0.2 NaSO4
0.1 0.1
0 0
0.5 0.5
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
- -
B(OH)4 B(OH)4
0.4 - 0.4 -
Concentration (en mol/L)
B3O3(OH)4 B3O3(OH)4
- -
B5O6(OH)4 B5O6(OH)4
2- 2-
0.3 B O (OH) 0.3 B O (OH)
4 5 4 4 5 4
NaB(OH) NaB(OH)
4(aq) 4(aq)
+ +
Na Na
0.2 -
0.2 -
OH OH
tK SO 4
= 0.00 mol/L tK SO 4
= 0.25 mol/L
0.1 2 0.1 2
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
Teneur en Bore
Force ionique
Force ionique
(en mol/L)
(en mol/L)
(en mol/L)
0.45 1 0.45 1
Ionic strength Ionic strength
0.9 0.9
0.4 0.4
0.8 0.8
0.35 0.7 0.35 0.7
0.6 0.6
0.3 0.5 0.3 0.5
0.5
0.5 2-
0.5
0.5 2-
Concentration
Concentration
SO4 SO4
(en mol/L)
(en mol/L)
0.4 0.4
- -
0.3 KSO4 0.3 KSO4
- -
0.2 NaSO4 0.2 NaSO4
0.1 0.1
0 0
0.5 0.5
B(OH)3(aq) B(OH)3(aq)
- -
B(OH)4 B(OH)4
0.4 - 0.4 -
Concentration (en mol/L)
B3O3(OH)4 B3O3(OH)4
- -
B5O6(OH)4 B5O6(OH)4
2- 2-
0.3 B O (OH) 0.3 B O (OH)
4 5 4 4 5 4
NaB(OH) NaB(OH)
4(aq) 4(aq)
+ +
Na Na
0.2 -
0.2 -
OH OH
tK SO 4
= 0.50 mol/L tK SO 4
= 1.00 mol/L
0.1 2 0.1 2
0 0
5 6 7 8 9 10 11 12 5 6 7 8 9 10 11 12
pH pH
Figure 40 : Influence de l’élévation de la force ionique du milieu sur la répartition des espèces en solution
lors du dosage d’une solution d’acide borique à 500 mmol/L par de la soude à 1 mol/L
70
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
La Figure 41 montre que la qualité de la simulation est peu influencée par une forte
augmentation de force ionique dans ces conditions : pour une concentration en sulfate de
potassium initialement égale à 1,0 mol/L, le coefficient de corrélation entre les courbes
expérimentales et les courbes simulées ne chute que de 1,4 % par rapport à celui obtenu en
l’absence de sulfate de potassium.
1.000
0.999
Coefficient de correlation r²
0.999
0.998
0.998
0.997
0.997
0.996
0.996
0.995
0.00 0.20 0.40 0.60 0.80 1.00 1.20
Concentration en sulfate de potassium K2SO4 (mol/L)
Les simulations des courbes de dosage de solutions d’acide borique à l’aide du code de
calcul CHESS et de la base de données chess_especes_boratees.tdb sont présentées sur la
Figure 42. Les coefficients de corrélation entre les courbes expérimentales et simulées sont
comparés sur la Figure 43 en fonction de la base utilisée (chess.tdb ou
chess_especes_boratees.tdb).
Pour des solutions de teneur initiale en bore supérieure ou égale à 1 mol/L, dosées
avec de la soude à 3 mol/L, la qualité des simulations diminue. Cette diminution est attribuée
à la forte force ionique du milieu dans ces conditions.
71
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
13 13
12 12
11 11
10 10
9 9
pH
pH
8 8
10 mM exp 250 mM exp
7 10 mM sim 7 250 mM sim
50 mM exp 500 mM exp
6 50 mM sim 6 500 mM sim
5 100 mM exp 5 700 mM exp
100 mM sim 700 mM sim
4 4
0 1 2 3 4 5 0 5 10 15 20 25
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 1N ajouté (en mL)
13
12 12
11
10
10
9 8
pH
pH
8
6 1 M exp
7 1 M sim
6 2 M exp
4 2 M sim
5 1 M exp 3 M exp
1 M sim 3 M sim
4 2
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Volume de soude 1N ajouté (en mL) Volume de soude 3M ajouté (en mL)
Figure 42 : Comparaison des courbes expérimentales et des courbes simulées (chess_especes_boratees.tdb)
de dosage de différentes solutions d’acide borique par de la soude à 1 mol/L ou 3 mol/L (25°C).
0.98
Coefficient de corrélation r²
0.96
Chess_especes_boratees.tdb
Chess.tdb
0.94
0.92
0.9
0.88
0.86
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Teneur en bore initiale (mmol/L)
Figure 43 : Comparaison des coefficients de corrélation entre les courbes expérimentales et les courbes
simulées selon la base thermodynamique utilisée (chess.tdb ou chess_especes_boratees.tdb)
72
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
3. Conclusion
Figure 44 : Nature, structure et domaine approximatif de pH d’existence des anions polyboratés formés en
milieu aqueux lors de l’hydrolyse de l’acide borique
Tableau 14 : Valeurs retenues pour les constantes de formation des anions polyboratés à 25°C
Pour un pH supérieur à 11, l’ion monoborate B(OH) -4 est l’espèce ionique boratée
majoritaire. En présence de sodium, une partie de ces ions monoborate se complexe pour
former le borate de sodium aqueux NaB(OH)04(aq) . La formation de ce complexe entraîne une
diminution de la force ionique.
73
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
0.8
Teneur en Bore
Force ionique
1.4 BTotal 0.7
(en mol/L)
(en mol/L)
1.2 0.6
Ionic strength 0.5
1 0.4
0.3
0.8 0.2
0.6 0.1
0
1
Boric acid
B(OH)3(aq)
0.8 -
Concentration (en mol/L)
B(OH)4
-
B3O3(OH)4
-
0.6 B5O6(OH)4
2
B4O5(OH)4 -
NaB(OH)4(aq)
0.4 +
Na
-
OH
0.2
0
5 6 7 8 9 10 11 12
pH
Figure 45 : Spéciation du bore en fonction du pH dans une solution d’acide borique à 1 mol/L dont le pH
est ajusté par ajout de soude à 25°C
74
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
Pour une teneur en bore dans le système égale à 1 mol/L, les réactions chimiques
mises en jeu lors d’une variation de pH sont récapitulées sur le schéma suivant.
B3O3 (OH ) −4
(2) (6)
(1)
B (OH ) 3( aq ) B (OH ) −4
(5)
(3) B5O6 (OH ) −4
(7)
(4)
75
CHAPITRE II : Moadélisation de la spéciation du bore en milieu alcalin
En résumé :
76
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés :
cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
1. DESCRIPTION ET CLASSIFICATION DES BORATES MINERAUX HYDRATES SUSCEPTIBLES DE
SE FORMER EN MILIEU CIMENTAIRE .................................................................................. 80
1.1. Présentation générale ............................................................................................................ 80
1.2. Les composés boratés cristallisés .......................................................................................... 83
1.3. Le borate de calcium amorphe .............................................................................................. 85
2. SYNTHESE ET CARACTERISATION DU BORATE MINERAL AMORPHE AUX RAYONS X .......... 86
2.1. Synthèse, composition et caractérisation .............................................................................. 86
2.1.1. Synthèse et séchage ............................................................................................. 86
2.1.2. Mise en évidence du caractère amorphe et analyse de la morphologie .............. 87
2.1.3. Détermination de la composition chimique des composés obtenus .................... 90
2.1.4. Obtention d’une signature spectroscopique des composés synthétisés ............... 91
2.2. Simulation thermodynamique des synthèses des composés Cajusté et Csaturées ........................ 93
3. ETUDE DU DOMAINE DE STABILITE DU COMPOSE CAJUSTE EN FONCTION DU PH ET DU
RAPPORT B/CA TOTAL ...................................................................................................... 95
3.1. Etude du domaine de stabilité en fonction du pH pour un rapport B/Ca total égal à 9 ......... 95
3.1.1. Etude expérimentale............................................................................................ 95
3.1.2. Simulation d’un ajout de soude dans le système CaO-B2O3-H2O ....................... 98
3.2. Etude du domaine de stabilité de l’ulexite en fonction du pH et du rapport B/Ca total ...... 100
3.2.1. Assemblages minéralogiques au sein du système CaO-B2O3-Na2O-H2O lors
d’ajout de portlandite à une solution constituée d’un mélange de soude et d’acide
borique .............................................................................................................. 101
3.2.2. Evolutions de phases au sein du système CaO-B2O3-Na2O-H2O lors d’ajout de
gypse à une solution constitué d’un mélange de soude et d’acide borique ....... 105
3.2.3. Vérification expérimentale des évolutions de pH simulées lors d’un ajout de
gypse à une solution de borate de sodium......................................................... 110
4. CONCLUSION .................................................................................................................. 111
77
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Notre intérêt se portera ensuite sur le borate de calcium amorphe, souvent cité comme
responsable du retard de prise observé lors de l’hydratation du ciment Portland par une
solution boratée (Casabonne Masonnave 1987). La deuxième partie de ce chapitre aura pour
but de déterminer sa composition chimique et l’organisation des groupements borates au sein
de sa structure.
Objectifs :
79
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
L’agencement des atomes de bore sous forme cyclique est décrit par l’utilisation
de crochets < > (seconde loi de Christ et al) (Figure 47).
80
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
La fusion de deux cycles à un atome de bore est décrite par l’utilisation d’un tiret
– et la fusion de deux cycles à deux atomes de bore est décrit par l’utilisation d’un
double tiret =. Le partage d’une liaison Bore – oxygène entre deux cycles est
décrite par une barre verticale |.Ainsi, la notation <1 2 > – <1 2 > décrit
deux cycles contenant un atome de bore en coordination 3 et deux atomes de bore
en coordination 4 fusionné à un bore (troisième loi de Christ et al) (Figure 48).
Figure 48 : Représentation d'un groupement borate au sein duquel deux cycles ont fusionnés
à un atome de bore
(les charges formelles du groupement sont omises)
5:
81
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Borates de calcium
hydratés
9,6 –
hexahydroborite Ca[B(OH)4]2.(H2O)2 CBH6 1: -13,65
13,5
nobleite Ca[B6O9(OH)2](H2O)3 CB3H4 6 :(<1 2 >|<1 2 >|<1 2 >) 2 2 5,5 – 7,4 -7.75
Borates de sodium
hydratés
Borates mixtes
hydratés
Ulexite NaCa[B5O6(OH)6](H2O)5 NC2B5H16 5 : <1 2 >–<1 2 > 1,5 8,5 -10,0 -28,50
Tableau 15 : Classification selon l’organisation des groupements borates des borates minéraux
susceptibles de se former en milieu cimentaire (Casabonne Masonnave 1987; Roux 1989; Csetenyi and
Glasser 1995)
( )
* : rapport molaire du bore en coordination 4 au bore en coordination 3
82
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Gode et Kuka (Gode and Kuka 1970) mettent en évidence la formation des trois
borates de calcium suivants en fonction du pH :
OH
O O
B B- B
O O+ O
B- B-
HO OH
O O
B
Au sein de l’inyoite, les groupements borate sont organisés sous forme cyclique
<1 2 >. Gode et Kuka (Gode and Kuka 1970) précipitent ce composé par mûrissement d’un
borate de calcium amorphe dans une solution saturée de chlorure de calcium à température
ambiante, le borate de calcium amorphe étant lui-même obtenu par mélange d’une solution
saturée de chlorure de calcium et d’une solution saturée de borax.
OH
B
O O
HO B- B- OH
HO O OH
83
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
OH
HO B-
OH
HO
HO O OH
OH
B B-
O O
B-
O O
B- B
HO
HO O OH
84
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Condensation
Colemanite C2B3H5 Ca[B3O4(OH)3].H2O 3 : (<1 2 >)∝ 5
Meyerhofferite C2B3H7 Ca[B3O3(OH)5].H2O 3 : <1 2 > 7
Composé
C2B3H9 Ca[B3O3(OH)5].2H2O 3 : <1 2 > 9
synthétique
- - - - 11
Inyoite C2B3H13 Ca[B3O3(OH)5].4H2O 3 : <1 2 > 13
Il est par ailleurs à noter que Gode et Kuka (Gode and Kuka 1970) précisent que dans
les conditions de pH étudiées par Casabonne, le borate de calcium amorphe est un précurseur
de l’ulexite NaCa[B5O6(OH)6](H2O)5.
85
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Pour obtenir le composé amorphe aux rayons X, deux voies de synthèse ont été
suivies.
Les deux voies de synthèse ont conduit à la précipitation dans le milieu d’un composé
blanc laiteux provoquant un épaississement rapide des suspensions. Aucun phénomène de
décantation n’a été constaté après une semaine de conservation à température ambiante.
Dans les deux cas, le séchage des composés obtenus s’est avéré délicat. Casabonne
(Casabonne Masonnave 1987) mentionne un séchage par solvant (éther + acétone). Cette
technique s’est toutefois révélée inappropriée lors de nos synthèses : quel que soit le solvant
utilisé (éther, acétone, éthanol, isopropanol), la décomposition du composé est observée. Cette
86
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
P U U
U U U
U
U
B B F U
U U U
UU
F U U U U
Afin d’éviter toute déstabilisation des composés synthétisés, les caractérisations ont
été effectuées sur suspension dans la mesure du possible. Lorsque la technique de
caractérisation ne le permettait pas, les composés ont été isolés du milieu de synthèse par
filtration lente, suivie de rinçages multiples à l’eau déminéralisée, puis par séchage à 30°C.
Les composés Cajusté et Csaturées ont été caractérisés par diffraction des rayons X
(Figure 56).
Le composé Csaturées est amorphe et deux pics de diffusion sont observés à 30,5 et
44,9° 2θ, le second étant plus intense que le premier.
Le composé Cajusté est principalement amorphe : deux pics de diffusion sont observés à
29,2 et 42,9° 2θ, le premier étant plus intense que le second ; des pics de diffraction de très
faible intensité sont toutefois observés, notamment à 7,1, 21,0 et 30,9° 2θ. Afin de s’assurer
que ces pics de diffraction ne sont pas une conséquence de la déstabilisation du composé
initialement en suspension, l’intégralité de la suspension a été analysée par diffraction des
rayons X en transmission. Le recours à cette technique se justifie par l’utilisation de
capillaires scellés pour effectuer l’analyse ; l’intégralité de la suspension a alors pu être
87
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
7000 7000
6000 6000
5000 5000
Lin (Counts)
Lin (Counts)
4000 4000
3000 3000
2000 2000
1000 1000
0 0
5 10 20 30 40 50 60 5 10 20 30 40 50 60
88
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Figure 58 : Analyse de la morphologie par ESEM des composés Csaturées (X 20 000) et Cajusté (X 10 000) –
95% HR
La grande différence de morphologie entre ces deux composés n’est pas suffisante
pour affirmer que les composés sont différents, les conditions de synthèse pouvant avoir une
influence très importante sur ce paramètre.
89
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Les compositions des composés Csaturées et Cajusté ont été déterminées par deux
méthodes distinctes :
Ces analyses mettent clairement en évidence le fait que les deux voies de synthèses ne
mènent pas au même composé.
La composition du composé définie par Casabonne correspond à celle du composé
Csaturées. Sa formule brute peut être effectivement écrite 2CaO.3B2O3.8H2O. En revanche, le
domaine de stabilité défini par Casabonne est celui d’un composé différent. Dans ses
conditions de synthèse et d’étude, le composé Cajusté précipite ; il présente la même formule
brute que l’ulexite, soit Na2O.2CaO.5B2O3.16H2O.
Cajusté Csaturées
bilan de matière
B Ca Na B Ca Na
Elément consommé (mmol/L)
global
x = 16 y=8
stœchiométrique
Formule brute Na2O.2CaO.5B2O3.16H2O 2CaO.3B2O3.8H2O
Tableau 17 : Compositions élémentaires des composé Cajusté et Csaturées normalisées par rapport au calcium
90
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
11
Les composés Cajusté et Csaturées ont été caractérisés par B-RMN (Annexe 6). Les
spectres RMN obtenus sont placés en Figure 59.
800 700 600 500 400 300 200 100 0 -100 -200 -300 -400 -500 -600 -700 -800
(ppm)
Cajusté
Csaturées
25 20 15 10 5 0 -5 -10
(ppm)
11
Figure 59 : Spectres B-RMN du composé Cajusté et Csaturé
Le fait que le signal situé entre 18,70 ppm et 11,68 ppm soit si étalé provient du fait
que le 11B possède un spin nucléaire non entier (I = 3/2). Ceci implique l’existence
d’interactions quadripolaires. L’intensité de ces interactions dépend alors de la symétrie du
site : en symétrie cubique, c'est-à-dire pour un bore en coordination tétraèdrique, une rotation
à l’angle magique à une vitesse suffisante (ici 20kHz) permet de moyenner les interactions
quadripolaires, ce qui donne lieu à un signal bien défini constitué d’un singulet. En revanche,
lorsque le bore est en symétrie trigonale, la simple rotation à l’angle magique, même à des
vitesses élevées ne permet plus de moyenner les interactions quadripolaires ; ceci donne alors
lieu à un signal étalé, caractéristique d’un atome de 11B en coordination trigonale. Ce pic est
toutefois très bien résolu, ce qui signifie que le bore en coordinence 3 se situe dans un site
cristallographique défini dans le composé. Le composé Cajusté est donc un composé cristallisé
du point de vue de la spectroscopie RMN. Il semblerait donc que le composé Cajusté soit
91
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
cristallisé, mais que l’étendue des domaines cohérents soit trop faible pour obtenir une
signature cristallographique bien définie en diffraction des rayons X.
Le composé Cajusté possédant la même formule chimique que l’ulexite, de l’ulexite
pure a été synthétisé puis caractérisée par 11B-RMN dans les mêmes conditions (Figure 60).
800 700 600 500 400 300 200 100 0 -100 -200 -300 -400 -500 -600 -700 -800
(ppm)
Cajusté
Ulexite
20 15 10 5 0 -5 -10
(ppm)
11
Figure 60 : Spectres B-RMN du composé Cajusté et de l’ulexite
11
Concernant le spectre B-RMN du composé Csaturées (Figure 59), uniquement deux
pics sont observés :
92
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
par 11B-RMN dans les mêmes conditions, afin de comparer son spectre à celui du composé
Csaturées.
800 700 600 500 400 300 200 100 0 -100 -200 -300 -400 -500 -600 -700 -800
(ppm)
Csaturées
Inyoite
20 15 10 5 0 -5 -10
(ppm)
Les spectres RMN des deux composés ne sont pas similaires, notamment au niveau du
signal à environ 17 ppm : ce pic est légèrement mieux défini pour l’inyoite que pour le
composé Csaturées mais n’est pas caractéristique d’un atome de bore situé au sein d’un site
cristallographique défini. De plus, le rapport BIV/BIII mesuré sur le spectre de l’inyoite est égal
à 1,6 ± 0,1, au lieu de la valeur de 2 attendue (Figure 52), contre 1,7 ± 0,1 pour le composé
Csaturées. L’organisation des groupements borate au sein du composé Csaturées reste donc non
résolue, malgré ce faisceau d’éléments. Dans la suite de ce travail, nous considèrerons que le
composé Csaturées est un précurseur de l’inyoite.
93
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Cajusté Csaturées
Acide Chlorure de
Composition initiale du système Portlandite Soude Borax
Borique Calcium
(mmol/L)
1000 111 520 141 528
Précipitation
solide formé Ulexite (56 mmol/L) Inyoite (70 mmol/L)
permise
Tableau 18 : Simulation des produits obtenus à partir des deux voies de synthèse – 25°C –
chess_especes_boratees.tdb
Pour les deux voies de synthèse, la dissolution des espèces en solution conduit à des
solutions fortement sursaturées vis-à-vis des différents composés boratés susceptibles de se
former. Les deux solutions obtenues sont notamment sursaturées vis-à-vis de l’ulexite ;
toutefois, le précipité formé est de l’ulexite dans le cas de la voie ajustée, et de l’inyoite dans
le cas de la voie saturée.
