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La théorie générale
de l’urbanisation
Présentée et adaptée
par Antonio Lopez de Aberasturi
Espacements
collection dirigée par Françoise Choay
s du Seuil, Pari
La mise au point de la traduction de la Teoria
a été effectuée avec la collaboration de
Jacques Boulet
m sn 2- 02 -005240-7
A
COLLECTION « ESPACEMENTS »
D IR IG ÉE P A R FRANÇOISE CHOAY
Christopher Alexander
Une expérience d'urbanisme démocratique
Joseph Rykwert
La Maison d'Adam au paradis
Gérard Bauer et Jean-Michel Roux
La Rurbanisation
Jean-François Augoyard
Pas à pas
A paraître
Françoise Choay
Le Désir et le Modèle
ILDEFONSO CERDÀ
LA
THÉORIE GÉNÉRALE
DE
L’URBANISATION
PRÉSENTÉE ET ADAPTÉE PAR
AN TON IO LOPEZ DE ABERASTURI
ÉDITIONS DU SEUIL
27, rue Jacob, Paris VIe
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
8
PRÉFACE
IN T R O D U C T IO N À L A
T H É O R IE G É N É R A L E D E L ’U R B A N IS A T IO N
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
15
1. Le plan d ’extension de Barcelone
et les conditions de lem ergence de l’urbanism e
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C tR D À , FONDATEUR DE L ’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
La dém olition des remparts avait donné lieu à une grande fête
populaire que les gazetiers locaux com paraient — sans le m oindre
com plexe — à la prise de la Bastille *. T outefois, rien ne pouvait
être résolu sans un plan d ’am énagem ent de l ’extension de la ville.
Depuis 1838, le génie militaire et les architectes municipaux
s ’étaient succédé dans l’élaboration de divers avant-projets qui
accom pagnaient les dem andes de dém olition ou de régularisation
des remparts. En général, les projets visaient à supprimer l’étroite
convexité de la tête des Ram blas qui donnerait lieu à l ’agrandisse
ment d e la ville et à sa liaison avec le faubourg de Gracia.
M ais une fois les murailles disparues, il ne pouvait s ’agir ni de
« com bler les trous » ni de com m encer à bâtir im m édiatem ent sans
fixer « un ordre préalable » : la tradition urbaine de l ’Espagne s’y
o p p o sa it2. L’objectif devait être un plan non lim ité, qui embrassc-
1. Lors du soulèvement de 1843, Ctienne Cabct écrivit un pamphlet intitulé
Bombardement de Barcelone ou Voilà les Bastilles dans lequel il mettait en
parallèle la prise de la Bastille et l’action des Barcelonais gui, sans aucune autori
sation, avaient rasé une bonne partie de l'enceinte fortifiée.
2. L a tradition de planification urbaine en Espagne rem onte à la Reconquête.
Les Ordonnances des Indes pour les fondations de villes nouvelles en Amérique
latine (1681) - monument capital de l'histoire de l’urbanisme selon Lavedan
17
r
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POUR U NE I.F.CTURF. DE CERDÀ
Les faits devaient infliger un rapide et total dém enti à cette belle
devise, car Rovira n'avait pas prévu le rôle du p ou voir en matière
d'am énagem ent. Ix* trace de la Barcelone d ’aujourd'hui résulte,
en effet, d ’une décision purem ent politique. Tandis que le jury du
concours délibérait sur le projet lauréat, le m inistère des Travaux
publics faisait savoir par voie de décret que « les nouvelles construc
tions de Barcelone et des com m unes adjacentes devront s ’ajuster
désorm ais aux tracés du plan de l ’ingénieur Cerdà que nous avons
approuvé par l ’ordonnance royale du 7 juin 1859 ». Auparavant,
une autre ordonnance avait autorisé l’ingénieur, déjà chargé de
dresser le plan topographique, à tracer le plan d ’am énagement
de la région.
En réalité, les services techniques du m inistère, c ’est-à-dire les
anciens élèves de l'École des Ponts et C haussées, connaissaient
déjà un avant-projet que leur cam arade d ’études, lld efon so Cerdà,
leur avait fait parvenir discrètem ent, com m e com plém ent du plan
topographique de 1855. T outes les arguties juridiques postérieures
ne feront que consacrer ce fait accom pli.
A Barcelone, l ’ordonnance royale suscita une profonde indi
gnation. La M unicipalité s'éleva contre ce qu'elle considérait
com m e « une ingérence insupportable du pouvoir central dans les
affaires locales ». Les architectes voyaient avec regret leur échapper
un travail qui, par sa nature ém inem m ent artistique, leur paraissait
concerner leur profession à l'exclusion de toute autre. Et enfin,
l ’opinion publique ne pouvait accepter q u ’une procédure parfaite
ment dém ocratique soit annulée à coups de décrets.
Conflit de pouvoirs, lutte de professions, opp osition de projets,
tels sont les com posan tes de ce que A. Duran y Sam pere appela
« la bataille pour le plan Cerdà » et qui se livra presque exclusive
ment sur le terrain politique, au m épris des aspects urbanistiques
du débat *. Ces circonstances expliquent que malgré les efforts
de ses partisans, Cerdà soit dem euré, un siècle durant, une sorte
de prophète m audit. Il aura beau affirmer sa com pétence et la
pureté de ses intentions, personne n ’y croira. « Si le x ix e siècle
est bel et bien celui de la technique — lui répliquera-t-on — c ’est
une raison supplém entaire pour confier le projet de la ville à un
artiste préservé de toute contagion technologique 2. »
1. Ce fut sans doute la cause de l'oubli où tom ba Cerdà qui ne devait être
redécouvert q u ’à l'occasion du centenaire du plan qui porte son nom . en 1959.
année où la Journée m ondiale de l’urbanisme lui fut consacrée.
2. In Dlario de Barcelona du 27 octobre 1859.
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C F .R D À , F O N D A T E U R D E L ’ U R B A N IS M E
T o u te fo is , a u x y e u x d e so n a u te u r , il su b s ista it u n e ta c h e , d a n s
le p la n d e C e rd à : l'a n c ie n n e ville. C ’e st p o u rq u o i il p ro p o s a it, à
titr e p u re m e n t p ro v is o ire , d e c o m m e n c e r p a r l ’in s é re r p a rtie lle
m e n t d a n s la tr a m e o rth o g o n a le p a r le p e rc e m e n t d e tr o is voies,
en a tte n d a n t la d é m o litio n d éfin itiv e d e s c o n s tru c tio n s a n c ie n n e s
e t le u r re m p la c e m e n t p a r la s tru c tu r e ilo tiè re c a ra c té ris tiq u e d e la
ville n o u v elle. C e r d à é ta it c o n v a in c u q u ’a p rè s a v o ir c o n n u les
b ie n f a its d e 1’ « u rb a n is a tio n p a rf a ite » , les h a b ita n ts d e s vieu x
ta u d is d e m a n d e ra ie n t, e u x a u s s i, le d ro it à la « jo u is s a n c e »
u rb a in e , m a lg ré to u te s les ré tic e n c e s d u p ré s e n t *.
La g ra n d e in n o v a tio n d e la ville d e C e rd à se s itu e e n fa it a u
n iv e a u d e la c o n c e p tio n d e s v o ie s e t d e s îlo ts. S elo n lu i, la vie
u rb a in e se c o m p o s e d e d e u x « fo n c tio n s » e ss e n tie lle s : le m o u v e
m e n t e t le sé jo u r. L ’îlo t est le d o m a in e d e la ré sid e n c e in d iv id u e lle
e t fam ilia le ; la v o ie est celui d e s c o m m u n ic a tio n s a v e c le m o n d e
e x té rie u r, a v ec la n a tu r e et la so ciété. L a lia iso n e n tr e c es d e u x
é lé m e n ts c o n s titu tifs d e la ville d é p e n d a it d o n c d e la lia is o n su p é
rie u re d e s d e u x fo n c tio n s * : la v o ie d é lim ita it l’îlo t e n lui d o n n a n t
u n e fo rm e c a rr é e d e 113 m è tre s d e c ô té a v e c q u a tr e p a n s c o u p é s
d e 20 m è tre s q u i tr a n s fo r m a ie n t les c a rr e fo u rs e n p la c e s o c to g o n a le s
p lu s p ro p ic e s à la c ir c u la tio n . L es îlo ts a in s i c o n fig u ré s é ta ie n t d es
o c to g o n e s d e 12 370 m 2 d e su p e rfic ie d o n t 8 0 0 0 a u m o in s s e ra ie n t
o c c u p é s p a r d e s ja r d in s . A c e tte c o n d itio n , la su rfa c e b â tie p o u v a it
o c c u p e r seu le m e n t d e u x c ô té s d e l'î lo t , ce q u i. a v e c la d is p a ritio n
c o rré la tiv e d e l à ru e - c o rrid o r re p ré s e n ta it e n 1859, u n e v é rita b le
ré v o lu tio n . A in si, l ’in tim ité d u fo y e r é ta it re sp e c té e to u t e n a s s u
r a n t u n e b o n n e v e n tila tio n e t l'e n s o le ille m e n t à to u te h e u re d e la
jo u r n é e .
L es ru e s p ré s e n ta ie n t to u te s u n e la r g e u r d e 20 m è tre s (d im e n
sio n d é m e s u ré e p o u r l'é p o q u e * ) , s a u f les g ra n d e s a v e n u e s, larg es
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Relevés effectué* <l'après le plan de C erdà. En haut : l'espace du séjour;
en bas : l'espace du mouvem ent.
iitJîuim* mmn»>
Le p ro c c isu s d e densification de l'Ilot du p lan C erdà
(dessin réalisé par Ricard Gili).
Les Ilots du plan Cerdà tel» qu'ils furent coihus...
P r o ic t d e R o v ira .
P r o je i d e C e rd á .
P ia o s p u b lié s d a n s la re é d itio n d e la T e o ría ( M a d r id , I n s titu t o d e E s tu d io s fiscales, 1968-1971)
CERDÀ, FONDATEUR DE L'URBANISME
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POUR UNI: LECTURE DE CERDÀ
Ccrdà doit ctrc aussi hom ogène que possible afin d'assurer l ’équi
valence de toutes les situations spatiales. Elle doit assurer un
m axim um d ’hygiène publique et, tout en préservant (’indépen
dance du foyer, permettre et faciliter les relations sociales grâce à
un systèm e efficace de com m unications. Tels sont les principes qui
justifient l ’im m ense dam ier proposé par Cerdà pour la N ouvelle
Barcelone.
On a beaucoup parlé d e ce fam eux quadrillage en le com parant
à l ’urbanisation d ’outre-A tlantique : com paraison en paitie
justifiée par les transform ations apportées ultérieurement au plan
originel de Cerdà; car, de fait, entre celui-ci et les plans de New
Y ork, Philadelphie ou Buenos Aires, il existe des sim ilitudes
graphiques dans le réseau de voirie. En revanche, la démarche
conceptuelle, l ’échelle et surtout la structure même des voies et
des îlots sont absolum ent différentes. Si Ccrdà a adopté la trame
« en échiquier », ce n ’est pas pour faciliter les lotissem ents, m ais
pour obtenir un « systèm e » (ou « écon om ie » — pour lui les
termes sont synonym es — ) régulier et hom ogène. Cette trame est
la seule capable d e satisfaire les postulats d'égalité sociale et
d ’offrir des com m unications optim ales entre deux points. Cerdà
connaissait bien la force décentralisatrice du quadrillage par
opp osition aux systèm es radio-concentriques. M ais pour garantir
une égalité absolue — sociale et de conditions hygiéniques il
fallait déterminer l ’orientation des axes qui don ne à toutes les
m aisons un ensoleillem ent id en tiq u e1. Quant aux déplacem ents
en diagonale qui, avec une bon ne localisation des équipem ents
publics de quartier, étaient réduits au m inim um , ils devaient se
faire très facilem ent au m oyen d ’un nom bre de voies très lim ité
(cinq au total). D e plus, Cerdà savait que l’isotropie du quadrillage
ne pouvait réaliser l ’égalitarism e sans une répartition équitable
des services urbains. Les récents travaux de S. Tarrego et A. Soria
y Puig adm ettent l ’hypothèse selon laquelle Cerdà aurait élaboré
à cet effet un m odèle abstrait de structuration des équipem ents,
généré par la géom étrie de l ’octogon e*.
1. Les axes de la tram e sont les bissectrices de l'angle formé par le para
llèle et le méridien terrestre. Les deux voies qui partent à gauche et à droite
du port sont d'ailleurs dénommées en fonction de ces orientations (Avenida
Paralelo et Avenida Mcridiana). Cette orientation recommandée par les hygié
nistes fut plus tard choisie par Le C orbusier — en la modifiant légèrement en
fonction de l’axe hélio-thermique — pour le projet de la ville radieuse.
2. cf. S. Padres Creixcll et S. Vela Pares. « El modelo teorico del Plan
C erdà », Reviita 2-C, Construction de la Ciudad n° 6-7, Barcelone, 1976. Ver
sion française, in Cahiers de la recherche architecturale n° I, 1977.
