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Article de la rubrique « Les psychothérapies »


Grands Dossiers N° 15 - juin-juillet-août 2009
Les psychothérapies

L'analyse transactionnelle
Laurie Hawkes

L’analyse transactionnelle est une méthode souple et optimiste qui vise


notamment à améliorer notre façon de communiquer, mais aussi notre regard sur
nous-mêmes. Elle implique un travail sur nos « états du moi », qui reflètent nos
façons d’être.

L’analyse transactionnelle (AT) est l’une des méthodes de psychothérapie dites «


humanistes », dont le plein essor a eu lieu pendant les années 1970, à partir de la
Californie. Elle repose sur des postulats optimistes pour l’homme : c’est aussi pour cela
que le vocabulaire proposé est d’un abord assez simple, visant à permettre à l’usager de
s’approprier les notions, en partenariat égal avec le praticien. De même, la pratique du «
contrat », qui explicite les buts du travail de thérapie, va dans ce sens de participation
active et responsable du patient.

Nos façons d’être


Les états du moi. Pour l’AT, chacun possède trois grandes façons d’être, de se montrer
et de percevoir le monde.

• L’adulte : cette partie de nous correspond à notre âge actuel. Elle fait montre de
capacités d’analyse et d’action, perçoit sans distorsion (ou presque) ce qui se passe
autour de nous et en nous, et réagit judicieusement aux situations.

• L’enfant : constitué d’aspects moins matures, il réagit comme autrefois, en donnant


l’impression d’être un peu « gamin ». On s’amuse comme un petit fou, on bredouille pour
prendre la parole devant le chef, on s’énerve… L’interlocuteur, parfois, se dit : « Qu’est-
ce qui lui prend ? »

• Le parent : composé d’attitudes de nos parents et autres personnages importants de


l’enfance (grands-parents, tante, grand frère…), copiées non consciemment. On se
surprend à gronder son fils avec le même ton et presque les mêmes mots qu’employait
notre père avec nous, à réconforter une fillette avec la douceur et les gestes de notre
mère…

Ces états du moi influent sur la façon dont nous nous voyons nous-mêmes, et

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contribuent à former le « cadre de référence » avec lequel nous abordons le monde et


les relations sociales. Nous avons par exemple intégré plus ou moins de permissions
diverses (celle d’exprimer différentes émotions, de nous rapprocher d’autrui…). C’est
notre parent qui nous autorise ou nous interdit, qui nous valorise ou nous critique, tandis
que notre enfant a emmagasiné des expériences heureuses ou malheureuses, donnant
lieu à des décisions de vie (« Je ne prendrai plus de risques, je ne ferai plus confiance »),
lesquelles engendrent des croyances (« Je ne suis pas capable, les gens ne sont pas
fiables… »).

En AT, on représente ces états du moi sous forme de trois cercles empilés. Il est
souvent intéressant, en démarrant un travail de psychothérapie, de faire connaissance
avec ces aspects de soi, de repérer lequel s’exprime à quel moment, et si cela nous
convient ou nous dessert.

Notre quête de reconnaissance


L’AT accorde une grande importance à tout ce qui nous montre que nous sommes vus,
et pris en compte. Chacune de ces manifestations est appelée « signe de
reconnaissance ». Il en existe de délicieux (les sourires ou les baisers de ceux qui nous
aiment, certains compliments), de désagréables (les critiques injustes, les insultes, les
coups). Certains sont conditionnels (faisant suite à quelque chose que nous avons fait),
d’autres inconditionnels (être apprécié ou rejeté juste pour ce que l’on est). Ils peuvent
être verbaux ou non verbaux. Beaucoup de gens éprouvant un mal-être sont en manque
de signes de reconnaissance, et ne savent pas bien s’en procurer (ni, souvent, en
donner à autrui).

Pour améliorer ces communications insatisfaisantes, nous devons analyser les «


transactions », c’est-à-dire les vecteurs d’échange entre les états du moi des divers
interlocuteurs. Les demandes ainsi décodées apparaissent plus ou moins claires, et
comportent parfois un aspect masqué. Certaines obtiennent une réponse inattendue :
dans ce cas ce n’est pas l’état du moi visé qui répond. Ces problèmes de
communications maladroites, indirectes, manquées, mènent souvent aux « jeux
psychologiques » : des échanges stéréotypés comportant un niveau caché, inconscient,
aboutissant à un dénouement désagréable. Nous y entrons en position de victime («
Pauvre de moi ! »), de sauveur (« Je vais vous aider ! ») ou de persécuteur (« Je vais vous
montrer le droit chemin ! »). Nous finissons en victimes blessées ou offensées.

