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Cellule de Liaison et d’Information des Association Féminines

CELIAF
Antenne N’Djaména

ETUDE SUR LE HARCELEMENT SEXUEL EN


MILIEU SCOLAIRE
A N’DJAMENA

VERSION FINALE

Réalisé par
Mme BAÏWONG DJIBERGUI AMANE Rosine
Consultante

Avril 2005
REMERCIEMENTS

Que tous ceux et toutes celles qui, d’une manière ou d’une autre, de loin
ou de près ont contribué à la réalisation de cette Etude retrouvent ici
l’expression de nos sincères remerciements.

2
SOMMAIRE

REMERCIEMENTS………………………………………………………………………;..2
SOMMAIRE………………………………………………………………….......................3
DEFINITION DE QUELQUES SIGLES…………………………………………………..5
HARCELELMENT SEXUEL EN MILIEU SCOLAIRE/ MANIFESTATIONS ET
CONSEQUENCES ( SHEMA ILLUSTRATIF…………………………………….............6
TABLEAU SYNOPTIQUE DES PROPOSITIONS……………………………………….7

INTRODUCTION………………………………………………………………………........8
1. Contexte…………………………………………………………………………......8
2. Problématique et justification de l’étude……………………………………........9
3. Objectifs de l’étude……………………………………………………………….10
4. Méthodologie……………………………………………………………………..10
5. les limites de l’étude………………………………………………………………12

1- GENERALITES…………………………………………………………………………13
A- Condition générale de la femme tchadienne…………………………………..13
B- Historique de ‘éducation au Tchad…………………………………………… 14
Les différentes phases de l’évolution historique de l’école au Tchad………….14
La première phase………………………………………………………………….15
L’enseignement traditionnel……………………………………………………….16
C- Analyse du taux de scolarisation des jeunes filles au Tchad……………….18
Année scolaire 2003-2004………………………………………………………………21

II – RESULTATS DES ENTRETIENS REALISES……………………………………...22


1. Entretien avec les enseignants…………………………………………………….22
Eléments de définition………………………………………………………………22
Raisons……………………………………………………………………………….22
Connaissance d’un texte qui sanctionne le phénomène……………………….22
Solution souvent envisagées, par : l’administration, les familles, les filles……22
Réactions de l’entourage…………………………………………………………...23
2. ENTRETIEN AVEC LES FILLES………………………………………………….23
Manifestations……………………………………………………………………….23
Témoins………………………………………………………………………………23
Auteurs………………………………………………………………………………..24
Recherches de conseil………………………………………………………………24
3. ENTRETIEN AVEC LES GARCONS……………………………………………....24
Définition…………………………………………………………………………… 24
4. ENTRETIEN AVEC LES RESPONSABLES DES ETABLISSEMENTS………..25
Réactions et procédure de résolution……………………………………………...25
Texte appliqués………………………………………………………………………25
Dénouement des cas connus………………………………………………………25
Solutions envisageables……………………………………………………………25
5. ENTRETIEN AVEC LE JUGE POUR ENFANTS……………………………………25
Connaissances du phénomène………………………………………………………25

3
Cas connus……………………………………………………………………………26
Dénouement………………………………………………………………………….27
Ampleur du phénomène…………………………………………………………….27

III – ANALYSE DES DIFFERENTS ENTRETIENS……………………………………..29


1. Selon les enseignants……………………………………………………………29
Raisons……………………………………………………………………………………...29
Causes socio- économiques………………………………………………………30
2. Selon le filles……………………………………………………………………...31

Auteurs ……………………………………………………………………………….31
3. Selon les garçons…………………………………………………………………32
4. Selon les chefs d’établissements………………………………………………..33
Chef d’établissement A…………………………………………………………………….34
Chef d’établissement B ………………………………………………………………… 35
Chef d établissement C……………………………………………………………………36

IV – L’analyse des pratiques scolaires en matière de harcèlement sexuel sur


les filles.................................................................................................................37
A- Des pratiques sociales en violation des droits humains des femmes………37
B- Etat de la législation tchadienne en la matière……………………………….39

V- Les conséquences du harcèlement sexuel sur les victimes………………………40


A- Les conséquences sur leur scolarité…………………………………………….40
B- Les conséquences sur leur vie…………………………………………………...41

VI- Quelques pistes de solutions…………………………………………………………42

Bibliographie………………………………………………………………………………..43

ANNEXES…………………………………………………………………………………...44

4
DEFINITION DE QUELQUES SIGLES

ADH : Association de Défense des Droits de l’Homme


AFJT : Association des Femmes Juristes du Tchad
ATVEEF : Association Tchadienne des Volontaires pour l’Encadrement
des Elèves Filles
CELIAF : Cellule de Liaison et d’Information des Associations Féminines
CONEFE : Comité Nationale de l’Education et de la Formation en
Liaison avec l’Emploi
CRDE : Convention Relative aux Droits de l’Enfant
CEDEF : Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes.
DAPRO : Direction de l’Analyse et de la Programmation (du Ministère de
l’Education Nationale
FUNUAP : Fonds des Nations Unies pour les Activités en matière de
Population.
HS : Harcèlement sexuel
NST : Notes Sexuellement Transmissibles
REPAFEM : projet de Réduction de la pauvreté des Femmes (Ministère
de l’Action Sociale et de la Famille)
TGS : Taux Global de Scolarisation
TBS : Termes de références
TVT : Télévision National Tchadienne
UNICEF : Fonds des Nations Unies l’Enfance

5
HARCELEMENT SEXUEL EN MILIEU SCOLAIRE :
MANIFECTATIONS ET CONSEQUENCES (SHEMA
ILLUSTRATIF)
AUTEURS MASCULINS VICTMES ET ALLUMEUSES

- Regards provocateurs Extravagance:


- Désignation abusive au - Tenue transparente
tableau et sans sous
- Interrogation orale vêtement
répété - Boutons mal fermés
- Embellissement
- Insultes
- Regards
-CONSEQUENCES
Invitation à sortir provocateurs
- Appel téléphonique - Démarche

REFUS

ACCEPTATION

 Notes arbitraries
 Passage en classe supérieure  Notes arbitraries
sans niveau  Reprise de la même classe sans
 Renforcement des liens intimes raison
 GROSSESSE  Changement d’établissement
 Abandon des études
 Dependance des autres

Pas de promesse de
mariage Promesse de
mariage

 Fille mère
 Avortement clansdestin  Interruption de la
 Stérilité scolarité
 Décés  Foyer précaire/ instable
 Honte familial  Mère seule

1- Conflits élève/enseignants (sanglants


et mortel);
2- Manque
d’éducation/formation/emploi/dignité; 6
3- Pauvreté;
4- Prostitution
TABLEAU SYNOPTIQUE DES PROPOSITION
PRINCIPAUX TYPES SOLUTIONS ACTEURS CONCERNES
PROBLEMES ENVISAGEABLES
Non respect de la Interdiction de toute Ministère de l’Education
déontologie, discipline manifestation d’intérêt National de concert avec les
sexuel entre chefs d’établissements
l’enseignants/élèves ou
élève/élève en milieu
scolaire
Non respect des valeurs Enseignement du Ministère de l’Education
morales civisme et de la morale a National
tous les niveaux avec
coefficient élevé
Renforcer le programme
de l’éducation a la vie
familiale
Absence de textes Reforme des textes Ministère de la Justice
juridiques spécifiques juridiques notamment le
sanctionnant les code pénal
violences faites aux
femmes en générale et le
harcèlement sexuel en
particulier
Méconnaissance des Sensibilisation a tous les Ministère de l’Action Sociale
droits humains en niveaux et de la Famille
générale et des droits de CELIAF, AFJT, ADH
la femme en particulier
absence de soutien aux Création d’un centre de FORET/FAWE, ATVEEF
filles victimes de counceling
harcèlement sexuel Discussion avec les
parents
Création des cellules S O
S harcèlement dans les
établissements scolaires
Absence d’un Règlement Harmonisation des Ministère de l’Education
Intérieur standard règlements intérieurs Nationale
des différents
établissements
d’enseignement
Extravagance des filles Application stricte du Ministère de l’éducation
règlement intérieur nationale
Sensibilisation des filles Chefs d’établissement
Celiaf

7
INTRODUCTION

Les conflits dans une société en pleine évolution comme la notre, font apparaître des
phénomènes sociaux assez inquiétants.

L’un de ces phénomènes en milieu scolaire se trouve être le harcèlement sexuel qui
comme les autres formes de violences subies par les femmes au Tchad ne rencontre
que l’indifférence totale et tend même à être tolère et admis comme un fait social
normal.

Dans la recherche d’une société plus digne et respectueuse des droits


fondamentaux des êtres humains au nombre desquels on trouve le droit a
l’éducation, à la formation, à la sécurité de sa personne et à l’égalité des chances,
les Associations Féminines regroupées en réseau dénommé Cellule de Liaison et
d’Information des Associations Féminines (CELIAF) tentent de voir clair et avec
beaucoup d’intérêt la question des violences faites aux femmes ou plutôt violences
basées sur le genre afin de briser les tabous et les mythes qui entourent le statut
socio-juridique de la femme. C’est l’une des raisons fondamentales qui justifient cette
étude sur le harcèlement sexuel en milieu scolaire a N’Djaména.

S’il est vrai que l’harcèlement sexuel est reconnu et cité souvent comme l’une des
causes de la déperdition scolaire des filles, il n’a jamais été défini clairement. Il
n’existe aucun écrit sur le sujet.

La Celiaf en tant qu’institution qui œuvre pour la défense des intérêts des femmes
voudrait prendre au sérieux ce phénomène qui il faut le connaître, bafoue la dignité
de la femme

Du point de vue juridique, le harcèlement sexuel se situe dans une relation entre un
supérieur et un inferieur. Il est caractérisé par l’abus d’autorité ou de pouvoir de la
part d’un supérieur qui profite de sa position pour exercer des pressions sur son
subordonné afin d’obtenir des faveurs sexuelles. Ainsi. « Toute parole, geste
attitude ou comportement d’un membre du personnel d’un établissement
d’enseignement ayant pour objet de forcer une élève ou étudiante de cet
établissement à répondre à une connotation sexuelle est un acte de
harcèlement sexuel. »

Dans l’état actuel des choses il est reconnu de façon notoire que les filles élèves et
étudiants sont aussi harcelés par leurs condisciples garçons qui pourtant ne sort
pas supérieurs à elles. Est-ce dire que l’identité du genre suffit à elle seule a conférer
le pouvoir qui fonde le harcèlement sexuel? C’est ainsi que Catherine MACKINON
professeur a l’université de MICHIGAN aux ETAT UNIS précise que les situations
dans lesquelles le pouvoir est détenu a égalité par des collègues de travail, étudiants
ou enseignants sont difficiles à interpréter en terme de harcèlement sexuel tant que a
notion de pouvoir masculin n’est pas prise en compte.

1. Contexte
La lute pour la promotion du statut des femmes repose sur l’accès a l’information,
l’éducation et la formation; en effet, il a été reconnu a travers diverse études, qu’une

8
femme informé et éduquée avait plus d’aptitude à faire des choix, à profiter des
opportunités de son environnement pour réaliser son propre développement et celui
de sa maisonnée.