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CfcRDÀ, FONDATEUR DE L'URBANISME
Par la suite, le débat qui opp osait les deux projets ne dépassa
guère le niveau politique. Le nationalism e catalan sut exploiter
l'im m ixtion du pouvoir central *. Pourtant, au-delà de la poli
tique, la différence fondam entale des deux projets tient à leurs
conceptions du fait urbain : le plan de Rovira était un grand
projet d ’art urbain; celui de Cerdà ouvrait les portes à l’urbanisme.
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PO UR U NE LECTURE DE CERDÀ
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Pam coupés cl places po ly g o n ales.
POUR UNE LECTURE DE CERDÀ
1. Théorie, p. 81 de la traduction.
2. N otice biographique
P ortrait de Cerdà
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
nand VII qui, séquestré par N ap oléon, avait été pendant la guerre
de l'Indépendance l ’espoir des deux Espagnes (l’Espagne noire,
absolutiste et cléricale, et l ’Espagne rouge libérale); et la seconde,
par l ’intervention directe de la Sainte A lliance, avec l'expcdition
« des cent mille fils de saint Louis », sous le com m andem ent du
duc d'A ngoulêm e.
M aintenant, sou s le couvert d ’un conflit dynastique, absolu
tistes et libéraux s ’affrontent de nouveau, m ais la situation est
différente : les absolutistes de d on C arlos, réduits à quelques
effectifs dans les zones rurales du N ord de l ’Espagne, seront
contraints, en 1839. à signer un traité de paix 1.
L ’École d ’ingénieurs était particulièrem ent sensible à ce
clim at politique : accusée par les absolutistes d ’être une « école du
diable », elle devait rester pendant longtem ps le refuge des idées
progressistes. F ondée en 1802 par A. de Betancourt. elle ferma
une nouvelle fois ses portes en 1814 lors de la restauration de
l ’A ncien Régime par Ferdinand VII. Elle les rouvrit au cours du
Triennat libéral (1820-1823), ju sq u ’au retour de l ’absolutism e
(1823-1832), période pendant laquelle professeurs et élèves subi
rent les conséquences d e la répression \
Philosophiquem ent et pratiquem ent, progrès politique et pro
grès technique étaient solidaires. Par exem ple, la totalité des routes
créées sous le règne de Ferdinand VII n ’atteignit pas mille kilo
mètres, et la plupart d ’entre elles avaient été com m encées pendant
le Triennat libéral 3! D ans ces retours « aux temps ténébreux du
m oyen âge », l ’Espagne accum ulait des retards de plus en plus
im portants par rapport à une Europe qui depuis longtem ps avait
mis en place les fondem ents juridiques et politiques du capitalisme.
Cet anachronism e devait être am èrem ent critiqué par les progres
sistes libéraux. En 1851, lors du débat du budget à la Chambre des
députes, Cerdà se fait leur porte-parole :
« T outes les nations ont reconnu les principes (de la civilisation
m oderne) qui les ont aidées à sortir de la longue et ténébreuse
nuit de l ’obscurantism e. Elles ont fondé des écoles industrielles
pour propager toutes sortes de connaissances réelles et positives.
Elles ont fait descendre les idées dans l ’arène de l ’action. Elles
1. Par ce traité de paix, les Basques ont perdu leur; libertés traditionnelles.
2. O utre le directeur, Juan Subcrcase, deux professeurs durent chercher
refuge en France et en Angleterre. Le troisième fut déclaré « im pur » pour son
adhésion aux idées libérales.
3. J. Vicens Vives et alii, Historia social y cconomica de España y America,
Ed. Vicens Vives, Madrid-Barcelone, 1972, t. V, p. 201.
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POUR UNE LECTURE DE CERDÀ
ont construit des routes, elles ont ouvert des canaux et des ports
pour faciliter le développem ent de l'agriculture, de l ’industrie et
du com m erce.
« Alors que ce processus touchait toutes les nations, nous,
nous avons progressé seulem ent dans les sciences théologiques et
ecclésiastiques. Sous le p oid s du despotism e et de l ’Inquisition,
nous avons fondé des écoles de taurom achie, nous construisons des
couvents et des châteaux. N o u s avons gaspillé inutilem ent nos
ressources intellectuelles et m atérielles *. »
En 1835, il est tem ps d e rattraper ce retard. Les libéraux ne vont
pas ménager leurs efforts pour entreprendre des réformes dans
les villes et dans les cam pagnes. D ans un premier tem ps, on
décide de prom ouvoir la propriété privée par la vente forcée (le
désam ortissem ent) des biens ecclésiastiques et com m unaux. Le
fait est que la victoire du libéralism e sur l ’absolutism e était aussi
une victoire de la ville sur la cam pagne, et que toutes les réformes
libérales tendaient à favoriser les classes urbaines. La vente aux
enchères de 118 322 propriétés rurales et de 13 546 propriétés
urbaines ne pouvait se réaliser sans de graves conséquences socio-
logiques : la création d ’une nouvelle classe de propriétaires fo n
ciers, la prolétarisation de la paysannerie et la première vague
migratoire de la cam pagne vers la ville. La vie urbaine elle-m êm e
se trouva profondém ent m odifiée, avec une aggravation soudaine
de la ségrégation sociale. On aurait dit que la ville traditionnelle
se « déstabilisait » ; la concentration de la propriété foncière
urbaine consécutive à la vente forcée de couvents et d ’édifices
publics, provoqua une première hausse de loyers et une « folie »
pour la construction de nouveaux logem ents *. On construisit
beaucoup en hauteur m êm e à l ’intérieur de l ’îlot urbain, et,fait
plus grave, on divisa les logem ents pour com penser la hausse des
loyers. Ainsi s ’explique la surdensification soudaine de la ville,
qui indignait tant Cerdà.
Pourtant, on ne peut négliger les aspects positifs du « désam or
tissem ent » des propriétés foncières. La viabilité est am éliorée
grâce aux premières ordonnances d ’alignem ent des façades et
grâce aussi à la création de places sur le terrain d ’anciens couvents.
D e cette époque date égalem ent la création de cim etières à l ’exté
rieur des villes, assortie de l ’interdiction d ’enterrer à l ’intérieur des
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CERDÀ, FONDATEUR D b L ’URBANISME
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POUR UNE LECTURE DE CERDÀ
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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PO UR U NE LECTURE DE CERDÀ
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CLRUÀ, FONDATEUR DB L ’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
Cerdà, urbaniste
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C ERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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PO UR U N E LECTURE DE CERDÀ
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3. Le discours et ses histoires
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POUR U NE LECTURE DE CERDA
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBA.NISML
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
1. Elle le restera ju sq u 'à la révolution de 1868 (cf. A rtola, op. cit., p. 396).
2. On pourrait considérer ces conditions comme nécessaires mais non suffi
santes pour une approche globale de l'organism e urbain.
3. A. Soria y Puig, « Los pasos previos a la fundación de una ciencia urba-
nizadora », Revista 2-C, Construction de la ciudad n° 6-7,1976, p. 39. Sur l’in
fluence du positivisme en Espagne, on peut consulter l'ouvrage de D . Nuftcz
Ruiz, L a Mentalidad positiva en España : Desarrollo y crisis, M adrid, Tucar
Ediciones, 1975.
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
L ’autre histoire
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
L'objet théorique de Cerdà n ’est don c pas une ville, m ais plutôt
la « m étavilk » qui génère, parce q u ’elle en est la synthèse arbi
traire, tou s ses élém ents constitutifs. L ’urbain cesse don c d ’être
un systèm e de représentations enraciné dans l ’épistém è du classi
cism e pour éclater m entalement de la même m anière q u ’il l ’avait
fait physiquem ent, so u s le p oid s de la révolution industrielle.
Scs « signifiants » renvoient désorm ais à d ’autres systèm es (la
société urbaine, la rente foncière, la technique du bâtim ent e t des
travaux publics, etc.) et l ’unité du signe, la représentation, ne
contient plus le « signifié 1 ».
I-a beauté de la ville cesse de s ’identifier avant tout au plaisir
visuel ou sensitif. Elle est désorm ais fondée sur une esthétique qui,
paradoxalem ent, se veut objective, d ’une valeur sociale univer
sellem ent reconnue. Pour Cerdà, com m e pour tou s les représen
tants de l ’art fonctionnel contem porain, la beauté ressortit d ’un
objet dans la m esure où l ’on a réussi à traduire correctem ent la
corrélation form e-fonction. En matière d ’urbanism e, l ’art est
réduit à un ensem ble de règles applicables dans chaque cas
concret après déterm ination scientifique du parti général d ’am éna
gem ent : « Le premier principe de l ’urbanisateur consiste à s ’en
remettre entièrem ent aux mains de la science (...) pour se soum ettre à
ses principes incontestés. Le second consiste à se fier à l ’art et au
génie, sans oublier pourtant les principes de la science, de façon à
concilier les exigences d ’aujourd’hui avec celles de dem ain 2. »
On peut dire que l’im périalisme de l ’esthétique est supplanté par
celui de l ’épistém ologie.
Ce basculem ent des positivités n ’est pas fortuit, et il ne peut se
résoudre ni en un « vouloir faire » scientifique de l ’auteur ni dans
la simple action des superstructures sociales. On ne peut certes,
nier l ’action de la révolution industrielle et de l ’accum ulation
capitaliste com m e facteurs matériels et extérieurs d ’une mise en
question de la ville. Cerdà constate ce fait et le situe à l ’origine
d ’une nouvelle prise de conscien ce : N ou s som m es dans une
époque de transition et de lutte entre deux civilisations (...) où la
ville est à la fois le scénario et l ’enjeu de la bataille*.
M ais, d ’autre part, il est im possible d ’invoquer l ’im pact d ’une
mode ou d ’un quelconque positivism e 4 pour justifier la volonté
1. M. Foucault, Les M ots et les Choses, Paris. G allim ard, 1%6, p. 252.
2. Théorie, p. 178 de la traduction. Voir aussi p. 80.
3. Ibid.. p. 72.
4. Cerdà ne connaissait pas la philosophie de Com te : lorsqu'il parle de
« positivisme », il fait allusion au rationalisme économique de Stuart Mill.
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
1. Théorie, p. 83 de la traduction.
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POUR UNE LECTURE DE CERDÀ
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CERDÀ, FONDATEUR DE L’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
ont fait évoluer son objet de l ’ctat sim ple des origines à sa com
plexité présente.
L c v o lu tio n d e l ’urbanisation répond, selon Cerdà, à deux lois
contradictoires. U n e loi naturelle du progrès transform e l ’homme
prim itif en hom m e civilisé tandis q u ’une loi régressive dénaturalise
les vertus originelles. Ces deux lois s’enracinent identiquem ent
dans la nature hum aine, à travers la « recherche de la perfectibi
lité » d ’une part, la violence et l ’oppression de l ’autre. A insi
s ’explique que l ’hom m e n ’ait pas tiré tout le profit du progrès
culturel et technique — qui se m anifeste surtout dan s le dom aine
d es com m unications — et que les villes actuelles soient devenues
des organism es m alades, « contraignants et étouffants, qui em pri
sonnent et m aintiennent sou s une constante torture 1 » toute l ’hu
manité.
Pourtant, ce qui intègre l ’organism e urbain dan s l ’histoire est la
relation « entre son contenant et son contenu, c ’est-à-dire son fonc
tionnem ent * ». D ans l ’introduction au chapitre sur la « fonctio-
nom ic urbaine » , Cerdà évoque la relation entre la vie et le vivant
dans l ’organism e urbain et la nécessité d ’une étude séparée de ces
deux élém ents. L’autopsie de la ville nou s a perm is de connaître à
fond scs com posants m atériels. « Installons d o n c l ’hom m e dans
l ’urbe, pour en faire l ’instrum ent de scs projets, le moyen de
satisfaire ses besoins 3. »
D'autre part Cerdà consacre plus de cent pages à décrire l ’histo
ricité de l ’urbanisation à travers l ’évolution des signes em ployés
pour désigner scs élém ents. D ans ce sens, « l ’urbanisatcur est lui
aussi un philologue » : l ’analyse des flexions peut être m ise en
parallèle avec l'analyse urbaine. A insi, la racine du m ot urbs se
trouverait dans un hypothétique idiom e originaire qui utiliserait
la syllabe ur com m e onom atopée de l ’idée de refuge dont on a vu
q u ’il constitue l ’origine m atérielle de l’urbanisation.
Cet em prunt n ’est pas fortuit. Il est la conséquence logique
d ’une identification m éthodologique des sciences de la vie et du
langage avec la nouvelle science qui se donne pour objet la ville.
D e la même m anière que la biologie naît officiellem ent lorsque la
vie est isolée de l ’organism e vivant et que la philologie se constitue
en science par l ’isolem ent de la substance phonique du discours,
permettant ainsi l ’analyse des flexions et des dérivations, l ’urba-
1. Théorie. p. 76 de la traduction.
2. /bld., p. 184.
