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La Conformité des Entreprise d’Investissement

Le dispositif de Sécurité Financière

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018


Chapitre 1 – Know Your Customer (« KYC »)

1. Les objectifs
1.1. L’intérêt commercial
1.2. Le cadre des obligations réglementaires
1.2.1. Les Directives MIF
1.2.2. La Lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme
(« LCB/ FT »)
1.2.3. La gestion des autres risques

2. Les modalités de la connaissance client


2.1. Qui est-il nécessaire d’identifier ?
2.2. Par qui ?
2.3. Comment se définit la notion de client vs relation d’affaires ?
2.4. A quel moment est-il nécessaire d’identifier la relation d’affaires ?
2.4.1. Règle générale
2.4.2. Cas particulier et exceptions

3. Les sources d’information

4. La mise en œuvre et les difficultés rencontrées


4.1. Collecte vs Analyse
4.2. Risque de falsification
4.3. Compréhension de la documentation
4.4. Recours à la tierce introduction

5. Obligation de conservation

Chapitre 2 – Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du


terrorisme (« LCB / FT »)
1. Définitions
1.1. Le blanchiment de capitaux
1.2. Le financement du terrorisme

2. Les organismes supranationaux


2.1. Le GAFI
2.2. MONEYVAL

3. Les corps législatifs de la LCB / FT


3.1. Les dates clés fondant la LCB / FT
3.2. La gouvernance LCB / FT
3.2.1. L’Arrêté du 3 novembre 2014
3.2.2. Code monétaire et financier Art. L.561-1 et suivants

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4. Les sanctions
4.1. Les sanctions administratives
4.2. Les sanctions pénales

5. Qui sont les assujettis à la LCB / FT ?

6. Le principe clé de l’approche par les risques


6.1. La cartographie des risques au niveau de chaque état membre
6.2. L’approche par les risques au niveau de chaque assujetti

7. La classification des risques LCB / FT

8. Le dispositif d’approche par les risques


8.1. Les modalités d’entrée en relation d’affaires
8.2. La qualité d’assujetti à une législation LCB / FT
8.3. L’appréciation de la qualité de cette législation LCB / FT le cas échéant
8.4. Le type d’activité menée par la relation d’affaires
8.5. La présence de personnes politiquement exposées (« PPE »)
8.6. Le contrôle de réputation (« adverse information check »)

9. Les mesures de vigilance à mettre en œuvre sur la relation d’affaires


9.1. La vigilance standard
9.2. Focus sur le bénéficiaire effectif
9.2.1. Définition du bénéficiaire effectif
9.2.2. Obligation d’identification
9.2.3. Illustration dans une chaîne d’actionnaires avec des participations croisées
9.2.4. Dérogation à l’obligation d’identification du BE
9.3. La vigilance simplifiée
9.4. La vigilance renforcée
9.4.1. Mise en œuvre des diligences renforcées hors PPE / pays déficients
9.4.2. Mise en œuvre des diligences renforcées en présence de PPE
9.4.3. Mise en œuvre des diligences renforcées avec un pays déficient
stratégiques

10. Le cadre de l’examen renforcé

11. Obligation de vigilance constante sur la relation d’affaires


11.1. La connaissance actualisée du client
11.2. Détection des anomalies (« monitoring des transactions »)

12. Obligation de déclaration et d’information à Tracfin


12.1. Présentation de Tracfin
12.2. Désignation d’un déclarant et d’un correspondant Tracfin
12.3. Le champ de la déclaration à Tracfin - Qu’est-ce qu’un soupçon ?
12.4. Cas spécifique de déclaration systématique
12.4.1. Obligation d’information relative aux opérations financières présentant un
risque élevé
12.4.2. Déclaration relative à une opération non encore exécutée
12.5. Les modalités de la déclaration
12.6. Contenu et modalités de transmission des déclarations
12.7. Les manquements aux obligations de déclaration constatés par Tracfin

13. Obligation relative au gel des avoirs


13.1. Dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme
13.2. Dans le cadre des sanctions internationales

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13.3. Définition et scope d’application

14. Obligation de formation et d’information


14.1. Obligation de formation et d’information du personnel exposé
14.2. Les échanges d’informations intra groupe
14.3. Cadre de l’article L.561-20 du CMF
14.4. Les échanges d’information en dehors du groupe

15. Les reportings réglementaires

Chapitre 3 – Sanctions internationales et Embargos


1. Définition et cadre légal

2. Qui doit appliquer les sanctions internationales ?

3. Sanctions en cas de non-respect des sanctions internationales

4. Panorama des sanctions au 01/05/2018

Chapitre 4 – Lutte contre la corruption


1. Définition et cadre légal

2. Sanctions

ANNEXES

ANNEXE 1 - ARTICLE D.561-32-1

ANNEXE 2 - QLB

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Liste des acronymes et définitions

BE – Bénéficiaire Effectif
CDD – Customer Due Diligence
CGI – Code Général des Impôts
CMF– Code Monétaire et Financier
CRM – Customer Relationship Management
KYC – Know Your Customer
LCB / FT : Lutte Contre le Blanchiment d’argent et Financement de Terrorisme
MIFID – Directive concernant les Marchés des Instruments Financiers
PPE – Personne Politiquement Exposée
PSI – Prestataire de Service d’Investissement
SI – Service d’Investissement

Liste des références réglementaires


ème
Directive UE 2015 /849 du 20 mai 2015 (« 4 Directive ») relative à la prévention de l’utilisation
du système financier aux fins de blanchiment d’argent et du financement du terrorisme

er
Ordonnance n°2016-1635 du 1 décembre 2016
▪ Décret n°2018-284 du 18 avril 2018
▪ Orientations ESAs sur les facteurs de risque
▪ Code monétaire et financier Articles L. 561-1 et suivants, R.561-1 et suivants
▪ Arrêté du 3 novembre 2014 relatif au contrôle interne des entreprises du secteur de la banque,
des services de paiement et des services d’investissement soumis au contrôle de l’Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution
▪ Lignes directrices conjointes ACPR et Tracfin sur les obligations de déclaration et d’information à
Tracfin
▪ Lignes Directrices de l’ACP
- relatives à la relation d’affaires et au client occasionnel
- sur les bénéficiaires effectifs
- relatives à la tierce introduction
- relatives aux échanges d’information au sein d’un groupe et hors groupe
- relatives à la notion de pays tiers équivalents
- relatives aux personnes politiquement exposées (PPE)

Autres références

▪ JMLSG - Guidelines Joint Money Laundering Steering Group


▪ GAFI / FATF (www.fatf-gafi.org)
o Les rapports d’évaluation du GAFI
o Les recommandations du GAFI
o Les publications régulières sur les méthodes et analyses
▪ TRACFIN (http://www.economie.gouv.fr/tracfin/accueil-tracfin)
o Rapport annuel de Tracfin
o Les lettres d’information de Tracfin

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Chapitre 1

Know Your Customer (« KYC »)

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES DU CHAPITRE

Comprendre le principe du Know Your Customer : Qui ? Quand ? Comment ?

Prendre conscience des difficultés de mise en oeuvre

SOURCES – REFERENCES CLES

Arrêté du 3 novembre 2014

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1. LES OBJECTIFS

1.1. DANS UN INTERET COMMERCIAL

La connaissance du client est clé dans l'action commerciale quel que soit l'activité menée, que celle-
ci soit ou non règlementée. Elle participe à l’efficacité de l’action de vente : présentation de produits
adéquats au profil du client, ciblage des mailings, pertinence de l’information à lui fournir etc….

Connaitre son client, identifier ses besoins permet de savoir quoi lui proposer en matière de produits
et de service, quand et comment le solliciter.

Connaitre son client, ce n'est pas seulement savoir comment il s'appelle, la date de son
anniversaire, le nom de ses enfants...... même si cela y participe en terme surtout de relation
humaine, et ce dans la limite de ce qui est autorisé par la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 sur les
informations à caractère personnel (Loi CNIL).

S’agissant d’une personne physique, c’est :

connaitre son nom, prénom


connaître sa date et lieu de naissance (risque d’homonymie)
son activité, ses ressources & revenus
connaître le service ou les produits qu’il vient acheter

S’agissant d’une personne morale, c’est :


connaître sa dénomination sociale exacte,
connaitre le lieu d'enregistrement de la société (pays, ville)
connaitre son activité (gestion de portefeuille, assurance, industrie, jeux…....)
connaitre ses interlocuteurs, leurs rôles & responsabilités respectifs (gérants, DAF....)
connaitre le service ou les produits qu'il vient chercher

1.2. DANS LE CADRE DES OBLIGATIONS REGLEMENTAIRES

Le processus d’entrée en relation avec un client doit viser réglementairement à collecter des
informations pertinentes visant à répondre aux obligations réglementaires.

1.2.1. LES DIRECTIVES MIF

La Directive concernant les Marchés d’Instruments Financiers de 2003 (« MIF 1 »), puis celle de
2015 (MIF 2) a visé à renforcer la protection des investisseurs et des clients. Pour ce faire, la
connaissance du client est au cœur du dispositif : identification et vérification d’identité,
connaissance de la situation économique et financière du client, ses besoins et ses objectifs et ce
afin d’agir au mieux des intérêts des clients.
En tout premier lieu, elle s’est traduite en particulier sur le plan de la connaissance client par une
obligation de classification et d’information des clients.

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LES CONTREPARTIES ELIGIBLES

Par nature, la contrepartie éligible dispose de l’expertise nécessaire en matière de décision


d’investissement, au même niveau que celui du PSI qui le classifie. C’est en quelque sorte « un pair
».
Sont visées les entités régulées au titre des services qu’elles offrent : les banques, les PSI, les
compagnies d’assurance, les sociétés de gestion, les négociants pour compte propre en
marchandises ou instruments financiers à terme sur marchandises.
Ce sont les entités avec lesquelles des transactions peuvent être conclues sans avoir à respecter
les règles de bonne conduite applicables aux clients professionnels et non professionnels. Ce sont
les clients professionnels par nature.
Elles disposent, par conséquent, du niveau de protection le plus bas.

LES PROFESSIONNELS

Un client professionnel est un client qui est « présumé posséder l’expérience, les connaissances et
les compétences nécessaires pour prendre ses propres décisions d’investissement en évaluant les
risques encourus ».
Il bénéficie d’un niveau de protection inférieur à celui des clients Non Professionnels.

LES NON PROFESSIONNELS

Les non professionnels regroupent toutes les autres types de clients : particuliers, associations,
entreprises ne répondant aux critères définis au D.533-11 2, les collectivités territoriales locales, les
établissements publics de santé, les associations Loi 1901, etc.
Cette catégorie de clients bénéficie du niveau de protection le plus élevé.

1.2.2. LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT D'ARGENT ET FINANCEMENT DU TERRORISME ("LCB/FT")

La réglementation a placé la connaissance client comme le dispositif clé de la lutte contre le


blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En identifiant le client, ses bénéficiaires
effectifs le cas échéant, la nature et les raisons de la relation d’affaires, la source et la destination
des fonds, les assujettis doivent s‘assurer que leurs clients, et le cas échéant les bénéficiaires
effectifs, ne figurent pas sur les listes officielles de lutte contre le financement du terrorisme et que
la source et la destination des fonds sont légitimes.

1.3. GESTION DES AUTRES RISQUES

D’une façon générale, la connaissance du client participe également à tout le dispositif de gestion
des risques, notamment :
- le risque de crédit : la connaissance du client doit permettre de déterminer sa surface
financière, afin de gérer le risque de crédit inhérent à la relation d’affaires
- le risque de contentieux
- le risque de réputation : le client a-t-il déjà fait l’objet de sanctions ou de condamnation ?

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2. LES MODALITES DE LA CONNAISSANCE CLIENT

2.1. QUI EST-IL NECESSAIRE D’IDENTIFIER ?

La réglementation ne nécessite pas de mettre en œuvre les mêmes modalités d’identification et


d’information selon que l’on se place dans le cadre de la MIF ou le cadre de la LCB / FT.

- Dans le cadre de la MIF, le client à classifier, auquel il faut fournir une information exacte,
claire et non trompeuse, c’est le client de l’entité assujetti; c’est-à-dire : le client contractuel
(convention de service), le client qui interagit directement avec le PSI (passage d’ordre,
exécution pour compte de tiers)…C’est ce client qui va être catégorisé, lui qui va répondre
aux points de consentement requis par l’AMF (exécution en dehors d’un marché
réglementé….).

- Dans le cadre de la LCB / FT, il est nécessaire d’identifier d’une part le client (le même que
celui de la MIF), et « le bénéficiaire effectif de la relation d’affaires, le cas échéant ».

2.2. PAR QUI?

C’est la personne assujettie à la réglementation qui est responsable de mettre en œuvre la


réglementation applicable.

Dans la LCB / FT, on parle des « personnes mentionnées à l’article L. 562-1 » du Code monétaire et
financier (« CMF ») (cf. LCB / FT 5. Qui sont les Assujettis à la LCB / FT ?)

Il y a deux aspects dans la connaissance du client :


un aspect qualitatif : ce que je sais de lui
un aspect documentaire : ce que la documentation dit de lui (« piste d’audit »)

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Par conséquent, les personnes impliquées dans la connaissance du client sont, bien sûr, en premier
lieu celles en contact direct avec le client, ou ses représentants le cas échéant (s'agissant de
personnes morales), c’est à dire les charges de compte, commerciaux ou vendeurs, mais également
les personnes parties prenantes à la supervision de la relation client :
- Les équipes gérant les entrées en relation d’affaires (phase dite d’« onboarding »)
- Les équipes de supervision des relations clientèle (customer relationship management -
« CRM »)
- Les équipes en charge de la surveillance des activités (phase dite de « monitoring »)

2.3. COMMENT SE DEFINIT LA NOTION DE CLIENT ?

Le Code monétaire et financier (« CMF ») définit qu’il est nécessaire d’identifier lorsqu’est établi
« une relation professionnelle ou commerciale qui est censée, au moment où le contact est établi,
s’inscrire dans une certaine durée » (CMF L. 561-2-1),
- avec ou sans contrat
- pour la réalisation d’un ou plusieurs opérations présentant un caractère continu

CMF Art. L.561-2-1 - Pour l’application du présent chapitre, la notion de relation d’affaires
s’entend de la relation professionnelle ou commerciale avec le client, et inclut le cas échéant le
bénéficiaire effectif. Dans les contrats d’assurance-vie ou de capitalisation, la relation d’affaires
inclut le bénéficiaire du contrat, et, le cas échéant, le bénéficiaire effectif du bénéficiaire du
contrat mentionné au III de l’art. L.561-5.

Une relation d’affaires est nouée lorsqu’une personne mentionnée à l’article L.561-2 engage une
relation professionnelle ou commerciale qui est censée, au moment où le contact est établi,
s’inscrire dans une certaine durée. La relation d’affaires peut être prévue par un contrat selon
lequel plusieurs opérations successives seront réalisées entre les cocontractants ou qui crée à
ceux-ci des obligations continues. Une relation d’affaires est également nouée lorsqu’en
l’absence d’un tel contrat un client bénéficie de manière régulière de l’intervention d’une
personne susmentionnée pour la réalisation de plusieurs opérations ou d’une opération
présentant un caractère continu ou, s’agissant des personnes mentionnées au 12° et au 12 bis
de l’article L.561-2, pour l’exécution d’une mission légale.

2.4. A QUEL MOMENT EST-IL NECESSAIRE D’IDENTIFIER LA RELATION D’AFFAIRES?

2.4.1. REGLE GENERALE

L’article L.561-5 du CMF précise que le client doit être identifié AVANT de rentrer en relation
d’affaires.

CMF Art. L.561-5 – Avant d’entrer en relation d’affaires, les personnes mentionnées à l’art.
L.561-2 recueillent les informations relatives à l’objet et à la nature de cette relation et tout autre
élément d’information pertinent. Elles actualisent ces informations pendant toute la durée de la
relation d’affaires.

Les modalités d’application de cet article sont précisées par décret en Conseil d’Etat.

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La difficulté réside dans la détection de ce moment « avant d’entrer en relation d’affaires (…) ou de
l’assister dans la préparation ou la réalisation d’une transaction ». Il est courant que les
commerciaux rencontrent de nombreux prospects sans que pour autant ces derniers deviennent
finalement des clients…devant être identifiés à ce titre.

2.4.2. CAS PARTICULIER OU EXCEPTIONS

CAS PARTICULIER DU RISQUE FAIBLE

CMF Art. L.561-5-1 IV – Par dérogation au I., lorsque le risque de blanchiment ou de


financement du terrorisme paraît faible et que c’est nécessaire pour ne pas interrompre
l’exercice normal de l’activité, les obligations mentionnées au 2° dudit I peuvent être satisfaites
durant l’établissement de la relation d’affaires

CAS PARTICULIER DES CLIENTS OCCASIONNELS


1
Les lignes directrices relatives à la relation d’affaires et au client occasionnel précise qu’il s ‘agit
d’un client « de passage ».

L’identification du client occasionnel est requise lorsque ce dernier

- réalise des opérations supérieures aux seuils fixés au II de l’art. R.561-10 du CMF,

- bénéficie « de manière régulière de l’intervention d’une personne susmentionnée


pour la réalisation de plusieurs opérations ou d’une opération présentant un
caractère continu » (L.561-2-1).