« Eduquer une fille c’est éduquer une nation » est le slogan souvent repris pour
promouvoir la scolarisation des filles et l’alphabétisation ou la formation des femmes.
L’éducation est donc une source importante à laquelle les filles et les femmes
devraient accéder pour un changement social, harmonieux et durable dans une
perspective de paix et d’équité.

Comme dans les autres domaines prioritaires, il est question de rétablir, à travers les
conventions, les politiques et programmes, un certain équilibre dans l’accès et le
contrôle des ressources matérielles et immatérielles qui confèrent du pouvoir aux
traditionnels détenteurs de ces ressources : la gent masculine.

En effet, socialement reconnu comme seul producteur des biens et services


reproducteur de la lignée et chef de famille, l’homme est privilégié dans toutes les
activités. La femme, consommatrice, productrice d’enfants, d’aliments. «  Passagère
en transit » n’a pas besoin de contrôler des ressources puisqu’elle ira servir d’autres
familles.

Ces perceptions des rôles des hommes et des femmes dans la société se traduisent
par une discrimination dans l’éducation et l’affection des ressources des filles et des
garçons. C’est contre ces discriminations que les Etats et les organisations locales et
internationales sont engagés à lutter aux moyens de grandes stratégies de
scolarisation des filles.

L’accès des filles et des femmes à la ressource éducation a provoqué un


déséquilibre au niveau de relation de genre vécu dans les lieux d’approvisionnement
de cette ressource er dans les familles.

Il a été reconnu que les violences, quelles que soient leurs formes, prennent leur
source dans la famille. Les inégalités vécues dans la famille se reproduisent au
niveau de la sphère publique dans laquelle évoluent les filles et les femmes. Il a été
relevé plusieurs attitudes pour décourager l’accès des filles à l’éducation :

- mariage forcé et précoce


- Surcharge de travaux domestiques
- Développement du complexe d’infériorité et d’incapacité de poursuivre les
études
- Découragement des enseignants par rapport à la taille et l’âge etc…
- Grossesses précoces et indésirées
- Harcèlement sexuel.

2. Problématique et justification de l’étude

Le harcèlement sexuel est une forme de violence qui affecte la dignité de la


personne.

9
Il est exercé par une partie qui se sent forte, capable, sur une autre considérée
comme faible, incapable.

Des études réalisées par le Ministère de l’Education Nationale et l’UNICEF montrent


que la déperdition scolaire chez les filles est intimement liée à pratique du
harcèlement sexuel exercé par les enseignants et condisciples qui considèrent leurs
filles, leurs sœurs, comme des objets de satisfaction sexuelle; on parle de « note
sexuellement transmissible » ou encore de « droit de cuissage »; cette perception
n’honore ni les enseignants ni les filles qui déploient pourtant beaucoup d’efforts pour
poursuivre leur scolarité

Si l’on dénonce cette pratique comme cause de réduction du niveau scolaire, il


faudra relever le fait que de plus en plus la majorité des établissements scolaires,
des scènes de jalousies se terminent par des agressions physiques au niveau des
enseignants et élèves qui aspirent tous à « posséder » la belle créature.

En milieux scolaire, le harcèlement sexuel est une pression morale exercée par des
hommes sur les filles et difficile à prouver pour obtenir une quelconque protection.
De plus, les victimes ont souvent honte et peur de dénoncer l’auteur soit parce
qu’elles souhaitent protéger leurs intérêts scolaires soit qu’elles ne reconnaissent
pas cela comme violence et se complaisent dans un mutisme complice.
Comme on le dirait pour la corruption, « s’il ya un corrompu, il y’a un corrupteur »
ainsi, on évoquera « les allumeuses » qui, par des accoutrements extravagants,
appelleront à un écart de comportement des enseignants qui, en tant que personnes
normales, ne resteront pas sourds à ces avances.

Les hommes ne supportent – ils pas voir une femme en dehors de l’espace qui lui
est traditionnellement réservé?
Les filles sont-elles responsables des agressions exercées sur elles?

CELIAF N’Djaména tentera de comprendre le phénomène afin de décidera


formellement si c’est une violence exercée par les hommes ou par les filles sur elles-
mêmes.

3. Objectifs de l’étude
Globalement CELIAF N’Djaména recherche à travers cette étude, la promotion
d’une société humaine ou les droits des filles et des garçons sont reconnus et
respectés.

Spécifiquement, il s’agit de :

o Vérifier les processus de manifestation du harcèlement sexuel en milieu


scolaire;
o Apprécier l’ampleur de la pratique dans les Établissement scolaires;
o Evaluer les effets sur les filles, leur scolarité;
o Formuler des actions de changements.

4. Méthodologie

Pour conduire cette étude, nous avons adopté la méthodologie suivante :

10
 Revue littéraire : nous avons essayé, autant que faire se peut, de collecter et
parcourir ce qui peut nous d’amples informations sur les violences faites aux
femmes en général et les violences sexuelles en particulier.

 Entrevues réalisées auprès des institutions et départements ministériels ci


après :
Education nationale où nous avions eu des entretiens avec la coordinatrice de la
cellule technique pour la promotion de la scolarisation des filles, le chef de
personnel à la délégation de l’éducation nationale pour la commune de
N’Djaména, des professeurs enseignants des collèges et lycées, des élèves filles
et garçons issus des établissements publics et privées retenus pour
l’échantillonnage

Enseignement supérieur et recherche scientifique


A ce niveau nous nous sommes rendues dans les facultés d’Ardep-djoumal et
dans quelques instituts universitaires privés où enseignants et étudiants (filles et
garçons ont été nos interlocuteurs.

Ministère de l’action sociale et de la famille, nous avons rencontré le chef de la


Division affaires juridique et droits de la femme.

Ministère de la justice, garde des sceaux, Nous avons échangé avec la


Directrice de la protection de l’enfance qui a pu nous mettre en contact avec le
juge pour enfance qui a bien voulu répondre à n os questions.

Nous avons également visité l’Association des Femmes éducatrices FORET


FAWE.

Nous avons échangé aussi avec la présidente de l’association Tchadienne des


Volontaires pour l’Encadrement des éléves Filles (ATVEF).

Sur la base d’un guide, nous nous sommes entretenus avec enseignants-éléves-
étudiants (filles et garçons) et les responsables d’institution ou chefs
d’établissements retenus pour l’échantillonnage. (Voir annexe)

Echantillonnage :

Nous avons opté pour un échantillonnage raisonné qui nous a permis de retenir 8
établissements d’enseignement secondaires publics et privées à savoir :

 Lycée Félix Eboué


 Lycée Techniques Commerciales
 Lycée Féminin
 Lycée de la Liberté
 Collège d’Enseignement Général n°2
 Lycée Franco-Anglais
 Lycée Collège Jean Paul Sartre et 3 Institutions Universitaires à savoir :
 Les Faculté d’Ardep Djoumal
 L’Ecole Supérieur d’Informatique et d’Electronique

11
 L’Institut Supérieur Polyvalent la Francophonie.

Il était prévu au départ de travailler avec 100 filles, 100 enseignants et 50 garçons.
Mais à la fin nous avons pu entretenir avec 94 filles, 43 enseignants et 40 garçons
soit un total de 177 personnes.

5. Les limites de l’étude

Comme tout travail humain, cette étude a également des limites. La premier des
limites de cette étude est qu’elle est plutôt qualitative ; sinon nous aurions aimé faire
le tour de tous les établissement d’enseignement secondaires et universitaires tant
publics que privées.

Sur le terrain, nous avons également éprouvé des différentes tendant à baiser les
informations collectées : certaines personnes pensent que mener une telle études
c’est chercher à se mêler de la vie privée des autres.

Nombre de nos interlocutions surtout membre de la personne enseignant réclament


de l’argent avant de répondre aux questions. «  Les enquêtes, c’est de l’argent »
nous ont-ils lancé.

Il y en a qui ont pris les questionnaires et ont nous le retourner aussi, le fait qu’il
n’existe aucune littérature précise sur le sujet a rendu notre tache plus ardue.

Malgré toutes ces difficultés nous pensons avoir jeté les jalons par cette étude afin
que désormais le phénomène de harcèlement sexuel en particulier et les violence
faites aux femmes en général soient pris au sérieux et que des sanction exemplaires
soient infligées aux auteurs et complices.

Le présent rapport d’étude se présente comme suit :

I - Généralités
II- Résultats et Analyse des entretiens réalisés
III- Analyse des pratiques sociales envers les femmes
IV- Conséquences du harcèlement sexuel sur les victimes
V- Quelques pistes de solutions.

12
I GENERALITES

A – Condition générale de la femme tchadienne

Du point de vue juridique, la femme tchadienne jouit des mêmes droits et assume les
mêmes devoirs que l’homme. La constitution du 31 mars 1996 dispose à cet effet
que les tchadiens des deux sexes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, ils
sont égaux devant la loi.

En plus de cela le Tchad a ratifié bon nombre d’instruments juridiques internationaux


dont la CEDEF et la CRDE qui grandissent les droits humains des femmes et des
filles en tant qu’être humains. Dans les discours politiques on sent également qu’il ya
une réelle volonté des autorités les plus haut placées de permettre le plein
épanouissement des femmes et leu participation efficace dans le processus de
développement. Beaucoup d’effort ont été faits dans ce sens également. On peut
citer en exemple : l’existence d’un Ministère en charge de la Femme (Ministère de
l’Action Sociale et de la Famille avec une Direction de la Promotion Féminine).
La reconnaissance de plusieurs organisations féminines.

La mise en place des deux projets en faveurs des femmes a savoir : le Projets de
réduction de la pauvreté des femmes (REPAFEM) et le projet Genre touts deux
placés sous la tutelle du Ministère de l’Action Sociale et de la Famille.

La création d’une cellule Technique pour la promotion de la scolarisation des filles


logées au Ministère de l’Education nationale.

Malheureusement dans la pratique la conscience populaire ne se montre pas en


faveur de la promotion de la femme.

Il existe encore plusieurs contraintes qui empêchent aux femmes de jouir pleinement
et effectivement de leur droits.

Dans toutes les régions du Tchad en milieu urbain comme en rural, les coutumes
ancestrales pèsent encore de tous leurs poids. Elles prônent la soumission totale de
la femme à l’autorité parente et maritale. L’éducation donnée aux filles ne se traduit
qu’en terme de devoirs ; une femme soumise est l’épouse idéale et toute la famille
tient à cet honneur de voir sa fille « réussir » dans son foyer conjugal.

Selon la tradition, les filles sont maillons essentiels dans cette chaîne de solidarité
créée par les mariages arrangés entre chefs de famille. Si une fille refuse cet
arrangement, fait d’ailleurs en dehors d’elle, elle jeté en quelque sorte un discrédit
sur sa famille et s’expose ainsi à un rejet de la part de ses proches.