3. Ib id , p. 149.
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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POUR UNE LECTURE DE CERDÀ
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CLRDÀ, FONDATEUR DE L’URBANISME
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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POUR U NE LECTURE DE CERDÀ
par
L’urbanisation
comme fait concret
URBANIZACION,
Y A P L IC A C IO N D E S U S P R I N C I P I O S Y D O C T R IN A S
TOM O I.
MADRID
IM PRENTA ESPAÑOLA. T O H IJA , 1 4 . BAJO.
i BOT.
Au lecteur
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
pénétrait par les portes exiguës de la ville, se répandait par les rues
tortueuses et étroites, et cherchait son refuge dans les maisons
m esquines des vieux quartiers.
T outes ces observations me rappelèrent mes deux im pressions
précédentes et m 'am enèrent à jeter un regard rétrospectif sur
l ’époque de ma jeunesse, quand la société sem blait im m obile.
[7] En com parant le passé et le présent, je com pris que l ’application
de la vapeur com m e force m otrice marquait pour l'hum anité la
fin d ’une époque et le com m encem ent d ’une autre et, q u ’en ce
m om ent, nous nous trouvions dans une véritable période de
transition. Sa durée sera plus ou m oins longue selon le caractère
que revêtira la lutte, à peine engagée, entre le passé avec scs
traditions, le présent avec ses intérêts et l ’avenir avec scs nobles
aspirations.
Pour m oi, l ’issue de cette lutte ne fait aucun doute. La période
naissante engendrera une civilisation vigoureuse et féconde, qui
transformera radicalement la m anière d ’être et de fonctionner de
la société, aussi bien dans l’ordre industriel que dans l ’ordre
économ ique, politique et social; elle finira par prendre possession
de la terre entière.
J’ai vu venir à pas accélérés cette nouvelle civilisation qui
frappe déjà à nos portes et dont les premiers cou p s se font sentir
dans les grandes villes qui — par la nature et les circonstances
de la lutte engagée — seront le cham p d ’opérations de cette lutte
titanesque de deux civilisations pour la conquête du m onde.
Après avoir jeté un regard rapide sur les grands centres urbains,
j ’eus la conviction que ceux-ci, avec leur organism e produit par
des civilisations presque passives, opposent d ’innombrables
entraves et obstacles à la nouvelle civilisation qui exige des espaces
plus vastes, une liberté de m ouvem ent plus grande, et déploie une
activité intense. C es obstacles devront être surm ontés si elle ne
veut pas se condam ner à un im m obilism e incom patible avec ses
élém ents constitutifs et essentiels.
(8] Je supposais que d ’autres auraient éprouvé la même impression
avant moi et q u ’il se serait trouvé qu elq u’un pour entreprendre,
d ’un point de vue philosophique, l ’étude de l ’ampleur et de
l’influence transform atrice que les nouveaux m oyens d ’action
m is à la disposition des individus, allaient exercer sur la société
hum aine, et surtout sur les grandes villes que la nouvelle civili
sation a transformées en autant d e foyers de vie sociale. En
publiant les résultats de ses recherches, l ’auteur aurait conseillé
les gouvernem ents pour q u ’ils se hâtent de préparer les popula
72
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’üRBA N ISA TlO N
tion s au nouvel ordre des choses. J'exam inai alors les catalogues
de toutes les bibliothèques nationales et étrangères, décide à
réunir une collection de tou s les livres traitant de ce sujet. M ais
quelle ne fut pas ma surprise de constater que rien, absolum ent
rien, n ’avait été écrit sur un sujet d ’une telle im portance e t d ’une
telle transcendance?
C ’est alors que j ’eus l ’idée de consacrer à l ’étude de cette matière
tout le tem ps libre que ma profession d ’ingénieur au service du
gouvernem ent m e laissait, afin de réunir les données et d ’acquérir
les connaissances nécessaires pour éclairer cette question d ’im por
tance capitale. Ce premier pas, dont je n ’im aginais pas la portée
dans ces m om ents d ’enthousiasm e et dont je ne m e repentirai
jam ais, fut celui qui décida du destin de ma vie.
M es premières recherches sur les exigences de la nouvelle civi
lisation, dont les caractères son t le m ouvem ent et la com m u ni
cation, et la com paraison entre ces exigences et ce que nos anciennes
villes, où tout est mesquin et étroit, pouvaient offrir pour les satis
faire, m e firent apercevoir des perspectives nouvelles, larges,
im m enses, un m onde nouveau pour la science, vers lequel je
[9] décidai d e mettre le cap. Les découvertes que, dan s cette explo
ration scientifique, je faisais to u s les jours, aiguillonnaient ma
curiosité, m ’encourageaient à continuer et me donnaient de
nouvelles forces, malgré les obstacles sur lesquels je butais fréquem
ment. Cependant le travail colossal que j ’avais entrepris, s ’il
était à la portée d ’un seul individu, m ’im posait de lui consacrer,
au m oins, tout m on tem ps et toutes m es facultés. Il était incom
patible avec toute autre occu pation sérieuse. Je pris alors (en
1849) la décision d e faire ce sacrifice en hom m age à l ’idée urba-
nisatrice.
L ’apparition de nouvelles applications de l ’électricité me condu i
sit à prendre cette résolution que je ne qualifierai pas d ’héroïque,
m ais de courageuse. L’électricité est, certes, connu e depuis l ’A n ti
quité, m ais, mise entre les m ains de la nouvelle civilisation, et
com pte tenu de scs applications possibles encore inconnues
aujourd’hui, elle doit précipiter les événem ents et accélérer le
cours des transform ations am orcées si puissam m ent par les appli
cations d e la vapeur.
Je confesse ingénument que le sacrifice qui me parut être le
plus coûteux de tous, et en réalité m ’affecta le plus, fut celui de
ma carrière, acquise au prix d e tant d ’efforts et où j ’avais mis tant
d ’espoirs. Cependant, je la sacrifiai sans hésiter. Il me fallait
rester com plètem ent libre et indépendant, sans aucun obstacle
73
CERDÀ, FONDATEUR DE L'URBANISM E
(11] D epu is quelque tem ps, la société ressent une agitation sourde
et profonde, dont les effets devraient aboutir à une perturbation
générale de l ’ordre établi, à un de ces cataclysm es à l ’occasion
desquels la Providence permet que l ’hum anité fasse une petite
halte sur le chem in de son perfectionnem ent, pour entreprendre
ensuite, avec plus de courage et de nouvelles énergies, sa marche
majestueuse. C ’est un fait certain que personne n ’ose nier, que
tout le m onde reconnaît et que, cependant, il est nécessaire de
répéter avec insistance, afin que les gouvernem ents et les peuples
ne l’oublient pas, m ais au contraire, ils l ’aient présent à l ’esprit
pour y pallier s ’il est encore tem ps et, sinon , pour maîtriser et
organiser les événem ents à venir.
T ous les penseurs des diverses écoles et sectes philosophiques
qui aspirent à dom iner le m onde scientifique ont tenté, avec
plus ou m oins d ’acharnem ent, de rechercher l’origine du mal
et ont proposé des remèdes. N éanm oins * \ la maladie sociale
[12] progresse chaque jour en extension et en intensité. La raison en est
sim ple : personne ju sq u ’à m aintenant n ’a trouvé la véritable
cause originelle et fondam entale de ce profond m alaise qui frappe
les sociétés m odernes. Si on l ’avait découverte, on aurait appliqué
un remède efficace qui aurait extirpe le mal à sa racine.
Quand j ’entrepris l ’étude de nos villes, j ’étais loin de présumer
que la poursuite d ’une telle tâche me conduirait à jeter quelques
lumières sur cette question, la plus grave et la plus im portante
qui fut jam ais posée à la science et aux gouvernem ents. Quand
j ’ai voulu comprendre la manière d ’être et de fonctionner de la
société hum aine enfermée dans les grands centres urbains, com
prendre l ’organisme de ces groupem ents, il m ’a fallu lever le
voile du mystère qui l ’entoure et, pour le connaître et l ’expliquer,
1. Aucun paragraphe n ’ayant été supprimé dans cet avant-propos, à re n
contre de l'usage adopté pour le reste du texte, les astérisques signalent seule
ment quelques phrases superfétatoires ou mots q u ’on a préféré couper. ( NdT.)
75
CERD À , FONDATEUR DE L ’URBANISME
isj\ l \ 76 \
7\j N>', ^
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISAI ION
nité qui utilise cet organisme pour son fonctionnem ent, cet.anta
gonism e est un fait logique, naturel, inévitable. Personne n ’en est
responsablëT n n’Cïf peuples; h i les gouvernem ents, m ais ils seraient
coupables de le perpétuer, et malheur aux uns et aux autres s ’ils
le toléraient encore longtem ps.
N o s villes ne sont pas l ’œuvre de la génération actuelle, ni de la
précédente, ni de ce siècle ou du siècle passé. • Elles sont l'œuvre
persévérante et continue de plusieurs générations, de plusieurs
siècles, de plusieurs civilisations. Elles sont com m e ces m onum ents
[14] historiques ou chaque génération, chaque siècle, chaque civilisa
tion, a ajouté au passage une nouvelle pierre, une pierre qui n ’a
/ pas été posée par caprice, m ais dans une intention délibérée. En j
chacune de ces superpositions hétérogènes viennent s ’inscrire
les nécessités, les inclinations, les tendances de chaque génération,
de chaque siècle, de chaque civilisation, ainsi que les m oyens
em ployés pour les satisfaire. Elles sont com m e les couches des for
m ations géologiques : chacune d ’elles représente exactem ent aux
1yeux du savant le véritable état de la nature à l ’époque de sa for
m ation.
Cette œuvre hétérogène, fruit d ’efforts et d ’objectifs si diffé
rents, a pu subsister ju sq u ’à présent, parce que au prix de quelques
am éliorations et m odifications, chaque civilisation successive
a pu l ’adapter à son usage et à ses besoins propres, qui différaient
peu de ceux de la civilisation précédente. 11 ne serait pas difficile
de signaler les raccom m odages divers qui ont perm is à chaque
civilisation de réaliser ces adaptations. M ais le m om ent n'est pas
venu de nous y attarder. La véritable question, * celle qui retient
tout l ’intérêt de l'actualité, est de savoir si aujourd'hui la généra
tion présente est, dans son être, essentiellem ent différente des
générations précédentes. Étant don né que notre siècle a entrepris
une marche gigantesque qui laisse loin derrière lui le siècle précé
dent, étant donné le m ouvem ent inhabituel et extraordinaire qui,
à tout m om ent, entraîne la civilisation nouvelle, l'agitation im pa
tiente et fébrile q u ’elle m anifeste dans ses aspirations, celte civi
lisation sera-t-elle d ’ici peu en com plète opp osition avec celle qui
expire? La question im portante est donc de savoir si, au m om ent
où une transform ation profonde et radicale se réalise, cette œuvre
m onum entale d ’époques successives, dont aucune ne ressemble
à la nôtre, peut être adaptée, accom m odée et ajustée aux besoins
nouveaux que nou s ressentons aujou rd’hui, qui surgissent chaque
jour et ne furent jam ais prévus ni im aginés aux époques précé
dentes.
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
78
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
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CERDÀ, FONDATEUR DE L URBANISME
Introduction
[27] * Je vais initier le lecteur à l ’étude d ’une matière com plètem ent
neuve, intacte, vierge. C om m e tout y était nouveau, il m ’a fallu
chercher et inventer des m ots nouveaux pour exprimer des idées
nouvelles, dont l ’explication ne se trouvait dans aucun lexique.
Place devant l ’alternative d ’inventer un m ot ou de cesser
d ’écrire, j ’ai préféré inventer et écrire plutôt que de me
taire. °
[29] * D ’abord, il m e fallut donner un nom à cette m are magnum
de personnes, de choscs, d ’intérêts de tout genre, de mille élém ents
divers qui sem blent fonctionner, chacun à sa m anière, d ’une façon
indépendante. M ais une observation minutieuse et critique décou
vre q u ’ils entretiennent des relations constantes les uns avec les
autres et que, par conséquent, ils finissent par former une unité.
Je sais que l ’ensem ble de toutes ces choses, pris surtout dans sa
partie m atérielle, est appelé cité. Or, m on objectif n ’était pas
d ’exprimer cette m atérialité, m ais plutôt com m ent et selon quel
systèm e se son t formés ces groupes, com m ent ils sont organisés et
com m ent ils fonctionnent : en plus de la m atérialité, je voulais
désigner l ’organism e, la vie, pour ainsi dire, qui anim e la partie
m atérielle. Il était clair que le terme de cite ne pouvait m e convenir.
