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Architecture
contemporaine
au Canada
français
1. P a n o r a m a des L e t t r e s canadiennes-françaises
par G U Y S Y L V E S T R E
2. Le T h é â t r e au C a n a d a français
par J E A N H A M E L I N
10. A r c h i t e c t u r e c o n t e m p o r a i n e au C a n a d a français
par C L A U D E B E A U L I E U
L'architecture
contemporaine
au C a n a d a français
par
6)
Claude B E A U L I E U
[h
D6930043
La collection de brochures Art, Vie et Sciences au Canada
français a été conçue c o m m e un i n s t r u m e n t de d o c u m e n t a t i o n
et de travail destiné à être diffusé auprès d un large public
cultivé, t a n t au C a n a d a q u ' à l'étranger.
\
INTRODUCTION
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non contaminés, o n t le ressort suffisant pour faire passer le
souffle ancestral de leur spiritualité dans l'architecture ainsi
m a r q u é e de leur sceau indélébile.
A la lumière de ces considérations, la position du C a n a d a
français paraît bien difficile à cerner. Le biculturalisme officiel,
le cosmopolitisme de fait, la gigantesque influence du sud par-
tagent la population entre de nombreuses sollicitations puisées
dans des sources souvent divergentes et d a n s des influences
appauvries par le rejet global d ' u n passé qui reste toujours
e m p r e i n t de poésie a u t h e n t i q u e .
Il n'est a u c u n e m e n t question de se soustraire aux influences,
mais il faut les passer au crible d'une analyse rigoureuse pour en
extraire une n o u r r i t u r e assimilable. Il faut puiser d a n s des
œuvres instinctives en fonction d ' h a b i t u d e s valables h a u t e m e n t
caractérisées, dans u n climat à soi, et repenser Le problème en
se s e r v a n t des données techniques et des i n s t r u m e n t s les plus
avancés, pour façonner une plastique actuelle, utile, génératrice
d ' u n a r t de vivre.
S'il fallait courir à la recherche de ses inspirations nationales
pour faire le point sur l'architecture actuelle au C a n a d a français,
le bilan serait p l u t ô t mince. E n allant seulement à la découverte,
dans l'aire géographique si bien dessinée du Québec, des réali-
sations les plus m a r q u a n t e s de l'architecture actuelle, on t r o u v e
d a n s le capharnaiim de nos cités des œ u v r e s t r a n s c e n d a n t e s par
l'apport intelligent et sensible, souvent personnel, des solutions
techniques et des expressions plastiques.
Les c h a n g e m e n t s opérés d a n s l'acheminement de nos des-
tinées se sont plus ou moins cristallisés à la suite de m o u v e m e n t s
politiques i n a t t e n d u s , vers les années soixante. Il est évident que
cet a b o u t i s s e m e n t a v a i t pris racine et germé d a n s le sillon d'évé-
nements m o n d i a u x : il s'était alors produit un brassage inoui
d'êtres h u m a i n s qui devait multiplier les échanges de toutes
sortes par u n éclatement des moyens de diffusion qui dépasse
l'imagination.
C e t t e profusion d'idées et de faits, étalés sans les retenues
des préjugés ou de la fausse pudeur, a transformé radicalement
les jeunes générations, perméables et réceptives, avec une force
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et une rapidité à l'image des i n s t r u m e n t s mis à leur disposition.
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h a b i t a t , se passionnera pour la qualité des espaces où il sera
appelé à vivre toute son existence ?
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inquiète le d é p a r t d'un acheminement vers une architecture
nationale qui s'épanouit sur un terrain difficile en y puisant la
vie par des racines fortement accrochées au sol.
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L ' i m p l a n t a t i o n heureuse, quoique due au hasard, de quelque
six ou sept gratte-ciel rendent u n m o u v e m e n t cadencé et passa-
blement bien o r d o n n a n c é . On sait, malheureusement, que c e t t e
h a r m o n i e relative est provisoire et que de futures constructions
viendront combler les vides pour former un a m a l g a m e anar-
chique.
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A proximité, l'édifice C.I.L., moins vaste, moins h a u t , moins
expressif, possède une b e a u t é classique plus rigoureuse. L'équi-
libre de ses proportions, le jeu sensible et dépouillé des lignes
et du volume, la finesse des détails et de la t e x t u r e en font une
œ u v r e de première valeur. C o m m e d a n s l'immeuble précédent,
le plan symétrique, ici rectangulaire, ramasse tous ses services
au centre afin de dégager entièrement les espaces sur façade.
Le m u r rideau est souligné de m e n e a u x d'aluminium appliqués
sur u n étagement de verre et d'aluminium émaillé noir. C e t t e
t r a m e accentue la verticalité de l'immeuble tout en lui d o n n a n t
une échelle h u m a i n e .
T o u t a u t r e est la conception plastique de la tour Victoria.
Ici, l'élément de construction s'efface d e v a n t la recherche des
formes. L'esprit est b a r o q u e ; il ignore l'échelle de l'homme, il
n ' a de r a p p o r t q u ' a v e c lui-même. On ne compte pas les étages
mais on évalue la r a p p o r t des trois. coupures horizontales, des
arêtes galbées qui a c c e n t u e n t le m o u v e m e n t fuyant de la verti-
calité comme celui d'une colonne. C e t immeuble est le fruit d'une
longue tradition latine; il est aussi l'expression la plus audacieuse
d'une s t r u c t u r e de béton.
L'immeuble C. I. L., construit itya environi sept ans, est un édifice d'une archi-
tecture rigoureuse el sensible, d'esprit classique. Haut de trente-trois étages, il est
couronné d'une paroi à claire-voie qui dissimule tes sorties mécaniques. La cons-
truction est composée d'une structure d'acier enveloppée d'un mur-rideau d'alu-
minium el de verre sur ses quatre Jaçades, dégagées de tout service. Les services
sont groupés au centre el libèrent tous les espaces vers textérieur. L'aluminium
joue un rôle de premier plan dans thabillage du bâtiment : aluminium noir des
étages en larges bandes émaitlées, fins meneaux au naturel accusant la verlicalilé
du volume. A l'intérieur, on retrouve le même matériau utilisé avec discretion pour
souligner le verre et les divers revêtements : bois, Jormica, tissus.
Architectes: Skidmore, O w i n g s & Merrill. Architectes d'opération: Green-
spoon, Freedlander & D u n n e . [Photo Marcel Corbeau)
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I
!
I
I
N o t r e - D a m e et s u r t o u t du vieux Séminaire, l'un de nos monu-
m e n t s historiques les plus vénérables et les plus intéressants,
a u r a i t d û commander le respect. Après l'édifice Aldred, la t r a n s -
formation du dallage et l'agrandissement de la B a n q u e de
M o n t r é a l , c e t t e nouvelle construction achève la détérioration
de ce lieu historique qui avait u n e réelle valeur urbaine et
architecturale. C'est u n exemple d e la confusion q u i règne lors-
qu'il s'agit d'établir la hiérarchie des valeurs, d'aller j u s q u ' a u
b o u t de ses intentions et de les structurer. L a recherche d ' u n
a r t u r b a i n n'est pas une mode ou une fantaisie d ' e s t h è t e : elle
constitue le m o t e u r de la civilisation. On sait p e r t i n e m m e n t que
cette situation est due a v a n t t o u t aux exigences t y r a n n i q u e s de
l'économie.
D a n s ces conditions, nos agglomérations n ' o n t q u ' à pro-
longer leur c a p h a r n a ù m d'une génération à l'autre j u s q u ' à une
éventuelle c a t a s t r o p h e générale qui p e r m e t t r a i t u n d é p a r t à
zéro! Le mépris de l'interdépendance architecturale c o m p r o m e t
sérieusement les qualités intrinsèques d'ensembles tels q u e le
W e s t m o u n t Plaza, œ u v r e admirable de Mies v a n der R o h e :
sa proximité avec la maison-mère des D a m e s de la Congrégation
engendre u n total déséquilibre des valeurs. C e t t e p r a t i q u e p e u t
être valable d a n s le cas d ' u n voisinage appelé à disparaître,
comme nous l ' a d m e t t o n s d a n s certains secteurs vétustés ou en
voie de transformation. D a n s les cas cités plus h a u t , ce voisinage
risque de durer encore quelques générations.