Ainsi pour éviter que les filles, une fois avoir atteint la majorité, ne respectent pas le
choix des parents, elles sont dés leur jeune age et même avant leur naissance
promises en mariage et toute l’éducation qu’elles reçoivent ne concourt qu’à la vie
d’une bonne épouse. Cette attitude conduit les parents à donner leurs filles en
mariage de façon très précoce et aussi forcé dans la plupart des cas (surtout dans
les communautés musulmanes) ce qui n’est pas sans conséquences sur leur santé

13
car souvent ces adolescentes n’ayant pas atteint une maturité physiologique
connaissent des maternité assez difficiles et compliqués qui finissent par les rendre
fistuleuses¹.

Durant leur vie, les filles et les femmes sont ainsi exposées à toutes formes de
violences² : bastonnades, privation des droits, mutilations génitales, polygamies,
veuvage etc… sont les types les plus visibles des violences subies par les
tchadiennes.

D’autres formes plus silencieuses mais très sournoises existent également dans la
société, les ménages. Il s’agit de la division sexuelles du travail, l’accès et le
contrôle des ressources (ce que nous pouvons appeler violences basées sur le
genre) l’inégalité des droits et de devoirs des époux dans le mariage ou le devoir de
fidélité ne pèse que sur la femme alors que l’homme peut se livrer à une inconduite
notaire ou à l a polygamie.

Dans le tes contexte, la fille, la femme où qu’elle se trouve set d’abord perçue
comme femme gardienne de la maison, l’objet de plaisir sexuel dépourvu d’un
quelconque droit même sur son propre corps.

Leur droit à l’éducation est violé à tout moment. Les parents préfèrent investir dans
l’éducation du garçon plutôt que celle pour la fille ; si elles sont même inscrites à
l’école les filles courent aussi le risque d’être retirées de l’école pour le mariage ou
encore au sein même du système éducatif elles sont exposées à un autre forme de
violence qu’est le harcèlement sexuel objet de la présente étude.

Avant de parler du harcèlement sexuel, il est indispensable de jeter un regard


rétrospectif sur l’historique de l’éducation au Tchad.

B. Historique de l’éducation au Tchad

Les différentes phases de l’évolution historique de l’école au Tchad


Pendant la période pré colonial, la société tchadienne disposait des formes
d’éducation et de formation plus ou moins adaptées aux besoins du moment. Ces
formes d’encadrement variaient selon l’age et le sexe des enfants. Elles étaient
fonction des rôles sociaux futurs des candidats à la vie adulte. Assurée de façon
globale par les parents (premiers responsables de l’éducation des enfants), la
communauté, les pairs, cette forme d’éducation couvrait tous les domaines de la vie
communautaire. Bref, tout être ou membre de la société est impliqué dans la
formation et l’éducation de l’enfant. La réussite ou l’échec de cet enfant est le fruit de
cette coopération intercommunautaire.

C’est sur ce fond d’éducation traditionnelle qu’est intervenu l’enseignement


Coranique vers le 12 ème siècle dans le royaume du Ouaddaï, une région de l’Est du
Tchad. Cette forme d’enseignement non formel a duré des siècles avant l’avènement
du système éducatif dit formel. Ce dernier a été introduit au Tchad pendant la
période coloniale au

____________________
¹ Cf. Rapport séminaire sur le mariage précoce et ses conséquences
² Lire Intermon Oxfam : violence à l’égard des femmes .mai 2002

14
Cours du premier quart du vingtième siècle. Ainsi, la premier école a vu le jour en
1911 a Mao dans la préfecture du kanem.*

Au départ, l’école était ouvert seul enfants des chefs coutumiers, des sultans et
autres notables… bref aux enfants des collaborateurs de l’administration coloniale.

Déjà à cette époque, l’école n’était pas accessible aux filles dont la place demeurent
au foyer. Les parents acceptent difficilement d’envoyer leurs enfants, même les
garçons. La plupart d’entre eux était pris de forcer pour être inscrits à l’école. À et
lorsqu’il s’agit des filles, le problème prenait une ampleur particulier.

L’école qui était en quelque sorte l’apanage des enfants des collaborateurs de
l’administration coloniale, s’est progressivement élargie pour permettre aux autres
couches sociales d’y accéder. Cette ouverture a commencé à être effective à partir
de l’indépendance du Tchad. Il faut dire que l’école devrait répondre aux besoins
urgents et croissants en cadres de la jeune République. C’est en effet des années
plus tard que des dispositions ont été prises pour intégrer les filles dans ce système
avec pour but principal de les rendre plus efficaces. Par conséquent, vers les débuts
de l’indépendance, une stratégie de lutte pour la scolarisation des filles a été
envisagée pour inciter davantage les parents à envoyer leurs filles à l’école. C’était
celle de la création des écoles destinées à accueillir uniquement les filles.

Malgré les priorités accordées aux enfants appartenant à certaines couches sociales,
il faut reconnaître d’une manière générale que l’introduction de l’enseignement de
type moderne au Tchad ne s’est pas faite aisément. Ce type d’enseignement s’est
heurté aux conceptions traditionnelles d’éducation liées aux coutumes, aux valeurs
sociales et religieuses des populations tchadiennes. La perception des populations
du rôle de l’école dans le processus de développement est passée par plusieurs
phases.

La première phase
Elle a commence par une méfiance à l’égard de l’école, l’institution étrangère
nouvellement introduite par le colonisateur. Cette hostilité vis-à-vis de l’école était
bien entendu beaucoup plus perceptible dans les régions du nord du pays ou la
culture musulmane est dominante. A cette époque, rares étaient les familles
tchadiennes qui acceptaient d’envoyer leurs progéniture à cette école, considérée à
tort ou à raison comme instrument de destruction des valeurs ancestrales. L’école
représentait aux yeux de la majorité des parents un sacrilège. Et lorsqu’il s’agissait
des filles, la question prenait une dimension encore plus grave. Cette nouvelle
institution conduira à la dépravation et à la déperdition des mœurs. De ce fait, les
filles étaient systématiquement tenues à l’écart de cette forme d’éducation.

La seconde phase :
Elle est celle de la tolérance ou de l’acceptation de l’école par quelques-uns des
parents, suite aux résultats palpables présentés par les premiers produits de l’école.
Ces résultats qui prouvaient que l’accès à cette institution débouchait sur des
emplois rémunérées dans divers domaines de la vie socio-économique, ont incité
certaines familles à se libérer progressivement de certains préjugés vis-à-vis de
l’école. Malgré cette tolérance nouvelle, les filles étaient scolarisées en nombre
insuffisant et avaient très peu de considération dans la société. Leurs

15
comportements étaient jugés peu convenables par rapport aux mœurs et coutumes
locales.

Troisième phase :
C’est la demande presque généralisée de l’instruction par les parents. Ayant alors
compris l’importance de l’école à travers l’expérience de quelques échantillons, les
parents se bousculent aux portent des institutions scolaires. Beaucoup ont en fait
pris conscience, et perçoivent l’école désormais comme un facteur de promotion
sociale.

Cependant, même à ce niveau, la survivance d’un passé, le poids de la tradition


ajoutés à d’autre facteurs socio-économique amènent à constater que jusqu’ à nos
jours, très peu de filles fréquentent les établissements scolaires ou parviennent à
achever leur scolarité. Et le phénomène est beaucoup plus accentué dans les milieux
ruraux.

L’enseignement traditionnel
Depuis l’époque pré-coloniale, au Tchad comme d’ailleurs un peu partout en Afrique,
le rôle primordial assigné à la femme est celui de gardienne du foyer et d’éducatrice
des enfants à bas âge. Elle doit en plus de cela, jouer son rôle de bonne ménagère
de meilleur productrice des denrées alimentaires et d’ouvrages d’art. Cependant, des
l’âge de 6 à 7 ans (selon les milieux), le garçon est détaché de sa mère et mis sous
le contrôle d’une autorité exclusivement masculin qui doit s’occuper de son
éducation. C’est le plus souvent le père ou défaut, l’oncle qui assure l’encadrement
du garçon. A partir de cet âge l’enfant est éduqué pour devenir un homme
responsable. Celui qui est chargé d’assurer son encadrement le prépare à un métier.

Le suivi de l’éducation des filles est quant à lui entièrement assuré par sa mère, la
tante ou la grande mère. Cette méthode persiste encore aujourd’hui.

La mère et ou la tutrice ont pour souci majeur de préparé les filles à la vie au foyer et
rien de plus. À par conséquent, la jeune fille doit savoir préparé les repas, entretenir
les membres de la famille, obéir à sa belle-famille, bref, être une « épouse modèle
« Cette forme d’éducation constituait déjà un goulot d’étranglement pour l’éducation
moderne des filles.

Chaque famille devrait s’investir énormément pour la réussite de son enfant. Cela
conformément aux objectifs de la communauté dans le domaine de l’éducation. Et
pour y parvenir. Chacun y mettait du sien.

Dans la société tchadienne, le passage de l’adolescence à l’âge adulte est marqué


par des cérémonies d’initiation. La circoncision et l’excision sont des moments
important de la vie de l’enfant. Les rites y afférant varient selon les milieux et les
ethnies. Dans la zone Nord du pays, ces cérémonies s’organisent sur place et ne
nécessitent aucun déplacement. Par contre dans les régions du sud, l’initiation
nécessite un éloignement des enfants de leur village. Les enseignements qu’ils
recevront pendant une période donnée (loin de leurs familles respectives) sont
considérées comme le passage de l’adolescence à la vie adulte c’est aussi le
moment d’accéder à la vie active. Pendant ce temps, l’enfant subit diverses brimades
et on lui inculque la crainte et le respect du supérieur, ainsi que la modestie face à un

16
aîné. On leur impose donc le silence face à la douleur quelconque. Cette épreuve
d’endurance démarre alors avec le rituel lié à l’acte de l’excision ou la circoncision.
Ainsi celui qui exprime sa douleur devient la risée de tout le monde et fait la honte de
ses parents.

Des leur retour, les garçons bénéficient de certain statuts qui leur permettent
désormais l’accès dans les cercle de grandes décisions concernant leur société.
Quant aux filles généralement l’initiation les prépare déjà au mariage. De retour elles
doivent désormais se comporter comme des femmes murent et n’ont plus droit à
l’erreur. Celles ou ceux qui n’ont pas été initiés sont considérés comme des
adolescents malgré leur âge.

L’initiation dans certaines zones du pays se pratique sans l’excision. C’est le cas du
« magg » dans le Logone Occidental. Mais toutefois, l’objectif demeure le même.
C’est celui de compléter l’éducation des enfants. L’initiation féminine dans ce milieu
selon Diondoul Golbé. Se pratique dans l’optique de couronner les filles des
connaissances de la société à la quelle elles appartiennent; c’est un passage
privilégié pour entre dans la classe des adultes.

Sur la base des enseignements inculqués aux filles en brousse, elles doivent par
exemple adopter des règles de conduite qui guideront désormais leurs
comportements vis à vis de la société. Des enseignements qui les mettent en
confiance et les préparent pour faire face à la vie de tous les jours.

L’enseignement traditionnel se faisait également à travers les contes, devinettes,


mythes, légendes et adages. Ces formes d’enseignements plaçaient les enfants au
carrefour de deux mondes; celui des morts et des vivants. Bref ; c’est une initiation à
part entière à travers laquelle l’enfant apprenait à connaître et à maitriser les
exigences et les us et coutumes de leur communauté.

