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LE

RECIT
DES
DANSES
URBAINES

1
Les « danses urbaines », une expression évocatrice mais
réductrice.
A défaut de l’existence d’un mot plus juste, elle est utilisée pour venir
décrire toutes les danses nées dans les espaces urbains depuis les
années 1960.
Elle est utilisée à défaut d’un meilleur terme, mais est pourtant très
peu appréciée dans le milieu de ces danses car elle vulgarise ces
dernières et les dépolitise en les mettant sous le même étendard.
Pourtant, on retrouve bien des similarités entre ces danses, non pas
toujours dans leurs gestes mais dans bien dans les luttes dans
lesquelles leur communauté et leur culture s’engagent.
Des luttes pour des espaces d’expression et de communauté.

C’est donc dans le catalogage des différentes danses et de leurs


outils, et pour proposer une convergence des luttes de celles-ci
ainsi qu’un archivage de ces cultures, que je me suis engagé.

Elles qui n’ont jamais eu accès à des outils pour être théorisées.
Les danses urbaines ont vécu d’une transmission orale de décennie
en décennie.
C’est pour préserver et surtout venir, dans le futur, utiliser cette base
de recherche avec les danseur.euse.s, afin de penser cette pratique,
que j’ai réalisé ce mémoire.
Cependant, il est important de comprendre que le travail de
recherche et de contextualisation historique, dans une culture où
l’on ne trouve presque aucune archive, est très subjectif.
J’ai donc consciemment décidé de prendre le point de vue de la
culture française des danses Hip Hop vis-à-vis de son histoire, car
c’est simplement le contexte dans lequel je suis ancré et duquel je
peux obtenir le plus d’informations.

Je tiens par ailleurs à préciser, pour clarifier l’utilisation des termes


que j’ai utilisés dans ce mémoire, que le terme Hip Hop désigne la
culture Hip Hop dans son sens large, incluant aussi les arts et autres
médiums du Hip Hop, tandis que dès que le terme de New style est
utilisé, je parle davantage de danse Hip Hop, « New Style » étant le
terme français pour décrire la danse Hip Hop en France.
« the goal of the die-hard Househead* is
to be a part of the group yet maintain a sense of individuality »
« C’mon to my house : Underground-House Dancing », in Dance Research Journal Vol. 33,
No. 2, Social and Popular Dance -
Sally R. Sommer

*Un.e Club-head / Househead est simplement un individu qui va régulièrement en club.


3
My Beat
Blaze ft. Palmer Brown

As we dance to a beat that seems out of time


To the one you feel in the metronome of your mind
Does it offend you that our rhythm looks strange
Or causes your thinking to be re-arranged?
Could it be that you would understand this beat to which we dance
More clearly had you been given a chance?
So as you struggle to find the feel with your feet
Ask yourself, can you dance to my beat?

Watch us get down to this groove with an Afro-funk feel


While we get high to a rhythm with spiritual appeal
Expressions of freedom from the descendants of slaves
God gives us the strength for new horizons we must brave
First bondage, then mental, now financially oppressed
With this beat we dance, we know we've passed the test
So as you struggle to catch the rhythm with your feet
Ask yourself, can you dance to my beat?

The rhythm, the rhythm, the rhythm is our power section


The freedom we feel in our soul
We dance to learn those lessons
As our story continues to unfold
Our beat, our words our melodies, our gifts
From the givers of those gifts
We're merely the terminals to which they have passed
So as you struggle to catch the rhythm with your feet
Ask yourself, can you really dance to my beat?

As we dance to a beat that seems out of time


To the one you feel in the metronome of your mind
Does it offend you that our rhythm looks strange
Or causes your thinking to be re-arranged?
Could it be that you would understand this beat to which we dance
More clearly had you been given the chance?
So as you struggle to find the feel with your feet
Ask yourself, can you really, really dance to my beat?

5
Catalogage
des
danses

7
Avant d’introduire et d’analyser les différents éléments relatifs aux
danses urbaines, j’ai décidé de faire un catalogage de ces
dernières pour permettre de les clarifier et les distinguer, et de
connaître leur contexte d’émergence et leur définition.
Ce catalogage permet de fluidifier la compréhension des différents
articles qui suivent celui-ci.
Cette catégorisation est une liste non exhaustive de toutes les
danses différentes que je connaissais déjà et de celles que j’ai pu
découvrir à travers mon travail de recherche. Il est cependant
important de noter que je m’intéresse dans cette liste aux styles
principaux des danses urbaines et que je ne prends pas le temps de
disséquer ceux-ci en sous styles, simplement parce que ces
derniers appartiennent tous à la même culture.

9
W TF
B R EA K D A N
SE A U JO ?!
Breakdance
Le breakdance est la danse pionnière
des danses Hip Hop.
Il est l’un des éléments qui ont
participé à la naissance du Hip Hop et de
sa culture. Dans son origine, il se danse
sur du breakbeat, la musique qui a
construit la base des structures de
rythme du Hip Hop. Il se pratiquait à
l’origine lors des Block Parties.

C’est une danse qui se compose de trois


éléments qui viennent s’enchainer :
Le toprock, jeu de jambes dansé debout
et qui prépare la descente du.de la
danseur.euse,
Le footwork, des constructions au
sol faites à l’aide d’appuis des mains
sur le sol,
Ainsi que des powermoves,
mouvements acrobatiques et
explosifs faits de figures et d’équilibres
sur une partie du corps.

Le breakdance est un véritable


symbole de la culture Hip Hop, à tel
point qu’il fera partie des J.O. de Paris
de 2024.

11
Chicago
Footwork
Le Chicago footwork, comme son
nom l’indique, est un style
emblématique de Chicago. Né dans les
années 1990, il se nourrit de la
footwork music, un sous-genre
musical qui mélange la ghetto house
avec des éléments de Hip Hop. La danse
prend aussi beaucoup son inspiration
dans la house.
Il se compose de jeux de jambes à
vitesse survitaminée pour être en
rythme avec le BPM fulgurant du
footwork.

13
Clowning
Le Clowning est l’ancêtre du Krump,
popularisé en même temps que celui-ci
grâce au documentaire Rize de David
Lachapelle. Ce style emprunte les
mouvements et l’amplitude du
twerk.
Il est créé par Tommy the Clown, un
habitant de Los Angeles qui, pour un
job alimentaire, se déguisait en clown
dans les centres commerciaux ainsi
qu’aux fêtes d’anniversaire.

Il a créé une gestuelle autour de


l’imitation et de la moquerie des
parents d’enfants.
Il développe cette gestuelle jusqu’à en
faire une danse.
Elle est immédiatement reproduite
par les enfants. Il monte une
communauté dans les ghettos de Los
Angeles pour ouvrir une porte de
sortie aux jeunes exposés aux gangs et
à la violence de ces quartiers.

C’est de cette communauté qu’est né le


Clowning.

15
Dancehall
Le dancehall est une danse tout droit
venue de Jamaïque.
Trop souvent perçu comme étant
misogyne, il est au contraire, en
réalité, un outil de réappropriation de
son corps et de sa sexualité.

Les mouvements de dancehall sont


innombrables et imitent tous une
scène du quotidien, du lavage de dents
à la recherche de ses clés de voitures. Le
travail d’illustration et de
traduction du dancehall est
remarquable.

Par ailleurs, le dancehall est la


danse à l’origine du twerk, un
mouvement de fessiers considéré par
beaucoup comme « hypersexuel » et
qui est sûrement le mouvement de
danse le plus pratiqué du XXIe siècle. Il
est aussi très présent dans de
nombreux clips musicaux.

17
Electro
L’électro est un style de danse né en
France dans les années 2000.
Il émerge d’abord en tant que
Tektonik.

On y retrouve des mouvements


empruntés à la fois à la house, au
voguing, au waacking ainsi qu’au
popping. Cette danse devient virale
dans toute l’Europe, notamment à
cause du clip de Yelle, Comme des
garçons.
Il mobilise les bras pour faire des
rotations de grande ampleur tandis
que les jambes viennent
accompagner le mouvement avec
grâce. Il hérite d’une des qualités
connues des danseur.euse.s français.ES :
leur véritable attitude guerrière.

S’il a émergé en tant que Tektonik


pendant sa période mainstream, il est
aujourd’hui redevenu une danse
underground et s’est souvent
confronté au style de danse Hip Hop.
On peut retrouver des danseur.euse.s
d’électro dans de nombreuses battles
Hip Hop.
19
Flexing
Le Flexing est une danse urbaine née à
Brooklyn. Elle est la fusion du
popping et des danses jamaïcaines.
Cette danse donne l’illusion d’être à la
fois fluide et saccadée. Elle est encore
Encore très peu développée,

elle s’est popularisée grâce à


l’émission Flex N Brooklyn. Les
danseur.euse.s de Flexing semblent
défigurer leur corps, leur donnant
presque une apparence de créature.

21
House
La house est une danse de club née dans
les années 1970. Son pendant musical
est la musique house sous toutes ses
formes, de la break-house à la
soulful house. Originaire du Lofting,
elle est venue se métisser à la culture
du Hip Hop.
C’est une danse aux origines
multiculturelles. Elle s’inspire
librement de la danse classique, du
kung-fu, de la salsa, de la capoeira et
de tout ce qui composait ce bouillon
culturel qu’étaient les clubs
jusqu’aux années 2000.
Elle se caractérise par des
mouvements de jambes légers et
rapides tandis que le torse vient
marquer le rythme. Les deux
mouvements sont respectivement
appelés Footwork et Jacking.
C’est une danse encore pratiquée de nos
jours partout dans le monde.
Elle a gardé son lien sacré avec les
clubs et on peut retrouver ses
danseur.euse.s dans les clubs de house
de toutes les grandes capitales.
23
Krump
Le krump est une danse née à Los
Angeles dans les années 2000. Il est
l’enfant rejeté du clowning.
Il émerge en réaction directe aux
violences policières des années 2000
dans les ghettos de Los Angeles.
C’est une danse brute et explosive avec
une valeur et une culture établies
avec soin par ses créateurs. La base se
veut extrêmement spirituelle, avec la
recherche permanente d’un état de
transe qui est encouragé et recherché
par les danseur.euse.s.

Krump est l’initiale de Kingdom


Radically Uplifted Mighty Praise.
C’est une culture qui a proliféré
mondialement, au point de créer son
propre mouvement de musique en
complémentarité de la danse du
même nom.