J ’aurais pu m e servir de quelques dérivés de civitas, mais tous ces
m ots étaient déjà chargés d ’acccptions très différentes de celle
que je cherchais à exprimer. Après avoir essayé et abandonné
beaucoup de m ots sim ples et com posés, je me suis souvenu du
mot urbs, qui, réservé à la toute-puissante R om e, ne s ’est pas
transmis aux peuples qui adoptèrent sa langue, et se prêtait mieux
à m es fins. Il pouvait m e fournir quelque dérivé adéquat, pour
ainsi dire vierge, aussi n e u f que le sujet auquel je voulais l ’appli
quer et assez général et com préhensible pour désigner cet ensemble
de choses diverses et hétérogènes appelé une cité. Le m ot civitas,
dérivé de c i vis, c ’est-à-dire citoyen, avait une signification analogue
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
82
THÉORIE GÉNÉRALE DE L’URBANISATION
LIVRE I
Origines de l'urbanisation
[3 5 ] PRÉLIMINAIRES
84
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
PRÉLIMINAIRES °
87
1. U rbanisation élém entaire et primitive
[78] R É S U M É A N A L Y T IQ U E E T R É C A P IT U L A T IF
T R O O I-O D Y T E 1 Naturels
2 Artificiels
C Y C LO PÉ£N 1 Souterrains
2 En surface
T U G U R IQ U E 1 Hutte du chasseur
2 Cabane du berger
3 Ferme du cultivateur
88
[89] 2. U rbanisation com binée simple
OBSERVATIONS PRÉALABLES
[90] C O M B IN A IS O N S U R B A IN E S S IM P L E S
ET H O M O G ÈN ES 0
89
CERDÀ, FONDATEUR DE I.’URBANISME
90
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
1108] A P E R Ç U H IS T O R IQ U E D E S C O M B IN A IS O N S
U R B A IN E S S IM P L E S , M A IS H É T É R O G È N E S
Telles q u ’on vient de les décrire, les com binaisons sim ples se
réalisent rarement dans le développem ent de l ’urbanisation. N ou s
arrivons à l ’histoire des autres urbanisations sim ples qui n ’avaient
pas, et de loin , la com plexité des com binaisons ultérieures qui ont
dégénéré en une véritable con fu sion . D an s ces com binaisons
entrent les divers élém ents typiques que nous avons décrits précé
dem m ent. M ais ils y restent à une distance respectable les uns des
autres. Les com binaisons dont nous allons nous occuper m ainte
nant sont véritablement historiques, ce sont des tableaux d e la
marche de l ’urbanisation, copiés d ’après nature. °
91
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
92
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
développé avec plus de forcc dans les cam pem ents parce que la
com m unication, le contact, le m élange entre les tribus et les familles
étaient meilleurs. C es besoins arrachèrent l ’hom m e et sa famille
à l ’isolem ent dans lequel il s’était retranché. F.t quand la situation
isolée de son habitation l ’cm pôcha de satisfaire ses aspirations,
il dut la mettre en com m unication avec celle d ’autres familles,
grâce à des sentiers que frayèrent ses fréquentes allées et venues.
Ces sentiers de com m unication fo rmèrent Je premier spécim en de
l'urbanisation com binée, c'est-a-dire de l ’urbanisation qui sert
la sociabilité dans la m esure où elle réduit les distances qui séparent
l’hom m e de l ’honim e, la fam ille de la fam ille. Elle les met tou s
en contact mutuel, fo rme l e j tait d ’union entre les parties élém ent
t;iir(»s et fait dp tr u ite m u P M m h k un tout harm onieux,
plein ri'.-inimaiinn. de vie et de progrès . un~cnscmblc~ que nous
appelons u rb e, \
x * La com m unication à l’intérieur de cette même enceinte m u lt i- \
pliait les relations, les échanges c l les contacts en raison des besoins \
Il 13] particuliers qui obligeaient chaque fam ille à se procurer ce qui lui J
\ manquait.
Le vaste terrain où la nouvelle population s ’était installée fut
d on c traversé rapidem ent par des sentiers sans nom bre qui met
taient en com m unication les habitations de chaque tribu entre
elles, et avec celles des autres tribus. Pour aller d ’une habitation
à l ’autre, on choisissait la meilleure direction sans tenir com pte
des terrains à traverser, ce qui m ultipliait de façon superflue les
sentiers semblables.
* M ais lorsque les agriculteurs se plaignirent des dom m ages
que causaient les passages fréquents sur leurs cham ps, tous recon
93
CERDÀ, FONDATEUR DE L’ URBANISME
Une fois que la défense commune fut assurée, nos colons édi
fièrent un vaste palais pour le grand chasseur, au centre de la
colonie, à la place antérieure de la lente du héros. *
* A l’imitation de ce palais qui dominait toute la colonie, chaqu
chef de tribu voulut que le sien domine pareillement l’espace de
sa tribu. Cette position privilégiée était alors considérée comme
le symbole de l’autorité et de la supériorité morale du patriarche
"5X1ntenëïïriTé" sâTriBuT
118] De semblables constructions purent se généraliser sans obstacle.
Dans une urbe où les bâtiments sont isolés et sépares les uns des
autres, la plus grande hauteur des uns ne pouvait en aucune façon
porter préjudice aux autres. Et ceci .est un des atouts inappréciables
de l’urbanisation dispersée, que nous appellerons désormais
O
'Oi / i
ti , I rüralisée, parce qu’elle conduit à l'urbe, sans diminuer Paîtrai
â c T i sociabilité, l ’indépendance et la liberté de la vie domestique,
^et les autres avantages hygiéniques et moraux de la vie rurale. °
94
THÉORIE GÉNÉRALE DE L’URBANISATION
95
CERDÀ, FONDATEUR DE L'URBANISME
O B SE R V A T IO N S PRÉALA BLES
Examen analytique
de l’état actuel de rurbanisation
Préliminaires
O B SER V A T IO N S PR ÉA LA BLES
97
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
U R B E S A Q U A T IQ U E S °
Que seront les urbes aquatiques? Toutes celles dont les habita
tions et les voies de com m unication sont sur l ’eau ou encore dont
soit les habitations, soit les voies sont sur l ’eau. La classe des urbes
aquatiques adm et trois subdivisions. La première com prend les
urbes dont les habitations et les voies de circulation sont sur l ’eau,
la seconde celles dont seules les habitations se trouvent sur l ’eau
et les voies sur la terre ferme, et-ia troisième, celles don t, inverse
m ent, les voies de circulation son t sur l ’eau et les habitations sur
la terre ferme. °
S ’il nous fallait établir une statistique selon l ’usage, nous clas
serions les urbes terrestres en villes, bourgs, villages, etc., selon le
nom bre d ’habitants, selon les privilèges octroyés par l ’É ta td a iK ^
les tem ps ancien s o u m édiévau xJ M ais nou s écrivon ï“un traité j
d ’urbanisation et seuls lesélém e n ts constitutifs d ’une ville actuelle '
Vçompteront pour n o u s . ___________ ________________
[207] -~L*emplacement, làTdisposition particulière des constructions
et les formes que prennent les voies de circulation en se dévelop
pant constituent notre unique objet, la totalité de ce dont nous
98
THÉORIE GÉNÉRALE DE L'URBANISATION
L A R É G IO N
99
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
[215] R É G IO N S S IT U É E S S U R U N R E L IE F P R O É M IN E N T
100
[ 2 1 7 ] RÉGIONS SITUÉES SUR U N RELIEF DE PLATEAU
Le fond d ’une vallée peut être occupe par une rivière, un fleuve
navigable ou la mer. Ces trois situations sont trop différentes pour
q u ’on ne distingue pas leurs effets respectifs sur l ’urbanisation. * °
101
C E R D À , FO N D A TEU R D E L ’ U R B A N IS M E
102
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
103
S U B U R B I» AYANT LEUR ORIGINE D A N S LA VOIRIE
[2 3 4 ] SUBURBIES d ’o r i g i n e i n d u s t r ie l l e
[2 3 5 ] s u b u r b ie s d ’o r i g i n e a d m in i s t r a t i v e
104
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
|24IJ Les chem ins d e ronde régularisent la liaison des suburbies entre
elles, en même tem ps q u ’avec la m étropole. •
105
/
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
D U NOYAU URBAIN
106
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
m asses construites, lim itées par des ouvrages d ’art, est peut-être
un des m oyens les plus appropriés pour rechercher l ’origine de
Purbe. *
Si la figure de l ’enceinte est régulière, on peut affirmer que Purbe
est entourée de murailles. •
Hn général, les enceintes carrées révèlent une origine orientale.
Les premiers urbanisateurs, qui furent des Orientaux, ont toujours
adopté cette forme. Les générations postérieures ont réduit les
enceintes mais n ’en ont pas m oins gardé la forme originelle,
|245] même lorsqu’un accident topographique s ’est op p osé à leur dessein.
Les Rom ains, qui urbanisaient militairem ent, donnaient aussi
à leurs cam ps une forme carrée. Parfois, cependant, ils adoptaient
la forme rectangulaire, le plus petit côté faisant face au front le
plus stratégique. *
Les urbanisateurs féodaux ont conservé la form e carrée dans
leurs urbanisations, m ais, guidés par l ’individualism e de leur
époque, ils ont réduit le cam p à un château fort réservé au chef,
à sa fam ille et à son armée. L orsqu’une population suffisamment
nom breuse s ’était rassemblée autour du château fort, des murailles
protectrices venaient alors former un véritable camp. Mais,
com m e le m onticule sur lequel s ’élevait le château fort présentait
généralem ent une form e circulaire, les murailles décrivaient cette
même forme. C ’est ainsi que disparait, certainement pour la pre
mière fois en Europe, la forme carrée ou rectangulaire, et q u ’appa-
raissent les formes polygonales ou plus ou m oins circulaires. °
12461 Quant aux urbes qui ont pu s'étendre librem ent sans la contrainte
tyrannique d ’une ceinture de murailles, il est évident que leur
forme d ’ensem ble résulte de la volonté de chaque constructeur.
M ais cette volonté, aussi libre soit-elle, obéit toujours à un principe
d ’utilité et de convenance.
D e ce point de vue, les urbes dont le groupem ent d ’édifices
présente une forme allongée doivent leur origine et leur form ation
soit à l ’existence d ’une voie im portante, soit à celle d ’un fleuve
navigable. *
|247] Les form es qui approchent le plus du carré ou du cercle indiquent
le concours de forces centripètes dans un cas, centrifuges dans
l ’autre. D an s le premier cas, le centre d ’attraction peut être un
port ou un grand marché, dans le second, il résulte de la conver
gence et du croisem ent de routes diverses. °
107
[ 2 4 9 ] GRANDEUR DES NOYAUX URBAINS
L im ites naturelles
N ou s regardons avec répugnance tout ce qui limite et oppose
des obstacles à l ’agrandissem ent naturel d ’une urbe. M ais il faut
avouer que les obstacles naturels ne nous déplaisent pas autant
que les obstacles artificiels, q u ’ils soient imaginaires ou engendrés
par une prescription adm inistrative. Ces derniers peuvent toujours
être surm ontés par le génie de l ’hom me.
[252] • Q uels peuvent être ccs obstacles?
Q uelques urbes, fondées sur une île ou sur une presqu’île, sont
lim itées par la m er ou par un fleuve *. ° D ’autres sont limitées
par des m ontagnes escarpées ou par des rochers. ° D ’autres encore,
fondées, pour des raisons stratégiques, entre la mer ou un fleuve
et une m ontagne escarpée, ne peuvent plus s ’étendre.
D e toute façon, les effets de ces obstacles naturels ne sont pas
forcément m auvais. Certaines urbes, don t l ’extension est limitée
par la nature, demeurent dans un état stationnaire, m ais d ’autres
connaissent un grand essor. D an s le premier cas, les obstacles
I. Exceptionnellement, une série de paragraphes ont été ici rassemblés en
un seul, ce qui explique l'indication de coupures internes. (N dT.)
108
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’ URBANISATION
L im ites artificielles °
D eux types d ’obstacles artificiels s ’opposent à l ’extension d ’une
urbe : les limites m atérielles et les lim ites conventionnelles, fondées
sur des prescriptions adm inistratives.
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CERDÀ, FONDATEUR DE L'URBANISME
110
THÉORIE GÉNÉRALE DE L’URBANISATION
M ais le préjudice n ’est pas seulem ent économ ique. Les masses
édifiées à l ’intérieur de l ’enceinte s ’élèvent à une grande hauteur
et, de loin , se présentent com m e un am oncellem ent qui dépasse
les murailles et semble près de les déborder. Cet aspect traduit
avec beaucoup d ’éloquence le fait que la construction privée,
|259J faute de pouvoir s ’étendre horizontalem ent, cherche une com pensa
tion en s ’élevant le plus haut possible. Ce fait a pour conséquence
la superposition d ’étages dans toutes les m asses construites et une
pénurie de terrains qui oblige à construire dans tous les interstices.
La population doit alors vivre entassée et com prim ée com m e à
l ’intérieur des tiroirs d ’une grande étagère. Les rues étroites ne
peuvent faire place à aucun jardin. N ou s reviendrons plus loin
sur les incalculables préjudices que cette agglom ération d ’habita
tions produit dan s les dom aines matériel, hygiénique, économ ique,
moral et politique.
