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Loi DADDUE 

:
La loi transpose 18 directives et met en conformité le droit français avec 14
règlements européens dans des matières très diverses, avec pour objectif de
renforcer le marché intérieur de l’Union européenne.

Au niveau de la consommation  :

 La loi accroît la protection des consommateurs et adapte le droit de la


consommation aux spécificités numériques en habilitant le gouvernement
à transposer des dispositions européennes précisant notamment :
- Les obligations des places de marché en ligne et les conditions de
commercialisation des contenus et services numériques.
De nouveaux pouvoirs devraient être donnés à la direction générale de la
concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
(DGCCRF) pour mieux lutter contre les sites frauduleux.
 La loi assure l’application du règlement européen sur le blocage
géographique injustifié dit ‘géoblocage’ pour les consommateurs dans
leurs échanges transfrontières et permet au niveau national de lutter contre
les pratiques discriminantes dans les territoires d’outre-mer.

Au niveau financier  :

 Le texte donne davantage de moyens aux autorités françaises pour lutter


contre la fraude fiscale, le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme, avec notamment la mise en œuvre de nouvelles règles relatives
aux mouvements d’argent liquide en provenance ou à destination des pays
tiers et le renforcement des sanctions en cas de violation de la
réglementation douanière.
 Il habilite le gouvernement à transposer plusieurs directives européennes
contribuant à une meilleure supervision des activités financières au sein
de l’UE, portant sur l’encadrement des obligations garanties, des
entreprises d’investissement, de la commercialisation transfrontalière des
organismes de placement collectif en valeurs mobilières et des fonds
d’investissement alternatifs dans l’UE. Le gouvernement est également
habilité à transposer, par ordonnance, la directive du 11 décembre 2018
dite "ECN+" afin d’améliorer l’efficacité et la rapidité de la lutte contre
les pratiques anticoncurrentielles.
Au niveau de la Propriété Intellectuelle  :
 Pour soutenir et protéger la propriété intellectuelle, des ordonnances
doivent transposer les directives européennes sur le droit d'auteur et les
droits voisins et sur les services de médias audiovisuels (SMA).
Initialement, ces transpositions étaient prévues par les projets de loi
réformant l'audiovisuel public. Avec les deux directives "droit d'auteur et
droits voisins" du 17 avril 2019, les plateformes de partage de contenus en
ligne (comme Google, Facebook, Amazon...) devront s'assurer de l'accord
des auteurs pour la diffusion et l'exploitation de leurs œuvres. Les auteurs
et les artistes-interprètes pourront bénéficier d’une rémunération
supplémentaire pour l’exploitation de leurs œuvres. La Haute Autorité
pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet
(Hadopi) sera chargée de s’assurer du respect des droits d’auteurs et des
droits voisins portant sur les contenus partagés. La directive "SMA" du 14
novembre 2018 permet d’obliger les plateformes de vidéos à la demande
installées à l’étranger (Netflix, Amazon Prime Video, Apple TV +,
Disney...) à participer au financement des œuvres cinématographiques
françaises et européennes.

Au niveau des pratiques restrictives  :


