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Sous-variété

Dénition (Sous variété)


Soit V ⊂ Rn une partie non vide. On dit que V est une
sous-variété au point x ∈ V de classe C k (1 6 k 6 ∞) et de
dimension 0 6 d 6 n s'il existe un ouvert U 3 x tel que
V ∩ U = {(w , f (w )) ∈ Rn : w ∈ W ⊂ Rd }, (1)
où W est un ouvert de Rd et f : W → Rn−d est une application de
classe C k .
Si cette propriété est vraie pour tout x ∈ V alors on dit que V est
une sous-variété de classe C k de dimension d .
Exemple
Soit V un ouvert de Rn . V est une sous-variété de classe C ∞ de
dimension n. En eet pour x ∈ V , on peut choisir U = W = V et
f : W → R0 = {0} dénie par f (z) = 0 pour tout z ∈ W . f est de
classe C ∞ et V ∩ U = V = {(w , f (w )) : w ∈ W }.
Ici, on identie V × {0} à V .
Sous-variété

U ∩V
Rd

W w U x
V

f (w) Rn−d

Figure 1  V est une sous-variété en x .


Sous-variété

R
U ∩V

V
U
x

Figure 2  V n'est pas une sous-variété en x .


Sous-variété

Exemple
Soit S1 = {(x, y ) ∈ R2 : x 2 + y 2 = 1} la sphère unité dans R2 . Il
s'agit d'une sous-variété de dimension 1 et de classe C ∞ . En eet,
soit x = (x̄, ȳ ) ∈ S1 . Il est clair que x̄ et ȳ ne s'annulent pas au
même temps. Supposons que x̄ < 0, on obtient (voir gure 3)
• U = {(x, y ) ∈ R2 : x < 0} est un ouvert contenant x,
• W = {y ∈ R : y 2 < 1} =]−1, 1[ est un ouvert contenant ȳ ,
p
• f : W → R dénie par f (y ) = − 1 − y 2 est une fonction de
classe C ∞ sur W
et
S1 ∩ U = {(f (w ), w ) : w ∈ W }.
Sous-variété (Dénition)
y

W = {y : y 2 < 1}
U = {(x, y) : x < 0}

x̄ ȳ

x̄ x

f :W →R
p
y 7→ − 1 − y 2

Figure 3  Dans R2 , la sphère unité est une sous-variété de dimension 1.


Thérème d'immersion

Dénition
Soit W un ouvert de Rd et φ : W → Rn avec d 6 n une
application de classe C k . On dit que φ est une immersion (de
classe C k ) en un point w ∈ W si l'application dφw : Rd → Rn est
injective.
L'application φ est une immersion de classe C k si elle l'est en tout
point de W .
Une immersion φ de classe C k est un plongement si de plus
φ : W → φ(W ) est un homéomorphisme. c'est à dire φ : W → Rn
est injective et φ−1 : φ(W ) → W est continue.
Remarque
L'application dφw est injective si et seulement si la matrice
jacobienne Jφw est de rang maximal égal à d .
Théorème d'immersion
Soit V une sous-variété de dimension d et de classe C k . Alors pour
tout x ∈ V il existe un ouvert U contenant x , un ouvert W ⊂ Rd
et une application f : W → Rn−d de classe C k tels que
U ∩ V = {(w , f (w )) : w ∈ W }.

En dénissant φ : W → Rn par φ(w ) = (w , f (w )) on obtient


• φ : W → Rn est de classe C k ,
• φ est injective et φ−1 : φ(W ) → W est continue,
• dφw est injective pour tout w ∈ W .
Donc φ : W → Rn est un plongement et V ∩ U = φ(W ).
On vient de montrer que si V est une sous-variété de dimension d
et de classe C k alors pour tout x ∈ V il existe un ouvert U
contenant x , un ouvert W ⊂ Rd et un plongement φ : W → Rn de
classe C k tels que
V ∩ U = φ(W ).
Théorème d'immersion

Théorème (Théorème d'immersion)


Soit D0 un ouvert de Rd et φ : D0 → Rn , avec n > d , une
application de classe C k . Soit y0 un point de D0 tel que φ soit une
immersion en y0 . En posant x0 = φ(y0 ), il existe un ouvert D 3 y0
tel que
1 φ(D) une sous-variété de dimension d et de classe C k .
2 Il existe un ouvert U 3 x0 et un C k -diéomorphisme

