Vous êtes sur la page 1sur 13

Université Des Lettres, Langues Faculté Des Lettres, Langues

Et Sciences Humaines Du Langage Et Sciences Du Langage

***************************************

Département Lettres
***************************************

LITTÉRATURE FRANÇAISE DU MOYEN AGE


et du XVIe SIÈCLE

Niveau : Licence 1

Professeur : Dr SIDIBE Mamadou

1
PLAN DU COURS
INTRODUCTION

Chapitre 1 : Le XIIe siècle

I. La chanson de Roland
II. L’épopée, le poème épique
III. Le roman de Renart

Chapitre 2 : le XVe siècle

I. Le Théâtre au XVe siècle


II. La prose au XVe siècle
III. La poésie

Chapitre 3 : le XVIe siècle

I. L’Humanisme
II. La Renaissance
III. La Pléiade
IV. Les guerres de Religion

Conclusion

Objectif du cours
Ce cours sur la littérature du Moyen-Âge et du XVI e siècle vise à introduire la genèse de la vaste et
riche littérature française. Il est une introduction à la littérature française proprement dite. À la fin de
ce cours les apprenants doivent être capable de :

 Déterminer les caractéristiques de la littérature du Moyen-Âge et aussi de la littérature du


XVIe siècle.
 Savoir les grands textes et leur auteur.
 Savoir repérer les particularités du personnage littéraire à travers ces textes.
 Identifier les genres de la littérature des deux périodes. Marquer les grandes tendances de
cette littérature.
 Connaître le rapport entre littérature et le pouvoir, l’Église et la société, tout en distinguant
l’apport de la littérature dans l’évolution des idées.

2
Introduction : la littérature du Moyen-âge
Le moyen-âge est une longue période de l’histoire française, qui dure presque dix (10)
siècles, du Ve au XVe siècle. Ce n’est qu’au début du XIe siècle que la littérature de
langue française commence à exister réellement à côté de la littérature latine. Du XIe au
XVe siècle, deux événements ont marqué la littérature du Moyen-âge : les Croisades et la
guerre de Cent Ans.

Chapitre I : La Littérature au XIIe siècle du Moyen-Âge

I. Les chansons de Geste


Dès le XIe siècle, des poèmes, les chansons de geste, raconte les aventures d’un chevalier
pendant des événements historiques remontant au VIII e siècle. L’idéal de la société féodale
est mise en scène : le respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal,
morale chevaleresque, qualité guerrières au service de la foi. Le chevalier dont on fait la
geste est caractérisé par le respect d’un code d’honneur : le mépris de la fatigue, la peur, le
danger, fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre, et il est fier de ses espoirs
guerriers. L’Église exploite entraine ces guerriers dans les croisades. Ainsi, les chansons de
geste évoquent les guerres « saintes » contre les Infidèles.

1. La chanson de Roland
C’est un long poème de la fin XI e siècle qui raconte les batailles de l’empereur Charlemagne
contre les Infidèles. Sous la direction de l’empereur, une expédition militaire franchit les
Pyrénées pour aller assiéger en Espagne Saragosse, occupée par les Infidèles. Mais, à la suite
d’un soulèvement en Aquitaine, Charlemagne est contraint de lever le siège et de rentrer
d’urgence en France. Ainsi, après avoir subi un échec face aux Musulmans, son armée pille
les villes chrétiennes des Pyrénées. L’arrière-garde qui transportait le butin, est attaquée par
des montagnards basques, par des chrétiens donc, qui massacrent les Francs, pillent leurs
trésors de guerre. Dans la bataille, le Comte Roland trouve la mort.

2. Les extraits de textes


_Olivier demande à Roland de sonner du Cor
_Le combat des chevaliers
_La mêlée
_Roland accepte de sonner le Cor
_La mort de Roland

3
II. La littérature courtoise

1. Caractéristiques du personnage de la littérature courtoise


À partir du XIe siècle dans le sud de la France, du XII e siècle dans le nord, la société féodale
ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service d’amour, qui met les
préoccupations amoureuses au centre de la vie. Non seulement le chevalier est brave, mais il
a en plus le désir de plaire (importance de la beauté physique, de la toilette, des parures) ;
parce que les femmes sont présentes, le chevalier doit avoir des attitudes élégantes, des
propos délicats ; à côté des tournois et des banquets, il prend plaisir aux jeux (les échecs…), à
la musique. Il est modéré en toute chose ; il est maître de sa passion : pour plaire à sa dame,
le chevalier essaie d’avoir à la fois la perfection chevaleresque et courtoise. Il doit maîtriser
ses désirs. Le roman courtois met en lumière l’image idéale du chevalier courtois qui peu à
peu influencera réellement les mœurs.

