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Texte

du point de presse de
Aminata Touré
Député à l’Assemblée nationale

Mesdames, Messieurs les journalistes
Je voudrais vous remercier pour votre déplacement. Je voudrais vous entretenir
de l’actualité nationale et des perspectives politiques.
Tout d’abord, je voudrais rétablir une bonne fois pour toute un certain nombre
de faits concernant la présidence de la 14ème législature de notre Assemblée
nationale car j’ai entendu beaucoup d’informations qui n’ont rien à voir avec la
réalité des faits. Tout d’abord, je voudrais publiquement remercier tous les
membres de la délégation de campagne qui ont sillonné le pays avec moi, y
compris les chauffeurs et la sécurité et aussi les populations qui nous ont accueilli
partout. Ce fut un très dur parcours de 5175 km pendant 21 jours sous la chaleur
hivernale, la pluie, la faim, les très longues journées et les très courtes nuits.

En dix ans, je vous ai rencontré de nombreuses fois, vous les journalistes, vous
ne m’avez jamais entendu publiquement parler de mes relations avec le
Président Macky Sall dont je ne renierai jamais le bilan matériel pour l’avoir
défendu partout. Mais permettez-moi aujourd’hui d’expliquer ce qui s’est passé
et je ne reviendrai plus sur la question.

La première chose à dire, c’est qu’il aurait été impossible pour moi comme
politicienne d’expérience de n’avoir pas trouvé un accord préalable avec le
Président Macky Sall sur le poste de Président de l’Assemblée nationale avant
de m’engager à coordonner le parrainage qui a duré des semaines et ensuite
faire le tour du pays pour la campagne des législatives. Nous avons toujours

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discuté de ces questions bien à l’avance notamment lors qu’il me nommait
Présidente du CESE, nous en avions convenu 2 mois à l’avance. Pour ce qui
concerne la présidence de l’Assemblée nationale, lui le Président Macky Sall sait
très bien que nous avions un accord ferme, de hautes personnalités de ce pays
que je ne citerais pas ici peuvent en témoigner car il le leur a dit bien à l’avance.

Le 12 septembre, à exactement 9H26, le Président Macky Sall m’a appelé pour
me dire qu’il a finalement changé d’avis exactement 17 minutes avant l’arrivée
de ses émissaires à l’Assemblée nationale venus annoncer le nom de son
candidat. Le Président Macky Sall sait très bien que cela s’est passé exactement
comme je le dis. Heureusement que j’ai le cœur solidement accroché, Dieu
merci ! Voilà ce qui s’est passé alors que je pense lui avoir offert tout mon
engagement, ma loyauté pendant plus de 10 ans en dépit des nombreuses
injustices qu’il m’a fait lui-même subir, sans réelles raisons objectives. Ces
situations, je les mettais sur le compte des aléas de la vie politique et je devais
assumer mon choix de vie, celui de l’accompagner dans la construction du
Sénégal. Etais-je naïve ? Non, c’est un choix de vie, celui de s’engager pour le
développement de mon pays, choix qui vient avec des inconvénients et parfois
de la souffrance mais c’est un bon choix car il n’y a pas plus grande satisfaction
personnelle que de participer à faire avancer son pays. C’est en tout cas ce en
quoi je crois.

J’ai d’ailleurs régulièrement eu le choix de partir travailler à l’étranger avec les
nombreuses offres de poste de haut niveau à l’ONU, la dernière en date c’était
un mois avant les élections législatives de juillet dernier. J’en ai toujours informé
le Président Macky Sall.

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Mesdames, Messieurs les journalistes,

Je voudrais bien me faire comprendre, ce n’est pas une histoire de poste encore
moins de privilège, autrement je ne serais pas ici à vous parler, j’aurais ensuite
pu dire oui aux propositions de poste que le Président Macky Sall a envoyées ses
émissaires me faire nuitamment.

Parlant de poste et privilège, je voudrais rappeler que c’est comme fonctionnaire
international en poste à New York où je dirigeais le département Droits Humain
et Genre du Fonds des Nations Unies pour la Population que j’ai pris contact avec
le candidat Macky Sall pour l’accompagner politiquement alors qu’il n’avait
aucune fonction, il n’avait rien à offrir, il était dans l’opposition avec aucune
certitude de devenir Président de la République. C’est l’occasion d’avoir une
pensée pieuse pour Alioune Badara Cissé qui nous a quitté il y’a juste un an. Que
Allah veille sur lui au Paradis parmi les Valeureux. C’était un patriote sincère et
engagé. J’ai aussi une pensée affectueuse pour tous ces milliers de militants
sincères et les nombreux responsables de 2012 qui se demandent quel est le
sens de leur engagement quand ceux contre qui ils s’opposaient en 2012
deviennent les choisis et choyés d’aujourd’hui.

Je considère qu’il est plus que temps qu’on remette de l’éthique dans la
politique. La politique ce n’est pas la ruse, l’abus de confiance et la préférence
familiale. La politique peut et même doit s’accompagner de valeurs humaines,
d’éthique et surtout de respect de la parole donnée et par dessus tout du respect
de nos lois et règlements.

