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Résistances des renforcements métalliques des remblais renforcés en


fonction de leur forme.

Conference Paper · July 2010

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Michalis Chikaras Benoit Chanteperdrix


Bouygues Construction Bouygues
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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2010 -Grenoble 7-9 juillet 2010

RÉSISTANCES DES RENFORCEMENTS MÉTALLIQUES DES


REMBLAIS RENFORCÉS EN FONCTION DE LEUR FORME

RESISTANCES OF METALLIC REINFORCEMENTS FOR REINFORCED FILLS AS


A FUNCTION OF THEIR SHAPE

Michalis CHIKARAS1, Benoit CHANTEPERDRIX1


1 VSL, Paris, France

RÉSUMÉ – Cet article présente une étude comparative, dans le cadre normatif fixé
par la norme d’application de l’EC7 pour la France en ce qui concerne les ouvrages
de soutènement en sol renforcé (NF P 94-270, 2009), entre les renforcements
métalliques sous forme de treillis soudés et de bandes ayant les mêmes
caractéristiques mécaniques et renforçant des sols ayant des propriétés identiques.

ABSTRACT – This paper presents a comparative study, inside the normative


framework set by the EC7 application standard for France regarding the reinforced
fill retaining structures (NF P 94-270, 2009), between the metallic reinforcements of
ladder and strip form having the same mechanical characteristics and reinforcing
soils having identical properties.

1. Introduction

Cette étude ne concerne que les ouvrages de soutènement en remblai renforcé


constitués soit de treillis métalliques soudés, soit de bandes métalliques à haute
adhérence. Il s’agit d’armatures peu extensibles et souples qui ne présentent qu’une
rigidité en flexion très faible. Elles sont placées horizontalement dans le massif de
remblai à intervalles réguliers et forment une succession de lits parallèles
généralement équidistants inclus dans le remblai, depuis la base jusqu’au sommet
de l’ouvrage. La Figure 1 (NF EN 14475, 2007) illustre ces deux types de
renforcement unidimensionnel de sol dont les résistances font l’objet de cet article.

Figure 1. Renforcement de sol sous forme de treillis soudé (échelle) et de bande.

Un treillis comprend usuellement deux à quatre barres longitudinales liées entre


elles par soudage de barres transversales du même diamètre nominal. Les bandes
sont en général des plats de quelques millimètres d’épaisseur et de quelques
centimètres de largeur comportant des nervures régulières. Les treillis ne comportant
que deux barres longitudinales (ny = 2) sont désignés sous le nom d’ « échelles ».

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2. Méthodologie et hypothèses

L’idée principale de ce travail est de comparer une bande et une échelle de même
longueur (L), de sections transversales initiales (S0) sensiblement égales,
galvanisées (épaisseur de galvanisation : ez = 70 µm) ou non (ez = 0 µm). Toutes
deux sont constituées d’acier de même résistance limite ultime (fr = fuk) et de même
résistance limite élastique (fy = fyk) en traction. On prend le cas d’un ouvrage hors
d’eau d’une durée de service variable entre 0 à 100 ans, avec un remblai de classe
de matériau 1 (NF EN 14475, 2007), mis en œuvre et compacté de la même
manière (énergie de compactage moyenne), respectant les critères chimiques et
électrochimiques caractérisant un milieu comme modérément agressif. Ce remblai,
sans cohésion, présente un angle de frottement interne (φ1κ) de 36° car la résistance
au cisaillement intrinsèque du sol n’est pas toujours complètement mobilisée, ce
phénomène étant plus sensible pour les sols très frottants. Pour les besoins de cette
étude on fera varier le coefficient d’uniformité de Hazen (Cu = D60 /D10) en lui donnant
les valeurs le plus souvent retenues : 2, 10, et 20. La taille maximale des grains
(Dmax) sera prise égale à 75 mm et par conséquence le coefficient Ω1 (lié au type de
renforcement et couvrant le risque des éventuelles surtensions locales dues au
compactage) égal à 1,00. La Figure 2 permet de visualiser la comparaison effectuée.

Figure 2. Vue en plan schématique.