 La directive définit plusieurs fourchettes de chiffres d’affaires
susceptibles de traduire une disproportion du pouvoir de négociation entre
acheteurs et fournisseurs, la loi habilite le Gouvernement à transposer ses
dispositions « de manière à ce qu’elle soit applicable aux relations entre
fournisseurs et acheteurs dans la chaîne d’approvisionnement agricole et
alimentaire, sans condition de chiffre d’affaires »
 La loi DDAUE modifie par ailleurs immédiatement l’article L. 442-1 du
Code de commerce pour tenir compte des dispositions du règlement
2019/1150 du 20 juin 2019 promouvant l’équité et la transparence pour
les entreprises utilisatrices de services d’intermédiation en ligne, qui
techniquement, est applicable directement, sans nécessiter de mesures de
transposition.
 Le règlement impose aux fournisseurs de plateformes en ligne de
nombreuses obligations destinées à protéger les entreprises utilisatrices de
leurs services, qui ne sont pas sans rappeler les manquements reprochés à
Amazon dans le jugement du Tribunal de commerce de Paris du 2
septembre 2019. Les plateformes devront :
- Garantir que leurs conditions générales sont simples à comprendre et
facilement disponibles pour les utilisateurs professionnels ;
- Énoncer à l’avance les raisons possibles pour restreindre, suspendre ou
résilier leurs services
- Informer leurs utilisateurs professionnels au moins 15 jours à l’avance de
toute modification de leurs conditions générales, sauf en cas de
soumission à une obligation légale particulière ou pour faire face à des
risques imprévus et imminents en matière de cybersécurité
- Agir de bonne foi en s’abstenant de procéder à des changements
rétroactifs de leurs conditions générales, en octroyant un droit de
résiliation à leurs utilisateurs professionnels et en indiquant s’ils
maintiennent un accès aux données de leurs entreprises utilisatrices une
fois leur contrat résilié
- Préciser si elles se réservent de quelconques droits relatifs à la propriété
intellectuelle de leurs utilisateurs professionnels ou à la capacité de la
plateforme à commercialiser les biens ou services de ces derniers hors de
la plateforme concernée
- Transmettre aux utilisateurs professionnels un exposé détaillé des motifs
de la décision de restreindre, suspendre ou résilier leurs services
- Veiller à ce que l’identité de leurs utilisateurs professionnels soit bien
visible.

Au niveau de la concurrence  :
Concernant la directive ECN+ :
 L’indépendance et les ressources
- L’article 4 de la nouvelle Directive « ECN+ » oblige les Etats membres à
garantir que les ANC « s’acquittent de leurs fonctions et exercent leurs
pouvoirs en toute impartialité ».
- A cette fin, les ANC doivent pouvoir « fixer leurs priorités afin de
s’acquitter des tâches nécessaires à l’application des articles 101 et 102 du
TFUE » et surtout elles doivent avoir la possibilité de « rejeter les plaintes
au motif qu’elles ne les considèrent pas comme une priorité ». Les ANC
auront donc ainsi une totale autonomie pour apprécier de l’opportunité des
poursuites.
- En matière de ressources, la Directive fait obligation à chaque Etat
membre de veiller à ce que « les ANC disposent d’un nombre suffisant de
membres du personnel qualifiés ainsi que des ressources financières,
techniques et technologiques suffisantes » afin de s’acquitter de leurs
missions.
- Les ANC devront, au minimum, pouvoir mener des enquêtes et prendre
des décisions relatives à l’application des articles 101 et 102 du TFUE et
également pouvoir coopérer étroitement au sein du réseau européen de la
concurrence. En outre et en fonction du droit national, les ANC devront
avoir la possibilité de donner des avis sur la législation nationale de la
concurrence.
 Pouvoirs

- La Directive met à la charge des Etats membres le devoir de s’assurer que


les ANC « soient en mesure de procéder à toutes les inspections inopinées
nécessaires des entreprises et associations en vue de l’application des
articles 101 et 102 » du TFE.
- De manière pragmatique et constatant que « les documents liés à l’activité
de l’entreprise sont parfois conservés au domicile de directeurs, de gérants
et d’autres membres du personnel d’entreprises ou d’associations
d’entreprises » la Directive autorise désormais les agents des ANC à
procéder à des « visites inopinées » au domicile de ces personnes. Sur ce
point, les ANC devront toutefois obtenir préalablement une autorisation
judiciaire.
- Les pouvoirs des ANC sont renforcés puisqu’après avoir constaté une
infraction, la Directive oblige les Etats membres à s’assurer que les ANC
« puissent obliger par voie de décision les entreprises et associations
d’entreprises à mettre fin à cette infraction. A cette fin, elles peuvent leur
imposer toute mesure corrective de nature structurelle ou
comportementale proportionnée à l’infraction commise et nécessaire pour
faire cesser définitivement l’infraction. »
- En outre et en cas d’urgence « justifié par le fait qu’un préjudice grave et
irréparable risque d’être causé à la concurrence » les ANC pourront agir
d’office, de leur propre initiative.
 Amendes et astreintes

