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CHAPITRE VIII : PARTIE II - CALCUL DES SOUDURES

I - INTRODUCTION
La partie I-8 de l’Eurocode 3 définit les conditions à respecter pour la conception et la
vérification des assemblages soudés soumis à des charges essentiellement statiques, les
charges de vent et de séisme entrant dans cette catégorie.
Elle indique les critères de résistance auxquels doivent satisfaire les assemblages
soudés. Elle ne s'applique qu'aux procédés de soudage suivants:
- soudage avec électrodes enrobées.
- soudage en atmosphère protectrice avec ou sans usage de flux.
Les règles s'appliquent à la construction, au renforcement ou à la réparation des
ouvrages ou éléments d'ouvrages en acier.
II - CALCUL DES SOUDURES
2-1 Hypothèses:
Dans les calculs de vérification de la résistance des soudures on considère que la
distribution des contraintes est uniforme dans la soudure car la ductilité du matériau permet
une redistribution des contraintes.
Le métal d’apport doit posséder des propriétés mécaniques (limite d’élasticité, limite
ultime, allongement à rupture et énergie minimale) égales ou supérieures aux propriétés
correspondantes du matériau de base. En conséquence, pour le calcul et le dimensionnement
des soudures, la résistance du matériau de base est normalement considérée comme la
résistance de référence.
Pour le dimensionnement, deux grandeurs géométriques sont à considérer:
 la dimension de gorge, a, représente la distance minimale de la racine à la base du triangle
inscrit dans le cordon soudure. La figure 1 définit la dimension de gorge pour une soudure
en bout et une soudure d'angle.
 La longueur l est la dimension longitudinale de la soudure dans le sens du déplacement de
l'arc de soudage.

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On traitera d'abord le cas des soudures en bout en raison de la simplicité de leur
dimensionnement puis on présentera les procédures de calcul des soudures d’angle qui
représentent la majorité des soudures réalisées dans le bâtiment.
2-2 Calcul des soudures en bout:
Deux types de soudure en bout sont définis en fonction de la profondeur de pénétration :
 Soudures en bout à pénétration complète (Fig. 2)
 Soudures en bout à pénétration partielle (Fig. 3)
Dans les deux cas, si la soudure est correctement réalisée avec un métal d’apport ayant
les mêmes propriétés que le métal de base, le calcul de la résistance de l’assemblage est basé
sur la profondeur de la pénétration, c’est-à-dire sur l’aire de la section de gorge.

2-2.1 Soudures en bout à pénétration complète :


La soudure en bout se substitue au matériau de base si la soudure est correctement
effectuée avec un métal d’apport approprié. Dans ce cas aucun calcul n’est nécessaire. L’aire
de la section de gorge est déterminée en fonction de l’épaisseur la plus petite des plats
assemblés (voir Fig. 2).
2-2.2 Soudures en bout à pénétration partielle :
Dans le cas d’une soudure à pénétration partielle, la dimension de gorge à considérer
est la profondeur de pénétration minorée de 2mm, ce qui correspond à la profondeur du
chanfrein (Fig. 3).
3 -Calcul des soudures d'angle:
3-1 Hypothèses: Les hypothèses adoptées pour le calcul des soudures d'angle sont
relatives aux caractéristiques mécaniques et géométriques:
 Les propriétés du métal d'apport doivent être compatibles avec celles du métal de base.
 L'aire de la section de gorge à considérer dans le calcul des soudures d'angle est égale au
produit de la dimension de gorge et de la longueur utile du cordon de soudure.

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 La longueur utile de la soudure est égale à la longueur totale du cordon d'angle tout entier
dans le cas où des précautions particulières sont respectées dans l'exécution du soudage.
Dans le cas général, la longueur utile de la soudure sera égale à la longueur de la soudure
diminuée des longueurs des cratères d'extrémité. Cette réduction est prise forfaitairement
égale à deux fois la gorge utile « a », Lcalculée = Lréalisée – 2a
 La dimension « a » des soudures d'angle nécessaires à la transmission des efforts doivent
être comprises entre 4mm et 0,7 fois l’épaisseur de la plus petite des pièces assemblées.
 Les soudures dont la longueur utile est inférieure à la plus grande des deux valeurs
suivantes, 40mm ou 6 fois l'épaisseur a, doivent être ignorées pour la reprise des efforts.
3-2 Méthode de base:
3-2.1 Calcul des efforts et des contraintes dans les cordons de soudure d’angle:
La méthode de base pour le dimensionnement des soudures d'angle requiert le calcul
des différentes composantes de contraintes agissant perpendiculairement et parallèlement à la
section de gorge du cordon de soudure. Ces contraintes sont ensuite utilisées pour déterminer
une contrainte équivalente qui devra être inférieure à la limite d'écoulement du matériau.

L’effort F qui agit sur le cordon d'angle est décomposée en charges parallèles Fτ et
//

perpendiculaires Fσ  et Fτ  à l'axe longitudinal (fig n°4).

Figure n°4 projections de la force F sur la section de gorge du cordon de soudure

Ces efforts permettent de calculer des contraintes normales  et des contraintes

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transversales τ  et τ // à la section de gorge ainsi que le montre la figure 5.

