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I. L’académie française
L’académie française
L'Académie française est issue d'un petit groupe d'érudits (neuf personnalités) qui se
réunissaient chaque semaine chez l'un d'eux, Valentin Conrart, secrétaire du roi Louis XIII
dans son domicile parisien en 1629. Le cardinal de Richelieu a voulu réunir ces hommes de
lettres et de les mettre au service de l'État et de la monarchie. Il invite les érudits à se
constituer en corps officiel et leur accorde sa protection. Il demande que les statuts, rédigés
par les intéressés soient soumis à son approbation, que le nombre des membres soit porté à
quarante et que le choix indépendant de la naissance, de la fortune et de la situation acquise ne
prenne que le talent en considération.
Module : Civilisation et culture de la langue française Niveau : 1 ère année LMD
Ainsi, la première assemblée ayant fait l’objet d’un compte rendu signé par Conrart
date du 13 mars 1634. Le nom « Académie française » a été adopté huit jours plus tard. Les
membres se sont nommés « académistes », puis « académiciens » à partir du 12 février 1635.
Ils devaient se préoccuper de la pureté de la langue et la rendre capable de la plus haute
éloquence. Le garde des Sceaux, Pierre SÉGUIER, duc de Villemoze, scella les lettres
patentes justifiant la constitution de l’Académie le 4 décembre 1634, huit ans avant le décès
du Cardinal. Leur enregistrement par le parlement de Paris n’intervint que le 31 juillet 1637.
La nouvelle Académie se voue à la langue française. L'article 24 de ses statuts énonce : «La
principale fonction de l'Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence
possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et
capable de traiter les arts et la science...»
Le cardinal de Richelieu
Module : Civilisation et culture de la langue française Niveau : 1 ère année LMD
MESSIEURS,
QUAND je considère l’honneur que je reçois d’entrer dans cette illustre Compagnie, et
qu’en même temps je pense combien je mérite peu cette grâce, je ne sais laquelle est plus
grande en moi ou de la joie que j’en ressens, ou de la confusion que j’en ai. Aussi,
MESSIEURS, ai-je douté longtemps si je ne serais pas mieux de ne pas rechercher un
avantage, qui en demande tant d’autres que je n’ai point. Mais j’ai crû que si je n’excelle
pas dans la profession des belles Lettres, la passion extraordinaire que j’ai pour elle me
tiendrait lieu de quelque mérite, et pourrait me suffire elle seule pour être reçu parmi vous,
de même qu’il suffit pour être Philosophe d’avoir l’amour de la sagesse. Ce qui pourrait
encore justifier ma hardiesse et vôtre choix tout ensemble, c’est que du moins je me puis
vanter de bien connaître le prix de la grâce que vous me faites. Je sais que j’entre en société
avec les plus éloquents, les plus ingénieux, et les plus savants hommes de nôtre siècle, que
le seul amour des Lettres a unis ensemble, et que le seul mérite a distingué des autres. Je
sais que vous êtes les véritables dispensateurs de la gloire, établis pour donner à la vertu la
plus belle récompense qu’elle puisse recevoir hors d’elle-même, et pour immortaliser les
actions des Héros, pendant que celles de tous les autres hommes tombent dans les ténèbres
éternelles de l’oubli ; car, MESSIEURS, je fuis persuadé que la postérité éloignée reparlera
que de vous, ou de ceux dont vous aurez parlé.