Un autre phénom ène mérite notre attention. Autour des
murailles de toute urbe qui a le triste privilège d ’être considérée
com m e une place forte, existe la zone inculte des fossés et des
glacis. A u-delà, s’étend une autre zone, beaucoup plus large, où
il est interdit de construire : après avoir com prim é les forces uiba-
nisatrices et l ’cxpansivité naturelle du noyau urbain, les murailles
ont converti en désert une grande étendue de terrains qui. par leur
situation, auraient pu être urbanisés avantageusem ent, à la fois
pour leurs propriétaires et pour la grande masse des populations
qui souffrent de la dure loi du m onopole foncier.
|260] M on op ole! Voilà le m ot odieux qui suppose le sacrifice d e là
liberté de tous au profit de quelques-uns. Que les murailles pré
servent un m onopole artificiel est indubitable. Les propriétaires
des terrains q u ’elles circonscrivent jouissent du privilège de la
construction au préjudice immédiat et injustifiable des proprié
taires des terrains extérieurs. C e m onopole de l'habitabilité accorde
à une poignée de propriétaires fonciers la puissance tyrannique
de faire m onter à leur gré le prix des loyers. * °
Si nous voulions exciter les passions de l'opinion publique,
nous poursuivrions avec des questions qui mettent en cause les
bases m êmes de l ’édifice social. M ais il s ’agit seulem ent d ’informer
l ’opinion et d ’attirer l ’attention de l ’adm inistration sur les graves
problèm es de l ’urbanisation.
111
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
112
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
113
3. Examen analytique
OBSERVATIONS PRÉALABLES
114
TRACÉ DES VOIES URBAINES OU RUES
IIS
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
116
THÉORIE GÉNÉRALE DF L ’URBANISATION
|287J admettre q u ’il en ait toujours cté ainsi, surtout en ce qui concerne
le relief des voies urbaines. En effet, nou s rencontrons dans toutes
les urbes, des rues dont le tracé vertical se développe dans un sens
parallèle aux courbes de niveau d ’une colline. D 'autres rues suivent
la pente douce d ’un talus, d ’autres contournent la même colline,
d ’autres enfin em pruntent la ligne de plus grande pente.
Telles sont les principales variations du tracé vertical des voies
urbaines. °
(301] Le sol, ce milieu résistant sur lequel s ’agite en tous sens l ’hum a
nité, réunit avec l ’atm opshcre toutes les conditions nécessaires au
déroulement et aux m anifestations de la vie. Sa nature, sa configu
117
CERDÀ. FONDATEUR DF L*U RBANISMfc
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THÉORIE GÉNÉRALE DE L’ URBANISATION
so u s - s o l °
(315] SUR-SOL
119
C ERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
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THÉORIE GÉNÉRALE DE L'URBANISATION
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
[322] L es plans latéraux qui lim itent les voies urbaines considérés dans
leur projection sur le s o l 0
Les voies rurales se développent généralement d ’une manière
régulière, et leurs côtés restent parallèles à l ’axe de la voie. En
revanche, dans nos anciennes urbes, où les côtés s ’écartent presque
constam m ent de ce parallélism e, les avancées et les retraits des
constructions s ’opposent à l ’écoulem ent de la circulation.
D ès m aintenant, il nous faut préciser que nous som m es passion
nément partisan de ce parallélisme qui est pour nous une condition
sine qua non de la rue. Cependant, nous reconnaissons que, dans
certains cas, la théorie et la technique conseillent le sacrifice de
cette régularité pour le bien public et la plus grande com m o-
[323] dité des habitants. Cette précision était nécessaire pour que les
jugem ents que nou s portons sur le manque de parallélism e des
rues anciennes ne soient pas attribués à une prévention routi
nière. •
122
THÉORIE GÉNÉRALE DE L ’URBANISATION
123
______ ftvTM t/'itr'1
__ 'm^roootony
__ WuroRMr
V M M
M X /X O T
ICI l u J M i w n
La viabilité universelle
(dessin de M. Tarrago paru dans la revue 2-C).
TH É O R IE G É N É R A L E D E L ’ U R B A N ISA T IO N
tém oignée aux rues couvertes. En fait, il ne s ’agit pas d ’une contra
diction : premièrement, nou s ne louon s pas n ’importe quel pas
sage, mais seulem ent ceux qui ont pour objet la liaison de rues ou
de secteurs im portants, séparés par un ou plusieurs ilôts de grande
dim ension; deuxièm em ent, ces passages doivent être rectilignes
et satisfaire aux exigences de l’aération et de l'hygiène. Les passages
répondant à ces conditions, non seulement ne portent pas atteinte
à la salubrité, m ais ils favorisent extraordinairement le m ouvem ent
[335] urbain, en allégeant les rues d ’une grande partie de la circulation
piétonne. Ils n ’ont rien coûté à la m unicipalité et à l ’État et ils
ont été très bien accueillis par le voisinage qui en a fait de grands
centres com merciaux. *
V O IES U R B A IN E S O U R U E S T R A N S C E N D A N T A L E S
[342] V O IE S U R B A IN E S P R O P R E M E N T D IT E S °
126
VOIES U R B A IN E S PA R TIC U LIÈ R ES
127
C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’U R B A N ISM E
transcendantales n ’est pas meilleure. Il sem ble q u 'on n'ait jam ais
im aginé que l ’importance de la circulation, si dense sur cette
classe de voies, exigeait des articulations beaucoup plus am ples. • °
[357] Certes, les adm inistrations ont essayé d'am éliorer la voirie.
M ais leurs tentatives se sont toujours avérées insuffisantes.
En ce qui concerne la distance en tie les carrefours, l ’irrégula
rité est la règle, non seulem ent pour les rues de diverses urbes ou
d ’une même urbe, mais aussi pour une même rue. Parcourons une
rue quelconque. Il faudra parfois marcher longtem ps avant de
rencontrer le débouché d ’une autre rue, alors que, dan s d ’autres
cas, nous en trouverons presque à chaque pas. * °
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’U R B A N ISM E
isoles ( aislados) par les voies urbaines, espaces que les Romains
appelaient déjà îles (insulae). Cependant, le m ot « intervoie »
(intervins), qui paraîtra nouveau à première vue, et ne l ’est pas,
puisque les ingénieurs l ’em ploient pour désigner l’espace com pris
entre la double voie d ’un chem in de fer, nous sem ble préférable.
Il décrit avec une simplicité remarquable la position de l’espace
q u ’il désigne, et révèle à la fois l ’origine et la cause de son exis
tence. °
IS O L E M E N T D E L ’ IN T E R V O IE
I »721 EFFETS e t r é s u l t a t s d e c e t i s o l e m e n t 0
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L 'U R B A N IS M E
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TH ÉO R IE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N IS A T IO N
terrain, quelle que soit son étendue, exigent obligatoirem ent une
voie ou un sentier d ’accès, il fallut ouvrir des voies intérieures.
L’ouverture de ces voies n ’est don c q u ’un m oyen pour réaliser le
m orcellem ent. N ou s ne condam n ons pas la division de la propriété,
qui en clle-m cm e ne porte préjudice à personne : nous critiquons
la dim inution excessive des parcelles. °
[188] L E T E R R A IN À B Â T IR
E N T A N T Q U ’A S S IS E D E L A M A IS O N
133
C E R D À , F O N D A i ïU R D E L ’ UR B A N ISM E
'—■— T C Ï^ eu re u scm e n t,le terrain à bâtir est lim ité e t réduit^et nous
n ’avons pas à nous occuper de cette vaste région qui entoure les
grandes urbes. Par malheur pour l ’individu, pour la famille et
pour la société, il m anque cette analogie qui doit exister et qui a
existé dans tou s les élém ents constitutifs de l ’urbanisation, des
plus sim ples aux plus com plexes. Ce manque ne tient pas à la
nature des choses, m ais à la cupidité des hom m es. La valeur
injuste et im m odérée du terrain à bâtir oblige les constructeurs à
profiter ju sq u ’à l ’extrêm e du moindre espace. Pour la même
raison, la loi de l ’analogie n ’est pas vérifiée pour la voie qui
devrait isoler la m aison afin q u ’elle demeure en accord avec la
nature de l ’hom m e. °
[392] FO RM E DU T E R R A IN À B Â T IR
134
TH ÉO R IE G É N É R A LE DE L ’ U R B A N IS A T IO N
[393J G R A N D E U R DU T E R R A IN À B Â T IR i
135
[404] D E LA M A IS O N , C O N S ID É R É E C O M M E H A B IT A T IO N
D E L A F A M IL L E O U C O M M E U R B E É L É M E N T A IR E
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TH ÉO R IE G É N É R A L E DE L ’ U R B A N IS A T IO N
137
C E R O À , F O N D A T E U R DE L ’ UR B A N ISM E
C^
en être ainsi, parce que la m aison isolée est la seule qui convienne
-a itx..exigences_3cJâ nature hum aine. ÎRnlcrâlrtnsTT-parCc que li"
^ civilisation inaugurée p a r la vapeur et l ’électricité tend visiblement
puissam m ent à satisfaire et à assurer les besoins et la com m odité
du plus grand nom bre. Il en sera ainsi, parce que la science et la
technique donneront aux spéculateurs de nouveaux m oyens pour
tirer autant ou plus de profits des constructions isolées que ceux
que leur fournit le morcellement impie d'cspaccs aussi réduits. Il
en sera ainsi parce que la plupart des fam illes récompenseront
ceux qui consacreront leurs capitaux à généraliser la m ode de
constructions à bon marché qui offrent toutes les conditions que
la nature physique, morale et sociale de l ’hom m e exige pour sa
dem eure. °
138
TH ÉO R IE G É N É R A LE DE L ’ U R B A N IS A T IO N
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ U R BA N ISM E
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[465] IN D IC A T E U R U R B A IN
ou
R É P E R T O IR E D E S D IV IS IO N S , N O M S, M OYENS ET S IG N E S C O N V E N T IO N N E L S
E M P L O Y É S P O U R E X P R IM E R , D I S T I N G U E R E T D É S IG N E R LES G R O U P E M E N T S
U R B A IN S DAN S LEUR ENSEM BLE C O M M E D A N S LEURS P A R T IE S
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TH ÉO RIE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N ISA T IO N
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ UR B A N ISM E
148
[592] FONCTIONOMIE URBAINE
Pour établir un classem ent des actes qui ont trait au séjour
de l ’hom m e, dans l ’urbc, nou s donnerons la priorité à l’individu
149
C E R D À , F O N D A T E U R DE L ’ UR B A N ISM E
[597] DU F O N C T IO N N E M E N T U R B A IN C O N S ID É R É D A N S L ’A P P A R T E M E N T
D E L ’ I N D IV ID U
D U F O N C T IO N N E M E N T U R B A IN C O N S ID É R É D A N S L E F O Y E R F A M IL IA L
150
T H É O R IE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N IS A T IO N
dans la cuisine ou dan s une cham bre dont clic est séparée par un
rideau. • °
Les alcôves n ’ont presque jam ais les dim ensions nécessaires
pour le libre exercice des activités qui doivent avoir lieu dans
[601] leur enceinte sacrée. On com pte celles qui, fermées pour la nuit,
contiennent la quantité d'air indispensable à la respiration durant
les heures de som m eil. °
Les lieux d ’aisancc, quand il ne s’agit pas du déversoir de la
cuisine, son t les m êm es pour tou s les individus et les sexes de la
fam ille. 0
L’étroitesse des couloirs, leur obscurité, nuisent à la viabilité
dom estique. °
Si nou s envisageons les relations réciproques des pièces, nous
n e nou s étonnerons pas des odeurs peu appétissantes qui, depuis
le déversoir et les lieux d 'aisan ce, se répandent dans toute l ’habi
tation.
N ou s ne nou s étonnerons pas non plus des incom m odités
que cause aux uns et aux autres un espace réduit. S ’il était possible
de calculer exactem ent la perte d e temps et d e travail utile q u ’il
occasion ne, le résultat ne m anquerait pas de surprendre. *
[602] * La réduction des pièces entraîne, en outre, celle des baies
destinées à introduire la lum ière et l ’air : seule une petite zone
proche de la fenêtre est suffisamment éclairée pour être utilisée
pour le travail. L’air qui parvient, privé de sa pureté naturelle
par les m iasm es provenant de la rue ou des cours, ne peut pas
davantage circuler dans toute la pièce. *
Il faut encore tenir com pte d ’un autre élém ent perturbateur
dû à l ’exiguïté d e l’enceinte dom estique et à la m inceur des cloisons
qui la divisent : les bruits ém is en bougeant, en parlant, en satis
faisant certains besoins ou en effectuant des travaux ménagers
nous dérangent, et parfois nou s dégoûtent. Ces bruits, q u ’il n ’est
pas toujours facile d ’éviter, se propagent dans toute l ’habitation.
Cette série d ’inconvénients engendre un réel dégoût qui peut
aboutir à l ’indiffércncc. L ’urbanisation actuelle, contrainte par
une exploitation cupide de l ’espace, oblige les individus à vivre
com m e si elle se proposait de détruire cette première entité sociale,
la fam ille, san s laquelle la société serait inconcevable.