2. Les extraits de textes (Tristan et Iseut)


Tristan est l’image qui incarne le guerrier loyal pour son suzerain : il a délivré le royaume de
Cornouaille, où son oncle Marc était roi, qui devait payer des impôts à Irlande ; il a tué le
monstre dragon qui terrorisait les habitants d’Irlande où il était allé demander la main
d’Iseut (la Blonde à cheveu d’Or) pour le roi Marc ; il a fait preuve d’un courage en sautant
dans le vide, du haut d’une falaise ; plus tard, il met son épée au service du duc Hoël, qui
grâce à lui est vainqueur de ses ennemis ; enfin, il meurt d’une blessure reçue dans un
combat. Il met son épée au service de son suzerain durant toute sa vie.
D’autre part, l’amour de Tristan est celui d’un chevalier courtois : fidèle quoi qu’il arrive (il ne
consomme pas son mariage avec la nouvelle Iseut aux mains blanches), Tristan vit son amour
pour Iseut dans les épreuves, celle de la séparation, celle du temps qui passe ; de même, au
premier appel de son amant, Iseut répond malgré le mariage de Tristan avec une autre et sa
trahison envers leur amour.
_Le philtre
_Le saut de la chapelle
_La mort de Tristan

4
III. Le Roman de Renart

1. Les caractéristiques du roman de Renart


La littérature satirique s’adresse à un public restreint de la classe dominante, pour rappeler
une exigence morale ou religieuse. L’auteur présente un mauvais chevalier, non pas pour
critiquer la chevalerie, mais pour dénoncer une faute qui peut compromettre les valeurs du
métier. Ainsi, dans le roman de Renart, la satire de la justice royale ou des pèlerinages
encouragés par l’Église se présente moins comme une critique des institutions que comme
un rappel de leur vraie nature.

2. Le personnage de Renart
Le Renart est un personnage de geste : c’est un baron de noble, le lion ; il possède un
château, dans lequel il se réfugie si l’on l’attaque et qui peut soutenir de longs sièges ; il
marié, attaché à sa femme et à ses enfants, et aussi aux membres de sa lignée ; il croit en
Dieu. En un mot, il possède toutes les caractéristiques d’un chevalier, mais ne respecte
aucunement pas le code d’honneur de la chevalerie : au lieu d’honorer son suzerain, il
bafoue sa justice ; au lieu du service d’amour, il viole la femme du roi, celle de son ennemi le
loup aussi ; au lieu de mettre sa force au service de son suzerain, il s’en sert pour tromper et
voler ; au lieu de respecter la religion, il trahit le serment qu’il fait. La société dans laquelle se
déroule le roman est donc calquée sur la société féodale contemporaine. À travers la
peinture des animaux, ce sont des hommes dont on se moque, en parodiant les usages
chevaleresques et courtois.

3. Les extraits de textes


_Renart et les marchands
_Renart et Isangrin dans le puits
_Le jugement de Renart

Chapitre II : La littérature du XVe siècle au Moyen-Âge

I. Le Théâtre
Le théâtre religieux, ou le théâtre comique a connu au XV e siècle un immense succès que l’on
peut aisément comprendre grâce à la qualité des textes et du spectacle. L’émotion ou le rire
sont toujours présents dans ce théâtre. La mécanique du rire, l’art de la composition