CMF Art. L.561-5-1 II – Elles identifient et vérifient dans les mêmes conditions que celles
prévues au I. l’identité de leurs clients occasionnels et, le cas échéant, de leurs bénéficiaires
effectifs, lorsqu’elles soupçonnent qu’une opération pourrait participer au blanchiment de
capitaux ou au financement du terrorisme ou lorsque les opérations sont d’une certaine nature
ou dépassent un certain montant.

3. LA MISE EN ŒUVRE ET LES DIFFICULTES RENCONTREES

3.1. COLLECTE VS ANALYSE

Il ne s’agit pas de simplement collecter de la documentation afférente au client et à la relation


d’affaires et de la classer dans un dossier (électronique ou papier) au nom du client. La phase
d’analyse est réellement la phase de vérification, telle que définie par la réglementation, qui va
permettre de s’assurer que l’identité du client (dénomination sociale, adresse et activité) est

1
Lignes directrices ACPR relatives à la relation d’affaires et au client occasionnel (nov .2013)

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2
cohérente avec les éléments portés au dossier. Il est important de vérifier la cohérence entre
identification / documentation / produit ou service visé par la relation d’affaires.

3.2. RISQUE DE FALSIFICATION

L’analyse de la documentation doit également viser à s’assurer que la documentation n’est pas
falsifiée (carte d’identité, faux registre de commerce…).

3.3. COMPREHENSION DE LA DOCUMENTATION

La documentation doit être compréhensible à tout moment. Les procédures d’analyse


« Onboarding » doivent prévoir que la documentation soit rédigée ou mise à disposition dans une
langue compréhensible.

3.4. LE RECOURS A LA TIERCE INTRODUCTION

Les obligations d’identification et de vérification peuvent être mises en œuvre par un tiers (« Tierce
introduction ») dans les conditions fixées à l’article L.561-7 du CMF.

CMF Art. L.561-7 – Pour les personnes mentionnées aux 1° à 6° de l’article L.561-2, les
obligations prévues aux I et III de l’article L.561-5 et à l’article L.561-5-1 peuvent être mises en
œuvre par un tiers dans l’un ou l’autre des deux cas suivants :

1° Le tiers est une personne mentionnée aux 1° à 2ter ou aux 3bis, 5°, 6°, 12°, 12°bis ou 13° de
l’article L.561-2, exerçant sa profession ou son activité ou ayant son siège social en France, ou
une personne appartenant à une catégorie équivalente sur le fondement d’un droit étranger et
située dans un autre Etat membre de l’Union européenne, dans un Etat partie à l’espace
économique européen ou dans un pays tiers imposant des obligations équivalentes en matière
de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme figurant sur une liste déterminée
par arrêté du ministre chargé de l’économie ;

2° Le tiers est une personne mentionnée aux 1° à 2ter ou aux 3bis, 5°, 6°, 12°, 12°bis ou 13° de
l’article L.561-2, ou une personne appartenant à une catégorie équivalente sur le fondement d’un
droit étranger, qui appartient au même groupe au sens de l’art. L.517-3 ou un groupe au sens
des articles L.322-1-2, L.322-1-3 et L.356-2 du code des assurances ou au sens de l’article
L.111-4-2 du code de la mutualité ou au sens de l’article L.931-2-2 du code de la sécurité sociale.
Le groupe applique les mesures prévues au présent chapitre conformément à l’art. L.561-33
lorsque l’entreprise mère a son siège social en France ou des mesures équivalentes lorsque ce
n’est pas le cas. En outre, lorsque le tiers se situe dans un autre pays tiers qui figure sur la liste
publiée par la Commission européenne en application de l’art. 9 de la directive (UE) 2015/849 du
20 mai 2015 relative à a la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du
blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme, le groupe notifie à l’Autorité de
contrôle prudentiel et de résolution le recours à ce tiers ainsi que les documents justifiant que le
groupe s’assure bien de la mise en œuvre par ce tiers des procédures groupes mentionnées à
l’art. 561-33.

2
Extrait des Lignes directrices « déclaration de soupçon » « l »ACPR et Tracfin appellent ‘attention des
organismes financiers sur la recrudescence de la fraude documentaire ces dernières années. La nature illicite
d’une opération peut ainsi naître du caractère frauduleurx ou falsifié des documents à l’origine de sa réalisation »

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 12


La personne assujettie a accès aux informations recueillies par ce tiers dans les conditions
prévues par un décret en Conseil d’Etat.

La personne assujettie qui se repose sur les diligences effectuées par un tiers demeure
responsable du respect de ses obligations.

Tierce Introduction : elle n’est possible que sous certaines conditions :


1° uniquement entre certains types d’assujettis
2° il est nécessaire d’accéder aux éléments d’identification à tout moment
3° la personne qui recourt à un tiers reste responsable de ces obligations réglementaires
4° elle doit être encadrée contractuellement (art. R561-13)

CMF Art. R.561-13 – Le tiers mentionné à l’art.R.561-7 transmet, à première demande, aux
personnes mentionnées aux 1° à 6° de l’art. L.561-2 les informations et la copie des documents
recueillis dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de vigilance prévues aux I et III de l’art.
L.561-5 et l’art. L.561-5-1.

Les modalités de transmission des informations et documents mentionnés ci-dessus ainsi que les
modalités de contrôle des mesures de vigilance mises en œuvre par le tiers en application de
l’art. L.561-7 sont précisées dans un contrat conclu par écrit entre le tiers et les personnes
mentionnées aux 1° à 6° de l’art. L.561-2

3
Les Lignes directrices relatives à la tierce introduction , établies par l’ACP-R, viennent préciser les
modalités de mise en œuvre.

4. LES SOURCES D’INFORMATION

Le choix des sources d’information est crucial pour la bonne application du KYC, et dans une
optique de dispositif adéquat LCB / FT, comme le rappelle les Orientations des ESAs publiées en
avril 2018.

3
Lignes directrices relatives à la tierce introduction, mise à jour le 12/11/2013

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Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 14
5. OBLIGATION DE CONSERVATION

Le CMF définit cette obligation de conservation a minima. Si des réglementations locales requièrent
des obligations de conservations plus longues, alors l’entité assujettie est tenue localement de se
conformer à ces règles (Ex. Suisse, Espagne, Singapour – 10 ans).

CMF Art. L.561-12 – Sous réserve de dispositions plus contraignantes, les personnes
mentionnées à l’article L.561-2 conservent pendant cinq ans à compter de la clôture de leurs
comptes ou de la cessation de leurs relations avec eux les documents relatifs à l’identité des
clients habituels ou occasionnels. Elles conservent également, dans la limite de leurs
attributions, pendant cinq ans à compter de leur exécution, les documents relatifs aux opérations
faites par ceux-ci, ainsi que les documents consignant les caractéristiques des opérations
mentionnées à l’article L.561-10-2 (…)

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Chapitre 2

Lutte contre le blanchiment de capitaux et le


financement du terrorisme (« LCB / FT »)

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES DU CHAPITRE

Identifier un délit de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, en


OBJECTIFS
particulier DU CHAPITRE
dans l’environnement des services d’investissement

Comprendre le principe d’approche par les risques et établir un dispositif approprié de


lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
Comprendre les notions et principes fondamentaux sous-jacents aux
obligations professionnelles
SOURCES – REFERENCES CLES

Directive UE 2015en/849
Savoir mettre du 20
place unmai 4ème Directive
2015 («adéquat
dispositif ») relative à la prévention de
et proportionné
l’utilisation du système financier aux fins de blanchiment d’argent et du financement du
terrorisme
Ordonnance
Comprendre n°2016-1635 du 1er décembre
les exigences 2016
qui s’appliquent aux collaborateurs
Décret n°2018-284 du 18 avril 2018
Orientations ESAs sur les facteurs de risque
CMF Articles L. 561-1 et suivants, R.561-1 et suivants

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 16


Pour empêcher l’injection, et donc le recyclage, de l’argent provenant d’activités illicites (drogues,
trafic d’armes, crimes et délits…) dans les marchés financiers, les autorités ont mis en place une
législation spécifique visant à de identifier la source des fonds circulant sur les marchés. C’est la
prévention du blanchiment d’argent.

A l’autre bout de la chaîne, aux fins de prévenir l’utilisation illégale ou illicite de ces fonds
(financement du terrorisme, contournement des embargos et sanctions internationales, la lutte
contre la corruption) le régulateur a défini une obligation d’identification de la « destination » de ces
mêmes fonds (on parle alors de « noircissement »).

Au cœur des marchés financiers, les institutions financières ont été les premiers assujettis à la lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Depuis le début des années
1990, elles sont tenues de vérifier la source et la destination des fonds qui transitent par leurs
services. Le niveau des obligations de « diligence » qu’elles opèrent sur ces fonds s’est
considérablement renforcé après les attentats de septembre 2001, avec l’entrée en vigueur de la
ème
3 Directive AML de 2005, puis la lutte contre la fraude fiscale et la délinquance financière fin
2013.

1. DEFINITIONS

1.1. LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX (« LCB »)

Le blanchiment de capitaux est le plus souvent associé dans l’inconscient collectif au trafic de
drogue ou au crime organisé. Pour autant, il existe de nombreux délits ou crimes qui constituent des
infractions sous-jacentes au délit de blanchiment d’argent, notamment le détournement de fonds, la
corruption, la fraude fiscale, l’abus de bien social….
4
C’est le second risque pénal auquel un PSI ou ses préposés sont exposés dans l’exercice de leurs
fonctions.
Les délits de blanchiment « simple » et de blanchiment « aggravé » sont respectivement définis aux
art. 324-1 et 324-2 du Code pénal.

Code pénal - Art 324-1 - Le blanchiment est le fait de faciliter, par tout moyen, la justification
mensongère de l’origine des biens ou de revenus de l’auteur d’un crime ou d’un délit ayant
procuré à celui-ci un profit direct ou indirect. Constitue également un blanchiment le fait
d’apporter un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du
produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit. Le blanchiment est puni de cinq ans
d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende.

Code pénal - Art 324-2 - Le blanchiment est puni de dix d’emprisonnement et de 750 000 euros
d’amende :
1° Lorsqu’il est commis de façon habituelle ou en utilisant les facilités que procure l’exercice
d’une activité professionnelle ;
2° Lorsqu’il est commis en bande organisée.

4
Le premier risque pénal concerne la législation Abus de marché

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 17


La question clé dans la lutte contre le blanchiment d’argent est la source des
fonds : d’où vient l’argent ?
Une personne qui sait, soupçonne ou a de bonnes raisons de soupçonner une source illicite de
fonds et utilise, facilite ou assiste à l’utilisation de ces fonds entre dans le champ constitutif du
blanchiment d’argent.
Il est d’usage de distinguer 3 étapes dans le blanchiment, chacune de ces phases étant constitutive
du délit de blanchiment.
- Le placement qui consiste à faire entrer pour la première fois les fonds dans le
système financier, a pour but de délivrer le détenteur d'espèces volumineuses et de
préparer la prochaine étape. Le placement est l'étape la plus vulnérable du processus,
car il y a au début un plus grand risque que l'origine illicite de l'argent soit découverte.
- L’empilage ou dissimulation comprend une série de transactions destinée à
dissimuler l'origine des fonds. A ce stade, l'argent est souvent envoyé d'un pays à
l'autre, puis partagé entre divers investissements, qui sont fréquemment déplacés
pour éviter les détections. C’est à cette étape que les PSI sont le plus facilement
impliqués.
- Lors de la conversion ou intégration, les fonds sont pleinement assimilés dans le
circuit économique, où ils peuvent être utilisés à n'importe quelle fin.

Code pénal - Art 324-1-1 - Pour l’application de l’article 324-1, les biens ou les revenus sont
présumés être le produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit dès lors que les conditions
matérielles, juridiques ou financières de l’opération de placement, de dissimulation ou de
conversion ne peuvent avoir d’autre justification que de dissimuler l’origine ou le bénéficiaire
effectif de ces biens ou revenus.

Principe : présomption de source illicite

Afin de renforcer les obligations pesant sur les institutions financières de s’assurer de la licité
des fonds, la Loi du 6 décembre 2013 relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande
délinquance économique et financière est venue renforcer l’obligation de diligence qui pèse
sur ces derniers en introduisant l’article 324-1-1 : les fonds sont ainsi « présumés » de source
illicite, c’est à l’établissement assujetti de faire la preuve de leur origine licite.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 18


1.2. LE FINANCEMENT DU TERRORISME (« FT »)

A l’inverse du blanchiment d’argent, la question clé est de s’assurer de la destination de l’argent et


donc des fins auxquels il va être utilisé ou mis à disposition, et ce indépendamment de la source des
fonds (cf. blanchiment d’argent) : A quoi va servir les fonds ?

Code pénal - Art 425-1 - constitue également un acte de terrorisme le fait de financer une
entreprise terroriste en fournissant, en réunissant ou en gérant des fonds, des valeurs ou des
biens quelconques ou en donnant des conseils à cette fin, dans l’intention de voir ces fonds,
valeurs ou biens utilisés ou en sachant qu’ils sont destinés à être utilisés, en tout ou partie, en
vue de commettre l’un quelconque des actes de terrorisme prévus au présent chapitre,
indépendamment de la survenance d’un tel acte.

Le financement du terrorisme est constitué même si l’acte de terrorisme n’est


pas réalisé in fine. L’intention de financer ou d’aider à financer un tel acte est pénalement
répréhensible.

2. LES ORGANISMES SUPRANATIONAUX

2.1. LE GAFI

Le Groupe d’action financière (« GAFI ») est un organisme intergouvernemental créé en 1989 par
les ministres de ses Etats membres.
Les objectifs du GAFI sont l’élaboration des normes et la promotion de l’efficace application de
mesures législatives, réglementaires et opérationnelles en matière de lutte contre le blanchiment de
capitaux, le financement du terrorisme et les autres menaces liées pour l’intégrité du système
financier internationale.
Le GAFI a élaboré une série de recommandations reconnues comme étant la norme internationale
en matière LCB/FT et surveille les progrès réalisés par ses membres dans leur mise en œuvre.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 19


5
Le GAFI publie régulièrement des listes permettant d’identifier les pays ou juridictions présentant un
risque spécifique en matière de législation de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement
du terrorisme :

« Public Statement » : pays qui ont des déficiences stratégiques et qui ne coopèrent pas avec le
GAFI ou font des progrès insuffisants (Déclaration publique)
Au 23/02/2018 : Iran, République Démocratique de Corée
« Under on going review » : pays engagés dans un plan d’action avec le GAFI pour combler les
lacunes de leur dispositif (Améliorer la conformité aux normes de lutte contre le blanchiment de
capitaux et contre le financement du terrorisme dans le monde : un processus permanent) :
Au 23/02/2018 : Ethipie, Iraq, Serbie, Sri Lanka, Syrie, Trinidad &Tobago, Tunisie, Vanuat, Yemen
Liste blanche : pays membres du GAFI

6
2.2. MONEYVAL

Au sein de l’Union Européenne, MONEYVAL a pour objectif d’assurer que les Etats membres ont
mis en place un système efficace pour contrer le blanchiment et le financement du terrorisme et
qu'ils respectent les normes internationales pertinentes dans ce domaine
Ses missions principales :
o d’élaborer une documentation appropriée, y compris des questionnaires
d’autoévaluation et d’évaluation mutuelle;
o d’évaluer et d’adopter des rapports sur :
(a) les résultats obtenus par les États membres du Conseil de l’Europe non-membres du GAFI
s’agissant du respect des normes internationales pertinentes en matière de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme;

(b) les résultats des États désireux d’adhérer au Conseil de l’Europe qui ne sont pas membres du
GAFI (sous réserve de certaines conditions) et les résultats d’Israël;

5
Pour en savoir plus : http://www.fatf-gafi.org/fr/
6
Pour en savoir plus : http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/moneyval/default_fr.asp

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 20


o le cas échéant, de formuler des recommandations aux pays soumis à évaluation,
pour aider ces derniers à accroître l’efficacité de leurs dispositifs de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et pour renforcer la
coopération internationale.

3. LE CORPS LEGISLATIF DE LA LCB / FT EN FRANCE

3.1. DATES CLES FONDANT LA LCB / FT

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 21


3.2. LA GOUVERNANCE LCB / FT

L’Arrêté du 3 novembre 2014,


R E L AT I F AU CONTROLE I N TE R N E DES E NT R E P RI SE S DU SE C T E UR DE LA BA N Q U E , D ES
S E R VI CE S D E P A I E M E N T E T DE S S E RV I CE S D ’ I N V ES T I SS E M E N T S O U M I S E S A U CO N T RO L E DE
L ’A U TO R I T E D E C O N T RO L E P RU D E NT I EL ET DE R E S O L U TI O N

Le Chapitre III de l’Arrêté du 3 novembre 2014 définit les obligations faites aux assujettis en matière
d’organisation, de procédures, de contrôles et de moyens à mettre en œuvre afin de se conformer à
la réglementation LCB/FT.

Art 43 -I. Les entreprises assujetties se dotent d’une organisation, d’une classification des
risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme, de procédures internes et
d’un système de contrôle de ce dispositif.