1S1
C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ U R B A N ISM E
1. Comunismo est le term e utilisé par Cerdà pour d aig n er l’usage en commun
d ’un élément de l’immeuble collectif. ( NdT.)
2. Exceptionnellement, nous avons ici coupé et réuni une série de petits
paragraphes. (N dT.)
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T H ÉO R IE G É N É R A L E D E L ’ U R B A N IS A T IO N
(607] P arfois, les m aisons sont groupées autour d'u ne cour dont
les inconvénients de l ’usage com m un augm entent en raison
inverse d e sa largeur, qui n ’est jam ais telle q u ’elle puisse les
neutraliser. *
* La juxtap osition des m aisons est pour d e nom breuses pièces
la cause d ’une obscurité à laquelle les cours intérieures ne par
viennent pas à remédier.
L ’étroitesse générale des rues provoque les m ôm es inconvénients
(608] d ’indiscrétion et de vue que les cours intérieures.
Il faut encore ajouter, aux inconvénients relatifs à la vue, à la
lum ière et à la ventilation ceux que les habitants d e l ’intervoie
provoquent. L ’étroitesse des habitations, le manque de grandes
cours intérieures obligent les habitants à rechercher quelque
soulagem ent dan s la rue, q u ’ils considèrent com m e un appendice
de Pintervoie. °
DU F O N C T IO N N E M E N T U R B A IN DANS LE SENS L O N G IT U D IN A L DE
L A V O IE
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ U R BA N ISM E
154
La circulation dans les carrefour*.
Dessins de Ccrdà illustrant la Théorie d e la viabilité urbaine (IS63).
C E R D À , F O N D A T E U R D E L 'U R B A N IS M b
[636] D U F O N C T IO N N E M E N T U R B A IN S U R L A V O IE E T A U X C A R R E F O U R S 0
[640] Pour donner une idée de la com plexité des m ouvem ents au
carrefour de quatre rues, supposons que de chaque rue débouchent
sim ultaném ent quatre groupes. Le premier est com posé de trois
piétons, le second de trois piétons chargés, le troisièm e de trois
cavaliers, et le quatrièm e de trois véhicules à roues. Supposons
en outre que chaque élém ent d e ces groupes prenne une direction
différente : l ’un suit son chem in tout droit, l ’autre tourne à droite
et le dernier tourne à gauche. Cette hypothèse, qui n ’a rien d ’in
vraisem blable, nous don ne pour résultat la som m e énorm e de
deux cents croisem ents. °
[644] Il est im possible d e noter tou s les accidents que peuvent provo
quer les systèmes de voirie urbaine. N o u s avons choisi avec
intention les cas les plus sim ples, pour q u ’on ne nou s reproche
pas d ’exagérer les difficultés et risques de la viabilité urbaine. °
F O N C T IO N N E M E N T U R B A IN E X T É R IE U R R E L A T IF AUX N É C ESSITÉ S
M A T É R IE L L E S D E L A C O L L E C T IV IT É
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TH ÉO RIE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N IS A T IO N
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TH ÉO R IE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N IS A T IO N
l ’intcrvoie, m ais qui embrassent sim ultaném ent toutes les entités
m orales et m atérielles de Furbe. Quel est don c cet être om nipré
sent qui œuvre pour le bien de tou s et pour l ’harm onie de l ’ensem
ble, ou essaie d ’y parvenir? Qui est à l ’origine de ce fonctionne
m ent général dont on dirait q u ’il procède d'u n être invisible et
protecteur, bien q u ’il se serve d e m oyens m atériels et produise des
effets très palpables?
[652] Cet être invisible, c ’est l ’adm inistration publique, représentant
e t agent de la collectivité, qui essaie avec une noble ardeur, mais
pas toujours avec le succès attendu, de concilier les intérêts géné
raux et les intérêts particuliers.
“ A vec le tem ps, l ’adm inistration m unicipale est devenue,
com m e celle des États, absorbante, absolue et m onopolisatrice.
D epuis l ’individualism e du M oyen A ge, o n est arrivé par degrés
à une tutelle constante, active, prédom inante, qui se fait sentir
jusque dans les détails les plus insignifiants de la vie urbaine.
C om m e en tout ce qui concerne la nature m orale de l ’hom m e,
on est passe d ’un extrêm e à l ’autre, d e l ’action à la réaction et
vice versa, sans jam ais s’arrêter au ju ste m ilieu.
L ’adm inistration oscille entre deux extrêm es. D ’un côté, l ’inter
vention la plus m inutieuse, restrictive, tyrannique et, de l ’autre, le
laisser-aller et l ’abandon le plus absolu. °
[653] F O N C T IO N N E M E N T D E L ’A D M IN IS T R A T IO N D A N S L E S R U E S
[663] F O N C T IO N N E M E N T D E L ’A D M IN IS T R A T IO N D A N S L E S IN T E R V O IE S
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[665] F O N C T IO N N E M E N T D E L ’A D M IN IS T R A T IO N C O N C E R N A N T L E S L IE U X E T
O B JE T S A U S E R V IC E D U P U B L I C
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TH ÉO R IE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N ISA T IO N
Préliminaires 0
[678] La critique est aisée, mais difficile à justifier. N ou s nous plaignons
de n os urbes parce q u ’elles ne répondent pas à nos souhaits et
nos objectifs, parce q u ’elles s ’opp osent à notre activité et à notre
manière de vivre. Rien dans l ’urbe de nos ancêtres ne correspond
plus aux besoins de notre vie sociale et urbaine. M ais qui en est
coupable? Peut-être faut-il accuser les générations qui nous ont
précédés et qui ont bâti les centres urbains en fonction de leurs
habitudes, de leurs coutum es, de leurs besoins et de leurs aspira
tions? Ou peut-être faut-il s ’en prendre à nous-m êm es qui, par
paresse, par négligence et par ignorance, n ’avons pas su ou voulu
les transformer ou en faire d ’autres entièrem ent adaptées à notre
civilisation et à n os desseins? Pour répondre à cette question, il
faut adm ettre ce principe incontestable : il n ’est rien dans le m onde
physique et moral qui n ’ait sa raison. En matière d ’urbanisation, il
faut chercher cette raison, non pas dans l ’état actuel de la culture
et de la civilisation, mais dans les circonstances où se trouvaient les
hom m es quand ils ont réalisé ce que nous critiquons m aintenant si
durement. Rejeter la responsabilité des défauts de l ’héritage
urbain sur les générations passées est une attitude aussi absurde
que celle d ’un fils de constitution herculéenne qui blâm erait son
père, chétif et rachitique, de lui avoir légué des vêtem ents trop
étroits qui lui com prim ent la poitrine et entravent ses membres.
[679] P ouvons-nous accuser nos trisaïeuls de ne pas avoir im planté pai-
tout le chem in de fer et l ’électricité? N on . Ils ne pouvaient soup
çonner que nous allions soum ettre ces deux élém ents, et encore
m oins prévoir les conséquences incom m ensurables, la révolution
que ceux-ci introduiraient dans le sein des sociétés et à l ’intérieur
de n os urbes. 0
* N otre premier chapitre étudiera la form ation de l ’urbe à
chaque période historique, en prenant pour critère les m oyens
162
TH ÉO RIE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N IS A T IO N
O B S t R V A T IO N S PR É A L A B L E S
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’U R BA NISM F.
164
[688] DE LA FORMATION DES URBES
À L ’ÉPOQUE DE LA LOCOMOTION PÉDESTRE °
165
C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ UR B A N ISM E
166
TH ÉO RIE G É N É R A L E D E L ’ U R B A N IS A T IO N
167
(724] DE LA FORMATION DES URBES
À L’ÉPOQUE DE LA LOCOMOTION DF. TRAÎNAGE °
L’urbe dans son ensem ble est, pour les habitants, ce que la
maison est pour la fam ille. Les conditions de l ’urbe adaptée à la
168
TH ÉO RIE G ÉNÉ RA LE D E L ’ U R B A N IS A T IO N
O B S E R V A T IO N S P R É A L A B L tS
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C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’U R B A N ISM E
170
[759] DES RÉFORMES ET TRANSFORMATIONS
RÉALISÉES D A N S LES URBES LORS D U PASSAGE
DE LA LOCOMOTION ÉQUESTRE
À LA LOCOMOTION À ROUFS 0
La locom otion à roues a fait son entrée dans les urbes et dan s
la société hum aine très hum blem ent, satisfaite de ce que lui
offraient les con d ition s d e la viabilité équestre. • °
[771] R É F O R M E S E T T R A N S F O R M A T IO N S D F S U R B E S D A N S L E U R E N S E M B L E °
171
C T R D À , F O N D A T E U R DF. L 'U R B A N IS M E
172
[ 7 7 7 ] OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES AU SUJET DE L ’iNTRODUCTION DE LA
LOCOMOTION À ROUES DANS LES URBES °
[781] rR A N S P O R M A T IO N S D E S V O IE S U R B A I N E S 0
173
C E R D À , F O N D A T E U R DE L ’ U R BA N ISM E
[801) R É F O R M E S E T T R A N S F O R M A T IO N S D E S U R B E S D A N S L E U R E N SE M B L E °
174
T H É O R lb G É N É R A LE D E L ’ U R B A N ISA T IO N
sion des urbes fasse du chem in, il a fallu beaucoup d'an nées et
d ’efforts, tant était enraciné le préjugé selon lequel toute urbe
im portante devait être nécessairem ent ceinturée par des murailles
ou une barrière fiscale.
On a d o n c d ’abord essayé de faire tenir dans la même surface
des voies plus larges et un plus grand nom bre de m aisons, malgré
l ’incom patibilité apparente de ces deux objectifs.
L ’adm inistration a concentré son effort sur les voies q u ’elle
avait classées de première catégorie. Les transform ations entre
prises sur ces voies, si infim es fussent-elles, dim inuaient la surface
habitable. C ependant, sous prétexte q u ’elle devait seulement
satisfaire les besoins publics, l ’adm inistration a laissé au soin
.des intérêts privés les qu estion s relatives à l ’habitabilité. A lors,
[803] avec le morcellement et la superposition des étages, l ’intcrvoie
prit l ’allure d ’une urbe et chaque m aison celle d ’un quartier. Et
l ’adm inistration contem plait avec un plaisir candide cet am oncel
lem ent d ’étages, d ’habitations et de pièces : le problèm e des loge
m ents était résolu et le m ontant global de l ’im pôt augm entait
ostensiblem ent. C ette transform ation fut donc applaudie par tous,
à l ’exception des locataires pour qui les com m od ités et le bien-
ctrc dom estiques dim inuaient à mesure que m ontait le prix des
loyers.
L’ornem entation publique, l ’aspect jgénéral de l ’urbe, s’étaient
considérablem ent am éliorés. C haque intervoie ressemblait à un
palais. Les rues plus larges et m ieux alignées, surtout celles que
devaient visiter les étrangers, devenaient de véritables prom enades.
L’adm inistration, plus par vanité que par souci d ’hygiène, plantait
des arbres et créait de petits jardins là où elle trouvait de l ’espace
disponible.
Telles son t les dernières transform ations des urbes. Elles sont
parvenues à un stade de déplorable m agnificence qui ne peut satis
faire ni les besoins actuels ni ceux à venir.
Il faudrait m aintenant exam iner ce q u ’ont fait, ou ce que pré
voient de faire les adm inistrations pour am éliorer la situation
actuelle et pour préparer le futur. M ais il im porte, au préalable,
de connaître la m éthode suivie pour l ’exécution d ’ouvrages si
[804] considérables dans lesquels tant de m illions ont été investis.
175
C E R D À , F O N D A T E U R DP. L ’ U R BA N ISM E
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C E R D À , F O N D A T E U R DE L ’ UR B A N ISM E
qui relie les gares les plus proches et met en com m unication les
voies transcendantalcs. Il fait office d ’une voie collectrice de tous
les types de circulation. En fait, il ne s ’agit que d ’un pastiche des
anciens chem ins de ronde, im aginés par n os ancêtres à l ’époque
[813] de la locom otion à roues. M is dans des circonstances semblables,
l ’hom m e œuvre de m anière identique.
D an s certaines urbes, les chem ins de fer de ceinture sont m oins
éloignés du centre que dans d'autres. On a im aginé d ’ingénieux
m oyens pour faire circuler ces chem ins de fer de ceinture à proxi
mité du centre, tout en évitant des expropriations coûteuses. Par- ^
fois, les chem ins de fer ont été construits au-dessus du niveau des
toits, parfois en sous-sol, au-dessous des fondations des cons
tructions. C es projets ingénieux, réalisés avec succès, ont fam iliarisé
le public avec la locom otive. Ils m ontrent que, si le coût des expro
priations ne s ’y opposait pas, d ’autres chem ins de fer se dévelop
peraient au niveau du sol.
Parfois, dans les urbes où la largeur des rues le perm ettait, on
a réalisé de vrais chem ins de fer urbains qui circulent sim ultané
ment aux autres types d e locom otion . Ailleurs, la tentative s ’est
faite en substituant au m oteur m écanique l ’anim al, qui n ’effraie
pas les voyageurs.
