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NOTE DE VIGILANCE
CONCERNANT LES ANCRAGES PASSIFS
"ARTICULÉS" DE MURS EN PALPLANCHES
(Réf : R.N. 23 – Trémie de la Haute Chaîne)

I – OBJET :

! Murs de soutènement constitués de rideaux de palplanches ancrés par tirants passifs.

II – INCIDENT SURVENU :

! Rupture d'un tirant d'ancrage derrière sa tête d'ancrage dans sa partie filetée et chute de celle-
ci sur les voies de circulation situées en contrebas.

III – CONFIGURATION :

a) Soutènement employé dans une trémie avec échangeur "losange" :


- les bretelles de sortie et d'entrée sont soutenues par des rideaux de palplanches
métalliques ancrés par des tirants passifs
- ces tirants se trouvent à environ 1,20 m de profondeur
- les parements vus des murs sont habillés avec un bardage en Fibro-Ciment, bardage
qui interdit un suivi régulier des ancrages et qui a d’ailleurs été perforé lors de la
rupture

b) Les bretelles portées par ces soutènement reçoivent des charges routières lourdes, qui
passent à proximité immédiate des têtes de rideaux.

IV – PRINCIPALES DIMENSIONS :

! Hauteur mini hors sols des rideaux : 1,80 mètres.


! Hauteur maxi hors sols : 4,20 mètres (cette faible hauteur s’explique par le fait que la trémie
est à gabarit limité).
! Longueur totale : 200 mètres.
! Tirants ∅ 48 mm à 68 mm espacés de 3,60 ou 1,80 m, pentés à 10 % ou sensiblement
horizontaux.
- attaches à 1,20 m constant sous l'arase du mur
- ancrage arrière assuré par des massifs discontinus (plots en béton armé) ou des
rideaux continus
- lierne métallique en HEA 260 à 0,10 m au-dessous du niveau des tirants
- couronnement béton de 0,60 m de haut par 0,74 m de large en tête de mur avec
scellements d'un garde-corps S8.

Créé le 16 avril 2003


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V – DATE DE CONCEPTION ET DE RÉALISATION : 1973.

VI – PARTICULARITÉ DES TÊTES D'ANCRAGE DES TIRANTS :

Des tassements importants ayant été pressentis, il avait été prévu (et mis en place) un système
d'attache articulé en tête des tirants permettant à celle-ci de pivoter et donc théoriquement de
"suivre" les rotations du tirant.

Ce dispositif est le système DAI (Double Articulation Irréversible) (Cf. Annexe jointe),
breveté et décrit dans les catalogues Rombas de Wendel-Sidélor de 1969 et 1971 et présent
dans les versions ultérieures.

VII – ANALYSE ET CONSÉQUENCES :

Employé avec la plaque d'appui droite (d'épaisseur constante) qui fait partie intégrante du
système et correctement mis en œuvre, ce dispositif ne pose pas de problème. En effet, le
percement de cette plaque, qui est alors au minimum de 10 mm supérieur au diamètre nominal
du tirant, permet bien un certain débattement de celui-ci.

Par contre, l'emploi de ce dispositif avec des plaques d'appuis "courantes" (qualifiées de
simples dans le catalogue de Sidélor), droites ou biaises (selon l'inclinaison théorique du
tirant) autres que celles décrites dans le système breveté, peut entraîner de très importantes
concentrations de contraintes car le diamètre du trou de passage du tirant n'est, au plus, que de
3 mm supérieur au diamètre nominal de celui-ci.

La liberté de mouvement qu'est censé procurer en tête le système D.A.I. se trouve en effet
restreinte par le caractère "trop ajusté" des plaques d'appuis "courantes". Le tirant qui fléchit
en section courante (sous l'action des charges et des tassements des remblais) ne peut le faire
en tête car il entre très vite en contact avec les faces internes du percement de la plaque
d'appui.