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE
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C e t t e p r a t i q u e s'est prolongée j u s q u ' à la génération qui nous
précède. Sans oublier l'influence é p h é m è r e qui, a v a n t la guerre,
a suivi les conférences et le séjour au C a n a d a du bénédictin
D o m Bellot. La génération actuelle, après s'être libérée de tous
les poncifs, profite largement des recherches sur le b é t o n . E t
aussi des transformations récentes des normes liturgiques. N o u s
sommes donc, depuis plus d ' u n e décennie, t é m o i n s d ' u n éclate-
m e n t des s t r u c t u r e s qui a v a i e n t figé les formes et le décor de
nos églises, de nos temples, de nos synagogues. Les signes
routiniers d ' u n e architecture qui a v a i t glissé v e r s la facilité
sentimentale o n t cédé la place aux conceptions fonctionnelles
de l'abri sacré dressé pour accueillir les fidèles d a n s les meilleures
conditions de c o m m u n i o n . Les architectes o n t donc imaginé,
avec l'accord t a c i t e du clergé, des plans en gradins, en éventail,
en circonférence; des autels tournés vers les fidèles. L a vue bien
dégagée qu'exige ce nouveau contact de presque tous les sens
a généralisé le p a r t i du large vaisseau sans colonnes.
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des édifices religieux dont quelques-uns méritent une mention
spéciale. La région du lac Saint-Jean, en particulier, a bénéficié de
l'installation à Jonquière des architectes Saint-Gelais et F e r n a n d
T r e m b l a y . O n leur doit, e n t r e a u t r e s ouvrages, d e u x églises
d o n t les formes générales, par l'utilisation des voiles minces
en béton, sans b a v u r e , t r a d u i s e n t avec u n sourire e m p r e i n t d ' u n e
certaine finesse, la destination de leur espace et incite a u re-
cueillement par l'absence de recherche p r o v o c a n t e . L'intérieur
répond à 1 extérieur, m ê m e si les motifs s c u l p t u r a u x sont sans
intérêt et si les murales c o n s t i t u e n t u n hiatus par leur facture
profane t r o p recherchée.
C e t t e décentralisation des valeurs à t r a v e r s le territoire
constitue l'indice d ' u n e «prise de position s t i m u l a n t e ; celle-ci p e u t
faire échec à la médiocrité qui sévit d a n s notre province depuis
plus d ' u n siècle.
L a région de Chicoutimi s'est également vue enrichie d ' u n e
église d o n t les qualités techniques et plastiques m a r q u e n t u n e
é t a p e décisive dans l'évolution de notre architecture religieuse.
La g r a n d e v o û t e conique imaginée par P a u l - M a r i e C ô t é et
Desgagné, t r a d u i t e sans trahison par les calculs des ingénieurs,
a t t e i n d r a i t à la p u r e t é sans certains détails d ' a r c h i t e c t u r e qui
a m e n u i s e n t la plénitude de son volume d o m i n a n t .
L'ÉGLISE S A I N T - D E N I S À SAINTE-FOY
Celle église, parmi les nombreuses autres dont les Jormes sont rcclierchées el même
maniérées, offre un Intérêt particulier à cause du mouvement de sa toiture, qui se
retrousse en fin clocher au-dessus de l'entrée et dont la frange forme une courbe
gracieuse le long des façades latérales ; à cause aussi de sa voûte, qui se structure
en une surface légèrement gauche suggérant discrètement ta carène d'une barque,
en raison, enfin, de la franchise de son plan.
Le rectangle de ta nef, légèrement gonflé sur les grands côtés, s'abrite sous
la voûte charpentée dont les appuis, rejetés à l'extérieur, reposent directement
sur te sot : les murs ne jouent ici que le râle de voile rigide.
Derrière le chœur, une salle de réunion sépare le presbytère de l'église ; un
système de cloisons coulissantes dégage l'arrière du chœur et permet d'offrir un
supplément d'espace.
Le béton, le verre et le bois lamelle dominent dans celle construction nette
el subtile.
Architecte: Jean-Marie R o y . Ingénieur en structure: André Risi.
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manifester d a n s l'expressionnisme et m ê m e le b a r o q u e . Le ;eu
e x u b é r a n t des volumes, les génératrices de formes, les supports,
les vides et les pleins sont traités avec une générosité d e texture
et de couleur qui font des œ u v r e s intéressantes mais souvent
maniérées et affectées. Il faut être un D ' A s t o u s pour se per-
m e t t r e de jongler sans faillir avec les formes les plus diverses
et arriver à les faire servir à ses fins, tendues vers l'effet cherché,
sans souci a p p a r e n t de logique. Ce jeune architecte, issu de l'Ecole
de F r a n k Lloyd Wright, a doté la région montréalaise d ' u n en-
semble d'édifices religieux d o n t plus d ' u n sont remarquables. Si
les églises de Cartierville, de D u v e r n a y , de T r a c y , de Longueuil
ou de R e p e n t i g n y s'adressent aux sens plus qu'elles n'élèvent
l'âme, elles valent par l'affirmation puissante de leur personnalité.
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LES CENTRES UNIVERSITAIRES
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des modules, le r a p p o r t e n t r e les constructions anciennes et les
nouvelles o n t sauvegardé j u s q u ' à un certain point l'unité archi-
tecturale. Les architectes, sensibles à ces impératifs, o n t fait
m o n t r e d ' u n esprit finement civilisé. L'immeuble Stephen Lea-
cock, par l'emploi général du béton texture et des p a n n e a u x
prémoulés, donne à la construction homogénéité et vérité, en
lui conférant une pérennité qui le r a t t a c h e aux œ u v r e s qui
d e m e u r e n t . Les divers immeubles qui se mêlent a u x maisons
du quartier e n v i r o n n a n t se fondent en un tout cohérent. Ainsi
le caractère de ce quartier est respecté. Une seule et grave erreur
se manifeste p o u r t a n t : la tour circulaire, médiocre d a n s ses pro-
portions et ses détails, qui abrite la F a c u l t é de médecine.
Sauf exception, l'Université de M o n t r é a l ne s'est guère
enrichie d'architecture valable. Les essais d ' u r b a n i s m e ne sont
pas plus convaincants : le désir à t o u t prix de faire paysagiste
a engendré des solutions de faux pittoresque plus à leur place
aux abords des a u t o r o u t e s .
Le centre sportif a p p o r t e une solution astucieuse par l'am-
bivalance de sa destination. Le p a r t i s'affirme avec b e a u c o u p
de vigueur, la plastique s'impose par sa forme en portefeuille:
c'est une œ u v r e intelligente. Ici le béton a remplacé la brique
j a u n e qui d o n n a i t le ton général aux premiers b â t i m e n t s élevés
sur ce terrain accidente.
La tour-résidence des étudiantes a valu aux a u t e u r s une
médaille Massey. Conçue pour l'orientation m a x i m u m , la tour
se déploie en plis de verre et de béton comme une enveloppe
épousant le contour d ' u n plan organise en cellules juxtaposées.
Le jeu multiplié des facettes agrémente u n volume qui procède
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de l'organisation intérieure. Le pavillon des salles de cours qui
flanque l'aile ouest du grand édifice de l'Université est une œ u v r e
m a r q u a n t e par son caractère massif, ses proportions, ses détails
et ses matériaux, d a n s cet ensemble qui risque de tourner à
l'hétéroclite si on ne veille pas de plus près à l'unité architecturale
sur ce terrain particulièrement difficile.
Les universités se classent p a r m i les établissements en per-
pétuelle évolution. Elles doivent s'adapter sans cesse à de nou-
velles conditions, qui plus est, faire des prévisions. La con-
ception d'ensemble d ' u n tel p r o g r a m m e doit p e r m e t t r e la poussée
de nouvelles cellules d a n s toutes les directions sans nuire aux
fonctions des b â t i m e n t s déjà établis ni à l'harmonie, et s u r t o u t
sans altérer l'esprit de l'établissement.