Cajusté Csaturées
IS(Ulexite) = 4,2
Précipitation Indice de IS(Inyoite) = 2,9
IS(Ulexite) = 2,1
interdite Saturation IS(Colemanite) = 1,4
IS(nobleite)=1,0
Précipitation
solide formé Ulexite (12 µmol/L) Inyoite (22 mmol/L)
permise
94
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
95
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
alors d’accéder à un coefficient d’extinction apparent (Eq. 3). La courbe brute obtenue est
reportée sur la Figure 62.
I0
Eq. 3 ε '= log
I
13 160
140
120
11
100
pH
10 80
pH
ddp (mV) 60
9
40
8
20
7 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
Temps (heures)
En l’absence de soude, un précipité est présent en suspension ; son analyse par DRX
montre qu’il s’agit de nobléite. Après de faibles ajouts de soude, la suspension se trouble ; ce
phénomène traduit la précipitation quasi-instantanée de la ‘pseudo-ulexite’. Ce précipité reste
stable en solution jusqu’à une concentration de soude ajoutée d’environ 700 mmol/L. Dans
ces conditions, le pH et la turbidité du milieu se stabilisent rapidement après chaque ajout de
soude. Pour des concentrations en soude supérieures, la stabilisation devient très lente et la
pseudo-ulexite est déstabilisée au profit d’une autre phase.
96
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
13
12.8
12.6
12.4
12.2
pH
12
11.8
11.6
11.4
11.2
11
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Temps (heures)
Deux zones distinctes sont observées sur cette courbe. Dans la première zone, le pH du
milieu augmente brutalement puis se stabilise autour d’une valeur proche de 12. Un saut de
pH est ensuite observé, puis la valeur du pH se stabilise autour d’une valeur proche de 12,8.
Après stabilisation du pH, le composé ayant précipité a été caractérisé par DRX ; il s’agit
d’un mélange de tétrahydroborite CBH4 et d’hexahydroborite CBH6. Comme nous l’avons
précisé dans le paragraphe § 2.1 de ce chapitre, seule l’hexahydroborite est stable à 25°C;
nous pouvons donc supposer la conversion du CBH4 en CBH6 au cours du temps.
15000
14000
13000
12000
11000
10000
Intensité (coups)
9000
8000
7000
6000
5000
4000
3000 F
F F
2000 F F
F F
1000
0
6 10 20 30 40
Déplacement angulaire (° 2theta)
Figure 64 : Diffractogramme du composé obtenu après 4 heures de maintien sous agitation à 25°C d’un
mélange de 925 mmol/L de soude, 1 mol/L d’acide borique et 112 mmol/L de portlandite
(les pics de diffraction non indexés correspondent aux pics de diffraction de l’hexahydroborite CBH6,
F : frolovite CBH4)
97
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Au delà de 700 mmol/L de soude ajoutée, le système évolue lentement pour mener à la
formation d’hexahydroborite. La courbe présentée en Figure 63 met en évidence que la
formation de l’hexahydroborite par cette voie de synthèse met en jeu la précipitation d’un
premier composé, la pseudo-ulexite, qui se convertit au cours du temps en tétrahydroborite et
en hexahydroborite.
2.8
2.7
2.4
2.3
2.2
2.1
2
7 8 9 10 11 12 13
pH
98
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
reportées dans le Tableau 20. Les résultats expérimentaux et simulés sont comparés sur la
Figure 66.
[B(OH)3] = 1 mol/L
Concentration intiale
[Ca(OH)2] = 112 mmol/L
Mode mix
Titrage
[NaOH] = 0 à 1 mol/L
Correction de force
Davies Tronqué
ionique
Base de données chess_especes_boratees.tdb
0.7
Force ionique
0.6
(mol/L)
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
3.6 120
ε exp
3.4
Hexahydroborite 100
Coefficient d'extinction apparent
Inyoite
3.2 Concentration (mmol/L)
Ulexite
Nobleite 80
3
2.8 60
2.6
40
2.4
20
2.2
2 0
7 8 9 10 11 12 13
5 00
4 00
Concentration (mmol/L)
B (O H) 3 (aq )
-
3 00 B 3 O 3 (O H) 4
-
B 5 O 6 (O H) 4
2
2 00 B 4 O 5 (O H ) 4 -
B (O H) 4 -
1 00
0
7 8 9 10 11 12 13
pH
Figure 66 : Superposition des points expérimentaux (vert) et de données simulées à l’aide de la base
chess_especes_boratees.tdb – 25°C
99
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Ces résultats sont en bon accord avec nos données expérimentales. Seule la
précipitation d’inyoite n’a pas été vérifiée dans nos essais, mais elle est mentionnée par Gode
et Kuka (Gode and Kuka 1970). De plus, nous constatons que le domaine de pH sur lequel
l’ulexite est stable d’un point de vue thermodynamique correspond à la gamme de pH
expérimentale sur laquelle le coefficient d’extinction est constant. Comme nous l’avons
précisé précédemment, expérimentalement, la précipitation de pseudo-ulexite est quasi-
instantanée. Du point de vue des espèces boratées en solution, les calculs thermodynamiques
montrent que très peu d’anions pentamériques sont présents en solution.
Etant donné que les quantités d’ions hydroxyde, borate et calcium dans le milieu sont
directement liées les unes aux autres, il est à noter qu’une représentation dans un espace à
deux dimensions du système CaO-B2O3-Na2O-H2O doit être analysée avec précautions.
100
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
14
12
10
pH
8
0 mM
250 mM
6
500 mM
750 mM
4 1000 mM
1500 mM NaOH
2
0 100 200 300 400 500 600
Quantité de Portlandite ajoutée (mmol/L)
Figure 67 : Evolution simulée du pH du milieu lors de l’ajout de portlandite à une solution d’acide
borique pour différentes concentrations initiales en soude
Plus la teneur initiale en soude est élevée, plus la quantité de portlandite à ajouter au
système pour élever le pH du milieu est faible. De plus, la Figure 68 met en évidence le fait
que la quantité de soude initiale influe sur le pH initial de la solution ainsi que sur la nature et
la concentration des phases qui se forment.
350 14 350 14
500 mM NaOH 1000 mM NaOH
300 13 300 13
Quantité de phase solide formée (mmol/L)
pH pH
250 12 250 12
Portlandite Portlandite
Hexahydroborite Hexahydroborite
pH à l'équilibre
pH à l'équilibre
Ulexite
150 10 150 10
100 9 100 9
50 8 50 8
0 7 0 7
0 100 200 300 400 500 0 100 200 300 400 500
Quantité de portlandite ajoutée (mmol/L) Quantité de portlandite ajoutée (mmol/L)
101
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Hexahydroborite
14
Portlandite
12 + hexahydroborite
Inyoite Inyoite
Ulexite
10 +
Ulexite
pH à l'équilibre
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Quantité de soude initiale (mmol/L)
Figure 69 : Evolution approximative de l’assemblage minéralogique simulé d’une solution d’acide borique
à 1 mol/L lors de l’ajout de portlandite pour une concentration en soude initiale variable
102
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Hexahydroborite
14
Portlandite
12 + hexahydroborite
Inyoite Inyoite
Ulexite
10 +
Ulexite Courbe de dosage d’une
pH à l'équilibre
6 Iso-Portlandite : 90 mmol/L
Nobleite + Ulexite
Iso-Portlandite : 150 mmol/L
4
Iso-Portlandite : 210 mmol/L
Nobleite
Iso-Portlandite : 255 mmol/L
2
Iso-Portlandite : 300 mmol/L
Iso-Portlandite : 420 mmol/L
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Quantité de soude initiale (mmol/L)
Figure 70 : Evolution de l’assemblage minéralogique simulé d’une solution d’acide borique à 1 mol/L lors
de l’ajout de portlandite pour une concentration en soude initiale variable – tracé des courbes iso-
portlandite
103
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Figure 71 : Diagramme de phases du système CaO-B2O3-Na2O-H2O à 25°C (Csetenyi and Glasser 1995)
évolutions minéralogiques lors de l’ajout de portlandite à une solution de borate de sodium ([NaOH] = 500
mmol/L (rouge) et 1000 mmol/L (bleu)) replacées approximativement sur le diagramme
(CH : Ca(OH)2, NH : NaOH, Na 1.2.10 : Na2O·2B2O3·10H2O, Na 1.5.10 : Na2O·5B2O3·10H2O, u.
(ulexite) : Na2O·2CaO·5B2O3·16H2O, Ca 1.1.6 : CaO·B2O3·6H2O, Ca 2.3.13 : 2CaO·3B2O3·13H2O, Ca
1.3.4 : CaO·3B2O3·4H2O, Na 1.1.8 : Na2O·B2O3·8H2O)
104
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Une démarche similaire à celle du paragraphe précédent a été adoptée pour décrire et
comprendre l’influence d’un ajout de gypse au système CaO-B2O3-Na2O-H2O sur les
assemblages minéralogiques obtenus, le gypse pouvant être présent en large quantité dans nos
ciments.
13
12
11
pH à l'équilibre
250 mM NaOH
500 mM NaOH
10
750 mM NaOH
1 M NaOH
9
6
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Quantité de gypse ajoutée (mmol/L)
Figure 72 : Evolution simulée du pH du milieu lors de l’ajout de gypse à une solution contenant 1 mol/L
d’acide borique et des concentrations variables en soude
105
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
350 8 450
B(OH)3(aq)
250 mM NaOH 250 mM NaOH -
400 B(OH)4
300
Quantité de phase solide formée (mmol/L)
-
B3 O3(OH)4
350 -
pH 7.5 B5 O6(OH)4
250 2-
Gypsum
Concentration (mmol/L)
B4O5(OH)4
300
Ulexite NaB(OH)4(aq)
pH à l'équilibre
200 Nobleite +
250 Na
7 2-
SO4
150 200
150
100
6.5
100
50
50
0 6 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Quantité de gypse ajoutée (mmol/L) Quantité de gypse ajoutée (mmol/L)
Tableau 21 : Bilan de matière sur les espèces formées et consommées lors d’un ajout de gypse égal à
50 mol/L
106
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
En se basant sur ce bilan de matière, l’évolution du système lors d’un ajout de gypse
inférieur à 500 mmol/L pourrait être décrite par l’équation de Réaction 30 :
De manière plus générale, pour cette concentration en soude, les évolutions ayant lieu
au sein du système peuvent être décrites comme suit :
Lorsque le pH du milieu devient inférieur à 7,0 et pour une quantité de gypse ajoutée
supérieure à 50 mmol/L, de la nobléite précipite au détriment d’une faible quantité d’ulexite.
La chute de pH peut être expliquée de la même manière que précédemment : la précipitation
du composé boraté conduit à une diminution de la teneur en bore en solution, et donc à une
dépolymérisation des espèces polyboratées ; la quantité d’ions hydroxyde consommée par la
précipitation des phases boratées est alors supérieure à celle libérée par la dépolymérisation
des espèces ioniques boratées. Pour une quantité de gypse ajoutée supérieure à environ
125 mmol/L, la solution est saturée en gypse ; le pH de la solution n’évolue plus et le système
est constitué d’un mélange d’ulexite, de nobléite et de gypse.
107
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
350 10 350
500 mM NaOH 500 mM NaOH
300 300
Quantité de phase solide formée (mmol/L)
9.5
pH
250 250 B(OH)3(aq)
Gypsum
Concentration (mmol/L)
9 -
Ulexite B(OH)4
pH à l'équilibre
-
200 200 B3O3(OH)4
-
8.5 B5O6(OH)4
2-
150 150 B4O5(OH)4
NaB(OH)4(aq)
8 +
100 100 Na
2-
SO4
7.5
50 50
0 7 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Quantité de gypse ajoutée (mmol/L) Quantité de gypse ajoutée (mmol/L)
Pour une teneur initiale en soude égale à 500 mmol/L, les mêmes phénomènes
expliquent la diminution du pH du milieu. Dans ces conditions, seule l’ulexite précipite car le
pH du milieu reste trop élevé vis-à-vis du domaine de stabilité de la nobléite.
12 500
250 B(OH)3(aq)
Concentration (mmol/L)
11.5 400 -
B(OH)4
pH à l'équilibre
pH -
200 B3 O3(OH)4
Gypsum
-
11 300 B5 O6(OH)4
Ulexite
2-
150 Inyoite B4O5 (OH)4
NaB(OH)4(aq)
10.5 200 +
100 Na
2-
SO4
10 100
50
0 9.5 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Quantité de gypse ajoutée (mmol/L) Quantité de gypse ajoutée (mmol/L)
Lorsque la teneur initiale en soude est égale à 750 mmol/L, un comportement différent
est observé : le pH du milieu est quasiment stable, puis un saut de pH intervient pour une
quantité de gypse ajoutée égale à 125 mmol/L. Initialement, les ions monoborate sont
majoritaires en solution et de faibles quantités d’anion tétramérique et trimérique sont
présents en solution. La précipitation d’ulexite implique une diminution de la concentration
en bore dans la solution et donc, comme précédemment, une dépolymérisation des espèces
polyboratées. Les réactions mises en jeu dans ce système peuvent être décrites globalement
par les équations suivantes, en milieu basique :
108
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
Pour une quantité de gypse ajoutée inférieure à environ 100 mmol/L, la quantité d’ions
hydroxyde libérée par la précipitation d’ulexite est consommée par les réactions de
dépolymérisation des espèces polyboratées. Pour une quantité de gypse ajoutée supérieure à
100 mmol/L, la majorité des espèces polyboratées a été consommée ; les ions hydroxyde
libérés par la précipitation de l’ulexite ne sont plus consommés et l’on observe alors une
augmentation brutale du pH. Cette augmentation du pH mène à une zone où l’inyoite devient
stable. Elle précipite donc au détriment de l’ulexite. Les équations suivantes pourraient
décrire les réactions ayant lieu au sein du système :
3B(OH) -4 + Ca 2+ + 5H 2 O = Inyoite + OH -
Ulexite + 2OH - + H 2 O = 5B(OH) -4 + 1Ca 2+ + 1Na +
350 13 700
1000 mM NaOH 1000 mM NaOH
B(OH)3(aq)
300 600
Quantité de phase solide formée (mmol/L)
-
B(OH)4
-
12.5 B3 O3(OH)4
250 500 -
Concentration (mmol/L)
B5 O6(OH)4
2-
B4O5 (OH)4
pH à l'équilibre
pH
200 400
Gypsum NaB(OH)4(aq)
Ulexite 12 +
Na
150 Inyoite 300 2-
SO4
Hexahydroborite
100 200
11.5
50 100
0 11 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Quantité de gypse ajoutée (mmol/L) Quantité de gypse ajoutée (mmol/L)
Pour une teneur en soude initialement égale à 1000 mmol/L, l’intégralité du bore est
sous la forme monoborate. L’ajout de gypse dans le système, jusqu’à environ 50 mmol/L,
conduit à la précipitation d’ulexite. La précipitation d’ulexite est alors accompagnée par la
libération d’ions hydroxyde, comme le décrit l’équation de réaction suivante :
109
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
La précipitation de l’hexahydroborite ne met pas en jeu les ions hydroxyde, mais est
accompagnée par la dissolution d’ulexite, qui consomme des hydroxydes, ce qui explique la
diminution du pH du milieu. A partir de 310 mmol/L de gypse ajouté, de l’inyoite précipite.
Le bilan sur les hydroxydes est nul et le pH est alors constant. Après complète dissolution de
l’ulexite, une faible quantité d’inyoite se dissout à nouveau, ce qui conduit à une chute du pH
pour les mêmes raisons que précédemment.
Les évolutions minéralogiques lors d’un ajout de calcium dans le système dépendent
donc grandement de la concentration initiale en sodium. Contrairement aux évolutions
minéralogiques ayant lieu lors de l’ajout de portlandite à une solution de borate de sodium, le
diagramme de phase du système CaO-B2O3-Na2O-H2O tracé par Csetenyi et al (Csetenyi and
Glasser 1993) ne peut plus être utilisé pour prédire les évolutions minéralogiques. En effet, en
présence de sulfates, une phase supplémentaire doit être prise en compte, le gypse ; le
diagramme de Csetenyi et al (Csetenyi and Glasser 1993) doit s’en trouver par conséquent
impacté. Dans nos conditions expérimentales vis-à-vis des concentrations en sodium, bore et
sulfate, la formation de mirabilite Na2SO4.10H2O n’est pas escomptée.
Le saut de pH mesuré expérimentalement (∆pH = 0,5 ± 0,1 unité pH) est d’amplitude
comparable à celle prédite par le calcul (∆pH = 0,6 unité pH) lorsque l’ajout de gypse est
110
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
effectué dans la solution la plus basique. En revanche, lorsque l’ajout de soude initial n’est
que de 250 mmol/L, l’acidification de la solution résultant de l’ajout de gypse
(∆pH = - 0,3 ± 0,1 unité pH) est nettement inférieure à celle calculée (∆pH = - 1,1 unité pH).
Il est à noter cependant que dans l’expérience, tout le gypse n’a pas été dissous sur la durée de
l’essai. Le pH mesuré ne correspond donc pas à un pH d’équilibre, contrairement au pH
calculé. Les deux essais expérimentaux semblent donc indiquer que la vitesse de dissolution
du gypse est plus rapide dans la solution la plus basique.
8.1 12.4
250 mM NaOH 1000 mM NaOH
12.3
8
Concentration (mmol/L)
Concentration (mmol/L)
12.2
12.1
7.9
12
7.8
11.9
11.8
7.7
11.7
7.6 11.6
0 10 20 30 40 50 0 2 4 6 8 10
Temps (min) Temps (min)
Figure 77 : Evolution en fonction du temps du pH du milieu lors de l’ajout de 400 mmol/L gypse à une
solution contenant initialement 1 mol/L d’acide borique et 250 mmol/L de soude (gauche) et 1000 mmol/L
de soude (droite) – 25°C (l’ajout de gypse à lieu à t = 0 min)
4. Conclusion
En se basant sur l’inventaire des borates minéraux hydratés établi par Casabonne et
Roux, une classification basée sur l’organisation des borates au sein des minéraux a dans un
premier temps été effectuée. Les constantes de formation des différents composés considérés
ont été recensées, ce qui a permis de compléter la base chess_especes_boratees.tdb.
