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Chapitre 4
Les hacheurs
70 4 Les hacheurs
a) Principe
On supposera d’abord que le générateur et le récepteur sont parfaits : le pre-
mier fournit une tension U constante, le second absorbe un courant I constant.
vK u'
1
i I' U
K1 iK
1
iK
U K2 2
u' t
0
αT T
vK iT = i
2 I'
(a) t
0
iK iK αT T
1 2 vT
I' I' U
vK vK
1 2 t
0 _U 0 0
U αT T
(b) iD
I'
vT
i = iT I'
t
T 0
αT T
vD
vD t
U u' 0
αT T
D
iD
_U
(c)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
(d)
Figure 4.1
U = αU .
En faisant varier α de 0 à 1, on fait varier U de 0 à U.
De même, la valeur moyenne I du courant i vaut
I = α I
On voit qu’au niveau des valeurs moyennes de u et u, de i et i , c’est-à-dire
des composantes utiles de ces grandeurs, le hacheur se comporte comme un
transformateur idéal de rapport de transformation α.
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72 4 Les hacheurs
b) Imperfection du récepteur
En pratique pour qu’on puisse le considérer comme un récepteur de cou-
rant il suffit que le récepteur soit un circuit inductif.
L’assimiler à une source de courant de valeur constante revient à négliger
l’ondulation que la valeur finie de l’inductance et la forme en créneaux de la
tension à ses bornes font apparaître sur le courant.
Prendre en compte les caractéristiques réelles du récepteur permet :
– d’une part d’établir la relation liant la valeur moyenne U de la tension à
ses bornes à la valeur moyenne I du courant qu’il absorbe, cette dernière étant
l’intensité de la source de courant à laquelle on peut assimiler le récepteur si on
néglige l’ondulation du courant i ;
– d’autre part de déterminer, de manière approchée ou exacte, l’ondulation
du courant i autour de sa valeur moyenne.
Si le récepteur est une charge R-L-E série, lorsque la conduction de la diode
au cours de l’intervalle αT < t < T est continue (figure 4.2), la valeur moyenne U
de la tension aux bornes du récepteur égale αU ; elle est liée à la valeur
moyenne I du courant absorbé par
αU − E
αU = RI + E, donc I = où E < αU,
R
puisque la tension aux bornes de L a une valeur moyenne nulle car, en régime
permanent, le courant i retrouve à la fin de la période de hachage la valeur qu’il
avait au début de celle-ci.
À valeurs moyennes imposées de U et E , on règle la valeur de I en agis-
sant sur α. Si, dans les conditions normales de fonctionnement du récepteur, la
tension RI est faible devant U (c’est généralement le cas si le récepteur est un
moteur à courant continu), α est sensiblement égal à E /U.
Pour estimer l’ondulation du courant i , on assimile la tension Ri + E à sa
valeur moyenne RI + E , ce qui revient à supposer que la chute de tension asso-
ciée à l’ondulation de i se retrouve toute entière aux bornes de L :
d i
L = u − (RI + E ) = u − αU
dt
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u'
L U
i'
T αU
R
t
= U
D
u' 0
αT T
= E' i'
i'αT
I'
i'0
t
0
αT T
Figure 4.2
d i (1 − α)U
Pour 0 < t < αT, u = U, =
dt L
1−α
i = i0 + Ut
L
i croît de son minimum i0 à son maximum iαT.
d i αU
Pour αT < t < T, u = 0, =−
dt L
αU
i = iαT − (t − αT)
L
i décroît pour retrouver en t = T la valeur i0.
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U
∆i = iαT − i0 = (1 − α)αT ;
L
elle est maximale pour α = 0, 5 et vaut alors UT/4L.
Les valeurs i0 et iαT sont symétriques par rapport à I
∆i ∆i
i0 = I − ; iαT = I +
2 2
Pour que la conduction soit continue il faut que i soit constamment positif,
donc que l’on ait
∆i U
I > = α(1 − α)T
2 2L
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L u
i u0
Us
is U αT
C t
Us u Hacheur 0
αT T
iC
iC
αI
t
0
αT T
a) ( α – 1) I
is
αT αT T T
(1 + α )
2 2
b)
Figure 4.3
76 4 Les hacheurs
Remarques
• Le filtre d’entrée est un circuit oscillant de pulsation propre
1
ω0 = √
LC
Il faut éviter que le courant i, qui est une grandeur périodique de pulsation
ω égale à 2π/T, ne fasse entrer ce filtre en oscillation. Pour cela, il faut veiller
à ce que ω0 soit sensiblement inférieur à ω.
