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L’association Baukunst/
Bouwtechniek et Bas
Smets propose une
lecture du site simplifi ée
au maximum, avec la
suppression pure et simple
de plusieurs éléments
A+ en collaboration avec la
Cellule Architecture de la
Fédération Wallonie-Bruxelles
texte Géry Leloutre
Un site au départ magnifi que, dans un pay- sociation BEAI/JNC. Sans doute parce que ce domaine en trois plateaux pour distribuer
sage exceptionnel, aujourd’hui engoncé dans type d’approche requiert des superstructures les fonctions sur le site et concentre tous les
la banalité de lotissements résidentiels. Cet très spectaculaires, que le programme ne per- nouveaux développements sur le plateau inter-
ancien lieu de villégiature est structuré par un met tout simplement pas. La longue ossature médiaire. L’architecture du nouveau bâtiment
château construit en 1904 par celui qui était à de bois proposée, qui englobe les différents d’accueil est précisément utilisée pour articuler
l’époque bourgmestre de Spa, et orienté selon équipements, et qui tente de relier physique- ce plateau avec celui, plus haut, du château et
un double axe perspectif : d’un côté, vers la ment l’entrée du domaine à l’accès au RAVeL des terrains de sport. Mais ce parti pris archi-
ville, et à l’opposé, sur un vaste jardin. En n’est à ce titre pas du tout convaincante. La tectural, au départ intéressant, hésite entre
contrebas du château, parallèlement à cet axe, géométrie de l’ossature est fi nalement bien l’affi rmation d’un objet aérien et le réfl exe de
se déroule le reste du site, clôturé dans sa par- trop contraignante pour un déploiement fondre la toiture avec la topographie. Le projet
tie la plus basse par deux rivières et un étang. effi cace des plans des hébergements, et fi nit butte, tout comme celui d’ARTER, sur la forma-
Sur ce dessin très clair s’est superposé celui par tourner le dos au paysage. lisation du lien entre constat – les plateaux – et
des terrains de sports, d’une piste RAVeL L’analyse de ce paysage est au centre de la réponse – les fonctions, avec le cas fl agrant
offrant un accès dans le haut du site, et avec seconde catégorie. Cette analyse se veut du parking, qui, entièrement concentré sur
le temps, d’un agglomérat de bâtiments hété- détaillée, pointilliste, utilisée comme diagnos- le plateau inférieur, acquiert une dimension
roclites, dont plusieurs doivent aujourd’hui tic, duquel découlent les propositions. Mais disproportionnée pour son usage réel.
être lourdement rénovés ou remplacés. dans aucun des cas, celles-ci ne parviennent à L’association AAVT/TEAU et Eole se concentre
L’enjeu du projet est d’accompagner l’inter- se fondre dans un projet unitaire et totale- également sur le niveau intermédiaire pour
vention infrastructurelle d’une lisibilité du site ment cohérent, et virent à un certain manié- rassembler les équipements d’accueil en
que le temps a brouillé. Les stratégies com- risme formel. un véritable cœur d’activités. Le travail est
positionnelles déployées par les cinq équipes ARTER/ARCEA, qui organise le domaine techniquement très poussé et argumenté.
peuvent se ranger en trois catégories : le geste autour de pôles fonctionnels, s’empêtre dans L’approche puise dans l’histoire du lieu pour
architectural englobant, une dialectique des anecdotes paysagères relevées par l’ana- tenter de lui redonner un peu de son lustre
pointilliste entre une analyse paysagère et des lyse. Les interventions, comme la prolongation passé. Mais l’intervention contemporaine peine
interventions architecturales et un exercice d’une drève courbe en un cercle arboré dans à trouver sa place, et la vaste canopée destinée
de simplifi cation radicale et de représenta- lequel s’inscrit le château, ou une ‘place de à couvrir et à unifi er la grappe d’équipements,
tion d’une condition territoriale. Les épures l’accueil’ curieusement qualifi ée, fi nissent par écho redondant aux masses végétales si
présentées au jury en ciblaient nettement le devenir cruellement autonomes, au détriment brillamment décrites dans le dossier, dénote
potentiel et les limites. de la cohérence de l’ensemble. d’une réelle confusion entre les valeurs
Ces limites sont d’emblée vérifi ées pour la L’association K2A/Van Eetvelde et paysagères du site et les réponses à donner au
stratégie du grand geste architectural, de l’as- Landinzicht s’appuie sur la structuration du niveau architectural.
