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Module 

: Civilisation et culture de la langue française Niveau : 1 ère année LMD


 

I. L’académie française

L'Académie française tire son nom du jardin Akademos, à Athènes, où Platon enseignait


la philosophie. Sous la Renaissance, le mot est utilisé pour appeler les sociétés savantes où
l'on discutait de belles lettres et de sciences.

L’académie française

I.1. La création de l’académie française

L'Académie française est issue d'un petit groupe d'érudits (neuf personnalités) qui se
réunissaient chaque semaine chez l'un d'eux, Valentin Conrart, secrétaire du roi Louis XIII
dans son domicile parisien en 1629. Le cardinal de Richelieu a voulu réunir ces hommes de
lettres et de les mettre au service de l'État et de la monarchie. Il invite les érudits à se
constituer en corps officiel et leur accorde sa protection. Il demande que les statuts, rédigés
par les intéressés soient soumis à son approbation, que le nombre des membres soit porté à
quarante et que le choix indépendant de la naissance, de la fortune et de la situation acquise ne
prenne que le talent en considération.
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Ainsi, la première assemblée ayant fait l’objet d’un compte rendu signé par Conrart
date du 13 mars 1634. Le nom « Académie française » a été adopté huit jours plus tard. Les
membres se sont nommés « académistes », puis « académiciens » à partir du 12 février 1635.
Ils devaient se préoccuper de la pureté de la langue et la rendre capable de la plus haute
éloquence. Le garde des Sceaux, Pierre SÉGUIER, duc de Villemoze, scella les lettres
patentes justifiant la constitution de l’Académie le 4 décembre 1634, huit ans avant le décès
du Cardinal. Leur enregistrement par le parlement de Paris n’intervint que le 31 juillet 1637.
La nouvelle Académie se voue à la langue française. L'article 24 de ses statuts énonce : «La
principale fonction de l'Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence
possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et
capable de traiter les arts et la science...»

L'Académie française et les autres académies royales sont supprimées par la


Convention révolutionnaire en 1795 et remplacées par un Institut national des sciences et des
arts. Cependant, le Premier consul Napoléon Bonaparte puis Louis XVIII et Louis-Philippe
ont rétabli l'Académie française. Cinq académies figurent aujourd'hui dans l'Institut de France.
L'Institut siège depuis 1805 sous la fameuse Coupole du collège des Quatre-Nations, érigé par
Louis Le Vau sur les bords de la Seine. 

Le cardinal de Richelieu
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I.2. Les premiers membres de l’académie française


• Valentin CONRART, l’une des figures les plus intéressantes de son temps ;
• Jean CHAPELAIN, arbitre de la langue française, il a posé la règle des trois unités de temps,
de lieu et d’action ;
• Le Sieur de VAUGELAS, grammairien, surnommé « le Greffier de l’usage », il travailla au
dictionnaire pendant quinze ans ;
• Pierre SÉGUIER, garde des Sceaux en 1633, le membre le plus important de cette époque
de Louis XIII ;
• Olivier PATRU qui prononça un très beau remerciement le jour où il vint rejoindre ses
collègues inaugurant la tradition toujours respectée ;
• Pierre CORNEILLE, le plus grand des auteurs tragiques, élu lors de sa troisième
candidature ;

• Antoine FURETIÈRE, célèbre pour sa querelle avec l’Académie au sujet de son


Dictionnaire, exclu le 22 janvier 1685, mais remplacé seulement après sa mort ;

• Jean-Baptiste COLBERT, véritable protecteur de l’Académie sans en avoir le titre, fonda


l’Académie des inscriptions, celle de peinture, sculpture et architecture, enfin l’Académie des
sciences ;

• Jacques-Bénigne BOSSUET, théologien, philosophe et historien de grand talent, élu et reçu


dans la Compagnie moins d’un mois après avoir écrit sa lettre de candidature, ce qui est un
record ;

• Charles PERRAULT dont le discours de remerciement prononcé le 23 novembre 1671, eut


un tel succès que l’Académie décida de rendre publiques les séances de réception ; il prit part
à la fondation de l’Académie des Beaux-arts.
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 Extrait du discours prononcé le 23. Novembre 1671 par Charles PERRAULT,


lorsqu’il fut reçu à la place de Mr. l’Évêque de Léon.

MESSIEURS,
QUAND je considère l’honneur que je reçois d’entrer dans cette illustre Compagnie, et
qu’en même temps je pense combien je mérite peu cette grâce, je ne sais laquelle est plus
grande en moi ou de la joie que j’en ressens, ou de la confusion que j’en ai. Aussi,
MESSIEURS, ai-je douté longtemps si je ne serais pas mieux de ne pas rechercher un
avantage, qui en demande tant d’autres que je n’ai point. Mais j’ai crû que si je n’excelle
pas dans la profession des belles Lettres, la passion extraordinaire que j’ai pour elle me
tiendrait lieu de quelque mérite, et pourrait me suffire elle seule pour être reçu parmi vous,
de même qu’il suffit pour être Philosophe d’avoir l’amour de la sagesse. Ce qui pourrait
encore justifier ma hardiesse et vôtre choix tout ensemble, c’est que du moins je me puis
vanter de bien connaître le prix de la grâce que vous me faites. Je sais que j’entre en société
avec les plus éloquents, les plus ingénieux, et les plus savants hommes de nôtre siècle, que
le seul amour des Lettres a unis ensemble, et que le seul mérite a distingué des autres. Je
sais que vous êtes les véritables dispensateurs de la gloire, établis pour donner à la vertu la
plus belle récompense qu’elle puisse recevoir hors d’elle-même, et pour immortaliser les
actions des Héros, pendant que celles de tous les autres hommes tombent dans les ténèbres
éternelles de l’oubli ; car, MESSIEURS, je fuis persuadé que la postérité éloignée reparlera
que de vous, ou de ceux dont vous aurez parlé.

Le traditionnel habit des membres de l’académie française

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