LE COLLÈGE D E JONQUIÈRE
Cet édifice oppose deux tendances, deux volumes. L'un vertical, essentiel', finement
souligné de surfaces et d'ouvertures, sans camouflage ; l'autre, horizontal, recher-
ché, quelque peu baroque dan* le détail, dont les appositions de matériaux revêtent
des formes si accentuées qu'elles dépassent parfois le point de saturation. T,' audi-
torium, ouvert en éventait, échappe à cet excès ; le gymnase aussi, réduit h l'essen-
tiel, mais un essentiel toujours exprimé avec une personnalité généreuse.
Architectes: Saint-Gelais, Fernand T r e m b l a y , C. T r e m b l a y , André L a b b é .
(l'holos Krieber)
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O n ne p e u t toutefois s'empêcher d'éprouver une certaine
appréhension d e v a n t la contradiction qui s'établit e n t r e le désir
irrésistible de se donner u n enseignement conforme à ses aspira-
tions nationales e t l'acceptation passive d e vivre d a n s u n e a m -
biance, certes conforme à toutes les normes matérielles du con-
fort, mais la p l u p a r t d u t e m p s e m p r u n t é e de t o u t e pièce. T o u t
se passe c o m m e s'il s'agissait de d é m o n t r e r l'absurdité, dans
la p r a t i q u e , des théories enseignées. Il ne s'agit pas de rejeter
a priori des solutions valables, non plus que d'accepter béate-
m e n t des conceptions étrangères à n o t r e désir d'être, mais d ' a p -
ç o r t e r des solutions r é s u l t a n t d'une spiritualité nationale.
A ce titre, les b â t i m e n t s scolaires devraient nous singulariser.
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intérieurs, rigoureux, dépouillés, mais jamais pauvres. On peut
également retenir le High School de Lachine, qui se développe
en une façade hyperbolique dont le r e v ê t e m e n t de céramique
souligne l'ordonnance classique de la fenestration. T o u t e s ces
écoles possèdent des qualités plastiques indéniables, q u ' o n aime-
rait voir sourire et se mêler à la n a t u r e , indispensable complé-
m e n t de l'architecture.
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Depuis le mois d'avril 1967, un nouvel édifice est venu
s'ajouter à la Place des Arts. Il comprend deux salles superposées
d o n t une enquête a fixé les dimensions et les destinations. Alors
que la grande salle, dans son aspect extérieur, est t o u t e en
courbes et en obliques, d ' u n volume relativement plein, le nou-
veau b â t i m e n t est une cascade de cubes sur une base en r e t r a i t .
Aucun lien, aucun passage ne s'établit e n t r e les deux composi-
tions, si ce n'est celui du c o n s t r a t e . Le caractère quelque peu
agressif de l'extérieur prend, à l'intérieur, u n aspect impres-
sionnant par le jeu des escaliers, des balcons et des alvéoles
imbriqués. Le grand foyer de la salle supérieure M a i s o n n e u v e
permet aux spectateurs de se mêler en un c o m m u n espace d'où
l'on découvre le p a n o r a m a de la ville. La salle, de conception
européenne comme sa grande aînée, s ' a p p a r e n t e à celle-ci par
l'ambiance; le spectateur, d a n s l ' a t t e n t e du spectacle, ne p e u t
se lasser d u rideau de laine de M a r i e t t e V e r m e t t e . M a i s la
petite salle P o r t - R o y a l nous réserve la réussite la plus specta-
culaire. De la distribution des espaces, de leurs proportions,
matériaux, couleurs, éléments décoratifs, se dégage un air d e
somptuosité, annonciateur du spectacle. Dès l'entrée, par l'ar-
rière, on découvre une cascade de sièges qui dévalent de gradin
en gradin, j u s q u ' à la scène: c'est l'unique décor et un décor
unique de tissus aux tons alternés d'oranges, de mauves, et de
rouges variés; le plafond, t e n d u de bandes de métal, donne l'im-
pression d'une t e n t e ; les murs, revêtus de p a n n e a u x perforés gris
noir, restent subordonnés au p a r t e r r e et à la scène.
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qui offrent un intérêt soutenu est le centre Saidye Bronfman,
noire cage de verre et de métal, tout horizontale et classique,
de M a d a m e Phyllis L a m b e r t , architecte.
51
où la rentabilité est à peu près assurée. Les règlements munici-
p a u x d ' u n e ville c o m m e M o n t r é a l , p a r exemple, en exigeant une
proportion de surface libre sur un terrain à bâtir, encourage
l'édification d'immeubles de r a p p o r t aérés et qui possèdent une
entité architecturale. Ces immeubles acquièrent u n caractère
propre. Si les édifices commerciaux s'expriment en une s t r u c t u r e
et u n r e v ê t e m e n t dépouillés, les immeubles d ' a p p a r t e m e n t s
s'accommodent mieux d ' u n e architecture modelée en épaisseur
où les balcons, les loggias, les bow-windows et les baies combinées
a p p o r t e n t une fantaisie quelque peu baroque ou le rappel, a v e c
un certain h u m o u r , de l'architecture urbaine de nos grands-
p a r e n t s . C e r t a i n s architectes néo-canadiens ou d ' a u t r e s d e passa-
ge o n t très bien saisi le p a r t i qu'ils pouvaient tirer des éléments
caractéristiques de n o t r e architecture. Ils o n t ainsi établi u n
lien de continuité. Ce genre d'immeuble est en général occupé
par des familles ou des individus entraînés, pour des raisons
diverses, à vivre a u r y t h m e urbain. D a n s des enquêtes établies
sur les préférences des citadins t o u c h a n t l'habitation, la majorité
a é v i d e m m e n t opté pour la maison individuelle avec espace d e
verdure et, au besoin, j a r d i n e t fleuri. M a i s cette majorité ne
voudrait en a u c u n e façon être privée des a v a n t a g e s de la g r a n d e
ville. Ce double fait vient en partie de ce que les villes se sont
gonflées d'une population rurale qui a transmis aux enfants
ses choix et ses h a b i t u d e s .
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UN PROJET D'IMMEUBLE DE RAPPORT À MONTRÉAL
Des architectes étrangers, appelés chez nous pour collaborer avec les nôtres, ont
découvert, avec un œil neuf, des particularités qui nous échappaient. Ainsi, dans
ce projet de Veminent architecte italien Gio Ponli pour un ensemble domiciliaire
destiné à s'élever dans un quartier centre-ouest de Jlonlréat, tes caractéristiques
des éléments architecturaux un peu désuets, en faveur il y a environ quatre-vingts
ans, ont servi à composer des volumes à boiv-ivindows qui s'allient à l'esprit
du quartier.
Architecte du projet: Gio Ponti. Collaboration de N a t h a n S h a p i r o (New-
York) et de Jacques F o l c h - R i b a s ( M o n t r é a l ) .
(Photo S t u d i o Ponti Fornaroli Rosselli)
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2
L'île des S œ u r s présente le projet d ' u n e u n i t é complète
d ' h a b i t a t i o n s , avec ses divers types de logements en liaison a v e c
les services publics, les loisirs et le commerce. Ce projet n'offre
pas de conception originale ni de caractère particulier, mais il
est aéré et p r o m e t de s ' a d a p t e r à la n a t u r e e n v i r o n n a n t e . Son
e m p l a c e m e n t sur une petite île, en face de M o n t r é a l , le cir-
conscrit à son p é r i m è t r e original et protège la densité p r é v u e
de sa population. C e t t e expérience a ainsi des chances de susciter,
par sa particularité, une ville satellite intéressante et, de t o u t e
façon, sans précédent; en effet certaines villes de la région
métropolitaine, à l'origine villages séparés par une zone maraî-
chère, se sont soudées à la métropole qui poussait ses t e n t a c u l e s
dans tous les espaces récupérables, et d'autres, créées de t o u t e
pièces, sont m a i n t e n a n t littéralement absorbées en dépit de leur
indépendance a d m i n i s t r a t i v e . On trouve, de l ' a u t r e côté du
fleuve, sur la rive sud, mais de façon sporadique, u n p h é n o m è n e
différent, d û à l'obstacle de l'eau. Ici, les villes g a r d e n t leur
indépendance de contours. Préville est u n modèle d ' a r t u r b a i n
domiciliaire. A l'origine, des règlements très détaillés, allant de
l'architecture à l'harmonie des couleurs en p a s s a n t par le choix
des m a t é r i a u x et l'environnement, m e t t a i e n t les résidents d a n s
l'obligation de se s o u m e t t r e à une u n i t é d'expression disciplinée.