5
dramatique, de la présentation d’un personnage à travers ses propos et ses attitudes, sont
déjà bien maitrisés dans ces deux formes de théâtre qui sont très populaire.
1. Le théâtre religieux
Les premières pièces du théâtre du Moyen-âge sont liées aux cérémonies du culte (de Dieu
ou des saints) : pour la fête de Noël, les moines et les prêtres représentaient les épisodes
racontés par les Évangiles, la naissance du Christ dans l’étable ; de même lors de la fête de
Pâques, le procès du Christ, sa montée au calvaire, sa mort, étaient représentés. Peu à peu,
le théâtre sort de l’église. Les acteurs sont aussi des Clercs (le Clerc est un homme cultivé  ; il
est passé par l’université et appartient à l’Église, c’est-à-dire qu’il dépend de la justice
ecclésiastique ; il ne paye pas d’impôt ; il occupe des postes qui rapportent des bénéfices à
l’Église (dirige les abbayes) ; il porte la longue robe et la tonsure ; il peut se marier. Leur
pauvreté les met au service d’un Seigneur…) Il est dit plus tard en français et non en latin.
2. Le théâtre Comique
Dès le XIIIe siècle un théâtre profane commence à exister indépendamment du théâtre
religieux. Au XVe siècle, il est représenté dans différents types de pièces : pièces sérieuses et
pièces comiques ou le personnage habillé en fou se permet de critiquer la société, l’Église, le
pouvoir, et de dire tout ce qu’il a envie de dire ; il y a aussi des pièces de farce. Cette
dernière met en scène des gens de tous les jours : des marchands rusés, des bourgeois naïfs,
un mari trompé, des femmes légères… La farce jette un regard critique sur les mœurs du
temps, mais cherche toujours à provoquer le rire. Elle met l’accent sur l’exagération dans
des faits simples.

II. La Prose au XVe siècle


La distinction que nous faisons aujourd’hui entre prose et poésie n’avait pas le même sens
au Moyen-Âge. Le roman, comme le Roman de Renart et de Tristan et Iseut, étaient écrits en
vers. Le théâtre sacré et profane était aussi en vers. La prose a commencé à exister à partir
du moment où l’on a cherché à différencier les récits épiques (récits constitués, en partie, de
l’imagination de l’auteur, qui raconte les exploits guerriers d’un héros) dans lesquels
l’exactitude des faits n’est pas un souci. Les auteurs cessent à lors d’employer les vers,
considérés comme forme propre à la réalité, pour se référer à la prose. Ainsi, le récit épique,
considéré comme œuvre de fiction, resta en vers ; pendant que le récit historique est écrit
en prose.
Les premiers prosateurs sont entre autres : Robert de Clari et Villehardouin composent tous
deux Histoires de la conquête de Constantinople ; pendant que Joinville écrit la Vie de Saint
Louis, aussi en prose.

III. La Poésie au XVe siècle

6
Les genres poétiques ne portent pas le même nom au Moyen-âge et au XX e siècle. Le poème
lyrique chante les expériences personnelles, les amours, la peur de la mort, l’angoisse du
temps qui passe, les joies et les peines de l’auteur.
La poésie lyrique est au départ populaire, car elle est faite de chansons de toiles (l’on chante
en tissant), racontant les plaintes d’une dame qui souffre dans son amour, ou de chansons à
danser, exprime les plaintes d’une femme mariée… Cette poésie est devenue savante plus
tard, avec le lyrisme courtois et l’expression de la fine amor : les troubadours, qui créent
cette poésie au XIe siècle sont relayés par les trouvères au XIIe siècle. La chanson d’amour
devient un genre noble par excellence : le service de la dame est en effet une quête de
dépassement moral.

1. Les formes poétiques


1.1. La Ballade
Il existe plusieurs types de Ballade : la petite et la grande ballade sont les plus rependues.
Les ballades sont toutes construites sur trois strophes et demie. La petite ballade est
généralement composée de vingt-huit vers (dix syllabes « décasyllabe », ou de huit syllabes
« octosyllabe ») sur trois rimes, répartis en trois strophes de huit vers et une demie strophes
(l’envoi) de quatre vers. Son schéma est alors abab/bcbc, avec un envoi de quatre vers, bcbc.
Il existe encore d’autres petites ballades. Les trois strophes ont chacune sept vers, sur le
schéma abab/bcc. Et l’envoi comporte quatre vers, sur le schéma bbcc.
Dans les petites ballades, les strophes comporte huit vers (« huitains ») forme de base de la
poésie du XVe siècle.

1.2. La grande ballade


Elle se différencie par la petite par ses trois strophes de dix vers et son envoi de cinq vers,
qui reproduit le schéma de la seconde partie de la strophe ; on a une repartition
ababb/ccdcd pour les trois strophes, ccdcd pour l’envoi. La strophe est une dizaine,
ensemble de dix vers.

2. Le rondeau
Ce poème court, construit sur vers, ne fait intervenir que deux rimes seulement. Il est formé
d’un quintil, strophe de cinq vers sur le schéma aabba, d’un tercet suivi, en refrain, de la
moitié du premier vers du quintil, sur le schéma aab, et d’un second quintil, parallèle au
premier, suivi du même refrain que le tercet : aabba+ moitié du vers 1, aaba+ moitié du vers
1.