Ψ : U → Ψ(U) ⊂ Rn

tels que
Ψ ◦ φ(y ) = (y , 0) ∈ Rd × Rn−d pour tout y ∈ D.
En particulier, la restriction de φ à D est une injection.
Preuve. Comme dφy0 est injective (le rang de la matrice jacobienne
Jφy0 est égal à d ) on peut en extraire d vecteurs lignes
linéairement indépendants. Par suite, l'application φ = (g , h) avec
g : D0 → Rd , h : D0 → Rn−d et dgy0 inversible. En appliquant le
théorème d'inversion locale à l'application g on obtient l'existence
d'un ouvert D ⊂ D0 contenant y0 tel que W = g (D) est un ouvert
de Rd et g : D → W est un C k -diéomorphisme. On a
(u, v ) ∈ φ(D) ⇐⇒ ∃y ∈ D : u = g (y ), v = h(y )
⇐⇒ ∃w ∈ W : u = w , v = f (w ),

avec w = g (y ) et f = h ◦ g −1 . Donc, il existe W un ouvert de Rd


et f : W → Rn−d une application de classe C k tels que
φ(D) = {(w , f (w )) : w ∈ W }.

Pour le deuxième point, soit Φ : D × Rn−d → W × Rn−d


l'application dénie par Φ(y , z) = φ(y ) + (0, z) = (g (y ), h(y ) + z).
L'application Φ est un C k -diéomorphisme entre les ouverts
D × Rn−d et W × Rn−d . En eet

(u, v ) = Φ(y , z) ⇐⇒ y = g −1 (u) et z = v −f (u) ⇐⇒ (y , z) = Ψ(u, v )

avec Ψ = Φ−1 . L'ensemble U = W × Rn−d est un ouvert


contenant x0 et Ψ : U → Ψ(U) est un C k -diéomorphisme
vériant pour tout y ∈ D
Ψ◦φ(y ) = Ψ(g (y ), h(y )) = (g −1 (g (y )), h(y )−h◦g −1 ◦g (y )) = (y , 0).

Remarque
Le théorème précédent ne nous dit pas que φ(D0 ) est une
sous-variété de Rn de dimension d de classe C k si l'application
φ : D0 → Rn est une immersion comme le montre l'exemple
suivant.
Théorème d'immersion : exemple
Exemple
Soit φ : R → R2 l'application dénie par
φ(t) = (t 2 − 1, t 3 − t).

Il est clair que φ est une application de classe C ∞ . C'est aussi une
immersion, en eet φ0 (t) = (2t, 3t 2 − 1) 6= (0, 0) pour tout t ∈ R.
L'application φ : R → R2 n'est pas injective car
φ(−1) = φ(1) = (0, 0). Par contre l'application φ : ]−∞, 1[→ R2
est injective. Donc, l'application φ : ]−∞, 1[→ φ(]−∞, 1[) est
bijective sans être un homéomorphisme car φ−1 n'est pas continue
en (0, 0) = φ(−1). En eet, soit tn = 1 − n1 , la suite (φ(tn ))
converge vers (0, 0) mais la suite (φ−1 [φ(tn )]) converge vers
1 6= φ−1 (0, 0).
L'application φ : ]−∞, 1[→ φ(]−∞, 1[) n'est pas un plongement.
Les ensembles φ(R) et φ(]−∞, 1[) ne sont pas des sous-variétés de
R2 (voir gure 4)
Sous-variété (Dénition)

Figure 4  Pour t = −1 il existe un ouvert D ⊂ R tel que φ(D) est


une sous-variété de dimension 1 de R2 (courbe en rouge). Pour t = 1 il
existe un ouvert D ⊂ R tel que φ(D) est une sous-variété de dimension 1
(courbe en bleu).
Théorème d'immersion