Figure n°5 Etat des contraintes sur la section de gorge du cordon de soudure

Contrainte normale perpendiculaire à la section de gorge :


Fσ 
σ 
al
Contrainte de cisaillement dans la section de gorge perpendiculaire à l'axe de la soudure :
Fτ 
τ 
al
Contrainte de cisaillement dans la section de gorge, parallèle à l'axe de la soudure :
Fτ //
τ // 
al
3-2.2 vérification de la résistance du cordon de soudure par la méthode précise
(appelée aussi méthode directionnelle):

Les contraintes σ  ,τ  et τ // permettent de calculer la contrainte équivalente


σ eq grâce au critère de Von Mises: σ eq  σ 2 3(τ 2 τ // 2 )
Cette contrainte équivalente permet de vérifier si le cordon de soudure peut résister aux
efforts appliqués (soudure adéquate) quand les conditions suivantes sont satisfaites :

fu fu
σ eq  et
σ   0,9
βw γM 2 γ M2

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βw est un facteur de corrélation de la nuance de l’acier dont les valeurs sont données dans le

tableau suivant :
Tableau n°1 valeurs du facteur de corrélation β
w
Caractéristiques pour le calcul de la résistance d’une soudure d’angle au cisaillement
Nuance d’acier Résistance ultime en traction Facteur de corrélation βw
fu (MPa)
S235 360 0,8
S275 430 0,85
S355 510 0,9
L'application de la contrainte équivalente aux cas où l’effort appliqué est parallèle aux
cordons (cas des cordons parallèles) et où l’effort est perpendiculaire aux cordons de soudure
(cas des cordons frontaux) ainsi que dans le cas des cordons obliques ( cordon faisant un
angle α par rapport à l’effort) est donnée dans ce qui suit :
3.2.2.1 Cas des cordons parallèles aux efforts

Figure n°6 cordon parallèle

σ   τ 
L’effort N étant parallèle aux cordons de soudure  N
 τ // 
  al
La contrainte équivalente doit satisfaire la condition suivante :

3N fu

 al βw γM2

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3.2.2.2 cordons perpendiculaires aux efforts (Cas des cordons frontaux)

Figure n°7 Cordon frontal

Il n’y a pas d’effort dans le sens du cordon donc τ //  0


Les contraintes normale et tangentielle sont égales à: N
σ  τ 
2   al
En remplaçant les valeurs des contraintes précédentes dans la formule fondamentale, on
1/ 2
 N2 3N 2  fu
obtient : σ eq   
 2 2
 2   al  2   al   β w γ M2
Ce qui donne pour la vérification du cordon de soudure la formule simplifiée suivante :

2N fu

 al β w γ M2

3.2.2.3 Cas du cordon oblique


L’effort N se projette suivant la parallèle et la perpendiculaire au cordon en deux efforts :
- Ncosα qui est latéral par rapport aux cordons ;
- Nsinα qui est parallèle par rapport aux cordons

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Figure n°8 Cordon oblique

Les contraintes dans le cordon sont :


Ncos et Nsinα
τ //  σ  τ 
 al 2   al
Si nous remplaçons ces contraintes dans la formule de vérification, nous obtenons :
1/ 2
 N 2 sin 2 α  N 2 sin 2 α N 2 cos 2 α  fu
  3    
2  2  al2  al2 
 2  al  β w γ M2
N fu
Ce qui donne après simplification :
3  sin 2  
 al β w γ M2
3.2.3 Méthode simplifiée (ou méthode de la contrainte moyenne)
Le règlement permet aussi d’utiliser une méthode de vérification alternative plus
simple à utiliser que la méthode précise ou méthode directionnelle). L’application de cette
méthode ne nécessite pas de décomposer les efforts agissant sur les cordons de soudure en
leurs trois composantes. Cette méthode est basée sur la méthode de la contrainte moyenne
prise égale à la résistance en cisaillement de la soudure.
La vérification de la résistance de la soudure s’effectue en considérant que la valeur de
calcul de l’effort exercé dans la soudure par unité de longueur Fw,Ed doit être inférieure à la
résistance de calcul en cisaillement de la soudure FVw.d.

Fw.Ed  Fw.Rd  f Vw.d  a


fu
Avec f Vw.d 
3 β w γ M2
Cette méthode permet de vérifier simplement tous les types de cordons d’angle soumis à des
charges quelconques et en particulier aux cas des cordons obliques sans avoir à projeter les
forces.

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4 - Attache soudée d’une poutre sur un poteau

Dans ce cas on considère que les soudures continues sont périphériques et il ne faut pas tenir
compte des cratères d’extrémité pour déterminer les longueurs efficaces des cordons.

Les hypothèses suivantes doivent être faites pour dimensionner les cordons de soudure de l’attache :
1- L’effort normal se répartit uniformément entre tous les cordons.
2- L’effort tranchant Ved est repris uniquement par les cordons d’âme.
3- Le moment Med est repris par les cordons de semelle et y développe un effort N qui est égal à

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