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COORDINATION CIVILO-MILITAIRE
DE L'ACTION HUMANITAIRE DE L'ONU
Permettre une assistance adéquate aux populations
qui en ont besoin, au moment opportun et
de la manière la plus appropriée.
Manuel de terrain
de la fonction
UN-CMCoord
(v 1.0)
Formation de base
Sommaire
Introduction ......................................................................... 1
Acronymes .......................................................................149
Figures
Figure 1 : composition d'une équipe humanitaire nationale..............31
Figure 2 : 11 groupes sectoriels mondiaux et agences chefs de file .....32
Figure 3 : encadrement des opérations de maintien
de la paix de l'ONU ...........................................................43
Figure 4: activités de l'OCHA dans les premières 48 heures ............49
Figure 5 : autorité, chaîne de commandement et contrôle
dans le cadre des opérations de maintien
de la paix de l'ONU ...........................................................65
Figure 6 : exemple de structure pour un QG de la force
dans le cadre d'une mission intégrée de maintien de la paix ........ 67
Figure 7 : spectre opérationnel ..........................................................88
Figure 8 : mécanismes de liaison civilo-militaire envisageables .........89
Figure 9 : tâches d'aide humanitaire appropriées
pour les intervenants militaires ..........................................93
Figure 10 : analyse des relations civilo-militaires ...............................104
Figure 11 : exemple de support visuel de l'OCHA pour le suivi
des ressources militaires étrangères
aux Philippines en 2013................................................................113
Figure 12 : exemple de cellule de coordination civilo-militaire
au Mali (2013) ...................................................................133
iv Coordination civilo-militaire de l'aide humanitaire
Tableau
Josef Reiterer,
Responsable de la Section civilo-militaire (CMCS)
du Bureau de la coordination des affaires humani-
taires (OCHA)
Selon le contexte, les interactions entre intervenants humanitaires et militaires
vont de la coopération étroite à la simple coexistence. Le dialogue entre inter-
venants humanitaires et militaires est essentiel à tous les niveaux : il constitue
le fondement même d'une action humanitaire efficace sur le terrain.
Ce Manuel de terrain UN-CMCoord est destiné à servir de guide à tous les
fonctionnaires, agents et référents impliqués dans la coordination civilo-mi-
litaire de l'aide humanitaire dans le cadre des interventions en cas de catas-
trophe naturelle et de situation d'urgence complexe. La version 2015 introduit
d'importantes mises à jour par rapport à la version 2008. Elle met en avant la
compréhension mutuelle ainsi qu'une approche cohérente dans le contexte des
évolutions du cadre institutionnel et de l'environnement opérationnel.
2 Chapitre I : Aide humanitaire
Fonction UN-CMCoord
Les termes clés et les définitions sont indiqués par des encadrés bleus. Vous
trouverez leur liste complète en annexe.
2. Préparation et résilience
En 2014, le Comité permanent interorganisations (CPI) a souligné que l'action
humanitaire, notamment la préparation aux catastrophes, peut être conçue et
mise en œuvre de manière à renforcer la résilience des systèmes et des popula-
tions, c'est-à-dire à les rendre moins vulnérables face aux chocs futurs.
Lorsque les forces armées d'un pays assurent l'intervention de première ligne, elles
doivent idéalement être intégrées aux activités de préparation et de planification.
Lorsque les forces militaires nationales ainsi que des ressources militaires étrangères
sont intégrées dans les plans d'interventions nationaux, il importe que la commu-
nauté humanitaire en tienne compte dans ses propres activités de préparation.
3. Assistance humanitaire
L'objectif de l'assistance humanitaire est de sauver des vies et d'alléger les
souffrances des populations dans le besoin par suite d'une crise humanitaire.
Elle se concentre sur les secours d'urgence (perspective à court terme) et
sur la fourniture des services vitaux de base qui se trouvent perturbés par
suite d'une crise humanitaire. L'assistance humanitaire repose sur les besoins
identifiés et respecte les principes humanitaires d'humanité, d'impartialité,
de neutralité et d'indépendance opérationnelle (voir section I.5).