T ous ccs efforts, qui préparent l’urbanisation à recevoir la
locom otion perfectionnée, m éritent notre éloge et appellent de
nouvelles contributions. •
[814] D epu is quelques années, nou s avons ressenti cette nécessité et,
après avoir approfondi la question, nou s n ’avons trouvé que deux
m oyens d ’y parvenir de façon satisfaisante. Le premier consiste
s ’en remettre entièrem ent aux m ains “de l à science, à lui obéir i
aveuglém ent en faisant abstraction de tout ce qui existe, pour sou- \
mettre les réalisations à scs principes incontestés. Le second I
consiste à sc fier à l ’art et au génie, sans oublier pourtant les prin
cipes de la science, de façon à concilier les exigences d ’aujourd’hui
avec celles de dem ain. Le premier m oyen convient à la création
des nouvelles urbes et à l ’extension des urbes actuelles. Le second
est en principe approprié aux transform ations. T outefois l ’un et
l ’autre sont intim em ent liés : le second ne peut exister sans le pre
mier et, sans l ’appoint du second, celui-ci resterait incom plet et 4
ses résultats pratiques seraient insuffisants.
Q uand nou s avons formulé le projet de transform ation et
d ’extension de Barcelone, nous avons fait appel aux deux moyens.
Il s’agissait, en même tem ps, ¿^améliorer une u rb c_ a n cicn n ex t
de fonder, à côté, et en harm onie avec elle, une autre urbe. Quand
178
T H ÉO R IE G É N É R A LE DE L 'U R B A N IS A T IO N
183
C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ U R B A N ISM E
I. I.e texte espagnol dit « spirituelle », term e qui nous parait difficilement
acceptable dans cc contexte, en français. (N dT .)
184
TH ÉO RIE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N ISA T IO N
185
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TH ÉO RIE G É N É R A LE D E L ’ U R B A N ISA T IO N
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VIII
IX
195
C E R D À , F O N D A T E U R D E L ’ URBANJSM P.
Monographie statistique
de la classe ouvrière
à Barcelone en 1856
Préface
197
CER D À , FO ND ATEUR DE L ’ URBANISM E
( f in d u seco nd tom e)
Table de l’édition
originale
C F.R DÀ, F O N D A T E U R D E L ’ U R B A N ISM E
198
TH ÉO R IE G É N É R A LE D E L 'U R B A N IS A T IO N
Conclusions
(673) Ici prend fin notre travail théorique sur la vie urbaine de la
classe ouvrière à Barcelone. Le résultat du bilan économ ique q u ’on
vient de transcrire et qui pourrait être calcule pour l ’ensem ble
des ville« industrialisées, se révèle peu satisfaisant. 11 justifie large
m ent l ’attention portée par les écrivains et les intellectuels aux
problèm es spécifiques que pose la vie urbaine à l ’ouvrier contem
porain, dans l ’espoir d ’y voir apporter une solution.
M êm e réduit aux étroites lim ites du bilan économ ique, le pro
blèm e est déjà très com pliqué par les intérêts contradictoires q u ’il
oppose. La marge de m anœuvre est donc fort réduite.
Le gouvernem ent — premier intéressé à l'affaire — ne peut ni
199
TOM E I
L ’u r b a n i s a t i o n c o n s i d é r é e c o m m e u n f a i t c o n c r e t
* AU LECTEUR
* A V A N T -P R O P O S
A V E R T IS S E M E N T
* IN T R O D U C T IO N
L IV R E I . O R IG IN E S D E L ’ U R B A N IS A T IO N
* Préliminaires
L IV R E I I . D É V E L O P P E M E N T D L L ’ U R B A N IS A T IO N
* Prélim inaires
203
CERDÀ, FONDATEUR D U L ’ U R B A N IS M E
• 1. Ébauche historique
3A. Tugurismc
B. Hutte du chasseur
2B. Cabane du berger
3B. Ferme du cultivateur
O b s e r v i o n s p réalables
204
TH É O R IE G ÉN ÉRA LE D E L ’ U R B A N ISA TIO N
Observations préalables
2. Urbanisation grecque
3. Urbanisation phénicienne
4. Urbanisation romaine
5. Urbanisation féodale
A. Époque de transition
2A. Urbanisation féodale en plein fonctionnement
6. Urbanisation arabo-espagnole
7. Urbanisation hispano-américaine
Résumé de ce chapitre
P ré lim in a ir e s
♦ Observations préalables
* 1. Urbes aquatiques
205
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
* 2. Urbes terrestres
1. D e la région
2. Des suburbies
206
THÉORIE GÉNÉRALE DE L’URBANISATION
3. Du noyau urbain
A. De la forme et de la Rrandeur des noyaux urbains
B. La forme des noyaux urbains
2B. La urandeur des noyaux urbains
2A. Des limites des noyaux urbains
B. D es noyaux urbains illimités
2B. Des noyaux urbains limités
C. D es lim ites naturelles
2C. D es lim ites artificielles
D . Des lim ites matérielles
2D . Des lim ites morales ou conventionnelles
Observations préalables
1. Des voies urbaines ou rues
A . Description des rues
B. Du tracé des voies urbaines ou mes
C. Du tracé horizontal des voies urbaines
D . Du tracé horizontal des voies urbaines considéré dans
son ensemble comme l'origine et la fin de la grande
viabilité universelle
2D . Tracé horizontal des voies urbaines considérées en
elles-mêmes
3D . Tracé horizontal des voies urbaines par rapport à leurs
articulations et leurs carrefours
2C. Du tracé vertical des voies urbaines
D. Développement du tracé vertical des voies urbaines
considéré en lui-même
2D . Accidents du tracé vertical comparé arec le tracé
horizontal
2B. Profil transversal des voies urbaines
C. Largeur des voies urbaines
2C. Dénivellation transversale des voies urlyaines
3C. Forme e t distribution du profil transversal
3B. Revêtement des voies urbaines ou rncs
4B. Sous-sol
C. Voies d'évacuation des eaux pluviales et domestiques et
industrielles
2C. Voies d'alimentation des eaux utiles
CERDÀ, FONDATEUR DE L’URBANISME
• B. D e s voies u rb a in e s transcendantales
• C . Z on es d e voirie transcendantale
• 2C. Z one locale ou chemin de ronde de Vintervoie
• 3 C . Enceinte de Tintervoie
• C . Form e d e s intervoies
• 2A. M o r c e l l e m e n t d e l’intervoie
208
THÉORIE GÉNÉRALE DE L’URBANISATION
• B . F o r m e d u terrain A bâtir
• 2 B . G r a n d e u r d u terrain à bâtir
• A. D e la m aison-habitation sim p le o u b o l é e
• C . D e la zone isolante
2C . C onditions du mur isolant e t enveloppant
• 2B. D e la distribution d e l'aire Isolée
C. D u sous-sol de la maison
2C. D u s o l de la maison
209
CTRDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISML
2A. D e la m a is o n sim p l e m e n t c o m b in é e
3A. D e la m a is o n en c o m b in a is o n c o m p l e x e
7 . t'onctionom ie urbaine
211
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
C. Sur le so l d e la rue
2 C . Dans le sou s-sol d e la rue
3 C . S u r le su r-sol d e la rue
3B. D u fonc tion nem en t conc ern a nt les lieux et objets a u service d u
public
Préliminaires — -______
O bservations préalables
3A . D e la fo rm atio n d e la m a iso n
A. D e la fo rm a t io n d e s voies
3A . De la fo rm atio n d e la m a is o n
A. D e la fo rm a t io n d e s voles urbaines
3A . D e la fo rm a t io n d e s inaisoas
4A. D e la fo rm a t io n d e l'e n s em b le d e P u r b e
2 A . D e la fo rm a t io n des intervoies
3A . D e la fo rm atio n d e la m a is o n
4A. De la fo rm a t io n d e l’e n s e m b l e d e P u r b e
C h a p i t r e i l D e s r é f o r m e s e t tr a n s f o r m a t i o n s ré a lis é e s d a n s les
u r b e s d 'u n e é p o q u e à l ’a u t r e
O bservations préalable!
3 B . D e s transformations d e la maison
3 B . D e s transformations d e la m aison
214
T H É O R IE GÉNÉRALE DE L ’ U R B A N IS A T IO N
• C h a p itre m . D e s re fo rm e s e t tr a n s fo r m a tio n s d e s u rb e s p o u r p ré
p a r e r la tr a n s itio n d e la lo c o m o tio n à ro u e s o r ig in a ire à la lo c o
m o tio n p e rfe c tio n n é e
T O M E II
• P ré fa c e
I. D u c o n te n a n t : S itu a tio n e t c ir c o n s ta n c e s to p o g r a p h iq u e s et
c lim a tiq u e s , m e m b re s, o rg a n is m e , e n p la n e t e n é lé v a tio n
Situation et circonstances
A. Situation
3 A . Circonstances climatiques
2 B . Tem p é ratu re m o y en n e en ° C
3 B . Evaporation m o yenne
4 B . Pluies, m o y en n e annuelle
215
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’ U R B A N IS M E
216
T H É O R IE G É N É R A L E D fc L * U R B A N I S A T I O N
217
CERDÀ, FO NDATEUR DE L 'U R B A N I S M E
2 A . O r g a n is m e du contenu
B. Natalité
218
THÉORIE GÉNÉRALE DE L'URBANISATION
2B. Mortalité
C. Nombre de décès, morts-nés compris, entre ¡836 e t 1847
2C. Nombre de décès entre 1856 et ¡864
3C. Taux de m ortalité ou moyenne annuelle de décès par cent habi
tants
4C. M ortalité relative par sexe e t par âge dans chaque classe
sociale entre ¡845 e t 1847
5C. M ortalité relative par sexe et par âge dans chaque classe
sociale pour l'ensemble de la population entre ¡845 e t ¡847
6C. M ortalité générale entre 1856 e t ¡865 selon l'étage habité,
le parement de l'ilo t correspondant, l'ilot, le quartier et le
district
D . Dans Vurbe-nuitrice
E. Par parement d'ilot
2E. Par ilot
3E. Par quartier
4E. Par district
2D . Dans les suburbies maritimes
E. Par parement d'ilot
2E. Par ilot
3E. Par quartier
3D. Dans les suburbies rurales, par quartiers
4D . Dans l'ensemble de l'urbe e t des suburbies
7C. M ortalité annuelle relative entre 1856 et ¡865, en établis san
les données comparatives suivantes : taux de mortalité pour
chaque étage ou strate; idem pour chaque face ou parement de
l'ilot: idem pour chaque Hot, quartier e t district
D. Dans la ville-nuitrice
E. Par parement d'ilot
2F. Par Ilot
3E. Par quartier
4E. Par district
5E. Dans l ’ensemble de l'urbe
2D . Dans la suburbie maritime
E. Par parement d'ilot
2E. Par flot
3E. Par quartier
4E. Dans l'ensemble de la suburbie
3D . Dans les suburbies rurales
E. Par quartier
2E. Dans l'ensemble des suburbies rurales
4D . Dans l'ensemble urbain
3B. Mortalité extraordinaire
C. Nombre, classe e t durée des épidémies survenues dans le cou
rant du X IX ' siècle et nombre de décès qu'elles ont entraînés
2C. M ortalité extraordinaire occasionnée au cours des 80 jours
qu’avait duré l'épidém ie de choléra de ¡865 selon l'étage,
l’Ilot, le quartier et le district
219
C E R D À , FO N D A TE U R DE L 'L 'R B A N IS M r
D . Dans 1’urbe-matrice
E. Par Ilot
2E. Par quartier
3E. Par district
2D . Dans les suburbies maritimes
E. Par Ilot
2E. Par quartier
3D . Dans tes suburbies rurales
4D . Dans l ’ensemble urbain
4B. Vie moyenne
C. Vie moyenne par classe e t par sexe selon les données recueillies
entre 1837 e t 1847
2C. Vie moyenne des individus ayant dépassé les six ans d'âge,
selon la classe e t le sexe
3C. Vie moyenne des individus exerçant diverses professions et
métiers
4C. Vie moyenne par sexe entre 1862 et 1864
5C. Vie moyenne par sexe, entre 1862 e t 1864. des individus ayant
dépassé les six ans d'âge
5B. Faits comparatifs
C. Comparaison entre les soldes démographiques des périodes
1836 e t 1847, d'une part, et 1856 et 1865, de l ’autre
2C. Faits comparatifs qui montrent que l'augmentation de popu
lation entre les deux périodes considérées est due exclusive
ment à ¡'immigration
220
TH É O R IE G ÉN ÉRA LE D E L 'U R B A N IS A T IO N
C o n c lu sio n s
A . État du contenant
B. En ce qui concerne le système de voirie
('. S om bre e t longueur de chaque type de voie
2C. S om bre et largeur de chaque type de voie
3C. Nombre e t superficie de chaque type de voie
4C. Qualités caractéristiques des voies
5C. Conclusions
2B. En ce qui concerne le système d’intervoies
C . Intervoies non bâties propriété de l'administration publique
2C. Intervoles bâties
D . Propriété de l'administration
2D . Propriété privée
3D . Propriété m ixte
4D . Conclusions
3C. Qualités de l'intervoie
D . Propriété de l'administration
2D. Propriété privée et m ixte
2A. Valeur du contenant : prix moyen des terrains à bâtir et de« loyers
annuels selon la classe de voie
3A. État du contenu
B. Considéré en soi-même
221
CFRDÀ, FONDATEUR DE I.’URBANISME
C. N aissances
2C. D écès
3C. Vie m oyenne des habitants
2B. Par rapport au contenant
C . Sur le plan h orizon tal
D. P ar quartier, m ontrant que la m ortalité varie en fonction
de la classe sociale e t que le m axim um d e décès e st enre
g istré dans les îlo ts o ù prolifère la classe ouvrière alors
que le minimum est a tte in t dans les ¡lots où i l y a une
fo r te proportion de riches bourgeois e t que c ec i correspond
égalem en t à la den sité de ¡’¡lot
2 D . Par ¡lot
2 C. En élévation
D . Par parem en t, m ontrant les lo is que fo u rn il une varia
tion du taux de m ortalité
E. Entre deux rues ou plus
2E. D ans une m êm e rue
3E. E ntre les rues cen trales e t périphériques
2 D . Par étage, m ontrant que la m ortalité e s t au ssi fonction
de l'é ta g e habité
* P ré f a c e
C h a p it r e I. R e m a r q u e s p ré a la b le s
Le sexe
Catégories
222
THÉORIE GÉNÉRALE DE L’URBANISATION
C h a p it r e i l C o n d i t i o n s p o u r é ta b l ir le b il a n é c o n o m iq u e
1. L es recettes
2. L es dépenses
3. L e solde économique
C h a p i t r e i i i . F ic h i e r a l p h a b é t i q u e d e m é tie r s p o u r p ré c is e r le
n o m b r e d ’o u v r i e r s e t la s i t u a t i o n é c o n o m i q u e d e c h a q u e m é tie r
C h a p i t r e iv . S ta t is ti q u e g é n é r a le
2. Bilan économique
223
C E R D À , FO N D A TE U R D E L ’U RBANISM E
3 B . Frais totaux
3 A . Sold e éco nom iq ue, c ’cst-à-dire différence entre les recettes et les
dépenses
DOCUM ENTS
R ELA TIFS A U PLAN
D E BA R C E L O N E *
227
CERDÀ, FONDATEUR DE L'URBA N ISM E
228
ANNEXES
232
ANNEXES
[...] Depuis quelques années, les Barcelonais ont com pris l ’impor
tance de la politique urbaine et, d ’une voix unanime, ils se sont prononcés
pour la dém olition des odieuses murailles qui entravaient le développe
ment de la ville. Lorsque le gouvernement accéda à cette demande
unanime, nous, les Barcelonais, ressentîmes une satisfaction profonde :
nos désirs étaient sur le point d’être comblés.