111
CHAPITRE III : Etude de borates minéraux hydratés : cas particulier du C2B3H8 et de la
pseudo-ulexite
En résumé :
112
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires
boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
1. LES PHASES DE TYPE AFT ET DE TYPE AFM, PRINCIPAUX HYDRATES DES CIMENTS
SULFOALUMINEUX .......................................................................................................... 116
1.1. Présentation de l’ettringite et des phases de type AFt boratées........................................... 116
1.2. Présentation du monosulfoaluminate et des phases de type AFm boratées......................... 120
1.3. Assemblage minéralogique dans le système CaO-Al2O3-B2O3-H2O .................................. 123
2. SYNTHESE ET CARACTERISATION D’HYDRATES CIMENTAIRES BORATES ......................... 126
2.1. Synthèse de la boro-AFt et de la boro-AFm ....................................................................... 126
2.2. Caractérisation de la boro-AFt ............................................................................................ 126
2.2.1. Caractérisation structurale de la boro-AFt ...................................................... 126
2.2.2. Détermination de la constante de formation de la boro-AFt ............................ 131
2.3. Caractérisation de la boro-AFm .......................................................................................... 132
2.3.1. Caractérisation structurale de la boro-AFm .................................................... 132
2.3.2. Détermination de la constante de formation de la boro-AFm........................... 136
2.4. Simulation des synthèses de la boro-AFt et de la boro-AFm .............................................. 137
2.4.1. Simulation de la synthèse de la boro-AFt ......................................................... 138
2.4.2. Simulation de la synthèse de la boro-AFm........................................................ 139
2.4.3. Comparaison des évolutions minéralogiques calculées à partir de la base
chess_especes_boratees.tdb aux diagrammes de phases existants ................... 140
3. COMPORTEMENT DE LA BORO-AFT EN MILIEU SULFATE................................................. 142
4. CONCLUSION .................................................................................................................. 145
113
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
L’hydratation par l’eau pure d’un ciment sulfoalumineux à forte teneur en ye’elimite,
pouvant contenir de 0 à 25 % massique de gypse, conduit à la formation majoritaire
d’ettringite, de monosulfoaluminate de calcium hydraté et d’hydroxyde d’aluminium, le
rapport entre la quantité d’ettringite et de monosulfoaluminate de calcium hydraté dépendant
principalement de la concentration initiale en gypse du liant. L’ettringite et le
monosulfoaluminate de calcium hydraté appartiennent à deux familles de composés bien
connues, les phases de type AFt et les phases de type AFm respectivement.
Ces phases possèdent des structures flexibles et la littérature décrit l’existence
d’hydrates boratés dans chacune des deux familles. C’est, rappelons-le, ce qui justifie dans
notre étude le recours à un ciment sulfoalumineux à forte teneur en ye’elimite pour le
conditionnement de déchets boratés. La première partie de ce chapitre présentera les
caractéristiques structurales et thermodynamiques des phases AFm et AFt d’intérêt particulier
pour notre travail, avec une considération particulière pour les composés boratés mentionnés
dans la littérature.
Les données structurales relatives à la boro-AFm et à la boro-AFt étant incomplètes,
voire même contradictoires, l’objectif de la seconde partie de ce chapitre est d’étudier
précisément la structure de ces composés. Pour ce faire, la boro-AFm et la boro-AFt sont
synthétisées et leurs structures sont résolues par diffraction des rayons X. La coordination du
bore au sein de chacun de ces hydrates est déterminée et les résultats obtenus sont vérifiés par
spectroscopie Raman et 11B-RMN. Du point de vue de la thermodynamique, les constantes de
formation de chacune des deux phases sont estimées, puis comparées aux valeurs fournies par
la littérature.
Les phases de types AFt pouvant incorporer simultanément les ions borate et sulfate,
l’influence sur la boro-AFt de la présence de sulfates dans le milieu est abordée dans la
dernière partie de ce chapitre. Pour ce faire, la boro-AFt précédemment synthétisée est mise
en contact avec une solution contenant des ions sulfate.
Objectifs :
115
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
La famille des phases de type AFt, pour Aluminate ou Ferrite de calcium trisubstitué,
regroupe un grand nombre de minéraux. Leur formule générale peut s’écrire
3CaO.(Al,Fe)2O3.3CaX2.nH2O, où X est un anion monovalent, ou encore
3CaO.(Al,Fe)2O3.3CaX.nH2O, si X est un anion divalent. La structure de ces composés est
constituée de colonnes chargées positivement [Ca3Al(OH)6.12H2O]3+ organisées
parallèlement à l’axe c. Cet arrangement en colonnes implique l’existence de canaux, au sein
desquels les espèces [3X.nH2O]3- chargées négativement assurent l’électroneutralité.
L’ettringite est la phase de type AFt la plus connue et la plus fréquemment rencontrée,
ce composé étant un hydrate minoritaire des ciments Portland. L’ettringite est un aluminate de
calcium sulfaté hydraté de formule :
3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O
Sa structure, représentée sur la Figure 78, a été déterminée par Moore et Taylor
(Moore and Taylor 1970). Les colonnes [Ca3Al(OH)6.12H2O]3+ sont constituées d’aluminium,
de calcium, d’hydroxyde et de molécules d’eau : l’aluminium est en coordination octaédrique,
avec des ions hydroxyde aux 6 sommets de l’octaèdre, et le calcium est au cœur d’un
polyèdre de coordination à 8 sommets ou sont localisés 4 molécules d’eau et 4 anions
hydroxyde partagés avec l’aluminium. L’assemblage de ces unités en colonnes délimite des
canaux occupés par les ions sulfate et par les molécules d’eau restantes, répartis dans 4 sites
anioniques. Dans ces canaux, les sulfates présentent alternativement 2 orientations le long de
l’axe c ; les molécules d’eau et les ions sulfate s’enchaînent alors selon une séquence / sulfate
haut / sulfate bas / sulfate haut / H2O /. Les deux canaux de la maille sont équivalents. La
formule structurale de cette dernière peut être écrite: [Ca3Al(OH)6.12H2O].[3SO4.H2O]. La
résolution structurale de l’ettringite a montré qu’elle cristallise dans le groupe d’espace
trigonal P31c avec a = 11.22 Å et c = 21.48 Å (Moore and Taylor 1970). Cet hydrate se
présente sous forme de cristaux aciculaires à base hexagonale.
116
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Figure 78 : Projection de la représentation structurale de l’ettringite dans le plan (a,c) (gauche) et dans la
plan (a,b)
Réaction 31 6Ca 2+ + 2Al3+ + 3SO 24− + 38H 2 O = 3CaO.Al 2 O 3 .3CaSO 4 .32H 2 O + 12H +
117
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Il est à noter que les auteurs déterminent un groupe d’espace pour ces deux composés
similaire à celui de l’ettringite, c'est-à-dire P31c.
Wenda et Kuzel (Wenda and Kuzel 1983) montrent de plus par synthèse que les ions
borate peuvent substituer totalement les ions sulfate au sein de l’ettringite. Ils décrivent
l’existence de deux phases de type AFt contenant uniquement des ions borate, la première
C3A.2Ca(B(OH)4)2.Ca(OH)2.36H2O contenant une forte concentration en ions borate, et la
seconde C3A.Ca(B(OH)4)2.2Ca(OH)2.36H2O contenant une faible concentration en ions
borate. L’analyse par spectroscopie infrarouge montre que le bore est en coordinence 4 au
sein de ces structures, c'est-à-dire sous la forme B(OH) −4 . Poellman (Poellmann, Auer et al.
1993) et Czetenyi (Csetenyi and Glasser 1993) admettent l’existence d’une solution solide
complète 3CaO Al2O3 xCa(OH)2 (3-x)Ca(B(OH)4)2 nH2O entre ces deux phases de type AFt
boratées, avec x compris entre 1 et 2, en se basant sur le fait qu’aucun dédoublement de pics
n’est observé sur les diffractogrammes. L’ensemble de ces auteurs s’accorde sur le fait que
ces composés cristallisent dans le même groupe d’espace P31c que l’ettringite, avec
a = 11,022 Å et c = 21,375 Å pour la boro-AFt à forte teneur en bore.
D’un point de vue thermodynamique, Csetenyi (Csetenyi and Glasser 1993) montre
que le composé stable est la boro-AFt C3A.[Ca(B(OH)4)2]2.Ca(OH)2.33H2O, contenant une
forte concentration en ions borate ; il détermine alors son produit de solubilité à 25°C. Son
résultat est comparé à celui de Bothe et Brown (Bothe and Brown 1998) dans le Tableau 23
(Réaction 32). Les constantes de formation ont été recalculées dans le formalisme de notre
base de données chess_especes_boratees.tdb (Réaction 33).
118
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Tableau 23 : Comparaison des produits de solubilité de la boro-AFt déterminés à 25°C par Csetenyi et al
(Csetenyi and Glasser 1993) et Bothe et al (Bothe and Brown 1998), puis des constantes de formation
recalculées dans le formalisme de la base chess_especes_boratees.tdb.
Le Tableau 23 met en évidence un écart important entre les valeurs provenant des
deux sources (environ 22% d’écart relatif sur les logarithmes).
Ils notent de plus une préférence de la phase de type AFt pour les ions sulfate.
119
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Tableau 24 : Paramètres de maille des différentes phases de type AFt incorporant des ions borate
recensées dans la littérature : (1) (Moore and Taylor 1970) ; (2) (Peacor, Dunn et al. 1983; Antao,
Duane et al. 2002; Pushcharovsky, Lebedeva et al. 2004) ; (3) (Dunn, Peacor et al. 1983) ;
(4) (Kumarathasan, MacCarthy et al. 1990) ; (5) (Csetenyi and Glasser 1993)
3CaO.Al2O3.CaSO4.12H2O
Sa structure, représentée sur la Figure 79, a été déterminée par Allmann (Allmann
1977). Les feuillets [Ca2Al(OH)6]+ sont constitués d’aluminium, de calcium et d’hydroxyde :
l’aluminium est en coordination octaédrique, avec aux 6 sommets de l’octaèdre des ions
hydroxyde, et le calcium est au cœur d’un polyèdre de coordination à 7 sommets occupés par
1 molécule d’eau de l’interfeuillet et 6 anions hydroxyde partagés avec l’aluminium.
L’assemblage de ces unités en feuillets délimite l’interfeuillet [1/2SO4.3H2O]- occupé par les
ions sulfate et par les molécules d’eau restantes. Le monosulfoaluminate de calcium hydraté
cristallise dans le groupe d’espace trigonal R-3m avec a = 5,76 Å et c = 26,83 Å (Moore and
Taylor 1970).
120
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Plusieurs auteurs décrivent l’existence d’une phase de type AFm incorporant les ions
borate, de formule générale 4CaO Al2O3 ½B2O3 12H2O, et couramment appelée
monoboroaluminate de calcium hydrate (boro-AFm) (Wenda and Kuzel 1983; Csetenyi and
Tamas 1990; Bothe and Brown 1998; Bothe and Brown 1998). Aucune donnée
cristallographique précise n’est disponible à ce jour dans la littérature et l’environnement des
atomes de bore au sein de la structure reste à clarifier. En se basant uniquement sur l’existence
d’une solution solide complète entre la boro-AFm et l’hemicarboaluminate de calcium
hydraté 4CaO Al2O3 ½CO2 12H2O, Bothe et Brown (Bothe and Brown 1998) supposent que
le bore est en coordination 3 au sein de la structure, c'est-à-dire au sein d’un groupement
121
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
HBO 32− , comme c’est le cas pour le carbone au sein de l’hemicarboaluminate de calcium
hydraté ( CO 32− ). En revanche, Csetenyi et al (Csetenyi and Tamas 1990) remarquent la
présence d’une bande d’absorption intense située à 1413 cm-1 sur le spectre infrarouge du
composé, longueur d’onde caractéristique d’une organisation des atomes de bore sous la
forme cyclique [B3O3(OH)5]2-. Ces observations les conduisent à proposer une organisation
similaire des atomes de bore au sein de la boro-AFm, et proposent la formule
3CaO.Al2O3.Ca[B3O3(OH)5].12H2O.
D’un point de vue thermodynamique, Bothe et Brown (Bothe and Brown 1998)
estiment la valeur du produit de solubilité logKs à 25°C de la boro-AFm à -28,51 (Réaction
35).
logKu = -28,03
122
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
123
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Toutefois, le fait de considérer la boro-AFm comme une phase métastable est contredit
par les études de Bothe et Brown (Bothe and Brown 1998; Bothe and Brown 1998). En effet,
ces auteurs s’opposent à Csetenyi et al (Csetenyi and Glasser 1995) et précisent que
l’assemblage B-AFt + B-AFm + C3AH6 constitue un point invariant du diagramme de phases
du système CaO-Al2O3-B2O3-H2O. Ils suggèrent de plus l’existence d’un autre point invariant
B-AFm + C3AH6 + AH3, en s’appuyant sur l’étude de l’hydratation de l’aluminate tricalcique
par une solution boratée (Bothe and Brown 1999). Enfin, la phase U n’a pas été introduite
dans les calculs.
Ces différents diagrammes de phases doivent donc être considérés avec précaution
puisque la prise en compte de la formation de la boro-AFm, au sein d’un diagramme stable ou
métastable, pourrait les complexifier par l’ajout d’un domaine de stabilité pour de faibles
concentrations en bore.
124
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
125
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
La boro-AFt 6CaO Al2O3 2B2O3 nH2O et la boro-AFm 4CaO Al2O3 ½B2O3 nH2O ont
été synthétisées par mise en suspension dans de l’eau déminéralisée et décarbonatée d’un
mélange d’aluminate tricalcique 3CaO.Al2O3, de chaux décarbonatée CaO, d’acide borique
B(OH)3 dans des rapports molaires égaux à 1:3:4 et 1:1:1 respectivement. L’acide borique a
été ajouté en excès (1% massique) par rapport à l’aluminate tricalcique afin de s’assurer de la
réaction totale de celui-ci. L’ensemble des synthèses a été effectué en boîte à gants sous
atmosphère d’azote.
L’acide borique et la chaux ont tout d’abord été introduits pour conduire à la
précipitation des ions borate sous forme d’hexahydroborite, et ainsi éviter le ralentissement de
la dissolution de l’aluminate tricalcique par les ions borate.
2.2.Caractérisation de la boro-AFt
La boro-AFt a été obtenue pure après 90 jours de maintien sous agitation à 20°C du
mélange réactionnel (Figure 82).
12000
11000
10000
9000
8000
Lin (Counts)
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
5 10 20 30 40 50 60 70 80
2-Theta - Scale (°)
Figure 82 : Diffractogramme du composé obtenu après 90 jours d’agitation à 20°C
Les rapports molaires Ca/B et Al/B du produit synthétisé ont été déterminés par
dissolution d’une masse donnée de composé dans de l’acide nitrique (5% massique), puis par
dosage par ICP-AES de la solution résultante, et sont proches de la composition chimique
126
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
attendue : Ca:B = 1,50 ± 0,04 et Al:B = 0,57 ± 0,02. L’analyse thermogravimétrique montre
que le composé contient environ 33 molécules d’eau par formule (Figure 83).
0
TGA 0
-5 DSC
(mW/g)
-10
Perte de masse (%)
flux (mW/mg)
-15 -2
Weight loss (%)
-20
thermique
-25 ~ 33 H2O
-4
-30
Heat
-35 Pic de fusion
Melting peak
Flux
-40 -6
-45
-50
-8
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Temperature (°C)
Figure 83 : Analyse thermogravimétrique et calorimétrique de la boro-AFt
6CaO.Al2O3. 2B2O3.33H2O
127
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Composé B-AFt
Formule brute 3CaO Al2O3 Ca(OH)2 2Ca(B(OH)4)2 24H2O
Formule structurale [Ca3Al(OH)6 9H2O]3+[2B(OH)4 OH 2H2O]3-
Masse moléculaire (g.mol-1) 1172.34
T(K) 293 K
Système Trigonal
Groupe d'espace P 3c 1
a (Å) 11.0296 (1)
c (Å) 10.6992 (1)
V (Å3) 1127.16 (2)
Z / Densité calculée (g cm-3) 1 / 1.72
Longueur d'onde(Å) 1.54184
Plage angulaire 2θ (°) 5.11-119.98
Nobs 6047
Nref 1210
Rp 0.049
Rwp 0.068
RBragg 0.064
RF 0.08
Nombre de réflexions 14
Nombre de réflexions
18
uniques
Figure 84 : gauche : Analyse Rietveld du diffractogramme de la boro-AFt – (a) : superposition des
diffractogrammes expérimental et calculé, (b) : différence entre le diffractogramme expérimental et
calculé, (c3) : position des pics de Bragg de la boro-AFt
droite : Paramètres d’affinement de la structure de la boro-AFt
Les atomes d’hydrogène n’ont pas été pris en compte dans l’affinement étant donné
leur faible contraste électronique vis-à-vis des rayons X. Les positions atomiques affinées des
14 atomes considérés (1 atome d’aluminium, 1 atome de calcium, 2 atomes de bore et 10
atomes d’oxygène) et la représentation structurale de la boro-AFt sont données en Figure 85.
site de
Atome x y z B iso (Å2) Occupancy
Wyckoff
Ca 6d 0.3330 (4) 0.4725 (3) 0.4007 (15) 2.19 (5) 1
Al 2b 0.1397 (18) 1.9 (1) 1
Oh1 6d 0.4637 (11) 0.8077 (11) 0.0430 (17) 0.6 (1) 1
Oh2 6d 0.4783 (11) 0.6639 (17) 0.2591 (17) = Ueq(Oh1) 1
Ow1 6d 0.3523 (12) 0.3096 (9) 0.2624 (15) 0.50 (9) 1
Ow2 6d 0.3131 (10) 0.3131 (8) 0.5759 (16) = Ueq(Ow1) 1
Ow3 6d 0.0808 (7) 0.2580 (6) 0.4082 (18) = Ueq(Ow1) 1
B1 2c 0.6319 (17) 4.2 (2) 1
B2 2a 0 0 0.6505 (18) = Ueq(B1) 1
Ob11 2c 0.4964 (17) = Ueq(B1) 1
Ob12 6d 0.6206 (14) 0.1872 (10) 0.661 (2) = Ueq(B1) 1
Ob21 2a 0 0 0.5206 (16) = Ueq(B1) 1
Ob22 6d 0.9094 (14) 0.0556 (16) 0.685 (2) = Ueq(B1) 1
O 6d 0.6862 (10) 0.5538 (7) 0.419 (2) 4.3 (3) 1
Figure 85 : gauche : Projection de la représentation structurale de la boro-AFt dans le plan (a,c) et dans le
plan (a,b)
droite : Positions atomiques, déplacement thermique isotrope et taux d’occupation au sein de la boro-AFt
128
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
BIII
(contamination)
BIV
30 20 10 0
(ppm)
129
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
130
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Les concentrations des espèces en solution se sont stabilisées entre 90 et 120 jours
d’agitation. A ces échéances, les poudres recueillies sont uniquement composées de boro-AFt.
Le système est donc considéré dans un état stable thermodynamiquement et le produit de
solubilité de la boro-AFt est estimé à partir des compositions chimiques des solutions en
équilibre (Tableau 26). L’incertitude sur les concentrations résulte d’une estimation de
l’erreur expérimentale d’une expérience répétée 11 fois. De plus, le pH étant supérieur à 11,7,
nous avons considéré que l’aluminium et le bore en solution sont en totalité sous forme
Al(OH)4- et B(OH)4- respectivement.
Boro − AFt
pKs 25 °C = 42,9 ± 0,4
− AFt
log K 25Boro
°C = −123,8 ± 0,4
Cette valeur est en très bon accord avec celle déterminée par Bothe et al (Bothe and
Brown 1998) (1,0% d’écart relatif sur les valeurs logarithmiques), mais plus éloignée de celle
déterminée par Csetenyi (Csetenyi and Glasser 1993) (13 % d’écart relatif). La valeur
déterminée ici a été introduite dans la base de données chess_especes_boratees.tdb. Le choix
131
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
2.3.Caractérisation de la boro-AFm
Après 7 jours de maintien sous agitation à 20°C, la boro-AFm est quasiment la seule
phase présente ; une faible quantité de katoïte 3CaO.Al2O3.6H2O est aussi détectée par
diffraction des rayons X (Figure 89). La présence de katoïte est compatible avec le diagramme
de phases établi par Bothe et Brown (Bothe and Brown 1998), au sein duquel la coexistence
de katoïte et de boro-AFm est mise en évidence.