Dès l’enfance, nous commençons à nous faire une idée du genre de personne que nous
sommes et du type de vie que nous aurons. Ce « scénario de vie » se précise au fil des
ans, formant parfois un carcan rigide (« Je suis une pauvre fille qui ne trouvera jamais
l’amour »). Les échanges difficiles le confirment, et surtout les jeux psychologiques, avec
leur aboutissement douloureux.

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Viser notre scénario


Chaque fois que mari et femme se retrouvent fâchés ou meurtris, ils renforcent par
exemple l’idée que « les hommes sont méchants », ou que « les femmes sont
incompréhensibles », ou qu’il est impossible de vivre bien ensemble. Tout converge vers
le scénario : c’est donc lui qui sera, au bout du compte, visé dans une psychothérapie en
AT approfondie. En quittant les rôles prédéterminés, en osant une communication plus
directe, on pourra progressivement changer les idées négatives qui limitent le patient, et
élargir le champ de ses possibilités. Cela semble simple, mais nécessite généralement
patience et persévérance, car les croyances sont profondément ancrées, et l’enfant
redoute de les lâcher pour partir dans l’inconnu.

A LIRE :

• Le Grand Livre de l’analyse transactionnelle


France Brécard et Laurie Hawkes, Eyrolles, 2008.
• L’Analyse transactionnelle
Christine Chevalier et Martine Walter, InterÉditions, 2008.
• Analyse transactionnelle et psychothérapie
Eric Berne, 1964, rééd. Payot, 2001

Laurie Hawkes

Psychologue clinicienne, psychothérapeute certifiée en analyse transactionnelle,


membre de l’École d’analyse transactionnelle de Paris-Île-de-France, didacticienne et
superviseuse, elle a publié Le Cours de notre vie. L’analyse transactionnelle
aujourd’hui , 2007, Desclée de Brouwer.

Une méthode très polyvalente

À l’origine de l’analyse transactionnelle (AT), il y a un homme, Eric Berne (1910-1970).


Né au Canada d’un père médecin et d’une mère écrivain, E. Berne a tôt la vocation de
soigner. Il émigre aux États-Unis, y termine ses études médicales, et devient psychiatre.
Renonçant à sa formation de psychanalyste, il préfère développer des concepts plus

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abordables et fonde le courant de l’analyse transactionnelle. E. Berne tenant


particulièrement à parler franc avec ses patients, le vocabulaire qu’il a choisi semble très
simple. En réalité, les termes recouvrent des notions assez complexes. Après sa mort
en 1970, la théorie et la méthode restent vivantes et continuent d’évoluer suivant
l’expérience de chaque praticien, formé ou non pour traiter différentes problématiques.
Ainsi, l’AT est parfois considérée comme une thérapie cognitivo-comportementale. En
fait, les thérapeutes varient dans leur pratique, selon leur propre inclination et selon
l’étape du travail. Ils peuvent ainsi insister davantage sur l’émotion, ou s’intéresser
surtout à la relation entre praticien et patient. Le travail peut prendre une dimension
psychocorporelle, focalisée sur le lien entre pensées, ressenti affectif et réactions
corporelles (surtout pour les problèmes dits « archaïques », datant des toutes premières
années de vie). Certains enfin renouent avec les origines de la méthode, leur travail se
distinguant peu d’une thérapie psychanalytique.
Laurie Hawkes

À savoir

Au départ, l’analyse transactionnelle (AT) était essentiellement une thérapie de groupe,


ce qui permet d’observer en direct la façon dont les personnes interagissent. De nos
jours, on commence en général en individuel puis, si cela semble indiqué, on passe au
groupe. La thérapie peut durer de quelques mois à plusieurs années, selon la
profondeur du travail.

On compte actuellement 140 psychothérapeutes certifiés en France, et environ 1 200 en


Europe.

Leur formation dure de cinq à dix années en moyenne, en fonction des connaissances
antérieures en psychologie. Elle est sanctionnée par un examen international
comportant un écrit (une étude de cas, des questions de théorie et un autoportrait
professionnel) et un oral devant un jury. Elle est assurée par des superviseurs agréés
par les organismes suivants (certains sont regroupés en écoles) :

• l’association française, créée en 1975, est l’Institut français d’analyse transactionnelle


(www.ifat.net) ;

• au niveau européen, la fédération s’appelle European Association for Transactional


Analysis (www.eatanews.org) ;

• pour le monde entier, l’association historique fondée par Eric Berne : International
Transactional Analysis Association (www.itaa-net.org)

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