Et la mère, en particulier dans le nord du Tchad, les soignaient et les enseignaient


dans ce sens jusqu’ à l’avènement de l’Islam au Tchad. Cette religion est arrivée
avec une autre forme d’éducation qui lui est propre. Il s’agit de l’école coranique ou
« Massik » désormais implantée dans les communautés musulmanes.

L’enseignement coranique
L’enseignement coranique intervenu dans le royaume du Ouddaï à l’Est du pays se
basait sur la connaissance du coran. Ce système éducatif était déjà à l’époque, bien
organisé. Appel « Massik » par la population locale, l’école coranique faisait déjà
partie intégrante des activités religieuses de la communauté musulmane. Dans
chaque ville ou village, on en trouvait au moins une qui était tenue par des
enseignants bénévoles ou quelques élèves parmi les plus expérimentés et
supervisés par un érudit de l’islam. Le programme du « Massik » vise des objectifs
bien déterminés dans le cadre religieux :

- Doter l’enfant d’un outil de communication écrite,


- Lire couramment le coran,
- Mémoriser le contenu du coran
- Enseigner les préceptes de la religion islamique,
- Initier les élèves à la prière.

17
L’enseignement moderne
A l’époque coloniale, un nouvel enseignement de type moderne est né. L’accès au
service militaire et le contact influenceront un certain nombre de familles dites
« évoluées » de nouvelles mentalités ont commencé à naitre dans certain milieux

Cependant, l’implantation de l’enseignement formel en cette veille de l’indépendance


ne s’est pas faite aisément. Les parents continuaient d’afficher une certaine réticence
face à l’école, notamment ceux des régions musulmanes.

Même après l’indépendance ou une phase de tolérance a été amorcée, la prise de


conscience s’est avérée assez lente. Dans un premier temps, c’est seulement les
garçons qui former rapidement des auxiliaires coloniaux. C’est plus tard que
quelques rares parents ayant compris l’intérêt de la scolarisation, ont décidé d’y
envoyer leurs filles. L’exemple fait fâche d’huile. Cependant, bon nombre de filles
n’iront pas jusqu’au bout de leur études.

En revanche, dans la zone sud du pays à dominance chrétienne et animiste, les


population ont très vite compris l’importance de l’école et ont accueilli cette
institution. C’est ce qui explique le fort taux d’instruction dans cette partie du pays.

L’implantation et la prolifération des « madarassas » (école coraniques modernes) au


Tchad viendront changer légèrement cette conception qui vise à garder les filles au
foyer. La « madarassa » n’est autre qu’une institution d’enseignement de base qui
utilise l’arabe comme langue d’enseignement. Les tchadienne de confession
musulmane, héritiers d’un enseignement traditionnel arabo-islamique croient et
tiennent beaucoup à système en vigueur au Tchad depuis longtemps. Le cycle et la
durée des études dans les « madarasas » sont les mêmes que ceux en vigueur dans
les établissements publics français. Aujourd’hui, elles sont assez répandues au
Tchad. Les statistiques du Ministère de l’Education Nationale (1999 au 2000)
dénombrent 144 écoles privées arabes ou « madarasas » sur les 3 594 écoles qui
compte le pays.

Certains parents musulmans pensent que l’école de type français dont programme
ne contient aucun enseignement spirituel bafoue les vertus et les valeurs
socioculturelles. Il est conçu dit-on pour acculturer les enfants. C’est pourquoi, le
produit de cette école serait voué à la débauche.

D’une manière générale, de l’indépendance à nos jours, le bien fondé de l’école a


été compris par la majorité de la population.

Nombre de filles et de femmes ont tiré profit de l’école moderne. Leur formation leur
permet non seulement d’accéder à des emplois rémunérés, mais à des champs
exclusivement réservés autrefois aux hommes. Malgré cela, la fosse entre l’homme
et la femme demeure toujours grand. Les femmes hautes cadres se comptent encore
au bout des doigts. Certes, des offerts louables ont été déployés; cependant,
beaucoup reste à faire car jusqu’ici, la société tchadienne est encore à cheval entre
le modernisme et la tradition.

18
C- analyse du taux de scolarisation des jeunes filles au Tchad

A l’instar des pays d’Afrique subsaharienne, le Tchad, au sortir de la colonisation,


avait hérité d’une école moderne. L’objectif principal de cette situation était de former
et de préparer les futures élites à prendre le relais de l’administration coloniale.
Pendant longtemps, le taux de scolarisation est resté en dessous de 20% cette
situation se traduit nombre croissant de jeune enfants que le système d’éducation
héritée de la colonisation ne peut intégrer.

C’est pourquoi, la question de l’alphabétisation a toujours retenu l’attention des


différents gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays. Ainsi, le taux global
d’analphabétisme (TGA) qui était de 86,5% en 1993 s’est réduit à 67% en 1998.
Malgré les améliorations remarquables du système, le phénomène de la
déscolarisation et de la non- scolarisation des jeunes reste marquant. La population
féminine constitue la frange la plus frappée par ce phénomène. Le taux brut de
scolarisation des files est de 59% contre 92% chez les garçons. Le taux
d’analphabétisme chez les hommes est de 59,40% contre un pourcentage de
87,20% chez les femmes. Il faut dire que le système scolaire est demeuré jusqu’à là
marqué par un fort taux de déperdition qui se traduit par la déscolarisation,
augmentant ainsi chaque jour le nombre de «  marginaux ».

Ces chiffres montrent que malgré l’adhésion du Tchad à la déclaration de Jomtein en


Thaïlande, beaucoup reste à faire, bien que la scolarisation des filles soit en nette
amélioration. Le constat suivant s’impose : l’accès des filles à l’école reste limité.
Une fois l’étape de scolarisation amorcée, elles ont tendance à abandonner plus
rapidement que les garçons.

Cependant, malgré l’évolution observée ces dernières années, il faut reconnaître que
l’écart qui existe entre le taux de scolarisation des garçons et celui des filles demeure
encore important.

19
Présentation du tableau comparatif du taux brut de scolarisation (TBS) filles/
garçons pour l’année 2000-2001 pour 29 Départements

Département TBS/ Garçons TBS/Filles Total


ASSOUNGHA 67,39 24,26 45,48
BAGUIRMI 35,53 18,52 27,21
BARH EL GHAZAL 47,92 41,26 44,64
BAHR KÔH 116,55 89,32 103,18
BATHA EST 23,06 13,53 18,28
BATHA OUEST 43,23 63,99 53,64
BILTINE 46,23 16,62 31,31
BORKOU 63,27 25,41 44,42
DABABA 34,38 17,13 25,94
ENNEDI 23,36 9,80 16,61
GUERA 85,26 47,28 66,34
HADJER LAMIS 44,06 30,04 37,20
KABIA 117,78 62,20 90,15
KANEM 53,16 64,62 58,80
LAC 28,41 14,27 21,44
LAC IRO 82,73 44,58 64,00
LOGONE 131,42 87,40 109,61
OCCIDENTAL
LOGONE ORIENTAL 193,42 113,44 154,53
MANDOUL 116,46 71,22 94,25
MAYO BONEYE 148,94 108,65 128,91
MAYO DALA 114,32 53,75 84,87
MONTS de LAM 78,70 45,14 61,65
OUADDAÏ 38,81 15,20 27,13
SALAMAT 35,68 16,63 26,00
SILA 119,19 73,03 96,16
TANDJILE EST 128,33 86,98 107,70
TANDJILE OUEST 44,27 18,34 31,35
TIBESTI 119,68 95,22 107,70
N’DJAMENA 104,69 49,37 77,19
TCHAD 91,26 58,67 75,11
.
Source : Dapro
La lecture de ce tableau montre que des efforts ont été abattus ces dernières années
en matières de scolarisation des filles. Par conséquent, le pourcentage évolué au fil
des années. Ainsi, de 8,0% en 1964 le taux de scolarisation féminine est monté à
58,67% en 2001.

L’évolution du taux de scolarisation des filles la plus remarquable est celle de la


région du kanem. Le TGA des filles qui était de 6,1% est passé à environ 65% une
dizaine d’années après. De 1993 à 200, on constate une réduction très importante
du fossé existant entre le taux des filles et celui des garçons à l’école avec une
différence de 58,52% chez les filles. Autre fait remarquable dans cette préfecture
devenue aujourd’hui région, c’est la supériorité affichée du taux brut de scolarité
dans le rang des filles en 2001 par rapport à celui des garçons. Ainsi le taux brut de

20
scolarisation des garçons qui était supériorité à celui des filles dans les années
précédentes est devancé par celui des filles (53,16% de garçons contre 64,62% de
filles en 2001

Représentation des filles dans l’enseignement secondaire générale

Établissements Établissements Total Pourcentage


Publics Privés
Garçon 138.640 17.280 155.920 76%
Filles 38.124 11.109 49.233 24%

Source : Ministère de l’Éducation Nationale, Division de la Planification et de


l’Information

21
II RESULTATS DES ENTRETIENS REALISES

1. ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNANTS

Éléments de définition

Il y a harcèlement sexuel lorsqu’on use de son autorité abuser sexuellement d’une


personne. (Lorsque la fille accepte les avances, il n’y plus harcèlement)

Manifestations
- Les rendez-vous
- Prononcer plusieurs fois le nom de la fille en classe
- Notes complaisantes, arbitraires
- Correspondances
- Insultes
- Taquineries.

Raisons

 La délinquance
 La concurrence entre les filles
 La puberté qui pousse les jeunes à expérimenter l’acte sexuel
 L’obsession sexuelle de certains enseignants
 Laisser aller de la hiérarchie
 L’alcoolisme
 La non maîtrise de soi
 Le désir de posséder les belles filles de sa classe
 L’abus d’autorité/ de pouvoir
 La jeunesse de certains enseignants
 Le manque d’éducation civique
 La flexibilité des mœurs
 La facilité de part et d’autres
 Le mauvais traitement des enseignants qui tentent de tirer vengeance sur les
filles
 Le comportement des filles elles-mêmes (extravagance)
 Le manque de formation pédagogique.

Connaissance d’un texte qui sanctionne le phénomène

Aucune connaissance d’un texte quelconque. Sinon le règlement intérieur des


établissements qui assimile de tels actes à l’indiscipline.

Solutions souvent envisagées, par : l’administration, les familles, les filles.

- administration : confrontation des parties pour un règlement à l’amiable. Mise


en garde de l’enseignant fautif. Conseils aux élevés (si ce n’est pas encore
au stade de grossesse)
- familles : (en cas de grossesse) mariage forcé ou dommages et intérêts,
poursuites judiciaires.

22
- Les filles : interruptions des études, changement d’établissement.

Réactions de l’entourage
- consternation
- indignation
- indifférence
- railleries
- moqueries
- mépris pour l’auteur et la victime

Type d’actions envisageables

- Sensibilisation massive des enseignements et surtout des filles


- Introduire l’enseignement de la sexualité à l’école.

2. ENTRETIEN AVEC LES FILLES

Définition :
On parle de harcèlement sexuel quand un supérieur force son inférieur par tous les
moyens à savoir des rapports sexuels contre sa volonté.