Le diamètre des barres longitudinales (Ø = dy) et le diamètre des barres


transversales (Ø = dx) des treillis sont égaux et varient entre 10, 12 et 14 mm. Le pas
du motif du treillis (sx) est de 300 mm et l’espacement des barres longitudinales (sy)
de 150 mm. Le débord des barres transversales (sy0) mesure 25 mm et par
conséquence la largeur de l’échelle (b) est de 200 mm. Les bandes présentent une
largeur variant de 40, 45 et 50 mm et une épaisseur entre 4,5 et 6 mm.

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La présente étude consiste en la comparaison : d’une échelle constituée de deux


barres longitudinales de diamètre nominale (Ø = dy) de 10mm (désignée 2Ø10) et
d’une bande de largeur b = 40 mm et d’épaisseur e = 4 mm (désignée 40*4) ; d’une
échelle 2Ø12 et ; d’une bande 45*5 et d’une échelle 2Ø14 et d’une bande 50*6. La
condition de sections (S0) sensiblement égales est ainsi respectée. Cette hypothèse
parait raisonnable car la différence de section échelle-bande (avant corrosion) varie
de 0,531% à 2,625% seulement (Tableau I).

Tableau I. Section transversale (S0) des renforcements en fonction de leur forme


Forme de renforcement
Échelles Bandes
2
Désignation S0 (mm ) Désignation
2Ø10 157,08 160,00 40*4
2Ø12 226,19 225,00 45*5
2Ø14 307,88 300,00 50*6

3. Résistance ultime à la traction des éléments de renforcement métalliques

Tout élément métallique en acier ordinaire en contact avec un sol se corrode. Le


dimensionnement d’un renforcement de sol métallique tient compte de cette
corrosion dans le temps. Le principe est de prévoir une section d’acier suffisamment
intacte pour qu’à terme l’armature corrodée présente encore des caractéristiques de
tenue admissibles dans l’ouvrage. Dans la norme précédente (NF P 94-220, 1998),
la résistance à long terme des renforcements en acier était basée sur la prise en
compte d’une « épaisseur d’acier sacrifiée ». La NF P 94-270 (2009) présente une
méthode de quantification de la corrosion plus détaillée : celle-ci introduit une
distinction suivant la forme des éléments de renforcement et permet d’établir une
relation simple entre la perte de résistance mécanique, la perte moyenne de section
d’acier (∆S) et la perte maximale (K∆S). La Figure 3 illustre ces deux dernières
notions.

Figure 3. Diminution de section des bandes et des échelles (Coupes 1-1’ & 2-2’).

La présentation de cette nouvelle approche sortant du cadre de ce travail, on


citera simplement les paramètres importants permettant de quantifier la corrosion : la
diminution moyenne pendant la première année A (exprimée en µm), le paramètre
adimensionnel n (<1) qui représente le ralentissement de la perte avec le temps t
(exprimé en années), la diminution moyenne d'épaisseur superficielle totale au
temps t donnée par P = Atn (exprimée en mm) et la diminution moyenne d'épaisseur
superficielle d'acier ∆a (= P-ez) exprimée en mm.

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Les valeurs de A, n et K qui sont fonction du revêtement de l’acier et de


l’environnement de l’ouvrage sont présentées dans le Tableau II. Ces valeurs
correspondent à un remblai de classe 1 (drainant) dans un environnement considéré
comme modérément agressif.

Tableau II. Valeurs de A, n et K


Acier galvanisé (ez = 70 µm) Acier non revêtu (ez = 0 µm)
Environnement
A (µm) n K A (µm) n K
Hors d’eau 25 0,65 25 0,80
2,0 2,5
En eau douce 40 0,60 40 0,75

Là où la résistance en traction caractéristique d’un lit de renforcement (Rt;k) est


directement proportionnelle à la section transversale initiale d’acier (S0), la valeur de
calcul de la résistance ultime de traction du lit de renforcement au temps t (Rt;d) doit
vérifier la plus défavorable de deux situations eu égard d’une part au critère de la
limite élastique (fy) et d’autre part au critère de la limite à la rupture (fr) :