0 100 200 m
A+partenaire cellule architecture A+234 81
L’association
K2A/Van Eetvelde et
Landinzicht s’appuie sur la
structuration du domaine
en trois plateaux pour
distribuer les fonctions sur
le site et concentre tous les
nouveaux développements
sur le plateau intermédiaire
schémas de principe
ARTER/ARCEA organise le
domaine autour de pôles fonc-
tionnels qualifiés par l’espace
public et par des plantations
programmation programmation
fonctions paysage
pôle d’accueil
pôle administratif
pôle hébergement
pôle sportif indoor
pôle sportif outdoor
pôle ‘Stadium’
pôle ‘Omnisport’
pôle ‘Aventure’
82 A+234 Cellule ArChiteCture
De forme, il est bel et bien question dans potentiel d’une représentation de l’essentiel, Dans le même ordre d’idée, l’intervention
l’approche de l’association Baukunst/ c’est-à-dire du caractère du territoire environ- architecturale concentre l’entièreté du pro-
Bouwtechniek et Bas Smets, mais ici dans nant, celui de la forêt des Hautes Fagnes et de gramme dans le château et dans un bâtiment
la façon de représenter la réalité. Cette ses grandes clairières, nettement découpées, neuf unique, à côté de celui-là, enchâssé dans
représentation, volontairement limitée au comme celle du lac de Warfa, dans la série la pente entre les plateaux haut et médian. Ce
noir et blanc, propose une lecture du site desquelles sont placés les grands espaces du bâtiment, de forme parfaitement carrée, évidé
simplifi ée au maximum, avec la suppression centre ADEPS. Toute l’action paysagère se en son centre, prend l’exact contre-pied de la
pure et simple de plusieurs éléments comme la concentre donc dans la volonté de rendre le fi gure du château, désormais positionné au
fermette. Plus qu’une attitude irrévérencieuse site le plus unitaire possible, via l’implantation centre d’une vaste terrasse de la même enver-
envers le patrimoine, il s’agit d’explorer le d’une trame régulière plantée de cornouillers. gure que son nouveau voisin. Tout comme
l’intervention paysagère, la composition est
L’association AAV/TEAU et
entièrement au service de la perception géné-
Eole rassemble les équipe-
rale : les murs qui ne sont pas contre terre sont
ments d’accueil en un véritable
entièrement vitrés et les espaces ne sont que la
cœur. L’approche puise dans
subdivision de la grande géométrie.
l’histoire du lieu pour tenter
Le projet, dans son ensemble, dégage un
de lui redonner un peu de son
certain silence poétique. Un silence effi cace.
lustre passé
Le fait d’éluder des questions comme le
maintien ou non d’éléments présents a en
effet permis une défi nition claire des ambitions
et une hiérarchisation des enjeux qui fi nale-
ment, ne devraient pas fermer la porte à des
négociations ultérieures et à la prise en compte
de questions périphériques, rendues incon-
tournables par le travail des autres équipes,
comme le raccord au RAVeL, les perspectives
0 50 100 200 m depuis le château, etc. Un silence parlant,
schéma directeur rhétorique, pédagogique, car au contraire,
la radicalité de l’épure permet d’explorer le
potentiel du site, de valoriser un patrimoine
comme le château, comme également les
massifs forestiers, par leur confrontation avec
les cornouillers. Un silence circonspect, car la
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stratégie mise en place a une telle prétention
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de résolution du site par la superposition d’un
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ingénue. La trame paysagère doit cependant
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de l’analyse, comme outil de connaissance
à même de défi nir une identité contempo-
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raine pertinente pour un site. C’est ce dont
le domaine de la Fraineuse avait besoin,
renouer un rapport avec son territoire, le pays
exceptionnel de Spa.
0 10 20 50 m 0 10 20 50 m
phase 3 phase 4
A+partenaire Cellule ArChiteCture A+234 83