• Dans de nombreuses applications du hacheur, la valeur moyenne du cou-
rant de sortie i est asservie à une valeur de référence Iw
par action sur le
rapport cyclique α (voir par exemple exercice 3.2). Il s’ensuit, si la charge
impose la valeur moyenne de la tension de sortie, un fonctionnement à
puissance constante. Vue de l’entrée du hacheur, la résistance dynamique
(rapport entre une variation de la tension d’entrée et la variation corres-
pondante du courant d’entrée) est alors négative, ce qui peut conduire à un
fonctionnement instable. Les conditions de cette instabilité dépendent évi-
demment des paramètres du filtre d’entrée (valeurs de L, de C et de leurs
résistances) mais aussi du point de fonctionnement (valeurs du courant de
sortie et de la puissance) et de la valeur de la tension d’entrée.
Une solution permettant d’éviter ce problème consiste à ajouter des élé-
ments résistifs pour assurer un amortissement correct du filtre (voir par
exemple figure 9.2).
vK
1 iK = i' u
I 1
U'
iK K1
2
U'
K2
u t
0
vK αT T
2 i' = iD
I
(a)
iK iK t
1 2 0
I I αT T
vD
αT T t
0
vK vK
1 2
t
0
(c) αT T
78 4 Les hacheurs
I = (1 − α)I
Quand α va de 1 à zéro, U va de 0 à U et I va de 0 à I
Si le générateur est un circuit R, L, E série, lorsque la conduction est conti-
nue (figure 4.6) le courant moyen débité par le générateur est égal à :
E − U E − (1 − α)U
I= = ,
R R
puisque la tension aux bornes de L a une valeur moyenne nulle.
L i u
i'
U'
R D U
u T = U' t
= E 0
αT T
i
iαT
I
i0
t
0
αT T
Figure 4.6
a) Principe
Le schéma avec interrupteurs (figure 4.7) est toujours le même : K1 permet
de relier l’entrée et la sortie, K2 court-circuite la source de courant quand K1 est
ouvert.
• Quand I est positif :
si K1 est fermé (état 1) :
vK1 = 0 , iK1 = I > 0
vK2 = +U , iK2 = 0
si K1 est ouvert (état 2) :
vK1 = +U , iK1 = 0
vK2 = 0 , iK2 = −I < 0 .
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80 4 Les hacheurs
K1
iK
U K2 2
u'
vK
2
iK iK
1 2
(1) (4)
0 (4)(2) 0 (1)(3)
vK vK
1 2
(3) (2)
T1
i I'
D1
U u'
T2 D2
Figure 4.7
b) Lois de commande
c) Exemple d’application
Placé entre une source de tension U constante réversible en courant, une
batterie d’accumulateurs par exemple, et une machine à courant continu
(source de courant de constantes E , R, L), le hacheur réversible en courant
permet :
– de faire varier la vitesse de la machine ;
– que celle-ci fonctionne en moteur (I > 0) ou en génératrice (I < 0) .
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(N) E'
α2 = 0
U α1 = 1
α2 = 0,25
α1 = 0,75
α2 croît
α1 croît
α2 = 0,5
α1 = 0,5
α2 = 0,75
α1 = 0,25
α2 = 1
I'
0 α1 = 0 (C)
Figure 4.8
Remarques
• Avec la commande discontinue, il faut s’assurer que le courant I est nul
avant de changer de loi de commande. Sinon, pour α1 + α2 supérieur à 1, on
commanderait en même temps T1 et T2 mettant la source de tension en
court-circuit.
De plus, lors du débit sur un récepteur présentant une force électromotrice,
tel un moteur, la conduction discontinue entraîne des anomalies de fonc-
tionnement pour les faibles valeurs du courant I (cf. exercice 4.2).