40000
30000
Lin (Counts)
20000
K
10000 K
K
K K K
10 20 30 40 50 60 70 80
2-Theta - Scale (°)
Figure 89 : Diffractogramme du composé obtenu après 7 jours de maintien sous agitation à 20°C
(K : katoïte)
Les rapports molaires Ca/B et Al/B du produit synthétisé ont été déterminés par
dissolution d’une masse donnée de composé dans de l’acide nitrique (5% massique), puis par
dosage par ICP-AES de la solution résultante, et sont proches de la composition chimique de
la boro-AFm : Ca:B = 3,8 ± 0,2 et Al:B = 1,97 ± 0,05. La teneur en eau du composé a été
déterminée par ATG-DSC (Figure 90). La perte d’eau, enregistré entre 25°C et 1000°C,
correspond au départ de 12 molécules d’eau de la structure.
132
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
0
TGA
DSC Pic de fusion 8
-5 Melting peak
(mW/g)
(%)(%)
-10
flux (mW/mg)
Légère contamination 6
Slight carbonate
masse
-15 par les carbonates
contamination
Heatthermique
de loss
-20 4
Weight
-25
Perte
~ 12 H2O
2
Flux
-30
-35
0
-40
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Temperature (°C)
Figure 90 : Analyse thermogravimétrique et calorimétrique de la boro-AFm
CaO.Al2O3. ½B2O3.12H2O
Composé B-AFm
Formule brute 3CaO Al2O3 CaHBO3 12.28(6)H2O
Formule structurale [Ca2Al(OH)6]+[½HBO3 3.14(3)H2O]-
133
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Les atomes d’hydrogène du composé n’ont pas été pris en compte étant donné leur
faible contraste électronique vis-à-vis des rayons X. Les positions atomiques affinées des 7
atomes considérés (1 atome d’aluminium, 1 atome de calcium, 1 atome de bore et 4 atomes
d’oxygène) et la représentation structurale de la boro-AFm sont présentées sur la Figure 92.
site de Taux
Atome x y z Biso (Å2)
Wyckoff d’occupation
Al 6b 0 0 0 0.66 (3) 1
Ca 12c 0.01127 (2) = Ueq(Al) 1
Oh 36f 0.7507 (3) 0.6889 (4) 0.02055 (3) = Ueq(Al) 1
Ow1 12c 0.06235 (7) 3.8 (2) 1
B 6a 0 0 ¼ = Ueq(Ow1) 0.5 (-)
Ob 18e 0 0.2170 (5) ¼ = Ueq(Ow1) 0.5 (-)
Ow2 18e = x(Ob) = y(Ob) = z(Ob) = Ueq(Ow1) 0.38 (1)
B-AFm
Al 6 x OH 1.937 (2)
Ca 3 x Oh 2.394 (2)
3 x Oh 2.438 (2)
Ow1 2.531 (4)
B 3 x Ob 1.253 (3)
Ob/Ow2 Ow1 2.556 (2)
Ow2 Ow2 2.171 (4)
Tableau 27 : Distances interatomiques au sein de la boro-AFm – la distance oxygène Ow2 – oxygène Ow2,
beaucoup trop faible, conforte le désordre statistique au sein de l’interfeuillet.
134
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Le pic situé entre 10 et 20 ppm, avec un maximum situé à 15,9 ppm, observé sur le
spectre 11B-RMN, est caractéristique d’un atome de bore en coordination 3 (Figure 93), ce qui
confirme les résultats de l’affinement structural. L’analyse par spectroscopie Raman (Figure
94) confirme également ces résultats : les bandes de vibration situées à 495 et 550 cm-1
(νs(B-O)), 856 et 888 cm-1 (νs(B-O)), ainsi qu’à 1429 et 1473 cm-1 (νas(B-O)) sont
caractéristiques d’un groupement borate en symétrie trigonale plane. Le dédoublement des
bandes d’absorption est une conséquence de la levée de dégénérescence liée à la perte de
symétrie impliquée par la localisation de l’atome d’hydrogène sur un des trois atomes
d’oxygène du groupement borate HO-BO22- ; la présence de cet atome d’hydrogène localisé
implique une symétrie ponctuelle C2v, au lieu de la symétrie ponctuelle apparente D3h du site
de Wyckoff 6a du groupe d’espace R3c .
BIII
30 20 10 0
(ppm)
135
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
[Ca2Al(OH)6][ ½HBO3.3,5H2O]
D’un point de vue morphologique, cette phase se présente sous la forme de plaquettes
hexagonales, ce qui est caractéristique des phases de type AFm (Figure 95).
Concentration
8,66 ± 0,1 1,24 ± 0,2 3,13 ± 0,5 13,8 ± 0,3
(mmol/L)
Etant donné que de la katoite Ca3[Al(OH)6] est présente dans le milieu, l’indice de
saturation de cette phase par rapport à la solution a été calculé afin d’estimer l’écart à
l’équilibre, en appliquant le modèle de Davies tronqué pour prendre en compte les effets de
force ionique (cf. annexe 1). Le produit de solubilité logKskatoite à 25°C de la katoite, associé à
l’équation de Réaction 39, est connu et est égal à -20,829.
136
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
( Ca 2 +
[ ]) (
3
. Ca 2+ . Al(OH) 4−
[ ]) (
2
. Al(OH)4− . OH −
[
. OH − ])
4
IS(Katoïte) = log
Ks(Katoïte)
IS(Katoïte) = −0,004
Et ( )(
4
logKs boro−AFm = log Ca 2+ . Al(OH)−4 ) (B(OH) )(OH )
2 −
4
− 5
boro − AFm
log Ks25°C = −27,4 ± 0,4
boro − AFm
log K 25 °C = −94,1 ± 0,4
Cette valeur est en bon accord avec les données de Bothe et Brown (Bothe and Brown
1998) (≈ 2% d’écart relatif sur les valeurs logarithmiques). Elle a été introduite dans la base
de données chess_especes_boratees.tdb.
137
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Concentration
8,9 ± 0,2 2,987 ± 0,004 8,4 ± 0,2 5,9 ± 0,8
mesurée (mmol/L)
Concentration
7,51 2,501 5,01 6,30
calculée (mmol/L)
Tableau 29 : Comparaison entre les concentrations mesurées et calculées en équilibre avec la boro-AFt à
25°C – L/S = 100 - logKboro-AFt = -123,8 – l’hydroxyde d’aluminium considérée dans la base est la forme
amorphe
Les écarts entre les valeurs mesurées et calculées ne sont pas négligeables mais restent
acceptables. Les valeurs de pH, liées à la concentration en hydroxydes, sont en très bon
accord. C’est notamment ce point qui permet de valider la valeur de constante de formation
calculée.
200 12.6 60
2+
pH Ca
Boro-AFt -
B(OH)4
Quantité de phase solide formée (mmol/L)
Portlandite 50 -
12.4 AlO2
Hexahydroborite +
150 CaB(OH)4
Concentration (mmol/L)
+
40 CaOH
pH à l'équilibre
-
12.2 OH
100 30
12
20
50
11.8
10
0 11.6 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Quantité de C3A dissoute (mmol/L) Quantité de C3A dissoute (mmol/L)
138
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
100 12.6 60
pH Ca[2+]
Hexahydroborite
B(OH)4[-]
Quantité de phase solide formée (mmol/L)
Portlandite 50
80 12.4 AlO2[-]
Boro-AFt
CaB(OH)4[+]
Boro-AFm
Concentration (mmol/L)
40 CaOH[+]
C3AH6
pH à l'équilibre
60 12.2 OH[-]
30
40 12
20
20 11.8
10
0 11.6 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Quantité de C3A dissoute (mmol/L) Quantité de C3A dissoute (mmol/L)
139
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
140
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
Tout d’abord, il est à noter que la boro-AFm possède un domaine de stabilité pour de
faibles concentrations en bore. L’existence de ce domaine de stabilité n’est pas la
conséquence de la prise en considération de la forme amorphe de l’hydroxyde d’aluminium.
En revanche, la prise en considération de la forme amorphe de l’hydroxyde d’aluminium, au
lieu de la gibbsite, implique :
141
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
L’existence d’une solution solide entre 2Boro-AFt et 4Boro-AFt ne peut pas être prise
en compte dans ces calculs thermodynamiques ; le code de calcul CHESS n’est en effet pas
conçu pour gérer les solutions solides. Toutefois, l’existence d’un domaine de stabilité pour
ces solutions solides n’est pas exclue. En présence de sodium, un domaine de stabilité pour la
phase U est attendu.
Etant donné que de grandes quantités de gypse peuvent être présentes dans les ciments
sulfoalumineux, nous nous sommes brièvement intéressés au comportement de la Boro-AFt
en milieu sulfaté. L’existence d’une solution solide entre les ions borate et les ions sulfate au
sein d’une phase de type AFt est reconnue dans la littérature et a déjà été présenté dans ce
chapître. Toutefois, nous avons montré précédemment que la boro-AFt et l’ettringite ne
cristallisent pas dans le même groupe d’espace. L’existence d’une solution solide complète
entre le pôle sulfates et le pôle borates est donc impossible.
De la boro-AFt précédemment synthétisée a été mise en suspension dans une solution
de sulfate de sodium Na2SO4 à 2,5 mol/L avec un rapport massique L/S = 10. Dans ces
conditions, la quantité de sulfates dans la solution est suffisante pour subsituter l’intégralité
des borates de la boro-AFt, le rapport molaire 2.B(OH) −4 SO 24− étant égal à 1.
L’analyse du solide par DRX du composé en suspension à 0, 14 et 28 jours conduit
aux diffractogrammes placés sur la Figure 100.
Au cours du temps, la boro-AFt est déstabilisée au profit d’une phase de type AFt
mixte, incorporant borates et sulfates. L’existence d’une phase AFt mixte, incorporant sulfates
et borates est une fois de plus mise en évidence par cette étude. Aucune autre phase
cristallisée n’est observée par analyse par DRX. La présence d’hydroxyde d’aluminium
amorphe n’a pas été vérifiée.
Une étude plus précise du domaine de solution solide serait toutefois nécessaire pour
compléter la connaissance de ce système.
142
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
limité étant donné que le code de calcul utilisé, CHESS, ne permet pas de prendre en compte
la formation de solutions solides.
Les résultats de la simulation d’un ajout de sulfate de sodium à une suspension de
boro-AFt sont présentés sur la Figure 101.
8 10 20
2 theta (°)
{100} {110} {114}
8 9 10 15 16 17 22.5 23
2 theta (°) 2 theta (°) 2 theta (°)
Figure 100 : Diffractogrammes du composé obtenu après mise en suspension de la boro-AFt dans une
solution de sulfate de sodium à 0 jours (bleu), 14 jours (vert) et 28 jours (vert)
L/S = 10 – B/S = 1
La position des réflexions de l’ettringite est représentée par les barres verticales oranges, et celle de la
boro-AFt pure par les barres roses
143
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
8 12,2
Boro-AFt 2.B(OH) 4− SO 24 − = 1
Quantité de phases dans le système 7 Ettringite
12,15
Gibbsite
6 pH
12,1
5
(mmol/L)
pH
4 12,05
3
12
11,95
1
0 11,9
0 5 10 15 20 25
Concentration en Na2SO4 (mmol/L)
Figure 101 : Simulation d’un ajout croissant de sulfate de sodium à une suspension de boro-AFt
L/S = 10
Cette simulation met en évidence qu’un ajout de sulfates à une suspension de boro-
AFt conduit à la déstabilisation de cette phase au profit de l’ettringite. En réalité, cette
déstabilisation passe par la formation d’une phase de type AFt mixte incorporant sulfates et
borates.
144
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
4. Conclusion
Il a été montré qu’au sein de la boro-AFt, le bore se trouve au centre d’un tétraèdre de
coordination avec un atome d’oxygène à chaque sommet, c'est-à-dire sous la forme B(OH)4-.
De plus, il a été constaté que les groupements borate sont orientés le long de la même
direction et qu’ils occupent tous les sites anioniques. Ceci implique plusieurs différences
d’ordre structural avec l’ettringite, notamment en termes de symétrie : la boro-AFt cristallise
dans le groupe d’espace P3c1 présentant un degré de symétrie supérieur à celui de l’ettringite
(P31c). Cette différence de symétrie permet d’exclure l’existence d’une solution solide
complète entre l’ettringite et la boro-AFt. Cette organisation spécifique est inédite pour une
phase de type AFt.
boro-AFt boro-AFm
Groupe
d'espace P3c1 R3c
a (Å) 11,03 5,78
c (Å) 10,70 49,55
boro-AFt boro-AFm
LogK25°C -123,8 ± 0,4 -94,1 ± 0,4
145
CHAPITRE IV : Etude des hydrates cimentaires boratés : la boro-AFm et la boro-AFt
En résumé :
146
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
147
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
148
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Comme nous l’avons précisé dans le chapitre I, les ions borate sont de puissants
retardateurs de prise du ciment Portland. Un effet retardateur a également été récemment
constaté sur la prise des ciments sulfoalumineux
Objectifs :
• Définir les processus d’hydratation des liants par des solutions de borate
de sodium, avec et sans gypse.
149
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
La composition des liants sulfoalumineux bélitiques peut être très variable. Nous
avons sélectionné un clinker riche en ye’elimite qui forme majoritairement des phases de type
AFm et/ou AFt susceptibles d’incorporer les ions borate lors de l’hydratation.
Le clinker a été importé de Chine par la société Belitex (référence KTS 100). Sa
composition chimique a été déterminée par fluorescence X et est reportée dans le Tableau 30.
La minéralogie du clinker a été déterminée à partir d’une analyse par diffraction des
rayons X et de la composition chimique en supposant que :
Aucune autre phase contenant du titane n’a été détectée par DRX. La composition
minéralogique semi-quantitative est reportée dans le Tableau 31. La distribution
granulométrique du clinker et sa surface spécifique sont indiquées dans le Tableau 32.
Tableau 31 : Composition minéralogique déterminée à partir d’une analyse par DRX et de la composition
chimique
150
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
données dans le Tableau 32. Des ciments de teneur en gypse variable (0 %, 5%, 10 % et 20 %
par rapport à la masse totale de ciment) ont été obtenus par mélange au Turbula pendant
15 minutes des quantités appropriées de clinker et de gypse (Rectapur, VWR).
Clinker Gypse
d10 (µm) 2,45 5,4
d50 (µm) 15,1 18,7
d90 (µm) 49,8 52,4
Ssp (m²/g) 4,8 0,5
Les ciments précédents ont été hydratés soit par de l’eau déminéralisée, soit par des
solutions de borate de sodium.
Les solutions de borate de sodium ont été préparées par dissolution de la quantité
souhaitée d’acide borique (Normapur, VWR) dans de l’eau déminéralisée, puis par addition
de soude (Rectapur, VWR) jusqu’à la valeur de pH attendue. Les résultats issus du chapitre II
ont permis de calibrer la quantité de soude à ajouter pour atteindre le pH souhaité, et ainsi de
maîtriser la quantité de sodium et d’hydroxyde dans le système. Par exemple, pour obtenir
une solution d’acide borique à 1 mol/L de pH égal à 11, la quantité de soude à ajouter à la
solution d’acide borique est égale à 962 mmol/L.
Les pâtes de ciment ont été obtenues par malaxage pendant 5 minutes du mélange de
ciment et de solution introduits dans un rapport massique Liquide/Ciment égal à 0,6. Ce
rapport permet une bonne ouvrabilité de la pâte tout en évitant les phénomènes de ressuage à
24 heures, et ce quelle que soit la teneur en gypse du ciment. Théoriquement, ce rapport L/C
est suffisant pour permettre l’hydratation totale des anhydres (Tableau 33), en présence de
35 % de gypse.
151
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
La pâte de ciment est ensuite directement introduite dans une cellule spécifique de la
technique de caractérisation utilisée, ou est coulée dans des pots en polyéthylène fermés
hermétiquement et conservés à 20°C pour des caractérisations ultérieures.
L’hydratation au très jeune âge a été suivie en continu par microcalorimétrie isotherme
à 25°C et par conductimétrie (Annexe 6). Dans certains cas, l’hydratation a été étudiée à
l’aide d’une cellule spécifique spécialement développée dans le cadre de ces travaux, et qui
permet de coupler rhéométrie, conductimétrie et calorimétrie (Annexe 6).
La solution interstitielle des différentes pâtes de ciment a été extraite par pressage
(2 tonnes) tout au long de l’hydratation, afin d’en déterminer son pH et sa composition
chimique (ICP-AES).
Enfin, les évolutions minéralogiques des différentes pâtes de ciment au cours du temps
ont été caractérisées par diffraction des rayons X (annexe 6) et par ATG/DSC (Annexe 6)
après arrêt de l’hydratation. Pour ce faire, les échantillons ont été broyés, immergés dans
l’isopropanol, puis séchés en enceinte à hygrométrie fixée à 20% HR (tampon acétate de
potassium). Cette technique de séchage a été préférée à la lyophilisation afin de ne pas
modifier l’assemblage minéralogique.
30
25 0 % de gypse
10 % de gypse
20 % de gypse
Flux thermique (mW/g)
20
15
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Temps (heures)
Figure 102 : Influence du taux de gypse d’un ciment sulfoalumineux sur le flux thermique dégagée lors de
mesuré par microcalorimétrie isotherme à 25°C
Composition massique du clinker utilisé : 68,5 % de ye’elimite – 9,5 % de mayenite – 15,9 % de bélite
(Berger 2009)
152
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
L’influence de la teneur en gypse du liant sur l’hydratation d’un ciment au très jeune
âge a été étudiée plus précisément à l’aide d’une cellule spécifique permettant d’accéder
simultanément aux évolutions thermiques, conductimétriques et rhéométriques (Figure 103,
Figure 105, annexe 6). De manière générale, l’hydratation de ciments sulfoalumineux peut
être décrite par une succession de plusieurs étapes, comme c’est le cas pour le ciment
Portland.
Tous ces phénomènes sont cohérents avec la chute globale de conductivité de la pâte
de ciment au cours de l’hydratation. La conductivité de la pâte dépend à la fois de la
composition chimique de la solution interstitielle et de la mobilité des espèces ioniques.
Pendant la période de faible activité thermique, la composition chimique de la solution
interstitielle évolue très peu, conséquence d’un état quasi-stationnaire gouverné par la
dissolution des anhydres et la précipitation des premiers hydrates ; de ce fait, la conductivité
de la pâte évolue peu. La consolidation rapide de la pâte résulte de la percolation du réseau
d’hydrates, induit par la précipitation massive des hydrates. La composition chimique peut
153
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
évoluer considérablement pendant cette étape, mais dans tous les cas, la mobilité des espèces
ioniques chute considérablement, ce qui conduit à une chute de conductivité.
1,4
Etape II
(MPa)
2,5 24,5
(MPa)
Step II
(mS/cm²)
1,2
Conductivity (mS/cm²)
Température (°C)
G’ G'
2,0 24,0
modulus
Point I
Temperature (°C)
1,0
élastique
Conductivité
0,8 Etape IV 1,5 23,5
storage
0,6
1,0 23,0
Module
Shear
0,4
Etape
Step III
III
0,5 22,5
0,2
La consolidation rapide du système, notée étape III (Figure 103), intervient 3 h 30 min
après le début de l’hydratation et a lieu simultanément avec la dissolution massive des
154
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
anhydres. Cette étape peut être divisée en deux sous-étapes, notées étape III-a et III-b sur la
Figure 103. Dans un premier temps, il y a dissolution massive de ye’elimite et de mayenite, ce
qui conduit à la précipitation massive d’ettringite et d’hydroxyde d’aluminium amorphe, tant
que suffisamment d’ions sulfate sont présents en solution (Réaction 44), ceux-ci provenant
principalement de la dissolution de la faible quantité d’anhydrite du clinker et de la
ye’elimite. L’appauvrissement de la solution en sulfates conduit ensuite à un premier
ralentissement de l’hydratation. L’hydratation reprend dans un second temps (Figure 103,
étape III-b) grâce à la dissolution d’une quantité supplémentaire de ye’elimite et à la re-
dissolution d’une partie de l’ettringite précédemment formée, pour conduire à la formation
majoritaire de monosulfoaluminate de calcium hydraté et d’AH3 (Réaction 45). La
précipitation de CAH10 est aussi observée (Réaction 46). Ce processus d’hydratation séquencé
explique les deux élévations successives de température au sein de la pâte, et pourrait
expliquer le point de rupture de pente observé sur l’évolution du module élastique, noté point
I sur la Figure 103.