Code monétaire et financier Art. L.561-32 et suivants


Les articles L.561-32 à L.561-35 et R.561-38 précisent les éléments du dispositif en termes de
procédure et contrôle interne à mettre en place :
- La désignation d’un membre de la direction responsable du dispositif LCB/FT
- L’élaboration (et la mise à jour régulière) de la classification des risques
- Le dispositif de vigilance à mettre en place sur la clientèle
- Le contrôle du dispositif

CMF R.561-38 - I. – Pour l'application de l'article L. 561-32, les personnes mentionnées aux 1°
à 7° de l'article L. 561-2, à l'exception de celles sur lesquelles l'Autorité des marchés financiers
exerce un pouvoir de contrôle et de sanction en vertu du 2° du I de l'article L. 561-36 :

1° Désignent un membre de la direction comme responsable de la mise en œuvre du dispositif


prévu à l'article L. 561-32 ;

2° Elaborent une classification des risques de blanchiment des capitaux et de financement du


terrorisme présentés par leurs activités, selon le degré d'exposition à ces risques apprécié en
fonction notamment de la nature des produits ou des services offerts, des conditions des
transactions proposées, des canaux de distribution utilisés ainsi que des caractéristiques des
clients ;

3° Déterminent, si besoin est, un profil de la relation d'affaires avec le client, permettant de


détecter des anomalies dans cette relation, au regard des risques de blanchiment de capitaux
ou de financement du terrorisme ;

4° Définissent les procédures à appliquer pour le contrôle des risques, la mise en œuvre des
mesures de vigilance relatives à la clientèle, la conservation des pièces, la détection des
transactions inhabituelles ou suspectes et le respect de l'obligation de déclaration au service
TRACFIN ;

5° Mettent en œuvre des procédures de contrôle, périodique et permanent, des risques de


blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ;

6° Prennent en compte, dans le recrutement de leur personnel, selon le niveau des


responsabilités exercées, les risques au regard de la lutte contre le blanchiment de capitaux et
le financement du terrorisme.

Un arrêté du ministre chargé de l'économie précise les modalités de mise en œuvre de ces
procédures et de ces mesures de contrôle interne.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 22


4. LES SANCTIONS

7
Elles sont deux types : les sanctions administratives opposables aux personnes assujetties tels que
définies au Livre V, Titre VI du Code monétaire et financier et les sanctions pénales opposables à
toute personne, en application du Code Pénal.

4.1. LES SANCTIONS ADMINISTRATIVES

Elles sont décidées et infligées par la Commission des sanctions de l’Autorité de Contrôle Prudentiel
et de Résolution (« ACP-R ») :

▪ Avertissement
▪ Blâme
▪ Interdiction d’effectuer certaines opérations pour une durée maximale de 10 ans
▪ Suspension temporaire d’un ou plusieurs dirigeants pour une durée maximale de 10 ans
▪ Démission d’office d’un ou plusieurs dirigeants
▪ Retrait partiel d’agrément
▪ Retrait total d’agrément ou radiation de la liste des personnes agréées

Les décisions de la Commission des sanctions sont rendues publiques (publication sur Internet).
Mais, la Commission peut prévoir que cela se fasse de façon « anonyme » en cas de risque de
perturbation grave des marchés financier ou de préjudice disproportionné pour les parties en cause.

4.2. LES SANCTIONS PENALES

Elles relèvent de l'application du Code pénal.

7
Cf. 4. Qui sont les assujettis à la LCB/FT ?

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 23


5. QUI SONT LES ASSUJETTIS A LA LCB / FT ?

Au fil des réglementations, le champ des assujettis à la LCB-FT s’est considérablement élargi (CMF.
L.561-2).
A ce jour, toutes les institutions financières sont concernées ainsi que les professions périphériques
comme les notaires, les avocats, les experts comptables, les conseillers en investissement mais
également les casinos, les opérateurs de jeux ou de paris, les marchands de biens, les agents
sportifs :
- Banques et établissements de crédit
- Compagnies d’assurances et intermédiaires d’assurance
- Etablissements de paiement
- Etablissements de monnaie électronique
- Mutuelles et institutions de prévoyance
- Intermédiaires en opération de banque et en services de paiement, les intermédiaires en
financement participatif
- Entreprises d’investissement, conseiller en investissements financiers, sociétés de gestion
de portefeuille
- Banque de France et Institut d’émission
- Changeurs manuels
- Toute personne qui, à titre de profession habituelle, soit se porte elle-même contrepartie,
soit agit en tant qu’intermédiaire, en vue de l’acquisition ou de la vente de tout instrument
contenant sous forme numérique des unités de valeurs non monétaires pouvant être
conservées ou être transférées dans le but d’acquérir un bien ou un service, mais ne
présentant pas de créance sur l’émetteur
- Agents immobiliers
- Les opérateurs de jeux, paris casinos, cercles et sociétés de jeux (Pari Mutuel Urbain,
Française des Jeux) et operateurs de jeux en ligne
- Experts comptables et commissaires aux comptes
- Notaires, huissiers de justice, avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, avocats,
administrateurs et mandataires judiciaires, commissaires-priseurs judiciaires
- Operateurs de ventes volontaires de meubles aux enchères publiques
- Marchands (opérant en espèces ou au moyen de monnaies électronique) de pierres
précieuses, de matériaux précieux, bijoux, objets d’ameublement et de décoration
d’intérieur, produits cosmétiques, produits textiles, maroquinerie, produits gastronomiques,
horlogerie, arts de la table
- Les opérateurs de vente volontaires de meubles aux enchères publiques
- Sociétés de domiciliation
- Agents sportifs
- Les personnes autorisées au titre du I de l'article L. 621-18-5. [Gestion et mise aux
enchères des quotas d’émission de gaz à effet de serre].

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 24


Exclusion du « monde non financier »

Le monde des « non financier » (les industries, les services non financiers, …) ne sont pas
encore tous « assujettis », de même que les « commodity trader ».
Cette dichotomie entre « entités assujetties » et « entités non assujetties » est clé dans la
mise en oeuvre de l’évaluation par les risques.

6. LE PRINCIPE CLE DE L’APPROCHE PAR LES RISQUES

8 ème
En Janvier 2009, la France transpose la Directive 2005/60/CE (« 3 Directive LCB/FT »), qui a
pour caractéristique d’introduire une approche par les risques dans l’appréciation du risque LCB/FT.
Il s’agit de mettre en œuvre un dispositif permettant d’évaluer et de gérer de manière différenciée les
ème
risques « LCB/FT » auxquels les assujettis sont confrontés ; Avec la directive 2015/849 (« 4
Directive »), cette approche se voit renforcée notamment
- avec l’obligation faite à chaque Etat membre de cartographier ses activités économiques

- avec une limitation stricte du recours à une vigilance simplifiée par les assujettis : des
mesures de vigilances minimales sont requises même en cas de risque moins élevé

6.1. LA CARTOGRAPHIE DES RISQUES AU NIVEAU DE CHAQUE ETAT MEMBRE

ème
La 4 Directive » a introduit des obligations nouvelles au niveau national :

- sur la base de la publication des instances européennes d’une analyse supranationale des
risques, Les régulateurs européens diffuseront des « Orientations sur les facteurs de risque
à prendre en compte ;

- chaque Etat membre réalisera une analyse au niveau national des risques, qui prendra en
compte la vulnérabilité des produits, des services et des acteurs
Ces éléments devront être pris en compte par les établissements lors de mise à jour de leur
classification des risques.
En France, dans le cadre de l’entrée en vigueur de la 4ème Directive, le calendrier attendu
prévoyait :
9
- une publication de l’analyse nationale à la fin de l’été 2017 (non publiée à ce jour)
10
- un arrêté sur les facteurs de risques à prendre en compte, qui sera probablement annexé à la
documentation ACP-R

8
L’Ordonnance du 30 janvier 2009 est ainsi complétée de plusieurs décrets en Conseil d’Etat qui viennent
préciser les termes de l’Ordonnance
9
Non publiée à ce jour
10
Cf. Orientations sur les facteurs de risque publiées par les ESAs - 04/01/2018

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 25


6.2. L’APPROCHE PAR LES RISQUES AU NIVEAU DE CHAQUE ASSUJETTI

ETAPE 1 : cartographier et évaluer leurs risques LCB/ FT au regard des activités (produits et
services) clientèles ou les implantations de l’entreprise assujettie (étape de la « classification des
risques LCB / FT »)

ETAPE 2 : définir ensuite une méthodologie pertinente (scoring) permettant d’évaluer pour chaque
11
client ou chaque relation d’affaires le niveau de risque représentée par cette dernière en fonction
de qui est la relation d’affaires et le type de service ou de produits qu’on lui rend / offre (« Risk-
Based Approach, « RBA »)

ETAPE 3 : mettre en œuvre des mesures de vigilance proportionnée (« Due Diligence »), en
fonction du niveau de risque théoriquement déterminé :

o D’abord, avant ou au moment de l’établissement de la relation d’affaires, identification de la


clientèle / relation d’affaires : phase dite « onboarding », au moment de l’établissement de la
relation d’affaires,
o Puis, tout au long de la relation d’affaires, surveillance permanente sur la relation d’affaires:
phase dite de « monitoring »
o Enfin, régulièrement, une mise à jour des éléments documentant la connaissance de la
relation d’affaires : phase de « revue périodique »

en modulant l’intensité des mesures mises en œuvre, et leur périodicité, en fonction du niveau de
risqué identifié à l’étape précédente.
ETAPE 4 : contrôler et réexaminer régulièrement leur dispositif, notamment l’évaluation des risques
et les méthodologies mises en oeuvre

7. LA CLASSIFICATION DES RISQUES LCB/FT

Les articles 57 à 60 de l’Arrêté du 3/11/2014 précisent les éléments qui doivent être pris en compte
pour établir cette classification,

Arrêté du 3 novembre 2014 - Chapitre III, Art. 57 - La classification des risques de


blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme couvre toutes les activités
susceptibles d’exposer l’entreprise à des risques dans le domaine de la lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, notamment :

o Les opérations avec les personnes mentionnées à l’article R.561-18 du code


monétaire et financier ;
o Les activités mentionnées à l’article R.561-21 du code monétaire et financier ;
o Les activités de gestion de fortune ;

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 26


o Les activités exercées avec des personnes établies dans des Etats ou des territoires
mentionnées par le Groupe d’action financière parmi ceux dont la législation ou les
pratiques font obstacle à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement
du terrorisme, ou par l’intermédiaire d’implantations dans ces Etats ou territoires ;
o Les activités exercées avec des personnes établies dans des Etats et Territoires
mentionnées à l’article L.511-45 du code monétaire et financier ou par l’intermédiaire
d’implantations dans ces Etats ou Territoires.
Arrêté du 3 novembre 2014 - Chapitre III, Art. 58 - la classification des risques de
blanchiment prend également en compte :

o les informations et les déclarations diffusées par le Groupe d’action financière et par
le ministre chargé de l’économie ;
o Les informations reçues du service à compétence nationale TRACFIN.
Arrêté du 3 novembre 2014 - Chapitre III, Art. 59 - La classification des risques de
blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme évalue le niveau de risque des
différents produits ou services offerts, des modalités ou des conditions particulières des
opérations effectuées, des canaux de distribution utilisés ainsi que des caractéristiques de la
clientèle ciblée.

Arrêté du 3 novembre 2014 - Chapitre III, Art. 60 - La classification des risques de


blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme est mise à jour selon une
fréquence régulière et à la suite de tout événement affectant significativement les activités,
les de définir et mettre en œuvre des contrôles de ce dispositif.

Avec la publication par les ESAs des « Orientations sur les facteurs de risque », les établissements
disposent d’une première base de facteurs de risques proposés ou identifiés qui leur permettent
d’établir leur cartographie des risques, en prenant en compte notamment :

- Les facteurs de risque liés aux clients ou leur bénéficiaire effectif le cas échéant

o Leurs activités commerciales ou professionnelles


o Leur réputation
o La nature et leur comportement
o Leur implantation géographique
- Les facteurs de risque liés aux produits, services et transactions

o Niveau de transparence du produit, du service ou de la transaction

o Complexité du produit, service ou transaction

o Valeur ou taille du produit, service ou transaction

Il s’agit de déterminer dans quelle mesure leurs caractéristiques et spécificités présentent des
risques en terme de LCB / FT. Par exemple, la fourniture d’un service d’analyse financière versus la
structuration de produits sur mesure.
- Les facteurs de risque liés aux canaux de distribution

o Relation d’affaires avec ou sans présence physique des parties

o Présence d’apporteurs d’affaires ou intermédiaires

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 27


Il s’agit d’identifier les canaux de distribution des produits et des services (moyens et intermédiaires)
et établir les risques représentés par ces canaux, en prenant notamment en compte la localisation
des distributeurs.

Elle doit être mise à jour régulièrement (Art 60) et doit prendre en compte les informations relayées
par les instances internationales en charge de promouvoir les bonnes pratiques en matière de LCB /
FT.
Cette classification doit également différencier les risques d’un part au titre de la « LCB » et d’autre
part au titre de la « FT ». En effet, compte tenu des spécificités propres à chaque risque, il est
nécessaire d’identifier les situations propres à chaque risque. Cette analyse peut être un document
unique, réunissant à la fois l’analyse LCB et l’analyse FT, pertinent, établi sur la base d’une analyse
approfondie et documentée, qui conduit à la mise en œuvre de mesures de vigilance adaptée à cet
égard.

8. LE DISPOSITIF D'APPROCHE PAR LES RISQUES

C’est la mise en œuvre d’une approche multicritère de l’évaluation du risque client.


Sur la base de la classification des risques ainsi établie, les assujettis doivent établir pour chaque
relation d’affaires une méthodologie (scoring) permettant d’évaluer le niveau de risque que chacune
peut représenter compte tenu :
1) de qui est la relation d’affaires (« caractéristiques client ») et
2) des services / produits / activité que cette dernière souhaite établir avec l’établissement
assujetti.

CMF L.561-4 – Les personnes mentionnées à l'article L. 561-2 appliquent les mesures de
vigilance destinées à mettre en œuvre les obligations qu'elles tiennent du présent chapitre en
fonction de l'évaluation des risques présentés par leurs activités en matière de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme.

A cette fin, elles définissent et mettent en place des dispositifs d'identification et d'évaluation
des risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme auxquels elles sont
exposées ainsi qu'une politique adaptée à ces risques. Elles élaborent en particulier une
classification des risques en question en fonction de la nature des produits ou services offerts,
des conditions de transaction proposées, des canaux de distribution utilisés, des
caractéristiques des clients, ainsi que du pays ou du territoire d'origine ou de destination des
fonds. (…)

Pour l'identification et l'évaluation des risques de blanchiment des capitaux et de financement


du terrorisme auxquels elles sont exposées, les personnes mentionnées ci-dessus tiennent
compte des facteurs inhérents aux clients, aux produits, services, transactions et canaux de
distribution, ainsi qu'aux facteurs géographiques, précisés par arrêté du ministre chargé de
l'économie, ainsi que des recommandations de la Commission européenne issues du rapport
prévu par l'article 6 de la directive 2015/849 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai
2015 relative à la prévention de l'utilisation du système financier aux fins du blanchiment de
capitaux ou du financement du terrorisme, ainsi que de l'analyse des risques effectuée au
plan national dans des conditions fixées par décret.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 28


L’objectif de la méthodologie est d’apprécier le risque inhérent représenté par la relation d’affaires
en combinant des deux axes d’analyse.
Par exemple, un client peut représenter peu de risque LCB / FT quand il souhaite un service de
réception-transmission d’ordres sur des valeurs mobilières, mais présenter un risque plus élevé
quand il souhaite un financement structuré.

S’agissant de déterminer le risque intrinsèque de la relation d’affaires, il convient de déterminer les


caractéristiques pertinentes à analyser pour chacun, en réalisant pour chacun de ces critères une
analyse critique.
Ces critères doivent prendre en compte notamment, mais non exclusivement :

o LES MODALITES D’ENTREE EN RELATION

Selon les conditions d’entrée en relation, (à sa demande ou démarchage, mise en relation par un
tiers…), de la présence ou non du client à ce moment là.

o SA QUALITE D’ASSUJETTI A UNE LEGISLATION LCB/FT

Le risque représenté par une banque, une société de gestion, une compagnie d’assurances, qui
sont des “assujettis” est plus faible que le risque représenté par une entité « non régulée »,
typiquement une société industrielle, une société du BTP, une association …
Néanmoins, il ne s’agit pas simplement d’avoir la qualité d’assujetti pour « annuler » tout risque
LCB/FT.

o L’APPRECIATION DE LA QUALITE DE CETTE LEGISLATION LCB / FT LE CAS ECHEANT

Notamment son caractère « équivalent ». Il convient de différencier la qualité de la réglementation


locale à laquelle est assujetti le client ou la relation d’affaires. Par exemple, une banque irakienne
présentera vraisemblablement plus de risque qu’une banque anglaise.

o LE TYPE D’ACTIVITE MENEE PAR LA RELATION D’AFFAIRES

Est visée ici la question de la source des fonds (indirectement). Il est pertinent en effet de
déterminer le niveau de risque LCB / FT (en ce inclus le risque de fraude fiscal, le risque de
12
corruption tout comme le respect des embargos ).
A titre d’exemple, une société menant une activité de BTP peut présenter davantage de risque
qu’une société exerçant une activité dans les services d’information.
Dans ce cadre, il est nécessaire de dresser une liste des activités présentant un risque plus élevé,
en différenciant les risques LCB et les risques FT.

o LA DOMICILIATION / LOCALISATION DE LA RELATION D’AFFAIRES (CF. CLASSIFICATION


DES PAYS PAR NIVEAU DE RISQUE)

Cette notion de “domiciliation” peut inclure plusieurs niveaux :

12
Cf. Sanctions internationales et Embargos

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 29


- la domiciliation de la société (ie. son enregistrement à un registre de commerce),

- la localisation de ces activités (par exemple la classification géographique de son chiffre


d’affaires)
- la place de cotation de ses titres le cas échéant

- la localisation de ces principaux représentants (i.e. société de domiciliation)

Ainsi, l’analyse de ce critère peut être une combinaison de pays.