Le caractère quelque peu candide de certaines restrictions d ' o r d r e
décoratif, l'individualisme jaloux de plusieurs résidents o n t
rendu la législation inopérante.
34
Découvrir une mer de toitures en tuiles roses ou brunes, en
ardoises, ou des toitures en terrasse coiffant des formes et des
couleurs de m ê m e famille sans être uniformes ni j a m a i s mono-
tones, c'est c o m p r e n d r e le véritable sens de la vie c o m m u n a u -
taire, qui s'organise d ' u n seul t e n a n t a u t o u r des édifices publics
en leur d e m a n d a n t de jouer pleinement leur rôle architectural.
Certaines villes o n t a t t e i n t u n degré d ' h a r m o n i e tel qu'il est
impossible d ' y rien changer sans les déséquilibrer : leur vitalité
est alors assurée par la juxtaposition d ' u n e ville annexe.
LA MAISON
35
11 /
I — ENTREE
—FOYER
LA M A I S O N — SALLE A MANGER
D'UN ARCHITECTE
-SALLE o
Celte résidence qu'un architecte a
construite pour lui-même dans les DE IR AVAIL
36
r o n n e m e n t . L ' e n v i r o n n e m e n t est le facteur par excellence qui
devrait déterminer l'expression architecturale d ' u n e maison à la
campagne, par l'interpénétration des deux éléments: a r c h i t e c t u r e
et n a t u r e .
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La symétrie rigoureuse de son plan et de son volume est la
manifestation d ' u n esprit à la fois cartésien et sensible. C h a c u n e
des q u a t r e façades d o n n a n t sur une n a t u r e diversifiée correspond
à des fonctions différentes. Autour de la maison, les accidents
de terrains se disciplinent et deviennent terrasse, talus ou jardin.
E n plan, u n dégagement cruciforme assure la distribution des
pièces. Il relie, d ' u n e p a r t , l'entrée à la g r a n d e v é r a n d a , d ' a u t r e
part, les pièces de séjour à l'aire de travail et de repos. La
construction, extérieur et intérieur, faite de bois peint en blanc
sur les m u r s , de pin ciré aux m u r s et plafonds, abrite une collec-
tion de tableaux et de sculptures, de meubles anciens et modernes
de provenance Scandinave ou française, et d'objets divers qui
font de cet ensemble le foyer d ' u n véritable a r t de vivre.
COMMERCE ET INDUSTRIE
39
En marge des t r a v a u x industriels p r o p r e m e n t dits, mais
assimilables à cette catégorie, se situe le complexe de barrages
que 1 Hydro-Québec édifie à la Manicouagan, sur la c ô t e nord
du fleuve S a i n t - L a u r e n t : c'est une magistrale entreprise qui,
au point de vue de l'harmonisation générale, possède u n e archi-
tecture indéniable. M a n i c o u a g a n 5 est gigantesque et grandiose.
Ses voûtes de béton, p a r m i les plus grandes du monde, arc-
boutées à la masse d'eau, ont u n caractère quasi m y t h o -
logique.
40
p l a n t a t i o n s diverses, la texture et la composition des murs, la
discipline de l'affichage en font l'un des endroits commerciaux
les plus a t t r a y a n t s de la région montréalaise.
41
centre Alexis-Nihon et s u r t o u t la Place B o n a v e n t u r e sont de-
venus des pôles d ' a t t r a c t i o n irrésistibles.
42
LES TRAVAUX PUBLICS
43
toutes les qualités d'unités, d'harmonie, de fonction et de b e a u t é
souhaitables.
LE P O N T DICKSON À M O N T R É A L
Le pont-viaduc Dickson est un ouvrage d'art en béton et acier aménagé pour relier
deux secteurs qui étaient séparés par un important réseau de chemin de Jer. Dans
un quartier d'usines, ce pont prend le caractère d'un ouvrage urbain par la con-
ception architecturale de l'ensemble el par un souci esthétique dans le détail.
L'exécution en a été très soignée. Le galbe est sans bavure ; les pylônes sont sortis
comme de véritables pièces de sculpture. Les chevalets, éléments de transition entre
ta partie en béton et la poutraison en acier, prennent une expression plastique qui
dépasse leurs /ormes utilitaires.
Ingénieurs: Beaulieu, Trudeau & Associés. (Photos Marcel Corbeau)
44
dans sa simplicité est le pont de l'Expo 67, le plus i m p o r t a n t est
le complexe du tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine.
P a r m i les t r a v a u x publics les plus r e m a r q u a b l e s dont les
Montréalais sont bénéficiaires, le M é t r o est celui qui touche
d a v a n t a g e leur c œ u r de citadin. Ce sont é v i d e m m e n t les stations
qui a t t i r e n t l ' a t t e n t i o n à cause du précédent créé par 1 adoption
d ' u n e architecture particulière pour chacune d ' e n t r e elles. C e t t e
ingénieuse initiative permet aux usagers de se reconnaître facile-
m e n t e t d'identifier les q u a r t i e r s de la ville d'après la s t a t i o n cor-
r e s p o n d a n t e : Bona venture. Peel, Place des Arts, Beaubien, Jarry,
Berri-Demontigny et combien d'autres, sont des œ u v r e s fonc-
tionnelles et harmonieuses a y a n t chacune son caractère propre.
E X P O 67
46
n ' a v a i t été amorcée q u a n t à l'ensemble. Une équipe de cinq ou
six architectes montréalais se mit à l'œuvre et, le 19 décembre
1963, présenta u n plan d'ensemble, à peu près établi sur les
données d o n t nous connaissons la réalisation. Il c o n t e n a i t le
germe d'une réussite sans précédent: composition d ' u n e ville
pour piétons avec l'apport de tous les moyens de t r a n s p o r t
possibles, où l'eau j o u e u n rôle de voie, de décor et de m o d é r a t e u r .
Ce plan parfaitement aéré, circonscrit à deux petites îles en
m a r g e de l'agglomération, se mariait en contrepoint avec l'eau
du fleuve, des canaux, des lacs, des étangs et des fontaines,
génératrice d ' u n e s t r u c t u r e p e r m e t t a n t une r é p a r t i t i o n des
pavillons par i m p o r t a n c e de volumes, par styles, par catégories,
par affinités. U n accord tacite entre les diverses disciplines se
manifesta par le m o u v e m e n t des lignes obliques, d o n t la résul-
t a n t e fut é t o n n a n t e de vitalité. E n effet, une p a r e n t é visuelle
certaine existait par exemple entre les lignes fuyantes des
pavillons de la G r a n d e - B r e t a g n e , de la F r a n c e et du Québec;
entre celles de pylônes du p o n t des Iles, des stations de l'Expo-
express, des pavillons t h é m a t i q u e s .
47
sculptural fonctionnel. Le p o n t des Iles, long de près de sept
cents pieds, repose sur u n pilier unique qui devient pylône
au-dessus du p a r a p e t et retient le tablier de c h a q u e côté, en deux
points médians symétriques, au moyen de câbles d'acier en fais-
ceau. C e t t e solution technique se t r a d u i t p o é t i q u e m e n t comme
u n lien e n t r e les deux îles.
48
Victor P r u s a conçu le stade comme une construction amo-
vible. Il a donc pris le p a r t i de le composer en u n certain nombre
de sections de béton bien démarquées, soutenues p a r une char-
p e n t e de m ê m e matière. La réussite est t o t a l e : les accès, les
dégagements, la vision sont parfaits. La forme générale e t les
détails sont élégants sans maniérisme, l'équipement bien intégré
à l'ensemble.
H a b i t a t 67 est toujours l'objet de polémique et il le sera
encore p e n d a n t u n e longue période. Il suscite des réactions qui
varient avec l'aspect sous lequel on envisage sa présence. Est-ce
l'illustration rationnelle de l'intimité sauvegardée d a n s la densité
urbaine, une élucubration d'urbanisme-fiction, le r é s u l t a t de
recherches scolaires sur 1 h a b i t a t de d e m a i n ou la t r a d u c t i o n
d ' u n e planification sociale, urbaine et a r c h i t e c t u r a l e ?