Réaction 45 4z.Ca 2+ + 2(z + v).Al(OH)4− + z.SO 24− + (4z − 2v).OH − + (6z − 2v).H 2 O
= z.3CaO.Al 2 O 3 .(CaSO 4 ).12H 2 O + v.Al2 O 3 .3H 2 O
40 12.5
Quantité de phase formée (mmol/L)
35
12
30
25
11.5
Ettringite
pH
20 Monosulfate
Gibbsite
pH 11
15
10
10.5
5
0 10
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Quantité de ye'elimite dissoute (mmol/L)
Figure 104 : Simulation des évolutions des quantités de phases formées et du pH lors de la dissolution de
10 mmol/L de ye’elimite dans de l’eau pure
chess_especes_boratees.tdb
155
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
1,8 1,8 42
Etape III III
Step Etape IV
1,6 40
1,5
G’ (MPa)
38
1,4
(UA)
(mS/cm²)
Conductivity (mS/cm²)
(°C)
36
Step II
C 10G - couple
1,2 1,2
(°C)
Etape 34
Température
G' - élastique
1,0 II
Temperature
Conductivité
0,9 32
0,8
30
Module
0,6 0,6
28
Module
0,4
26
0,3
0,2 III-a III-b 24
0,0 0,0 22
0 2 4 6 8
Temps (heures)
Figure 105 : Evolution du module élastique G’, de la conductivité et de la température au cours de
l’hydratation d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par de l’eau déminéralisée
156
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
50 12.5
45
35
30 Ettringite 11.5
Monosulfate
pH
25
Gibbsite
20 Gypse 11
pH
15
10 10.5
0 10
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Quantité de ye'elimite dissoute (mmol/L)
Figure 106 : Simulation des évolutions des quantités de phases formées et du pH lors de la dissolution de
20 mmol/L de ye’elimite dans de l’eau pure en présence initiale de 20 mmol/L de gypse
chess_especes_boratees.tdb
Les déchets concernés par cette étude contiennent de 1 à 3 mol/L de bore pour un pH
environ égal à 8. Des ciments sulfoalumineux, contenant 0 à 20% de gypse, ont par
conséquent été hydratés par une solution d’acide borique à 1 mol/L dont le pH a été ajusté à 8
par ajout de soude. Le suivi de l’hydratation par microcalorimétrie isotherme à 25°C montre
que la dissolution massive des anhydres n’a pas encore lieu 7 jours après le début de
l’hydratation, quel que soit le taux de gypse du liant. Par conséquent, il a été nécessaire
d’augmenter le pH de la solution d’hydratation par ajout de soude pour permettre
l’hydratation des liants dans des délais raisonnables.
157
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
25 10
0 % de gypse
5 % de gypse
10% gypse
20
20 % de gypse
15
Temps de prise
5
10
2.5
5
0 0
0 10 20 Τ30
c1 Τc2 40 50 60 70 80Τc3 90 Τc4
100 110
Temps (heures)
110
Temps Τc
Temps caractéristique Τc (heures)
90
70
50
30
0 5 10 15 20
Taux de gypse du liant (%)
Figure 108 : Influence du taux de gypse du liant sur le critère Tc, défini grâce au suivi conductimétrique
de l’hydratation à 23 ± 1°C d’une pâte de ciment par une solution de borate de sodium
([B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11)
La Figure 108 met clairement en évidence le fait que l’adjonction de gypse au ciment
sulfoalumineux conduit à une augmentation du temps de prise lorsque la solution
d’hydratation contient des ions borate ; en effet, la dernière chute de conductivité intervient
environ 35 heures après le début de l’hydratation lorsque le liant est exempt de gypse, contre
environ 100 heures lorsque le liant contient 20 % de gypse.
158
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Dans la suite de ce travail, nous nous sommes donc intéressés plus précisément au
déroulement de l’hydratation de liants contenant 0 ou 10 % de gypse.
159
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
15
962 mM NaOH
990 mM NaOH
1019 mM NaOH
1050 mM NaOH
Flux thermique dégagé (mW/g)
10
0
0 10 τc1 20
τc2τc3 τc4 30 40 50
Temps (heures)
Figure 109 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur le flux thermique
dégagé lors de l’hydratation d’un liant exempt de gypse – [B(OH)3] = 1 mol/L – 23 ± 1 °C
30 1200
Temps
Concentration en soude
Concentration initiale en soude (mmol/L)
25 1100
Temps (heures) τc
20 1000
15 900
10 800
10.5 11 11.5 12 12.5 13
pH
160
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
La durée de la période de faible activité thermique est d’autant plus courte que la
concentration en soude de la solution d’hydratation est élevée.
15
850 mM NaOH
962 mM NaOH
998 mM NaOH
1017 mM NaOH
Flux thermique dégagé (mW/g)
1025 mM NaOH
10 1050 mM NaOH
1120 mM NaOH
0
0 τc120 τc2 40 τc3τc360τc4 τ80
c3 100 120 τc4 140
Temps (heures)
Figure 111 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur le flux thermique
dégagé lors de l’hydratation d’un liant contenant 10 % de gypse – [B(OH)3] = 1 mol/L – 23 ± 1 °C
Comme pour un liant exempt de gypse, la période de faible activité thermique diminue
lorsque la concentration en soude augmente (Figure 112).
161
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
140 1200
Temps
Concentration soude
120
80
1000
60
40
900
20
0 800
10 10.5 11 11.5 12 12.5 13 13.5
pH
162
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
AES), après extraction de ces dernières par pressage. Ces différentes évolutions ont alors été
mises en lien avec les évolutions suivies simultanément par calorimétrie, conductimétrie et
rhéométrie (annexe 6). L’hydratation des deux liants a ensuite été simulée grâce au code
CHESS et à la base de données chess_especes_boratees.tdb. Les résultats simulés obtenus ont
enfin été comparés aux résultats expérimentaux.
L’hydratation d’un ciment sulfoalumineux exempt de gypse par une solution de borate
de sodium ([B(OH)3] = 1 mol/L, [NaOH] = 962 mmol/L, pH = 11) a été suivie grâce à la
cellule décrite en annexe 6. Les résultats obtenus sont présentés sur la Figure 113.
1,2 20 28
Etape III-a 18
G' (MPa)
1,0 27
Step III.b
Etape III-b
G’ (MPa)
16
Step III.a (mS/cm)
Conductivity(mS/cm²) 14 26
Temperature (°C)
0,8 EtapeIIII
Step
modulus
12
Température
25
élastique
10
Conductivité
0,6
24
storage
8
0,4
Module
6 23
Shear
4
0,2
22
2
0,0 0 21
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Temps (heures)
Time (hours)
En se basant sur l’évolution des paramètres de la Figure 113, l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux exempt de gypse par une solution boratée peut être décrite par une succession
de trois étapes. La première étape n’apparaît pas sur la Figure 113, étant donné sa courte
durée.
163
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Il est à noter que pendant les deux premières étapes, l’activité thermique n’est pas
nulle, comme l’atteste plus rigoureusement le profil de flux thermique de la Figure 109. Ce
phénomène traduit une dissolution lente des anhydres. La forte élévation de température ayant
lieu pendant l’étape III-b indique quant à elle la dissolution massive des anhydres, et est
associée à la précipitation massive des hydrates, ce qui induit une augmentation du module
élastique et une chute brutale de conductivité.
L’évolution de la minéralogie a été suivie par DRX. Les phases détectées par cette
technique et prises en considération sont les suivantes :
- ye’elimite ;
- AFt mixte incorporant simultanément des ions borate et sulfate ;
- aluminate de calcium décahydraté CAH10 ;
- phase U.
La précipitation d’une phase de type AFt mixte, incorporant borates et sulfates, est
vérifiée grâce à l’absence d’un dédoublement du pic de diffraction situé entre 9,08 et 9,55° 2θ
(Figure 114). La présence de la phase U est clairement mise en évidence à partir de l’échéance
de 7 jours. Sa présence à partir de 30 heures est supposée en raison de l’élargissement vers les
faibles angles du pic de diffraction situé à environ 9,16 ° 2θ (Figure 114). La précipitation de
cette phase a de plus déjà été observée lors de l’hydratation d’aluminate tricalcique en
présence de gypse par des solutions de soude (Clark and Brown 2000).
Aucune forme cristallisée bien définie de l’hydroxyde d’aluminium hydratée n’a été
détectée par DRX. De même, aucune phase cristallisée boratée autre que la phase AFt n’est
mise en évidence.
164
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
1 pic
Ettringite
4B-AFt
Epaulement
Phase U
30 h
26 h
8.2 9 10
Déplacement angulaire 2theta (°)
Figure 114 : Diffractogrammes d’une pâte de ciment obtenue par mélange d’un liant exempt de gypse et
d’une solution de borate de sodium ([B(OH)3 = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) à 26 heures
(bleu) et 30 heures (rouge), mettant en évidence la précipitation d’une seule phase de type AFt et de la
phase U
2.5
Etape III-a
III-b 0.3
Etape II
Aire du pic
Aire du pic
0.2
1.5 III-b
0.1
1 Etape II Etape III-a
0.5 0
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures) Temps (heures)
Figure 115 : Evolution au cours de l’hydratation d’un liant exempt de gypse par une solution boratée de
l’aire du pic d’une des réflexions de la ye’elimite {311}, du CAH10 {100}, de la (B,S)-AFt {100} et de la
phase U {001} normalisée par l’aire du pic de la réflexion {111} du silicium
165
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
9.75
Maximum du pic de la (B,S)-AFt (Angström)
9.7
Etape III-a
9.65
III-b
9.6
Max du pic (B,S)-AFt
Ettringite
Etape II Boro-AFt
9.55
0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures)
Figure 116 : Evolution de la position angulaire du maximum du pic de la réflexion {100} de la (B,S)-AFt
au cours de l’hydratation d’un liant exempt de gypse par une solution boratée
Cette évolution traduit un enrichissement de la phase de type AFt par les ions sulfate,
et est consécutif de l’augmentation de la concentration en sulfates dans le milieu induite par la
dissolution de la ye’elimite.
166
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
0,0
-0,5
-1,0
-2,5
-4,0
-4,5
-5,0
0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures)
Figure 117 : Evolution au cours de l’hydratation de la perte de masse située à 250°C, caractéristique de la
déshydratation de l’hydroxyde d’aluminium
Enfin, la présence à 24 heures d’un composé boraté amorphe n’a pas été clairement
mise en évidence par 11B-RMN, mais n’est pas exclue du fait de la présence d’un pic de faible
intensité situé entre 20 et 10 ppm ; ce signal de BIII pourrait néanmoins également résulter de
la présence d’une impureté (Figure 118). Le pic intense situé à environ 0,95 ppm traduit la
présence de bore en coordination tétrèdrique (BIV), caractéristique des ions borate insérés au
sein de la phase de type AFt.
BIII
BIV
30 20 10 0 -10
(ppm)
11
Figure 118 : Spectre B-RMN d’une pâte obtenue par mélange d’un ciment exempt de gypse avec une
solution de borate de sodium ([B(OH)3 = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) 24 heures après le
début de l’hydratation – (Impulsion de 1 µs – 5 s de relaxation- rotation à 20 kHZ)
La solution interstitielle a été extraite par pressage (cf. annexe 6) afin d’en mesurer
son pH et d’en déterminer sa composition chimique (ICP-AES) (Figure 119). L’évolution de
la concentration en silicium n’est pas représentée, celle-ci étant inférieure à la limite de
détection (0,1 ppm).
167
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
0 0 0 0
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures) Temps (heures)
1000
Concentration en sodium (mmol/L)
13.2
950
Na
900 13
Etape III-a
850 Etape II
12.8
pH
800 III-b
750 12.6
700 Etape III-a
Etape II
650
III-b 12.4
pH
600
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures) Temps (heures)
168
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Il est à noter que les fortes concentrations en aluminium dans la solution interstitielle
permettent d’équilibrer, au moins en partie, les fortes concentrations en sodium résultant de
l’ajout de soude.
Un saut est aussi observable sur l’évolution de la concentration en calcium au cours de
l’hydratation ; celui-ci intervient au début de l’étape III-a. Enfin, la concentration en sulfates
est très faible pendant toute la durée de la période de faible activité thermique, puis augmente
au début de l’étape III-b, suite à la dissolution massive de ye’elimite.
Ces évolutions en palier des concentrations en solution résultent probablement de
l’équilibre de la solution interstitielle avec différentes phases minéralogiques. L’évolution des
indices de saturation, déterminés à partir de la composition chimique de la solution et calculés
à l’aide du code CHESS et de la base chess_especes_boratees.tdb, est présentée sur la Figure
120.
169
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
8 7
IS(Ettringite) IS(CAH10)
7
IS(Boro-AFT) 6 IS(U-Phase)
Indice de saturation
Indice de saturation
6
Etape III-a 5
5
Etape II Etape III-a
4 4
3 Etape II
3 III-b
2
1
III-b 2
0 1
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures) Temps (heures)
2 2
IS(Ulexite)
1
IS(Hexahydroborite)
Indice de saturation
Indice de saturation
1.5 IS(Inyoite)
Etape II
IS(Gibbsite) 0
1 IS(AH3 amorphe) Etape III-a III-b
-1
III-b
0.5
-2
Etape II Etape III-a
0 -3
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps (heures) Temps (heures)
Figure 120 : Evolution au cours du temps des indices de saturation déterminés à partir de l’évolution de la
composition chimique de la solution interstitielle et calculés à l’aide du code de calcul CHESS et de la base
chess_especes_boratees.tdb
Nous remarquons tout d’abord que la solution est fortement sursaturée vis-à-vis des
phases de type AFt dès l’instant initial. L’indice de saturation de ces phases diminue ensuite
jusqu’à 30 heures, c'est-à-dire jusqu’à la fin de l’étape II, puis se stabilise pendant toute la
durée de l’étape III-a.
A partir de 30 heures, nous observons un premier saut d’indice de saturation de la
phase U, alors que ceux des phases AFt semblent se stabiliser. Cette étape est conjointe à
l’effondrement des indices de saturation des borates minéraux (ulexite, inyoite et
hexahydroborite), déjà négatifs avant cette échéance.
Enfin, les indices de saturation des phases AFt, de la phase U et du CAH10 augmentent
brutalement à partir de 48 heures, c'est-à-dire au début de l’étape III-b, correspondant à la
précipitation massive des hydrates.
Il est à noter que l’évolution de l’indice de saturation de l’hydroxyde d’aluminium ne
présente aucune variation importante (gibbsite, bayerite, forme amorphe).
L’évolution des indices de saturation est cohérente avec les évolutions minéralogiques
observées et présentées sur la Figure 115. La forte chute de la concentration en bore dès le
début de l’hydratation, puis sa stabilisation, et la variation des indices de saturation des
170
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
borates minéraux, laissent penser à la précipitation d’une phase amorphe, incorporant les ions
borate, au cours de l’étape II.
précipitation massive de
Faible précipitation d’AH3 précipitation lente d’AH3
phase U
Figure 121 : Récapitulatif des processus d’hydratation au très jeune âge d’un ciment sulfoalumineux
exempt de gypse par une solution de borate de sodium
Davies
Modèle de correction de force ionique
tronqué
Tableau 34 : Conditions initiales de simulations – chess_especes_boratees.tdb – 25°C
171
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
2500
Ettringite
Gibbsite
200 4Boro-AFt
phase formée (mmol/L)
Concentration en
Ulexite
150
1500
Etape B Etape
100 A
Etape 1000
A
50 500
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
13 8
Etape 4
Etape B
11.5 A 3
Etape B
2
11
1
pH
10.5 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
Figure 122 : Simulation de la dissolution de ye’elimite dans une solution de borate de sodium –
chess_especes_boratees.tdb – 25 °C
172
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
1,2 20 28
StepIIIIII 18
Etape
(MPa)
1,0 27
(MPa)
16
(mS/cm²)
G’ G'
26
Conductivity (mS/cm)
Température (°C)
14
0,8
modulus
Step IIII
Etape
12
élastique
25
Conductivité
0,6 10
24
storage
8
Module
0,4
6 23
Shear
4
0,2 22
2
0,0 0 21
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (heures)
Time (hours)
L’hydratation d’un liant contenant 10 % de gypse par une solution boratée peut être
décrite par une succession de 2 grandes étapes :
173
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
L’analyse par diffraction des rayons X a permis de détecter la précipitation des phases
hydratées suivantes :
Seule la dissolution de la ye’elimite et du gypse a été prise en compte pour les raisons
évoquées précédemment. Les évolutions minéralogiques au cours de l’hydratation sont
reportées sur la Figure 124.
4 0.7
Ye'elimite (B,S)-AFt + U-Phase
3.5 Gypse 0.6
Etape II
3
normalisé par le Si (u.a.)
normalisé par le Si (u.a.)
0.5
2.5 Etape II
Aire du pic
Aire du pic
0.5 0.1
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 0 20 40 60 80 100 120 140 160
Temps (heures) Temps (heures)
Figure 124 : Evolution au cours de l’hydratation d’un liant contenant 10 % de gypse par une solution
boratée de l’aire du pic d’une des réflexions de la ye’elimite {311} et {202}, du gypse {020}, de la (B,S)-AFt
{100} et de la phase U {001} normalisée par l’aire du pic de la réflexion {111} du silicium
Nous constatons que le gypse se dissout de façon lente et monotone pendant l’étape II.
Conjointement, une faible quantité de ye’elimite se dissout et une faible quantité d’une phase
de type AFt incorporant borates et sulfates précipite.
Le début de la troisième étape correspond à l’épuisement du gypse, qui est alors
accompagné par la dissolution massive de ye’elimite, la précipitation massive d’AFt et celle
de phase U en quantité plus faible.
Comme précédemment, ces évolutions minéralogiques sont totalement cohérentes
avec le suivi en continu de l’hydratation même s’il existe un décalage temporel expliqué par
174
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
la différence de température de cure entre l’échantillon suivi en continu (24 ± 2°C) et les
échantillons destinés aux analyses minéralogiques (20°C).
9.75
Maximum du pic de la (B,S)-AFt (Angström)
9.65
9.6
Max du pic (B,S)-AFt
ettringite
Boro-AFt
9.55
-0,5
Etape I Etape II
-1,0
Perte de masse (%)
-1,5
-2,0
-2,5
-3,0
-3,5
-4,0
-4,5
0 20 40 60 80 100 120
Temps (heures)
Figure 126 : Evolution au cours de l’hydratation de la perte de masse située à 250°C caractéristique de la
déshydratation de l’hydroxyde d’aluminium
175
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
BIII
BIV
30 20 10 0 -10
(ppm)
Figure 127 : Spectre 11B-RMN d’une pâte obtenue par mélange d’un ciment contenant 10 % de gypse avec
une solution de borate de sodium ([B(OH)3 = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH = 11) 24 heures après
le début de l’hydratation - (Impulsion de 1 µs – 5 s de relaxation- rotation à 20 kHZ)
176
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Le pH se stabilise autour d’une valeur de 10,8 pendant toute la durée de l’étape II, puis
augmente brutalement au début de l’étape III pour atteindre une valeur proche de 13. Par
rapport aux essais précédents avec un liant sans gypse, il est à noter que la concentration en
aluminium est bien plus faible (environ 10 mmol/L contre 300 mmol/L pour un liant exempt
de gypse) alors que les concentrations en sulfates sont bien plus importantes (environ
350 mmol de sulfates contre quelques mmol/L pour un liant exempt de gypse). Il semblerait
que les ions sulfate assurent ici l’électroneutralité et compensent en partie les charges
positives induites par la présence de fortes concentrations en sodium (environ 800 mmol/L),
alors que les aluminates jouaient ce rôle pour un liant exempt de gypse.