25
Il s’inspire beaucoup de la construction
de la cypher pour permettre au public
d’encourager et de nourrir le.la
danseur.euse.

Bien qu’encore underground, il a


récemment rencontré un intérêt
publique assez fort et semble proche
d’une acceptation dans les sphères de
l’art contemporain.
27
Litefeet
Le litefeet est le descendant du Harlem
Shake.
Il est né dans les années 2000.
C’est une danse avec une énergie
joviale et virale, composée de
rythmiques marquées et des
jonglages utilisant les sneakers et les
casquettes.
Bien qu’inspiré du Hip Hop, il possède sa
propre base de vocabulaire revisité
avec des mouvements comme le Bad
One, le Tone Hop, le Rev Up ou encore le
Lock In.
Il était à la base performé dans les
métros de New-York, avant de devoir
trouver d’autres espaces de
représentation suite à l’interdiction de
performer dans le métro.
Cette interdiction été spécialement
mise en place pour le litefeet.
Il est devenu une culture riche et
possède un pendant musical qui
pourrait bien devenir le prochain
phénomène musical du Hip Hop.

29
Locking
Le locking est une danse funk née dans
les années 1970. Il est inventé par Don
Campbell et se danse à la base sur de
la funk. Son nom vient du
mouvement de locker , qui désigne un
arrêt vif avant de reprendre la danse.
C’est une danse avec beaucoup
d’amplitude et qui possède une
dimension burlesque.

Les mouvements de locking sont très


imagés. Un des plus connus consiste à
faire de l’air guitar.

Le locking, en tant que culture funk,


possède tout un habillement qui va de
pair avec la danse : chaussettes à
rayure, haut de forme et bretelles.

Le.la danseur.euse se doit d’être


jovial.e,
énergétique
et
vif.vive.

31
New Style
Le new style est ce qu’on appelle plus
communément le Hip Hop.
C’est un style très riche qui mélange
les bases techniques du Popping et
certaines bases du Breakdance, tout en
incluant les danses virales et
sociales.
Il est sûrement l’une des danses les plus
pratiquées à travers le monde.
C’est aussi une des danses les plus riches
en termes de style.
C’est dans ce style, avec le breakdance,
que l’on retrouve le plus de battle car
son énergie et ses musiques s’y prêtent.
Il reste l’un des styles les plus
compliqués à définir car il possède un
vocabulaire tellement riche et large
que ses définitions varient d’un individu
à l’autre.

33
Pantsula
Le Pantsula est né
approximativement dans les années
1960-1970, suite à la destruction de
Sophiatown par le régime de
l’apartheid.
C’est une culture entière qui, comme le
Hip Hop, possède ses propres moeurs de
mode, avec ses vêtements et
chapeaux. Il est un véritable
phénomène en Afrique du Sud.
bien qu’ancienne, Cette danse n’a cessé
de se réinventer à chaque nouvelle
mode et culture qui sont venues
nourrir la jeunesse d’Afrique du Sud, du
popping au Lindy Hop. Tout constitue
un matériau précieux à s’accaparer
pour le Pantsula.
Il connaît aujourd’hui une
médiatisation, via les réseaux
sociaux, qui permet sa
reconnaissance à travers le monde.
S’il reste encore peu présent dans le
milieu chorégraphique occidental, Il
commence doucement à être exporté
par les compagnies d’Afrique du Sud.

35
Passinho
Le Passinho est une danse des favelas
brésiliennes née en 2004.
Il est devenu viral grâce à YouTube des
années plus tard. Il est toujours
exclusivement pratiqué dans les
favelas.
Les mouvements se composent de jeux
de jambes marqués par des rotations
de hanches très énergétiques.
C’est un mélange savant de danse Hip
Hop, de free step et de danse
traditionnelle brésilienne.

Cette danse,
c'est notre oeuvre pour nous battre en
faveur du funk carioca,
pour notre culture.
On va tous les jours à la guerre,
on est des soldats du funk,
on est la résistance et notre uniforme
n'a pas besoin de chaussures.

Sheick, un danseur de passinho


37
Popping
Le Popping est le style le plus
emblématique des danses Hip Hop
après le Breakdance.
Il porte aussi d’autres noms comme le
smurf en France ou encore l’Electric
Boogaloo pour les danseur.euse.s de
première génération.
Son origine est souvent remise en
question.
Chaque grande ville des états-Unis
affirme avoir inventé le popping et on
retrouve des formes brutes de celui-ci
un peu partout aux états-Unis dans les
années 1970.
Si l’histoire du popping est dure à cerner,
la version officielle affirme que les
Electric Boogaloos, un groupe de
danseur.euse.s, en seraient les
fondateurs en 1978.

39
C’est une danse avec un vocabulaire
très riche basé à fois sur une
contraction des muscles en rythme
avec la musique (hitting), des
mouvements fluides qui font des
lignes avec le corps (boogaloo), des
vagues avec le corps (waving) et des
lignes droites avec les bras (tutting).
Cette danse, parmi d’autres, a inspiré
énormément de styles et on retrouve
ses bases dans presque toutes les
danses urbaines.
Il existe un nombre incroyable de
styles qui s’en inspirent fortement, de
l’animation au flexing en passant
par le finger-tutting. C’est un style
reconnu à travers le monde.
41
Turfing
Le Turfing est une danse née à
Oakland. Il prend son origine, dans les
années 1960, du Boogaloo, mais se
développe en tant que danse à part
entière à partir des années 1990. Ce
style utilise des glissades pour donner
l’impression de patiner sur le sol.
Il utilise aussi les pointes des sneakers
pour effectuer des mouvements
acrobatiques sur celles-ci.
Sa culture est liée à la culture
populaire de Oakland et est même
utilisée pour régler des disputes entre
personnes du même quartier.

43
Voguing
Le voguing est peut-être la danse qui
arbore son idéologie politique avec le
plus de fierté.
Il est né dans les années 1970 dans des
clubs gays de New York, et plus
précisément dans les balls fréquentés
par les personnes homosexuelles et
transgenres africaines-américaines.
Il est intrinsèquement lié a la
communauté queer africaine-
américaine de cette ville.
La danse s’inspire des poses des
mannequins du magazine de mode
Vogue. Elle constitue la
réappropriation directe et militante
des codes d’une culture inaccessible
pour ces minorités.
Le voguing s’est développé à travers
le monde et les groupes de voguing les
plus connus, communément appelés
houses, sont internationaux.

45
C’est une danse qui a résonné avec de
nombreuses communautés queer à
travers le monde.
c’est aussi l’une des danses urbaines qui
est la plus sujette à la
réappropriation culturelle et la
dépolitisation de son art.
47
Waacking
Le Waacking est né durant la période
Disco des années 1970 dans les club
LGBT de Los Angeles. Avant de s’appeler
Waacking, il s’appelait Punking. Ce
nom provient du mot « punk », une
insulte homophobe que les
danseur.euse.s se sont réappropriée.
La danse consiste en des rotations
rapides des bras et d’arrêts durant
lesquels le.la danseur.euse prend la
pose. La danse se popularise avec
l’émission Soul Train. Elle a été oubliée
pendant près d’une décennie à cause du
SIDA, qui a tué une grande partie des ces
danseur.euse.s.
Elle connaît une résurgence depuis les
années 2000.

49
ATLAS
DES
DANSES
URBAINES

51
Hip Hop
Chicago Social dance
Footwork Breakdance
MemPHIS Litefeet
JOOKIN House Dance
FLEXIN
VOGUING

Sla
ver
y Baltimore
Club

Rolento
A
SALS
Popping
Turfing
Krump
Clowning
Waacking

KUDORO
DANCEHALL

ATLAS DES DANSES URBAINES


ELECTRO
NewSTyle ?

FREESTYLE
IS
THE
KEY
eid
th
ar
p
Ap

Pantsula

53
Can You Feel It
By Larry Heard

In the beginning, there was Jack, and Jack had a groove


And from this groove came the grooves of all grooves
And while one day viciously throwing
down on his box, Jack boldly declared

"Let there be house !" and house music was born

I am, you see


I am the creator, and this is my house !
And, in my house there is only house music. But, I am not so
Selfish because once you enter my house
it then becomes OUR house and OUR house music!"
And, you see, no one can own house because
House music is a universal language, spoken and understood by all

You see, house is a feeling that no one can understand really unless
You're deep into the vibe of house. House is an uncontrollable
Desire to jack your body.
And, as I told you before, this is
Our house and our house music.
And in every house, you
Understand, there is a keeper.
And, in this house, the keeper
Is Jack. Now some of you who might wonder

Who is Jack, and what is it that Jack does ?

Jack is the one who gives you the power to jack your body !
Jack is the one who gives you the power to do the snake
Jack is the one who gives you the key to the wiggly world
Jack is the one who learns you how to walk your body
Jack is the one that can bring nations and nations of all
Jackers together under one house

You may be black, you may be white ; you may be Jew or Gentile
It don't make difference in our House

55
57
Crédit : Les Indes Galantes, réal. Clément Cogitore / choré. Bintou Dembélé, 2017
LA
CYpHER

59
La / le cypher est intrinsèque aux danses urbaines.
Elle s’ancre dans leurs histoires, leurs origines, mais se réactualise
avec le contexte d’une architecture urbaine et, dans cette dernière,
d’une vie sociale.

Elle consiste en un groupe de personnes formant un cercle et qui


trouvent un lien dans une communauté. Chacune leur tour, elles vont
se placer au milieu du cercle et s’exprimer dans un médium (danses
urbaines et rap) lié à la communauté qui engage cette cypher.

La cypher est versatile en étant à la fois lieu d’expérimentation, de


sociabilisation, de compétition, de soutien et de monstration.
Selon Moncell Durden, la cypher trouve son origine dans les
vestiges des pratiques culturelles des esclaves africain.e.s-
américain.e.s (dont le gospel) qui auraient elles-mêmes hérité de
cette forme de rituels de danses africaines traditionnelles.
Le nom même de cypher est lié au vocabulaire Hip Hop et ne se
retrouve dans aucun dictionnaire académique.