NB : une bonne grange des enquêtées ont confondu le harcèlement au


viol¨beaucoup l’ont défini comme rapport sexuels forcé ou par surprise.

Manifestations
- Désignation au tableau répétée
- Le professeur prononce plusieurs le nom
- Regard provocant
- Rendez-vous
- Invitation
- Avances de toutes sortes
- Insultes
- Visites à domicile
- Appel téléphonique.

Raisons
- Avantage du métier d’enseignant
- Observation sexuelle
- Vagabondage sexuel
- Les vieux veulent se rajeunir
- Education de base (mauvaise)
- Faiblesse des hommes/non maîtrise de soi
- Comportement des filles (extravagance, matérialisme, imitation)

Témoins
La majorité des filles ont déclaré avoir été témoins plusieurs fois (35 personnes)

Victimes
¾ des enquêtées ont été elles mêmes victimes.
A l’université de N’Djaména 9/12 filles ont été victimes

23
Auteurs
Les harceleurs sont :

- Les enseignants
- Les garçons élèves et étudiants
- Les responsables et fondateurs de certains établissements
- Les cousins et les beaux frères

Recherches de conseil
Partage entre amies, cousines

NB : une minorité en parlent avec leurs mères

Réactions de l’entourage

- Insultes
- Mépris
- Indifférence
- Quelques rares conseils.

Types se soutien recherché


- Poursuite judicaire
- Sensibilisation
- Association
- Mobilisation de toutes les femmes/filles.

Autres formes de violence faites aux femmes connues


- Viol
- Bastonnade
- Travaux pénibles
- Abandon de foyer
- Mariage précoce et forcé
- Interdiction de sortie
- Interdiction de poursuivre les études ou de travailler.

3. ENTRETIEN AVEC LES GARCONS

Définition

Il ya harcèlement sexuel lorsqu’un responsable cherche par tous les moyens a avoir
des relations sexuelles avec une fille/femme.

Témoins
Témoins à plusieurs reprises (29 personnes)

24
Auteurs

- Les enseignants, les garçons (élèves et étudiants)


- Les grands intellectuels
- Les bandits de la rue
- Les filles, elles même provoquent

Raisons

- Vagabondage sexuel
- Les vieux veulent se rajeunir
- Obsession sexuelle
- Matérialisme des filles et pauvreté des parents
- Notes sexuellement transmissibles
- Transmissions volontaires du VIH/SIDA

Si votre fille est harcelée


- Poursuites judicaires
- Réaction violente (assassinat)

NB : la majorité des garçons promettent de tuer le harceleur de leur sœur ou fille.

Types de solution envisageables :


- Sensibilisation
- Une loi pouvant périmer les auteurs
- Séparer les filles des garçons.

4. ENTRETIEN AVEC LES RESPONSABLES DES ETABLISSEMENTS

Sur les 11 établissements retenus pour l’échantillonnage, nous nous sommes


entretenues avec 7 responsables chefs d’établissements qui ont accepté de nous
recevoir et répondre à nos questions. Tous ont connaissance du sujet, mais
demeurent impuissants face à son ampleur.

Réactions et procédure de résolution

- Interpellation des intéressés


- Écoute des différentes parties (victimes et auteurs)
- Écoute des témoins (recherche des preuves)
- Confrontent si nécessaire
- Conseils
- Convocation des parents
- Sanction contre le coupable.

Textes appliqués
Le règlement intérieur de l’établissement (dispositions relatives à la discipline)

25
Dévouement des cas connus
- Règlement à l’amiable
- Présentation d’excuses par le professeur coupable
- Suivi des auteurs afin d’éviter la récidive.

Ampleur du phénomène
- phénomène réel
- Fréquent mais temporisé par les sanctions dissuasives
- Ampleur grandissant surtout dans les facultés

Solutions envisageables
- Sensibiliser les filles et les enseignants
- Elaborer des textes adéquats pour sanctionner les auteurs et même les
victimes complices.

5. ENTRETIEN AVEC LE JUGE POUR ENFANT

Dans notre parcours pour la collecte des données, nous nous sommes aperçues
que la justice a été citée à maintes reprises pour venir au bout du phénomène de
harcèlement sexuel.

Bien que n’était pas prévu dans les, TDR nous avons jugé opportun d’écouter et de
recueillir le point de vue d’un magistrat, juge pour enfant sur la question.

Connaissance du phénomène

Oui, nous nous avons entendu parler de ce phénomène comme tout le monde, par
les médias et les amis.

Cas connus
Au cours de l’année 2004 nous avions enregistré sept (7) dossiers relatifs à la
sexualité des jeunes dont quatre (4) filles élèves.

Nous éprouvons assez de difficultés pour qualifier l’infraction puisque le code pénal
n’a aucune disposition qui réprime le harcèlement sexuel. Et quand ça arrive au
niveau de la justice tout est consommé, il y a déjà rapport sexuel illicite. Donc la
qualification change elle devient alors :

 Viol
 Attentat à la pudeur
 Détournement de mineur

Si la fille est déflorée, les parents réclament des dommages et intérêt pour la
réparation de leur honneur bafoué, la encore si la fille était consentante pour les
rapports sexuels, le juge se retrouve devant une nouvelle difficulté; il n’y a aucune
disposition qui parle de la sexualité des mineurs.

26
Dénouement
Très souvent les auteurs nient les faits mais après instruction du dossier nous
arrivons à prouver leur culpabilité. Des lors que l’infraction est qualifiée, nous
accordons une réparation civile aux parents.

Ampleur du phénomène

C’est un phénomène sérieux, il va galopant. Il ne se passe seulement en milieu


scolaire. Faites un tour dans les marchés être vous verrez comment les petites filles
vendeuses ambulantes sont traitées. Elles sont plus harcelées. Les commerçant leur
font des petits cadeaux (habits, bijoux) ou bien lorsqu’ils donnent de billets de
banque, ils ne reprennent pas les reliquats. C’est peut être ce qui fait les filles
mineurs courent après les hommes. Les parents ne les contrôlent même plus.
Maintenant que faire pour que les filles scolarisées soient des modèles pour les
autres.

Solution dans l’état actuel des choses


La premier des choses à faire est la reforme des textes juridique (code pénal) en
prenant en compte la sexualité des mineurs.
Les parents doivent casser le tableau et parler de la sexualité avec leurs enfants. Il
faut aussi encourager les mariages volontaires.

L’Etat doit également rendre opérationnelle la brigade pour mineur (cette brigade
créée en 1999 n’a jamais fonctionné)
Règlement et contrôler les ciné-clubs, et les programmes de la Télévision
Tchadienne.

Répartition des données par catégories

Catégorie Nombre Connaissanc Témoins Victimes Sans


e du sujet réponse
Enseignants 43 43 25 --- 18
Filles 94 94 35 41 18
Garçons 40 40 29 --- 11
Total 177 177 87 41 47

Remarques :
La question de savoir si la personne était victime ou non n’a été posée qu’aux :

- Toutes les personnes interrogées ont déclaré connaissance du phénomène


- 87 personnes toutes catégories confondues en sont témoins.
- - 41 filles se sont déclarées victimes
- 18 sont sans réponses.

Nous comprenons le silence de ces 18 filles qui ont préféré se taire, car il n’est pas
aisé qu’une personne vous dise des choses sur sa vie sexuelle.

27
De ce fait nous pouvons considérer que ces 18 filles restées sans réponses ont-elles
aussi été victimes mais refusent simplement de confirmer ou alors elles ne savent
pas que certains faits qu’elles subissent sont constitutifs de harcèlement sexuel.

Nous pouvons également dire que ce sont celles là qui dans la définition ont
confondu le harcèlement sexuel au viol. (Cf. NB : Sous entretien avec les filles).

28
III ANALYSE DES DIFFERENTS ENTRETIENS

Tous ceux que nous avons rencontrés et avec qui nous avons eu des entretiens
qu’ils soient professeurs universitaires, seconderais, élèves (filles et garçon) et
étudiants, responsables d’établissements et de certains Ministères) et
reconnaissent clairement l’existant du phénomène de harcèlement sexuel. On nous
a laissé entendre même que c’est une phéromone publique c'est-à-dire quelque
chose qui existe et qui se pratique a vu et au su de tous.

Les éléments de définition et les causes varient d’un groupe à l’autre.

1. selon les enseignants


Sur 43 enseignants, tous ont entendu parler du sujet, 21 ont été témoins
Par harcèlement sexuel les enseignants entendent :

- le fait qu’une personne use de son pouvoir pour avoir des rapports sexuels
avec une fille son élève/étudiante
- le comportement influent que l’on exerce sur son élève pour conquérir son
cœur;
- les avances faites aux filles;
- le fait d’insister a voir une sorite avec une élève/étudiante

de ces éléments on peut qu’à chaque fois qu’il ya influence ou menace qui obligerait
une fille à sortir avec son enseignant, il ya harcèlement.

Quelques enseignants ont également fustigé le comportement des filles qui au lieu
de résister ou dénoncer les auteurs se taisent. Est-ce un silence complice ou la peur
de perdre l’année scolaire par des mauvaises notes qui seraient les conséquences
d’un refus? Ce qui nous amenons à bien voir qui sont les auteurs du harcèlement en
milieu scolaire selon les enseignants.

Les auteurs

Les enseignants qui ont accepté de coopérer citent deux types d’auteurs.
- Les enseignants eux-mêmes qui, en violation des règles déontologiques se
permettent des tels actes.
- Les filles qui provoquent par leur beauté, leur accoutrement et de fois font
elles même des avances pour obtenir des meilleurs notes. Elles cherchent
beaucoup plus les solutions faciliter au lieu propre force.

Raisons

Les enseignants ont retenu un certain nombre de raisons qui entraînent le


harcèlement sexuel.

Nous pouvons classifier les raisons évoquées par les enseignants en deux causes
principales qui sont :

29
Causes psychologiques
Elles sont liées à la jeunesse de certains enseignants qui pensent que leur position
permet tout. Du coté des filles c’est la curiosité de découvrir «  comment les autres
font ».

Causes socio- économiques


Les proliférations des établissements privées, les retards dans les payements de
salaire font que les enseignants sont mal traités. Au privé c’est inadmissible car des
diplômes acceptent de dispenser des cours en raison de 300, 500 750 francs
l’heures; pour certain d’entre eux dont la bourse ne suffit pas pour entretenir une
femme, ils se rabattent sur leurs élèves. Les notes sont soit monnayables soit
« sexuellement transmissible » un enseignant dans un établissement supérieur de la
place nous a sortir le terme bonification de point.

A cela il faut aussi ajouter le fait que des filles d’origine modeste veulent absolument
être à la mode.

Même si certaines personnes pensent que le harcèlement sexuel est un fait public, il
suscite de même des réactions.

De l’avis des enseignants celui qui ne respecte pas la déontologie ne mérite pas le
respect de ses collègues. Mais .tant donné qu’ils forment un seul corps ce qu’ils ont
comme réaction c’est l’indignation et souvent ils prodiguent des conseils, surtout aux
jeunes enseignants qui sont beaucoup plus cités comme auteurs.

D’aucuns se désolidarisent complètement et dénoncent même leurs collègues qui se


livrent a de telles pratiques.