Etape III
Al 300 35
250 400
30
250
200 350
25
Etape II 200 Etape II
150 300 20
Etape III
150
15
100 250
100
10
50 200
50 S 5
Ca
0 0 150 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps (heures) Temps (heures)
1000 13
Concentration en sodium (mmol/L)
Na pH
950
12.5
900
850 12
Etape II
pH
800
Etape III
750 11.5
Etape III
700
11
650 Etape II
600 10.5
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps (heures) Temps (heures)
Tout comme les concentrations des espèces en solution, les indices de saturation
évoluent peu au cours de l’étape II. La solution est saturée vis-à-vis des phases AFt, ce qui est
cohérent avec la précipitation lente de ces phases observée par DRX. La précipitation de la
177
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
phase U a lieu au début de l’étape III, en accord avec l’augmentation brutale de l’indice de
saturation de cette phase.
Nous remarquons de plus que l’indice de saturation de l’hydroxyde d’aluminium
(gibbsite, bayerite, forme amorphe) est stable et n’augmente pas significativement pendant les
90 premières heures.
En revanche, l’indice de saturation des borates minéraux (ulexite, inyoite,
hexahydroborite) augmente lentement pendant les 30 premières heures qui suivent le début de
l’hydratation, puis diminue lentement avant de s’effondrer à partir de 90 heures. Cette chute
brutale intervient en même temps que la chute de l’indice de saturation du gypse. Il est à noter
que seuls les indices de saturation de ces phases évoluent significativement pendant la période
de faible activité thermique, l’indice de saturation de l’ulexite étant le plus élevé.
10 IS(Ettringite) IS(U-Phase)
6
IS(Boro-AFt)
8
Indice de saturation
Indice de saturation
4
6
Etape II Etape II
4 2
2
0
Etape III
Etape III
0
-2 -2
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps (heures) Temps (heures)
1
Etape III
Etape III
4 IS(Gibbsite) Etape II
0.5
IS(Bayerite)
Indice de saturation
Indice de saturation
3 IS(Al(OH)3(am)) 0
-0.5
2
-1
1 -1.5
IS(Ulexite)
-2 IS(Inyoite)
0 IS(Hexahydroborite)
Etape II -2.5
IS(Gypse)
-1 -3
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps (heures) Temps (heures)
Figure 129 : Evolution au cours du temps des indices de saturation déterminés à partir de l’évolution de la
composition chimique de la solution interstitielle et calculés à l’aide du code de calcul CHESS et de la base
chess_especes_boratees.tdb
L’ensemble des éléments précédents permet de préciser le déroulement de
l’hydratation d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une solution de borate
de sodium (Figure 130).
178
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Epuisement du gypse
Consommation lente et monotone du précipitation massive de (B,S)-AFt
gypse
Figure 130 : Récapitulatif des processus d’hydratation au très jeune âge d’un ciment sulfoalumineux
comportant 10 % de gypse par une solution de borate de sodium
Davies
Modèle de correction de force ionique
tronqué
179
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
2500
1200 Ettringite
Etape A
Gibbsite
4Boro-AFt
Gypse
phase formée (mmol/L)
Concentration en
Ulexite
800 Hexahydroborite 1500
Etape D
Etape D
Inyoite
600
1000 Etape B
Etape B
400
Etape C
500 Etape C
200
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
13 8
Etape A
7 Etape C
12.5
6
Al
5
Etape D
Etape D
12
pH
4
11.5 3
Etape B
2
11 Etape C
Etape B
1
pH
10.5 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
Figure 131 : Simulation de la dissolution de ye’elimite dans une solution de borate de sodium en présence
de gypse – chess_especes_boratees.tdb – 25 °C
180
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Rappelons que deux hypothèses principales sont avancées dans la littérature pour
expliquer le retard à l’hydratation du ciment Portland par les ions borate (cf Chapitre I).
181
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
d’hydratation conséquents sont observés (Ramachandran and Lowery 1992), alors que ces
faibles concentrations ne permettent pas la précipitation d’une quantité de borate de calcium
suffisante pour recouvrir l’intégralité des grains d’anhydres.
La seconde hypothèse, énoncée par Bell et al (Bell and Coveney 1998), met en
revanche en avant une sorption des ions borate sur les silicates, ce qui conduirait à un
ralentissement de la croissance des C-S-H, et donc à un ralentissement général de
l’hydratation. Même si la sorption des ions borate est effective, cette hypothèse peut être
remise en question car les C-S-H dans le ciment Portland hydraté sont principalement
constitués de silicates dimèriques. Il est à noter par ailleurs que cette hypothèse est peu
probable dans notre cas puisque la quantité de bélite est faible et que cette phase s’hydrate
après la dissolution massive des autres anhydres, même pour des témoins gâchés à l’eau pure.
De manière plus générale, ces deux hypothèses illustrent deux approches possibles
pour expliquer les phénomènes de retard à l’hydratation :
Les différents points auxquels nous nous intéresserons au cours de cette discussion
seront par conséquent les suivants :
D’un point de vue expérimental, l’étude présentée dans le paragraphe 3 montre que les
hydrates conférant la cohésion au système, notamment la phase de type AFt et l’hydroxyde
d’aluminium, précipitent très rapidement dès le début de l’hydratation mais dans de faibles
quantités, puis massivement pendant la période d’hydratation accélérée.
182
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
massive des hydrates. Deux expériences ont été réalisées avec des concentrations en bore
différentes (Figure 132).
10
4
50 mmol/L
60 mmol/L
3
0 20 40 60 80 100
Temps (heures)
Figure 132 : Influence de la concentration en ions borate sur les évolutions de conductivité ayant lieu au
cours de l’hydratation en suspension d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une
solution de borate de sodium (pH = 11 – bleu : [B(OH)3] = 50 mmol/L ; rouge : [B(OH)3] = 60 mmol/L)
L/S = 10 – 25°C
La présence d’ions borate dans la solution d’hydratation n’influe que sur la durée
de la période de faible activité thermique, dans la gamme de concentrations étudiée.
183
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Cette question est d’autant plus pertinente qu’un certain nombre d’auteurs ont déjà fait
état d’un phénomène de sorption des ions borate sur l’hydroxyde d’aluminium (forme
amorphe, bayerite, gibbsite et boehmite) (McPhail, Page et al. 1972; Goldberg, Forster et al.
1993; Zhang, Klasky et al. 2009). Ces auteurs montrent que la capacité de sorption du bore
sur l’hydroxyde d’aluminium dépend notamment du pH (Figure 133). C’est le métaborate
B(OH)3(aq) qui se sorberait sur l’hydroxyde d’aluminium. La fraction de B(OH)3 en solution
diminue fortement à pH élevé, ce qui explique la chute de la quantité de bore adsorbé dans ces
conditions.
Beyrouty et al (Beyrouty, Scoyoc et al. 1984) ont observé de plus que l’ajout d’ions
borate dans une suspension d’hydroxyde d’aluminium amorphe, tamponnée à pH = 7, inhibe
la conversion de l’hydroxyde d’aluminium amorphe en gibbsite et en bayerite, qui est
normalement observée en l’absence d’ions borate. Ces auteurs précisent que la sorption des
ions borate à la surface de l’hydroxyde d’aluminium amorphe empêche les réactions de
polymérisation nécessaires à la réorganisation de l’hydroxyde d’aluminium amorphe en
gibbsite et/ou en bayerite (Figure 134).
A
A
Figure 134 : Schématisation de l’inhibition des réactions
de polymérisation impliquée par la sorption
d’ions borate (A) à la surface de A
l’hydroxyde d’aluminium – les premiers A
germes d’AH3 sont représentés par les deux
cycles hexagonaux fusionnés – Chaque En présence
d’ions borate
sommet d’un hexagone représente un atome En l’absence
d’ions borate
d’aluminium en coordinence octaèdrique et
coordiné par des ligands hydroxyde OH-
D’après (Beyrouty, Scoyoc et al. 1984)
184
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Lorsque le liant est hydraté par une solution de borate de sodium, la durée de cette
période de faible activité thermique est considérablement augmentée. L’hydratation de
ciments sulfoalumineux (0 et 10 % de gypse) par une solution de borate de sodium en
présence de germes de gibbsite (1 % massique, Ssp = 10 m2/g) montre que la précipitation
d’AH3 joue effectivement un rôle sur la durée de la période de faible activité thermique
(Figure 135).
25
0 % de gypse - sans gibbsite
10% gypse - sans Gibbsite
20 10% de gypse - 1 % Gibbsite
Flux thermique (mW/g)
0% de gypse - 1% gibbsite
15
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (heures)
Figure 135 : Influence d’un ajout de germes de gibbsite sur le flux thermique dégagé au cours de
l’hydratation à 25°C de ciments sulfoalumineux (0 et 10 % de gypse) par un solution de borate de sodium
(pH = 11 – [B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L)
L’AH3 semble avoir un rôle sur la durée de la période de faible activité thermique.
Ce rôle doit encore être précisé, en l’absence et en présence d’ions borate.
Toutefois, même en présence de germes de gibbsite, des retards à l’hydratation
importants sont observés. Cette observation suggère l’existence de mécanismes
additionnels en présence d’ions borate pour expliquer l’amplitude du retard.
185
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
4.3.1.1.Protocole expérimental
186
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
1 4 6
Ca 3.5
Al 5
0.8
Concentration(mmol/L)
S
3
Indice de aturation
IS(Gibbsite)
Rapport molaire
4
0.6 2.5
2 3 Al/Ca
0.4
Ca/S
1.5 Al/S
2
1
0.2
1
0.5
0 0 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (min) Temps (min)
Figure 136 : Evolution de la composition chimique de la solution (gauche) et des rapports molaires Al/Ca,
Al/S, et Ca/S au cours de la dissolution de ye’elimite dans une solution de pH = 10 et contenant 150
mmol/L de nitrate de sodium – 23 +/- 1°C
points : résultats expérimentaux
traits : concentrations ou rapports théoriques en supposant une dissolution congruente de la ye’elimite
1 d ( ye' elimite) 1 d [i ]
k0 exp = . = .
Amin dt t =0 ηi . Amin dt t = 0
187
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Figure 137 : Influence du pH sur la dissolution de ye’elimite dans une soluution de borate de sodium
188
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
relatifs à la gibbsite, qui mettent en évidence que la capacité d’adsorption du bore en solution
par la gibbsite dépend fortement du pH.
Sur la Figure 139, les évolutions de conductivité lors de l’hydratation d’un ciment
sulfoalumineux exempt de gypse en suspension faiblement diluée sont reportées, pour un
rapport L/S variant de 7,5 à 12,5, tout en conservant les rapports bore/ciment et bore /sodium
constants (Figure 139).
189
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Figure 139: Influence du rapport L/S sur l’évolution de conductivité d’un ciment sulfoalumineux exempt
de gypse mis en suspension dans une solution de borate de sodium
Acide borique/Ciment = 0,037 (massique) – B/Na = 1 (molaire) – 25°C
Dans ces conditions, nous constatons que la durée de la période de faible évolution de
conductivité est effectivement constante quelque soit le rapport L/S étudié. En introduisant les
vitesses de dissolution de la ye’elimite obtenues dans la partie précédente (cf. 4.3.1) dans le
code de calcul CHESS, la dissolution de ye’elimite dans une solution de borate de sodium a
été simulée en fonction du temps. Les paramètres de simulation n’étant pas optimisés, ce
temps est exprimé en unité arbitraire.
Figure 140 : Simulation de l’influence du rapport L/S sur l’hydratation de ye’elimite par une solution de
borate de sodium – bore/ye’elimite = - bore/sodium = 25 °C
(la précipitation d’ettringite, d’hydroxyde d’aluminium n’a pas été représentée)
190
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Pour un rapport L/S variant de 7,5 à 12,5 et en l’absence de gypse, aucun borate
minéral hydraté ne précipite. L’hydratation du liant est dans ce cas gouvernée
par la dissolution des anhydres et par la précipitation des hydrates, étant donné
que la durée de la période de faible activité thermique est quasiment indépendant
du rapport L/S dans la gamme étudiée lorsque le rapport bore/ciment est constant.
10
Durée de la période d’induction
9
Conductivité (mS/cm²)
4 L/S = 7.5
L/S = 10
L/S = 12.5
3
0 20 40 60 80 100 120
Temps (heures)
Figure 141 : Influence du rapport L/S sur l’évolution de conductivité d’un ciment sulfoalumineux
contenant 10 % de gypse mis en suspension dans une solution de borate de sodium
Acide borique/Ciment = 0,037 (massique) – B/Na = 1 (molaire) – 25°C
191
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
rapport L/S, dans le domaine de rapports L/S étudiés. La variation du rapport L/S implique
une variation des produits d’activité ionique, et par conséquent, une variation des indices de
saturation des phases.
Pour faciliter la compréhension, ces expériences ont été simulées en utilisant CHESS
et la base de données chess_especes_boratees.tdb en faisant l’approximation que le clinker
sulfoalumineux est essentiellement constitué de ye’elimite, de la même manière que
précédemment (Figure 142).
200 25
L/S = 7.5 L/S = 7.5
Concentration (mmol/L)
Concentration (mmol/L)
L/S = 10.0 20 L/S = 10.0
150
L/S = 12.5 L/S = 12.5
15
100
10 Inyoite Boro-AFt
Yeelimite
50
5
Gypse
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Temps (minutes) Temps (minutes)
14
12.5 L/S = 7.5 conductivité (mS/cm²)
L/S = 10.0 12
12
L/S = 12.5 10
11.5
11 pH 8
pH
10.5 6
10 4
9.5
Conductivité 2
9
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Temps (minutes)
Figure 142 : Simulation de l’influence du rapport L/S sur l’hydratation d’un mélange de ye’elimite et de
gypse (972 mmol/L) par une solution de borate de sodium – 25 °C
(la précipitation d’ettringite, d’hydroxyde d’aluminium et de phase U n’a pas été repréntée)
Nous constatons ensuite sur cette figure que le temps, environ égal à 1,5 unités
arbitraire, à partir duquel la conductivité calculée chute est quasiment indépendant du rapport
L/S. Or, les profils expérimentaux de conductivité de la Figure 141, sur lesquels les
évènements peuvent être identifiés grâce à la simulation précédente, montrent le contraire :
l’augmentation du rapport L/S conduit à une diminution du temps à partir duquel la
192
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
193
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
35 350
Concentration (mmol/L)
Concentration (mmol/L)
800 mM NaOH 800 mM NaOH
30 300
900 mM NaOH 900 mM NaOH
25 1000 mM NaOH 250 1000 mM NaOH
20 1100 mM NaOH 200 1100 mM NaOH
15 150
U-phase
10 100
5 Ulexite 50
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de yeelimite dissoute (mol/L) Quantité de yeelimite dissoute (mol/L)
13
12.5
pH
12
pH
194
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
10 1200
Quantité de ye'elimite consommée
Concentration en soude
5 1000
2.5 900
0 % de gypse
0 800
10.5 11 11.5 12 12.5 13
pH
Figure 144 : Points bleus : Evolution de la quantité de ye’elimite à dissoudre pour parvenir à l’épuisement
du gypse lors de l’hydratation de ye’elimite en fonction du pH de la solution d’hydratation contenant
1 mol/L d’acide borique
Courbe rouge : Evolution de la concentration en soude de la solution d’hydratation en fonction de son pH
chess_especes_boratees.tdb
195
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
800 120
Concentration (mmol/L)
Concentration (mmol/L)
800 mM NaOH 800 mM NaOH
700
900 mM NaOH 100 900 mM NaOH
600
1000 mM NaOH 80 1000 mM NaOH
500
1100 mM NaOH 1100 mM NaOH
400 60
300
40
200
20
100 Gypse Ulexite
0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
Quantité de yeelimite dissoute (mol/L) Quantité de yeelimite dissoute (mol/L)
400 13
800 mM NaOH
Concentration (mmol/L)
350 pH
900 mM NaOH 12.5
300
1000 mM NaOH
250 1100 mM NaOH 12
200
pH
800 mM NaOH
150 11.5
900 mM NaOH
100
11 1000 mM NaOH
50 U-phase 1100 mM NaOH
0 10.5
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
Quantité de yeelimite dissoute (mol/L) Quantité de yeelimite dissoute (mol/L)
Figure 145 : Influence de la concentration en soude de la solution d’hydratation sur les évolutions
minéralogiques ayant lieu au cours de l’hydratation d’un mélange de ye’elimite et de gypse (972 mmol/L)
chess_especes_boratees.tdb
(la précipitation des phases AFt et de l’hydroxyde d’aluminium n’est pas représentée ici)
La Figure 146 met en évidence l’existence d’une forte corrélation entre la quantité de
ye’elimite à dissoudre pour parvenir à l’épuisement du gypse lors de l’hydratation d’un
mélange de ye’elimite et de gypse (10 % massique) et le pH initial de cette solution
d’hydratation ([B(OH)3] = 1 mol/L, pH ajusté par ajout de soude). Il faut dissoudre environ
7 % de ye’elimite pour parvenir à l’épuisement du gypse lorsque le pH de la solution
d’hydratation a été ajusté à 13 par ajout de soude, alors qu’il faut en dissoudre environ 13,5 %
lorsque le pH de la solution d’hydratation a été ajusté à 10,5.
196
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
15 1200
Ye'elimite
10
1000
7.5
900
5
10 % gypse
2.5 800
10.5 11 11.5 12 12.5 13
pH
Figure 146 : Points bleus : Evolution de la quantité de ye’elimite à dissoudre pour parvenir à l’épuisement
du gypse lors de l’hydratation d’un mélange de ye’elimite et de gypse (10 % massique) en fonction du pH
de la solution d’hydratation contenant 1 mol/L d’acide borique
Courbe rouge : Evolution de la concentration en soude de la solution d’hydratation en fonction de son pH
chess_especes_boratees.tdb
Les graphes des Figure 144 et Figure 146 ont été tracés en considérant deux critères
selon que le liant contient 0 ou 10 % de gypse :
Ils présentent une forte similitude avec les Figure 110 et Figure 112, décrivant
l’évolution en fonction du pH d’un temps caractéristique τc défini à partir des courbes de
microcalorimétrie. Or, l’étude des évolutions minéralogiques effectuées dans le paragraphe 3
montre que ce temps caractéristique τc correspond approximativement :
197
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
Figure 147 : Evolution du temps τc caractéristique de la fin de la période de la faible activité thermique en
fonction de la quantité de ye’elimite simulée à dissoudre pour parvenir à un évènement caractéristique de
la fin de la période de faible activité thermique selon le taux de gypse du liant
(rouge : 0 % de gypse ; bleu : 10 % de gypse)
La pente de ces deux droites peut alors être assimilée à une vitesse de dissolution
moyenne de la ye’elimite pendant la durée de la période de faible activité thermique. Pendant
cette période, la vitesse moyenne de dissolution de la ye’elimite est donc constante et est
gouvernée par la précipitation et la redissolution du borate minéral hydraté qui se forme.