7
Chapitre III : la Littérature française du XVIe siècle
Introduction
L’histoire littéraire et artistique associe au XVI e siècle le mot « Renaissance ». Après les
temps moyenâgeux, renaît à la lumière de l’intelligence et des arts. Le XVI e siècle est marqué
par les beautés architecturales que par les horreurs barbares des guerres de Religion. Des
changements profonds s’opèrent dans la politique et la société. C’est dans une société en
pleine mutation qu’une nouvelle littérature voit le jour, c’est la littérature moderne qui
s’annonce.

I. L’Humanisme
1. Particularité
L’humanisme est défini aujourd’hui comme une « doctrine qui a pour objet le
développement des qualités de l’homme » (Petit Larousse). En ce sens, toute philosophie
dont la réflexion est centrée sur l’homme, sa situation dans l’univers, sa destinée, peut être
appelée humaniste. Mais cette notion définit plus particulièrement le mouvement qui unit,
au XVIe siècle, les « humanistes » des pays européens. En méditant sur la sagesse antique, ce
qui suppose de redécouvrir l’ensemble de la littérature gréco-latine, les auteurs replacent
l’Homme au centre du monde. Pour assurer le retour à l’antiquité, les auteurs commentent
aussi, traduisent ou adaptent les textes anciens, dans le domaine littéraire, juridique,
scientifique. Se référant au passé, la condition humaine devient la préoccupation première
des auteurs du XVIe siècle.
2. Études de textes
Rabelais, Pantagruel
_L’enfance.
_Pantagruel reçoit la lettre de son père, Gargantua.
_Dans la bouche de Pantagruel
_Gargantua disciple de Ponocrates
_Gargantua démolit le château

II. La Renaissance

8
1. Particularité
La Renaissance au XVIe siècle fait le retour à la culture, à l’art de l’antiquité greco-romaine.
C’est l’esprit moderne, par opposition au Moyen-Âge qui est la longue période ténébreuse
située entre la fin de l’empire romaine et l’invention de l’imprimerie. Les textes latins et
grecs sont lus et traduits avec admiration.
La Renaissance redécouvre l’Antiquité ; elle va réfléchir sur l’architecture, la littérature et
tous les autres domaines de la connaissance. En littérature surtout, les écrivains
s’intéressent à la civilisation latine, aux styles et tournures des textes latins.
Ce qui change alors profondément entre Moyen-Âge et Renaissance, c’est la finalité des
recherches, des inventions, c’est surtout la place de l’homme dans le monde qui n’est plus la
même. Au Moyen-Âge, l’architecture glorifie Dieu en bâtissant des cathédrales ; les artistes
de la Renaissance construisent et décorent les châteaux. Ils savent incarner l’idéal et la
puissance de leur prince, de leur nation dans leurs arts. Pendant le Moyen-Âge, les
institutions universitaires et politiques étaient sous la direction de l’Église ; cependant, les
écrivains de la Renaissance font naître la notion de l’État. Les hommes de la Renaissance
sont aussi croyants, mais la laïcité trouve peu à peu sa place ; ainsi, la politique refuse peu à
peu la tutelle de l’Église et de l’autorité religieuse. Dans ce monde nouveau, l’humanisme
comme la Renaissance, place sa foi en l’Homme. La capacité de l’homme à maîtriser un
mode de vie où il puisse être heureux n’est plus négligée. Le changement de la Renaissance
est né à la suite d’une perception de la culture antique dans un monde en pleine expansion
provoquée par l’arrivée massive des érudits et des textes grecs de Rome à la suite de la
prise, par les turques, de Constantinople (actuelle Istanbul), la capitale de la civilisation
chrétienne, en 1453.

2. Études de textes
 Bonaventure des Périers, Nouvelles Récréations et joyeux devis¸1558.
_De l’avocat qui parlait latin à sa chambrière
_Du conseiller et de son palefrenier

III. La Pléiade

1. Particularité
Le manifeste de la Pléiade condamne toutes les formes poétiques et dramatiques du Moyen-
Âge et demande l’imitation des modèles latins, grecs. En poésie, les règles de composition
du sonnet (au départ, le sonnet est un genre poétique, celui du poème amoureux ; il devient
très vite une forme poétique qui se prête à toute sorte de sujet. Les règles de composition
de sonnet (jeu de rime) sont établies par Du Bellay et Ronsard, qui font immédiatement une