• Avec la commande continue, pour éviter tout risque de court-circuit de la
source par la conduction simultanée de T1 et T2 , il convient d’imposer un
léger retard entre la commande à l’ouverture de T1 et la fermeture de T2 ,
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T1 T2
fermé
u'
U
I '> 0 t
0
T1 αT D2 T
passant
u'
U
I '< 0 t
0 T
D1 αT T2
passant
Figure 4.9
iK vK vK iK
1 2 2
i 1
K1 I' K2
U
K'1 K'2
iK' u'
iK'
1 vK' vK' 2
1 2
Figure 4.10
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84 4 Les hacheurs
Puisque, par moments, le hacheur les relie directement, les sources d’entrée
et de sortie doivent encore être de natures différentes, l’une de tension, l’autre
de courant. Mais on peut commander le transfert entre sources de réversibilités
différentes.
La fermeture des « interrupteurs », K1 et K1 d’une part, K2 et K2 d’autre
part, doit être complémentaire pour que la source de tension ne soit jamais en
court-circuit et la source de courant jamais en circuit ouvert.
Parmi les nombreuses possibilités offertes par la structure en pont, l’une des
plus utilisées correspond au hacheur reliant :
– une source de tension réversible en courant :
U > 0, i>0 ou i < 0
– et une source de courant réversible en courant et en tension :
I > 0 ou I < 0 , u > 0 ou u < 0 .
Nous nous limiterons à l’étude de ce cas.
a) Interrupteurs à utiliser
i
iK
1 iK
1
T1 D1 D2 T2
vK K1 I' K2
1
0 U
K'1 K'2
T'1 D'1 u' T'2
D'2
iK'
1
Figure 4.11
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b) Commande
Commande discontinue
Pour réduire le nombre de commutations, on peut ne commander à la fré-
quence de hachage qu’un seul interrupteur. Un autre, servant d’interrupteur
d’aiguillage, est commandé en permanence à la fermeture tant qu’on n’inverse
pas la tension de sortie.
La figure 4.12 montre, pour les deux signes de U’ et pour chaque signe de
I , les interrupteurs fermés et les semi-conducteurs passants.
Pour U’ positif, on ferme en permanence K2 et pendant α1 T l’interrupteur
K1 . Donc
U = α1 U
• Si I est positif,
pour 0 < t < α1 T , I passe par T1 et T2
pour α1 T < t < T, I passe par T2 et D1
• Si I est négatif,
pour 0 < t < α1 T , I passe par D2 et D1
pour α1 T < t < T, I passe par T1 et D2
Pour U’ négatif, on ferme en permanence K2 et, pendant l’intervalle α1 T, K1 .
Donc :
U = −(1 − α1 )U
• Si I est positif, I passe par D2 et T1 , puis par D1 et D2 .
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86 4 Les hacheurs
K '2 K2
K1 K '1 K1 K '1
u' t
U 0
α 1T T
t u'
0 –U
α1T T
T '2 D2
I '> 0 T1 D'1 I '> 0 T1 D'1
D'2 T2
I '< 0 D1 T '1 I '< 0 D1 T '1
U '> 0 U '< 0
Figure 4.12
K1 K 2' K 1' K2
u'
U
t
0
α1T T
–U
T1 T 2' D1' D2
I '> 0
D1 D2' T1' T2
I '< 0
Figure 4.13
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L’inconvénient de cette commande est que u , tantôt égal à +U, tantôt à −U,
a une forte composante alternative, ce qui rend plus difficile son filtrage.
On peut rendre u’ unidirectionnel en acceptant de ne plus synchroniser la
commande des deux demi-ponts, c’est-à-dire en acceptant une commutation
supplémentaire. La commande des interrupteurs, la forme d’onde de la tension
et le diagramme de conduction des semi-conducteurs sont alors ceux de la
figure 4.14.
