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Normale Superiore di Pisa. Classe di Lettere e Filosofia
ou des Pythagoriciens, le re
férente.
Pour les Pythagoriciens, rejet
prendre deux formes, qui se
alimentaires parallèles. Ou bien
au monde. Le genre de vie ch
purification complète de lame
sanglant est exclue, l'alimen
intransigeance. Ou bien la cri
gieux se fait de l'intérieur: c'
gorisme se présente alors com
d'inspiration religieuse qui vis
alternative entrarne d'autres c
moignent les Pythagoriciens qu
ou de la chèvre, mais refusent obstinément de toucher à la
viande de boeuf ou de mouton, comme si ces deux espèces
animales représentaient à elles seules toute la nourriture car
née dont porcs et chèvres se trouvent exclus pour différents
motifs détaillés par l'idéologie pythagoricienne9.
Pour les disciples d'Orphée, au contraire, il n'y a qu'une
seule attitude possible, car l'orphisme se joue exclusivement
sur le pian religieux. C'est une secte qui met radicalement en
question la religion officielle de la cité. A deux niveaux, en
particulier: l'un, de pensée théologique, l'autre, de pratiques
et de comportements. Fondamentalement, l'orphisme est une
religion du livre ou più tòt des livres, avec ses cosmogonies
et ses théogonies. Toute cette littérature paraìt, pour l'essen
tiel, construite contre la théologie officielle des Grecs, celle
d'Hésiode et de sa Théogonie. Trois exemples suffiront à mar
quer les contrastes entre l'orphisme et la tradition hésiodique.
Le premier est l'opposition entre le Chaos d'Hésiode et
l'Oeuf primordial des Orphiques. A l'origine de toutes choses,
la Théogonie hésiodique situe une puissance de l'inorganisé,
la Béance, Chaos, à partir de quoi, par étapes successives,
les puissances constitutives du cosmos vont se distinguer,
prendre forme et se définir les unes par rapport aux autres.
La souveraineté de Zeus va marquer la fin d'un procès, parti
13 Hdt., 2, 81. Cf. Ed. des Places, La religion grecgue, Paris 1969, 199.
14 Ran., 1032: Όρφεύς μέν γαρ τελετάς θ'ήμΐν κατέδειξε φόνων τ'άπέχεσθαι.
15 Cf. J. Casabona, Recherches sur le vocabulaire des sacrifices en gree,
des origines à la fin de l'époque classique, Aix-en-Provence 1966, 160-162 et
les indications données dans Les Jardins d'Adonis, 79-80.
16 En particulier, I. M. Linforth (o. c., 68-72), qui retient trois sens possi
bles de phónos dans ce contexte: meurtre, cannibalisme, nourriture carnée.
Mais, comme nous le verrons, la dernière de ces significations subsume les
deux autres.
17 C'est déjà celle de Firm. Mat., De err. prof, relig., 6, p. 15, 2 Ziegler =
O.F., 214 Kern.
18 H. Jeanmaire a exposé Ieurs arguments et critiqué la thèse de manière
décisive (Dionysos, Paris 1951, 372-378). Dans son Iivre Les Grecs et l'Irra
tionnel (University of California Press, 1951), tr. fr., Paris 1965, 155, E. R.
Dodds persiste à croire que ce mythe de Dionysos «est fondé sur l'antique
rituel dionysiaque du Sparagmós et de VOmophagia».
'9 Cf. R. Girard, ο. c., 190 et 347. C'est la mème confusion entre deux ma
nières de manger qui a entrainé plusieurs historiens de I'Orphisme à re
connaitre la dévoration de Dionysos par les Titans dans la scène représentée
sur une hydrie du British Museum (E 246): Dionysos, barbu et couronné
de feuilles, assiste à la mise en pièces d'un enfant par un personnage vétu
en Thrace. Cf. C. Smith, Orphic Myths on attic Vases, JHS, 1890, 343-351;
A. B. Cook, Zeus I, 1914, 654, pi. 36; W. K. C. Guthrie, Orphée et la religion
grecque (1935), tr. fr., Paris 1956, 148. Seul Η. Metzger, Les representations
dans la céramique attique du IVe siècle, Paris 1951, 263, n. 3 a reconnu, avec
l'aide de Sir John Beazley, l'invraisemblance d'une telle interprétation. Dans
le mème temps, Η. Jeanmaire suggérait de voir dans le geste que fait Dio
nysos devant la dévoration un signe de réprobation qui vise directement
certains excès orgiaques et dont la critique orphique ne serait qu'un aspect
(ο. c., 407).