Dans un établissement privée de la place, le règlement intérieur interdit des relations


amoureuses entre enseignants et élèves sauf si elles sont connues des parents
c'est-à-dire si le professeur se présenté officiellement comme étant prétendant de la
fille. C’est ce qui permet aux enseignants de se désolidariser et même de dénoncer
le comportement illicite de leur collègue. Les autres élèves quant a eux ont des
réactions variées qui vont de la moquerie à la jalousie selon qu’ils sont des filles ou
garçons.

Certaines filles aiment les facilités en veulent a celles qui sont courtisées par les
professeurs alors que celles qui se battent de leurs propres ailes éprouvent du
mépris.

Les garçons considèrent les enseignants qui harcèlent les filles comme leur rivaux et
ne cessent de se moquer de la fille, des fois elle surnommée madame X. la fille sera
ainsi étiquetée et si elle ne tient pas bon, elle risque de changer d’établissement ou
abandonner simplement les études.

La sexualité étant un sujet tabou au Tchad, souvent très rare sont les filles qui
acceptent de partager leurs douleurs aux autres; de même les parents ne veulent en
faire du bruit pour discréditer d’avantage leur fille déjà indexée a l’école. Dans les
cas extrêmes ou survient une grossesse, en ce moment la position des parents est
radicale : mariage obligatoire et souvent ce genre de mariage ne dure pas parce que

30
ne repose pas sur des fondements solides; la rupture intervient et souvent la fille se
trouvent seule avec l’enfant en charge. C’est l’une des causes du phénomène des
« filles mères ».

2- Selon les filles


Nous nous sommes entretenues avec 94 filles. Âgées de 13-29 ans filles issues des
différents établissements retenus. Toutes reconnaissent l’existence du phénomène
mais leurs éléments de définition différente quelque peu de ceux des enseignants ce
qui est a notre avis tout a fait normal.

Ainsi pour les filles il ya harcèlement sexuel lorsqu’un supérieur (enseignant) cherche
par tout moyens à avoir des rapports sexuels avec un inferieur (élève)

Ce harcèlement se manifeste par les faits ci – après :


- Attribution arbitraire de notes
- Invitation par le professeur (RV)
- Insistance si le 1er rendez-vous n’a par réussi
- Regards provocateurs
- Insultes
- Visite à domicile
- Désignation abusive au tableau
- Prononciation du nom sans raison en classe

Les filles ont également cite le harcèlement exerce contre elle par leurs condisciples
garçons.

Auteurs
Dans la tentative de définition avancée par les filles, il ressort clairement que ce sont
les enseignants qui exercent le harcèlement contre elles.

Certaines d’entre elles ont également fait cas des situations vécues au quartier ou se
sont des cousins, des beaux-frères qui tentent de les posséder. Alors faut il confirmer
le fait que partout ou elles passent les femmes sont harcelées.

Une étudiante dans un institut de la place a affirmé avoir quitté la faculté a cause de
son professeur qui tenait absolument à la « posséder ».

Une autre (élève du secondaire) a affirmé que son professeur lui a fait reprendre sa
classe par ce qu’elle a refusé de répondre à ses avances répétées.

Chez les filles interrogées, toutes reconnaissent que les premiers auteurs sont les
enseignants; face à eux, elles n’ont pas les moyens de se défendre. Selon elles
l’intimidation, le chantage et les mauvaises notes sont les armes privilégiées des
harceleurs. Quelques honnêtes filles ont affirmé que les filles elles-mêmes sont à l’
origine de ce phénomène par leur comportement vestimentaire. C’est ce qui a été
relevé par tous ceux que nous avions rencontrés.

En effet malgré le port de tenues on se rend compte que les élèves refusent de venir
en tenue au début de la rentré, histoire de se faire repérer par sa beauté peut être. Et
lorsqu’elles décident de le faire, les boutons sont mal fermés. Des fois elles sont

31
sans sous vêtement laissant transparaitre certaines parties du corps. C’est ce que
confirme un enseignant qui se dit être victime d’un harcèlement sexuel par son élève.

Les raisons avancées par les filles ne sont pas tout à fait les mêmes que celles des
autres interlocuteurs. Elles ont cité entre autres :

- Avantage du métier d’enseignant


- Le matérialisme, la facilité et la puberté chez les filles qui cèdent facilement ou
qui exercent elles-mêmes le HS.

A la question de savoir ou cela passe t-il? Les filles ont cité les lieux suivants :
Au sein des établissements d’enseignement (dans la cour, en classe et dans les
bureaux des responsables)

De par cette réponse même si toutes les filles enquêtées ne se sont pas déclarées
victimes elles ont au moins une fois été témoins ou encore une amie leur a partagé
son aventure

Généralement elles sont muettes sur le sujet face aux parents. Ces derniers sont
souvent mis devant un fait accompli c'est-à-dire qu’ils ne sont informés que
lorsqu’une grossesse intervient.

.
Cela interpelle aussi les parents qui ne suivent pas leurs enfants normalement afin
de se rendre compte si effective le bulletin ou les notes reflètent le niveau de la
progéniture.

Les filles de trois établissements se sont démarquées des autres sur les lieux ou se
passent le phénomène. Elles ont cité les coins comme les bars, les auberges, les
boites de nuit, les domiciles des copains.

A ce sujet nous nous demandons est ce qu’on peut parler de harcèlement sexuel?
Du moment ou de tels coins sont considérés comme des lieux de débauchée

A la question de savoir a qui elles demandent conseils, la majorité de filles


enquêtées se dégage pour les amies et les grandes sœurs ; quelques rares ont
avoué demander conseils a leurs mamans. Ceci démontre nettement que les
parents et les enfants ne s’entretiennent pas sur des tels sujets. Tabous ou
méfiants?

3. Selon les garçons


40 garçons ont été entendus, 29 déclarent avoir été témoins

Les garçons quant a eux reconnaissent le fait et le définissent comme les autres
mais ils manquent la différence en affirmant que les enseignants mettent en avant
leurs moyens financiers et matériels pour les filles.

Ils expriment plutôt des sentiments eux des vaincus car eux aussi sont des
harceleurs.

32
S’agissant de l’ampleur que prend ce phénomène les garçons reconnaissent qu’il est
notoire. Un étudiant a affirmé volontaires que lui-même est un harceleur et avance
comme raison que c’est pour « faire marcher la vie »

Après analyse des vis des principaux concernés on comprend aisément que les
violences sexuelles faites aux filles en milieu scolaire sont une réalité car tout le
monde en a connaissance et conscience. Les auteurs présumés (enseignant élèves
et étudiants) confirment bien ce qui leur est reproché tout en fustigeant le
comportement peu recommandable des filles.ces filles que nous qualifions de
victimes allumeuses reconnaissaient également que quelques part ce sont elle qui
allument (peut être sans le savoir) le feu qui déclenché les manifestations du
harcèlement sexuel. A ce moment les actions tendant a réduire le phénomène
doivent être orientées vers tous les concernés

4. Selon les chefs d’établissements


De l’avis des responsables d’établissements, nous vous proposons l’intégralité des
entretiens que nous avons eu avec trois d’entre eux.

33
Chef d’établissement A

Nous avons entendu parler du harcèlement sexuel par le biais des élèves adolescents qui
constituent la couche sociale sexuellement très active du fait de la démission des parents de leur
rôle d’éducateur. On constate la perte de la notion des us et coutumes, la dépravation des mœurs
imputables a la guerre. Cette situation de crise sociale et économique a favorisé la profération des
orphelins, la division de la société pour des raisons claniques d’où émergent des enfants partagés
entre 3 éducations notamment celle de la maison, celle de la rue (violence, usage des armes
blanches et a feu), celle de l’école. La perte de la notion de la valeur humaine se traduit par l’image
d’infériorité de la file qui devient un objet aux yeux des garçons au lieu d’être considérée comme
partenaire, mère, sœur.

Beaucoup de cas de bataille rangées dans les différents établissements que j’ai eu a diriger sont
partis d’un problème de fille. Celle-ci n’a pas le droit d’aimer le garçon de son choix. Le prétendant
malheureux devient l’agresseur de couple des amoureux.

Ma réaction est souvent vive, suivie de sanctions sévères a l’égard des garçons.

Les sanctions prises sont dissuasives dans le but de récupérer les enfants. Elles respectent le
canevas des sanctions disciplinaires du genre avertissements, arrêt de cours, convocation des
parents…

Il ne peut être mentionné un article relatif au harcèlement. Nous appliquons celui relatif a
l’indiscipline dont fait partie le harcèlement sexuel.

Nous faisons le suivi toute l’année des élèves repérées pour éviter le récidivisme.

Au bout de trois avertissements, nous réorientons les élèves vers d’établissements.

C’est fréquent, phénomène réel mais temporisé par les actions dissuasives. Pour cette année
scolaire par exemple, j’ai rencontré en début d’année des groupes de garçons réputés pour leur
agressivité envers les filles. Une mise au point a été faite pour les intimider et les ramener a l’ordre.

Oui, c’est évident que s’il n’ya pas de filles, il n’y aura pas de violence car les garçons supportent
mal que les filles repoussent leurs avances.

Je suis optimiste par principe, donc, l’échec n’existe pas pour moi, il est plutôt voulu car toute
chose a une solution.

a) les établissements doivent avoir une clôture dissuasive afin de contrôler les entrées et les
sorties pour bloquer les harceleurs qui viennent surtout des autres établissements. Il est plus
facile de maitriser ses propres élèves.
b) Mettre des administrateurs responsables, les surveiller puis les aider dans leur travail afin
que la rigueur dans les recrutements se fasse pour permettre de contrôler systématiquement le
mouvement des élèves des établissements publics et privés (maitrise des effectifs et des
mouvements).

Nos moyens sont d’ordre pédagogique; l’application du règlement intérieur, la convocation des
parents. Cette menace de l’élèves consiste a obtenir de lui un changement de comportement

En début d’année, j’ai fait le tour de toutes les classes pour signifier aux élèves l’obligation du port
de tenue et du respect de l’autre dans toute sa différence (ethnique, religieuse, sexuelle). La
rencontre avec chefs de classes a abouti à la mise en place d’un comité de discipline constitué de
tous les chefs lesquels servent d’informateurs auprès de l’administration par le biais du surveillant
pour dénoncer toute situation litigieuse. Ils portent une main forte à l’administration.

34
Chef d’établissement B

Oui nous avons parlé de bouche à oreille. Peut –on parler du harcèlement sexuel ou de note
sexuellement transmissible.
Il ya harcèlement sexuel lorsqu’on use de son autorité pour abuser sexuellement une personne.
Par contre, il ya des filles qui sont intellectuellement bonnes et qu’on harcèle sexuellement a
l’université. Mais dans le cadre des Établissement supérieur privés, le problème semble résider
dans l’encadrement des mémoires. Mais lorsqu’il n’y a pas résistance, si la fille a consentit peut –
on parler de harcèlement.

Je suis victime moi-même de harcèlement sexuel par une de mes étudiantes en 1ére année (voire
celle qui se place en 1ére table sans sous-vêtement pour provoquer l’enseignant).

