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Quiz Molière 6 & 7 – Série 3

Les pièges de l’effet rebond


Par Gilles Babinet, Les Échos du vendredi 28 et samedi 29 octobre 2022, page 7
Visiter une maison en terre battue au Moyen-Orient permet de comprendre les trésors d’ingéniosité
que les anciens déployaient pour vivre dans un climat hostile. Notre guide observe qu’il fait près de
40°C à l’extérieur et 25°C à l’intérieur. La demeure est située sur le flanc nord d’une palmeraie, dans
le vieux village d’El-Hamra, à Oman. Elle possède un système élaboré de conduits souterrains où
circule l’air de la maison ; ses murs exposés au sud font près de 80 cm d’épaisseur.
Mais au sein de ce village comptant une centaine de maisons aux volumes respectables et aux pièces
spacieuses, seules quelques-unes sont encore occupées. Ce village tombe en ruine depuis une
quinzaine d’années, attendant un hypothétique classement de l’Unesco.
Notre guide nous montre l’autre rive de la palmeraie, enlaidie par de grandes maisons en ciment
aussi disparates les unes que les autres. Il nous explique qu’elles appartiennent aux anciens habitants
du bourg quasi abandonné où nous nous trouvons. Pourquoi sont-ils partis de l’autre côté de la
palmeraie ? Essentiellement parce que le village aux maisons resserrées, pour limiter l’exposition au
soleil, ne permet pas l’accès en voiture. Et puis parce que l’électricité est désormais tellement bon
marché que les climatiseurs compensent la mauvaise efficacité énergétique de ces maisons en
ciment.
Un rapide calcul montre que le rapport énergétique d’un habitat à l’autre induit un rapport de plus
de 100 en consommation électrique, alors même que le progrès des techniques entre les deux ères
que ces habitations caractérisent est considérable. Étant donné la nature très carbonée de
l’électricité du pays où nous nous trouvons, chaque nouvelle maison émet de l’ordre de 5 tonnes de
CO2 par an pour sa climatisation.
L’histoire nous montre que la contrainte crée l’usage, et que la disparition de cette contrainte – ce
que permet la technologie – crée de nouveaux usages. Elle nous montre aussi que sans prise en
compte des externalités (émissions de CO2, pollution …), ces nouveaux usages peuvent se révéler
dramatiques pour l’environnement. C’est le fameux effet rebond.
Cet exemple est riche d’enseignements. En premier lieu, il démontre combien faire fi des techniques
du passé est imprudent et que croire que la technologie seule va résoudre les enjeux du
réchauffement climatique est excessif. C’est par exemple la posture qu’adoptent les élus du Parti
républicain américain qui, après avoir des décennies durant nié l’existence du réchauffement
climatique, affirment aujourd’hui que les technologies vont résoudre cet enjeu et qu’il est important
de … ne rien faire. Une posture prométhéenne et même manichéenne, qui rejoint en bien des points
l’idéologie dominante de la Silicon Valley.
Cet exemple montre surtout que les usages seuls ne peuvent dicter notre choix. Pour des gains
parfois marginaux (ici accéder à son domicile directement en voiture plutôt que de la laisser sur un
parking à proximité), des systèmes ingénieux sont abandonnés, sans parler du vivre ensemble,
incomparablement moins bon dans les lotissements individuels modernes.
Penser un instant que nous allons effectuer une transition énergétique totale sans modifier en
profondeur nos usages est au mieux naïf. L’enjeu est tellement considérable qu’il en passera par une
réorganisation forte de nos sociétés humaines ...
A contrario, promouvoir l’idée que c’est la technologie qui est responsable de nos maux est
également inconséquent, tant celle-ci est porteuse de solutions et d’efficacité énergétique. Un
Londonien du milieu du XXe siècle émettait deux fois plus de CO2 qu’aujourd’hui pour un confort de
vie nettement inférieur. N’en déplaise aux Républicains américains, la solution se trouve dans une

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juste adéquation entre régulation et innovation, tout en acceptant le fait que la prise en compte des
coûts environnementaux va nécessairement faire fortement évoluer les usages.
1. Ingéniosité. Chercher l’intrus dans la liste de mots ci-dessous :
Ingénieur, génie, engin, engendrer, ingénieux, gens, gentil, générer, gens, genre
a. Génie
b. Engendrer
c. Tous les mots dérivent de la même racine indo-européenne geno-  engendrer, créer,
produire, faire naître.

2. Hypothétique. Quel adjectif parmi ceux-ci n’est pas un synonyme de hypothétique ?


conjectural, indubitable, discutable, douteux, improbable, incertain, problématique
a. Incertain
b. Conjectural
c. Indubitable

3. Quasi. Que signifie cet adverbe ?


a. Sur le point de
b. Quasiment (= presque, pas tout à fait, près de )
c. De fond en comble

4. La contrainte crée l’usage. Dans le contexte de cet éditorial, comment pouvez-vous


interpréter cet adage ?
a. En général, et dans les limites de la loi, on a le droit d’agir comme on l’entend.
b. Les façons de faire quelque chose (produire, consommer, s’alimenter, se chauffer, se
loger, etc.) sont déterminées par les limites, notamment les limites de nos
ressources.
c. La technologie peut nous libérer de toute contrainte.

5. Externalité. Les économistes définissent les externalités comme des coûts (externalités
négatives) ou des avantages ou bénéfices (externalités positives) qui se répercutent sur des
agents autres que les producteurs ou les consommateurs du bien concerné. Par exemple, les
produits contaminants déversés dans les cours d’eau par des entreprises sont des
externalités négatives : le coût de la décontamination n’est pas assuré par ces entreprises qui
la produisent, mais par la collectivité. Que serait une externalité positive (un avantage dont
jouirait un agent économique sans avoir payer pour) :
a. L’éducation publique et assurée par la collectivité (elle bénéficie aux employeurs
qui bénéficient de main-d’œuvre qualifiée sans en assumer les coûts).
b. La consommation d’alcool (elle provoque des externalités négatives, des coûts en
termes de santé publique, de transport, de justice)
c. L’écotaxe (ce n’est pas une externalité positive, mais un moyen de lutter contre les
l’externalité négative liée à la consommation de carburant en obligeant les
utilisateurs à s’acquitter d’un impôt pour pallier la production de gaz à effet de
serre).

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6. Effet rebond. C’est le sujet de cet éditorial. D’après ce texte, comment pourriez-vous définir
cette expression :
« Augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation
d’une technologie, ces limites pouvant être monétaires, temporelles, sociales,
physiques, liées à l’effort, au danger, à l’organisation… »
« hausse de la consommation de biens et de services résultant de la réduction
des contraintes pesant sur l'environnement, obtenue grâce aux progrès
technologiques » (sources : Wikipédia)
a. Aucune des deux définitions
b. Les deux définitions

7. Faire fi de. Ici, par quoi peut-on remplacer cette expression ?


a. Dédaigner, mépriser, négliger
b. Considérer, tenir compte de

8. Prométhéen. Que signifie ici cet adjectif ?


a. En relation à la mythologie grecque
b. Caractérisé par la croyance de la puissance humaine sur l’environnement

9. Manichéen. Que signifie ici cet adjectif ?


a. Qui apprécie les choses selon les principes absolus du bien et du mal, sans nuances
et sans état intermédiaire
b. Qui est adepte de la doctrine de Mani

10. Adéquation. Comment comprendre ce terme ici ?


a. Concordance
b. Discordance
c. Opposition

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