Par exemple, une société chinoise enregistrée aux Iles Caymans, exerçant son activité en Chine
continentale et dont le titre est coté sur la bourse de Singapour.

o LA PRESENCE OU NON DE PERSONNE POLITIQUEMENT EXPOSEE

Afin d’évaluer le risque de corruption notamment, il est pertinent de déterminer si la relation


d’affaires est “connectée” à une personne politiquement exposée.

o CONTROLE DE REPUTATION (« ADVERSE INFORMATION CHECK »)

Plus généralement, un contrôle sur des listes prédéfinies de sanctions et embargos permet de
finaliser le profil de la relation d’affaires en identifiant tout type d’”adverse information” susceptible
d’être pertinent dans le cadre de l’analyse.
La combinaison de ces caractéristiques, propres à la relation d’affaires, mise en regard des types
de produits, services et/ ou activités demandés, permet, in fine, de définir un niveau de risque
pour cette relation d’affaires.

C’est ce niveau de risque qui va déterminer l’intensité des mesures de vigilance à mettre en
œuvre vis à vis de cette dernière.

9. LES MESURES DE VIGILANCE A METTRE EN ŒUVRE SUR LA RELATION


D’AFFAIRES

Les obligations générales de vigilance à l’égard de la clientèle sont définies aux art. L.561-5 et L.
561-5-1 du CMF.

Réglementairement, 3 niveaux de risque sont possibles :


- RISQUE STANDARD => Implique des mesures de vigilance complémentaires, avec
identification du bénéficiaire effectif ; c’est le dispositif par défaut

- RISQUE FAIBLE => mesures de vigilance simplifiée avec réduction des mesures à
mettre en œuvre

- RISQUE ELEVE => renforcement de l’intensité des mesures

L’applicabilité d’un niveau de vigilance est, dans certains cas, prévu par la réglementation (ex.
quand le client est une personne politiquement exposée ou quand la relation d’affaires est établie
avec un pays / juridiction présentant des risques importants)

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 30


9.1. MESURES RELATIVE A LA VIGILANCE STANDARD

C’est le régime de vigilance par défaut (CMF Art. L. 561-5 & L.561-5-1), qui requière une
identification complète :

- du client (personne morale ou personne physique)


- de ses représentants (par nature, toujours un personne physique)
- ainsi que celle de son bénéficiaire effectif (par nature, toujours une personne physique)

CMF R.561-5 – Pour l’application du 1° du I de l’art. L.561-5, les personnes mentionnées à


l’art. L561-2 identifient leur client dans les conditions suivantes :

1° Lorsque le client est une personne physique, par le recueil de ses nom et prénoms, ainsi
que de ses date de naissance et lieu de naissance ;

2° Lorsque le client est une personne morale, par le recueil de sa forme juridique, de sa
dénomination, de son numéro d’immatriculation, ainsi que de l’adresse de son siège social ;

3° lorsque le client intervient dans le cadre d’une fiducie ou d’un dispositif juridique
comparable de droit étranger, par le recueil des nom et prénoms, ainsi que des date de
naissance et lieu de naissance, des constituants, des fiduciaires, des bénéficiaires et, le cas
échéant, du tiers au sens de l’art. 2017 du code civil ou par le recueil du nom de leurs
équivalents pour tout autre dispositif juridique comparable relevant d’un droit étranger. Dans
le cas où les bénéficiaires sont désignés par des caractéristiques ou une catégorie
particulière, les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 recueillent des informations
permettant de les identifier au moment du versement des prestations ou au moment où ils
exercent leurs droits acquis.

4° Lorsque le client est un placement collectif qui n’est pas une société, par le recueil de sa
dénomination, de sa forme juridique, de son numéro d’agrément, de son numéro
international d’identification des valeurs mobilières ainsi que de la dénomination, de
l’adresse et du numéro d’agrément de la société de gestion qui le gère.

Les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 identifient également les personnes agissant
pour le compte du client selon les modalités prévues au présent article et vérifient leurs
pouvoirs.

Et ce préalablement à toute relation d’affaire, c’est-à-dire avant toute ouverture de compte,


réalisation d’opération ou proposition de service ou avant toute signature de contrat, selon les
modalités définies à l’art. R. 561-5.

En pratique, les clients présentant un risque standard sont ceux qui ne remplissent :

- ni les critères d’éligibilité au risque faible (L.561-9)


- ni les critères de risque élevé (L.561-10)

9.2. FOCUS SUR LE BENEFICIAIRE EFFECTIF (« BE »)

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 31


9.2.1. DEFINITION DU BE

Le CMF définit à l’art. L. 561-2-2 ce qu’est le Bénéficiaire Effectif au sens réglementaire.

CMF L.561-2-2 – Pour l’application du présent chapitre, le bénéficiaire effectif est la ou les
personnes suivantes :

1° Soit qui contrôlent en dernier lieu, directement ou indirectement, le client ;


2° Soit pour laquelle une opération est exécutée ou une activité exercée.
Un décret en Conseil d’Etat précise la définition et les modalités de détermination du
bénéficiaire effectif.

Par bénéficiaire effectif (« BE »), on entend :

1) lorsque le client est une société, la ou les personnes physiques qui :


- Soit détiennent, directement ou indirectement, plus de 25 % du capital ou des droits de vote de
la société ;
- Soit exercent, par tout autre moyen, un pouvoir de contrôle sur les organes de gestion,
d'administration ou de direction de la société ou sur l'assemblée générale de ses associés.

2) Lorsque le client est un organisme de placement collectif, la ou les personnes physiques qui :
- Soit détiennent, directement ou indirectement, plus de 25 % des parts ou actions de l'organisme
;
- Soit exercent un pouvoir de contrôle sur les organes d'administration ou de direction de
l'organisme de placement collectif ou, le cas échéant, de la société de gestion ou de la société
de gestion de portefeuille le représentant.

3) Lorsque le client est une autre personne morale, la ou les personnes physiques qui remplissent
l’une des conditions suivantes :
- Elles ont vocation, par l'effet d'un acte juridique les ayant désignées à cette fin, à devenir
titulaires de droits portant sur 25 % au moins des biens de la personne morale ou des biens
transférés à un patrimoine fiduciaire ou à tout autre dispositif juridique comparable relevant d'un
droit étranger ;
- Elles appartiennent à un groupe dans l'intérêt principal duquel la personne morale, la fiducie ou
tout autre dispositif juridique comparable relevant d'un droit étranger a été constitué ou a produit
ses effets, lorsque les personnes physiques qui en sont les bénéficiaires n'ont pas encore été
désignées ;
- Elles sont titulaires de droits portant sur 25 % au moins des biens de la personne morale, de la
fiducie ou de tout autre dispositif juridique comparable relevant d'un droit étranger ;
- Elles ont la qualité de constituant, de fiduciaire ou de bénéficiaire, dans les conditions prévues
par le Code civil.

Aux États-Unis, le seuil applicable est de 10 % et on parle d’Ultimate Benificial Owner (UBO).

9.2.2. OBLIGATION D’IDENTIFICATION DU BE

L’application d’une vigilance de niveau standard requière l’identification et la vérification de l’identité


du bénéficiaire effectif du client, dans les mêmes conditions que celles du client (CMF R.561-5).

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 32


9.2.3. ILLUSTRATION DANS UNE CHAINE D’ACTIONNAIRES AVEC DES PARTICIPATIONS CROISEES

Si le client est une personne morale, la recherche du bénéficiaire effectif implique l’identification des
actionnaires de cette personne morale jusqu’à l’identification d’une personne physique. Ainsi, il peut
être nécessaire d’identifier une chaîne d’actionnaires.

9.2.4. DEROGATION A L’OBLIGATION D’IDENTIFICATION DU BENEFICIAIRE EFFECTIF

CMF R.561-8 – Les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 n’ont pas l’obligation
d’identifier le bénéficiaire effectif de la relation d’affaires lorsque leur client est une
société dont les titres sont admis à la négociation sur un marché réglementé en
France, dans un autre Etat membre de l’Union européenne, dans un autre Etat partie
à l’accord sur l’Espace économique européen ou dans un pays tiers imposant des
obligations reconnues comme équivalentes par la Commission européenne au sens
de la Directive 2004/109/Ce du Parlement européen et du Conseil du 15 décembre 2004
modifiée sur l’harmonisation des obligations de transparence concernant l’information sur
les émetteurs dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur un marché
réglementé

9.3. MESURES RELATIVE A LA VIGILANCE SIMPLIFIEE (« RISQUE FAIBLE »)

La personne assujettie peut alléger les diligences à mettre en œuvre, ainsi que prévu à l’art. L.561-
9, en réduisant les mesures prévues à l’art. L. 561-5, quand :

- soit « le risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme leur parait


faible ».

- Soit « les personnes, les services ou les produits présentent un risque faible de
blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme et il n’existe pas de soupçon de
blanchiment ou de financement du terrorisme ».

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 33


Les art. R.561-14, R.561-14-1 et R.561-14-2 viennent préciser les modalités de mises en œuvre.

CMF R.561-14 – Pour la mise en œuvre des mesures de vigilance simplifiées prévues dans
les cas énoncés à l’art. L.561-9, les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 recueillent les
informations justifiant que le client ou le produit présente un faible risque de blanchiment de
capitaux ou de financement du terrorisme ou remplit les conditions prévues aux art. R.561-
15 et R.561-16.

Elles mettent en place un dispositif général de surveillance et d’analyse des opérations


adapté aux principales caractéristiques de leur clientèle et de leurs produits et leur
permettant de détecter toute transaction inhabituelle ou suspecte

CMF R.561-14-1 – Lorsqu’elles choisissent de mettre en œuvre des mesures de vigilance


simplifiées en application du 1° de l’art. L.561-9, les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 :

1° identifient et vérifient l’identité de leur client selon les modalités prévues aux art. R.561-5 et
R.565-5-1 et identifient et vérifient l’identité du bénéficiaire effectif selon les modalités prévues
à l’art. R.561-7 ;

2° peuvent différer la vérification de l’identité de leur client et du bénéficiaire effectif selon les
modalités prévues à l’art. R.561-6 ;

3° peuvent simplifier les autres mesures de vigilance prévues au III de l’art. L.561-5 et aux art.
L.565-5-1 et L.565-6 en adaptant au risque faible identifié le moment de réalisation de ces
mesures et la qualité des sources d’informations utilisées.

4° sont en mesure de justifier auprès de l’autorité de contrôle mentionnée à l’art. L.561-36 que
l’étendue des mesures de vigilance qu’elles mettent en œuvre est adaptée aux risques qu’elles
ont évalués.

CMF R.561-14-1 – Pour la mise en œuvre des mesures de vigilance simplifiées prévues au 2°
de l’art. L.561-9, les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 mettent en œuvre les mesures
d’identification du client et du bénéficiaire effectif selon les modalités prévues à l’art. R.561-5,
ainsi que les mesures prévues à l’art. R.561-14 (…)

La mise en œuvre de vigilance simplifiée ne permet pas de déroger à l’obligation d’identification du


client ; néanmoins, elle permet :

- d’identifier le client en cours d’entrer en relation et au plus tard avant la signature du contrat
ou la réalisation de transaction ;

- sous réserve que d’autres conditions soient remplies, l’identification du BE est « réputée
satisfaite » (CMF Art. R.561-8 « société cotée »).

En pratique, les personnes visées au 2° de l’art. L.561-9 sont précisées à l’art. R.561-15 :

- Les entités assujetties par une autorité reconnue dans un pays de l’UE, EEE ou par un
13
pays tiers équivalent (« PTE ») ;

13
Arrêté du 27 juillet 2011 « Art. 1 Les pays tiers équivalents mentionnés au 2° du II de l’article L.561-9 sont
l’Afrique du Sud, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Fédération de Russie, Hong
Kong, l’Inde, le Japon, le Mexique, Singapour et la Suisse

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 34


- Société cotée dont les titres sont admis à la négociation sur un marché réglementé de
14
l’EEE ou dans un pays tiers imposant des exigences de publicité équivalentes ;
- Autorité publique ou organisme public communautaire, d’un État membre de l’UE, ou
15
désignée par tout engagement international de la France sous conditions :

9.4. MESURES RELATIVE A LA VIGILANCE RENFORCEE

Quand la relation d’affaires présente certaines caractéristiques, telles que définies à l’article
L.561-10, l’assujetti doit mettre en œuvre des mesures de vigilance complémentaires.

Il s’agit des cas où :

- « le client ou le représentant légal du client n’est pas physiquement présent à des fins
d’identification au moment de l’établissement de la relation d’affaires » ;
- le client, ou le bénéficiaire effectif le cas échéant, est une personne politiquement
exposée (« PPE ») ou le devient en cours de la relation d’affaires;
- « le produit ou l’opération présente, par sa nature, un risque particulier de blanchiment de
capitaux ou de financement du terrorisme, notamment lorsqu’ils favorisent l’anonymat « ;
- L’opération effectuée avec « une relation d’affaires établi un pays ou une juridiction identifié
par le GAFI comme présentant des insuffisances ou des déficiences en terme de législation
LCB / FT ou par la Commission européenne »

Exemples de client présentant un risque élevé :

- la holding d’un sénateur


- la belle fille d’un ex-ministre
- une société domiciliée au Panama
- un client représenté par son avocat et présent à l’ouverture de la relation

L’entité assujettie doit mettre en œuvre un set de mesures complémentaires (définies aux art.
R.561-20-2, R.560-20-4) permettant de gérer les risques supplémentaires représentés par la relation
d’affaires. Le type de mesures à prendre dépend de la raison du placement en vigilance renforcée.

A minima, on distingue 3 situations de vigilance renforcée requise systématiquement par la


réglementation :

- le client / représentant n’est pas présent à des fins d’identification ;


- le client est une PPE
- le client est situé dans un pays présentant des déficiences stratégiques en matière de LCB
/ FT (sources GAFI / UE)

14
A définir
15
« Son identité est accessible au public, transparente et certaine ; Ses activités, ainsi que ses pratiques
comptables sont transparentes ; Elle est soit responsable devant une institution communautaire ou les autorités
d’un Etat membre, soit soumise à des procédures de contrôle »

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 35


9.3.1. MISE EN ŒUVRE DES DILIGENCES RENFORCEES HORS PPE / PAYS DEFICIENT

Quand le client n’est pas présent à des fins d’identification ou que le produit ou l’opération visée
« favorise l’anonymat » (ie présente un risque élevé) en application de la méthodologie d’approche
par les risques, l’assujetti est tenu d’appliquer des mesures de vigilance renforcées et à ce titre de
prendre au moins deux mesures parmi les suivantes définies au R. 561-20 :

- « obtenir une copie d’un document mentionné aux 3° à 5° de l’art. R.561-5-1 ainsi que d’un
document justificatif supplémentaire permettant de confirmer l’identité du client » ;

- « mettre en œuvre des mesures de vérification et de certification de la copie d’un document


officiel ou d’un extrait de registre officiel mentionné aux 3° à 5° de l’art. R.561-5 par un tiers
indépendant de la personne identifiée » ;

- « exiger que le premier paiement des opérations soit effectué en provenance ou à


destination d’un compte ouvert au nom du client auprès d’une personne mentionnée aux 1°
à 6°bis de l’art. L.561-2 établie dans un pays UE/ EEE/ PTE ;

- « obtenir directement une confirmation de l’identité du client de la part d’un tiers remplissant
les conditions prévues au 1° ou au 2° de l’art. L.561-7 » (cf. Tierce introduction, précisée
par l’art.R.561-13)

- recourir à un moyen d’identification électronique (cf. Art.9 para. 1 Règlement UE


n°910/2014)

- recueillir une signature électronique (cf. Art.9 para. 1 Règlement UE n°910/2014)

La mise en œuvre de ces mesures complémentaires vise à renforcer les contrôles d’identification :

- en s’assurant, par l’obtention d’une seconde pièce d’identité ou par voie de certification,
que le client est bien la personne qu’il prétend être ;

- en obtenant la preuve qu’une autre entité assujettie dans un pays équivalent (UE / EEE /
PTE) a d’ores et déjà un compte ouvert au nom de ce client (i.e. a procédé au KYC / due
diligence requises sur ce client)

Toutes les informations et documents relatifs aux mesures mises en œuvre doivent être conservés,
selon les modalités prévues à l’art. L.561-12, quel qu’en soit le support.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 36


CMF R.561-20 – Pour l’application du 1° de l’art. L.561-10, et lorsque les mesures prévues
aux 1° et 2° du R.561-5-1 ne peuvent être mises en œuvre, les personnes mentionnées à l’art.
L.561-2 vérifient l’identité de leur client en appliquant au moins deux mesures parmi les
suivantes :

1° Obtenir une copie d’un document mentionné aux 3° à 5° de l’art. R.561-5-, ainsi que d’un
document justificatif supplémentaire permettant de confirmer l’identité du client ;

2° Mettre en œuvre des mesures de vérification et de certification de la copie d’un document


officiel ou de l’extrait de registre officiel mentionné aux 3° à 5° de l’article R.561-5-1 par un
tiers indépendant de la personne à identifier ;

3° Exiger que le premier paiement des opérations soit effectué en provenance ou à


destination d’un compte ouvert au nom du client auprès d’une personne mentionnée aux 1° à
6°bis de l’article L.561-2 établie dans un Etat membre de l’Union Européenne ou dans un Etat
partie à l’Espace économique européen ou dans un pays tiers imposant des obligations
équivalentes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme et figurant sur une liste établie par arrêté du ministre chargé de l’économie ;

4° Obtenir directement une confirmation de l’identité du client de la part d’un tiers remplissant
les conditions prévues au 1° ou au 2° du I de l’art. L.561-7 ;

5° Recourir à un moyen d’identification électronique délivré dans le cadre d’un schéma


français d’identification électronique notifié à la Commission européenne en application du
paragraphe 1 de l’art.9 du règlement (UE) n°910/2014 du Parlement européen et du Conseil
du 23 juillet 2014 sur l’identification électronique et les services de confiance pour les
transactions électroniques au sein du marché intérieur ou d’un schéma notifié par un autre
Etat membre de l’Union européenne dans les mêmes conditions, dont le niveau de garantie
correspond au niveau de garantie substantiel fixé par ce même règlement ;

6° Recueillir une signature électronique avancée ou qualifiée ou un cachet électronique


avancé ou qualifié valide reposant sur un certificat qualifiée comportant l’identité du signataire
ou du créateur de cachet et délivré par un prestataire de service de confiance inscrit sur une
liste de confiance nationale en application de l’art.22 du règlement (UE) n°910/2014 du
Parlement européen et du Conseil du 23 juillet 2014 sur l’identification électronique et les
services de confiance pour les transactions électroniques au sein du marché intérieur.

