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CHAPITRE 3

LES ÂMES DE POUTRES

VOILEMENT DE CISAILLEMENT RÉSISTANCE DES ÂMES AUX CHARGES TRANSVERSALES


3.1 VOILEMENT DE CISAILLEMENT DES ÂMES DE POUTRES

CONTRAINTE CRITIQUE DE VOILEMENT PAR CISAILLEMENT

On considère un panneau constitué d’une 


tôle plane d’épaisseur tw de hauteur d et de
longueur a, supposé articulé sur son contour
t c
et soumis à des contraintes de cisaillement d tw
sur ce même contour. c t
La valeur critique de la contrainte de
cisaillement pour laquelle apparaît
l’instabilité par voilement est : a

5,34
2 k  4  si a/d < 1
 E
2  tw  (a d ) 2
 cr  k  
2  d 
12(1   )   4
k  5,34  si a/d  1
(a d ) 2
INTRODUCTION

Le voilement de cisaillement des âmes de poutres fléchies est un


phénomène d’instabilité. Les âmes cisaillées peuvent être considérées
prémunies contre les risques de voilement si leur élancement géométrique
respecte la condition :
5,34
k  4  si a/d < 1
d (a d ) 2
 30    k
tw 4
( 
235
) k  5,34  si a/d  1
fy (a d ) 2

a
Raidisseur

d tw

Poutre à âme raidie transversalement Section transversale au


(raidisseurs sur appuis + raidisseurs intermédiaires. droit d’un raidisseur
En absence de raidisseurs transversaux, le rapport (a/d) peut être
considéré comme infini et cette même condition s’écrit alors :
d Av  f y
 69
incidence
VRd  V plRd 
t w
3  M0
Remarque :
IPE  d/tw < 43 ; HEB  d/tw < 46 ; HEA  d/tw < 53
Acier Fe510   = 0,81  69  = 59  pas de risque de voilement par
cisaillement pour les profilés laminés normalisés.
En revanche, le risque existe pour tous les profilés reconstitués soudés
(PRS), dans lesquels « d » est la hauteur de l’âme entre semelles.
Dès lors que l’élancement géométrique de l’âme dépasse les limites fixées,
une justification de la stabilité au voilement doit être établie, et dans ce cas,
des raidisseurs transversaux doivent être obligatoirement disposés au droit
des appuis.

Raidisseur
Raidisseur

sur appui
sur appui
VÉRIFICATION DU VOILEMENT PAR CISAILLEMENT

On est conduit à définir un élancement réduit, propre à l’instabilité des


panneaux cisaillés :
fy d
tw
w  3 
 cr 37,4    k

Concrètement, il est défini une résistance au voilement de cisaillement du


panneau par le biais de la formule :

Vba.Rd  d  t w

 ba
 M1
où  ba est la valeur ultime de la contrainte de cisaillement, dite résistance
post - critique simple au cisaillement.
 ba est définie en fonction de l’élancement réduit par les dispositions
suivantes :

fy
pour  w  0,8  ba 
3

 ba  1  0,625 w  0,8
fy
pour 0,8   w  1,2
3

0,9 f y
pour  w  1,2  ba  
w 3
On vérifie alors que :
VSd  Vba.Rd
INTERACTION ENTRE EFFORT TRANCHANT ET MOMENT FLÉCHISSANT

Les interactions entre sollicitations peuvent être négligées dans deux


situations opposées :
lorsque l’effort tranchant sollicitant n’excède pas la moitié de la résistance
ultime au voilement de cisaillement Vba.Rd
lorsque le moment fléchissant peut être équilibré par une section réduite
aux seules semelles de la poutre.
Dans les situations intermédiaires, une formule de raccordement fournit la
limite que le moment fléchissant appliqué doit respecter:
   2V 
2 
 
M f .Rd  M pl.Rd  M f .Rd
 min 
 1   Sd  1  
M Sd   Vba.Rd   
 
 M C .Rd 
M pl.Rd : moment de résistance plastique du profil complet ;

M f .Rd : moment de résistance plastique de la section transversale


composée seulement des deux semelles
CALCUL DES RAIDISSEURS

Les règles CCM97 assignent aux raidisseurs transversaux intermédiaires


une rigidité minimale dans la direction normale au plan de l’âme de façon à
garantir leur efficacité vis-à-vis du voilement de cisaillement. Les seuils
d’inertie suivants sont fixés :
2
3 d  a
1,5  d  t w    si  2
a d
0,75  d  t w3 a
si  2
d
La résistance au flambement de ces mêmes raidisseurs tw
doit également être établie dans les hypothèses
suivantes : 15..tw

on retient une section droite constituée du raidisseur


lui-même et de deux largeurs d’âme participantes 15..tw 15..tw
disposées de part et d’autre du raidisseur, sous réserve
qu’une telle largeur soit effectivement présente ;
la longueur de flambement est prise égale au moins à
0,75 d et il est fait usage de la courbe c de flambement ;

l’effort normal de compression dans le raidisseur est pris


d  0,75 d
égal à l’effort tranchant régnant à son aplomb diminué de
la part équilibrée en cisaillement pur sur la hauteur de
l’âme :