198
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
En résumé :
- la durée de la période de faible activité thermique est d’autant plus grande que
la quantité de borates minéraux qui se forme est élevée ;
- plus la quantité de borates minéraux hydratés qui précipitent est élevée, plus la
quantité de ye’elimite à dissoudre pour les déstabiliser est importante ;
199
CHAPITRE V : Etude de l’hydratation au jeune âge de ciments sulfoalumineux par des
solutions de borate de sodium
5. Conclusion
La spéciation du bore a été précisée dans les premiers stades de l’hydratation. Les ions
borate de la solution de gâchage sont rapidement partiellement consommés pour précipiter
deux hydrates : de la pseudo-ulexite, qui se forme temporairement pendant la période de la
faible activité thermique, ainsi qu’une phase de type AFt mixte, incorporant borates et
sulfates, et qui tend à s’enrichir en sulfates au cours du temps.
Le retard induit par les ions borate pourrait résulter de plusieurs mécanismes
additionnels :
200
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie,
ainsi que des propriétés mécaniques et
dimensionnelle lors de l’hydratation de
ciments sulfoalumineux par des
solutions boratées
201
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Il est à noter dès à présent que cette étude n’a pour but que de préciser l’évolution de
la minéralogie et des propriétés mécaniques et dimensionnelles de matériaux conservés en
sac. Il conviendrait de la compléter par une étude du comportement des matériaux lors d’une
conservation sous eau par exemple.
Objectifs :
203
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Figure 148 : Influence de la teneur en gypse du liant et de l’application d’un cycle thermique sur les
diffractogrammes des pâtes de ciment âgées de 7 jours – E/C = 0,57
Gauche : liant exempt de gypse - Droite : liant contenant 10 % de gypse
Noir : pâte conservée à 20°C – Orange : pâte soumise à un cycle thermique
(M : monosulfoaluminate de calcium hydraté, E : ettringite, CAH10 : aluminate de calcium décahydraté,
S : strätlingite, Hc : hemicarboaluminate de calcium hydraté)
(Berger, Cau dit Coumes et al. 2011)
204
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
2.1.Protocole expérimental
Les solutions d’hydratation ont été préparées selon le protocole présenté dans le
paragraphe 1.1.2 du chapitre. La concentration en bore est fixée à 1 mol/L et celle en soude à
962 mmol/L, ce qui conduit à une valeur de pH égale à 11.
Les mortiers ont été élaborés avec un rapport E/C égal à 0,6 et un rapport sable/ciment
égal à 3. Le sable utilisé est un mélange de 20 % en masse de sable siliceux fin
(Sifraco NE 34) et de 80% de sable plus grossier (Sifraco DU 0,3/1,2). Cet assemblage de
sables a été déterminé par Berger (Berger 2009) afin d’obtenir une ouvrabilité satisfaisante
des mortiers, tout en conservant le même rapport L/C de 0,6 que les pâtes. Il est à noter que la
compacité de l’assemblage granulaire n’est pas optimisée, ce qui conduira à des propriétés
mécaniques également non optimisées. Le malaxage a été réalisé à l’aide d’un malaxeur
normalisé de laboratoire (EN 196-1) pendant 3 minutes à vitesse lente, et 2 minutes à vitesse
rapide.
Les mortiers ont ensuite été coulés dans des moules métalliques afin de produire des
éprouvettes 4x4x16 cm3. Les moules ont été placés pendant 7 jours en enceinte climatique à
20°C et 95 % d’humidité relative. Après démoulage, les éprouvettes ont été conservées en sac
à température ambiante. Une partie des mortiers élaborés a été utilisée pour mesurer l’auto-
échauffement du matériau en condition semi-adiabatique à l’aide d’un calorimètre de
Langavant (annexe 6). La résistance en compression des éprouvettes a été déterminée à 7, 14,
28, 90, 180, 360 et 720 jours, de même que leurs variations pondérales et dimensionnelles.
Les valeurs obtenues proviennent de la moyenne des mesures effectuées sur 3 éprouvettes.
205
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
U{001} A+G
A{100} A+B
C U Y{311}
C{200}
A{200} K U
S{100} A U A
S A A U 700 jours
Coups (U.A.)
180 jours
90 jours
28 jours
7 jours
5 10 20 30
Déplacement angulaire 2theta (°)
Figure 149 : Diffractogrammes des pâtes de ciment âgées de 7, 28, 90, 180 et 700 jours obtenues par
hydratation d’un ciment sulfoalumineux exempt de gypse par une solution de borate de sodium, et
conservées en sac – E/C = 0,6 – 25°C
[B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH =11
B : (B,S)-AFt, C : CAH10, U : Phase U, S : Strätlingite, Y : Ye’elimite, G : Gibbsite, B :Bayerite
206
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
La Figure 150 illustre plus clairement ces observations. Les courbes ont été tracées à
partir des mesures aux différentes échéances de l’aire de pics caractéristiques des différentes
phases (cf. légende Figure 150).
700
AFt {200}
Phase U + AFt ({001} + {100})
600
CAH10 {200}
Strätlingite {100}
Ye'elimite {311}
Aire des pics (cps/°)
500
400
300
200
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (jours)
Figure 150 : Evolution en fonction du temps de l’aire de pics caractéristique mesurée sur les
diffractogrammes de pâtes obtenues par hydratation d’un ciment sulfoalumineux exempt de gypse par
une solution de borate de sodium
([B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH =11) – 25°C
En premier lieu, nous constatons que l’hydratation se poursuit sur une longue durée.
L’aire du pic de la ye’elimite se stabilise 6 mois après le gâchage, mais l’assemblage
minéralogique évolue au-delà de cette échéance.
207
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Ces évolutions ont une conséquence sur les proportions relatives d’ions borate et
sulfate introduits dans la phase de type AFt. La Figure 151 met en évidence un léger shift vers
les grands angles du pic de diffraction correspondant à la réflexion {100} de la phase de type
AFt lorsque la quantité de phase U augmente. Ce shift traduit un appauvrissement en ions
sulfate de la phase de type AFt, ces derniers étant probablement consommés par la
précipitation de phase U.
Léger shift
700 jours
Coups (U.A.)
180 jours
90 jours
28 jours
Ettringite
Phase U
4B-AFt
7 jours
8 9 10
D é p la c e m e n t a n g u la ire 2 th e ta ( °)
Figure 151 : Evolution au cours du temps des pics de diffraction de la phase U et de la phase AFt, et de la
position angulaire du pic de diffraction correspondant à la réflexion {100} de la phase de type AFt
Liant exempt de gypse
([B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH =11) – 25°C
Les évolutions dimensionnelles et pondérales ainsi que les propriétés mécaniques des
éprouvettes conservées en sac sont reportées sur les Figure 152 et Figure 153 respectivement.
Pendant les 6 premiers mois, un retrait, atteignant environ 250 µm/m, est observé sur
les éprouvettes de mortiers à base de ciment hydraté par une solution de borate de sodium.
Au-delà de cette échéance, une légère diminution du retrait intervient. Un comportement
similaire est observé avec le témoin gâché à l’eau pure. Ces phénomènes sont accompagnés
d’une perte de masse des éprouvettes, atteignant environ 2,5 % pour le mortier gâché avec une
solution de borate de sodium et environ 1 % pour le témoin gâché à l’eau pure.
208
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Ce résultat indique que le scellement des sacs a été imparfait et que le retrait observé
n’est pas seulement endogène, mais que s’y ajoute une composante de dessiccation du
matériau.
La présence de borate de sodium n’a qu’une faible incidence sur le retrait développé
par le mortier conservé en sac.
50
-100
-150
-200
-250
-300
-350
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (en jours)
0,0
Variations pondérales (%)
-0,5
-1,0
-1,5
0 % de gypse - borate de sodium
-2,5
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (en jours)
Figure 152 : Variations pondérales et longitudinales d’éprouvettes de mortier élaborées à partir de ciment
sulfoalumineux exempt de gypse et d’une solution de borate de sodium (bleu) ou d’eau pure (vert)
Conservation en sac à 25°C
209
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
50
45
Résistance en compression (en MPa)
40
35
30
25
20
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (en jours)
Figure 153 : Evolution au cours du temps de la résistance en compression d’un mortier à base de ciment
sulfoalumineux exempt de gypse par une solution de borate de sodium (bleu) et par de l’eau pure (vert)
Conservation en sac à 25°C
Lorsque le liant est hydraté par une solution de borate de sodium, la température au
sein du matériau s’élève au maximum d’environ 55°C, contre 70°C pour un témoin gâché à
210
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
l’eau pure. Cette élévation de température reste conséquente. Il est donc fort probable que
l’application d’un cycle thermique ait les mêmes conséquences que pour un témoin gâché à
l’eau pure, à savoir une déstabilisation du CAH10 au profit des phases de type AFm et une
stabilisation rapide des propriétés mécaniques du matériau obtenu.
70
de ciment)
50
Echauffement
40
30
20
Chaleur
10
0
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0
Temps (en heures)
600
Chaleur d'hydratation (J/g de ciment)
500
400
0 % de gypse - borate de sodium
300 0 % de gypse - eau pure
200
100
0
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0
Temps (en heures)
Figure 154 : Haut : Auto-échauffement ayant lieu pendant l’hydratation d’un liant exempt de gypse par
une solution de borate de sodium (bleu) ou par de l’eau pure (vert) mesurée par calorimétrie semi-
adiabatique de Langavant (référence à 20°C)
Bas : Chaleur d’hydratation cumulée
211
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Rc
Anhydres
Ye’elimite
C2S ?
AH3
CAH10
Hydrates
Strätlingite
(B,S)-AFt
P-U
Phase U
Lorsqu’un liant contenant 10 % de gypse est hydraté par une solution de borate de
sodium à 25°C, l’assemblage minéralogique obtenu à 7 jours est principalement constitué :
212
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
A{100}
A+B
A+G
U{001} Y{311}
A{200} A
U
K U A A
S{100} K AU U 700 jours
S S
Coups (U.A.)
90 jours
28 jours
7 jours
5 10 20 30
Déplacement angulaire 2theta (°)
Figure 156 : Diffractogrammes des pâtes de ciment âgées de 7, 28, 90, 180 et 700 jours obtenues par
hydratation d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une solution de borate de sodium,
et conservées en sac – E/C = 0,6 – 25°C
[B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH =11
B : (B,S)-AFt, C : CAH10, U : Phase U, S : Strätlingite, Y : Ye’elimite, G : Gibbsite, B :Bayerite
700
600
AFt {200}
Aire des pics (cps/°)
500
Phase U + AFt ({001} + {100})
Strätlingite {100}
400 Ye'elimite {311}
300
200
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (jours)
Figure 157 : Evolution en fonction du temps de l’aire de pics caractéristiques mesurée sur les
diffractogrammes de pâtes obtenues par hydratation d’un ciment sulfoalumineux contenant 10 % de
gypse par une solution de borate de sodium
([B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH =11) – 25°C
213
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Entre 7 et 90 jours :
La Figure 158 montre que l’augmentation de la quantité de phase U n’a pas d’impact
sur les proportions relatives d’ions borate et sulfate incorporés au sein de la phase de type
AFt. En effet, contrairement à ce qui a été observé pour un liant exempt de gypse, la position
angulaire du pic de diffraction correspondant à la réflexion {100} de cette phase n’évolue pas.
700 jours
Coups (U.A.)
180 jours
90 jours
28 jours
Ettringite
Phase U
4B-AFt
7 jours
8 9 10
D é p la c em e n t a ng ula ire 2 th e ta (°)
Figure 158 : Evolution au cours du temps des pics de diffraction de la phase U et de la phase AFt, et de la
position angulaire du pic de diffraction correspondant à la réflexion {100} de la phase de type AFt
Liant contenant 10 % de gypse
([B(OH)3] = 1 mol/L – [NaOH] = 962 mmol/L – pH =11) – 25°C
214
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
l’assemblage minéralogique évolue encore au bout de 700 jours lorsque le liant est exempt de
gypse. En présence de gypse, il est à noter que la formation du CAH10 n’est plus observée.
La Figure 159 met en évidence un fort retrait des éprouvettes conservées en sac au
cours du temps. Nous constatons ici aussi que ce retrait n’est pas uniquement la conséquence
d’un retrait endogène, puisqu’une perte de masse des éprouvettes est enregistrée au cours du
temps ; s’y ajoute une composante liée à la dessiccation des matériaux. Ce retrait, atteignant
environ -1000 µm/m est du même ordre de grandeur que celui observé pour un témoin gâché
à l’eau pure. Il n’engendre aucune fissuration des éprouvettes, malgré sa valeur importante.
0
10 % de gypse - borate de sodium
10 % de gypse - eau pure
-200
Retrait (µm/m)
-400
-600
-800
-1000
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (en jours)
0,0
-1,0
-1,5
-2,0
-2,5
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (en jours)
Figure 159 : Variations longitudinales et pondérales d’éprouvettes de mortier élaborées à partir de ciment
sulfoalumineux contenant 10 % de gypse et d’une solution de borate de sodium (rouge) ou d’eau pure
(vert)
Conservation en sac à 25°C
215
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
50
40
35
30
25
20
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (en jours)
Figure 160 : Evolution au cours du temps de la résistance en compression d’un mortier à base de ciment
sulfoalumineux contenant 10 % de gypse et hydraté par une solution de borate de sodium (rouge) ou par
de l’eau pure (vert)
Les éprouvettes témoins élaborées à partir d’un liant gâché avec l’eau pure présentent
le même comportement. Toutefois, nous remarquons que la présence de borate de sodium
affaiblit les résistances mécaniques d’environ 20 % par rapport au témoin gâché à l’eau pure.
Berger et al (Berger, Cau dit Coumes et al. 2011) montrent que l’application d’un
cycle thermique représentatif de l’auto-échauffement résultant de la dissolution massive des
anhydres a moins d’influence sur un liant contenant 10 % de gypse que sur un liant exempt de
gypse lorsqu’il est gâché avec de l’eau pure.
La Figure 161 montre que la température s’élève d’environ 45°C lorsque la solution
d’hydratation contient du borate de sodium, contre environ 50°C lorsque le liant est gâché
avec de l’eau pure. Par analogie avec un liant exempt de gypse hydraté à l’eau pure,
l’influence de l’auto-échauffement devrait être plus limité dans ce cas que lorsque le liant
contient du gypse.
216
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
70
10 % de gypse - borate de sodium
60 10 % de gypse - eau pure
40
30
20
10
0
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 120,0
Temps (en heures)
500
450
Chaleur d'hydratation (J/g de
400
350
300
ciment)
250
200
150
100
10 % de gypse - borate de sodium
50 10 % de gypse - eau pure
0
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 120,0
Temps (en heures)
Figure 161 : Haut : Auto-échauffement ayant lieu pendant l’hydratation d’un liant exempt de gypse par
une solution de borate de sodium (rouge) ou par de l’eau pure (vert) mesuré par calorimétrie semi-
adiabatique de Langavant (référence à 20°C)
Bas : Chaleur d’hydratation cumulée
217
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
Rc
Anhydres
Ye’elimite
C2S ?
AH3
Hydrates
Strätlingite
(B,S)-AFt
P-Ulexite
Phase U
218
CHAPITRE VI : Etude de l’évolution de la minéralogie, ainsi que des propriétés mécaniques
et dimensionnelle lors de l’hydratation de ciments sulfoalumineux par des solutions boratées
3. Conclusion
Dans cette étude, l’influence de l’auto-échauffement pouvant avoir lieu au sein d’une
pièce massive n’a pas été étudiée. Cet échauffement est comparable à celui observé sur des
échantillons témoins gâchés à l’eau pure. En faisant l’approximation que la phase U est
équivalente au monosulfoaluminate de calcium hydraté, nous pouvons considérer que les
assemblages minéralogiques subiront des évolutions analogues à celles observées avec les
témoins gâchés à l’eau pure :
219
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
221
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
1. Conclusion générale
Les ciments sélectionnés ont été élaborés à partir d’un clinker riche en ye’elimite
(66,2 % de ye’elimite et seulement 13,5 % de bélite) et de teneurs variables en gypse. Il a
ainsi été possible d’obtenir des liants hydratés comprenant des quantités importantes de phase
de type AFm et AFt dont les proportions ont été ajustées en faisant varier le gypsage du liant.
L’objectif de ce travail était de déterminer l’influence des ions borate sur l’hydratation
de ciments sulfoalumineux au jeune âge dans un premier temps, puis à plus long terme
jusqu’à l’échéance de 700 jours. Dans le cadre de cette étude, trois aspects ont plus
particulièrement été abordés :
La chimie du bore en solution est complexe. Les ions borate en solution possèdent la
capacité de se polymériser pour former par réactions de condensation des anions polyboratés.
En accord avec les données de la littérature, il a été montré que la quantité d’anions
polyboratés est d’autant plus faible que le pH du milieu est élevé : pour une solution
contenant 1 mol/L de bore, concentration représentative de celle rencontrée dans certains
déchets, l’ion monoborate est l’espèce majoritaire pour un pH supérieur à 11,2.
223
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Cette complexité des espèces aqueuses du bore conduit à l’existence d’un grand
nombre de borates minéraux hydratés. Trois borates minéraux hydratés d’un intérêt tout
particulier pour la cimentation de déchets boratés ont pu être identifiés à partir de la
bibliographie :
L’étude expérimentale que nous avons menée a permis de compléter ces résultats.
Tout d’abord, l’existence de deux borates minéraux amorphes différents a été mise en
évidence, alors que la littérature n’en mentionne qu’un seul : le C2B3H8, qui serait un
précurseur de l’inyoite C2B3H13, et la pseudo-ulexite NCB5H16, qui est un précurseur de
l’ulexite. Leur domaine de stabilité a pu être précisé.
Ces deux composés précipitent pour un pH compris entre environ 8,0 et 11,5-12 et sur
une gamme de rapports molaires B/Ca étendue (celle-ci dépendant du pH). Le composé
amorphe C2B3H8 se forme lorsque la concentration en sodium en solution est faible. En
revanche, en présence de concentrations en ions sodium plus élevée, c’est la pseudo-ulexite
qui précipite. Ainsi, pour une concentration en bore égale à 1 mol/L et un rapport B/Ca égal à
environ 10, la pseudo-ulexite précipite à partir d’une concentration en soude égale à
200 mmol/L.
De manière plus générale, ces composés peuvent être déstabilisés par augmentation du
pH ou diminution du rapport B/Ca.
Les phases boratées de type AFm et AFt ont été synthétisées. Le calcul de leurs
produits de solubilité a conduit à des valeurs en bon accord avec les données de la littérature.
La structure de ces deux phases a dans un second temps été résolue par analyse Rietveld.
L’ambigüité concernant la spéciation du bore au sein de la boro-AFm a pu être levée :
le bore est localisé dans l’interfeuillet au sein d’un groupement borate (HO)BO 22− trigonal
plan. Les molécules d’eau et les groupements borate sont aléatoirement répartis dans
l’interfeuillet.
Concernant la boro-AFt, une structure inédite pour une phase de type AFt a été mise
en évidence. La boro-AFt cristallise dans le groupe d’espace P3c1, qui présente un degré de
symétrie supérieur au groupe P31c de l’ettringite. Ce gain de symétrie est la conséquence de
224
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
l’organisation des groupements borate le long de la même direction au sein des canaux. Le
paramètre c de la maille est alors environ deux fois plus faible que celui de l’ettringite. De
plus, deux types de canaux ont été observés : un premier canal ne contenant que des ions
borate, et un second, plus large, acceuillant des ions borate et les molécules d’eau.
En présence d’ions sulfate, la boro-AFt se déstabilise au profit d’une phase de type
AFt mixte incorporant borates et sulfates. Le groupe d’espace dans lequel la boro-AFt
cristallise étant différent de celui de l’ettringite, l’hypothèse de l’existence d’une solution
solide complète entre le pôle sulfate et le pôle borate peut être écartée.
