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Sortir l'Afrique de la servitude monétaire

: à qui profite le franc CFA ?


GENCOD : 9782843032806

PASSAGE CHOISI

Extrait de l'avant-propos de Michel Maso, Directeur de la fondation Gabriel-Péri

Cet ouvrage collectif est l'aboutissement de plusieurs initiatives dont l'ambition était d'ouvrir
un débat dépassionné et libre sur le franc CFA et son avenir, fondé sur un examen rigoureux
des réalités économiques et sociopolitiques des pays des deux zones franc.
Force est de constater qu'en dehors des cadres militants ce débat a le plus grand mal à
exister. Et pour cause, ceux qui s'y sont risqués avec courage depuis près de 70 ans, et dans
un environnement politique plus que réfractaire, l'ont souvent payé cher. Ce livre rend
hommage à leur combat pour l'indépendance et la souveraineté.
Quand, en 2015, Kako Nubukpo, économiste, alors ministre de la Prospective et de
l'Évaluation des politiques publiques du Togo, connu pour son avis tranché sur le franc CFA
qu'il associe à une «servitude volontaire», décide de libérer la parole au sein même des
appareils de décision et de critiquer la politique monétaire en zone franc, il reçoit une volée
de bois vert de la part de cadres de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest.
(BCEAO). Des documents internes recommandent de rappeler à l'ordre le ministre. Il ne sera
pas ensuite reconduit dans la nouvelle équipe gouvernementale. S'agit-il du résultat direct de
ces intimidations ? Faut-il penser que les gouvernements et institutions africains ont fait de
ce sujet un tabou ? C'est en tout cas ce que dénoncent, en mai 2015, Martial Ze Belinga,
Makhily Gassama, Demba Moussa Dembele et Sakho Bamba, dans une lettre ouverte à la
BCEAO, qui critique le «silence assourdissant des élites organiques sur un pan immédiat de
la souveraineté des États».
Dès 2012, s'inscrivant dans la lignée de celles et ceux qui ont engagé ce combat en Afrique
de l'Ouest et en Afrique centrale, ces auteurs avaient lancé une pétition pour une «zone franc
libre», appelant à en finir avec cette survivance coloniale qui nie la souveraineté politique des
États africains et impose une déresponsabilisation des peuples.
C'est pour répondre à cette montée en puissance du besoin bien légitime d'échanges
citoyens et d'une réappropriation de ces enjeux décisifs que la fondation Rosa-Luxemburg
d'Allemagne - particulièrement son bureau Afrique de développement endogène (ARCADE),
sous l'impulsion décisive de son président Demba Moussa Dembele, ont organisé, dans le
cadre des «Samedis de l'économie» initiés avec Ndongo Samba Sylla, une conférence
intitulée : «20 ans après la dévaluation : quel avenir pour le franc CFA ?», en mars 2014, à
Dakar. Celle-ci a fait la part belle aux alternatives possibles et souhaitables, montrant que la
mise à mort du système monétaire néocolonial, plutôt que de créer un chaos économique,
libérerait les énergies créatrices l'Ouest - et l'Africaine de recherche et de coopération pour
l'appui au pour inventer une autre monnaie au service des besoins humains.

REVUE DE PRESSE

L'Humanité du 5 janvier 2017


La distinction entre monnaie métropolitaine donneuse d'ordres (le FF, franc français, hier,
l'euro aujourd'hui) et monnaie serve (le CFA) reflète la nature spécifique des structures de
l'économie coloniale, cantonnée au rôle exclusif de fournisseuse de matières premières. Ainsi
les banques centrales africaines sont-elles contraintes de déposer 50 % de leurs réserves de
change auprès du Trésor français sous prétexte de garantie de convertibilité de leur
monnaie...
Rompre avec un système bancaire cartellisé (sous une domination française demeurant
-obsédée par la recherche de rentes de -situation) est le préalable à l'engagement d'une
stratégie de développement répondant aux aspirations des peuples.

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