L'évaluation des besoins doit être indépendante et l'assistance humanitaire
doit être exempte de toute discrimination de quelque nature que ce soit,
qu'il s'agisse de l'origine ethnique, du sexe / genre, de la religion, du statut
social, de la nationalité ou de l'affiliation politique des bénéficiaires.
4. Protection
La protection englobe toutes les activités qui visent à garantir le respect
des droits de l'individu, conformément au droit international des droits de
l'homme, au droit international humanitaire (qui s'applique aux situations de
conflit armé) et au droit des réfugiés (CPI).
Les États assument au premier chef la responsabilité de protéger les popu-
lations qui relèvent de leurs compétences. En situation de catastrophe natu-
relle, les autorités nationales ont pour responsabilité d'apporter assistance
et protection aux personnes touchées. En situation de conflit armé, toutes
les parties au conflit, par exemple, les États et les groupes armés organisés,
doivent respecter et protéger les civils.
La première règle du droit international humanitaire consiste à établir la dis-
tinction entre civils et combattants, et à ne diriger des attaques que contre des
10 Chapitre I : Aide humanitaire
5. Principes humanitaires
Tableau 1 : principes humanitaires
Humanité
La souffrance humaine doit être évitée et allégée partout où elle est rencontrée.
L'objectif de l'action humanitaire est de protéger la vie et la santé des êtres
humains, et de garantir le respect de ces derniers.
Neutralité Impartialité
Les intervenants humanitaires ne L'action humanitaire doit être menée
doivent pas prendre parti dans le cadre sur la seule base des besoins identifiés,
d'hostilités ni s'engager dans des en accordant la priorité aux personnes
controverses de nature politique, ra- qui se trouvent dans la plus grande dé-
ciale, religieuse ou idéologique. tresse et en ne faisant aucune distinc-
tion fondée sur la nationalité, l'origine
ethnique, le genre, les croyances reli-
gieuses, le statut social ou les opinions
politiques.
Indépendance opérationnelle
L'action humanitaire doit être autonome par rapport aux objectifs politiques,
économiques, militaires et autres poursuivis par qui que ce soit dans les terri-
toires où cette action humanitaire est nécessaire.
Le travail de la fonction CMCoord doit être guidé par les principes humani-
taires et celle-ci joue un rôle crucial dans leur défense et leur respect. Ceci
implique notamment de sensibiliser les forces militaires (i) aux principes hu-
manitaires, (ii) aux préoccupations clés des intervenants humanitaires vis-à-
vis des forces militaires et (iii) à la nécessité d'une approche cohérente des
interactions de la communauté humanitaire avec les forces militaires.
Il est crucial pour les intervenants humanitaires de conserver leur indépen-
dance vis-à-vis des objectifs politiques et militaires. Pour être effectivement
perçus comme distincts des forces militaires et de leurs objectifs, une certaine
distance physique peut s'avérer nécessaire dans certains contextes. Dans le
même temps, porter assistance aux populations dans le besoin peut le cas
échéant nécessiter l'appui des forces militaires : cela ne doit toutefois jamais
nuire à l'indépendance opérationnelle de la communauté humanitaire.
7. Environnement opérationnel
humanitaire
La notion d'accès humanitaire fait référence à la capacité pour les intervenants hu-
manitaires d'atteindre les populations touchées par une situation de crise ainsi qu'à
la capacité des populations touchées d'accéder à l'aide et aux services humani-
taires. Un accès humanitaire continu et efficace implique que toutes les populations
touchées peuvent être atteintes et peuvent bénéficier de l'aide humanitaire sans
aucune condition d'allégeance ou d'appui à des parties impliquées dans un conflit
et indépendamment de toute action politique, militaire ou autre.
Disposer d'un accès à toutes les populations et zones touchées requiert la négo-
ciation de cet accès avec toutes les parties concernées. Une attention particu-
lière doit également être accordée à la garantie de la durabilité de cet accès. La
capacité des intervenants humanitaires à établir et maintenir l'accès humanitaire
est liée au respect des principes humanitaires. La garantie de l'accès humani-
taire constitue un élément important dans la défense de la cause humanitaire.
Cette garantie de l'accès humanitaire peut occuper une place importante dans
le travail de coordination civilo-militaire ; celui-ci ne s'y limite toutefois pas. Il se
peut également que les intervenants humanitaires aient à demander un soutien
politique afin de créer / renforcer les conditions favorables à l'action humanitaire.