9
des formes les plus remarquables de la poésie française) qui sont respectées jusqu’à nos
jours, sont définitivement établies par les poètes de la Pléiade ; de plus longues pièces,
comme les odes, les élégies, les hymnes, découvrent des accents narratifs ou épiques que les
poètes du XIXe siècle nous rendront familiers ; la poésie commence à tout dire de l’homme,
de ses passions et de ses craintes, de ses joies et de ses souffrances, dans une grande liberté
de ton et de langage qui frappe le lecteur d’aujourd’hui. Ainsi, en 1549, un manifeste,
Défense et Illustration de la langue française, qui vient d’un groupe de lettrés réunis autour
de Ronsard et portant la signature de Du Bellay, annonce la rupture dans la littérature. Il
annonce par là le début de la littérature moderne. Les poètes de la Pléiade veulent montrer
les capacités du français à devenir une langue poétique ; ils en inventent ainsi.
Le théâtre est aussi en voie de transformation : la tragédie passe du latin au français, se
divise en cinq actes et tend peu à peu vers la règle des trois unités qui triomphe dans le
théâtre classique du XVIIe siècle.
Les écrivains de la Pléiade, et Ronsard en particulier, ont une haute idée de leur rôle auprès
des grands de la Cour, auprès du roi. Non seulement le poète dispense sa gloire et assure
l’immoralité grâce à son œuvre, mais il peut aussi devenir un conseiller, un guide du roi.

2. Études de textes
 Joachim du Bellay, L’Olive.
_Ce que je sens, la langue ne refuse pas.
_Ô prison douce, où captif je demeure.
_Déjà la nuit en son parc amassait.
_France mère des arts, des armes et des lois.

IV. Les Guerres de Religion

1. Les enjeux Littéraires des guerres


Le règne d’Henri III (1574-1589) et les dix premières années de celui d’Henri IV (1589-1610)
sont entièrement marqués par les guerres de Religion. Le siècle se clôt dans une violence et
dans une désillusion. La littérature de ces dernières années fait échos des engagements, des
guerres, du repliement de l’individu sur lui-même.
Trente années de guerre continuelles signifient pour le peuple des campagnes le pillage
systématique des récoltes par les bandes de mercenaires des deux camps, la destruction des
maisons, des bâtiments agricoles, l’accroissement des charges financières. Dans les régions
les plus touchées (Languedoc, Poitou, Normandie, Ile-de-France), les échanges commerciaux

10
sont désorganisés, les troupeaux sont décimés, les moulins détruits. Le peuple des villes
n’est pas plus heureux ; elles sont parfois assiégées pendant longtemps comme Paris, le
peuple en est témoin de violents affrontements entre armées protestantes et armées
catholiques de 1589 à 1594. L’activité artisanale souffre autant que la production agricole.
Ainsi Lyon, seconde capitale du royaume avant 1550 perd sa prépondérance économique.
La littérature est d’abord un écho de conflits du moment, et une littérature protestante
apparaît. L’Église réformée a en premier lieu besoin de préciser sa doctrine et des gens
comme Jean Calvin vont donc écrire des traités ; par ailleurs, des scientifiques réformés,
Ambroise Paré par exemple, qui ne sont pas passés par l’université catholique, écrivent pour
diffuser leur savoir ; il leur est en effet interdit, à cause de leur religion d’obtenir des
diplômes universitaires et d’enseigner à l’université, toujours catholique. Enfin, les auteurs
protestants s’emparent de la scène dans le théâtre. Ils délivrent à la communauté réformée
un message d’espérance, de consolation, dépouillé des apports païens de la mythologie ou
de l’histoire antique.
La littérature est désormais engagée. Les auteurs protestants (Agrippa d’Aubigné) et
catholiques (Montluc) se servent de l’écriture comme un moyen de lutte. Ils composent des
œuvres qui non seulement racontent leurs guerres, mais prennent parti et jugent ou
condamnent. Les auteurs des deux camps ont tous reçu la même formation intellectuelle,
celle des milieux humanistes du début du siècle. Mais les réformateurs vont marquer leurs
divergences autour de trois (03) points principaux :

 Le rejet de l’optimisme humaniste :


Les penseurs réformés affirment la seule autorité de la Bible au contraire des penseurs
catholiques qui se fondent sur tous les commentaires des textes bibliques écrits depuis
quinze (15) siècle. Pour eux, il y a rupture et non continuation entre le monde humain et le
monde divin. La vision de la nature humaine est modifiée : l’homme est marqué par le
péché, par son impuissance à se sauver lui-même sans la grâce de Dieu. Les humanistes
catholiques étaient persuadés qu’il y avait en l’homme une force intérieure capable de
s’élever librement vers le bien.