Corollaire
Soit D0 un ouvert non vide de Rd et φ : D0 → Rn un plongement
de classe C k . Alors φ(D0 ) est une sous-variété de classe C k et de
dimension d .
Preuve. Soit x ∈ φ(D0 ). Comme φ est injective, il existe un unique
y ∈ D0 tel que x = φ(y ). D'après le Théorème d'immersion il existe
un ouvert D ⊂ D0 contenant y tel que
φ(D) = {(w , f (w )) : w ∈ W } (2)
où W est un ouvert de Rd et f : W → Rn−d est une application de
classe C k .
L'application φ : D0 → φ(D0 ) est, par hypothèse, un
homéomorphisme, donc φ(D) est un ouvert dans φ(D0 ). Par suite il
existe un ouvert U de Rn tel que φ(D) = φ(D0 ) ∩ U . Le résultat
s'obtient en utilisant (2). 
Théorème de submersion
Dénition
Soit U un ouvert de Rn et f : U → Rn−d une application de classe
C k . Soit x ∈ U , on dit que f est une submersion en x si
dfx : Rn → Rn−d est surjective.
L'application f : U → Rn−d est une submersion si dfx est surjective
pour tout x ∈ U .
Remarque
L'application dfx est surjective si et seulement si le rang de la
matrice Jfx est de rang maximal égal à n − d .
Exemple
Soit f : Rn → R, pour que f soit une submersion en un point
x ∈ Rn il faut et il sut que ∇f (x) 6= 0.
L'application f (x, y , z) = x 2 + y 2 − z est une submersion en tout
point (x, y , z) ∈ R3 .
Par contre, l'application f (x, y , z) = x 2 + y 2 − z 2 n'est pas une
submersion au point (0, 0, 0).
Figure 5  La surface V = {(x, y , z) : x 2 + y 2 − z = 0}, une sous-variété
de dimension 2 et de classe C ∞ .
Figure 6  La surface V = {(x, y , z) : x 2 + y 2 − z 2 = 0}, n'est pas une
sous-variété en (0, 0, 0).
Théorème de submersion
Soit V une sous-variété de dimension d et de classe C k . Alors pour
tout x ∈ V il existe un ouvert U contenant x , un ouvert W ⊂ Rd
et une application f : W → Rn−d de classe C k tels que
U ∩ V = {(w , f (w )) : w ∈ W }.
En dénissant g : U → Rn−d par g (x) = g (w , t) = t − f (w ) on
obtient
• g : U → Rn−d est de classe C k ,
• dgu est surjective pour tout u ∈ U .
Donc g : U → Rn−d est une submersion de classe C k et
V ∩ U = {u ∈ U : g (u) = 0}.
On vient de montrer que si V est une sous-variété de dimension d
et de classe C k alors pour tout x ∈ V il existe un ouvert U
contenant x et une submersion g : U → Rn−d de classe C k tels que
V ∩ U = {u ∈ U : g (u) = 0}.
Théorème de submersion
Théorème
Soit U0 un ouvert non vide de Rn et g : U0 → Rn−d une
application de classe C k . Pour c ∈ Rn−d on note
N(c) = {x ∈ U0 : g (x) = c}.
Soit x0 ∈ U0 et c0 = g (x0 ) ∈ Rn−d tels que g soit une submersion
en x0 . Alors, il existe un ouvert U ⊂ U0 contenant x0 et un ouvert
C ⊂ Rn−d contenant c0 tels que
1 l'ensemble N(c) ∩ U est une sous-variété de dimension d et de
classe C k pour tout c ∈ C ,
2 il existe un C k -diéomorphisme Φ : U → Φ(U) tel que

Φ(N(c) ∩ U) = {(x1 , . . . , xn ) ∈ Rn : (xd+1 , . . . , xn ) = c},


pour tout c ∈ C .
3 l'application Ψ = Φ−1 vérie
g ◦ Ψ(x) = (xd+1 , . . . , xn ), pour tout x ∈ Φ(U).
Théorème de submersion

Preuve. Puisque dgx0 est surjective, on peut extraire de la matrice


jacobienne Jgx0 n − d colonnes linéairement indépendants. Donc,
tout vecteur x ∈ Rn peut s'écrire x = (y , z) ∈ Rd × Rn−d avec
x0 = (y0 , z0 ) et ∂2 gx0 : Rn−d → Rn−d inversible.
En posant F (y , z, c) = g (y , z) − c on obtient
F : Rd × Rn−d × Rn−d → Rn−d ,
F (y0 , z0 , c0 ) = 0,
∂2 F (y0 , z0 , c0 ) = ∂2 gx0 est inversible.

D'après le théorème des fonctions implicites, il existe un ouvert C


contenant c0 , un ouvert U1 contenant y0 , un ouvert U2 contenant
z0 et une application ψ : U1 × C → U2 de classe C k tels que

(y , z, c) ∈ U1 × U2 × C et F (y , z, c) = 0 ⇐⇒ z = ψ(y , c). (3)


Thèorème de submersion
Par conséquent, pour c ∈ C xé, en dénissant f : U1 → U2 par
f (y ) = ψ(y , c) et en posant U = U1 × U2 qui est un ouvert
contenant x0 on obtient
N(c) ∩ U = {(y , f (y )) : y ∈ U1 }.

On peut choisir U1 et U2 assez petit pour que g (U) ⊂ C . Soit


Φ : U → Rn l'application dénie par Φ(y , z) = (y , g (y , z)), on a

Φ(y , z) = (y , c) ⇐⇒ z = ψ(y , c).

Ainsi Φ−1 (y , c) = (y , ψ(y , c)) est de classe C k . On a de plus


(y , z) ∈ N(c) ∩ U ⇐⇒ Φ(y , z) = (y , c).

Enn, soit x = (y , c) ∈ Φ(U), il existe z ∈ U2 tel que c = g (y , z),


on a alors
g ◦ Ψ(x) = g [Ψ(y , c)] = g [y , ψ(y , c)] = g (y , z) = c.
Théorème de submersion

Remarque
On peut déduire du théorème précédent que si V est une partie non
vide de Rn dénie par
V = {x ∈ Rn : g (x) = 0}

où g : Rn → Rn−d est une immersion de classe C k en tout point


de V alors V est une sous-variété de dimension d et de classe C k .

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