20 J. Rudhardt, Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes cons
titutifs du eulte dans la Grece classique, Genève 1958, 259-261.
2· Porphyr., De abstinentia, 2, 9.
22 Ces différents objets, " cóne, toupie, dés, miroir ", sont ceux qu'énu
mère le Papyrus de Gourob, témoin, au Illème siècle de notre ère, d'un
rituel d'initiation aux mystères de Dionysos, rituel qui combine le sacrifice,
suivi de consommation, d'un bouc et d'un bélier, l'absorption d'un breuvage
par le myste et la manipulation des " jouets ", symboles de la passion de
Dionysos: Orphicorum fragmenta, 31 Kern. Cf. M. J. Lagrange, Les Mystères:
I'Orphisme, Paris 1937, 113-117; H. Jeanmaire, o.c., 472-473.
23 Dans la version de Nonn., Dionys., 6, 172-173 = O.F., 209 Kern, Dio
nysos recoit le coup fatai au moment où il regarde son visage déformé,
semble-t-il, par la surface réfléchissante du miroir. Dionysos pris au piège
29 L'expression tà legóm
du coté des Mystères d'Ele
l'orphisme, REA, XLIII, 19
oeuvre d'Orphée, tantót a
Télétè) tantòt citée sous l
moignage fondamental d'Aristophane (Ran., 1032) associe étroitement les
télétai qu'Orphée nous a enseignés et le refus de la vie carnivore dont il
est responsable.
30 La version de Clément d'Alexandrie (O.F., 35 Kern) recoupe parfai
tement le problème aristotélicien: καΟ-ήψουν πρότερον· ϊπειτα όβελίσκοις
"Μ Ατηενιον, αρ. Ατηεν., 14, 660 Ε = C.A.F., III, 369 Kock.
Ή Theophr., αρ. Schol. AD in II. 1, 449.
« Cf. A. Delatte, Le Cycéon, breuvage rituel des mystères d'Eleusis,
Bulletin de l'Acad. R. de Belgique, CI. Lettres Se. Mor. et polit., s. V, XL, 1954,
691-693.
43 F. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris 1969, nr. 18, col.
A. 1. 4043.
44 G. Daux, La Grande Démarchie : un nouveau calendrier sacrificiel d'At
tigue (Erchia), BCH, 1963, 629.
43 Od., 3, 5-66.
Fig. 1
ROTI BOUILLI
Splànchna
Splanchna Non - Splanchna
Splànchna ou krea
kréa
Sans sel
sei Assaisonnements
Vital Non-vital
Dedans Dehors
Avant Après
Apres
Commensalité forte
Commensalite Commensalité faible
Commensalite
Fig. 2
VIANDE
VIANDEJI
mal „mieux
mal mieux
CRU
CRU *-
> CUIT
CUIT
mal
mal mieux
mieux
RÒTT
ROTI *·
>■ ROTITI.Τ
BOUILLI Τ
Fig. 3
Prométhée
Promethee
MIEUX
et
le sacrifice non-viande
LE SACRIFICE age d'or
non-viande àge d'or
viande
viande àge
agede
defer
ferMAL
MAL MIEUX
MIEUX
MAL roti bouilli
60 Les Titans ne sont pas davantage les ennemis par excellence de Dio
nysos, comme le suggère P. Boyancé (Le " Dionysos " de Η. Jeanmaire, RPhilos,
1956, 116), qui voudrait ramener cette séquence du mythe à un thème domi
nant de la mythologie de Dionysos: refus et persécution.
61 R. Martin, Manuel d'architecture grecque, Paris 1965, I, 425.
62 A. Orlandos, Les matériaux de construction et la technique architectu
rale des anciens Grecs, (tr. fr. Vanna Hadjimichali), Paris 1966, I, 136-148.
63 La relation entre les Titans et le plàtre (titanos) avait déjà été indi
quée très rapidement par A. Loisy, Mystères paiens et mystère chrétien2,
Paris 1930, 33, n. 2. Mais nous la devons à J.-P. Vernant qui Ta développée
dans un des ses séminaires à l'École des Hautes Études, en 1970.