 Le rejet du culte des Saints et des indulgences


Les réformés refusent le luxe des églises catholiques ; c’est-à-dire toutes es statues et
peintures qui représentent les Saints ou un épisode de la Bible. Le croyant doit s’en remettre
à Dieu seul et non offrir un cierge ou une prière à Saint. Il ne doit pas non plus acheter des
Indulgences. Les théologiens réformés affirment que seule la foi peut sauver l’homme :
inutile de faire bruler un cierge devant une statue de plâtre, d’offrir une somme d’argent,
d’aller faire un pèlerinage ; c’est la foi, la prière, l’observation des commandements de Dieu,
qui sauveront le pécheur.

11
 Le rejet du principe d’autorité
L’Église réformée prône le sacerdoce universel : bien qu’il y ait un pasteur, chaque individu à
un rôle à jouer dans la communauté religieuse. Chaque fidèle écoute librement sa
conscience, au lieu de s’en remettre à la direction d’un prêtre. Ne reconnaissant l’autorité du
pape, l’Église réformée est dirigée par des assemblées périodique. La pensée réformée
contient les germes d’une pensée « démocratique ».

2. Les enjeux politiques


Si les conflits du XVIe siècle connaissent une telle violence c’est parce que les enjeux
politiques qui les sous-tendent sont de première gravité. La réflexion religieuse
s’accompagne de prises de positions politiques. En France, « l’affaire des Placards »
s’explique dans une perspective politique : certains artistes, attirés par le nouvel esprit
religieux, vont se heurter au pouvoir royal. La Thèse de Martin Luther, 1517, trouve un écho
dans le milieu français des Évangélistes. Le roi, François Ier est, dans un premier temps,
favorable aux Évangélistes ; mais il est condamné par l’autorité religieuse de la Sorbonne, en
1533. Un plus tard, éclate l’affaire des Placard ; on a placardé sur la porte de la chambre du
roi des affiches de propagande pour les idées réformées. Sentant son autorité politique
atteinte, le roi choisit le clan catholique, et les premières persécutions de protestants
commencent. La répression continue sous François II qui monte sur le trône en 1559 avec sa
famille catholique. Il meurt un an plus tard, et son frère Charles IX, âgé de dix (10) ans le
succède. Catherine de Médicis, la mère du roi, est nommée régente du royaume. La cour
organise le colloque de Poissy rassemblant les protestants et les catholiques, pour autoriser
le culte réformé dans certains lieux. Les catholiques refusent cet édit de tolérance. Ils
massacrent à Wassy les protestants qui sortaient de leur lieu de culte en 1562. Ainsi, le
prince de Condé s’empare d’Orléans, en réponse.
Les protestants et les catholiques s’affrontent dans tout le royaume. Les guerres se
succèdent : quand les catholiques l’emportent, un traité est signé pour restreint la liberté
des protestants ; et vice-versa. Le massacre de la Saint-Barthélemy est particulièrement
marquant : Catherine de Médicis décide de marier sa fille, Margueritte de Valois au chef de
l’armée réformée, Henri de Navarre ; elle espère ainsi pouvoir mieux le surveiller et
l’influencer. À l’occasion de ce mariage tous les chefs réformés sont venus à Paris. Catherine
imagine de ruiner d’un seul coup les forces protestantes, elle décide ainsi le massacre, avec
l’accorde du roi Charles IX. Ce jour-là, lorsque les cloches des églises sonnent, le peuple de
Paris puis celle des provinces, devaient massacrer tous les protestants du royaume. Le Pape
et Philippe II d’Espagne approuvent ce massacre. On compte au moins vingt mille (20.000)
victimes. Henri de Navarre échappe de justesse à la mort.

3. Études de Textes
 Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques

12
_Je peindre la France, une mère affligée
_L’Homme n’est plus un homme.

Bibliographie
Georges Décote (dir.), Itinéraires Littéraires, Moyen-Âge et XVI e siècle,
Lagarde et Michard, Moyen-Âge et XVIe siècle,
P.-G. Castex, et (alii) Histoire de la Littérature française.

13

Vous aimerez peut-être aussi