La cypher donne la possibilité d’explorer et d’expérimenter une


pratique liée à l’improvisation, car la plupart des danses urbaines
sont des danses dont l’essence même est d’improviser, d’où le
terme « Freestyle ». Leur forme chorégraphique n’existe donc qu’à
partir de leur forme improvisée.
La rue est le principal lieu d’existence de la cypher.
En milieu urbain, elle répond à de multiples fonctions.
Avant tout, elle rassemble les danseur.euse.s et leur donne un
espace commun d’expression.
Elle permet de se réapproprier un espace « nu » pour en faire un
espace de « scène ».
Elle peut donner lieu à un espace de monstration rémunéré pour
partager une ou plusieurs pratiques en proposant un chapeau (ou
non).

Elle permet de protéger une communauté : ainsi, la forme de cypher,


bien qu’accueillante et chaleureuse, empêche un corps étranger
d’entrer, d’accéder symboliquement à cet espace communautaire.
Les corps qui composent le cercle peuvent ainsi protéger
symboliquement des regards hostiles celui ou celle qui, au centre,
performe. Cette défense est nécéssaire dans l’espace urbain qui
n’accueille pas de manière hospitalière sa propre occupation alors
qu’il est finalement souvent le seul espace restant d’expression
accessible à tou.te.s (interdiction de performer sous risque de
réprimande policière dans beaucoup de pays).
61
La cypher existe aussi dans un autre espace qui lui est très propice
: les clubs. Un des exemples qui illustre fréquemment la cypher
désigne les house dancers qui se retrouvent en cercle et, chacun.e
leur tour, dansent en réponse à la proposition de celui ou celle qui
les précède ou se laissent porter par la musique.

La cypher peut aussi avoir lieu sur une scène, souvent comme une
forme performative des arts urbains, mais elle apparaît
malheureusement souvent sous une forme exagérément
démonstrative et qui perd l’essence de la cypher.

La cypher a un autre point spécifique qui est intéressant à analyser


: c’est la forme active du.de la spectateur.rice.
Les frontières entre spectateur.rice et performeur.euse sont très
souvent beaucoup plus subtiles que sur une scène classique. Le.la
spectateur.rice a le devoir d’encourager avec attention le.la
performeur.euse, que ce soit sous forme d’attention et d’analyse de
l’action du.de la performeur.euse, mais aussi sous forme
d’encouragement sonore ; applaudissements, cri, reproduction
discrète du mouvement. Et bien que le.la spectateur.rice ne soit pas
obligé.e de prendre le rôle de performeur.euse, il.elle sera toujours
soutenu.e une fois dans le cercle.

Plusieurs cypher peuvent co-exister en fonction du nombre de


participant.e.s, du niveau de ceux.celles-ci et de l’espace
disponible.

Ainsi les individus qui s’engagent ensemble dans une cypher se


transforment-ils.elles, le temps d’un échange, en une micro-
communauté.
63
Crédit : La Haine, Matthieu Kassovitz, 1995

Cré

Crédit : Battle CALLOUT « Summer Dance Forever Japan » , Roche Apinsa vs Firelock, 2018
BATTLE

65
`
Le battle est une compétition dans laquelle les danseur.euse.s se
confrontent avec une thématique qui les rassemble, très souvent un
style de danse, ou plus rarement un concept.
Cette compétition existe depuis la naissance de la culture Hip Hop
et se retrouve dans d’autres domaines que la danse, mais elle
existait déjà sous une forme plus brute lors de ses débuts où les
danseur.euse.s de breakdance de différents quartiers s’affrontaient
pour représenter un territoire et sa supériorité.
Cette forme compétitive représente pour beaucoup un des seuls
espaces de prestige disponibles. Le.la danseur.euse peut ainsi
acquérir une réputation et une valeur qui lui sont indisponibles dans
un système de constructions sociales racistes et profondément
anti-méritantes pour les minorités.

Dans un milieu ou il est très difficile d’accéder à une reconnaissance


et une notoriété publique, les battles sont finalement la forme ultime
de reconnaissance.
Cependant, il est impossible de subvenir à ses besoins uniquement
en gagnant des battles car les récompenses sont très souvent
minimes d’un point de vue financier.
Le battle crée un microcosme social avec ses propres hiérarchies,
basé sur la compétence artistique de ses auteurs.rices.
Très souvent, le désir profond du.de la danseur.euse Hip Hop est de
se faire reconnaître dans une communauté et l’outil d’ascension le
plus rapide vers celle-ci est le battle.

Les Battles sont aujourd’hui partout dans le monde et sous des


formes multiples (Ilovethisdance, Juste Debout, Summer Dance
Forever, WOD, ALL4HOUSE, Hip Hop Factor, Fusion Concept etc…)
Le principe du Battle est même maintenant décliné sur d’autres
médiums en-dehors de ceux du Hip Hop.

Pendant les années 2000, le Battle a profondément été transformé


en France, puis à travers le monde. Cette transformation fut amenée
par Bruce Ykanji, un danseur de Popping qui créa la première Battle
en France de danse debout¹.
Le Juste Debout fut historiquement un des plus grands Battle du
monde dont les sélections ont rassemblé des danseur.euse.s
urbain.e.s du monde entier. La finale du Juste Debout prit très vite
place à Bercy jusqu’a sa dernière édition, qui fut annulée à cause de
l’interdiction de rassemblement public mise en place la veille de la
finale.
¹ ce qu’on appelle danse debout désigne toutes les danses urbaines qui ne se pratiquent
pas essentiellement au sol, à l’inverse de la danse phare de la culture Hip Hop, le
breakdance.

67
Bien qu’il soit encore aujourd’hui extrêmement influent, il est aussi
vivement critiqué car il aurait perdu son essence et sa force au
cours des années. Cette critique arrive à peu près à l’époque où
Bruce utilise la trademark Juste Debout pour créer une école dédiée
aux danses urbaines et d’autres projets avec l’image de la Juste
debout.
Cette critique semble s’ancrer dans l’idéologie de la danse
underground qui ne souhaite pas être victime de réappropriation
culturelle et, par conséquent, d’être assimilée à des groupes
financiers qui ne comprendront pas la culture de ces danses et qui
chercheraient seulement à faire du profit grâce au potentiel de cool
factor¹ de ces danses.

Le Battle est pour beaucoup de danseur.euse.s le lieu fédérateur et


d’échange, le public étant composé la plupart du temps à 80% de
danseur.euse.s.

¹ ce que j’appelle cool factor est simplement le fait, pour les agences de communication et les grosses
entreprises, de partir en quête de l’avant-garde des modes chez les jeunes et d’assimiler leur image de
marque avec la culture en question pour ainsi bénéficier du même regard par le consommateur / le
public que cette culture. Par exemple, Redbull sponsorise les sports extrêmes pour avoir une image
jeune et extrême. On peut aussi évoquer l’utilisation de danseur.euse.s Hip Hop lors des défilés de
mode.
Ce moment où toute la foule ne fait qu’un pour entourer le.la
danseur.euse fait naître une énergie qui semble posséder le.la
danseur.euse et qui nous fait crier en coeur sans même que l’on ne
s’en rende compte.
Cette énergie, celle du.de la danseur.euse ou celle du public, dur
de trouver sa source.
Ce moment où tou.te.s, nous sommes animé.e.s par cette même
force.
Ce moment d’être ensemble qui nous rassemble.

69
Crédit : La Haine, Matthieu Kassovitz, 1995
Migration
européenne
des
danses
urbaines

71
L’arrivée des danses Hip Hop se fait tardivement en France (et en
Europe).
Elle a lieu en France, dix ans après les Etats Unis, dans les années
1980, d’abord grâce à l’émission H.I.P. H.O.P. avec comme
présentateur Sidney, figure marquante et culte du Hip Hop en
France.
L’émission ramène en France des figures absolument cultes du
mouvement, telles qu’Afrikka Bambataa, le Sugarhill Gang et Herbie
Hancock.
Cette émission est très souvent créditée pour avoir créé la première
génération de danseur.euse.s de Smurf¹ et de Breakers en France.

Cette culture a été très vite adoptée dans les pays européens, et
plus particulièrement en France, car beaucoup des jeunes vivaient
des problématiques similaires aux jeunes africain.e.s-américain.e.s
et latino-américain.e.s. Mais un autre point d’accroche qui les relie
au Hip Hop est la culture africaine : comme dit plus tôt, dans le texte
sur la Cypher, une des inspirations majeures du Hip Hop se trouve
dans les vestiges de la culture africaine des africain.e.s-
américain.e.s.
Cette inspiration du Hip Hop fait particulièrement écho aux jeunes
issu.e.s de migration directe ou de migration de première
génération. Bien plus ancré dans leur culture africaine, un lien
puissant s’est construit entre ces cultures et le Hip Hop jusqu’à
même, entre autres, l’invention en France du terme Afro-House² .

Actuellement, Paris est considérée comme la capitale du New Style.


Ce titre est dû à la réputation et la richesse de cette danse à Paris.
Les parisien.ne.s sont invité.e.s, partout dans le monde, à
promouvoir cette danse.
Cette danse s’est développée en banlieue parisienne, notamment
grâce à une richesse d’événements culturels liés au Hip Hop comme
le Juste Debout ³ et la présence, dans la plupart des MJC, de cours
de danse. Le lien fort entre la culture du Hip Hop et la culture
africaine des personnes de migration directe ou de première
génération a aussi participé à cet essor. Il ne faut pas sous estimer
la reconnaissance mondiale et sur la sphère publique des
danseur.euse.s français Les Twins (les seuls danseurs masculins de
Beyoncé). Cette omniprésence de la culture Hip Hop dans ces
différents éléments et à des temporalités qui se chevauchent a
permis de faire de Paris l’une des capitales de cette danse.
¹ Nom du Popping en France.
² Forme de House Danse de manière plus directe dans les mouvements de danse africaine.
³Explication brève du juste debout dans le texte sur le battle.

73
Pour Bintou Dembélé¹ , la danse Hip Hop a particulièrement résonné
en banlieue parisienne car les jeunes (elle-même incluse) avaient la
rage et les danses Hip Hop permettaient de canaliser celle-ci.
Les danses évoluent et se métamorphosent en fonction du territoire
et de la culture qui les habitent.
On peut presque reconnaître le pays d’un.e danseur.euse à sa
danse.
Ces distinctions se retrouvent dans les différents pays. On peut ainsi
trouver des danseur.euse.s très acrobatiques et avec beaucoup
d’attitude chez les Allemand.e.s, les danseur.euse.s Japonais.e. sont
très connu.e.s pour avoir une technique irréprochable (qui, dans la
bouche des plus jaloux, se traduit par un manque de personnalité),
ou encore les Américain.e.s qui, bien que les Etats se distinguent,
possèdent en général les mouvements les plus innovants et le
vocabulaire le plus riche de steps.