Parmi les mesures mentionnées ci-dessus, les personnes mentionnées à l’art.L.561-2


choisissent les mesures qui, combinées entre elles, permettent la vérification de tous les
éléments d’identification du client mentionnés à l’art.R.561-5.

Les personnes mentionnées à l’art. L561-2 vérifient l’identité des personnes agissant pour le
compte du client selon les modalités prévues au présent article.

Elles conservent, selon les modalités prévues à l’art. L.561-12, les informations et documents
relatifs aux mesures mises en œuvre au titre du présent article, quel qu’en soit le support.

9.3.2. MISE EN ŒUVRE DES DILIGENCES RENFORCEES EN PRESENCE DE PPE

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 37


PRINCIPE
L’assujetti doit être en mesure d’identifier une PPE parmi ses clients ou les bénéficiaires effectifs de
ces clients, au moment de l’entrée en relation d’affaires ou si ces derniers le deviennent en cours de
la relation d’affaires. Les modalités d’identification sont déterminées par l’assujetti selon un principe
de proportionnalité (détection par un outil automatisé ou détection manuelle)

Les mesures (cumulatives) à mettre en œuvre sont ainsi définies au R. 561-20-2, hors dérogation :

CMF R.561-20-2 – Les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 définissent et mettent en œuvre
des procédures, adaptées au risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme
auxquelles elles sont exposées, permettant de déterminer si leur client, ou son bénéficiaire
effectif, est une personne mentionnée au 2° de l’art. L.561-10 ou le devient en cours de la
relation d’affaires.

Lorsque le client, ou son bénéficiaire effectif, est une personne mentionnée au 2° de l’art. L.561-
10 ou le devient en cours de relation, les personnes mentionnées à l’art. L.561-2, en sus des
mesures prévues aux art. L.561-5 et L.561-6, appliquent les mesures de vigilance
complémentaires suivantes :

1° Elles s’assurent que la décision de nouer ou maintenir une relation d’affaires avec cette
personne ne peut être prise que par un membre de l’organe exécutif ou toute personne habilitée
à cet effet par l’organe exécutif ;

2° Elles recherchent, pour l’appréciation des risques de blanchiment de capitaux et de


financement du terrorisme, l’origine du patrimoine et des fonds impliqués dans la relation
d’affaires ou la transaction ;

3° Elles renforcent les mesures de vigilance prévues à l’art. R.561-12-1

Les assujettis sont tenus de mettre en œuvre ces mesures de vigilance pendant l’exercice des
fonctions énumérées par la réglementation et dans le délai d’un an après la cessation de celles-ci. A
l’issu de ce délai, le profil de la relation d’affaires est réévalué et les mesures de vigilance adaptées
en conséquence.

QUI SONT LES PERSONNES POLITIQUEMENT EXPOSEES (« PEE »)

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 38


CMF R.561-18 – Pour l’application du 2° de l’art. L.561-10, une personne exposée à des
risques particuliers en raison de ses fonctions est une personne qui exerce ou a cessé
d’exercer depuis moins d’un an l’une des fonctions suivantes :

1° Chef d’Etat, chef de gouvernement, membre d’un gouvernement national ou de la


Commission européenne ;

2° Membre d’une assemblée parlementaire nationale ou du Parlement européen, membre


de l’organe dirigeant d’un parti ou groupement politique soumis aux dispositions de la loi
n°88-227 du 11 mars 1988 ou d’un parti ou groupement politique étranger ;

3° Membre d’une cour suprême, d’une cour constitutionnelle ou d’une autre haute
juridiction dont les décisions ne sont pas, sauf circonstances exceptionnelles, susceptibles
de recours ;

4° Membre d’une cour des comptes ;

5° Dirigeant ou membre de l’organe de direction d’une banque centrale ;

6° Ambassadeur ou chargé d’affaires ;

7° Officier général ou officier supérieur assurant le commandement d’une armée ;

8° Membre d’un organe d’administration, de direction ou de surveillance d’une entreprise


publique ;

9° Directeur, directeur adjoint, membres du conseil d’une organisation internationale créée


par un traité, ou une personne qui occupe une position équivalente en son sein ;

(…)

La qualité de PPE recouvre également :

- les membres directs de la famille ou les proches : conjoint, concubin, pacsé, enfants et
leurs conjoints…
- les personnes étroitement associées aux PPE (Art. R.561-18 III)

DEROGATION A LA MISE EN ŒUVRE DES MESURES DE VIGILANCE COMPLEMENTAIRES


SPECIFIQUES AUX PPE

CMF L.561-10 – (…) S’il n’existe pas de soupçon de blanchiment de capitaux ou de


financement du terrorisme, les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 peuvent ne pas
appliquer aux clients mentionnés au 1° et 2° les mesures de vigilance complémentaires
prévues au présent article lorsque la relation d’affaire est établie avec une personne
mentionnée au 2° de l’art. L.561-9 ou est établie exclusivement pour un ou plusieurs
produits mentionnés du même 2° de l’art. L.561-9.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 39


En conséquence, l’application de la dérogation requière 2 conditions cumulatives préalables :

1) il n’existe pas de soupçon LCB/FT, et

2) soit :

a. la relation d’affaires est établie avec une personne présentant un risque


faible (donc le PPE est un BE de cette relation d’affaires)

i. société dont les titres sont admis à la négociation sur un marché


réglementé
ii. un organisme financier régulée en UE/ EEE / PTE
iii. un organisme public répondant aux critères de transparence définis
à l’art. R.561-15

b. la relation d’affaires vise un ou plusieurs produits présentant un risque


LCB/FT faible tel que défini à l’art. R.561-16.

9.3.3. MISE EN ŒUVRE DES DILIGENCES RENFORCEES LORS D’UNE ENTREE EN RELATION AVEC
UN PAYS PRESENTANT DES DEFICIENCES STRATEGIQUES EN MATIERE LCB / FT

Si le client ou l’opération visée concerne « un client domicilié, enregistré ou établi » dans un pays
présentant des déficiences stratégiques en matière LCB / FT, l’entité assujettie doit d’une part
prévoir le renforcement du niveau de vigilance et d’autre part mettre en place un dispositif spécifique
défini à l’art. R.561-20-4 :

3) « La décision de nouer ou de maintenir la relation d’affaires ne peut être prise que par
un membre de l’organe exécutif ou toute personne habilitée à cet effet par l’organe
exécutif » ;

4) « Elles recueillent les éléments d’informations complémentaires relatifs à la


connaissance de leur client ainsi qu’à l’objet et à la nature de la relation d’affaires » ;

5) « Elles renforcent la fréquence de mise à jour des éléments nécessaires à la


connaissance de leur client, et, le cas échéant, du bénéficiaire effectif de la relation
d’affaires » ;

Exception : les opérations réalisées par une filiale ou une succursale établie à l’étranger d’un
assujetti appliquant des mesures équivalentes.

Les modalités de suivi des opérations doivent être définies par le responsable mentionné au I. de
l’art. L.561-32, qui s’assure de leur mise en oeuvre

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 40


En synthèse,

Les diligences KYC à mettre en œuvre sont donc différenciées en fonction du


niveau de risque LCB / FT
Risque faible = diligences « allégées »
Risque standard = diligences « normales »
Risque élevé = diligences « renforcées »

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 41


10. LE CADRE DE L’EXAMEN RENFORCE

Quel que soit le niveau de vigilance appliquée à un client ou à une relation d’affaires, l’assujetti doit
définir un cadre (définition, procédure applicable et contrôle) de mise en œuvre d’un Examen
Renforcé au sens de l’art. L.561-10-2.

CMF L.561-10-2 – Les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 effectuent un examen renforcé
de toute opération particulièrement complexe ou d’un montant inhabituellement élevé ou ne
paraissant pas avoir de justification économique ou d’objet licite. Dans ce cas, ces personnes
se renseignent auprès du client sur l’origine des fonds et la destination de ces sommes ainsi
que sur l’objet de l’opération et l’identité de la personne qui en bénéficie

CMF R.561-22 - Les résultats de l’examen renforcé prescrit à l’article L.561-10-2 sont
consignés par écrit et conservés selon les modalités prévues à l’article L.561-12.

Dans ce cadre, chaque transaction / opération présentant un caractère inhabituel ou


particulièrement complexe au regard du risque LCB / FT doit faire l’objet d’une analyse spécifique
dûment consignée dans un registre dédié à cet effet.

Une opération ou une transaction inhabituelle ou complexe n’est pas nécessairement une opération
suspecte. L’analyse menée, sur la base des pièces justificatives, doivent permettre d’établir si à
l’issu de l’analyse il demeure un doute quant à la légitimité des fonds, de l’objet ou de la nature de la
transaction, et donc de la suite à donner à cet examen renforcé (cf. 1.8 Obligation de déclaration).
En pratique, un examen renforcé doit être pratiqué pour toute opération ou transaction :
- particulièrement complexe ou ;
- d’un montant inhabituellement élevé ou ;
- paraissant ne pas avoir de justification économique ou d’objet licite

Les éléments à déterminer pour étayer l’analyse requise sont a minima :

- L'origine des fonds ;


- La destination de ces sommes ;
- L'objet de l'opération ;
- L'identité de la personne qui en bénéficie.

Outre les pièces analysées, l’analyse menée et la conclusion doivent être dument consignées et
conservées.

11. OBLIGATIONS DE VIGILANCE CONSTANTE SUR LA RELATION D’AFFAIRES

Toute relation d’affaires, quel que soit le niveau de vigilance précédemment déterminé, doit faire
l’objet d’une vigilance constante tout au long de la relation. Les modalités de mise en œuvre de cette
vigilance constante sont définies à l’art.L.561-6.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 42


CMF L.561-6 – Pendant toute sa durée de la relation d’affaires et dans les conditions fixées
par décret en Conseil d’Etat, ces personnes exercent sur la relation d’affaires, dans la limite de
leurs droits et obligations, une vigilance constante et pratiquent un examen attentif des
opérations effectuées en veillant à ce qu’elles soient cohérentes avec la connaissance
actualisée qu’elles ont de leur relation d’affaires.

Cette vigilance se décline selon 2 axes :

o une connaissance actualisée de la relation d’affaires (« periodic review »)


o un examen attentif des opérations effectuées (« on-going monitoring »)

11.1. LA CONNAISSANCE ACTUALISEE DU CLIENT

Après la phase d’identification du client lors de l’entrée en relation (« Onboarding »), les entités
assujetties sont tenues de maintenir une connaissance actualisée du client, tout au long de la
relation d’affaires (“On going”) définie aux art R. 561-11 et R.561-12 2°.

CMF R.561-11 – Lorsque les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 ont de bonnes raisons de
penser que l’identité de leur client et les éléments d’identification précédemment obtenus ne sont
plus exact ou pertinents, elles procèdent de nouveau à l’identification du client et à la vérification
de son identité conformément aux art. R.561-5 et R.561-5-1 et, le cas échéant, à l’identification et
à la vérification de l’identité de son bénéficiaire effectif conformément à l’art.R.561-7.

CMF R.561-12 2°– Pour l’application de l’article L.561-5-1, les personnes mentionnées à l’article
L.561-2 : (…)

2° Pendant toute la durée de la relation d’affaires, recueillent, mettent à jour et analysent les
éléments d’information qui permettent de conserver une connaissance appropriée de leur relation
d’affaires.

La nature et l’étendue des informations collectées ainsi que la fréquence de la mise à jour de ces
informations et l’étendue des analyses menées sont adaptés au risque de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme présenté par la relation d’affaires.

Les personnes mentionnées à l’art. L.561-2 sont en mesure de justifier auprès des autorités de
contrôle de la mise en œuvre de ces mesures et de leur adéquation au risque de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme présenté par la relation d’affaires.

Pour chaque relation d’affaires ou client, il est nécessaire de définir :


- la fréquence adaptée de revue du dossier
- les modalités de revue
en fonction du niveau de risque LCB / FT déterminé en application de l’approche par les risques
(risque faible, risque standard ou risque élevé).

Les procédures doivent ainsi prévoir de mettre à jour régulièrement, en fonction du risque LCB / FT,
les éléments portés au dossier de leurs clients.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 43


En général,

- une revue annuelle est pratiquée pour les dossiers présentant un risque élevé ;
- tous les 2/3 ans pour les autres clients.
Notamment, il convient de s’assurer que les clients placés en risque faible remplissent régulièrement
toujours les critères d’éligibilité à ce niveau de risque.

A tout moment, l’entité assujettie doit pouvoir justifier :


- D’un niveau de risque approprié
- D’une connaissance du client actualisée

Par conséquent, il ne suffit pas de mettre en oeuvre une mise à jour du dossier à la date
anniversaire prévue par l’approche par les risques. Il est également nécessaire d’exercer
une vigilance permanente (mise en place d’une veille sur la presse et les sanctions et les
PPE) afin de suivre les actualités relatives à leurs clients et détecter toute information
négative susceptible d’impacter le niveau de risque de la relation d’affaires.

La collecte et la conservation des éléments d’information a pour objectif de documenter une


connaissance appropriée du client ; Notamment, ils sont à mettre en regard des détections
d’anomalies pour la mise en œuvre d’une analyse pertinente.

Une question clé se pose quand la mise à jour du dossier se révèle impossible ou non
satisfaisante : qu’advient-il de la relation ?

11.2. LA DETECTION DES ANOMALIES (« MONITORING DES TRANSACTIONS »)

Les assujettis sont tenus de mettre en œuvre un dispositif de détection des opérations inhabituelles
au regard du profil de risque du client ou présentant certains critères (« 16 critères de la fraude
fiscale »).

Arrêté du 3/11/2014 – Art. 47 - Les entreprises se dotent de dispositifs de suivi et d’analyse de


leurs relations d’affaires, fondés sur la connaissance de leur clientèle, permettant notamment
de détecter les opérations qui constituent des anomalies au regard du profil des relations
d’affaires et qui pourraient faire l’objet d’un examen renforcé mentionné à l’article L.561-10-
2 ou d’une déclaration prévue à l’article L.561-15 du CMF

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 44


Arrêté du 3/11/2014 – Art. 50 - Les dispositifs de suivi et d’analyse doivent permettre de définir
des critères et seuils de significativité spécifiques aux anomalies en matière de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme.

Arrêté du 3/11/2014 – Art. 51 - Les entreprises assujetties se dotent, selon des modalités
adaptées à leur taille, à la nature de leurs activités et aux risques identifiés par la classification
des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, de moyens humains
suffisants pour analyser les anomalies détectées par les dispositifs susmentionnés.

Arrêté du 3/11/2014 – Art. 53 - Les entreprises assujetties mettent en place, selon des
modalités adaptées à leur organisation et qui tiennent compte, le cas échéant, de leur
appartenance à un groupe, des procédures de centralisation de l’analyse des anomalies
détectées répondant aux critères et seuils mentionnés à l’article 50.

En général, le dispositif de détection repose à la fois :

- sur un monitoring automatique « post trade » sur la base de scenarii (cf. utilisation de
système de détection automatique en fonction du profil client et de scenarii) , et

- sur un monitoring « humain » « pré-trade » sur la base de la vigilance des opérateurs


(sales, salestrader, vendeur…) ou chargés de compte.

Exemples de critères d’alerte :

- Le caractère d’urgence ;

- Versement provenant d'un compte à l'étranger, mais ne correspondant pas à l’activité du


client ;

- Chèque tiré sur le compte de tiers personnes physiques, n’ayant pas de liens apparents
avec la société, ni avec le client, ni avec le fournisseur ;

- Ouverture pour un seul client de plusieurs financements en contradiction avec l’objet de


l’entreprise ;

- Opérations de marché :

o Changements répétés d’instructions au dernier moment;


o Affectations a posteriori.
o Opérations de vendu / acheté

- Opération anormalement complexe par la durée, les intervenants et les montages


proposés.
- Critère listé dans le décret 2009-874 identifiant la fraude fiscale (cf. Annexe 2)

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 45


Les mesures de vigilance permanente sont modulées en fonction du risque LCB / FT
que la relation d’affaires peut représenter, en application du principe de proportionnalité.
Les assujettis doivent :
- mettre en œuvre un système de surveillance des opérations
- disposer de personnel en charge de ce monitoring doté « d’une expérience, d’une
qualification, d’une formation et d’un position adéquat pour exercer leurs missions,
ainsi que « d’un accès aux informations internes nécessaires à l’exercice de leurs
fonctions » (Arrêté du 3/11/2014 – Art. 52)

12. L’OBLIGATION DE DECLARATION ET D’INFORMATION A TRACFIN

12.1. PRESENTATION DE TRACFIN

TRACFIN (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits FINanciers clandestins) a été
créé en 1990. C’est un service administratif de traitement du renseignement financier dont la mission
est définie à l’article R.561-33 du CMF.