 S f 
Rt ;d = min{Rt ;dy , Rt ;dr } = min  ρ end ρ flu ρ deg; y
S0 f y
, ρ end ρ flu ρ deg;r 0 r  (1)
 γM0 γM2 

où ρend, ρflu et ρdeg sont des coefficients de réduction qui traduisent les diminutions
de résistance possible du fait respectivement de : l’endommagement dû aux
agressions mécaniques lors de la construction (ρend = 1,00 pour les renforcements
métalliques), l’évolution physique du matériau sous l'effet du fluage (ρflu = 1,00 pour
les renforcements métalliques) et des dégradations d'origine chimique ou
biochimique dues à l'environnement (ρdeg;y et ρdeg;r). Dans le cas de renforcements
métalliques, ces derniers coefficients décrivent la perte de résistance liée à la
corrosion de l’armature.

∆S K∆S
ρ deg; y = 1 − γ y et ρ deg; r = 1 − γ r (2)
S0 S0

Le coefficient γy (= 1,10) est un facteur partiel couvrant les incertitudes sur la perte
moyenne ∆S et le coefficient γr (= 1,25) est un facteur partiel couvrant les
incertitudes sur la perte maximale K∆S. L’estimation de la perte moyenne s’exprime :

∆S = π (∅ − ∆ a )∆a pour les barres rondes et ∆S = 2b∆a pour les bandes (3)

Le coefficient γM;0 (= 1,00) est un facteur partiel de matériau sur la limite


d’élasticité fyk et γM;2 (= 1,25) est un facteur partiel de matériau sur la limite à la
rupture fuk.
La Figure 4 illustre l’évolution de la résistance des armatures dans le temps, qui
dépend du revêtement du renforcement (galvanisé ou non), suivant le critère fy et le
critère fr.
La Figure 5 présente le rapport des résistances à la traction des échelles et des
bandes en fonction du temps.

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Figure 4. Évolution de la résistance des barres rondes et des bandes dans le temps.

Figure 5. Rapport des résistances à la traction en fonction du temps.

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4. Résistance ultime d’interaction mobilisable sol – renforcement

L’interaction sol-renforcement provient de la conjugaison de deux mécanismes :


une mobilisation de la butée du sol contre les éléments métalliques transversaux et
un frottement du sol contre les éléments métalliques longitudinaux. Le
développement de la butée nécessite des déplacements relatifs sol-armature plus
importants que ceux nécessaires pour mobiliser le frottement. En France, ce
déplacement de référence est fixé à 15 mm (NF P 94-222, 1995). La NF P 94-270
(2009) fixe la résistance ultime d’interaction mobilisable sol-renforcement :

1 
τ max;k Ps Ls [µ σ v ]Ps Ls
* µ (*z ) 
 Ls
∫ σ v ( z , x ) dx  Ps Ls

R f ;d = = (z)
= (4)
γ M;f γ M;f γ M;f

où Ps est le périmètre de la section transversale, Ls est la longueur de l’armature


située dans la zone résistante, γM ;f (= 1,35) est un facteur sur la résistance
d'interaction du renforcement et τmax ;k est la contrainte maximale mobilisable de
cisaillement entre sol-lit. Le coefficient qui lie cette contrainte avec la contrainte
verticale totale σv (valeur moyenne sur la longueur Ls) s’appelle coefficient apparent
d’interaction µ(z)* et a comme expression :

h0 − ha h
µ (*z ) = µ 0* + µ1* a pour ha ≤ h0 (5)
h0 h0

µ (*z ) = µ1* pour ha f h0 (6)

où h0 (= 6 m) est la profondeur sur laquelle subsistent les effets de compactage et ha


est la profondeur moyenne du lit de renforcement variant entre 0 et 7,50 m.
Pour les bandes :

µ0* = 1,2 + log(Cu ) et µ1* = min{0,8; tan (ϕ1k )} (7)

Pour les treillis :

dx d
µ0* = ν 0* et µ1* = ν 1* x (8)
2s x 2s x

Le coefficient d’ancrage ν0* est égal à 35 si la taille moyenne des grains (D50) est
inférieure ou égale au diamètre des barres transversales (Ø = dx) et 70 si D50>dx. Le
coefficient d’ancrage ν1* est égal à 15 si D50≤dx et 30 si D50>dx. Le périmètre de la
section transversale est :

Ps = 2 ⋅ N ⋅ b (9)

où b représente la longueur de l’élément transversal d’une échelle ou la largeur


d’une bande et N le nombre d’éléments de renforcement par mètre linéaire de
parement.