¹Bintou Dembélé est une chorégraphe de danse Hip Hop. Elle est une des pionnières, en
France, de cette discipline. Elle a acquis une notoriété et une inclusion dans l’art
contemporain pour avoir chorégraphié Les Indes Galantes avec Clément Cogitore pour
l’Opéra de Bastille.
Lorsque j’ai dansé à New York dans des cypher,
les danseur.euse.s ne m’ayant jamais vu m’ont demandé
« where you from ? ».
Quand je répondais que je venais de France,
et plus précisément de Paris,
ils me répondaient souvent que ça ne les étonnait pas
car j’avais le flow des danseur.euse.s français.es.

75
Corrélation
entre
danse
et
musique

77
La corrélation entre danse et musique est plus déroutante qu’on ne
pourrait le penser au premier abord. Le mythe persistant qu’une
musique est apparue et que les gens se sont mis à danser est un
préjugé souvent porté sur la danse. Plutôt que le schéma classique
d’une musique qui influence une danse, on peut souvent apercevoir
que le lien d’inspiration entre danse et musique se synthétise bien
plus sous forme d’un aller retour que de simple cause à effet.
La danse et la musique font partie d’une seule et même culture. En
cherchant à dessiner des frontières entre les deux, on ne fait que
brider et penser partiellement des mouvements culturels.

Un exemple concret de cette idée se retrouve dans la house culture


:
La house music, à ses débuts, se composait uniquement
d’instruments électroniques et était dénuée de paroles ainsi que
d’idéologie, l’empêchant d’avoir une identité marquée autrement
que par son lien très fort avec les nouvelles technologies de
l’époque. Cette identité se retrouve dans des groupes comme
Kraftwerk.
Finalement, ce qui a donné les codes de la house culture, ce sont les
danseur.euse.s. En créant la house dance ainsi qu’une
communauté, ils.elles ont créé une idéologie centrée autour de
cette notion de club. Une doctrine est née autour de l’échange du
dépassement de soi ainsi que de la richesse et du mélange des
cultures, tout en étant intrinsèquement liée à la condition des
minorités raciales. Ainsi, la house music, en réponse à son public, a
évolué et ses paroles ont commencé à explorer l’idée que l’espace
de club et l’action de danser pouvaient être une guérison contre les
violences systémiques¹.
Les paroles de la house music se sont donc centrées autour de la
perception du.de la danseur.euse à son espace. Le point de vue de
narration de la musique est directement celle du clubhead.

My House is Your House (And Your House Is Mine)


By The Breaks Boys :

My House Is Your House


And Your house Is Mine x18

¹voir le documentaire Check your Body At The Door de Sally R. Sommer.


79
La danse est un vocabulaire et comme tout vocabulaire, il met du
temps à se construire et est en évolution constante… Il existe
pléthore de step qui sont venues faire naître les paroles d’une
chanson. En échange de l’inspiration que lui apporte la danse, la
chanson vient nommer et populariser cette dernière.
On pense souvent avec erreur que la danse est née pour la chanson
mais c’est souvent l’inverse. Un exemple de cette théorie est le
Dougie, un mouvement très populaire pendant les années 2000 qui
s’est popularisé mondialement grâce à la chanson des Cali Swag
District et leur chanson Teach Me How To Dougie. Les individus ont
donc associé cette musique avec ce groupe issu de Californie alors
qu’il vient d’un mouvement de danse de Dallas au Texas qui
s’appelle le D-Town Boogie.
Un autre cas intéressant est le litefeet. Celui-ci est né dans les
années 2000 sous l’influence directe du Harlem Shake, une danse
Hip Hop de Harlem à New-York. Le litefeet est venu prendre la base
du Harlem shake et a enrichi le vocabulaire de celui-ci.

Dix ans plus tard, dans le même quartier, naît un mouvement de


musique. Avec ce rapprochement, il est venu rejoindre
instinctivement le mouvement culturel du Litefeet et a même
emprunté son nom. La musique s’est donc pensée au travers de la
danse et en cherchant toujours à venir accompagner au mieux les
mouvements de celle-ci.
Elle s’est ainsi vue naître grâce et pour la danse. Un autre exemple
de cette inversion est le Krump, qui se dansait à la base sur du Hip
Hop classique. Au fil du temps, une musique Krump est venue se
joindre au mouvement du Krump, principalement composée par des
danseur.euse.s de Krump. Celle-ci est plus brutale et distordue que
le Hip Hop, faisant miroir aux mouvements du Krump. On retrouve
aussi dans la musique Krump des encouragements vocaux comme
ceux que peut produire le public de Krump pour le.la danseur.euse.
Cette fluidité des styles et des mélanges se retrouve aussi avec le
Hip Hop et toutes ses succursales.
En New-style, on utilisait, avant les années 2010, des musique de
Hip Hop avec copyrights sans accord préalable car, à l’époque, on
ne risquait pas de problème sur les droits d’auteur. Cependant, avec
la popularisation de Youtube et des plateformes internet de vidéos,
les battles ont commencé à être diffusés sur ces réseaux,
permettant une monétisation des vidéos, et l’augmentation des
recettes toujours très faibles des Battles (à l’exception des
événements très importants). Cependant, cette source de revenus a
très vite été démonétisée suite à l’interdiction de mettre du contenu
non-libre de droits sur les plateformes.
Ainsi, avec des logiciels permettant de reconnaître une chanson
copyright, les revenus de la vidéo de battle venaient directement à
la maison de musique qui détenait le droit sur la musique qui
passait. Les organisateur.rice.s de battle ont donc été
dépossédé.e.s de leur source de revenus.
En conséquence directe de cet événement, les musicien.ne.s des
compagnies de danseur.euse.s Hip Hop se sont mis à penser et à
construire des musiques pour les battles, et donc libres de droits.
Ces musiques correspondent à l’univers du battle et sont pensées
pour mettre en valeur les danseur.euse.s avec de nombreux
beatdrops (un arrêt de plusieurs instruments pour permettre à un
instrument de se démarquer dans une musique), qui permettent au.à
la danseur.euse de saisir ceux-ci et d’ébahir le public.
Ce type de musique s’est au fur et à mesure popularisé sur les
plateformes de musique comme Bandcamp et Soundcloud,
construisant un vaste réseau culturel de musiques et de DJing de
battle Hip Hop.
La musique n’existe pas sans la danse.
La danse n’existe pas sans la musique.
Ces deux médiums tangents co-existent et font partie d’un milieu
socio-culturel qui les définit et dans lequel ils servent à la fois à
s’ancrer dans leur milieu culturel tout en prenant du recul sur celui-
ci.
« Central to the dancing and the vibe are the improvisational exchanges
between DJ and dancer, and between dancer and dancer
— the playfulness, the fast-moving exchanges and
game structures, the imaginative sonic and physical dialogues
— all realized through the activity of hard dancing.
Musicmaker and dancemaker exist concomitantly as producer and consumer,
subjective and immediate. The sound has been engineered ("equalized") so that
some of the deep bass lines are not heard but felt as vibrations in the sternum,
so that the dancer literally embodies the music.

The terms "Underground" and "House" are replete with multiple allusions.
Adding to the confusion is the fact that in dance/club circles,
"underground" and "house" tend to be used interchangeably.
The word "House" signifies homey feelings, and in the original parlance of
gay clubs, the dancers were sometimes referred to as "children."
Some view the DJ as a priest,
a shaman who musically ministers to the dancers enjoying a temporary
regression from adult structures.
Others view the DJ (especially in the gay clubs) as a sexualized Mother to the
whole-body, sensual state of the dancer.
But the good family-feeling is central.
The club is family.
The club is safe haven.
The club is everything home is not.
It's the kind of family you wish you had »
« C’mon to my house : Underground-House Dancing », in Dance Research Journal Vol. 33, No. 2, Social
and Popular Dance -
Sally R. Sommer

81
Crédit : ILOVETHISDANCE, Biscuit Vs LinkBink, 2016
Freestyle

83
S’il y a bien une idée indissociable des danses urbaines, c’est celle
de freestyle.
Le freestyle désigne simplement le fait d’être libre dans une pratique
improvisée de son art et plus précisément de sa danse.

Le freestyle peut être vu comme le mode de création et


d’expérimentation car il est la source et la manière la plus naturelle
d’échanger dans cet art.
Cette idéologie de la pratique coïncide avec le début du Hip Hop, où
la diversité et la richesse des influences étaient incroyables. Le
kung-fu, la capoeira, la salsa, le disco, le gospel et tout ce qui
pouvait passer sous les yeux des jeunes du Bronx de l’époque
pouvait être une source d’inspiration. New-York, comme on la décrit
souvent, fut un melting-pot et un catalyseur pour cette culture.

Le freestyle est indissociable de la pratique de la plupart des


danses urbaines.
Le.la danseur.euse, après avoir acquis une base de lexique propre
au style qu’il pratique, doit maintenant se l’approprier et peut le faire
seulement au travers du freestyle.
Cette particularité est aussi ce qui rend le freestyle très exigeant
dans les demandes techniques qu’il investit. Pour le pratiquer, il faut
s’investir et être à l’aise avec un vocabulaire corporel riche dans
lequel improviser.

Le freestyle est l’essence de ces cultures. Il est en adéquation


parfaite avec le territoire urbain qu’il colonise.
C’est aussi ce qui lui fait défaut, car le freestyle est inadéquat à des
formes chorégraphiques, il est aux antipodes de celles-ci.
C’est aussi finalement cette grande importance du freestyle qui
explique le manque de professionnalisation des danseur.euse.s de
Hip Hop. Beaucoup de danseur.euse.s maîtrisent le freestyle, mais
ont extrêmement de mal à travailler des formes chorégraphiques,
parfois par manque d’intérêt pour celles-ci (considérées comme un
art moindre) ou parfois par une impression de trahir la culture qu’ils
investissent en travaillant des formes chorégraphiées. Cette
aversion empêche beaucoup de danseur.euse.s (surtout les
premières générations de danseur.euse.s qui avaient la volonté de
garder leur culture underground) d’accéder à des espaces plus ou
moins méritants de représentation (danseur.euse pour un artiste,
pour une publicité, spectacle sur une scène publique).