64 L'attention sur ces notices a été attirée par une étude de M. Pohlenz,
Kronos und die Titanen, Neue Jahrbiicher fiir das klassische Altertum,
XXXVII, 1916, 581-583.
65 FGrHist., 328 F 74 (avec les commentaires, en II, b [Supplément], I,
Leiden 1954, 354-355).
66 FGrHist., 334 F 1 (avec les remarques, ibid., 627).
« Paus., 2, 11, 5.
ω 4, 11, 389 a 28.
69 IL, 2, 735.
70 Eust., 332, 24 ss.
so O.F., 35 et 36 Kern.
81 O.F., 210 a et b Kern.
82 Cf. en général, J. Keil, Kulte im Prytancion von Ephesos, Anatolian
Studies Buckler, Manchester 1939, 119-128.
à ses frais 83. Leur nombre s'élève à 365 dont 190 devront ètre
offertes kardiourgoùmena et ekmèrizómena: les cuisseaux se
ront découpés pour ètre consumés en l'honneur des dieux.
Quant aux coeurs, ils seront extraits des victimes84, c'est-à-dire
soustraits à la consommation pour des raisons dont le carac
tère spécifique nous échappe dans ce contexte mais que d'au
tres documents permettent d'indiquer en découvrant les rela
tions de cet interdit avec d'autres du mème genre. C'est ainsi
qu'une loi sacrée de Rhodes, datée du Ier siècle de notre
ère, impose à qui veut pénétrer dans un sanctuaire (d'Asclé
pios ou de Sarapis?)85, en état de pureté, hàgnos, de respecter
une triple interdiction: ni relations sexuelles, ni fèves, ni
coeur86. Régime qui n'a pas la sévérité de celui qui est im
posé aux prètres de Zeus et d'Athéna dans leur sanctuaire du
mont Cynthe, sur l'ile de Délos, aussi longtemps, semble-t-il,
que dure leur sacerdoce: ni femmes, ni alimentation carnée87.
A Rhodes, la continence est temporaire, et l'abstinence par
tielle, puisqu'elle se limite aux fèves et au coeur. Ces deux
derniers interdits se retrouvent chez les Pythagoriciens sans
que ceux-ci en aient l'exclusivité dans les milieux mystiques:
ni les disciples d'Orphée ni les initiés d'Eleusis ne mangent
non plus de fève88. Mais l'étroite association du coeur et
94 Publié par J. Keil dans Anzeiger Osterr. A. W., 1953, 16 ss. et repris
par F. Sokolowski, Lois sacrées de l'Asie Mineure, Paris 1955.
95 Consumer le coeur «sur les autels sacrés», c'est s'en interdire la
consommation et le laisser dans la part qui revient aux dieux.
96 Cf. G. Daux, L' inter diction rituelle de la menthe, BCH, LXXXI, 1957,
1-5, a proposé, à la suite de Kalleris, de lire au lieu de edeosmoù la forme
hèdeosmoù, c'est-à-dire un des noms de la menthe, de la piante qui est en
core aujourd'hui en Grece un condiment quasi indispensable pour les fèves.
97 1. 15-16: έχϋροτάτην £ίζαν κυάμων έκ σπέ [ρματος...] Τε'.τάνων προλέγειν
μύσταις [ ].
98 Α. D. Nock, art. c., 852.
99 II faut donner leur pleine valeur aux raisons alléguées par Plut.,
Quaest. conv., 2, 3, 1, 635 e/f. Expliquer le tabou pythagoricien par l'influence
de l'Orphisme, comme le fait Μ. Tierney, A Pythagorean Tabu, dans «Mé
langes E. Boisacq», Bruxelles 1938, 317-321, c'est méconnaìtre la différence
entre les deux mouvements mystiques.
κ» cf. C. R. S. Harris, The Heart and vascular System in Ancient Greek
Medicine, 1972.
ιοί Legum allegoriae, II, 6, p. 107 Mondésert. L'intérèt de ce texte a été
dénoncé par P. Boyancé, L'Apollon solaire, dans «Mélanges J. Carcopino»,
Paris 1966, 167, nr. 3.
i°2 670 a 23-26. Cf. S. Byl, Note sur la place du coeur et la valorisation
de la μεσάτης dans la biologie d'Aristote, AC, 1968, 467-476.
103 666 a 7-10 et 20-22.
Marcel Detienne