N S  VSd  t w  d  bb  0
 M1
où  bb est la résistance initiale au voilement de cisaillement, définie en
fonction de l’élancement réduit par les dispositions suivantes :

pour  w  0,8  bb 
fy
3

 bb  1  0,8 w  0,8
fy
pour 0,8   w  1,2
3

 w  1,2
fy
pour  bb  1


2
w
3
3.2 RÉSISTANCE DES ÂMES AUX CHARGES TRANSVERSALES

INTRODUCTION

La flexion des poutres en I ou en H est due pour une large part à l’action
des charges transversales transmises à travers une semelle. Si celles-ci
sont distribuées sur une courte longueur de semelle tout en ayant une
intensité significative, elles peuvent poser divers problèmes locaux quant
à la résistance de la partie de l’âme sollicitée. De telles situations se
produisent par exemple au niveau des appuis d’une poutre, dans les
sections de poutre recevant des efforts importants transmis par des
éléments porteurs secondaires ou encore dans les poutres de roulements
de ponts roulants recevant des charges roulantes.
La résistance d’une âme non raidie aux charges transversales transmises à
travers une semelle est gouvernée par l’un des modes de ruine suivants :
À proximité immédiate de la semelle, l’âme peut
Écrasement de l’âme
subir un écrasement, accompagné d’une
déformation plastique de la semelle.

FSd FSd

L’âme peut subir un enfoncement local sous


Enfoncement local de l’âme forme de voilement localisé et un
écrasement à proximité immédiate de la
semelle accompagné d’une déformation
plastique de celle-ci.
FSd F Sd
Voilement généralisé de l’âme

L’âme peut subir un voilement sur la plus grande partie de sa hauteur.


FSd
FSd

Ces trois modes de ruine gouvernant la résistance d’une âme non raidie
soumise à une charge transversale ont été mis en évidence de manière
expérimentale. Le mode de ruine déterminant est principalement gouverné par
le rapport hauteur / épaisseur de l’âme d’une part, et par le mode d’application
des charges transversales d’autre part. La résistance à l’écrasement est
déterminante, comparativement à la résistance à l’enfoncement local, pour les
poutres à âmes peu élancées. Au contraire, la résistance à l’enfoncement local
devient préoccupante dans les poutres reconstituées à âmes fortement
élancées. Le voilement généralisé est rarement déterminant dans le cas d’une
transmission de charge par cisaillement.
Il est nécessaire de s’assurer qu’aucun de ces modes de ruine des âmes
des poutres ne constitue un risque pour les structures métalliques : par
conséquent, il faut procéder à des vérifications.

FACTEURS INFLUENÇANT LA RÉSISTANCE DES ÂMES

La résistance des âmes des poutres aux charges transversales dépendent :


du mode d’application des charges ;
de la longueur d’appui rigide.
MODE D’APPLICATION DES CHARGES
La transmission des charges se fait, entre autres,
souvent par appui direct transversal sur des
éléments porteurs principaux de type poutre à
âme pleine : appuis des pannes sur les traverses
des portiques, réactions d’appuis de poutre…
Ces charges, partiellement réparties ou concentrées, viennent poinçonner
l’âme des poutres porteuses sur la tranche et, du fait de la compression
transversale induite, peuvent mettre en péril leur stabilité et leur
résistance.
Des raidisseurs transversaux sont généralement
disposés au droit de ces charges, mais pour des
raisons de coût ou parce que la position de ces
charges n’est pas fixe, il arrive que ses raidisseurs ne
soient pas utilisés ; l’âme est alors seule à résister et
la question de sa résistance ultime se pose.

On distingue deux modes d’application des charges transversales :

Charges appliquées sur une Charges appliquées sur une semelle


semelle et reprises par et transmises, à travers l’âme,
cisaillement dans l’âme. directement à l’autre semelle.
LONGUEUR D’APPUI RIGIDE

La longueur d’appui rigide SS sur la semelle est la distance sur laquelle la


charge appliquée est répartie de manière effective. Elle est déterminée en
supposant une diffusion à 45° à travers le matériau acier plein qui est
correctement maintenu en place (aucune diffusion à travers des fourrures
non solidarisées ne doit être donc opérée).
VÉRIFICATIONS RÈGLEMENTAIRES SELON LES CCM97

Lorsque les charges sont appliquées à travers une semelle et reprises par
cisaillement dans l’âme, la résistance de l’âme à ces charges est prise
égale à la plus petite des valeurs suivantes :
La résistance à l’écrasement.
La résistance à l’enfoncement local.