85
C’est aussi pour cette raison que l’on trouvait, jusqu’a très
récemment, une offre pauvre de spectacles de danse Hip Hop : les
danseur.euse.s ont mis du temps à accéder à ces espaces et surtout
à s’adapter à ceux-ci (pour le peu qui ont réussi et qui n’ont pas
décidé de vivre d’autre chose).

La triste vérité est aussi que les espaces de scène classique


n’acceptent que très peu des formes différentes de celles qu’ils
connaissent et maitrisent. On retrouve cette dissonance en France
qui, comme expliqué plus tôt, est extrêmement riche dans les
danses urbaines, mais qui, finalement, n’a connu que très peu de
« grand.e.s » chorégraphes de Hip Hop. On peut compter ceux-ci
sur les doigts d’une main (Mourad Merzouki, Anne Nguyen, Kader
Attou et Bintou Dembélé).

Là où la notion de freestyle excelle, c’est qu’avec elle il n’y a pas de


mouvement parfait, mais seulement des interprétations en fonction
de son corps et de son ressenti. Chacun a le devoir, dans ces
cultures, de s’approprier le mouvement et de le faire « à sa sauce ».
87
Crédit : Papaoutai, Stromae, 2013
Transmission

89
Dans une culture qui se veut orale, la question de la transmission est
d’autant plus importante qu’on ne peut pas l’archiver autrement que
par la passation.
Avec cette idée de la passation s’est aussi développée une pensée
autour des générations. Ainsi, les danseur.euse.s peuvent s’identifier
à une génération qui correspond à leur introduction dans le milieu
de la danse. Grâce à cette pensée par génération, les
danseur.euse.s peuvent se situer chronologiquement dans leur
culture et ainsi s’y projeter et ressentir leur appartenance à la
communauté.
On voit bien qu’au travers des questions de génération et de
transmission, les danseur.euse.s Hip Hop ont conscientisé le besoin
de préserver et de transmettre une culture qui peut disparaître.

Cette transmission de génération en génération peut aussi


connaître des ponts entre différentes cultures et styles de danse.
C’est le cas du Waacking, une danse exclusivement queer apparue
dans les années 70 mais qui partageait son espace de club avec les
danseur.euse.s de House de New-York.
Pendant l’épidémie de SIDA, les danseur.euse.s de Waacking
disparaissent et, avec eux.elles, presque toute la culture.
Mais Brian Footwork Green, un danseur de house avec qui les
danseur.euse.s de Waacking ont échangé et partagé leurs savoirs,
décide de redistribuer lui-même ce savoir pour ne pas qu’il tombe
dans l’oubli à la prochaine génération de personnes queer,
revitalisant ainsi cet art qui faillit disparaître.

En France, pour les cultures du Hip Hop, s’est créé un système de


« famille ».
Chez les danseur.euse.s de Hip Hop, la transmission est associée à
des notions de famille.
Chez les danseur.euse.s de style dit Hip Hop, on trouve un titre de
« petit.e » et de « grand.e ». Le.la grand.e est donc le.la
danseur.euse plus âgé.e et le.la plus expérimenté.e et le.la petit.e
celui.celle que le.la grand.e a décidé de prendre sous son aile,
partageant avec lui.elle sa connaissance ainsi que son idéologie de
la culture.
Même s’il peut être parfois dur, pour le.la petit.e, de se détacher de
l’identité de son mentor, la marque du.de la grand.e donne une
valeur sociale reconnaissable dans le cercle social de la danse.
Elle permet aussi au.à la nouveau.elle danseur.euse de se construire
une base solide de technique et d’identité avec les connaissances et
l’expérience de son.sa grand.e.

91
L’idée de famille se retrouve partout dans les système hiérarchiques
sociaux des danses urbaines.
Le style qui possède la version la plus élaborée et riche de cette
organisation est peut-être le voguing. La structure d’un groupe de
danseur.euse.s de voguing se compose d’une famille avec chacune
un rôle semblable à son éponyme d’une famille nucléaire. La mère
est en général la fondatrice de la famille. Ce déplacement de la
structure familiale sur celle du groupe des danseur.euse.s est une
réponse au fait que beaucoup des jeunes danseur.euse.s, à cause
de leur orientation sexuelle, sont très souvent en froid avec leur
famille biologique et sont devenu.e.s des « orphelin.e.s de la rue ».
La famille prend en général le nom d’une marque de luxe ou alors
d’une thématique inspirante pour le.la danseur.euse fondateur.rice
(House of Gucci, House of Ninja)

Bien que, par souci de practicité et de lisibilité dans ces textes, je


définis les styles de danse un par un, les échanges entre ces
différents styles sont omniprésents et permettent à ceux-ci de
s’enrichir mutuellement. Les frontières d’influence et de style ne sont
pas toujours comprises par les danseur.euse.s eux.elles-mêmes.¹

Le lien entre House Dance et New style le montre bien.


Ces deux cultures possèdent beaucoup de bases de mouvements
similaires et partagent beaucoup d’événements culturels (battle,
jam, club etc…).
Ce lien trouve son origine dans les années 1990, où les
pionnier.ère.s du New-Style² n’avaient plus d’espace sécurisé de
club pour échanger entre eux.elles, puisque les clubs qui passaient
de la musique Hip Hop finissaient chaque soir en fusillade, à cause
de la grosse fréquentation de ces clubs par les gangsta. Les New-
Styler se sont donc mis à la recherche d’autres espaces de club
pour échanger entre eux.elles. Ils.elles se sont finalement réfugié.e.s
dans les clubs de House, avec les danseur.euse.s de House.

¹A cause de ce flou, il m’est souvent arrivé de tomber sur des danseur.euse.s qui disaient
faire du freestyle plus qu’un style particulier, évitant ainsi de se limiter dans leurs
influences et dans leurs danses.
²L’utilisation du terme New-style, pour un.e danseur.euse américain.e, est une forme
d’aberration. Le New-Style est un terme né des danseur.euse.s français.es qui ne savaient
pas nommer ce style qu’ils avaient vu pratiquer les danseur.euse.s new-yorkais en tournée
du groupe de rap De La Soul en France. Ils créèrent donc ce terme New-style pour New
York Style. Le terme New-Style n’est jamais utilisé aux Etats-Unis. Les danseur.euse.s
américain.e.s l’appellent simplement du Hip Hop.
La transmission d’un style à un autre a continué jusqu’à aujourd’hui.
On retrouve très souvent des danseur.euse.s de house et de New
style dans les mêmes crew¹. Très fréquemment, les danseur.euse.s
maîtrisent les deux styles à la fois car ils.elles sont souvent
amené.e.s à fréquenter les deux univers.
On peut aussi voir que beaucoup des mouvements fondations d’un
style sont transmis à partir d’un style plus ancien. Si on revient sur
le Hip Hop, on se rend compte que beaucoup de ses bases
proviennent du Popping.

Cependant, d’autres modes de transmission se sont développés


avec le temps.
Les cours de danses urbaines sont devenus monnaie courante. Et
s’il existe pléthore de cours amateurs, il commence aussi à exister
des écoles professionnelles de danse urbaine, bien qu’encore très
peu nombreuses et toutes privées (à l’exception du CFD de Cergy²).
Cette transmission a pour conséquence qu’on est en train de
connaître, pour la première fois en France, l’écriture pensée et
enseignée dans un cadre scolaire d’un patrimoine de ces danses.
Cette transformation n’est pas forcément bien perçue par tou.te.s
car, pour beaucoup, ces danses ne doivent pas être
institutionnalisées.
Cette non-institutionnalisation se ressent dans les méthodes de
transmission employées, méthodes qui se sont basées sur une
transmission orale et générationnelle et qui ont permis une diversité
d’interprétation infinie sur une même technique.

¹Cf texte sur les crews


²Le Centre de Formation de Danse de Cergy possède la première formation publique de
danse Hip Hop de France. Elle sera bientôt la première et la seule à disposer d’une
formation reconnue par l’Etat, la Formation "Passeur culturel en danses Hip Hop ».
93
Je danse le MIA
- IAM

Tu es fada je crains dégun, je vous prends tous ici, un par un !


Au début des années 80, je me souviens des soirées
Où l'ambiance était chaude et les mecs rentraient
Stan Smith aux pieds le regard froid
Ils scrutaient la salle le trois-quart en cuir roulé autour du bras
Ray Ban sur la tête survêtement Tacchini
Pour les plus classes les mocassins Nébuloni
Dès qu'ils passaient Cameo Midnight Star
SOS Band Delegation ou Shalamar
Tout le monde se levait des cercles se formaient
Des concours de danse un peu partout s'improvisaient
Je te propose un voyage dans le temps, via planète Marseille

Je danse le MIA
Hey DJ mets nous donc du Funk, que je danse le MIA
Je danse le MIA
Fais pousser le Pioneer à fond qu'on danse le MIA
Je danse le MIA
Ce soir les bagues brilleront on danse le MIA
Je danse le MIA
Hey DJ mets nous donc du Funk, je danse le MIA
Je danse le MIA jusqu'à ce que la soirée vacille
Une bagarre au fond et tout le monde s'éparpille
On râlait que c'était nul que ça craignait
Le samedi d'après on revenait tellement qu'on s'emmerdait
J'entends encore le rire des filles
Qui assistaient au ballet des Renault 12 sur le parking
A l'intérieur, pour elles c'était moins rose
Oh cousine, tu danses ou je t'explose?
Voilà comment tout s'aggravait en un quart-d'heure
Le frère rappliquait : oh comment tu parles à ma soeur
Viens avec moi, on va se filer
Tête à tête je vais te fumer derrière les cyprès
Et tout s'arrangeait ou se réglait à la danse
L'un disait fils t'y as aucune chance
Eh les filles, mes chaussures brillent, hop un tour je vrille
Je te bousille tu te rhabilles et moi je danse le MIA
Comme les voitures c'était le défi
KUX 73 JM 120 mon petit
Du grand voyou à la plus grosse mauviette
La main sur le volant avec la moquette
Pare-soleil Pioneer sur le pare-brise arrière
95
Dédé et Valérie écrit en gros : sur mon père !
La bonne époque où on sortait la douze sur magic touch
On lui collait la bande rouge à la Starsky et Hutch
J'avais la nuque longue Eric aussi Malek coco
La coupe à la Marley Pascal était rasta des afros
Sur François et Joe déjà à la danse à côté d'eux
Personne ne touchait une bille
On dansait le MIA