La coordination avec les forces militaires doit être envisagée dans la mesure
où elle facilite et appuie, et non entrave, l'accès humanitaire. La négociation de
l'accès humanitaire vise à garantir une assistance et une protection à toutes les
populations touchées, à préserver l'environnement opérationnel humanitaire et
à améliorer le respect du droit international. Pour ce faire, il peut être nécessaire
de mettre en place des dispositions spécifiques avec les parties concernées. Ces
dispositions peuvent porter sur la coordination pacifique des opérations mili-
taires et humanitaires dans une zone, la sécurisation d'une zone par les forces
de sécurité, ou encore la mise en place de trêves humanitaires ou de systèmes
permettant un passage sans entrave aux postes de contrôle.
Dans les environnements à haut risque, les mesures de sécurité requises,
par exemple, les contrôles dans les aéroports et les postes de contrôle rou-
tiers, peuvent ralentir les convois et l'aide humanitaires. Les restrictions et
les entraves à l'accès humanitaire peuvent être minimisées ou évitées sans
compromettre les efforts de sécurisation.
18 Chapitre I : Aide humanitaire
entre leurs missions deviennent très difficiles à maintenir, même lorsque les inter-
venants humanitaires ne coopèrent pas directement avec les forces militaires. Il
incombe donc tant aux intervenants humanitaires que militaires de maintenir une
distinction claire entre leurs missions respectives, en particulier dans les situations
d'urgence complexes. Les membres du personnel militaire doivent veiller à ne pas
se présenter comme des travailleurs humanitaires et inversement : chacun doit
clairement indiquer qui il est et la nature de sa mission.
• La population locale avaient accouru vers la zone, alertée soit par le son
des hélicoptères, soit par le bouche-à-oreille. De nombreuses personnes
furent blessées par la cargaison alors qu'elles accouraient pour recevoir de
l'aide et n'avaient aucun accès à des soins médicaux.
• L'équipage de l'hélicoptère ne resta pas sur place et ne géra pas la distribution.
Les résidents locaux les plus valides s'accaparèrent donc l'aide humanitaire tan-
dis que les plus faibles, le plus souvent des femmes, des enfants, des malades,
des personnes handicapées et des personnes âgées, ne reçurent rien du tout.
• Ignorant si les hélicoptères allaient revenir, et si oui, quand, la population déci-
da de camper sur place afin d'attendre la prochaine distribution. Ce genre de
situation peut rendre les sites d'atterrissage dangereux et donner lieu à toutes
sortes de crimes, y compris des viols et des enlèvements.
• Au retour des hélicoptères, la population tenta d'y pénétrer, menaça
les équipages et dans les pires scénarios, la situation se termina par des
émeutes, et des personnes furent tuées par les forces de sécurité ou par les
équipages des hélicoptères en situation de légitime défense.
• De plus, les hélicoptères apportèrent des produits qui n'étaient pas néces-
sairement requis, par exemple, de l'eau en bouteille plutôt que de la nour-
riture alors que le réseau de distribution de l'eau n'avait pas été touché et
que la nourriture manquait. Les bouteilles vides causèrent par ailleurs un
problème de gestion des déchets.
• Dans les cas où les marchés locaux proposaient du matériel en suffisance,
les vendeurs locaux subirent des pertes importantes par suite du matériel
gratuit apporté par l'aide humanitaire.
• Les opérations furent suspendues sans notification préalable, ne laissant
ainsi aucune marge de manœuvre pour l'identification d'autres sources
d'approvisionnement et laissant la population non seulement dans le be-
soin mais de plus consternée.
2. Coordination humanitaire
à l'échelon mondial
Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et responsable de
l'OCHA est également le coordonnateur des secours d'urgence. À ce titre,
il coordonne l'action de la communauté humanitaire au-delà du système de
l'ONU et en est le porte-parole.
Le coordonnateur des secours d'urgence préside le CPI. La plupart des ou-
tils de coordination humanitaire et de nombreuses directives humanitaires
sont développés à l'échelon mondial via le CPI.
La communauté humanitaire englobe de nombreux intervenants aux mis-
sions légales variées, y compris des entités qui ne relèvent pas de l'ONU.