- La Directive impose un montant maximal de l’amende pouvant être


prononcée par une ANC calculé en fonction des ressources de l’entreprise
ou de chaque membre ayant participé à une infraction. L’amende, ne
pourra, en effet, être « inférieure à 10% du chiffre d’affaires mondial total
de l’entreprise réalisé au cours de l’exercice social précédent la décision
». Si l’infraction est réalisée par une association d’entreprise, le montant
maximum de l’amende ne pourra pas être inférieur à 10% de la somme du
chiffre d’affaires mondial total réalisé par chaque membre actif sur le
marché affecté par l’infraction de l’association.
- Enfin, la « Directive ECN+ » harmonise les « programmes de clémence »
qui visent à inciter les entreprises à divulguer leurs participations à des
ententes, en leur offrant la possibilité, par exemple, de réduire le montant
de l’amende.
7. Ordonnance n° 2020-921 du 29 juillet 2020 portant diverses mesures
d'accompagnement des salariés dans le cadre de la fermeture des centrales
à charbon
L'ordonnance, prise en application de la loi énergie et climat du 8
novembre 2019, crée un dispositif spécifique d'accompagnement pour les
salariés affectés par la décision de fermeture des centrales électriques à charbon.
Ce dispositif complète les mesures que mettront en œuvre les employeurs, que
définiront les branches professionnelles concernées et les dispositifs existants en
matière d’emploi et de formation professionnelle. Sont concernés, suivant des
modalités adaptées à chaque secteur :
 les salariés des entreprises exploitant les centrales à charbon ;
 les personnels portuaires directement touchés par l’arrêt de cette activité,
notamment les ouvriers dockers ;
 les salariés des entreprises sous-traitantes.
Les salariés des centrales et des places portuaires vont bénéficier d'un
accompagnement renforcé qui, cumulé avec les mesures mises en œuvre par
l’employeur, pourra durer 24 mois maximum, voire 30 mois pour les personnels
les plus proches de la retraite. Durant cette période, les intéressés verront leur
revenu garanti, le temps nécessaire à leur transition professionnelle.
Les salariés des centrales et des places portuaires et des sous-traitants
bénéficieront d'un suivi individuel de leur parcours et un accès facilité aux
formations. Des cellules d’accompagnement vont être mise en place.
Le dispositif, financé par l'État, doit être décliné sur chaque bassin
d’emploi.
Des démarches d’accompagnement des territoires concernés par la
fermeture des centrales à charbon ont également été co-construites entre l’État,
les collectivités locales et toutes les parties prenantes, avec l’appui d’un délégué
interministériel. Elles se matérialisent par des pactes territoriaux afin de soutenir
et stimuler les dynamiques économiques territoriales.

8. LOI n° 2020-1672 du 24 décembre 2020 relative au Parquet européen, à


la justice environnementale et à la justice pénale spécialisée
Les mesures sur la justice environnementale
Des juridictions spécialisées en matière d'environnement sont créées. Un
tribunal judiciaire sera désigné dans le ressort de chaque cour d'appel pour
l'enquête, la poursuite, l'instruction et le jugement des délits environnementaux.
Sur amendement, ces tribunaux spécialisés seront aussi compétents pour les
contentieux civils (actions relatives au préjudice écologique et actions en
responsabilité civile). Un décret doit fixer la liste de ces juridictions.
De plus, des conventions judiciaires d'intérêt public (CJIP) en matière
environnementale pourront désormais être conclues. Cet outil de transaction
pénale, existant déjà dans le domaine fiscal, permet au procureur de la
République de proposer une alternative aux poursuites à une entreprise mise en
cause pour un délit environnemental. La convention pourra imposer le
versement d'une amende pouvant atteindre 30% du chiffre d'affaires de
l'entreprise, une mise en conformité, et la réparation du préjudice écologique
causé dans un délai de trois ans maximums.
Sur amendements du Sénat, le délit réprimant le non-respect d’une
obligation de remise en état d’une installation ou d’un ouvrage en droit de
l’environnement est précisé et l'immobilisation d'un navire ayant rejeté des eaux
de ballast nuisibles devient possible. Un amendement du gouvernement donne
aux inspecteurs de l'Office français de la biodiversité (OFB) des compétences de
police judiciaire.