CMF R.561-33 : Le service à compétence nationale TRACFIN (Traitement du Renseignement


et Action contre les Circuits Financiers clandestins), prévu par l’article L.561-23, est rattaché au
ministre chargé de l’économie et au ministre chargé du budget et a pour mission :

1° Recevoir et traiter, dans les conditions prévues par la législation en vigueur, les déclarations
prescrites à l’article L.561-15 ainsi que les autres informations prévues au chapitre I er du titre
IV du livre V de la partie législative du présent code ;

2° Recueillir, traiter et diffuser le renseignement relatif aux infractions mentionnées à l’article


L.561-15 ;

3° Animer et coordonner, en tant que de besoin, aux niveaux national et international, les
moyens d’investigations dont disposent les administrations ou services relevant du ministre
chargé de l’économie et du ministre chargé du budget, ainsi que les organismes qui y sont
rattachés, pour la recherche des infractions mentionnées à l’article L.561-15 ;

4° Participer à l’étude des mesures à mettre en œuvre pour faire échec aux circuits financiers
clandestins, au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme ;

5° Développer, en relation avec les directions concernées relevant du ministre chargé de


l’économie et du ministre chargé du budget, l’action internationale de lutte contre les circuits
financiers clandestins, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 46


16
Tracfin publie annuellement un rapport d’activité contenant des statistiques mais qui établit
également des typologies de blanchiment détectées dans le cadre de leurs activités.

12.2. DESIGNATION D’UN DECLARANT ET D’UN CORRESPONDANT TRACFIN

L’assujetti doit désigner nominativement les dirigeants ou les employés qui sont chargés des
relations avec Tracfin en tant que « Déclarant » et « Correspondant ».

CMF R.561-23 : I. # Les personnes mentionnées aux 1° à 7° de l’article L.561-2 communiquent


au service mentionné à l’article R.561-33 et à leur autorité de contrôle désignée à l’article L.561-
36 l’identité de leurs dirigeants ou préposés habilités à procéder aux déclarations prescrites à
l’article L.561-25 (…)

II. # Tout changement concernant les personnes habilitées en application du I, qui répondent à
l’appellation de déclarant, doit être porté, sans délai, à la connaissance de ce service et de leur
autorité de contrôle, le cas échéant.

III. # Tout dirigeant d’une personne morale mentionnée à l’article L.561-2 ou préposé de cette
personne morale peut prendre l’initiative de déclarer lui-même au service mentionné à l’article
R.561-33, dans des cas exceptionnels, en raison notamment de l’urgence, une opération lui
paraissant devoir l’être en application de l’article L.561-15. Cette déclaration est confirmée, dans
les meilleurs délais, par la personne habilitée.

CMF R.561-27 : Les correspondants et déclarants désignés par la même personne mentionnée
à l’article L.561-2 se communiquent les informations portées à leur connaissance par le service
mentionné à l’article R.561-33 et se tiennent informés des demandes qui en émanent.

Ces fonctions de « Déclarant » et de « Correspondant » peuvent être assurées par la même


personne, en fonction de la taille de l’entité assujettie (principe de proportionnalité)

- le Déclarant est chargé de la transmission des déclarations auprès de Tracfin,

- le Correspondant assure l’interface avec Tracfin, notamment la réception des accusés de


réception suite aux envois de déclarations, la gestion des demandes d’information ou de
documentation de pièces le cas échéant.

L’Arrêté du 3 novembre 2014, art.55 prévoit dans ce cadre que « les entreprises assujetties veillent
à ce que le déclarant et le correspondant aient accès à toutes les informations nécessaires à
l’exercice de leurs fonctions. Elles mettent à leur disposition des outils et des moyens pour qu’ils
procèdent » à leurs obligations.

12.3. CHAMP DE LA DECLARATION TRACFIN

La réglementation LCB/FT ne s’inscrit pas dans une logique de déclaration systématique des
opérations. La déclaration à Tracfin est faite par une entité assujettie à l’issue d’une analyse
d’anomalie ou d’alerte pour laquelle le soupçon demeure quant à la nature de cette transaction au
regard de la réglementation LCB/FT.

16
http://www.economie.gouv.fr/tracfin/accueil-tracfin

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 47


La réglementation identifie trois « origines » distinctes qui peuvent conduire l’entité assujettie à faire
une déclaration :
17
- si l’infraction sous-jacente est passible d’une peine de prison d’au moins an ou soupçon
de financement du terrorisme (L.561-15 I)
18
- Si l’infraction sous-jacente est une fraude fiscale caractérisée par la présence d’un au
moins des 16 critères établis par décret (L.561-15 II)

- A l’issue d’un examen renforcé défini au L. 561-10-2 (L.561-15 III)

CMF L.561-15 - I.– Les personnes mentionnées à l’article L.561-2 sont tenues, dans les
conditions fixées par le présent chapitre, de déclarer au service mentionné à l’article L.561-23
les sommes inscrites dans leurs livres ou les opérations portant sur des sommes dont elles
savent, soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu’elles proviennent d’une
infraction passible d’une peine privative de liberté supérieure à un an ou sont liées au
financement du terrorisme ;

II. - Par dérogation au I, les personnes mentionnées à l’article L.561-2 déclarent au service
mentionné à l’article L.561-23 les sommes ou opérations dont ils savent, soupçonnent ou ont de
bonnes raisons de soupçonner qu’elles proviennent d’une fraude fiscale lorsqu’il y a présence
1
d’au moins un critère défini par décret ;

III. – A l’issue de l’examen renforcé prescrit au II. de l’article L.561-10-2, les personnes
mentionnées à l’article L.561-2 effectuent, le cas échéant, la déclaration prévue au I du présent
article ;

IV. -Toute information de nature à infirmer, conforter ou modifier les éléments contenus dans la
déclaration est portée, sans délai, à la connaissance du service mentionné à l’article L.561-2 ;

QU’EST–CE QU’UN SOUPÇON ?


« En l’absence de connaissance certaine, le soupçon est la conclusion à laquelle parvient un
professionnel déclarant après avoir pris en compte tous les critères pertinent »

Source : Lettre d’information Tracfin n°12 – octobre 2015

Quelle que soit l’origine de la déclaration, les PSI n’ont pas à démontrer que les sommes
proviennent d’infraction sous-jacente entrant dans le champ du délit de blanchiment. Le simple
fait d’avoir « de bonnes raisons de soupçonner » suffit à déclencher l’obligation de déclarer.
Autrement dit, si les informations recueillies ne permettent pas de lever le doute ou le soupçon,
le PSI doit effectuer la déclaration.

17
Une approche « tous délits » compte tenu des sanctions en droit français (soit les produits provenant d’abus de
biens sociaux, contrefaçon, escroquerie, abus de confiance)
18
L’article 1741 du CGI dispose que le délit de fraude fiscale est constitué par la soustraction ou la tentative de
soustraction à l’établissement ou au paiement total ou partiel des impôts dus (omission volontaire, dissimulation
volontaire, organisation d’insolvabilité ou obstacles au recouvrement, ou toute autre action frauduleuse dans ce
cadre)

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 48


L’analyse des éléments complémentaires recueillis, mais aussi le comportement du client dans cette
démarche, sont autant d’éléments à prendre en compte pour finaliser un avis final. Si le doute
persiste, la déclaration doit être effectuée.

EXEMPLES DE QUESTIONS A SE POSER AVANT DE DECLARER

1. Le client/la relation d’affaires a-t-il été identifié et son identité vérifiée conformément aux
dispositions législatives et réglementaires applicables ?
2. Les éléments figurant à son dossier concernant son activité et ses revenus sont-ils à jour ?
3. Permettent-ils de comprendre la justification économique ou l’objet de l’opération atypique
examinée ?
4. Dans la classification des risques, à quelle catégorie le client/la relation d’affaires est-il/elle
rattaché(e) ?
5. A-t-il récemment effectué d’autres opérations atypiques ?
6. Est-ce que le client/la relation d’affaires est titulaire d’autres comptes ou contrats d’assurance
ou le bénéficiaire effectif d’autres comptes, contrats d’assurance ou opérations?
7. Des opérations atypiques ont-elles été récemment effectuées sur ces comptes ou contrats
d’assurance également?
8. Le client/la relation d’affaires a-t-il /elle été interrogé(e) au sujet de cette (ces) opération(s) ?

Source : Lignes directrices conjointes de l’ACPR et de Tracfin sur la déclaration de soupçon

Les tentatives d’opération doivent être déclarées. Si elles portent sur un client qui n’est pas
encore en relation d’affaires, les informations disponibles sont généralement moins précises que
s’agissant d’une relation d’affaires établie.

2.4. CAS SPECIFIQUES DE DECLARATION SYSTEMATIQUE

DECLARATION RELATIVE AUX OPERATIONS FINANCIERES PRESENTANT UN RISQUE ELEVE

CMF L.561-15-1: I - Les personnes morales mentionnées à l’article L.561-2 adressent au


service mentionné à l’article L.561-23 les éléments d’information relatifs à certaines opérations
présentant un risque élevé de blanchiment ou de financement du terrorisme en raison du pays
ou du territoire d’origine ou de destination des fonds, de la nature des opérations en cause ou
des structures juridiques impliquées dans ces opérations. Un décret en Conseil d’Etat fixe les
conditions d’application du présent article en ce qui concerne notamment les personnes et les
opérations concernées ainsi que les modalités de transmission de l’information.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 49


DECLARATION RELATIVE A UNE OPERATION NON ENCORE EXECUTEE

CMF L.561-16 - Les personnes morales mentionnées à l’article L.561-2 s’abstiennent


d’effectuer toute opération portant sur des sommes dont elles savent, soupçonnent ou ont de
bonnes raisons de soupçonner qu’elles proviennent d’une infraction passible d’une peine
privative de liberté supérieure à un an ou sont liées au financement du terrorisme jusqu’à ce
qu’elles aient fait la déclaration prévues à l’art. L.561-15. Elles ne peuvent alors procéder à la
réalisation de l’opération que si les conditions prévues au quatrième alinéa de l’art. L.561-24 sont
réunies.

Lorsqu’une opération devant faire l’objet de la déclaration prévue à l’art. L.561-15 a déjà été
réalisée, soit parce qu’il a été impossible de surseoir à son exécution, soit que son report aurait
pu faire obstacle à des investigations portant sur une opération suspectée de blanchiment des
capitaux ou de financement du terrorisme, soit qu’il est apparu postérieurement à sa réalisation
qu’elle était soumise à cette déclaration, la personne mentionnée à l’art. L.561-2 en informe sans
délai le service prévu à l’art. L561-23.

FOCUS SUR LES 16 CRITERES DE LA FRAUDE FISCALE A PRENDRE EN COMPTE DANS LE


CADRE DE L’OBLIGATION DE DECLARATION ( DECRET N° 2009-874)

1° Utilisation de sociétés écran dont l’activité n’est pas cohérente avec l’objet social ou ayant leur siège
social dans un État qui n’a pas conclu de convention fiscale avec la France
2° Réalisation d’opérations par des sociétés faisant des changements statutaires fréquents et non justifiés
par la situation économique de l’entreprise
3° Recours à l’interposition de personnes physiques n’intervenant qu’en apparence
4° Réalisation d’opérations incohérentes au regard des activités habituelles de l’entreprise ou d’opérations
suspectes dans des secteurs sensibles (informatique, téléphonie, matériel électronique, secteur sensible
à la fraude à la TVA, …)
5° Opérations significatives et inexpliquées sur des comptes nouvellement ouverts ou jusque-là inactifs
6° Présence d’anomalies dans les factures (absence de numéro RCS, de numéro de TVA, d’adresse, …)
7° Recours inexpliqués à des comptes de passage (soldes souvent proches de zéro)
8° Retrait ou dépôt fréquent d’espèces sans justification économique
9° Difficulté d’identification des bénéficiaires effectifs (structures complexes, …)
10° Transferts internationaux sans justification économique apparente ;
11° Refus ou impossibilité du client de produire des pièces quant à la provenance des fonds
12° Transfert de fonds vers un pays étranger suivi de leur rapatriement sous forme de prêts
13° Organisation de l’insolvabilité par la vente rapide d’actifs
14° Utilisation par des personnes domiciliées en France de compte situés à l’étranger
15° Dépôt de fonds sans rapport avec la situation patrimoniale connue
16° Réalisation de transaction immobilière à un prix manifestement sous-évalué.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 50


12.5. LES MODALITES DE LA DECLARATION

Les modalités de déclaration sont fixées à l’article L.561-18. Tracfin ne peut recueillir que des
déclarations émanant de professionnels qui utilisent désormais un mode de transmission
électronique sécurisé via internet : ERMES.

CMF L.561-15 VI – La déclaration mentionnée au présent article est établie par écrit. Elle peut
toutefois être recueillie verbalement, sauf pour les personnes mentionnées à l’art. L.561-17, par
le service mentionné à l’art. L.561-23, dans des conditions permettant à ce dernier de s’assurer
de sa recevabilité.

Ce service accuse réception de la déclaration, sauf si la personne mentionnée à l’art. L561-2 a


indiqué expressément ne pas la souhaiter

VII – Un décret en Conseil d’Etat précise les conditions d’application du présent article et
notamment le contenu et les modalités de transmission de la déclaration ainsi que les conditions
dans lesquelles le service accuse réception de la déclaration et s’assure de sa recevabilité.

CMF L.561-18 - La déclaration mentionnée à l’article L.561-15 est confidentielle.

Sous réserve des dispositions de l’art.44 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 mentionnée ci-
dessus, il est interdit, sous peine des sanctions prévues à l’art. L.574-1, aux dirigeants et
préposés d’organismes financiers, aux personnes mentionnées à l’art. L.561-2, au président de
l’ordre des avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation ou au bâtonnier de l’ordre auprès
duquel l’avocat est inscrit, de porter à la connaissance du propriétaire des sommes ou de
l’auteur de l’une des opérations mentionnées à l’art. L.561-15 ou à des tiers, autres que les
autorités de contrôle, ordres professionnels et instances représentatives nationales visées à
l’art. L.561-36, l’existence et le contenu d’une déclaration faite auprès du service mentionné à
l’art. L561-23 et de donner des informations sur les suites qui ont été réservées à cette
déclaration.

Selon la jurisprudence du Conseil d’Etat, la déclaration doit être effectuée


en « temps utile ». Les déclarations tardives peuvent être reconsidérées comme exclusives
1
de la bonne foi .

1
Commission des Sanctions ACP-R – Banque Populaire Côte d’Azur - 2013: » « La BPCA, ayant adressé
une DS à Tracfin dans ce dossier, a nécessairement estimé que ces opérations devaient être déclarées ;
qu’elle ne justifie pas les diligences qui expliqueraient qu’elle ait attendu neuf mois pour ce faire alors
même que les retards de la cliente à fournir les explications auraient dû renforcer encore le soupçon ;
que la déclaration effectuée, tardive, équivaut à un défaut de DS ; que le manquement aux obligations
déclaratives est donc établi »

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 51


CMF R.561-31 - Lorsqu’elle établit par écrit, la déclaration mentionnée à l’article L.561-15 est
effectuée au moyen d’un formulaire dont les mentions sont fixées par arrêté du ministre chargé
de l’économie.

Cette déclaration, dactylographiée et dûment signée, est transmise au service mentionné à


l’article R.561-33 selon des modalités définies par arrêté du ministre de l’économie. Cet arrêté
peut prévoir l’obligation, pour tout ou partie des personnes mentionnées à l’article L.561-2,
d’effectuer la déclaration par voie électronique au moyen d’une application informatique spéciale
accessible par le réseau internet.

II. – Lorsqu’elle est effectuée verbalement, la déclaration est recueillie par le service mentionné à
l’article L.561-23 en présence du déclarant désigné conformément aux dispositions du I. de
l’article L.561-23

III. – En annexe

IV. – La déclaration est accompagnée, le cas échéant, de toute pièce utile à son exploitation par
le service mentionné à l’article R.561-33

V. – Lorsque le service mentionné à l’article R.561-33 constate qu’une déclaration ne satisfait pas
à l’une des conditions prévues aux I, II et III, il invite le déclarant à régulariser dans un délai d’un
mois en informant qu’à défaut de régularisation celle-ci ne pourra être prise en compte pour
l’application des dispositions des I à IV de l’article L.561-22

12.6. CONTENU ET TRANSMISSION DE LA DECLARATION

L’arrêté du 6 juin 2013 fixe les modalités de transmission de la déclaration effectuée en


application de l’article L.561-15 du CMF et d’information du déclarant de l’irrecevabilité de sa
déclaration :

Art. 1e − Le formulaire mentionné à l’article R. 561-31-I comporte, outre les mentions qui
correspondent
aux renseignements et éléments d’information prévus aux 1o à 6o du II de cet article, des mentions
complétées en fonction des informations complémentaires en possession du déclarant, notamment :
– pour les personnes physiques : l’activité professionnelle et les éléments de patrimoine ;
– pour les personnes morales : le numéro d’immatriculation au registre du commerce et des
sociétés, la forme juridique et le secteur d’activités.