Lorsque les charges sont appliquées sur une semelle et transmises à


travers l’âme directement à l’autre semelle, la résistance de l’âme à ces
charges est prise égale à la plus petite des valeurs suivantes :
La résistance à l’écrasement.
La résistance au voilement.

Lorsque, dans la pratique, les dispositions constructives sont telles


qu’elles ne permettent pas de déterminer avec précision le mode de ruine
prépondérant, il y a lieu de prendre les trois modes de ruine en
considération.
RÉSISTANCE DE L’ÂME À L’ÉCRASEMENT

a) Cas général

La résistance de calcul à l’écrasement Ry Rd de l’âme d’une section en I, H

 
ou U est obtenue par la formule : FSd
SS  S y  t w  f yw
R yRd 
γ M1
Sy /2 SS Sy /2
Dans la relation précédente Sy est donnée par :
2
bf f yf  σ f Ed  γ M0 
Sy  2  t f    1  
tw f yw  f yf 
 
où :
- f.Ed est la contrainte longitudinale dans la semelle.
- bf est la largeur de la semelle lorsque cette largeur est inférieure à 25tf ,
dans le cas contraire, on prend bf = 25tf .

Cette largeur Sy doit être divisée par deux à l’extrémité d’un élément.
b) Cas des charges de galets de pont roulant

Pour les charges de galets de pont roulant transmises à travers un rail


reposant sur une semelle sans y être soudé, la résistance de calcul de
l’âme à l’écrasement Ry Rd est prise égale à :
S y  t w  f yw
R yRd 
γ M1
où, de façon approximative : 2
 σ f Ed  γ M0 
S y  2  h R  t f   1   
hR = hauteur du rail.  f yf 
 

RÉSISTANCE DE L’ÂME À L’ENFONCEMENT LOCAL

La résistance de calcul à l’enfoncement local Ra Rd de l’âme d’une section


en I, H ou U est obtenue par la formule :
0,5  t 2w  tf t w SS 
R a Rd   E  f yw    3  
γ M1  w
t t f d 
mais (SS /d) ne doit pas être pris supérieur à 0,2 .
Lorsque l’élément est également soumis à des moments fléchissants, il
convient de satisfaire aux critères suivants :
FSd  R aRd et MSd  McRd et FSd

M Sd
 1,5
R aRd M cRd

RÉSISTANCE DE L’ÂME AU VOILEMENT GÉNÉRALISÉ

La résistance de calcul Rb Rd au voilement de l’âme d’un profil I, H ou U est


déterminée en étudiant le flambement de l’âme considérée comme un
élément virtuel comprimé ayant une largeur efficace beff obtenue par la
formule :
b eff  h 2  SS2

À proximité des extrémités d’un élément (ou d’ouvertures dans l’âme), il


convient de ne pas prendre une largeur efficace beff de l’âme supérieure à
la largeur réellement disponible mesurée à mi hauteur.
La résistance au flambement de l’élément virtuel comprimé est déterminée
comme pour un élément comprimé, en adoptant la courbe de flambement
« c » et en prenant A = 1 . La longueur de flambement de l’élément virtuel
comprimé est déterminée à partir des conditions de maintien en
déplacement latéral et en rotation au niveau des semelles, au droit du point
d’application de la charge.
f yw
R bRd    A w 
γ M1
A w  t w  b eff
Section transversale de l’âme
t 3w  b eff beff tw
Iw  Axe de
hw
12 tw
flambement

Iw Lfw  h w
L fw
iw  λw 
Aw iw
λw λw
λw  βA  Courbe « c »
93,9  ε 93,9  ε
RAIDISSEURS TRANSVERSAUX SOUS CHARGES

Dans le cas d’un raidisseur sous charge, en plus de la vérification de la


résistance au flambement, il convient de vérifier aussi la résistance de sa
section transversale au niveau de la semelle chargée. Il y a lieu de limiter
la largeur d’âme comprise dans la section transversale efficace du
raidisseur à Sy et de prendre en compte toute ouverture découpée dans le
raidisseur pour dégager les soudures âme-semelle. Dans le cas où
l’application de la réaction d’appui se fait sur une longueur d’appui rigide
SS, il convient d’ajouter cette valeur à Sy .
Voilement de cisaillement des âmes de poutres
Exemple d’application
400 mm
40 mm