Je danse le MIA
Hey DJ mets nous donc du Funk, que je danse le MIA
Je danse le MIA
Fais pousser le Pioneer à fond qu'on danse le MIA
Je danse le MIA
Ce soir les bagues brilleront on danse le MIA
Je danse le MIA
Hey DJ mets nous donc du Funk, je danse le MIA

Avec un grand concours de danse


De nombreux super cadeaux pour les heureux gagnants
Il y aura les T-shirt Marlboro, les autocollants Pioneer
Les caleçons JB, les peluches
A la technique c'est Michel, le light jockey c'est Momo
On monte sur les tables, on lève les bras bien haut
Allez c'est parti...
Je danse le mia
Je danse le mia
Je danse le MIA, pas de pacotille
Chemise ouverte, chaîne en or qui brille
Des gestes lents ils prenaient leur temps pour enchaîner
Les passes qu'ils avaient élaborées dans leur quartier

C'était vraiment trop beau


Un mec assurait tout le monde criait : ah oui minot
La piste s'enflammait et tous les yeux convergeaient
Les différents s'effaçaient et les rires éclataient
Beaucoup disaient que nos soirées étaient sauvages
Et qu'il fallait rentrer avec une batte ou une hache
Foutaises, c'étaient les ragots des jaloux
Et quoi qu'on en dise, nous on s'amusait beaucoup
Aujourd'hui, encore on peut entendre des filles dire
"Hayya, IAM, ils dansent le MIA"
97
Crédit : Empreinte, Pockemon Crew , 2020
crew

99
Si on retrouve la construction familiale comme un mode de
transmission, on retrouve aussi cette construction sous un autre
format dans le crew. Il désigne simplement un groupe de
danseur.euse.s qui partagent une identité commune.
Comme les familles classiques, certaines sont très nombreuses et
éclatées tandis que d’autres sont petites et très proches. Pourtant, il
demeure dans celles-ci un lien d’appartenance et de fraternité ou
de sororité.
Il existe autant de types de crew qu’il existe de types de famille, ils
sont tous différents. Certains crew se forment car, simplement, les
danseur.euse.s ont commencé la danse ensemble. D’autres
cherchent vraiment à représenter l’identité d’une ville (Cergystyle,
Sarcellite, etc…) et d’autres encore peuvent juste partager une
idéologie et des valeurs similaires.
Les crews peuvent se mélanger en termes de style ou au contraire
rester dans une discipline.
Cette identité de groupe permet d’aborder les compétitions en tant
qu’ensembles et non pas en tant qu’individualités. Elle sont souvent
un drapeau que le.la danseur.euse est fier.e de porter.
Les plus grands crew, à leur époque, représentent l’excellence de la
danse urbaine (Enfants prodige, Criminalz Crew, Wanted Posse,
Section C, Ykanji, Legion X, etc…).
Le crew permet aussi de créer un espace d’entraide dans lequel les
danseur.euse.s partagent un espace et une expérimentation
créative pour se stimuler les un.e.s les autres. Le crew est une
structure dans laquelle ces différent.e.s acteur.rice.s jouent un rôle
de supporters des un.e.s et des autres.
Les Crew peuvent aussi venir évoluer en une compagnie pour les
danseur.euse.s qui souhaitent s’atteler à la création sur scène. Le
fait de fonder une compagnie depuis un crew permet une véritable
symbiose et une alchimie entre ses différents membres.
L’appartenance à un crew n’est pas exclusive et le.la danseur.euse
peut posséder autant de crew qu’il.elle désire. Certain.e.s
danseur.euse.s changent régulièrement de crew au fur et à mesure
des années.
On peut aussi noter qu’il y a une forme de rivalité qui semble pousser
au dépassement de soi dans cette culture du crew. Le.la
danseur.euse et son crew doivent toujours se préparer à s’entrainer
encore plus après avoir essuyé une défaite lors d’un battle.
Le crew a la pouvoir de créer, chez le.la danseur.euse, une forme
d’appartenance, pour des minorités qui, souvent, ont peu d’espace
d’appartenance aussi fort et qui leur est dédié¹.
¹Un des plus beaux exemples de cet appartenance est le documentaire Bring Down The
Walls de Phill Collins qui s’intéresse à une association de New-York qui mélange culture du
club avec réinsertion pour les personnes sortant du milieu carcéral.

101
`

Dès qu’un.e danseur.euse parle de son crew,


Je l’entends utiliser le terme de famille .
Les deux sont vraiment perçus comme des synonymes.
At the Club
Timmy Regisford (feat. Lynn Lockamy)
[Sean McCabe's Slummin Mix]
I was in the club, somewhere near the bar when I saw that man
I was in the club, somewhere near the bar when I saw that man
there was no place for him
except in my arms
so I walked over to him,
and I layed on the charm
I said, what’s a man like you
doing in a place like this
he said, would you like to dance
I said, fulfill my wish
he said, come on twirl woman
ooh what you did to me
one touch from his hand, set my love free
I said, make me feel good
make me feel nice
give me your lovin, all thru the night
I said, make me feel good
make me feel nice
give me your lovin, all thru the night
I was in the club, somewhere near the bar when I saw that man
I was in the club, somewhere near the bar when I saw that man
I was in the club, somewhere near the bar when I saw that man
it was something in his eyes
something in his kiss
he's the kind of man, I be fooled with take charge kinda brother
with a take charge kinda stance
that’s why I moved closer
when he asked me to dance
we were cheek to cheek, sex to sex
he's what I needed
to put my mind at rest
I was in the Club, somewhere near the bar when I saw that man
he took me by surprise
hands around my waist
found myself standin
with a stranger face to face
fell so hard for him, in just one dance what we had is a love
romance

103
105
Crédit : Breakin’, Joel Silberg, 1984
UNDERGROUND

107
Si la musique Hip Hop est devenue mainstream, qu’en est-il de la
danse ?
La danse est omniprésente dans les clips de musique et le nombre
de vidéos virales mettant en scène le dernier mouvement de danse
ne se comptent plus.
Pourtant la culture, elle, est restée underground. Cet empêchement,
ou plutôt cette impossibilité de devenir mainstream, est dûe à
plusieurs conditions.

La cause la plus importante et la plus handicapante pour le milieu


de la danse est la grande difficulté à se professionnaliser en tant que
danseur.euse urbain.e. La plupart des subventions sont attribuées à
des compagnies de danse contemporaine, obligeant ainsi les
danseur.euse.s de danses urbaines à essayer tant bien que mal à se
faire une place chez un.e chorégraphe contemporain.e, chose
souvent compliquée pour le.la danseur.euse qui sert
malheureusement souvent le « quota diversité » de la compagnie¹.
Si il.elle constitue une compagnie de danses urbaines, alors il.elle
aura beaucoup plus de mal à trouver des résidences et des
subventions publiques² (manque de connaissance des demandes,
moins d’intérêt des financements publique pour la danse urbaine et
autres…). Les danseur.euse.s sont aussi beaucoup trop souvent
payé.e.s en visibilité pour des artistes ou des marques.
Cette difficulté à la professionnalisation invisibilise les
danseur.euse.s, très peu perçu.e.s comme pouvant être
professionnel.le.s et, de fait, ayant très peu accès aux scènes pour
présenter leur art.

Venons maintenant à une cause systématique représentant des


violences systémiques raciales dans le monde : la réappropriation
culturelle. Toute minorité raciale dont est issu un mouvement est
vouée à être dépossédée de celui-ci. En faire la liste constituerait un
mémoire à elle seule.

¹On retrouve de nombreux spectacles de danse contemporaine avec, dans la compagnie


d’une dizaine de danseur.euse.s, un.e danseur.euse de danse urbaine qui vient souvent
maladroitement dans la pièce, donnant l’impression que le chorégraphe souhaitait
intégrer de « L’ART BRUT DE LA RUE » sans vraiment comprendre la culture d’une danse.
²Entre autres, manque de connaissance des demandes, moins d’intérêt des financements
publics pour la danse urbaine.

109
Comment le voguing est-il devenu connu ? Grâce à Madonna et son
clip Vogue, dans lequel elle et ses danseur.euse.s reproduisent des
mouvements de voguing. Ainsi, pendant plus d’une décennie, et
même encore aujourd’hui, le voguing a été et est associé à une
femme cisgenre caucasienne totalement déconnectée des luttes et
des revendications de cette danse.

Le même problème se pose dans le film Climax de Gaspar Noé,


dans lequel presque tou.te.s les acteur.rice.s sont des
danseur.euse.s de danse urbaine (voguing, krump, electro etc…).
Encore une fois, les deux rôles principaux masculin et féminin sont
attribués à deux caucasien.ne.s hétérosexuel.le.s, et les personnes
racisées, bien qu’ayant du temps d’écran, semblent être d’une
importance moindre face aux deux protagonistes.

Ce type de problème est systématique et arrive encore beaucoup


trop souvent. Par exemple, en avril 2020, naît une danse virale
reproduite à travers le monde sur les réseaux sociaux. Suite à
l’effervescence de cette vidéo, Jimmy Fallon, un présentateur de
télévision américain, invite, selon lui et son équipe, la représentante
de ce mouvement, une femme caucasienne du nom d’Addison Rae.
Lors de son apparition, les danseur.euse.s racisé.e.s noir.e.s qui ont
inventé cette danse n’ont jamais été crédité.e.s, ni même cité.e.s.
Addison Rae semble être la créatrice de ce mouvement et
l’ambassadrice de cette dance virale.
Le cas du Harlem Shake, une danse de Harlem principalement
pratiquée par des minorités raciales, est similaire. Le mouvement a
été repris par des caucasien.ne.s qui l’ont complètement dénaturé
en 2013, faisant de lui un phénomène mondial où les gens se
filmaient reproduisant le Harlem shake en grand rassemblement.
Encore une fois, un mouvement issu d’une minorité raciale s’est
transformé en mouvement mondial. Le Harlem shake est devenu
connu comme une manière de gesticuler en grand rassemblement
alors que sa culture et son essence sont tout autres, et jamais les
danseur.euse.s qui en sont les créateur.rice.s ne furent connu.e.s du
grand public ni même crédité.e.s pour leur art¹.