13.LICENCIEMENT ET ACTION EN JUSTICE DU SALARIÉ : Cass.


Soc., 4 novembre 2020, n°19-12.367.

La Cour de cassation vient de préciser de manière claire que la


concomitance d’une action en justice et d’un licenciement ne fait pas présumer
que celle-ci procède d’une atteinte à la liberté d’agir en justice.
I) Le licenciement prononcé suite à l’introduction d’une action en
justice par le salarié peut être nul.
Depuis quelques années, la Cour de cassation juge que le licenciement
prononcé en réaction à une action en justice d’un salarié contre son employeur
est nul, car il méconnait la liberté fondamentale d’agir en justice. Dans cette
hypothèse, le salarié licencié pourrait réclamer :
 Soit sa réintégration, avec le versement des salaires perdus entre son
licenciement et sa réintégration ;
 Ou, à défaut de réintégration, une indemnité pour licenciement nul, dont
le montant ne peut être inférieur à 6 mois de salaire. La difficulté réside
toutefois dans la preuve à rapporter du lien de causalité entre l’action en
justice et la rupture du contrat de travail.
II) Les règles en matière de charge de la preuve.
Dans certains cas, les règles en matière de charge de la preuve diffèrent du
droit commun, où il incombe au demandeur d’apporter la preuve au soutien de
ses prétentions : c’est par exemple le cas en matière de harcèlement ou d’heures
supplémentaires.
S’agissant de l’hypothèse d’un licenciement prononcé à la suite d’une
action judiciaire, la Cour de cassation a précisé que :
 Si la lettre de licenciement reproche expressément au salarié l’action en
justice qu’il a intentée, la rupture est nécessairement nulle ;
 Si le courrier de licenciement ne mentionne rien, les juges du fond doivent
d’abord rechercher si le licenciement repose sur une cause réelle et
sérieuse. Si oui, le salarié doit alors démontrer le lien entre son
licenciement et son action en justice. Si le licenciement est abusif, c’est à
l’employeur de démontrer l’absence de lien de causalité entre sa décision
et l’action du salarié.
La Cour de cassation vient de préciser, dans l’arrêt rendu le 4 novembre 2020,
que le seul fait qu’une action en justice exercée par le salarié soit
contemporaine d’une mesure de licenciement ne fait pas présumer l’atteinte à
la liberté fondamentale d’agir en justice.
La Haute assemblée vient de confirmer sa jurisprudence lorsque l’action du
salarié n’est pas mentionnée dans le courrier de licenciement. Cependant,
l’atteinte de l’employeur à la liberté d’action du salarié est, en pratique, très
difficile à démontrer.

14. UN EX-CHAUFFEUR GAGNE SON PROCÈS EN


REQUALIFICATION CONTRE LE GÉANT UBER.
Pour la 1ère fois en France, un Conseil de prud’hommes a fait droit aux
demandes d’un exchauffeur VTC qui sollicitait la requalification de son «
contrat de prestation de services » avec la société Uber en contrat de travail et a
accompagné ladite requalification des condamnations salariales et indemnitaires
afférentes.
Précisément, par jugement en date du 23 novembre 2020, le Conseil de
prud’hommes de Nantes a reconnu l’existence du lien de subordination
unissant Monsieur G et la société Uber, requalifié la relation contractuelle en
contrat de travail et condamné l’employeur à plus de 32 000 euros de salaire
et dommages intérêts.

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