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Ce qui me permet de faire la transition sur la question centrale qui, au fond, est
à l’origine de tout ceci : la question du troisième mandat impossible,
impossible juridiquement, impossible moralement.

Mesdames, Messieurs les Journalistes, je me serais dédite moralement en
théorisant haut et fort la possibilité du 3ème mandat du Président Macky Sall que
je serais à cette heure-ci entrain de vous offrir un cocktail de bienvenue comme
Présidente de l’Assemblée nationale. Comment alors aurais-je pu me regarder
dans la glace ? Comment aurais-je pu regarder mes enfants dans les yeux ?
Comment aurais-je pu regarder les sénégalais dans les yeux ?

En 2011, je me suis engagée auprès du candidat Macky Sall pour lutter contre le
troisième mandat du Président Abdoulaye Wade, ce qui nous a couté 11 morts
dont l’étudiant Mamadou Diop écrasé sous nos yeux par un char lors de la
manifestation du M23 du 31 janvier 2012. Comme directeur du cabinet de
campagne du candidat Macky Sall, j’avais moi-même saisi le Conseil des Droits
de l’Homme de Genève.

Comment 10 ans après, des acteurs politiques qui se sont battus contre le 3ème
mandat du Président Abdoulaye Wade osent évoquer l’idée d’un troisième
mandat du Président Macky Sall? Ce que les sénégalais n’avaient pas accepté il
y’a 10 ans, comment peut-on imaginer une seule seconde qu’ils l’accepteraient
en 2024?
Comme nous le savons tous, le référendum de 2016 proposé par le Président
Macky Sall a définitivement réglé la question des mandats. Comme l’a répété
trois fois dans une vidéo célèbre le Professeur de Droit Constitutionnel et actuel
ministre de la Justice Ismaila Madior Fall : « Nul ne peut faire plus de deux

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mandats consécutifs ». Le Président Macky Sall lui-même l’a dit à moult reprises
sur toutes les chaines de télévision du Sénégal et du monde. Comme Président
de l’Union Afrique, le Président Macky Sall a l’obligation de donner l’exemple à
l’Afrique. Le Président Macky Sall a l’obligation de respecter la Constitution à la
lettre. Le Président Macky Sall à l’obligation de respecter sa parole. Le Président
Macky Sall a l’obligation de respecter le Peuple sénégalais et même les Peuples
africains qui souffrent trop souvent de l’instabilité politique due au seul fait que
leurs dirigeants s’accrochent au pouvoir. Le Président Buhari du Nigéria, dans
son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies de cette semaine, a eu
raison de mettre en garde les chefs d’Etat qui manipulent leur Constitution pour
rester au Pouvoir créant ainsi morts et désolation dans leur pays.

Mesdames, Messieurs les Journalistes,

Dès ce soir le CS2i (le Comité Spécial d’Insultes et d’Invectives) mis en place par
de soi-disant faucons du Palais va se déchainer mais c’est peine perdue. Rien ne
saurait nous intimider ou nous faire reculer et les sénégalais apprécieront.

Dans exactement 15 mois, le Président Macky Sall quittera le pouvoir, j’espère
dans la paix et la sérénité car il ne sera pas acceptable que des vies soient
perdues, des personnes blessées ou des biens endommagés dans une tentative
de 3ème mandat juridiquement et moralement impossible. Ensuite, le travail que
le Président Macky Sall a accompli à la tête du pays sera poursuivi par celle ou
celui que les sénégalais se seront choisis librement pour présider aux destinées
de notre cher pays.

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Un de vos collègues journaliste disait que je pensais à 2024 chaque fois que
j’attachais mon foulard devant la glace. Laissez-moi vous dire que oui, j’y pense !
J’y pense encore plus intensément, j’y pense très sérieusement. J’irais au
préalable à la rencontre des sénégalais et des sénégalaises recueillir leurs avis et
leur soutien. Donc, je vous reviendrais très prochainement sur la question. Après
tout, ce sont eux, les sénégalais et les sénégalaises qui décident et Dieu bien
évidemment.

Je voudrais terminer en vous disant que je compte rester député à l’Assemblée
nationale pour défendre les intérêts exclusifs du Peuple sénégalais et en toute
liberté. Ainsi, en vertu de l’article 22 du Règlement intérieur de l’Assemblée
nationale qui stipule « Les modifications apportées à la composition d’un
groupe (parlementaire) seront portées à la connaissance du Président de
l’Assemblée nationale, sous la signature du député intéressé s’il s’agit d’une
démission ». J’adresserai donc dès demain une lettre au Président de
l’Assemblée nationale pour l’informer que je me libère du groupe parlementaire
Benno Bokk Yaakaar pour devenir député non-inscrit. Après le C2i, le CMHA
(Comité Mimi hors de l’Assemblée) va se mettre activement en action mais
juridiquement rien, je dis bien rien, ne peut m’exclure de l’Assemblée nationale
où j’aurais l’honneur de représenter nos concitoyens.
Mesdames, Messieurs les journalistes, chers amis venus assister à ce point de
presse je vous remercie pour votre attention et vous donne rendez-vous très
prochainement.

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