225
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
L’hydratation se poursuit dans ce cas aussi sur une longue période. La déstabilisation
du CAH10 est observée entre 90 jours et 700 jours, tout comme la précipitation d’une quantité
supplémentaire de phase U et la diminution de la quantité de (B,S)-AFt. Cette phase
s’appauvrit par ailleurs en ions sulfate au cours du temps. La strätlingite est observée à partir
de 90 jours. A 700 jours, l’assemblage minéralogique ne semble pas encore stabilisé.
Après la dissolution massive des anhydres du ciment et quelle que soit la teneur en
gypse du liant, les ions borate sont incorporés au sein d’une phase de type AFt incorporant
borates et sulfates, en accord avec la littérature.
226
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
227
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
2. Perspectives
A l’issue de cette étude, un certain nombre d’éléments reste à préciser concernant les
systèmes simplifiés, le déroulement de l’hydratation, mais aussi le conditionnement des
déchets boratés.
Concernant les borates minéraux hydratés, les produits de solubilité des composés
amorphes doivent être déterminés. L’étude thermodynamique de ces composés pourrait
notamment valider l’hypothèse selon laquelle le C2B3H8 est un précurseur de l’inyoite
C2B3H13.
Dans notre étude, ces composés se forment de façon quasi-instantannée à partir du
mélange de deux solutions saturées ou de l’ajout de soude à une suspension de nobléite.
L’étude de la vitesse de dissolution et de précipitation de ces borates minéraux hydratés lors
d’un ajout de gypse pourrait fournir des informations intéressantes vis-à-vis de la vitesse
d’hydratation des ciments sulfoalumineux en présence d’ions borate.
L’étude structurale des hydrates cimentaires boratés met en évidence qu’une solution
solide complète entre l’ettringite et la boro-AFt n’est pas possible puisque ces deux phases
cristallisent dans des groupes d’espace différents. Il conviendrait de s’intéresser plus
particulièrement au domaine d’existence de la solution solide, ainsi qu’à la solubilité de la
phase AFt en fonction de son taux de substitution.
228
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
de la matrice, le sodium est incorporé au sein de la phase U. Au cours de cette étude, les
évolutions minéralogiques ont été déterminées pour une concentration en sodium égale à
1 mol/L. Nous avons montré grâce aux simulations, que l’augmentation de la concentration en
sodium conduit à la précipitation d’une quantité de phase U plus importante. Ses
répercussions sur les propriétés mécaniques et dimensionnelles des matériaux durcis restent à
préciser.
229
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Le taux de gypse du ciment est un paramètre clé pour contrôler la réactivité du liant,
les assemblages minéralogiques formés, les propriétés mécaniques et la stabilité
dimenssionnelle des enrobés élaborés. L’augmentation de la teneur en gypse du liant a des
effets antagonistes : augmentation de la durée de la période de faible activité thermique mais
stabilisation plus rapide de l’assemblage minéralogique, de la résitance mécanique et des
variations dimensionnelles des matériaux. Berger et al (Berger, Cau dit Coumes et al. 2011)
précisent de plus que, dans leurs conditions d’étude, l’ajout de gypse permet de limiter les
effets indésirables d’un cycle thermique. Il existe donc vraisemblablement un optimum sur le
dosage en gypse, qui pourrait être voisin de 5 % afin de conserver des retards à l’hydratation
limités (cf. Figure 108).
L’utilisation d’une base autre que la soude pourrait être envisagée pour réduire la
durée de la période de faible activité thermique :
230
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
30
25
Conductivité (mS/cm )
2
20 KOH
NaOH
LiOH
15
10
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (heures)
Figure 163 : Influence de la base utilisée sur l’évolution de la conductivité au cours de l’hydratation d’une
pâte de ciment sulfoalumineux contenant 10 % de gypse par une solution d’acide borique à 1 mol/L
contenant de 962 mmol/L de potasse (bleu), de soude (rouge) ou de lithine (vert)
E/C = 0,6 – 25°C
L’influence de l’utilisation d’un autre composé que la soude pour basifier le déchet sur
la résistance mécanique et la stabilité dimensionnelle des enrobés obtenus devra être précisée.
231
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
50
Quantité cumulée lixiviée (mmol/dm²)
OH
45
Ca
40 Na
Al
35 S
30 B
Si
25
20
15
10
0
0 1 2 3 4 5 6
-0,5
racine carrée temps (jours )
Figure 164 : Quantités d’ions hydroxyde, calcium, aluminium, sulfate, borate, sodium et silicium relâchées
durant 1 mois de lixiviation d’une pâte de ciment âgée de 90 jours élaborée à partir d’un ciment
sulfoalumineux intialement exempt de gypse et d’une solution de borate de sodium par de l’eau pure
pH = 7 – 20°C – Surface/Volume = 0,10 dm2/L
Il est à noter que le bore n’est plus observé dans les trois premières zones
superficielles. La démixition de la solution solide de (B,S)-AFt au profit de l’ettringite et de la
boro-AFt est observée dans la quatrième zone. Cette observation conforte la conclusion tirée
de l’étude structurale de ces phases sur l’existence d’une solution solide partielle entre la
boro-AFt et l’ettringite.
232
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
233
BIBLIOGRAPHIE
235
BIBLIOGRAPHIE
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242
ANNEXES
I
ANNEXES A1
Réaction 47 A+ B=A B
Plus généralement, pour un composé C, constitué des espèces C1, C2, …, Ci, le
principe de conservation de masse est résumé par l’équation de Réaction 48.
Réaction 48 C= i Ci
i
∂G
Équation 1 A=−
∂ξ p ,T
∂G
Équation 2 G= ni µ i avec µ i =
i ∂ni p ,T , ntot
A l’équilibre thermodynamique,
∂G ∂ni
Équation 3 −A= = µi =0
∂ξ p ,T i ∂ξ p ,T
III
ANNEXES A1
∂ni
Équation 4 αi =
∂ξ p ,T , ntot
Soit
∂G
Équation 5 = µ iα i ⇔ ∆G = µ iα i
∂ξ p ,T i i
Le potentiel chimique d’un constituant i est donné par l’équation de Nernst (Équation
6)
Équation 6 µ i = µ i0 + RT ln({C i })
∏ {C }
αi
∆G = ∆G 0 + RT ln i =0
i
Soit :
∏ {C }
αi
Équation 7 ∆G 0 = − RT ln i
i
∆G 0
= ∏ {C i } i
α
Équation 8 K = exp −
RT i
IV
ANNEXES A1
Dans une solution idéale, c'est-à-dire dans une solution à l’état de dilution infini, il est
supposé qu’aucune interaction entre les différentes espèces de soluté et de solvant n’a lieu. Le
coefficient d’activité est dans ces conditions égal à 1 et l’activité du soluté i est égale à sa
concentration (Équation 10).
Équation 11 ln K = α i ln[Ci ] + α i ln γ i
i i
1
zi [Ci ]
2
Équation 12 I=
2 i
2
− Az i I
Équation 13 ln γ i = Modèle de correction de force ionique de Debye-Hückel
1 + Ba I
V
ANNEXES A1
Avec : - A -1,13
- B 3,25 × 109
2
− 1.13 zi I
Équation 14 ln γ i =
1+ I
Cette relation simplifiée donne de bons résultats pour des solutions très diluées, dont la
force ionique est inférieure à 0,1 mol/L.
Pour des solutions plus concentrées, un facteur correctif doit être ajouté. Ce facteur
correctif est introduit dans la formule de Davies (Équation 15).
2 I
Équation 15 ln γ i = −1.13 z i − bI Modèle de correction de force ionique de Davies
1+ I
Avec b, une constante, généralement fixée entre 0,2 et 0,3 pour la majorité des systèmes.
2 0 .3
Équation 16 ∀I > 0.3mol/L, ln γ i = −1.13 z i − 0.3b Formule de Davies tronquée
1 + 0 .3
2
− Azi I
Équation 17 ln γ i = + BI Modèle de correction de force ionique B
1 + Ba I
VI
ANNEXES A1
Par définition, l’activité d’une phase solide est égale à 1. La quantité dissoute d’un
composé C solide constitué des espèces Ci est fixée par la constante de solubilité Ks, associée
à l’équation de Réaction 49. On défini alors la constante de solubilité telle que :
PAI = ∏ {Ci ( aq ) } i
α
Équation 19
i
PAI
Équation 20 IS = log = log(PAI .K )
Ks
Un Indice de saturation IS strictement positif indique que le système est sursaturé par
rapport à une phase donnée et va donc conduire, d’un point de vue uniquement
thermodynamique, à la précipitation immédiate de la phase. Un indice de saturation IS
inférieur à zéro indique que le système est sous saturé par rapport à la phase considérée.
L’indice de saturation renseigne uniquement sur la précipitation des phases d’un point de vue
thermodynamique.
VII
ANNEXES A1
par des réactions en solution, de précipitation ou encore de dissolution afin de satisfaire aux
constantes de formation renseignée dans la base de données. Les quatre modèles de correction
de force ionique présentés précédemment peuvent être appliqués, selon le choix de
l’utilisateur, pour effectuer les calculs thermodynamiques.
La validité de la simulation repose principalement sur la justesse des valeurs des
constantes de formation des espèces répertoriées dans la base de données. Les différentes
bases de données thermodynamiques existantes, telles que chess.tdb, EQ3/6.tdb,
MINEQL.tdb,…, ne sont pas exhaustive et nécessite d’être complétées lorsque certains
systèmes sont considérés. L’ajout d’espèce dans une base de données thermodynamique doit
respecter le formalisme de celle-ci afin de permettre au code de fonctionner, mais aussi
d’obtenir des calculs thermodynamiques fiables. Le formalisme de la base de données
thermodynamiques liées au code CHESS est décrit dans le paragraphe suivant.
La première partie de la base de données renseigne les espèces de base ; ces espèces de
base sont les espèces les plus simples permettant par différentes réactions d’obtenir d’autres
composés. En ce qui concerne le système étudié au cours de cette partie, les principales
espèces de base sont les suivantes :
- H 2O ;
- H+ ;
- B(OH)3(aq) ;
- Na + , K+, Ca2+;
- SO 24- .
…
B(OH)3(aq) {
molew. = 61.833 g/mol
radius = 1.5e-10
element = B
name = boron
}
…
La partie de la base de données concernant les espèces de base n’est jamais modifiée,
étant donné que tous les composés chimiques imaginables peuvent être construits à partir de
ces espèces de base.
VIII
ANNEXES A1
∏a
j
j ∏γ ⋅ [ j]
j
j
…
OH[-] {
composition = -1 H[+], 1 H2O
logK = -14.9398(0), -13.9951(25), -13.0272(60), -12.2551(100)\
-11.6308(150), -11.2836(200), -11.1675(250), -11.3002(300)
radius = 1.75e-10
}
…
Ce champ indique que l’anion hydroxyde est obtenu par la réaction décrite par
l’équation de Réaction 51 (composition) et régie par les constantes de formation logK à
différentes températures (logK(T)). Le rayon ionique de l’anion hydroxyde est fixé ici à
1,75.10-10 m (radius).
Réaction 51 H 2O = OH - + H +
IX
ANNEXES A2
B(OH)4[-] {
composition = -1 H[+], 1 H2O, 1 B(OH)3(aq)
logK = -9.5434(0), -9.24(25), -8.9831(60), -8.8138(100)\
-8.7333(150), -8.7726(200), -8.9385(250), -9.2912(300)
radius = 2e-10
}
B3O3(OH)4[-] {
composition = -1 H[+], -2 H2O, 3 B(OH)3(aq)
logK = -7.21(25),
radius = 3e-10
}
B5O6(OH)4[-] {
composition = -1 H[+], -5 H2O, 5 B(OH)3(aq)
logK = -7.01(25),
radius = 5e-10
}
B4O5(OH)4[2-] {
composition = -2 H[+], -3 H2O, 4 B(OH)3(aq)
logK = -15.89(25),
radius = 4e-10
}
Al(OH)3OB(OH)2[-] {
composition = 1 Al[3+], 1 B(OH)3(aq), -4 H[+], 3 H2O
logK = -21.26(25),
radius = 2e-10
}
1.2.Espèces minérales
1.2.1. Borate minéraux hydratés
Hexahydroborite {
composition = 2 B(OH)3(aq), 6 H2O, 1 Ca[2+], -2 H[+]
logK = -13.65(25),
X
ANNEXES A2
XI
ANNEXES A3
[
C1 = B(OH) 3(aq)] [ ]
C 5 = B 5 O 6 (OH) −4
C2 = [B(OH) ] −
4 Cm = [NaB(OH) ]°
4(aq)
C3 = [B O (OH) ]
3 3
−
4 C Na = [Na ]
+
C2 Cm
K1 = Km =
Équation 25 :
[
C1 OH − ] Équation 26 :
C 2 .C Na
C3 C5
Équation 27 : K3 = 2
Équation 28 : K5 = 4
C 2 C1 C 2 C1
XII
ANNEXES A3
11
Dans leurs travaux, Momii et al détermine le degré de dissociation α par B-RMN
définit tel que :
C5 = (1-a).C0
4C 0 C 2 K m
Équation 29 2C 0 = C1 − 2C 2 + 2C 5 +
1 + C2K m
C2 2
Or C1 = , ce qui mène à : A.C 2 + BC 2 + D = 0
[
K 1 OH −]
1
Avec : A = Km −2
K1 OH − [ ]
(
B = K m 2C 5 + 2C 0 − OH − + [ ]) [
1
K1 OH −
−2
]
[
D = 2C5 − OH − − 2C0 ]
−B+ ∆
Soit : ∆ = B 2 − 4 AD et C2 =
2a
C1 = 2 0 [ ]
− OH − + 2 −
4C 0 K m
1 + C2K m
C2
XIII
ANNEXES A4
XIV
ANNEXES A4
XV
ANNEXES A4
XVI
ANNEXES A5
- Gibbsite (a) ;
- Bayerite (b) ;
- Alumine hydratée amorphe (c).
2500
Ettringite
Gibbsite
200 4Boro-AFt
phase formée (mmol/L)
Concentration en
Ulexite
150
1500
100
1000
50 500
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
13 8
Concentration en solution (mmol/L)
7
12.5
6
Al
12 5
pH
4
11.5 3
2
11
1
pH
10.5 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
XVII
ANNEXES A5
2500
Ettringite
Bayerite
phase formée (mmol/L) 200 4Boro-AFt
Concentration en
Ulexite
150
1500
100
1000
50 500
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
13 35
11.5 15
10
11
5 Al
pH
10.5 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
Ettringite 1400
200 4Boro-AFt Al(OH)
3(am)
phase formée (mmol/L)
CAH10 1200
Concentration en
Concentration en
Ulexite
150 1000
800
100
600
400
50
200
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
13 90
Concentration en solution (mmol/L)
80
12.5 70
60
12
50
pH
40 Al
11.5
30
11 20
10
pH
10.5 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L) Quantité de ye'elimite dissoute (mol/L)
XVIII
ANNEXES A5
- précipitation d’ulexite ;
- précipitation de phases de type AFt (ettringite + boro-AFt) ;
- précipitation de phase U.
XIX
ANNEXES A6
L’hydratation des ciments est de manière générale très thermo dépendante. Afin de
s’affranchir de ces phénomènes de thermodépendance et d’éliminer le biais d’interprétation
entre des résultats acquis séparément, une cellule spécifique, couplant rhéométrie,
conductimétrie et calorimétrie a été mise au point au cours de ces travaux de thèse. Cette
cellule est schématisée sur la figure suivante :
Détecteur Vcellule = 150 mL
T
Couvercle Sonde de température
Sortie d’eau Enveloppe thermostatée
Géométrie
V
Electrode de conductivité
Entrée d’eau
Pâte de ciment
Schéma de la cellule couplée
XX
ANNEXES A6
Équation 30 = 0ei t
Équation 31 = 0ei t+
Équation 32 G* = G’ + iG’’
Une géométrie de type ruban hélicoïdal a été utilisé pour mené les expérimentations.
Ce type de géométrie est le plus adapté pour les systèmes granulaires et permet d’éviter les
phénomènes de ségrégation au sein de la pâte. Cette géométrie non conventionnelle a été
calibré grâce en utilisant une huile standard (S600, 2 ,089 Pa.s, PSL selon la prodcédure
définie par Ait-Kadi et al (Ait-Kadi et al. 2002).
La contrainte de cisaillement et la fréquence de balayage ont été fixées à 10-4 et 0,5
rad/s afin d’effectuer nos mesures dans le domaine de linéarité viscoélastique de nos pâtes de
ciment.
1.2.Analyse du solide
Les diffractogrammes ont été acquis à l’aide d’un diffractomètre Siemens D8 doté d’un
générateur de rayons X Kristalloflex K760A21 de puissance maximum de 3000 W et d’une
anticathode en cuivre ( K 1 = 1,54056 ). Le détecteur est un Xcelerator. L’acquisition est
réalisée sur une plage allant de 2 = 5° à 2 = 90° avec des pas de 0,017° et un temps de
mesure équivalent à 50 s par pas. Les diffractogrammes obtenus sont traités avec le logiciel
Eva 12.0 (SOCABIM).
Les analyses par DRX sont réalisés sur des échantillons préalablement broyés et tamisés
de façon à ce que la taille des grains soit inférieure à 100 µm sur porte échantillon permettant
un remplissage par l’arrière
XXI
ANNEXES A6
Les thermogrammes ont été acquis sur un appareil Netzsch STA 409 en mode ATG/DSC.
Le programme de température comporte trois segments : une isotherme de 5 min à 30 °C, une
montée de 10 K/min entre 30 et 1000 °C et une isotherme de 5 min à 1000 °C. Le four est
sous balayage d’azote. Les creusets sont en alumine.
Les analyses TG ont été effectuées sur des échantillons préalablement broyés et tamisés
de façon à ce que la taille des grains soit inférieure à 100 µm.
Les spectres 11B-MAS RMN ont été enregistrés à une fréquence de Larmor de
256,7 MHz sur un spectromètre Brüker Avance III 800 MHz (champ magnétique de 18,8
Tesla). Les spectres sont constitués de la somme de 64 relaxations libres, avec une longueur
de pulse initiale égale à 1 µs et un temps de relaxation de 5 secondes. Au cours de l’analyse,
les échantillons sont placés dans une sonde de 3,2 mm de diamètre en zircone. La fréquence
de rotation a été fixée à 20 kHz.
Le spectromètre a été calibré à l’aide de borohydride de sodium NaBH4. La ligne de
base des spectres a été corrigée en soustrayant le signal du bore contenu dans nitrure de bore
du stator
Les observations par microscopie électronique en balayage ont été effectuées en mode
environnemental à l’aide d’un microscope FEI Quanta 200 ESEM FEG, à émission de champ.
1.3.Analyse de solutions
Les solutions interstitielles des pâtes de ciments ont été extraite par pressage à l’aide
d’une presse de laboratoire (2 tonnes).
1.3.1. pHmétrie
Les mesures de pH ont été effectuées à l’aide d’une sonde haute alcalinité,
préalablement étalonnée selon les procédures normalisées.
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ANNEXES A6
Les courbes de dosage ont été acquises grâce à une station de titrage Radiometer
Analytical Titralab 854 utilisée en mode d’inflexion dynamique croissante. Le critère de
stabilité sur le pH a été fixé à 15 mpH/min.
Les compositions chimiques des solutions étudiées ont été analysées par ICP-AES
(Vista Pro Varian). Les gammes d’étalonnage ont été effectuées en prenant en compte les
effets de matrice.
Les mesures se font sur des séries de trois éprouvettes 4 x 4 x 16 cm3 de mortier équipées
de plots métalliques. Les variations de masse sont suivies à l’aide d’une balance de laboratoire
précise au centième de gramme. Les variations de longueur sont mesurées manuellement, à
échéances fixes, à l’aide d’un comparateur dont le zéro est défini par une tige métallique de
160 mm.
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ANNEXES A7
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