Ainsi, lorsque ces danses se retrouvent sur le devant de la scène,


elle sont dénaturées, se transformant en un mouvement viral ou
commercial déconnecté de sa culture d’origine et des individus qui
en sont les acteur.rice.s, procédant ainsi à l’impossibilité d’élever
ces danses d’un statut underground à un statut mainstream.
¹aujourd’hui, si vous tapez Harlem shake sur internet, vous ne trouverez que des articles sur
le mouvement des réseaux sociaux et non sur la danse et son contenu.
C’est aussi cette impossibilité qui les empêche d’accéder aux
espaces de la scène. Le public, ne connaissant pas ces danses ainsi
que leur cultures, ne comprend que partiellement le travail de mise
en scène lié à celles-ci. A l’inverse d’un public qui va voir un
spectacle de danse contemporaine et qui possède alors déjà une
base de culture qui lui permet de comprendre et d’analyser ce qu’il
voit, le public de la danse urbaine est en général rempli de préjugés
sur celle-ci.
En général, si l’on demande à une personne étrangère à ces danses
ce qu’est la danse Hip Hop, elle va répondre que ce sont des gens
qui font des toupies sur le sol et le robot au ralenti. Bien sûr, les
danses urbaines sont beaucoup plus riches et complexes. Ces deux
mouvements sont par exemple des sous branches appartenant à
deux styles distincts de danses urbaines¹.

Le public a donc en général besoin d’une grille de compréhension


qu’il ne possède pas² .

Les compagnies vont ainsi soit effectuer un travail presque éducatif,


expliquant le style et son histoire dans la pièce, soit aseptiser celle-
ci pour lui donner une touche plus contemporaine.

Un autre élément qui rend la danse underground est la difficulté, en


tant que danseur.euse, de devenir une star. Le.la danseur.euse a
pour rôle, dans les clips et les concerts, de mettre en valeur son
pendant musical : l’artiste musicien.ne. Les danseur.euse.s
urbain.e.s mondialement reconnu.e.s sont une denrée rare et
ils.elles sont oublié.e.s d’une décennie à l’autre ³. Les seul.e.s qui
restent des icônes sont finalement les artistes musicien.ne.s et
danseur.euse.s comme Michael Jackson, RUN DMC, MC Hammer
ou Omarion.

Le dernier élément est aussi la volonté d’une partie de la


communauté, plus ou moins forte en fonction de la danse, de ne pas
se populariser et de garder sa communauté et sa culture intactes de
la réappropriation culturelle en restant underground.

¹La toupie est un powermove de Breakdance et le robot est de l’animation du Popping.


²Explication que m’a donnée Meech, un danseur phare des danses Hip Hop avec un
vocabulaire incroyable.
³La seule exception est le duo de danseurs français Les Twins, qui sont devenus un
phénomène international imité à travers le monde.

111
Watch me
By Silento

You already know who it is


Silento
Silento
Gonna do it for you
Now watch me whip
Now watch me nae nae
Now watch me whip whip
Watch me nae nae
Now watch me whip (Kill it!)
Watch me nae nae (Okay!)
Now watch me whip whip
Watch me nae nae (Can you do it?)
Now watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh ooh ooh ooh
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh ooh ooh ooh
Do the stanky leg, do the stanky leg
Do the stanky leg, do the stanky leg
Do the stanky leg, do the stanky leg
Do the stanky leg, do the stanky leg
Now break your legs
Break your legs
Tell 'em "break your legs"
Break your legs
Now break your legs
Break your legs
Now break your legs
Break your legs
Now watch me
Bop bop bop bop bop bop bop bop bop
Now watch me
Bop bop bop bop bop bop bop bop bop
Now watch me whip (Kill it!)
Now watch me nae nae (Okay!)

113
Now watch me whip whip
Watch me nae nae (Want me do it?)
Now watch me whip (Kill it!)
Watch me nae nae (Okay!)
Now watch me whip whip
Watch me nae nae (Can you do it?)
Now watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh ooh ooh ooh
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh ooh ooh ooh
Now watch me you
Now watch me superman
Now watch me you
Now watch me superman
Now watch me you
Now watch me superman
Now watch me you
Now watch me superman
Now watch me duff, duff, duff, duff, duff, duff, duff, duff (Hold on)
Now watch me duff, duff, duff, duff, duff, duff, duff, duff, duff
Now watch me
Bop bop bop bop bop bop bop bop bop
Now watch me
Bop bop bop bop bop bop bop bop bop
Now watch me whip (Kill it!)
Now watch me nae nae (Okay!)
Now watch me whip whip
Watch me nae nae (Want me do it?)
Now watch me whip (Kill it!)
Watch me nae nae (Okay!)
Now watch me whip whip
Watch me nae nae (Can you do it?)
Now watch me
Ooh watch me, watch me
Ooh watch me, watch
115
Crédit : Extrait video de perf. « à bientôt sur le dancefloor », Gabriel Naghmouchi, 2020
Step

117
Les danses urbaines, bien qu’ayant une culture orale, ont pris grand
soin de venir nommer et définir clairement des mouvements
communément appelés steps.
Un step est facilement reproductible et identifiable par tou.te.s.
Cette caractéristique permet à des danses dites virales de naître et
d’apparaître les unes après les autres depuis des décennies :
Le Chicken Noodle Soup, le Harlem Shake, le Stanky Legg, le Jerk,
le Kriss Kross, le Mouv’, le Jumping Man, le Bart Simpson, le Dougie,
le Milly Rock, le Cat Daddy, le Whip, le Nae Nae, le Matuidi Charo en
sont des exemples.
Chacun des mouvements qui a sa propre période a été reproduit
par des millions de personnes à travers le monde.
Cette viralité est aussi ce qui a permis de les appeler « danses
sociales ». Les origines du mouvement sont souvent directement
inspirées de l’environnement presque exclusivement africain-
américain¹.
Le Nae Nae en est une illustration assez amusante. Des
collégien.ne.s l’ont inventé en essayant d’imiter leur grand-mère
dansant avec son déambulateur, nommant ainsi la danse « Nae
Nae », un diminutif de Nanny (un titre affectif que l’on donne aux
grand-mères chez les personnes africaines-américaines). Il existe,
dans ces danses virales, une ludicité indéniable et inégalable.
Au fur et à mesure, ces danses viennent enrichir le vocabulaire du
Hip Hop les unes après les autres, venant aussi se confronter à des
fusions et des réinterprétations.
Le Kriss Kross est présent dans toutes les danses urbaines mais
avec chaque fois une interprétation différente en fonction du style de
danse.
Le.la house danseur.euse va le faire très léger et aérien avec
beaucoup de fluidité, tandis que le.la danseur.euse de New style va
le faire plus saccadé, énergétique et ancré au sol.

¹Dans les exceptions, on peut retrouver deux steps popularisés par deux rappeurs français,
le Mouv’ de MHD et le Matuidi Charo de Niska.
119
Cependant, les steps n’arrivent pas de nulle part et proviennent
d’une longue histoire et d’une culture qui les précèdent. Le step le
plus emblématique de la house dance est le Pas de Bourré,
directement hérité de la danse classique¹.
On retrouve aussi, dans la manière de compter les pas et dans les
mouvement de la house, un héritage de la salsa et de la capoeira.
C’est aussi le cas pour les autres styles : on retrouve les bases des
steps de jazz dans presque toutes les danses urbaines. Le Kriss
Kross, par exemple, provient d’un pas déjà effectué en 1920 par
des africain.e.s-américain.e.s.
Le step est toujours en complète harmonie avec son époque.
Prenons le modèle du Pantsula, né en Afrique du Sud durant
l’apartheid. Ses steps n’ont pas cessé de se réinventer depuis sa
création, influencés par tous les continents et toutes les formes de
mouvements qui existent à travers le monde. Cette fluidité a permis
au Pantsula de rester jeune à l’oeil du.de la spectateur.rice, alors
que cette danse est âgée de 50 ans.

¹Il a été importé par des danseur.euse.s de lofting (ancêtre de la house) qui, par envie de se
perfectionner et d’approfondir leur danse, ont décidé de prendre des cours de danse
classique. Ils.elles ont donc ramené et revisité le Pas de Bourré en club.
Une figure de la danse Hip Hop
Me disait toujours :
« Il y a autant de steps
qu’il y a de danseurs
qui te tapent
Dans l’coeur »

121
Lean Back
Terror Squad
Owwwwww! Yeah! My niggas, ahah
Throw your hands in the air right now, man!
Feel this shit right here, Scott Torch n*****
Yeah Khaled, I see you nigga, show Big Pun love
Uh, yeah, uh, yo

I don't give a fuck about your faults or mishappens


Nigga, we from the Bronx, New York; shit happens
Kids clappin', love to spark the place
Half the niggas in the Squad got a scar on their face
It's a cold world and this is ice
Half a mil' for the charm, nigga, this is life
Got the Phantom in front of the building, Trinity Ave
Ten years been legit, they still figure me bad
As a youngin, was too much to cope with
Why you think, muh'fuckers nicknamed me Cook Coke shit?
Should've been called Armed Robbery
Extortion, or maybe Grand Larceny
I did it all, iput the pieces to the puzzle
Just as long, I knew me and my peoples was gon' bubble
Came out the gate on some Flo-Jo shit
Fat nigga with the shotty was the logo, kid

I said my niggas don't dance


We just pull up our pants and do the rockaway
Now lean back, lean back
Lean back, lean back (come on!)
I said my niggas don't dance
We just pull up our pants and do the rockaway
Now lean back, lean back
Lean back, lean back (come on!)

R to the Ezzy, M to the Yzzy


My arms stay breezy, the Don stay flizzy
Got a date at 8, I'm in the 7-4-fizzive
And I just bought a bike so I can ride 'til I die
With a matchin' jacket, 'bout to cop me a mansion
My niggas in the club, but you know they not dancin'
We gangsta, and gangstas don't dance, we boogie
So never mind how we got in here with burners and hoodies
Listen, we don't pay admission and the bouncers don't check us

123
And we walk around the metal detectors
And there really ain't a need for a V.I.P section
In the middle of the dance floor reckless, check it
Said he, liked my necklace, started relaxin'
Now that's what the fuck I call a chain reaction
See, money ain't a thang, nigga, we still the same niggas
Flows just changed, now we 'bout to change the game, nigga

I said my niggas don't dance


We just pull up our pants and do the rockaway
Now lean back, lean back
Lean back, lean back (come on!)
I said my niggas don't dance
We just pull up our pants and do the rockaway
Now lean back, lean back
Lean back, lean back (come on!)