Art. 2. − Les personnes mentionnées à l’article L. 561-2 effectuent la déclaration prévue à l’article L.
561-15au service défini à l’article L. 561-23, au moyen de la plate-forme sécurisée ERMES
(échanges de renseignements par messages en environnement sécurisé), dont le fonctionnement
répond aux caractéristiques suivantes :
– une téléprocédure par internet ;
– la dématérialisation de la déclaration prévue à l’article L. 561-15 ;
– l’authentification du déclarant et la signature électronique de la déclaration et de l’accusé de
réception;
– l’envoi dématérialisé et sécurisé ;
– le respect des recommandations du référentiel général de sécurité prévues par le décret du 2
février 2010 susvisé.

Art. 3. − Par dérogation à l’article 2, les intermédiaires d’assurance mentionnés au 2o de l’article L.


561-2, les conseillers en investissements financiers mentionnés au 6o et les personnes mentionnées
aux 7o à 17o de ce même article peuvent effectuer la déclaration prévue à l’article L. 561-15 par
voie postale ou par télécopie, au moyen du formulaire dématérialisé, complété de façon
dactylographiée et disponible sur le site internet du service mentionné à l’article L. 561-23.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 52


Art. 4. − En cas d’indisponibilité de la plate-forme ERMES ou en cas d’urgence particulière ne
permettant pas son utilisation, les personnes mentionnées à l’article L. 561-2 effectuent la
déclaration prévue à l’article L. 561-15 selon la procédure définie à l’article 3 du présent arrêté.
Art. 5. − Lorsqu’une déclaration de soupçon effectuée en application de l’article L. 561-15 ne
satisfait pas à l’une des conditions prévues aux I, II et III de l’article R. 561-31, le service mentionné
à l’article L. 561-23 invite le déclarant, dans un délai de dix jours ouvrables à compter de sa
réception, à régulariser sa déclaration en lui précisant les éléments à compléter. Le déclarant
dispose d’un délai d’un mois à compter de cette notification, pour procéder à la régularisation. A
défaut de régularisation dans ce délai, le déclarant est informé via la plate-forme ERMES ou par tout
autre moyen permettant de s’assurer qu’il en a eu connaissance, de l’irrecevabilité de sa déclaration,
au plus tard dans un délai de dix jours ouvrables.
Ces dispositions ne sont pas applicables si les éléments permettant l’identification du déclarant font
défaut.

Art. 6. − Les dispositions du présent arrêté sont applicables dans les îles Wallis et Futuna.

Art. 7. − Le présent arrêté entre en vigueur le 1er juillet 2013 pour les personnes mentionnées à
l’article L. 561-2 à l’exception des intermédiaires d’assurance mentionnés au 2o, des conseillers en
investissements financiers mentionnés au 6o et des personnes mentionnées aux 7o à 17o de ce
même article pour lesquels le présent arrêté entre en vigueur le 1er septembre 2013.

Art. 8. − Le directeur du service à compétence nationale TRACFIN est chargé de l’exécution du


présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

12.7. LES MANQUEMENTS AUX OBLIGATIONS DE DECLARATION CONSTATES PAR TRACFIN


RISQUE D’IRRECEVABILITE DE LA DECLARATION

Tracfin publie un rapport annuel d’activité dans lequel est notamment décryptée l’activité déclarative
desSiassujettis
la déclaration transmise, en toute bonne foi par un assujetti, ne respecte pas les critères de
fond et de forme, Tracfin peut déclarer l’irrecevabilité du document exposant ainsi l’assujetti à
un risque de non-déclaration.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 53


13. OBLIGATIONS RELATIVES AU GEL DES AVOIRS

Arrêté 3/11/2014 Art. 47 - Les entreprises assujetties se dotent également de dispositifs


adaptés à leurs activités permettant de détecter toute opération au bénéfice d’une personne ou
d’une entité faisant l’objet d’une mesure de gel des fonds, instruments financiers et ressources
économiques

Arrêté 3/11/2014 Art. 48 - L’obligation prévue à l’article 47 ne s’applique pas en cas de transfert
en provenance :
- D’un Etat membre de l’Union européenne ou d’un Etat partie à l’accord sur l’Espace
économique européen si les entreprises assujetties n’ont pas connaissance de l’identité du
1
donneur d’ordre en application de l’article 6 du règlement n°1781/2006 susvisé ;
- D’un Etat ou territoire associé au titre de l’article 17 du règlement n°1781/2006 susvisé ;
- De Saint Pierre-et-Miquelon, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française et des îles
Wallis et Futuna si les entreprises assujetties n’ont pas connaissance de l’identité du donneur
d’ordre en application de l’article .713-5 du Code monétaire et financier.

13.1. DEFINITIONS

CMF L.562-1 - Pour l'application du présent chapitre, on entend par :

1° “ Acte de terrorisme ” : les actes définis au 4° de l'article 1er du règlement (UE) n° 2580/2001
du Conseil du 27 décembre 2001 concernant l'adoption de mesures restrictives spécifiques à
l'encontre de certaines personnes et entités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ;

2° “ Fonds ” : les actifs financiers et les avantages économiques de toute nature, notamment :

a) Le numéraire, les créances en numéraire, les traites, les ordres de paiement et autres
instruments ou moyens de paiement ;

b) Les dépôts de fonds auprès des personnes mentionnées à l'article L. 562-4 tels que les fonds
remboursables du public détenus ou versés sur des comptes de dépôts, les fonds versés sur un
compte de paiement, les fonds investis dans des produits d'épargne tels que ceux régis par le
titre II du livre II, les fonds versés dans le cadre de contrat individuel ou collectif de gestion
d'actifs, les soldes de ces comptes ou contrats ;

c) Les fonds versés sur des contrats d'assurance régie par le chapitre II du titre III du livre Ier du
code des assurances ainsi que la valeur de rachat de ces contrats ;

d) Les créances ;

e) Les instruments financiers régis par le titre Ier du livre II et leur équivalent en droit étranger,
notamment les titres de créances, les titres de propriété et d'emprunt, tels que les actions, les
certificats représentatifs de valeurs mobilières, les obligations, les billets à ordre, les warrants,
les obligations non garanties et les contrats financiers ;

f) Les intérêts, les dividendes ou autres revenus d'actifs ou plus-values perçus sur des actifs ;

g) Les opérations de crédit au sens de l'article L. 313-1 ou leur équivalent en droit étranger
notamment les prêts, les avals, les cautionnements, les garanties, les garanties de bonne
exécution ou tout autre engagement financier ;

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 54


h) Les lettres de crédit, les connaissements, les contrats de vente ;

i) Le droit à compensation ;

j) Tout document attestant la détention de parts d'un fonds ou de ressources financières ;

k) Tout instrument de financement à l'exportation ;

3° “ Ressources économiques ” : les avoirs de toute nature, corporels ou incorporels, mobiliers


ou immobiliers, qui ne sont pas des fonds mais qui peuvent être utilisés pour obtenir des fonds,
des biens ou des services. Sont également considérées comme des ressources économiques
au sens du présent chapitre, les opérations d'assurance ne portant pas sur les branches vie-
décès ou nuptialité-natalité, n'étant pas liées à des fonds d'investissement, ne relevant pas des
opérations comportant la constitution d'associations réunissant des adhérents en vue de
capitaliser en commun leurs cotisations et de répartir l'avoir ainsi constitué soit entre les
survivants, soit entre les ayants droit des décédés, ou ne relevant pas des branches de
capitalisation ou de gestion de fonds collectifs ou de toute opération à caractère collectif définie
à la section 1 du chapitre Ier du titre IV du livre IV du code des assurances ;

4° “ Détention et contrôle ” : la détention et le contrôle au sens des 5° et 6° de l'article 1er du


règlement (CE) n° 2580/2001 du Conseil du 27 décembre 2001 concernant l'adoption de
mesures restrictives spécifiques à l'encontre de certaines personnes et entités dans le cadre de
la lutte contre le terrorisme ;

5° “ Gel des fonds ” : toute action tendant à empêcher un changement de leur volume, montant,
localisation, propriété, possession, nature, destination ou toute autre modification qui pourrait
permettre leur utilisation, notamment la gestion de portefeuille ;

6° “ Gel des ressources économiques ” : toute action tendant à empêcher leur utilisation afin
d'obtenir des fonds, des biens ou des services de quelque manière que ce soit, notamment leur
vente, leur location ou leur mise sous hypothèque.

CMF L.562-2 - En application des résolutions adoptées dans le cadre du chapitre VII de la
charte des Nations unies ou des actes pris en application de l’article 15 du traité sur l’Union
européenne, le ministre chargé de l’économie peut décider le gel, pour une durée de six mois,
renouvelable,, de tout ou partie des fonds, instruments financiers et ressources économiques
détenus par des personnes mentionnées à l’article L.561-2 qui appartiennent à des personnes
physiques ou morales, organismes ou entités qui ont commis, commettent ou, de par leurs
fonctions, sont susceptibles de commettre des actes sanctionnés ou prohibés par ces
résolutions ou ces actes, les facilitent ou y participent et à des personnes morales détenues par
ces personnes physiques ou contrôlées, directement ou indirectement, par elles. Les fruits
produits par les fonds, instruments et ressources susmentionnées sont également gelés.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 55


13.2. PRINCIPE

CMF L.562-4 – Toute personne mentionnée à l'article L. 561-2, qui détient ou reçoit des fonds ou
des ressources économiques pour le compte d'un client, est tenue d'appliquer sans délai les
mesures de gel et les interdictions de mise à disposition ou d'utilisation prévues au présent
chapitre et d'en informer immédiatement le ministre chargé de l'économie.

II. – Les personnes morales de droit public, les organismes chargés de la gestion d'un service
public ainsi que les caisses et les organismes chargés de la gestion d'un régime de protection
sociale non mentionnés à l'article L. 561-2 sont tenus d'appliquer les interdictions de mise à
disposition ou d'utilisation prévues au présent chapitre.

CMF L.562-3 - Le ministre chargé de l'économie peut décider, pour une durée de six mois,
renouvelable, le gel des fonds et ressources économiques :

1° Qui appartiennent à, sont possédés, détenus ou contrôlés par des personnes physiques ou
morales, ou toute autre entité qui commettent, tentent de commettre, facilitent ou financent des
actions sanctionnées ou prohibées par les résolutions adoptées dans le cadre du chapitre VII de
la charte des Nations unies ou les actes pris en application de l'article 29 du traité sur l'Union
européenne, y participent ou qui sont désignées par ces résolutions ou ces actes ;

2° Qui appartiennent à, sont possédés, détenus ou contrôlés par des personnes morales ou toute
autre entité elles-mêmes détenues ou contrôlées par les personnes mentionnées au 1° ou
agissant sciemment pour le compte ou sur instructions de celles-ci.

CMF L.562-5 – Il est interdit aux personnes mentionnées à l'article L. 562-4 de mettre à
disposition directement ou indirectement, ou d'utiliser des fonds ou ressources économiques au
profit des personnes dont les fonds et ressources économiques font l'objet d'une mesure de gel
en vertu des articles L. 562-2 ou L. 562-3.

CMF L562-6 - Il est interdit aux personnes mentionnées à l'article L. 562-4 de participer,
sciemment et volontairement, à des activités ayant pour objet ou pour effet de contourner les
mesures prises en vertu du présent chapitre.

CMF L562-7 - Les interdictions prévues au présent chapitre ne font pas obstacle aux versements
de fonds sur les comptes détenus auprès des personnes mentionnées à l'article L. 561-2, dont les
fonds sont gelés en vertu des articles L. 562-2 ou L. 562-3. Les personnes mentionnées à l'article
L. 562-4, qui créditent un compte dont les fonds sont gelés en informent sans délai le ministre
chargé de l'économie.

CMF L562-8 - Les décisions de gel et les interdictions prévues aux articles L. 562-2, L. 562-3 et
L. 562-5 ou les mesures de gel mises en œuvre en vertu des actes pris en application de l'article
29 du traité sur l'Union européenne ou de l'article 75 du traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne peuvent, à la demande du ministre chargé de l'économie, être publiées au fichier
immobilier ou au livre foncier dont dépend le bien immobilier appartenant à la personne dont les
fonds et ressources économiques sont gelés.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 56


14. LES OBLIGATIONS DE FORMATION ET D’INFORMATION

Arrêté du 3/11/2014 Art 44 & 45 - 44. Les entreprises assujetties veillent à ce que les
personnels dont l'activité est exposée à des risques de blanchiment des capitaux et de
financement du terrorisme soient en mesure de faire preuve d'une vigilance adaptée à ces
risques.

45. Aux fins mentionnées à l’article 44, les entreprises assujetties veillent à ce que la formation
et l'information de ces personnels, prévues à l'article L. 561-33 du code monétaire et financier,
soient adaptées à leurs activités, en tenant compte des risques identifiés par la classification et
du niveau de responsabilité exercé.

14.1 OBLIGATION DE FORMATION ET D’INFORMATION DU PERSONNEL EXPOSE

La formation et l'information des personnels portent notamment sur les procédures indiquant les
opérations sur lesquelles ils doivent faire preuve d'une vigilance particulière au regard des risques
identifiés par la classification établie par l'entreprise assujettie.

Toute personne dans l’exercice de ses fonctions est tenue au principe de vigilance dans la relation
d’affaires. Si une transaction ou une opération présente un caractère inhabituel, atypique,
particulièrement complexe ou sans justification économique, ce dernier est tenu de pas réaliser la
transaction demandée et de remonter l’alerte à sa hiérarchie et à son service de sécurité financière
dans les plus brefs délais, afin de répondre à son obligation LCB / FT.

14.2. ECHANGES D’INFORMATION INTRA -GROUPE

Afin d’établir un dispositif LCB / FT robuste, la réglementation requière des assujettis qu’ils
informent, selon des modalités très spécifiques, les autres sociétés du groupe, le cas échéant, en
application de l’article L.511-34 2°.

Ces échanges sont possibles uniquement entre des sociétés appartenant à un même groupe qui
sont :

- les organismes financiers,

- les personnes assujetties aux obligations LCB/FT qui ne sont pas des organismes
financiers,
- les entités qui ne sont ni des organismes financiers n assujetties à la LCB /FT.

La nature des informations ne peuvent porter que sur des « informations nécessaires à la vigilance
en matière LCB/FT » :
- les éléments d’informations relatifs à des situations anormales,

- les informations relatives aux clients (données d’identification, bénéficiaire effectif…),


- les informations relatives à l’objet et à la nature des relations d’affaires,

- tout autre élément d’information pertinent sur le client et ses opérations.

La procédure autorisant la circulation de l'information doit notamment:

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 57


- préciser les modalités de traitement des informations,

- définir les fins du traitement,


- rappeler que ces échanges s’inscrivent dans le respect d’obligations équivalentes en
matière de secret professionnel,

- s’effectuer dans le respect des obligations relatives à la protection des données,

- désigner les personnes habilitées à participer aux échanges d’information


- préciser les limites aux échanges, en particulier lorsque le droit local applicable ne permet
de mettre en œuvre des mesures équivalentes,
- définir les modalités de contrôle, de remontée des anomalies et la mise en œuvre de
mesures correctives.

14.3 ECHANGE DANS LE CADRE DE L’ARTICLE L.561-20 DU CMF

Les modalités d'échanges spécifiquement liés à une déclaration de soupçon sont définies au L.561-
20 ; ils ne peuvent avoir lieu qu'entre sociétés / personnes d'un même groupe et ne visent qu’à
mieux prévenir la LCB / FT.

CMF L.561-20 : I. – Par dérogation à l'article L. 561-18, les personnes mentionnées aux 1° à 6°
de l'article L. 561-2, les compagnies financières holding, les entreprises mères de sociétés de
financement, les compagnies financières holding mixtes, les entreprises mères de sociétés de
groupe d'assurance, d'unions mutualistes de groupe ou de sociétés de groupe assurantiel de
protection sociale qui appartiennent à un même groupe, tel que défini au III de l'article L. 511-
20 du présent code, aux articles L. 322-1-2, L. 322-1-3 et L. 356-2 du code des assurances,
aux articles L. 111-4-2 du code de la mutualité et à l'article L. 931-2-2 du code de la sécurité
sociale, s'informent de l'existence et du contenu de la déclaration prévue à l'article L. 561-
15 lorsque les conditions suivantes sont réunies :

a) Les informations ne sont échangées qu'entre personnes d'un même groupe soumises à
l'obligation de déclaration prévue à l'article L. 561-15 ;

b) Les informations divulguées sont nécessaires à l'exercice, au sein du groupe, de la vigilance


en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et seront
exclusivement utilisées à cette fin ;

c) Les informations sont divulguées à une personne ou un établissement non établi dans un
pays tiers figurant sur la liste publiée par la Commission européenne en application de l'article 9
de la directive (UE) 2015/849 du 20 mai 2015 relative à la prévention de l'utilisation du système
financier aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme ;

d) Le traitement des informations réalisé dans le pays mentionné au c garantit un niveau de


protection suffisant de la vie privée et des libertés et droits fondamentaux des personnes
conformément aux articles 68 et 69 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978.