Pour accélérer le processus de l’extension de la ville en maintenant
l ’ordre, le gouvernement décida de charger l’ingénieur Cerdà de l’élabo
ration d'un plan topographique des environs de Barcelone en vue du
futur plan d ’extension. Ces opérations purement geométralcs, qui ne
demandent d ’autres connaissances que celles d ’un arpenteur, avaient
donné à M. Cerdà l’auréole d ’un expert en matière de plans d ’extension,
alors qu ’un véritable artiste de génie aurait laissé cette tâche secondaire
à un assistant.
Q uoi qu ’il en soit, et sans vouloir dénigrer la personnalité de M . Cerdà
qui, com m e ingénieur, vaut ce qu ’il vaut, il faut dire que dans l’élabora
tion du plan d'extension, M. Cerdà a agi sans loyauté. En effet, en même
temps que ses experts recueillaient les données pour le plan topogra
phique, M. Cerdà travaillait déjà le plan d ’extension sans que personne
ne lui en eût donné l’ordre. Ainsi, avant même la convocation du concours
de projets, M. Cerdà avait-il déjà envoyé le sien au ministère des Tra
vaux publics, qui, bien sûr, le fit approuver.
Le public ignorait ces démarches. Inconsciemment, il liait les nom s
« Cerdà » et « extension » à cause du matraquage inform atif auquel il
avait été soum is. M ais quelle ne fut sa surprise lorsque, après avoir
entendu le règlement du concours, le ministère fit connaître sa décision.
On com prend bien la détresse des artistes qui avaient mis leurs espoirs
dans le concours. D e la même manière, plusieurs responsables de l’Hôtel
de ville démissionnèrent parce qu’ils considéraient que leur dignité
avait été atteinte.
1. Barcelone, décem bre 1859.
234
ANNEXES
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CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
dans le dessin. Si elle est mauvaise, le mémoire sera réduit à une accumu
lation d érudition et de considérations fausses dans la mesure où elles
procèdent de données trompeuses. Très peu d'œuvres maîtresses sont
accom pagnées d'un gros mémoire. [...] D ’ailleurs, les livres de M. Ccrdà
sont remplis de données générales, étrangères aux particularités de
Barcelone. Croit-il que, au moment de l ’exécution, tous les détails de
son projet seront pris en considération? Est-il assez rêveur pour s'im a
giner qu ’il va être choisi pour mener à son terme l'extension de Barce
lone? N ous en doutons. M ême s ’il vivait assez longtemps, il lui faudrait
trop d ’autorité pour conserver la direction des travaux : bientôt de
nouveaux développements rendront scs prévisions périmées. M. Cerdà
est certainement un érudit, mais la pensée qu ’il exprime dans son mémoire
et que reflète son plan est complètement erronée. [...]
Le projet d'une ville, com m e n'im porte quel projet architectural, doit
réunir deux qualités, l’unité et la variété, sans tomber dans le désordre
ni dans la m onotonie; les artistes n’ont point de difficultés pour appré
cier la valeur d'un plan sur un sim ple coup d ’œ il; ils peuvent faire
abstraction des couleurs pour se concentrer sur les lignes. Le public, en
général, parvient à se faire une idée, floue mais sûre, même si, parfois,
il se sent entraîné dans l’accessoire. M ais puisque l ’auteur du pamphlet
dit que le tracé des rues pose un problème scientifique et qu 'à aucun
moment il n’est question de sentiment artistique, descendons des hauteurs
de l'esthétique pour nous mettre au niveau du rationalisme de cet auteur.
Barcelone, com m e n’importe quelle autre ville, doit satisfaire quatre
aspects : public, privé, adm inistratif et gouvernemental, quatre domaines
qui varient selon les particularités de chaque peuple. En ce qui nous
concerne, la convcnanoc exige l ’aisance, la salubrité et des rapports de
voisinage. Rien de plus. Ces trois conditions doivent présider à l'aména
gement des rues et des îlots; le reste ressortit du domaine privé et n ’auto
rise pas l’intervention de la municipalité. Est-ce que M. Ccrdà a mieux
résolu le problème que M. Rovira? M. Çcrdà a inventé un système d ’îlots
ouverts dont deux côtés seulement seront bâtis laissant la place restante
à un jardin. Ce systèm e donnerait sans doute une plus grande impres
sion de dégagement que celui des îlots fermés à la manière traditionnelle
proposée par M. Rovira. Toutefois, cette idée de dégagement, contraire
à notre manière de communiquer et de vivre en société, comment pourra-
t-elle susciter chez nous ce soulagement si attendu par les m isanthropes?
Elles nous obligerait à vivre dans un désert au milieu d ’une grande ville;
elle heurterait profondément l’idée que nous nous faisons de la ville;
pour l'accepter, il nous faudrait commencer par nous déguiser en Anglais.
Les habitants ne se connaîtraient plus, personne ne secourrait son voisin;
les familles resteraient retranchées dans leurs maisons com m e les seigneurs
médiévaux dans leurs châteaux ou com m e les riches capitalistes moder
nes dans leurs maisons de campagne. w
Barcelone veut de l’hygiène; elle est étouffée par l’entassement qui
la rend malade. Pourtant tout projet d'extension susceptible de la guérir
devra nécessairement respecter quelques principes de base.
236
ANNEXES
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CERD À , FONDATEUR DE L ’URBANISME
238
ANNEXES
239
CERDÀ, FONDATEUR DB L ’ URBANISME
deux villes est la garantie de l ’ordre futur, sur la base d ’une adm inis
tration organisée hiérarchiquement.
& 4 Q [TTPÔur terminer, il faut poser une question fondamentale : le plan
de M. Cerdà est-il réalisable avec les m oyens de l ’administration actuelle?
Pour le plan de M. R ovira, cette question n'aurait aucun sens car, dès
le début, il a su respecter les valeurs existantes. M ais com bien de difficultés
entraînerait seulement le début des travaux du plan de M. Cèrdà! Aux
dém olitions nécessaires pour l’ouverture de nouvelles voies succéde
raient les dém olitions nécessaires pour régulariser les Ilots ainsi créés.
Le désordre qui en résulterait persisterait pendant des siècles! En outre,
o ù va-t-on aller chercher les énorm es quantités d ’argent réclamées pour
indemniser les expropriations? N ou s ne savons pas si M. Cerdà a
calculé combien de terrain il faut exproprier pour percer les «rois rues
q u ’il propose... N ou s en doutons. Et que penser de l’immense damier
de la nouvelle ville! Ce système im pose l’ouverture simultanée de toutes
les voies car tous les points auront la même valeur. [...] N o u s regrettons
sincèrement tous les préjudices portés par ce plan à l’idée d ’un dévelop
pement urbain progressif, et cela au profit d ’une liberté illimitée réalisée
dans l ’anarchie et le désordre. (...)
Principes économiques du plan d ’extension
(ILDEFO NSO C E R D À 1).
1. Barcelone, 1860.
241
CERD À , FONDATEUR DE L ’URBANISME
245
2 . TRAVAUX MONOGRAPHIQUES SUR LA VIE ET L’ŒUVRE D t CERDÀ.
Manuel Angelón « Biografía del Señor don Ildefonso Cerdà ». Boletín del
Ateneo Barcelonés n° 4, fac-similé en annexe à la réédition de 1968 de
la Teoría general de la urbanización.
A d olfo Florensa Ferrer e t alii, Ildefonso Cerdà, el hombre y su obra,
Barcelone, Graficas Raiclan, 1959. Edition com mém orative de la
mairie de Barcelone à l’occasion du centenaire du plan Cerdà.
Fabián Estapé, Vida y Obra de Ildefonso Cerdà, Madrid, Instituto de
Estudios Fiscales, 1968. Ce travail monographique exceptionnel sert
d ’introduction à la réédition déjà citée, com mém orative du centenaire
de la Teoría.
Arturo Soria y Puig et Salvador Tarrcgo, Ildefonso Cerdà (1815-1876),
Barcelone. C olegio de Ingenieros de Cam inos, Canales y Puertos, 1976.
Catalogue de l'exposition com mém orative du centenaire de la mort de
Cfcrdà.
A. M untoni, Barcellona, il piano senza qualità, Bulzoni, 1978.
Revues : numéros m onographiques consacrés à Cerdà :
- « Cerdà, 1876-1976 », 2-C, Construcción de la Ciudad n° 6-7, janvier
1977.
- « Cerdà, un pasado com o futuro », C A U n° 100, 1974.
- « La posible Barcelona de Cerdà », C A U n° 101, 1974.
3. L ’ U R B A N ISM E À B A R C E L O N E E T E N E S P A G N E A U X IX e SIÈ C L E .
a) Textes contemporains.
M esonero R om anos, Proyecto de mejoras generales de M adrid, 1846.
Réédition in Información Comercial Española, Madrid, n° 402, 1967,
p. 225-239.
J. M. Perez, « M emoria sobre el proyecto de nueva poblacion de Vigo »,
Revísta de Obras Publicas, 1854.
Carlos M. de Castro, « Memoria descriptiva del anteproyecto de ensan
che de Madrid », R O P , coll. « M em orias y docum entos » n° 5, 1860.
Réédition en fac-similé préparée par Bonet Correa, C O A M , 1979.
A . Fernandez de los R ios, El futuro M adrid, Madrid, Librería de la
revolución, 1868. Réédition en fac-similé préparée par Bonet Correa,
Barcelone, L os libros de la Frontera, 1975.
Achucarro, A lzóla et Hoffmeyer, M emoria del proyecto de ensanche de
la villa de Bilbao, Madrid, Anales de Obras Publicas, 1878.
Arturo Soria y Mata, luí ciudad lineal, Madrid, 1883. Les principaux
textes de Soria peuvent être consultés dans le livre de Collins, Flores
et Soria y Puig. Arturo Soria y la Ciudad lineal, Madrid. Revista de
Occidente, 1968.
246
BIBLIOGRAPHIE
4. M A N U E L S D ’H IST O IR E D E L ’U R B A N ISM E C O N SU L T É S .
247
CERDÀ, FONDATEUR DE L ’URBANISME
6 . M É T H O D O L O G IE .
Annexes 225
Bibliographie 243