Now we living better now, Coogi sweater now


And that G4 can fly through any weather now
See, niggas get tight when you worth some millions
This is why I sport the chinchilla: to hurt they feelings
You can find Joe Crack at all type of shit
Out in Vegas front row to all the fights and shit
If 5-0 boy come then they'd proudly squeal
Cause half these rappers they blow like Derek Foreal
If you cross the line, damn right I'm gon' hurt you
These faggot niggas even made gang signs commercial
Even Lil' Bow Wow throwin' it up
B2K Crip walkin' like, "That's what's up!"
Kay keep tellin' me to speak about the Rucker
Matter of fact, I don't wanna speak about the Rucker
Not even Pee Wee Kirkland could imagine this
My niggas didn't have to play to win the championship

I said my niggas don't dance


We just pull up our pants and do the rockaway
Now lean back, lean back
Lean back, lean back (come on!)
I said my niggas don't dance
We just pull up our pantsand do the rockaway
Now lean back, lean back
Lean back, lean back (come on!)
125
Crédit : Rize, David LaChapelle, 2005
Identité

127
Le.la danseur.euse a la même capacité que l’acteur.rice de
transformer la perception qu’on peut avoir de lui.elle, un outil offrant
des possibilités infinies lorsqu’il est utilisé par des minorités.
Nous parlions plus tôt du lien entre minorités racisées et / ou queer
et danses urbaines.
La raison pour laquelle, selon moi, ces danses excellent, c’est parce
qu’elles viennent, en tant qu’acte performatif, renverser le statut
d’une identité subie à celui d’une identité choisie.
Les minorités sont toujours victimes d’une vision ignorante des
autres, remplie bien trop souvent de préjugés et de haine, qui leur
attribuent une identité superficielle et limitée. Elles ne peuvent pas,
dans la construction sociétale actuelle, être perçues autrement
qu’au travers de leur condition raciale et / ou sexuelle.
La danse permet de faire la lumière sur la réalité de cette condition
en leur donnant des outils et un vocabulaire pour développer leur
discours¹.
Le.la danseur.euse devient maître de l’identité que les autres
perçoivent.
Il.elle est dans un acte performatif de son identité².
Cette idée est illustrée dans le documentaire culte sur le voguing,
Paris Is Burning.
Les danseur.euse.s, dans le film, expliquent qu’ils.elles viennent se
réapproprier des espaces et des cultures qui ne leurs sont pas
accessibles ou permis dans la société, venant se déguiser, par
exemple, en un riche bourgeois blanc.
Le voguing possède des déplacements infinis et est composé de
changements constants et fluides d’identité.

¹Les minorités sont toujours plus limitées dans l’accès à tous types d’outils d’expression.
J’inclus ici la danse urbaine comme un des outils disponibles pour développer un discours.
²Cet acte performatif du corps colonisé se retrouve sous une autre forme dans Les Maitres
Fous de Jean Rouch.

129
Les danses urbaines sont les lieux de réappropriations multiples et
de traductions d’expériences vécues et transformées avec une
insolence fine.
Cependant, l’identité portée par le.la danseur.euse ne se limite pas
à sa condition sociale. Elle possède un caractère encore très peu
exploré dans les danses.
On découvre un caractère fantastique dans certaines danses Hip
Hop, qui revêtent une certaine dimension surréaliste. C’est le cas,
entre autres, de l’animation, du flexin et du bone breaking.
Beaucoup de mouvements viennent ainsi emprunter un champ
lexical non pas organique mais robotique. Le corps semble
déshumanisé et échange une identité humaine contre une identité
presque fantastique, qui relève de la science-fiction.

Les danses urbaines viennent aussi, par leurs valeurs et leur lien à la
communauté, transparaître une identité de groupe.
131
Lors des récents Ballroom auxquels j’ai assisté,
j’ai été témoin d’un phénomène incroyable d’ingéniosité.
Les danseur.euse.s de Voguing, qui ont l’habitude se se déguiser,
avaient inventé une nouvelle thématique pour le Ball :
La Kaïra.
Leurs déguisement semblaient à la fois évoquer
L’action de straight-passing¹
Et la revendication d’une sexualisation
d’un corps de « banlieusard » tant méprisé.

¹Cette notion consiste à prendre l’apparence / se faire passer pour une personne
hétérosexuelle afin d’éviter toute sorte de discrimination.
Jon Cutler Feat. E-Man -
It's Yours (Original Distant Music Mix)

What makes you journey into the night


And take flight on a pursuit of musical bliss?
Chasing beats through ghetto streets
To a dungeonous temple left by our soul descendants
In a quest for peace, energy and light.
If you were to find this temple,
Do you have the knowledge to enter the temple?
Do you want it?
And if you had it, would you flaunt it?
Well It's yours!"

There is approaching light


A-flowing, soaring through your world
The fire burns within your heart
And now it's yours
If you feel it in yourself
I know the light goes through the stars
Acquiring entrance to the temple is hard but fair.
Trust in God-forsaken elements
Because the reward is well worth the journey.
Stay steadfast in your pursuit of the light.
The light is knowledge.
Do you want it?
And if you had it, would you flaunt it?
It's yours!"

There is approaching light


A-flowing, soaring through your world
The fire burns within your heart
And now it's yours
If you feel it in yourself
I know the light goes through the stars

133
Well, It's yours
Well, It's yours
You stay true to your quest.
So let the beauty that is the musical universe engulf
You.

Recharge your spirit.


Purify your mind.
Touch your soul.
And give you the eternal joy and happiness you truly
Deserve.
You now have the knowledge.
Do you want it?
And if you had it, would you flaunt it?
Well It's yours!"
Well, It's yours

There is approaching light


A-flowing, soaring through your world
The fire burns within your heart
And now it's yours
If you feel it in yourself
I know the light goes through the stars

There is approaching light


A-flowing, soaring through your world
The fire burns within your heart
And now it's yours
If you feel it in yourself
I know the light goes through the stars
Well, It's yours
Well, It's yours
135
Les danses urbaines ne sont pas qu’un divertissement,
elles constituent un outil de politisation, de revendication,
de lutte contre les violences systémiques, un outil de
rassemblement pour celles et ceux qui en ont besoin.
Elles ont le pouvoir de créer un microcosme d’expression
libre et de soutien de leurs membres. S’y intéresser, c’est
dépasser les préjugés qui leur sont trop souvent
attribués, consciemment ou non. C’est s’intéresser à une
richesse de cultures et de réappropriations avec leurs
propres techniques et leurs propres moeurs.

Bien loin des institutions, et bien qu’encore méconnues


de beaucoup, elles rayonnent pourtant à travers le
monde et ne semblent laisser personne de marbre. C’est
bien le futur qu’elles nous donnent à voir, un futur qui
inclut toutes les minorités et toute forme de culture dans
un melting-pot interculturel et novateur à l’échelle
mondiale.

Hip is to know, it's a form of intelligence. To be hip is to be


update and relevant.
Hop is a form of movement, you can't just observe a hop, you
gotta hop up and do it.
Hip and hop is more than music
Hip is the Knowledge, hop is the Movement.
Hip and Hop is Intelligent movement
KRS-One

137
Source image du catalogage :

Breakdance :
La Haine, Matthieu Kassovitz, 1995

Chicago Footwork :
FOOTWORK SAVED MY LIFE: The Evolution of Chicago
Footwork- Sizzle Reel, Youtube

Clowning :
Street Dance Maestros - Tommy the Clown & the Hip Hop
Clowns 2012, Youtube

Dancehall :
WHO MAD AGAIN, JAHYANAI X BAMBY , 2017

Electro :
Miel - Portrait en Mouvement avec Brandon Masele, Loïc Phil,
Youtube, 2021

Flexing :
Bones the Machine & DJ Aaron "Finger Food" Flexing
GasMask | YAK FILMS B'ZWAX, Youtube, 2011

House :
Check Your Body At The Door, real. Charles Atlas (1995-1999)/
Michael Schwartz (1992-1993), prod. Sally R. Sommer, 2015

Krump :
Rize, David LaChapelle, 2005

Litefeet :
Photographie de Rafael Kent, Metro New-Yorkais, 2015.

Locking :
Hurrikane & Firelock are "UnorthoLockX" Locking in
Chinatown NYC YAK FILMS, Youtube , 2011

New Style :
Batalla vs Marcio (hip hop final) // .stance // Soul Sessions
Oslo Extended 2018, Youtube
Pantsula :
Photographie de Chris Saunders, Afrique Du Sud, 2018.

Passinho :
Passinho Dancers of Queimados, Thomas Bryant et Gitanjali
Patel, Youtube, 2017

Popping :
ASSASSINS Showcase (Rashaad, Future, Hya aka Monstapop)
| Pop In Progress 2017 | RPProds , Youtube

Turfing :
TURF FEINZ RIP RichD Dancing in the Rain Oakland Street |
YAK FILMS, Youtube, 2009

Voguing :
Source inconnue, (image souvent utilisé pour le Voguing).

Waacking :
Lip J - WAACKING showcase at KOD // .stance, Youtube, 2018

139
Je tiens à remercier premièrement Judith Perron et
Claudia Triozzi pour leurs soutien et leurs écoutes ainsi
que leur confiances qui m’a permis d’élaborer ce
mémoire avec beaucoup de libérté.
Merci aussi à Angèle Matret pour ces nombreuses
relectures et correction qui m’ont permis d’aborder avec
légéreté la partie qui est normalement la plus pénible
pour moi.
Merci aussi pour sa confiance totale lors du projet et sa
curiosité en qualité de première lectrice.
Merci aussi a tous ceux qui m’ont transmis cette culture
et m’ont permis de l’approcher :
Mes professeurs de mon premier professeur de MJC, à
mes premiers cours régulier : Yugson, Bouboo et ICEE.
Mais aussi ces pratiquant avec qui j’ai pu échangé et
partagé.
Des gens comme Niako, Bintou Dembélé, Meech et plein
d’autres.
Merci à Lionel Catelan pour son aide précieuse lors de
l’édition et de l’impression de ce mémoire.
Merci à L’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Paris-
Cergy pour permettre la réalisation de ce mémoire.

Merci de votre lecture,


En espérant vous retrouvez sur le dancefloor.
141

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