Le projet initial présentait une discipline plastique systé-
m a t i q u e qui était m o n u m e n t a l e . Le coût élevé de l'opération
obligea l'architecte à réduire le projet et à le modifier. L'idée de
donner à c h a q u e o c c u p a n t la sensation d'être à l'abri, isolé de
ses voisins, r e m o n t e à Le Corbusier lorsqu'à l'exposition des
Arts décoratifs, à Paris, en 1925, il présenta le pavillon d e
L'Esprit Nouveau sous la forme d'une cellule-habitation avec
jardin-terrasse a t t e n a n t . Ce pavillon était conçu pour se m u l t i -
plier en unités d ' h a b i t a t i o n possédant les a v a n t a g e s de la maison
isolée sans en subir les inconvénients. H a b i t a t 67 fut le p r o t o -
t y p e — fatalement fort coûteux — d ' u n système d ' h a b i t a t i o n s
industrialisées capables de répondre aux impératifs d e la vie de
demain. L'expression plastique créée par l'imbrication des élé-
m e n t s n'est q u ' u n e solution p a r m i bien d ' a u t r e s , susceptible de
p e r m e t t r e à c h a c u n de recevoir son espace vital dans les con-
ditions les plus favorables, c o m p t e t e n u d ' u n c o n t e x t e u r b a i n
de g r a n d e densité. Le r a p p r o c h e m e n t q u ' o n peut faire e n t r e
H a b i t a t 67 e t certaines agglomérations m é d i t e r r a n é e n n e s ou
certaines h a b i t a t i o n s indigènes du N o u v e a u - M e x i q u e , d é m o n t r e
q u e l ' h o m m e reste fidèle à certaines formes inventées d a n s la
nuit des t e m p s .
49
L E P A V I L L O N D U Q U É B E C À L ' E X P O '67
Le pavillon du Québec à l'Expo '67 Jormule une véritable esthétique du jer el du
verre. Beaucoup de subtilité dans les jorm.es, tes rapports de surjaces, tes propor-
tions, les détails, te tout planant au-dessus de fondations en béton dont il se
tient dégagé. Le pavillon, symétrique et tout d'une pièce comme un château classi-
que entouré de ses douves, est supporté par quatre groupes de quatre points d'appui
émergeant de la lagune, entre lesquels s*insinue une terrasse en croix grecque,
reliée au sol par un pont qui a tes dimensions d'un parvis. Le volume est un cube
dont tes façades de verre teinté, légèrement décollées de ta base, libèrent tes angles.
La toiture-terrasse est meublée d'un étage cruciforme en retrait qui loge l'admims-
tration^el le restaurant.
A l'intérieur, la structure métallique composant la voie d'acheminement des
visiteurs à divers niveaux est suspendue à l'ossature de (a toiture par des fils
d'acier. Quatre ascenseurs circulaires en verre élèvent tes visiteurs directement de
la terrasse d'accès au sommet des salles d'exposition. Un aménagement très étudié
et monté comme un rouage de montre se déploie en étalant toutes tes ressources de
la présentation-surprise, de la découverte et des effets de perspective.
Architectes: P a p i n e a u , Gérin-Lajoie, Le Blanc & Durand. Ingénieurs en
structure: B o u l v a , Wernienlinger & Associés. (Photos Michel Proulx)
\
50
manifestations officielles internationales ainsi q u ' a u x grandes
réjouissances populaires. D a n s cette composition m o n u m e n t a l e ,
cubique et p y r a m i d a l e , tous les éléments d e bois, de b é t o n e t d e
verre contribuèrent au spectacle concentré sur le p a r v i s : cadre
riche et grassement sculpté, m a l h e u r e u s e m e n t a b î m é p a r le
ridicule flambeau venu en i n t r u s remplacer la sculpture de
Vaillancourt.
L'Exposition de M o n t r é a l n a q u i t sous le signe des Thèmes.
Mais la tradition l ' e m p o r t a et, des thèmes, il ne resta que trois
ensembles d e b â t i m e n t s : ceux d e l'île Verte et de l'île N o t r e -
D a m e firent l'objet d'une longue recherche sur l'unité modulaire
tridimensionnelle, génératrice d e surfaces triangulaires ou hexa-
gonales et de tétraèdres tronqués qui se développaient en u n
impressionnant assemblage métallique boulonné, en partie revêtu
de matières plastiques o p a q u e s , translucides ou t r a n s p a r e n t e s .
Le pavillon du Québec fut l'une des œ u v r e s les mieux venues.
Ce cube t r a n s p a r e n t d o n t les q u a t r e faces, légèrement en talus,
se d é t a c h a i e n t des angles, fut m o n t é sur q u a t r e pilotis. Il re-
présenta la volonté d'action d u C a n a d a français. O n accédait
au pavillon par une large passerelle, à la dimension d ' u n parvis,
au-dessus de douves qui lui d o n n a i e n t la caractère d ' u n c h â t e a u
classique. Si l'impression est sévère en raison du dépouillement
du volume et de la couleur, elle n'est pas t r i s t e ; certaines trou-
vailles, c o m m e les ascenseurs, a p p o r t a i e n t j u s q u e d a n s les
moindres détails une plénitude de pensée q u ' o n r e t r o u v a i t à
l'intérieur, d a n s le rouage précis d u mécanisme d e visite. L ' E x p o
67 a rendu la p o p u l a t i o n consciente de la présence de l'archi-
t e c t u r e d a n s la vie q u o t i d i e n n e . P a r cette manifestation uni-
verselle, M o n t r é a l a r e t r o u v é son c œ u r là m ê m e où elle l'avait
d'abord a t t a c h é : aux bords du S a i n t - L a u r e n t .
Architecte: H a z a n Sise.
52
LES PROLONGEMENTS DE L'ARCHITECTURE
54
classé arrondissement historique par un arrêté en Conseil, le
8 j a n v i e r 1964. Le quartier a conservé u n intérêt qui m o t i v e sa
protection, m ê m e s'il reste relativement peu de construction
r e m o n t a n t a u X V I I I siècle. Q u a n d la Commission est entrée en
e
55
Pour parer à la destruction c a t a s t r o p h i q u e des maisons anciennes,
Antoine Prévost, propriétaire d ' u n e maison d e ferme du X V I I I e
56
Conclusion
57
qui ne leur laisse le t e m p s de rien approfondir. L'expressionnisme,
le décoratif p r e n n e n t souvent le pas sur la raison et le goût.
Pour nous soustraire à l'ingérence qui vide n o t r e pays de son
a p t i t u d e à créer, il serait vain et d'ailleurs impossible de rejeter
les moyens gigantesques que nous maîtrisons avec une dextérité
p a r t o u t reconnue. M a i s si notre groupe parvient à s'affirmer et
à acquérir une identité, les a p p o r t s étrangers ne seront plus que
des i n s t r u m e n t s additionnels. Le problème, en définitive, est
d arriver à une traduction sensible de n o t r e spiritualité: état de
grâce qui donne aux pays forts leur m a r q u e indélébile.
M o n t r é a l , j u i n 1968.
58
ILLUSTRATIONS
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Page ci-contre: LA P L A C E V I L L E - M A R I E , M O N T R É A L
Vidée d'un centre, élevé sur l'emplacement de l'immense tranchée creusée par les
chemins de jer nationaux lors de la construction du tunnel sous le Jlont-Royat,
remonte à l'année 1915. C'est en 1962 que le projet, après plusieurs transforma-
tions, Jul terminé, sauj t'immeuble I.B.JÎ. en bordure de la rue Jlansfield qui
vint s'ajouter en 1966.
L'art urbain se manifeste ici pour la première fois de façon systématique
par la préoccupation de créer des espaces, des rapports de volumes reliés à l'envi-
ronnement. Sur un grand parvis, l'implantation judicieuse des bâtiments confère
à l'ensemble un intérêt tel que te public t'adopta d'emblée dès l'ouverture, surtout
au niveau des boutiques et des établissements de distraction.