Il s'ensuit des flexions locales très fortes avec de probables efforts de cisaillement (car la
flexion du tirant s'accompagne souvent d'un tassement qui entraîne de plus un contact direct
avec la palplanche) qui, combinés à l'effort de traction, peuvent entraîner la ruine brutale du
tirant. Ce qui fut le cas ici.

Ce sont, a priori, les effets de la flexion qui sont les plus nocifs, les effets de cisaillement
n’intervenant que comme « appoint » au phénomène (les efforts à mettre en jeu pour conduire
à la ruine d’un diamètre 68 sont sans commune mesure avec ceux susceptibles d’être
développés dans une configuration réelle)
Les seuls signes annonciateurs indirects sont les tassements importants des voies soutenues.

Créé le 16 avril 2003


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VIII – IDENTIFICATION :
VIII-1 : Pour ce qui concerne le développement d’efforts de flexion :

! Le risque vient de la plaque d'appui des têtes d'ancrage des tirants

! Les plaques d'appui DAI ne semblent pas faire l'objet d'un marquage spécial susceptible de
les identifier

! Le diamètre du percement de la plaque d'appui n'étant pas accessible à l'observation directe,


il faut relever les dimensions (hauteur, largeur, épaisseur) et consulter le catalogue (voir
extraits en annexe).

D'une façon générale, les plaques d'appui D.A.I. sont plus épaisses et ne sont pas carrées, alors
que les plaques d'appuis courantes sont carrées et d'épaisseur moindre, à ∅ nominal de tirant
constant. La consultation du catalogue s'impose cependant car certaines D.A.I. sont carrées
pour les petits diamètres.

VIII-2 : Pour ce qui concerne le développement d’efforts de cisaillement :

! L’insuffisance du diamètre du percement de la palplanche ou un glissement de l’ensemble


« tirant-plaques » sont à mettre en cause, car ils entraînent une mise en contact de la
palplanche et du tirant. Il est malheureusement très courant que les tirants soient simplement
« posés » dans les trous, ce qui garantit le contact !

IX – REMARQUE :

Le système D.A.I. en limite l'emploi aux tirants normaux au rideau ; il n'est pas décrit de cales
biaises avec le dispositif. La présence du système D.A.I. avec des cales biaises est donc dans
tous les cas suspecte.

X – CRITÈRES DE VIGILANCE, FACTEURS DE RISQUES :

Les éléments qui doivent attirer l’attention sont les suivants :

! Le tirant est implanté dans des terrains qui ont subi des tassements importants ou les
conditions de mise en œuvre (remblais déversés et compactés sur des tirants qui ne s'appuient
pas sur le terrain) laissent à craindre une forte déformation (flexion) du tirant.

! Le tirant reçoit quasi directement des charges routières (c’est une circonstance aggravante).

! Le dispositif d'ancrage du tirant comporte le système D.A.I. avec une cale biaise ou une cale
droite dont les dimensions extérieures diffèrent de celles des cales D.A.I.

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Remarque :
Le risque d'apparition d'efforts de flexion (voire de cisaillement) significatifs peut
également provenir en raison même de l'absence de système articulé en tête, dès lors que des
tassements importants surviennent après mise en place des tirants.

XI – CONDUITE À TENIR :

! Exhumer et analyser le dossier d'ouvrage pour apprécier le risque

En cas de risque avéré, faire procéder à l'ouverture de petites fouilles contre la face arrière du
rideau (dans les zones les plus "exposées") pour dégager le tirant et observer le passage de
celui-ci dans la palplanche (et si possible dans la plaque d'appui) et sa courbure. Si le tirant
reste "tordu" après dégagement, c'est qu'il est localement entré en plastification et que la ruine
peut être proche.

! Installer des dispositifs (grillages, métal déployé) qui pourront recueillir la tête de l'ancrage
et l’extrémité du tirant en cas de rupture, pour éviter leur chute en contrebas.

Le rédacteur

M.M.Laude

Responsable de la DOA du CETE de l’Ouest.

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ANNEXE

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