Nous faisons intervenir l’équipe de l’administration pour comprendre la situation.

Nous écoutons les différentes parties pour attirer l’attention des concernés sur le fait que leur
problème privé ne doit pas perturber le bon fonctionnement de l’établissement. Après moult conseil
pour faire comprendre au garçon que ce n’est pas normal de sortir deux filles d’une même classe.
Suspensions d’un mois de cours en principe mais ils ont été exclus pour 48h avec convocation des
parents.

Il faut une stricte application du règlement intérieur pour indiscipline car il n’y a pas un texte précis
qui parle de harcèlement sexuel.

Cela dépend de la gravité de la chose, avertissement verbal, écrit, blâme, exclusion provisoire,
définition… écouté et suivi par les chefs de classes.

Souvent c’est le règlement a l’amiable de l’établissement puis nous convoquons les parents en cas
de récidive.

Il ya a une nouveau, c’est que se sont les filles qui harcèlent maintenant les garçons par leur
comportement habillement.

C’est possible que cela soit la cause des conflits dans les établissements, car lorsqu’un garçon
aime une fille et n’en aime une autre, cela dégénère en bagarre

Il est possible de combattre ce phénomène :

- l’éducation de base est très importante. Il faut apprendre aux enfants a respecter la décision
de l’autre, a accepter la différence et le point de vue de l’autre.
- L’application des règlements intérieurs de matière stricte. Il faut que les enfants
comprennent qu’a l’école, il n’ya pas de barrières sociales qui puissent influencer leur
comportement. L’éducation civique est très importante.

Pour disposer des moyens, il faut être conscient de la chose et des structure à mettre en palace
pour régler les problèmes, pour l’instant, on gère les effets du harcèlement (dispute, bagarre…)

35
Chef d’établissement C

Oui nous avons entendu parler du harcèlement sexuel par les Ondes, a la faculté par les
enseignants et les étudiants.

Officiellement non, mais dans les coulisses, on parle des jeunes collègues, qui harcèlent les
étudiantes, une fille s’était plante au département mais verbalement et la chef de département m’en
a fait part.
Déception, car nous devons pas marchander les notes, j’ai condamné cela il ya de cela 5 ans ,
après examens des requêtes des étudiants. Après, la fille fait des promesses de son corps pour
arranger sa situation.

Si c’est officiel quelque fois je crois les plantes. Je fais observations amicales, en cas de
persistance, je vois les chefs hiérarchiques. Si les collègues veuille bien épouser l’étudiante, qu’il le
fasse d’une manière officielle.

Il n’ya pas sanction prévue.

Deux ont abouti au mariage.

Les étudiantes reçoivent des notes arbitraires et cela crée la frustration des autres qui travaillent
bien. Cela est contraire aux normes pédagogiques. Nous allons interpeller nos juristes pour nous
mettre sur pieds un texte (Règlement intérieur)

Oui car deux jeunes se disputent un même partenaire beaucoup plus en milieu secondaire.

Tout problème à des solutions, il faut sensibiliser les enseignants (rappeler la déontologie). Que les
enseignants se maitrisent. D’abord penser aux études et ne pas opter pour la facilité (s’agissant
des filles).

Tous les moyens doivent être utilisés. Introduire l’enseignement de la sexualité a l’école et surtout
au 2nd cycle.

Sensibiliser les parents aussi. Au Congo, la sexualité a l’école est monnaie courante et j’ai
remarqué que les parents poussent les filles a la débauche.

36
IV- L’analyse des pratiques sociales en matière de
harcèlement sexuel sur les filles

A- Des pratiques sociales en violation des droits


Humains des femmes
Les violences faites aux femmes en générale sont considérées au Tchad comme des
faits divers sans importance et suscitent peu de réaction (sinon seules les ADH et
l’AFJT qui ne cessent de dénoncer en se constituant des fois partie civile)

Entant donné que le harcèlement sexuel (qu’il soit exercé au lieu de travail ou a
l’école fait partie du lot de violence subies quotidiennement par les femmes, très peu
de gens le prennent au sérieux.

Ceci est certainement du au fait que la société tchadienne dans son ensemble,
malgré les discours favorables a la promotion de la femme, accorde très peu de
crédit a celle-ci.

Depuis la maison, la fille reçoit un traitement différent de celui du garçon, l’idée que
la fille ne fait jamais totalement partie de la famille (par ce qu’elle va intégrer une
autre famille après le mariage) ne quitte jamais les esprits.

On entend souvent des gens dire que « tant que je n’ai pas un garçon ma
succession n’est pas garantie ».

Pour la plupart des tchadiens, la place de la fille est a la maison même si ces
derniers temps on note une prise de conscience relative dans la scolarisation des
filles et la responsabilisation des femmes.

Dans une étude réalisée en 2001 par le Ministère de l’Education Nationale sur les
stéréotypes défavorables aux filles en milieu scolaire, il a été relevé que le
comportement et les attitudes des enseignants des filles; ce au traduisent les
stéréotypes négatifs a l’égard des filles; ce qui n’est pas sans conséquences sur les
résultats scolaires des filles.

Les attitudes des enseignants reflètent les préjugés généraux de la société quant au
rôle social des femmes et aux aptitudes des filles à étudier, ces attitudes se
traduisent par les insultes telles que « vieille fille mère tu feras mieux de rester à la
maison ou encore tu perd ton temps à l’école »

Dans la même étude précitée une proportion importante des filles enquêtées disent
qu’elles ont subi des châtiments corporels, des railleries et des harcèlements de la
part de leurs enseignants.

Aussi le fait de prime abord, la société accorde un statut d’infériorité à la femme fait
que les filles et garçons grandissent en développant ce complexe et tout le monde

37
accepte toutes les violences a l’égard des femmes comme fait normal. Ces violences
ne sont autres que les résultats d’inégalité qui vivent les femmes, inégalité forgée et
entretenue par les hommes pour mieux asseoir leur autorité.

Les filles à qui a toujours enseigné la soumission au papa, au grand frère ou au futur
époux sont d’abord complexées devant leurs enseignants, ensuite le fait qu’elles
disposent de très peu de temps pour leurs études (elles participent aux travaux
ménager) diminue leur rendement scolaire et les met dans une situation de double
faiblesse devant d’enseignant ou le condisciple qui leurs promettent le brouillon du
devoir ou bonus de notes pour leur faciliter le passage en classe supérieure.

Une autre cause citée par la majorité de nos interlocuteurs y compris les filles est
également le matérialisme qui hante nos filles. En effet, la jeunesse Tchadienne est
en proie à une évolution qui défie les mœurs sous l’effet des ciné-clubs, des chaines
de télévision qui diffusent des images de toutes sortes. Et les filles en pleine
évolution/imitation veulent ressembler aux a céder au premier demandeur sinon elles
se proposent elles-mêmes.

Mais au-delà de ce comportement malsain des filles comment réagissent les autres
face au harcèlement sexuel des filles.

Bon nombre de nos interlocuteurs (élèves étudiants et enseignants) nous ont fait
comprendre que face à un harcèlement d’une fille en milieu scolaire, leur réaction
c’est d’abord une consternation, ou une indifférence car pour certains c’est un
phénomène connu de tous donc il tend même à être accepter comme fait normal,
sinon comment comprend que les enseignants et étudiants arrivent à employer des
termes : bonus de note, note contre sexe ou note sexuellement transmissible sans
aucune gêne. Les parents quant à eux sont absents, les ignorants ou les derniers
informés de la scène.

Leur réactions des fois violente traduit leur déception, c’est d’ailleurs la peur de voir
sa fille un jour être la risée de l’entourage qui pousse certain parents à opter pour
l’éducation religieuse de leur filles.

Un conservateur disait à ce sujet qu’ « une fille musulmane qui est passée par l’école
des blancs est trois fois pire que celle qui a fréquenté uniquement l’école coranique »

Cette conception est encore véhiculée par bonne frange de la population le point de
vue de ce boucher de 62 ans en dit long, quand il affirme qu’une fille n’a droit qu’à
trois sorties durant toute sa vie :

- Premièrement, elle sort du ventre de sa mère


- Deuxièmement, elle sort de la maison familiale pour rejoindre son époux
- Troisièmement, elle quitte le foyer conjugal pour sa dernière demeure.

Ainsi depuis la nuit des temps il a été établi dans notre société qu’une fille n’a réussi
que si elle tient bien son foyer, donc elle n’a pas besoin d’étudier dans une école qui
n’enseigne rien des valeurs traditionnelles.

38
Est-ce pour décourager et renvoyer les filles à leur rôle de mère et d’épouse que les
hommes se livrent à cette pratique de harcèlement sexuel?
A travers cette étude nous nous sommes rendue compte que l’ampleur du
phénomène est effrayante. Sur un total de 94 filles enquêtées toutes ont avoué avoir
entendu parler du harcèlement sexuel, 41 ont-elles même été victimes, 35 ont été
témoins et 18 sont sans réponse.
A ces 41 filles qui se sont volontairement déclarées victimes, il faut ajouter les 18 qui
sont restées sans réponses, car ne dit-on pas que qui ne dit rien consent. Par ce
que nous doutons que ce soit un silence éloquent

Pourquoi cet abus? Quel est l’état de la législation en la matière?

B- Etat de la législation tchadienne en la matière

Les instruments juridiques qui permettent aux femmes et aux filles d’entreprendre
des actions juridiques pour obtenir réparation des préjudices subies par elles en cas
de violences ne sont pas efficaces. Ils n’existent d’ailleurs aucun texte précis en la
matière. Le processus de réforme des textes juridiques traîne toujours.

S’agissant des rapports entre élèves et enseignants il n’existe au niveau du Ministère


de tutelle aucun texte précis qui les régit et qui sanctionner un comportement déviant
(sexuellement) des uns et des autres.

Les établissement publics et privées se servent des règlements intérieurs conçus par
l’administration sans implication des élèves; là encore il faut se dire qu’il n’y a pas un
texte standard, car chaque établissement conçoit son propre texte, les dispositions
de ces règlements intérieurs auxquels tous les responsable d’établissement du
harcèlement ont plutôt trait à la discipline; elles ne traitent pas expressément du
harcèlement sexuel.

Le décret n°447 du 16 septembre 1992 portant statut particulier des enseignants est
muet sur les rapports enseignants-éléves.

D’autres textes de portée générale peuvent servir de base pour sanctionner les
auteurs il s’agit de la loi N°17 de 2001 portant statut général de la fonction publique
et du code pénal qui date de 1967.

S’agissant de l’Etat de la législation Tchadienne en la matière l’entretien que nous


avons eu avec le juge pour enfant nous a suffisamment éclairés sur le vide juridique
qui existe.

Il nous a expliqué les difficultés aux quelles il est confronté dans l’exercice de sa
fonction : requalification du délit.

En effet le juge pour enfant a avoué qu’il n’existe aucune disposition juridique qui
réglemente la sexualité des mineurs ou qui réprime le harcèlement sexuel en milieux
scolaire, au lieu de travail. Une loi en cours d’élaboration qui va porter reforme du
code pénal a pris en compte le harcèlement sexuel. Notre souhait est que cette loi
puisse aboutir le plutôt possible afin d’alléger la souffrance des filles et des femmes

39
tchadiennes. Mais d’ici là les conséquences du harcèlement sexuel seront encore
difficiles à gérer.