La tour cruciforme s'élève à une hauteur d'environ 550 pieds ; un hall d'en-
trée flanqué de quatre bâtiments aveugles, fiaul de cinq étages, distribue le va-et-vient
des usagers, horizontalement, par quatre accès aux extrémités de la croix el, verti-
calement, par une batterie d'ascenseurs de trente-deux unités logées à la croisée
des axes. Les services mécaniques séparent le rez-de-chaussée des quarante étages
de bureaux el des divers autres services couronnés d'un restaurant.
C'est par redressement mental que l'on a conscience du volume cruciforme et
de ses dimensions dont une partie est continuellement escamotée. Ses qualités ne
peuvent donc se prévaloir de sa verticalité. C'est au sot que se manifeste la vie in-
tense de ce remarquable ensemble de volumes à fleur de surface, de portiques, de
dallages fortement architectures et de perspectives qui appellent la présence des
Montréalais en quête de flânerie ou de délassement. Placée dans le contexte
panoramique de ta ville, la tour 1 itle-J/arte joue alors magnifiquement son rôle.
Réalisateurs du projet: W e b b & N a p p Ltd. Architectes et urbanistes: L Al.
Pei et Associés, Chicago. Architectes d'opération: Affleck, Desbarats, D i m a -
kopoulos, Lebensold, M i c h a u d & Sise. Ingénieurs en structure : Brett, Ouellette
et Blauer. [Photo Associated Commercial P h o t o g r a p h e r s !
Ci-dessous: LA T O U R V I C T O R I A , M O N T R É A L
La tour Victoria est classique par le rapport des éléments entre eux et le respect
d'une hiérarchie dans la valeur des éléments. Lite trouve son mouvement de verti-
calité dans la recherche de formes propres à ta souligner, plutôt que dans te nombre
d'unités empilées. La structure en béton est la plus importante qui ait été élevée
jusqu'ici, mais elle n'a rien d'ostentatoire. Seules les arêtes de recouvrement néces-
sitées par les rigueurs de notre climat nous ta rappellent. Galbées, détachées des
parois de revêlement, elles possèdent une grâce subtile et une force qui consacrent
la grandeur architecturale de t'immeuble.
A r c h i t e c t e s : Luigi M o r e t t i . Ingénieur: Pierluigi N e r v i . A r c h i t e c t e s d'opéra-
t i o n : Greespoon, Freedlander & O u n n e . Ingénieurs associés: D ' A l l e m a g n e
& Barbacki. [Photos M a r c - A n d r é G a g n é )
L'EGLISE
NOTRE-DAME-DU-BEL-AMOUR
A CARTIFRVILLE
L'ÉGLISE S A I N T - M A U R I C E
À DUVERNAY
Architectes: P a u l - M a r i e C ô t é et Léonce
D e s g a g n é . Ingénieur: Louis Lemieux.
(Photo Ellefsen)
LA M A I S O N P R O V I N C I A L E D E S P È R E S B L A N C S
MISSIONNAIRES D'AFRIQUE, MONTRÉAL
Le plan de ce remarquable ensemble architectural s'organise autour d'un jardin
intérieur où se concentre ta vie communautaire, dans te recueillement et la quiétude.
Tja partie de l'édijice réservée aux sœurs qui pourvoient à l'entretien des chapelles
et aux divers services, est toulejois séparée de ce noyau. L,a construction s'élève sur
trois ou quatre étages selon l'orientation et la destination; te jardin est légèrement
surélevé par rapport à la rue.
Le rez-de-chaussée est partiellement accessible au public, tandis que le pre-
mier étage est uniquement réservé à la vie communautaire des religieux; le troisième
ne sert qu'au repos. La plupart des chambres, habitées par les religieux, donnent
sur te jardin ; les pères qui sont de passage occupent les chambres sur rue.
L,a construction est composée d'une structure de béton apparent Jermée à
/'extérieur par des murs de briques blanches et de grandes surfaces vitrées, alter-
nant avec divers types de jenê/res dont le jeu libre Jait chanter les jaçades de façon
fort sensible.
A r c h i t e c t e : André Blouin.
64
LA R É S I D E N C E D E S É T U D I A N T E S ,
U N I V E R S I T E LAVAL, Q U E B E C
La résidence des étudiantes de V Université Lavai jit l'objet a" un concours. Quatre
ailes jermées sur plan carré de 280 pieds de côté, jcrment te cadre d'une cour
intérieure rappelant sensiblement l'architecture monastique traditionnelle. Les
chambres, de part et d'autre d'un corridor, se tournent tantôt vers la cour, tantôt
vers f extérieur. La résidence, sise dans un espace boisé, a conservé, surtout dans
la cour, une partie de ses arbres, qui contribuent à accentuer f ambiance monas-
tique du lieu, presque entouré de portiques déambulatoires.
Afin d'éliminer toute obstruction dans les grands espaces, tes portées en lar-
geur du rez-de-chaussée sont d'un seul tenant de 58 pieds, utilisant un système de
dalles en béton précontraint soutenues par des panneaux de même matériau
prémouté, pleins ou ajourés. Ces éléments porteurs, contreventés aux escaliers, se
répètent en arcades et traduisent en jaçade tes voûtes surbaissées des chambres.
Architectes: L. M a i n g u y , Jarnuszkiewicz et B o u t i n . Ingénieur en structure:
Marcel D u p r a s .
d'un rez-de-chaussée surélevé, permet-
tant ainsi de monter, à l'intérieur, un
hall d'entrée sur un étage et demi
agrémen té de spacieuses rampes d'accès;
l'étage noble est marqué de jenêtre,
élancées, dégagées des meneaux qui
montent jusqu'à ta toiture, reliant tes
étages en une trame qui joue avec des
reliefs, des épaisseurs et des retraits
dans lesquels la lumière passe avec
beaucoup de subtilité. La dimension,
peut-être excessive, de ta longue façade
échappe quelque peu à l'œil. Elle est
ponctuée d'une massive marquise qui
fait contraste et fixe l'attention sur cette
seule dominante. Le gabarit range la
Faculté dans l'ordonnance générale
souhaitée, avec une force contenue par
ta sensibilité du détail.
L'immeuble rectangulaire est
construit autour d'une cour plantée, à
laquelle on accède par un portique ou-
LA F A C U L T E vert sur l'un des petit côtés flanqués de
DES SCIENCES HUMAINES murs aveugles et d'alvéoles à l'endroit
DE L'UNIVERSITE LAVAL des escaliers.
Le passant remarque l'éclat et
La Faculté des Sciences humaines de la teinte presque méditerranéenne des
l'Université Laval est l'un des édifices revêtements, faits de panneaux en béton
les plus importants construits ces der- blanc préfabriqué.
nières années sur le terrain de la Cité. A l'intérieur, les dégagements
D'une sobriété rigoureuse, te rap- nombreux et bien distribués sont de vé-
port des grandes divisions horizontales, ritables carrefours qui reçoivent ta foule
à l'extérieur, est exprimé dans un esprit des étudiants dans leur va-et-vient con-
classique qui ne perdjamjiis sa valeur. tinu. Des pièces, situées à la croisée des
On a eu te souci de bien asseoir l'édifice corridors, montent sur trois étages et
sur une base de hauteur intermédiaire créent des espaces inattendus, qui plai-
entre l'étage noble et le couronnement sent par la présence de galeries de dis-
des trois étages supérieurs. La base tribution et d'escaliers-écrans. Ces es-
marqué par te rythme des piliers, paces, éclairés par la toiture, peuvent
prend avantage d'un sous-sol dégagé et servir de salles de repos et d'exposition.
Architectes : Edouard Fiset. I n g é -
nieur: Gilles Vaudry. (Photo H a n - S a )
FACULTÉ D'AGRICULTURE,
U N I V E R S I T E LAVAL, QUÉBEC
La Faculté a"Agriculture de l'Univer-
sité Laval, construite autour d'un jar-
din, est composée de quatre corps de
bâtiment soudés entre eux par les cages
de circulation verticale. Une des ailes,
sur pilotis, dégage le rez-de-chaussée et
donne accès à la cour intérieure et à
l'entrée principale.