MSd MSd VSd


MSd

1500 mm

1420 mm
d = 1420 mm
15 mm
VSd VSd

40 mm
a = 2840 mm 400 mm
Soit une poutre en PRS1500 en Acier Fe 360, comportant des raidisseurs
intermédiaires. On considère un tronçon de poutre entre raidisseurs intermédiaires
soumis aux sollicitations suivantes: MSd=4000 kNm et VSd=1500 kN
1. Vérifier la résistance (ELU) de ce tronçon de poutre.
2. Dimensionner les raidisseurs.
1. Vérification de la résistance du tronçon de poutre :

a) Classe de la section transversale : Acier Fe360   = 1 et fy = 235 N/mm2

 Parois de semelle comprimées


c 200
  5  9  9  classe 
tf 40
La section est
 Paroi d’âme fléchie de classe 
d 1420
83    83    94,67  124    124  classe 
tw 15
d ?
b) Vérification de la résistance vis-à-vis de l’effort tranchant : 30    k
tw
a 2840 4 4
On a :   21 k  5,34  2
 5,34 
2
 6,34
d 1420 (a d ) 2
d
 94,67  30 1 6,34  75,54  la résistance à l’effort tranchant est égale à la
tw résistance au voilement de cisaillement.
On vérifie que :
? 
VSd  Vba. Rd  d  t w  ba
 M1
d 1420
w  tw
 15  1  1,2
37,4    k 37,4  1  6,34

 ba  
 1  0,625  w  0,8   fy
3
 1  0,6251  0,8
235
3
 118,72 N / mm2

Vba.Rd  d  t w 
 ba
 1420  15 
118,72
 10 3  2299 kN  VSd  1500 kN
 M1 1,1
 La résistance au voilement de cisaillement est donc vérifiée.

c) Vérification de la résistance vis-à-vis du moment fléchissant :

On a : VSd  1500 kN  0,5  Vba.Rd  1149,5 kN

 Pour vérifier la résistance vis-à-vis du moment fléchissant, il suffit d’avoir :

M Sd  M f Rd
Mf Rd = résistance de la section réduite aux seules semelles de la poutre (qui sont de
classe  dans notre cas). bf = 400 mm
fy tf = 40 mm
M f Rd  W pl f 
 M0
W pl f  b f  t f  h  t f   40  4  150  4  23360 cm3

h = 1500 mm
Axe de
flexion
2350
M f Rd  23360  10 4  4990 kN.m  M Sd  4000 kN.m
1,1
tf = 40 mm
bf = 400 mm

Remarque :
Dans le cas où la relation précédente n’est pas vérifiée, il faut avoir : M Sd  M Rd

   2V  
2

M f . Rd  M pl.Rd  M f .Rd   1   Sd
 1  
 min  
M Rd   Vba.Rd   
 
 M C . Rd 
fy
Mpl Rd = moment de résistance plastique du profil complet : M pl Rd  W pl 
 M0
Mf Rd = moment de résistance plastique de la section transversale composée
fy
seulement des deux semelles : M f Rd  W pl f   Mf Rd = 4990 kN.m
 M0
Mc Rd = moment de résistance qui dépend de la classe de la section transversale
fy bf
(classe  M c Rd  Wel  )
 M0 tf

t w  h  2t f 2
1,5  142 2
W pl  b f  t f  h  t f    40  4  150  4   30921,5 cm 3 h
Axe de
4 4 flexion
2350 tw
M pl Rd  30921,5   10 4  6606 kN.m
1,1
tf
bf
40  150 3 38,5  142 3
 2350
I
Wel   12 12  27515 cm 3
 M c Rd  27515   10 4  5878 kN.m
h 150 1,1
2 2
   3000  2  
4990  6606  4990   1    1   6456 kN.m
M Rd  min    2299     5878kN.m  M Sd  4000 kN.m
 
 5878 kN.m 
2. Dimensionnement des raidisseurs : tw

 bb  
 1  0,8  w  0,8 
3
 fy
 1  0,81  0,8
235
3
 114 N / mm2 tS

N S  VSd  t w  d 
 bb 
 1500  1420  15 
114 
  10 3  707 kN  0 hS / 2 hS / 2
 M1  1,1 
 On dimensionne avec la condition de rigidité minimale :
a I S  0,75  d  t w3  0,75  142  1,5 3  360 cm 4
2 2
d
t S  hS3 360  12
IS  hS  3
12 tS

360  12
Si on prend : tS = 10 mm hS  3  16,22 cm
1

On prend : hS = 18 cm

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