V- Les conséquences du harcèlement sexuel sur les


victimes
Un acte comme le harcèlement sexuel ne peut se passer sans conséquences sur
les victimes

A. Conséquences sur leur scolarisation


Dans une brochure distribuée dans les campus de l’université de Princeton aux
USA, par une Association de féministes, le harcèlement sexuel se définit comme
« une manifestation d’intérêt sexuel non désirée qui met autrui mal a laisse ou qui
entraîne des problèmes pendant les cours, travail ou dans les relations sociales en
générale » A partie de cette définition il faut remarquer que la première
conséquence du harcèlement sexuel est la perte du droit d’être a l’aise « a l’école »
une fille qui entretient des relations intimes avec son professeur devient la cible de
moquerie et dernier. Elle perd aussi des amies en milieu scolaire. Généralement elle
ne partage ses aventures qu’a des copines pour tenter de demander conseils
comme la plupart nous l’ont dit. Cette situation oblige les filles parfois à changer
d’établissement si elles tiennent encore a leur avenir; une interlocutrice nous a avoué
qu’elle a quitté l’université a cause d’un de ses professeurs. En voici le récit :

« Le Monsieur a commence s’intéresser à moi. Quand j’ai compris ses intentions
j’ai pris distances en refusant toutes ses avances, il se proposait de me déposait à
la maison à la fin des cours mais j’ai toujours refusé. A la fin, je me suis retrouvé
avec des sales notes. Je lui avais dit que j’ai déjà un fiancé, mais il ne cessait de
me téléphoner. Alors la solution pour moi c’est de tout changer. J’ai changé de
téléphone et j’ai abandonné l’université pour m’inscrire dans un institut. Je n’ai pas
expliqué les raisons de ce choix à mes parents, je sais que si je reste à la faculté
je ne réussirai pas »

Les moins courageuses optent pour l’interruption pure et simple des études.
L’interruption intervient le plus souvent quand il a grosse. L’état de grossesse avec
touts ses caprices n’est pas toujours supportable pour une jeune fille qui ne s’y est
pas préparée. S’il s’agit d’une fille dont les parents tiennent à l’honneur, elles se
retrouvent dans la plupart des cas renvoyés du domicile familial.

Au cas ou ceux-ci l’acceptent avec sa grossesse, rares sont les parents qui
acceptent de s’occuper de l’enfant qui naîtra. Alors la pauvre verra le cours normal
de ses études perturbé.

Dans la plupart des cas, la réaction des parents c’est d’obliger l’auteur à prendre la
fille en mariage. La aussi c’est une autre chapitre de violence. Elle doit affronter une

40
vie conjugale mal préparée, faire face aux insolences d’une belle-famille qui elle
aussi est peut être surprise par cette « union involontaire »; il n’est pas rare
d’entendre des injures telle « bordelle, c’est toi qui courrais après notre fils ou encore
avons-nous été en fiançailles chez toi, mal élevée »
Si l’interruption des études n’est pas définitive, la jeune fille (femme?) ne peut se
rattraper que dans les cours du soir ou bien après le 1 er cycle du secondaire; si elle
a son brevet c’est penser de ca à chercher à passer un concours pour aller dans une
école professionnelle sinon « la série C » reste possible (Couture, Coiffure, Cuisine

B. Conséquence sur leur vie


L’une des conséquences du harcèlement sexuel est la survenue d’une grossesse
indésirée. Souvent les auteurs nient les faits.

Mais si la pression des parents est forte il acceptera malgré lui de prendre la fille en
mariage mais pour combien de temps de vie commune?

Si c’est un marié, il sera confronté lui-même aux difficultés de la polygamie. Le plus


souvent la solution serait de se débarrasser de l’aventurière.

C’est ainsi qu’on retrouve assez des filles mères dans notre société.

Dans certain cas les auteurs préfèrent payer des dommages et intérêt quitte a
reconnaître l’enfant plus tard ou non.

Au pire des cas lorsque la fille devient enceinte, les conseils des petites amies ne
servent plus a rien et comme les parents sont ignorant de la situation il faut qu’ils le
soient jusqu’au bout. Alors arrive la décision qu’il faut tout faire pour étouffer la
situation ou la grossesse. L’ultime solution reste l’interruption volontaire de
grossesse pratiquée clandestinement dans des conditions non thérapeutiques.

Certaines s’y engagent aux prix de leur vie. Voici le témoignage d’une interlocutrice

« j’ai perdu une de mes amies en deuxième année d’anglais en 2001. Elle a
été engrossée par un en plus nos professeurs. Au départ elle ne voulait pas
de lui mais finalement elle avait cédé sous la menace de la faire reprendre
elle était devenue enceinte, puis avait tenté clandestinement d’avorter, hélas
cet acte lui a couté la vie »

En plus de cette aventure malheureuse, certaines victimes peuvent se retrouver


également contaminées par le VIH/SIDA. Car l’une des raisons évoquées les
garçons est transmission volontaire du VIH par les harceleurs qui se reconnaissent
séropositifs.
Ainsi sans le vouloir, la jeune fille victime de cette pratique verra tout son avenir mis
en jeux.

Toutes ces conséquences nous amènent a dire que le harcèlement sexuel fait perdre
a la victime son droit a l’éducation, a la vie et en un mot toutes ses chances de

41
réussite. Nous confirmons sans risque de nous tromper que le harcèlement sexuel
est un acte qui doit être combattu sous toutes ses formes et a tous les niveaux. C’est
une pratique qui laisse croire que la femme n’est utile que pour le sexe ou par son
sexe.

BIBLIOGRAPHIE
Ministère de l’Education Nationale; CONEFE (Comité National de l’Education et de la
Formation en Liaison avec l’Emploi) : les causes des échecs des filles au secondaire
général : cas de N’Djamena et ses environs, juillet 1999
Ministère de l’Education Nationale; Bureau d’Etudes et d’Action pour le
Développement : Etude sur les stéréotypes défavorables aux filles en milieu scolaire,
septembre 2001.
Ministère de la justice : code pénal tchadien, 1967
Ministère du Plan et de la Coopération : politique Nationale de Population, 1995
FNUAP : Etat de la population tchadienne en 1998 : situation de la femme
FNUAP : Etude sur les conditions socio juridiques de la femme au Tchad
UNICEF : le droit et les droits de la femme en Afrique de l’Ouest et du Centre
UNICEF : Violence faites aux femmes en Afrique de l’Ouest et du Centre
UNICEF : les enfants victimes d’abus sexuels au Tchad, 2003
UNICEF : Situation des enfants dans le monde, 2004
Blague Adoum Laurent : Enquête sur le comportement sexuel des jeunes filles au
Tchad 1999.
Hynda Ahmet Chérif; média audio-visuel et scolarisation des filles au Tchad, apport
de la TVT, mémoire de fin de 2nd cycle a l’université de N’Djaména, 2003
Nganbé Kosnaye : entre cuisine et maternité, femme Tchadienne 2002

42
ANNEXES

43
GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNEMENTS

1- Qu’est ce que le harcèlement sexuel selon vous?


2- Quelles sont les manifestations du harcèlement sexuel dans les
établissements?
3- Citez les raison sont à l’ origine de ce phénomène?
4- Avez-vous connaissance d’un texte qui sanctionne ce phénomène?
5- Quelles sont les solutions souvent envisagées par l’administration les parents
et les filles?
6- Comment réagissent les autres enseignants?
7- Comment réagissent les autres élèves?
8- Si votre fille est harcelée comment réagirez-vous?
9- Quels types d’action entreprendre face à ce phénomène? Citez trois (3)
actions possibles.

GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES FILLES

1- Qu’entendez-vous par harcèlement sexuel?


2- Avez-vous déjà entendu parler du sujet combien de fois?
3- Quand vous sentez harcelée?
4- Avez-vous déjà été témoins? Combien de fois?
5- Qui dans votre entourage en a été victime?
6- Aviez-vous vous-même subi des violences dans ce domaine?
7- Qui exercé le harcèlement sexuel?
8- Ou cela se passe t-il le plus souvent?
9- Quelles sont les raison qui entraînent le phénomène?
10-A qui demande-vous conseil?
11-Qu’en pensent les autres?

44
12-Que souhaiteriez-vous avoir comme soutien face a ce type de problème?
13-Quelles autres formes de violences les femmes subissent –elles de façon
générale dans notre société?

QUESTIONNAIRES DESTINES AUX ENSEIGNANTS

1- ETABLISSEMENT :______________________________Arrondissement
2- Age :
3- Nombre d’année de service :
4- Aviez-vous déjà entendu parler de harcèlement sexuel dans les milieux
scolaires et universitaires? Oui________Non__________
5- Citer les formes de harcèlement que vous connaissez________________
_________________________________________________________________
_________________________________________________________________
_________________________________________________________________
_________________________________________________________________
__________________________________________________
6- aviez-vous déjà été directement témoin du phénomène? Oui____Non___
7- quelles sont les motivations qui engendrent le plus souvent ce phénomène?
_____________________________________________
____________________________________________________________
______________________________________________________________
8- Quels dénouements ont connu les cas que vous connaissez?
Mariage : ______Enfant :_______Rupture________
Jugement : par les autorités ___________par les familles :_____________
Autre :_____________précisez________________________________________
___________________________________________________________
9- Quelle issue cela a-t-il donné pour la fille?
Interruption des études :______Changement d’établissement :_____________
Poursuite des études :_________Autres _____________________________
______________________________________________________________
10- Citez les autres formes de violence faites aux filles et aux femmes de façon
générale que vous connaissez :_______________________________

45
_______________________________________________________________

GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES GARCONS

1. Que ce que le harcèlement sexuel?

2. En avez-vous déjà entendu parler ? par qui?

3. Avez-vous déjà été témoins? Combien de fois?

4. Qui selon vous exercé le harcèlement sexuel sur les filles?

5. Quelles sont les raison qui entraînent le phénomène?

6. S’il arrive que votre sœur ou fille est harcelée, comment réagirez-vous?

7. Proposez quelques solutions pour combattre ce phénomène.

GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES RESPONSABLES DES


ETABLISSEMENTS

1- Avez-vous déjà entendez parler du phénomène harcèlement sexuel


dans les établissements? Par quel biais?
2- Avez- vous déjà confronté dans l’exercice de votre profession/fonction
avec des problèmes de harcèlement sexuel a l’école.
3- Quelle est votre réaction en cas de harcèlement manifeste?
4- Quelle est la procédure de résolution?
5- Par quels textes est-il régi à votre niveau?
6- Quelle suite est donnée par votre service à une telle affaire?
7- Quelle est selon vous l’ampleur de la violence sexuelle dans les
établissements d’enseignement?
8- Etes-vous d’accord que le harcèlement sexuel est l’une des causes de
la violence dans les établissements scolaires et universitaires?
9- Estimez – vous l’état actuel des choses, des solutions peuvent être
trouvées? Lesquelles?

46
10- Disposez des moyens (textes, organes, ….)nécessaires pour agir
efficacement dans ce domaine?

47

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