Si les cages de circulation mar-
quent, extérieurement, plus une sépa-
ration qu'une liaison et si l'ensemble
trahit quelque hésitation dans le rap-
port des volumes, l'œuvre est l'une des
mieux venues de l'Université par son
expression plastique rigoureuse, riche
et généreuse.
La structure des murs extérieurs,
porteuse, est jormée d'un assemblage de
panneaux prémoulés conlrevenlés pat-
tes tours de circulation et les murs
pignons construits sur place. La colon-
nade du rez-de-chaussée tire l'élégance
de son mouvement de la simple astuce
des pans coupés, qui jail pivoter la
base des piliers d'un quart de tour au
sommet, passant ainsi du losange au
carré. L,a texture du béton est vivante ;
tes reliejs projonds de la structure jont
jouer le soleil avec une jorce tempérée
grâce à des plans inclinés qui se ratta-
chent à ta colonnade.
Une compénétration des prolon-
gements de l'architecture permet à la
nature de tenir le rôle enchanteur qui
ne devrait jamais se dissocier de l'ha-
bitat humain.
Architectes: Paul G a u t h i e r et Gilles
G u i t é . Ingénieurs en structure: Piette,
A u d y , L e p i n a y , Bertrand & Lemieux.
Ingénieurs en m é c a n i q u e : P a q u e t et
D u t i l . A r c h i t e c t e p a y s a g i s t e : Atelier
d'urbanisme Georges R o b e r t .
(Photo Architecture)
4
LE S T A D E D'HIVER DE L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
Le terrain accidenté sur lequel les architectes avaient à situer le stade a donné
naissance à une solution intelligente et de bonne économie. Les éléments de ta
composition s'inscrivent sans heurt dans une structure en escalade où l'on passe
insensiblement d'un niveau à l'autre. La toiture devient tantôt marquise, tantôt
abri. Elle épouse à peu près ta pente des gradins, selon la déclivité même du terrain,
Les gradins, placés d'un seul côté de la patinoire, répondent à un impéralij du
programme dans lequel cette solution était imposée : on comprend mat alors le grand
dégagement, à l'opposé, qui donne sur le mince couloir de la patinoire.
La structure verticale et les petites portées sont en béton, les grandes portées
de 175 pieds, en métal ; les murs intérieurs sont en briques et en blocs de béton.
La toiture est jormée a"une dalle de béton enduite a"une pellicule de produit plas-
tique. À l'intérieur, les murs longitudinaux de la patinoire sont revêtus, en clatre-
voie, de lamelles de cèdre, tandis que dans ta cajétêria de pareilles lamelles décorent
le plajond en une surface sinueuse très élégante. Le ptajond de la patinoire est semé
de molijs de plâtre en quinconce nécessités en partie par les données de l'acoustique.
A r c h i t e c t e s : D a v i d et B o u l v a . Ingénieurs en structure: B e a u h e u , Trudeau
et Associés. {Photos Marcel Corbeau, H a y w a r d Studios)
69
Ci-dessus: LA R É S I D E N C E D E S É T U D I A N T E S
À L'UNIVERSITÉ D E MONTRÉAL
La construction en hauteur de la résidence des étudiantes contraste passablement
avec l'ensemble architectural de l'Université. Et cependant une certaine parenté
avec la maison des étudiants se manifeste dans le rythme des travées et, jusqu'à un
certain point, de la fenestration. Le choix du plan triangulaire était motivé, aux
yeux des auteurs, par le manque de parallélisme entre /'implantation générale des
bâtiments existants el les voies publiques. Il traduit, en tout cas, la disposition
compacte et rationnelle des chambres, bien isolées par tes unités de rangement qui
forment cloison.
A l'extérieur, les masses verticales fragmentées en segments déliés sont allé-
gées par le jeu des rainures el par le compartimentage en dent de scie des murs en
béton ou des fenêtres, étagêes en bandes verticales continues et toutes orientées
sud-ouest.
Architectes: P a p i n e a u , Gérin-Lajoie, Le Blanc. Ingénieurs en structure: Car-
tier, C ô t é , Piette, B o u l v a & Wermenlinguer. (Photos Han-sa)
Celte cité universitaire, originale et inusitée, réunit en deux secteurs, sur un vaste
terrain, les résidences de plusieurs communautés religieuses, un secteur groupant
les pères autour d'un séminaire, l'autre les frères autour d'une école normale. L,e
tout se complète de terrains de sport répartis entre les résidences.
Pour mener te projet à bonne fin, on a fait appel à huit firmes d'architectes,
sous la direction de l'une d'elles pour assurer la coordination de C ensemble.
Des conditions d'aménagement el de construction assurèrent l'unité de l'ar-
chitecture, impératifs qui n'entravaient cependant pas ta personnalité des archi-
tectes : préservation de ta topographie et des espaces boisés, types de construction,
matériaux, couleurs. En effet, on montra une préférence pour les immeubles
d'habitation en hauteur, pour les services el le séjour étalés en un rez-de-chaussée
adapté aux accidents du terrain, pour des murs pleins percés de fenêtres, pour-
un ton général blanc ou gris clair.
Il en est résulté un ensemble de btocs-réstdences largement espacés, isolés en
zones par des pinèdes. Chaque bâtiment, malgré les exigences de ta coordination,
trouve son identité dans les éléments chapelles, salles de séjour el entrées, dont le
style a manifesté la personnalité de chaque architecte.
Architecte coordonnateur: Jean-Marie R o y . Architectes: J.-M. R o y ; S a i n t -
Gelais, F e r n a n d T r e m b l a y , Charles T r e m b l a y ; Jacques de B l o i s ; Leclerc
& Villemure; G a s t o n A m y o t ; G e r m a i n C h a b o t ; Bélanger & Tardif; Gilles
Côté.
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Ci-dessus: L E P A V I L L O N D E S S A L L E S D E COURS
A L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
A r c h i t e c t e : Jean M i c h a u d . Ingé-
nieurs en structure: Claude Lan-
thier & Associés.
L'ÉCOLE REGINA-CŒLI À PIERREFONDS
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L'ÉCOLE É L É M E N T A I R E MARGUERITE-BOURGEOIS
Les {'lasses de celle école sont groupées en deux sections correspondant à deux cycles
d'études, de part et d'autre de ta salle de récréation et de gymnastique, et réunies
par l'administration, divers services et les circulations. La maternelle jorme un
appendice, un peu à l'écart du volume général de la construction. Le plan est
compact mais, par sa jrange et ses articulations, il donne une impression de
souplesse et de détiemenl.
On a parfaitement réussi, dans l'ensemble, à surmonter tous les obstacles
budgétaires pour atteindre te maximum de rendement fonctionnel el architectural
avec te minimum de moyens. En apportant des solutions dépouillées de toute affé-
terie, des solutions purement utilitaires même, on a exprimé une véritable architec-
ture en choisissant avec sensibilité les matériaux et les éléments d'équipement.
La construction, en grande partie composée d'un seul rez-de-chaussée, repose
directement sur une dalle de béton au sol ; ta structure de béton qui repose sur la
dalle est revêtue de briques à l'extérieur, à l'intérieur elle est laissée apparente
avec cloisons en blocs de ciment peint. Au plafond, construit à la hauteur minimum,
les poutres sont à nu dans les classes ; dans tes circulations, te plafond surbaissé
est recouvert de planches de cèdre ; l'éclairage encastré.
Architectes: (odoin, Lamarre. Pratte, Carrière. Ingénieurs en structure:
Lalonde, Girouard, Letendre.
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LA S A L L E D E C O N C E R T W I L F R I D - P E L L E T I E R ,
A LA P L A C E D E S A R T S , M O N T R É A L
Cet important édifice revêtu d'éléments préfabriqués est d'inspiration classique. Les
mouvements courbes de la toiture et de la cotonnade créent une impression molle de
surfaces enveloppantes qui ont l'attrait de leur destination. Les espaces intérieurs,
vestibules, dégagements, grand escalier, foyers, sont disposés selon des données en
e
en faveur depuis le XVIII siècle. La salle elle-même est conçue pour satisfaire
avant tout aux grandes manifestations musicales ou chorégraphiques. Les 5,000
fauteuils sont répartis entre un parterre, trois balcons et autant d'étages de loges en
surplomb dans la nef. La cage de scène possède une machinerie tout à fait au point,
mais ta profondeur de scène et les coulisses n'ont pas les dimensions requises pour
loger à l'aise les troupes venant des grands théâtres, comme le Bolchoi, l'Opéra de
Paris ou la Scala de Milan. Les sorties nombreuses de la salle vers les foyers en
pourtour sont généreuses. Des déambulatoires, reliés aux escaliers monumentaux,
sont décorés de sculptures murales qui conviendraient plus à l'extérieur, de tapis-
series, de plafonniers de Venini aux joues creuses et de céramiques de Jordi Bonet.
