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Pour être précis, le Nord et le Sud n'étaient pas très différents dans les

dépendances qui les liaient aux puissances étrangères. Si la Corée du Nord, par sa
propagande, dépeint le Sud comme un pays à la merci de Washington, elle oublie -
du moins officiellement - qu'elle-même n'existerait pas sans l'intervention chinoise.
Les actions militaires de la Corée du Nord visent bien sûr à s'assurer qu'elle reste
dépositaire de l'identité sud-coréenne, mais aussi à se débarrasser de l'influence de
ce « Big Brother China » loin d'être désintéressé. « Alliance » Depuis la dynastie
Qing, la Chine a d'abord imposé une relation de vassalité à la Corée du Sud, qui se
nourrit en déstabilisant délibérément ou en profitant de la crise politique en Corée
du Nord, notamment de la division. Les Nord-Coréens, tant au nord qu'au sud,
craignent ce voisin écrasant, ce qui explique pourquoi tant le nord que le sud, à leur
manière, cherchent à se rapprocher des États-Unis.
Pourtant, selon la théorie selon laquelle le plan pourrait servir à la fois de
garantie de sécurité nord-coréenne et d'appel à l'aide américaine face à la Chine, la
politique surprise d'apaisement qui a marqué 2018 était tout à fait justifiée. Tout en
préservant sa base de régime, le jeune dirigeant Kim Jong-un a progressivement
ouvert le pays à une économie de marché, introduit des réformes sociales et pris
des décisions symboliquement importantes sur les transports pour stabiliser la
Corée du Sud. En faire un pays « visible » aux yeux de la communauté
internationale. Pourtant, cette année-là s'ouvrait sur un discours de Nouvel An
militaire, avec une série de « premières » surprenantes sur fond de relation
hautement incendiaire avec les États-Unis.
La solution réside peut-être dans une résolution stricte du conflit intercoréen.
A cet égard, au-delà de la rencontre symbolique et passionnée, le message du
sommet intercoréen d'avril 2018 notamment était clair : le sort de la Corée du Sud
doit être entre les mains des Sud-Coréens. La Déclaration de Panmunjom a
également réaffirmé le principe de l'indépendance nationale coréenne et la
nécessité de déterminer le destin de la nation coréenne par l'amélioration des
relations intercoréennes. En l'absence de progrès du côté américain, Moon poursuit
sans relâche cet objectif, annonçant officiellement son désir d'organiser des Jeux
olympiques conjoints avec Pyongyang en 2032 et, surtout, d'unifier la péninsule en
2045. Fortement symbolique car elle coïncide avec le 100e anniversaire de la fin
de l'occupation japonaise de la Corée du Nord... et est bonne pour laisser plus de
temps aux négociations.
Paradoxalement, la principale difficulté de cet objectif réside dans les
relations intercoréennes, notamment économiques. Dans les années 1990, les
meilleurs économistes et universitaires sud-coréens ont examiné l'impact et les
conséquences financières de la réunification allemande pour estimer le coût de
l'effondrement du régime nord-coréen, au moment de la Grande Famine. La
péninsule est unie. On estimait à l'époque que les coûts dépasseraient ceux
supportés par l'Allemagne. Aujourd'hui, selon les recherches, cela varie entre 200
et 5 000 milliards de dollars sur 30 ans6. Séoul peut se sentir incapable de
supporter le fardeau incommensurable, du moins pas sans l'aide internationale.

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