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Il convient quand même de s’assurer que l’effort d’interaction calculé ne dépasse


pas celui qui correspondait au cisaillement du remblai au dessus et au dessous de
l’armature. Au-delà de ha = 6m, cela correspond à la limite µ1* ≤ tanφ1k. L’effet du
phénomène de la dilatance empêchée à profondeurs inférieures à 6 m
(SETRA/LCPC, 1979 ; Schlosser, 1991 et Sellali-Haraigue, 1999) permet d’obtenir
des valeurs de µ0* supérieures à tanφ1k qui peuvent attendre les valeurs (indicatives)
de 2,5 pour les bandes (Cu = 20) et 1,6 pour les échelles (Ø = dx = 14 mm).
La Figure 6 présente le rapport des résistances d’interaction échelle/bande,
indépendamment de leur revêtement, en fonction de la profondeur, du coefficient
d’uniformité de Hazen (Cu) et de la relation entre la taille moyenne des grains (D50) et
le diamètre des barres transversales (Ø = dx) des treillis.

Figure 6. Rapport des résistances d’interaction.

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5. Conclusions

Cette étude, dont les résultats sont illustrés sur les Figures 5 et 6, montre que la
forme cylindrique des armatures de treillis soudé est à l’origine d’un meilleur
comportement vis-à-vis du phénomène de la corrosion et leur confère une résistance
à la traction supérieure à celle des bandes. Cette différence est beaucoup plus
accentuée quand le critère de la limite à la rupture (fr) est le critère dimensionnant.
Pour cela, la relation suivante doit être satisfaite :

 f y   γ M 0   ρ deg;r 
  ≤   ⋅   (10)
 
 f r   γ M 2   ρ deg; y 

Si cette relation est vérifiée, le rapport des résistances à la traction échelle/bande


varie entre 0,98 et 1,25. Dans le cas contraire, ce rapport varie entre 0,98 et 1,07.
L’exemple caractéristique est celui d’une échelle 2Ø10 qui, avant corrosion, présente
une section transversale d’acier (S0) égale à 98,17 % de la section d’une bande
40*4. Néanmoins, pour un ouvrage d’une durée de service de 100 ans, la même
armature (après corrosion) a une résistance à la traction de 1,25 fois supérieure à
celle de la bande 40*4.
Sous une contrainte verticale donnée, les armatures de treillis soudé ont une
résistance à l’extraction 1,17 à 4,35 fois supérieure à celle des armatures sous forme
de bandes. En effet, les treillis sont larges, et ils peuvent de ce fait mobiliser une
résistance nettement plus forte que celle des bandes, grâce à la mise en butée du
sol contre leurs barres transversales.

6. Références bibliographiques

NF EN 14475 : Exécution de travaux géotechniques spéciaux – Remblais renforcés ; AFNOR ; janvier


2007.
NF P 94-220 : Renforcement des sols ; Ouvrages en sol rapportés renforcés par armatures ou nappes
peu extensibles et souples ; Partie 0 : Justification du dimensionnement ; AFNOR ; juin 1998.
NF P 94-222 : Renforcement des sols ; Ouvrages en sol rapportés renforcés par armatures ou nappes
peu extensibles et souples; Essai statique d’extraction en place d’inclusion ; AFNOR ; août 1995.
NF P 94-270 : Calcul géotechnique ; Ouvrages de soutènement ; Remblais renforcés et massifs en sol
cloué ; AFNOR ; juillet 2009.
Schlosser F. (1991) Murs de soutènement. Techniques de l’Ingénieur, Référence C244, 23 pages
Sellali-Haraigue N. (1999) Modélisation des contacts dans le calcul tridimensionnel des ouvrages
géotechniques. Thèse de doctorat de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
SETRA/LCPC (1979) Les ouvrages en terre armée. Recommandations et règles de l’art, 189 pages

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