L'ensemble n'atteint pas à l'homogénéité désirée: seul le bar principal possède celle
qualité à cause de ses formes générales qui se marient parfaitement aux verrières
de Pellan.
La dominante pour le décor de la salle est la forme angulaire. Les loges, le
plafond en nid d'abeilles sont géométriques à surfaces planes ; ils apportent une
note décorative discrète revêtue d'un revêtement mural qui heureusement s'oublie au
profit du spectacle : nous ne sommes plus à l'époque ou celui-ci était aussi dans ta
salle.
Architectes: Affleck, Desbarats, D i m a k o p o u l o s , Lebensold, Sise.
(Photos P a n d a Associates, S t u d i o Lausanne)
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L E S T H É A T R E S , M A I S 0 N N E U V E E T P O R T - R O Y A L À LA P L A C E D E S
ARTS, MONTREAL
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LE C E N T R E D'HABITATION JEANNE-MANCE À MONTRÉAL
L'ensemble domiciliaire Jeanne- .fiance Jut la première réalisation de rénovation
urbaine. Un plan d'ensemble prévoyant de grands espaces plantés, des aires de
jeux el de stationnement apportaient des conditions maximales d'ensoleillement el
d'air. On a réparti l'ensemble en constructions de douze et quatorze étages combi-
nées avec des maisons à trots niveaux.
Architecte de l'ensemble: McLennan. Architectes-conseils: Greenspoon,
Friedlander & D u n n e . (Photo Marcel Corbeau)
Ci-dessous, de g a u c h e à droite:
L'IMMEUBLE RÉSIDENTIEL CANTLIE HOUSE À MONTRÉAL
La construction, conçue pour s'insérer entre murs mitoyens, présente une jaçade
sur rue el une jaçade arrière en béton apparent. Le jeu des balcons, le retiej de la
fenestration et l'architecture de la charpente apparente lui confèrent une puis-
sance monumentale soumise à une élégance qui sied aux immeubles d'habitation.
Architecte: l a n M a r t i n . Ingénieurs en structure: S h e c t o r & Forte.
(Photo S t u d i o Alain)
LE C E N T R E D O M I C I L I A I R E D E L'ÎLE D E S S Œ U R S
SUR LE FLEUVE SAINT-LAURENT, M O N T R É A L
Cette résidence construite en 1941-2 possède des qualités remarquables, parmi les
plus humaines qui soient, mais peut-être aussi les plus incomprises.
Elle n'est pas révolutionnaire et ne cherche en aucune façon à se singulariser
par une originalité marquée d'agressivité. L'auteur a considéré qu'elle devait
entrer dans le rang de l'ensemble domiciliaire qui lui était imposé. Il remit alors
en question tes données de base des éléments traditionnels de l'architecture en faveur,
pour leur insuffler un esprit et pour les rendre valables dans leur expression intrin-
sèque. Il exatta tes formes qui lui semblaient mièvres ou routinières ; il ramena
à de sensibles proportions architecturales ce qui n'était que construction stéréotypée
ou rhétorique.
Architecte: Marcel Parizeau. (Photo Office du Film du Québec)
FERME VILLENEUVE,
HAUT-DE-LA-CHUTE
Cette grande maison est entièrement préfabriquée en béton. Son aspect très archi-
tecture ta classe parmi les types de maisons conçues essentiellement pour jormer
des ensembles d habitations urbains intégrés aux édifices publics qui en jorment
te noyau. L'organisation intérieure prévoit trois zones bien définies réservées aux
parents, aux enjants et à ta jamitle. La maison présentée ici, primée comme mai-
son de l'année en 1965, est située sur un emplacement boisé, qui enveloppe une
aire de jeux en communication avec la jaçade sud-est. Ce contraste de la nature
avec une architecture d'angles droits, de vides et de pleins alternés jorme un tout
indissoluble. La construction jaile de dalles préjabriquées et de blocs de béton est
un modèle de travail bien fait.
LA M A I S O N L U S S I E R À S A I N T - B R U N O
Cette résidence couverte d'écailles, toute jrissonnante, est sculpturale par le jeu
des plans inclinés qui s'opposent ou se prolongent, se silhouettant avantageusement,
de quelque angle qu'on le regarde. Xi jaçade avant, ni jaçade arrière, ni côtés jami-
liers ne viennent calmer l'impression dramatique qu'elle dégage. Seul le détail
d'une porte ou d'une jenêlre rassure, rappelant sa destination utilitaire.
Architecte: Roger D'Astous.
LA P L A C E B O N A V E N T U R E , MONTRÉAL
Par sa destination, par ses dimensions; par sa situation, la Place Bonavenlure est
l'un des édifices les plus importants érigés depuis plusieurs années.
Il est le dernier né de tout un ensemble de constructions commerciales qui a
poussé sur un emplacement de petites maisons vétustés et de terrains inutilisés.
Ce bâtiment massij est organisé comme une véritable ville intérieure, avec de multi-
ples réseaux de transport et de galeries marchandes logées en sous-sol. Il renferme
deux niveaux de boutiques, un hall d'expositions temporaires d'une surface de
250,000 pieds carrés, 1,000,000 de pieds carrés de commerce réparti sur cinq
étages, des espaces*à bureaux, une aire pour les expositions internationales, te
tout couronné d'un hôtel de 400 chambres avec jardins et divers cen 1res de récréation ;
enfin, au sous-sot, un garage pour 1,000 voitures. Jlalgré le gigantisme de ce bloc,
l'entrée de t'hôtel au milieu d'un jardin urbain, le feu des décrochés, la texture,
rétablissent l'échelle sous certains angles qui possèdent de grandes qualités esthéti-
ques et humaines.
Le béton a su faire oublier les surfaces envahissantes de ses murs aveugles
ses ondulations et ses recouoemenfs. T r a i t é e ,.nmn,* '
lUIIUUl
86
LA S T A T I O N P E E L
DU MÉTRO DE MONTREAL
88
LE M U S É E DES BEAUX-ARTS
93
UN EXEMPLE DE RESTAURATION DANS LE QUÉBEC:
LA M A I S O N D E L O U I S - J O S E P H P A P I N E A U A M O N T R É A L
Le Montréal historique — l'ancienne Ville-Marie — situé sur un monticule rec-
tangulaire allongé, a fait l'objet d'un classement partiel qui le sauve de la pioche
des démolisseurs el des constructions qui ne sont pas en harmonie avec les lignes
générales des ilôts et des voies. Une commission consultative velllesur ta préserva-
tion du site et conseille les éventuels restaurateurs. Plusieurs secteurs font déjà
l'objet de restaurations.
Le départ de celle opéra/ion d'envergure qui s'avère délicate et complexe
fut donné par la restauration de la maison de Louis-Joseph Papineau, sous
e
les soins d'Eric McLean. Celle grande résidence du XVIII siècle, entre rue el
jardin reliés par une porte cochère, Jul Iransjormée par Papineau qui couvrit la
jaçade sur rue de plaques de bois peint selon un dessin sléréolomique pour unifor-
miser les raccords disparates et la mettre au goût du jour. Quand elle Jul prise en
mam par Eric McLean, elle servait d'hôtel à prix plus que modique ; te rez-de-
chaussée était occupé par une gargote de troisième catégorie el ce qui était autrejois
les jardins servait de garage, abrité sous une toiture en terrasse. ILe domaine est
maintenant entièrement restauré et le jardin, déjà en partie planté, est en voie
d'aménagement.
Ainsi renaît à la vie un quartier historique. (Photo La Presse)
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LE VILLAGE-MUSÉE D E JACQUES-DE-CHAMBLY