K1 K '1 K1 K '1
K2 K '2 K2 K '2
u' α1T (1 – α1)T t
U 0 T
t u'
0 –U
(1 – α1)T α1T T
I '> 0 T1 D2 T1 T '2 D'1 T '2 I '> 0 T1 D2 D'1 D2 D'1 T '2
I '< 0 D1 T2 D1 D'2 T '1 D'2 I '< 0 D1 T2 T '1 T2 T '1 D'2
Figure 4.14
U = (2α1 − 1)U
c) Exemple d’utilisation
88 4 Les hacheurs
α1 = 1
α1 = 0,75
I'
0 (C)
α1 = 0,5
α1 = 0,25
_U
α1 = 0
Figure 4.15
Lorsque la tension d’alimentation d’un hacheur atteint une valeur trop éle-
vée vu le calibre en tension des composants à semiconducteurs utilisés, il faut
réaliser les interrupteurs en mettant en série plusieurs composants à semicon-
ducteurs élémentaires. Il est alors intéressant de recourir à la structure multini-
veau appelée FC (Flying Capacitor). Non seulement elle permet le partage sta-
tique et dynamique de la tension entre les différents composants, mais elle
présente des avantages vis-à-vis du récepteur.
La figure 4.16 représente le hacheur série trois niveaux (u = 0 , u = U/2 ou
u = U ). Un condensateur C relie le point de mise en série des deux transistors,
T1 et T2 , au point de mise en série des deux diodes, D1 et D2 .
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T1 vT
1
T2 vT
2 I'
U uC
C vD
D2 2
u'
vD
D1 1
Figure 4.16
u = U − uC U/2, i = I
90 4 Les hacheurs
uC uC
U U
2 2
t t
0 αT 0
T/2 T T + αT -T/2 αT T
2
u'
U U
U u' U
2 2
t t
0 0
T T T T
2 2
i i
I' I'
t t
0 0
αT T T + αT T αT T
2 2
T1 D1 T1 D1
D2 T2 T2 D2 T2
Pour déterminer les instants des commutations, on peut utiliser les intersec-
tions d’une onde de référence et d’une onde de modulation.
L’onde de référence uw indique la valeur relative U /U de la tension de sor-
tie désirée (wanted) s’il s’agit d’un hacheur série ou en pont, la valeur relative
U/U de la tension d’entrée s’il s’agit d’un hacheur parallèle.
L’onde de modulation M peut être un signal en dent de scie. Pour le hacheur
série dont la tension varie de 0 à U (donc uw entre 0 à 1), le signal M croît linéai-
rement de zéro à 1 pendant la période T de hachage, puis retourne brusque-
ment à zéro. L’intersection de uw avec M croissant commande l’ouverture du
transistor, sa fermeture est commandée par l’intersection avec uw de M décrois-
sant.
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1 M u'w 1 M u'w
t t
0 αT T 0
T
u' αT u'
U U
t t
0 0
αT T
92 4 Les hacheurs
U
On a bien α = uw = et donc U = α U
U
Avec la modulation en triangle (figure 4.19), on prend deux échantillons de
la référence par période de hachage, au lieu d’un.
Avec un montage en pont, si la même loi de commande permet d’inverser
la tension U , on doit utiliser une onde de modulation allant de –1 à +1. La
figure 4.20 montre, pour U positif puis pour U négatif, la tension de sortie u
obtenue avec la loi illustrée par la figure 4.13.
1 M M
u'w
t
0
u'w
_1
u'
U
t
0
_U
Figure 4.20
Remarque
Avec ces modulations à fréquence de hachage constante, on obtient une
bonne approximation de la tension de sortie désirée si celle-ci ne varie que
lentement à l’échelle de temps de la période de hachage.
i'w + ∆i'
i' i'w
_
i'w ∆i'
t
0
T D T D T D
u'
U
t
0
Figure 4.21
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94 4 Les hacheurs
u'
U
u'w
t
0
u'w _ u'
t
0
∆Ψ
Ψ
t
0
_ ∆Ψ
T D T D T D T
Figure 4.22
Remarque
Les commandes par modulation delta et sigma-delta conduisent à une fré-
quence de hachage d’autant plus grande que la fourchette d’hystérésis, 2∆i
ou 2∆ψ, est étroite. Cette fréquence varie avec la valeur de la référence et
dépend des caractéristiques du circuit du courant i dans le cas de la modu-
lation en delta.