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L'écrouissage 

d'un métal est le durcissement d'un métal ductile sous l'effet de sa déformation


plastique (déformation permanente)1. Ce mécanisme de durcissement explique en grande partie
les différences de tenues et résistance entre les pièces métalliques obtenues
par corroyage (c'est-à-dire par déformation plastique : laminage, tréfilage, forgeage) et les pièces
de fonderie (simplement coulées dans un moule).
L'écrouissage ne se produit que sur les matériaux ductiles et dans le domaine plastique. Il
concerne ainsi des élastomères, des verres et certaines céramiques, mais surtout les métaux, à
l'exclusion :

 des métaux fragiles : les métaux à basse température (en dessous de la température
de transition fragile-ductile) et les métaux non plastifiables (par exemple les aciers
martensitiques et certaines fontes) ;
 des métaux présentant un comportement rhéologique : ceci exclut les vitesses de
déformation très lentes (fluage) et les applications à haute température.
L'écrouissage correspond aux modifications que subit le métal lorsque les contraintes qui lui sont
appliquées sont suffisamment fortes pour provoquer des déformations plastiques, permanentes.
Ces modifications sont d'ordre métallurgique (modification de la structure interne du métal) et ont
généralement une influence sur ses propriétés mécaniques.
Le terme d'écrouissage est également utilisé pour désigner une opération de transformation des
propriétés mécaniques du matériau : celui-ci est sollicité et une fois la limite d'élasticité dépassée,
il subsistera toujours une déformation rémanente dite déformation plastique. Les effets conférés
au matériau sont d'une part une augmentation de la limite d'élasticité (par rapport au matériau
initial) et de la dureté d'autre part ; le matériau devient aussi plus fragile. Suivant les métaux
considérés, les propriétés mécaniques peuvent évoluer vers une augmentation de la résistance
(cas des aciers alliés) jusqu'à un certain point (seuil de rupture), ou à l'inverse vers sa diminution
(cas des aciers peu alliés).

Mise en évidence du phénomène[modifier | modifier le code]

Écrouissage sur un essai de traction simple :

1. Étirage de l'éprouvette au-


delà de la limite d'élasticité
Re (mais en deçà de la
résistance à la traction Rm).
2. Suppression de l'effort,
retrait élastique.
3. Étirage de l'éprouvette, la
nouvelle limite d'élasticité
est Re1.

Si l'on tord un fil de fer (fléchit serait un terme plus exact), puis que l'on essaie de le redresser, on
constate qu'il conserve une déformation à l'endroit de la déformation initiale : cet endroit s'est
durci, et il devient difficile de déformer le fil à nouveau, dans l'autre sens.
Lorsque l'on achète du tube de cuivre pour la plomberie, on peut acheter deux nuances : du
cuivre écroui, et du cuivre recuit.

 Le cuivre écroui se présente sous la forme de « barres » droites, de longueur limitée


(typiquement de 1 à 4 m, pour pouvoir le transporter) ; il est très difficile à cintrer, il
faut d'abord le chauffer avec un chalumeau pour le recuire. Sa dureté provient du
procédé de fabrication, l'étirage : la déformation plastique importante permise par
la ductilité du cuivre (presque pur) provoque un écrouissage important.
 Le cuivre recuit se présente sous la forme de rouleau (couronne) contenant
typiquement 10 à 25 m de tube. Ce tube peut être déroulé et cintré facilement. Ce
produit est plus cher que le cuivre écroui : il a subi un traitement supplémentaire
(recuit) pour l'adoucir.
Si l'on considère un essai de traction simple (uniaxial), on peut mettre en évidence l'écrouissage
en interrompant l'essai :

1. Dans un premier temps, on étire l'éprouvette en dépassant la limite d'élasticité,


mais sans aller jusqu'à la striction ;
2. On annule l'effort, l'éprouvette se rétracte de manière élastique, suivant une
droite dans le diagramme (ε, σ) ;
3. Si l'on tire à nouveau sur l'éprouvette, il faut revenir à la contrainte de la fin de la
première étape pour provoquer une nouvelle déformation irréversible ; la limite
d'élasticité a donc augmenté.

Lois d'écrouissage[modifier | modifier le code]

Courbe de traction rationnelle σ = ƒ(ε).


Lois classiques d'écrouissage :

 loi bilinéaire ;
 loi puissance d'Hollomon ;
 loi de Voce.

La capacité d'un métal à s'écrouir est estimée par le coefficient d'écrouissage n : lors
d'un essai de traction, on trace la courbe de traction rationnelle c'est-à-dire la courbe :
σ = ƒ(ε)

 σ (MPa) est la contrainte réelle prenant en compte la diminution de l'aire de la
section,
F (N) étant la force de traction et S (mm2) l'aire réelle de la section droite ;
 ε est la déformation longitudinale prenant en compte le cumul des allongements
infinitésimaux
L0 (mm) étant la longueur initiale de l'éprouvette, et L (mm) la longueur sous charge.
Le taux d'écrouissage, ou taux de consolidation, est défini en chaque point comme étant
la pente de la tangente à cette courbe2 :
dσ/dε
c'est le surplus d'effort dσ qu'il faut fournir pour obtenir une élongation supplémentaire
dε.
Si ce taux est élevé, cela signifie que la contrainte σ croît rapidement lorsque la
déformation ε augmente, c'est-à-dire que la force nécessaire pour continuer à étirer le
métal augmente beaucoup.
La courbe de traction peut être décrite par une loi empirique. Si l'on considère que l'on
n'a pas de comportement visqueux, alors la loi est indépendante de la vitesse de
déformation. On utilise en général trois types de lois3 : la loi d'Hollomon (ou loi en
puissance), la loi de Ludwik et la loi de Voce :

 loi de Zener-Hollomon : σ = k⋅εn ;


 loi de Ludwik : σ = σ0 + k⋅εn ;
où n est le coefficient d'écrouissage ; sa valeur est typiquement entre 0,1 et 0,5.
La loi de Voce s'écrit :
σ = σ0⋅(1 - e-Aε)
où σ0 est la contrainte de saturation. On peut aussi utiliser une loi de Voce plus
complexe :
.
où σs est une contrainte seuil.
Si l'on ne s'intéresse qu'aux faibles déformations plastiques, on utilise souvent
une loi bilinéaire.

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