Ces échanges ne peuvent intervenir que de manière limitative et cloisonnée.


Les éléments d’informations sur l’existence d’une déclaration et sur les faits relatés peuvent
être échangés. En revanche, la déclaration ne peut en aucun cas faire l’objet d’une
communication.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 58


14.4. LES ECHANGES D’INFORMATION EN DEHORS DU GROUPE

En dehors d’un groupe, les entreprises assujetties sont autorisées à échanger sur l’existence et le
contenu de la déclaration dans le cadre strict de l’article L.561-21.
Les procédures doivent prévoir :
- nominativement, les personnes habilitées à procéder à ces échanges,
- les précautions à prendre afin d’assurer que les personnes dont les sommes et les
opérations font l’objet d’une déclaration n’en soient pas informées,
- que les informations échangées ne soient pas utilisées à d’autres fins que la LCB / FT.

CMF L.561-20 : I. – Par dérogation à l'article L. 561-18, les personnes mentionnées aux 1° à 6° de
l'article L. 561-2, les compagnies financières holding, les entreprises mères de sociétés de
financement, les compagnies financières holding mixtes, les entreprises mères de sociétés de
groupe d'assurance, d'unions mutualistes de groupe ou de sociétés de groupe assurantiel de
protection sociale qui appartiennent à un même groupe, tel que défini au III de l'article L. 511-
20 du présent code, aux articles L. 322-1-2, L. 322-1-3 et L. 356-2 du code des assurances,
aux articles L. 111-4-2 du code de la mutualité et à l'article L. 931-2-2 du code de la sécurité
sociale, s'informent de l'existence et du contenu de la déclaration prévue à l'article L. 561-
15 lorsque les conditions suivantes sont réunies :
a) Les informations ne sont échangées qu'entre personnes d'un même groupe soumises à
l'obligation de déclaration prévue à l'article L. 561-15 ;
b) Les informations divulguées sont nécessaires à l'exercice, au sein du groupe, de la vigilance en
matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et seront
exclusivement utilisées à cette fin ;
c) Les informations sont divulguées à une personne ou un établissement non établi dans un pays
tiers figurant sur la liste publiée par la Commission européenne en application de l'article 9 de la
directive (UE) 2015/849 du 20 mai 2015 relative à la prévention de l'utilisation du système financier
aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme ;
d) Le traitement des informations réalisé dans le pays mentionné au c garantit un niveau de
protection suffisant de la vie privée et des libertés et droits fondamentaux des personnes
conformément aux articles 68 et 69 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978.

II. – Par dérogation à l'article L. 561-18, les personnes mentionnées aux 12°, 12° bis, 13° de
l'article L. 561-2, qui appartiennent au même réseau ou à une même structure d'exercice
professionnel, s'informent au sein du réseau ou de la structure d'exercice professionnel de
l'existence et du contenu de la déclaration prévue à l'article L. 561-15 lorsque les conditions
suivantes sont réunies :
a) Les informations ne sont échangées qu'entre personnes d'un même réseau ou d'une même
structure d'exercice professionnel soumises à l'obligation de déclaration prévue à l'article L. 561-
15 ;
b) Les informations divulguées sont nécessaires à l'exercice, au sein du réseau ou de la structure
d'exercice professionnel, de la vigilance en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et
le financement du terrorisme et seront exclusivement utilisées à cette fin ;
c) Les informations sont divulguées à une personne ou un établissement situé en France ou dans
un autre Etat membre de l'Union européenne, dans un Etat partie à l'espace économique
européen ou dans un pays tiers imposant des obligations équivalentes en matière de lutte contre
le blanchiment et le financement du terrorisme figurant sur une liste fixée par arrêté du ministre
chargé de l'économie ;
d) Le traitement des informations réalisé dans le pays mentionné au c) garantit un niveau de
protection suffisant de la vie privée et des libertés et droits fondamentaux des personnes
conformément aux articles 68 et 69 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 59


15. LES REPORTINGS REGLEMENTAIRES

Au titre de l’article L.612-24, précisé par instruction de l’ACP-R, les PSI remplissent le questionnaire
dédié au dispositif de lutte contre le blanchiment sur une base annuelle. Ce questionnaire se décline
en 7 parties :
- L’organisation du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme

- Le contrôle interne
- Les obligations de vigilance à l’égard de la clientèle
- Les obligations déclaratives
- Le dispositif et outil de gel des avoirs

- L’approche groupe
- Les données statistiques

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 60


Chapitre 4

Sanctions Internationales et Embargos

1.

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES DU CHAPITRE

OBJECTIFS DU CHAPITRE
Appréhender le concept des sanctions internationales et des embargos
appliqué aux organismes financiers
Comprendre les notions et principes fondamentaux sous-jacents aux
obligations professionnelles

SOURCES – REFERENCES CLES


Savoir mettre en place un dispositif adéquat et proportionné
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/sanctions-financieres-
internationales
Comprendre les exigences qui s’appliquent aux collaborateurs

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 61


1. DEFINITION ET CADRE LEGAL

Les sanctions économiques et financières internationales sont un instrument de la politique


étrangère d’un pays. À l’encontre d’un pays tiers, les sanctions visent à interdire, ou restreindre, ou
contraindre le commerce de biens, de technologies et de services cibles et peuvent inclure des
mesures de gel d’avoirs à l’égard de personnes, d’organismes et d’entités lies au pays. Lorsque des
mesures de gel d’avoirs sont prises à l’égard de personnes, d’organismes et d’entités, les sanctions
visent notamment à imposer un gel de leurs fonds et de leurs ressources économiques, ainsi que de
leurs transactions financières ou commerciales.
La France distingue trois types de sanctions:

- Sanctions décidées par l’ONU : une Résolution du Conseil de Sécurité de


l’Organisation des Nations Unies met en place un régime de sanctions financières,
économiques et commerciales, à charge pour chaque pays de le transposer en
droit interne et de l’appliquer.
S’agissant des Etats membres de l’Union européenne, la mise en œuvre des Résolutions CSNU
peut être faite, en tout ou partie, par l’Union européenne des lors que les domaines d’actions
relèvent de l’Union.
- Sanctions mises en œuvre au niveau européen : elles sont un outil de la
politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et prennent la forme d’une
décision/PESC de l’Union. Lorsque les décisions engagent une action dans les
domaines de compétence des Communautés européennes, elles sont mises en
œuvre par un Règlement (UE) du Conseil ou de la Commission. Les règlements
(UE) entrent en vigueur dans l’ordre juridique français des leur publication au
Journal Officiel de l’Union européenne.
- Sanctions mises en œuvre au niveau national : elles sont mises en œuvre par
décret ou arrêté en application des articles L151-2, L562-1 ou L562-2 du code
monétaire et financier. Les articles L562-1 et 2 sont mis en œuvre conformément
aux articles L562-3 à 562-11 de ce même code.

2. QUI DOIT APPLIQUER LES SANCTIONS INTERNATIONALES ?

i) Toute personne physique se trouvant sur le territoire français, quelle que soit sa nationalité.
ii) Toute personne physique de nationalité française ne se trouvant pas sur le territoire national.
Toutefois, s’agissant des personnes physiques à l’étranger exerçant au sein d’une personne morale,
d’un organisme ou d’une entité établi à l’étranger n’ayant pas à appliquer le Règlement (UE), les
particularités suivantes s’appliquent :
o dans le cas particulier d’un employé non dirigeant, l’employé non dirigeant n’est pas responsable
de la politique économique, financière et commerciale conduite par la société qui l’emploie. La
personne physique redevient responsable de ses actes des lors qu’elle n’agit plus dans le cadre de
l’entité qui l’emploie.
o dans le cas particulier d’un dirigeant, la personne physique est responsable de la politique
économique, financière et commerciale conduite par une personne morale, un organisme ou une
entité des lors que c’est sous sa conduite que cette politique est menée. Dans le cas particulier où la
direction d’entreprise est partagée, il appartiendrait au juge d’établir les responsabilités.
o dans le cas particulier d’une personne bénéficiant du statut diplomatique. Elle se doit d’appliquer le
Règlement (UE), toutefois en cas d’infraction, elle bénéficie de l’immunité́ d’exécution à son

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 62


encontre. Dans ces conditions, le gouvernement Français se réserverait le droit de lui retirer son
agrément et d’envisager son expulsion. L’attention est attirée sur le fait que toute personne
travaillant pour une ambassade ne bénéficie pas nécessairement d’un statut diplomatique.
iii) par et à bord de tout navire et aéronef immatriculé dans l’Union européenne, et dans l’espace
aérien de l’Union européenne. Par extension, les personnes, organismes(UE) et contrôlant ou
possédant des navires et aéronefs non immatricules dans l’Union européenne doivent tout mettre en
œuvre pour que ces navires et aéronefs appliquent la règlementation (UE).
iv) une entité de droit français établie à l’étranger.
v) une entité de droit non européen établie dans un pays non européen lorsque la transaction qu’elle
réalise tout ou en partie avec l’Union européenne est en infraction avec les dispositions du
Règlement (UE). Ce qui est interdit à un Européen ne saurait donc entre importé dans l’Union ou
financé via l’Union par un non Européen.

3. SANCTIONS EN CAS DE NON-RESPECT DES SANCTIONS INTERNATIONALES

Code des Douanes Art. 459.

1. Quiconque aura contrevenu ou tenté de contrevenir à la législation et à la règlementation


des relations financières avec l'étranger, soit en ne respectant pas les obligations de
déclaration ou de rapatriement, soit en n'observant pas les procédures prescrites ou les
formalités exigées, soit en ne se munissant pas des autorisations requises ou en ne
satisfaisant pas aux conditions dont ces autorisations sont assorties sera puni d'une peine
d'emprisonnement de cinq ans, de la confiscation du corps du délit, de la confiscation des
moyens de transport utilisés pour la fraude, de la confiscation des biens et avoirs qui sont le
produit direct ou indirect de l'infraction et d'une amende égale au minimum au montant et au
maximum au double de la somme sur laquelle a porté l'infraction ou la tentative d'infraction.

1 bis. Est puni des mêmes peines le fait, pour toute personne, de contrevenir ou de tenter de
contrevenir aux mesures de restriction des relations économiques et financières prévues par
la règlementation communautaire prise en application de l'article 215 du traité sur le
fonctionnement de l'Union européenne ou par les traites et accords internationaux
régulièrement approuvés et ratifiés par la France.

4. PANORAMA DES SANCTIONS INTERNATIONALES AU 01/01/2017

http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/428577

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 63


Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 64
Chapitre 4

Lutte contre la Corruption

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES DU CHAPITRE

OBJECTIFS DU CHAPITRE
Cadre réglementaire de la lutte contre la corruption

Comprendre les notions et principes fondamentaux sous-jacents aux


obligations professionnelles
SOURCES – REFERENCES CLES
Savoir mettre en place un dispositif adéquat et proportionné
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/lutte-contre-la-corruption

Comprendre les exigences qui s’appliquent aux collaborateurs

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 65


1. DEFINITION ET CADRE LEGAL

La corruption est un comportement pénalement répréhensible par lequel une personne (le
corrompu) sollicite, agrée ou accepte un don, une offre ou une promesse, des présents ou des
avantages quelconques en vue d'accomplir, de retarder ou d'omettre d'accomplir un acte entrant
d'une façon directe ou indirecte dans le cadre de ses fonctions.

L'infraction a une double portée puisqu'elle recouvre l'existence d'un corrompu et d'un corrupteur.
Le Code pénal (art. 435-1, 435-3, 445-1 et 445-2) distingue ainsi la corruption active, qui est le fait
du corrupteur, et la corruption passive, qui est le fait du corrompu.
Les fonctions du corrompu peuvent être aussi bien publiques que privées mais leur caractère public
va entraîner une peine plus lourde que celle prévue pour la corruption privée.
- Si la corruption porte sur des personnes :

o dépositaires de l’autorité publique (magistrats, préfets, militaires, …),

o chargées d’une mission de service public (clercs de notaire, huissiers de justice,


mandataires judiciaires…)

investies d’un mandat électif (élus locaux, parlementaires..), des dispositions spéciales sont prévues
par le Code pénal du fait de la gravité de l'infraction. Celle-ci n'est alors plus considérée comme un «
simple » délit mais comme un crime.

- La corruption privée concerne, pour sa part, toutes les personnes n'entrant pas dans les trois
catégories précédentes et qui exercent, dans le cadre d'une activité professionnelle ou sociale,
une fonction de direction ou un travail pour le compte d'une personne physique ou morale ou
d'un organisme quelconque. Sont donc notamment compris dans cette définition les dirigeants
d'associations, de fondations ou d'ONG, mais aussi les médecins ou encore les arbitres.

2. SANCTIONS

La corruption est sévèrement sanctionnée par le Code pénal (Art. 432-11 et s., 433-1 et s., 435-1 et
s., 445-1 et s.).
La loi prévoit que le corrompu et le corrupteur encourent chacun une peine maximale de 10 ans
d'emprisonnement ainsi qu'une amende pouvant atteindre jusqu'à 1 million d'euros.

Outre ces sanctions, corrompu et corrupteur s'exposent également à des peines complémentaires et
notamment à l'interdiction d'exercer une fonction publique ou l'activité professionnelle ou sociale
concernée par l’infraction.

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 66


ANNEXES

ANNEXE 1 - ARTICLE D.561-32-1

Créé par Décret n°2009-1087 du 2 septembre 2009 - art. 2


I. La déclaration prévue au II de l'article L. 561-15 du code monétaire et financier est effectuée par les
personnes mentionnées à l'article L. 561-2 du même code en fonction de la spécificité de leur
profession, conformément aux obligations de vigilance exercées sur leur clientèle et au regard des
pièces et documents qu'elles réunissent à cet effet.
II. II.- Les critères mentionnés au II de l'article L. 561-15 sont les suivants :

1° L'utilisation de sociétés écran, dont l'activité n'est pas cohérente avec l'objet social ou ayant
leur siège social dans un Etat ou un territoire qui n'a pas conclu avec la France une convention
fiscale permettant l'accès aux informations bancaires, identifié à partir d'une liste publiée par
l'administration fiscale, ou à l'adresse privée d'un des bénéficiaires de l'opération suspecte ou
chez un domiciliataire au sens de l'article L. 123-11 du code de commerce ;

2° La réalisation d'opérations financières par des sociétés dans lesquelles sont intervenus des
changements statutaires fréquents non justifiés par la situation économique de l'entreprise ;

3° Le recours à l'interposition de personnes physiques n'intervenant qu'en apparence pour le


compte de sociétés ou de particuliers impliqués dans des opérations financières ;

4° La réalisation d'opérations financières incohérentes au regard des activités habituelles de


l'entreprise ou d'opérations suspectes dans des secteurs sensibles aux fraudes à la TVA de type
carrousel, tels que les secteurs de l'informatique, de la téléphonie, du matériel électronique, du
matériel électroménager, de la hi-fi et de la vidéo ;

5° La progression forte et inexpliquée, sur une courte période, des sommes créditées sur les
comptes nouvellement ouverts ou jusque-là peu actifs ou inactifs, liée le cas échéant à une
augmentation importante du nombre et du volume des opérations ou au recours à des sociétés en
sommeil ou peu actives dans lesquelles ont pu intervenir des changements statutaires récents ;

6° La constatation d'anomalies dans les factures ou les bons de commande lorsqu'ils sont
présentés comme justification des opérations financières, telles que l'absence du numéro
d'immatriculation au registre du commerce et des sociétés, du numéro SIREN, du numéro de
TVA, de numéro de facture, d'adresse ou de dates ;

7° Le recours inexpliqué à des comptes utilisés comme des comptes de passage ou par lesquels
transitent de multiples opérations tant au débit qu'au crédit, alors que les soldes des comptes sont
souvent proches de zéro ;

8° Le retrait fréquent d'espèces d'un compte professionnel ou leur dépôt sur un tel compte non
justifié par le niveau ou la nature de l'activité économique ;

9° La difficulté d'identifier les bénéficiaires effectifs et les liens entre l'origine et la destination des
fonds en raison de l'utilisation de comptes intermédiaires ou de comptes de professionnels non
financiers comme comptes de passage, ou du recours à des structures sociétaires complexes et à

Myriam Bastien Sobotka / 2017-2018 67


des montages juridiques et financiers rendant peu transparents les mécanismes de gestion et
d'administration ;

10° Les opérations financières internationales sans cause juridique ou économique apparente se
limitant le plus souvent à de simples transits de fonds en provenance ou à destination de
l'étranger notamment lorsqu'elles sont réalisées avec des Etats ou des territoires visés au 1° ;

11° Le refus du client de produire des pièces justificatives quant à la provenance des fonds reçus
ou quant aux motifs avancés des paiements, ou l'impossibilité de produire ces pièces ;

12° Le transfert de fonds vers un pays étranger suivi de leur rapatriement sous la forme de prêts ;

13° L'organisation de l'insolvabilité par la vente rapide d'actifs à des personnes physiques ou
morales liées ou à des conditions qui traduisent un déséquilibre manifeste et injustifié des termes
de la vente ;

14° L'utilisation régulière par des personnes physiques domiciliées et ayant une activité en France
de comptes détenus par des sociétés étrangères ;

15° Le dépôt par un particulier de fonds sans rapport avec son activité ou sa situation patrimoniale
connues ;

16° la réalisation d'une transaction immobilière à un prix manifestement sous-évalué.

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E
ANNEXE 2 – QLB (VERSION ANTE-4 DIRECTIVE)

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