Les mécanismes de coordination humanitaire reposent par conséquent sur
des accords qui visent à garantir une action prévisible et fiable des différents
partenaires, à éviter les lacunes et les redondances, à améliorer la qualité
et la rapidité de l'intervention, et à établir des liens entre les différentes
ressources.
28 Chapitre II : Coordination de l'aide humanitaire
Organisation mondiale de la
Banque mondiale
santé (OMS)
3. Coordination humanitaire
à l'échelon national
En savoir
plus ! Handbook for RCs and HCs on Emergency Preparedness and Response
Lorsqu'une mission de l'ONU est déployée dans un pays, le plus haut représen-
tant de l'ONU est le représentant spécial du Secrétaire général. En pareil cas,
le coordonnateur résident sera le plus souvent le représentant spécial adjoint
du Secrétaire général et rapportera à la fois au responsable du PNUD et au re-
présentant spécial du Secrétaire général. Hormis les casquettes de représentant
spécial adjoint du Secrétaire général et de coordonnateur résident, un agent
sera de plus fréquemment désigné comme coordonnateur humanitaire et por-
tera donc une triple casquette. Cette approche organisationnelle existe depuis
l'intégration des missions de l'ONU en 2008 et peut présenter certains défis.
Le représentant spécial adjoint du Secrétaire général rapporte au représentant
spécial du Secrétaire général, qui est responsable de l'ensemble des activités de
l'ONU vis-à-vis du Secrétaire général, notamment des opérations de maintien
de la paix. Le coordonnateur humanitaire préside l'équipe humanitaire natio-
nale, dont font partie de nombreuses ONG, et rapporte au coordonnateur des
secours d'urgence, tandis que le coordonnateur résident préside l'équipe natio-
nale de l'ONU et rapporte au responsable du PNUD. L'équipe humanitaire na-
tionale et les ONG opèrent fréquemment de manière indépendante et distincte
du mandat de la mission de l'ONU. En fonction du contexte, il peut être décidé
de maintenir la séparation avec la fonction de coordonnateur humanitaire et de
ne pas l'intégrer à la mission de l'ONU.
30 Chapitre II : Coordination de l'aide humanitaire
Groupes sectoriels
32 Chapitre II : Coordination de l'aide humanitaire
Télécommunications
en situation
d'urgence
PAM Nutrition
Unicef
Reconstruction
Prévention
Éducation Coordonnateur
Unicef et Save
the Children des secours Protection
UNHCR
d'urgence et de
l'aide humanitaire
Redressement
précoce
Logement
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PNUD
FISCR / UNHCR
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camps et hygiène
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Catastrophes
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 33
L'activation d'un groupe sectoriel est limitée dans le temps, pour une durée
convenue par le coordonnateur humanitaire et l'équipe nationale humanitaire en
coordination avec le gouvernement du pays concerné, et fait l'objet d'une appro-
bation au niveau mondial via le coordonnateur des secours d'urgence et le CPI.
Module de référence sur la coordination des groupes sectoriels à
l'échelon national
En savoir
plus !
Pour en savoir plus sur le système des groupes sectoriels,
notamment dans des pays spécifiques, veuillez consulter le site
http://www.humanitarianresponse.info.
5.2 UNHCR
5.4 ONG
De nombreuses ONG coordonnent leur travail avec celui de la communauté
humanitaire internationale via le système des groupes sectoriels et d'autres
mécanismes de coordination. À l'échelon national, elles sont fréquemment
représentées par des consortiums d'ONG nationaux ou internationaux.
38 Chapitre II : Coordination de l'aide humanitaire
Certaines grandes ONG ainsi que les consortiums d'ONG possèdent leurs
propres lignes directrices et politiques concernant les interactions éven-
tuelles avec les forces militaires et leurs modalités.
Les mandats du GNUD sont définis par l'Assemblée générale et par le Conseil
économique et social (ECOSOC). Le GNUD est présidé par l'administrateur
du PNUD, qui rapporte au Secrétaire général et au CCS. Le Bureau de coordi-
nation des activités de développement (DOCO) de l'ONU est l'unité d'appui
technique du GNUD.
À l'échelon national, les agents de l'ONU en charge du développement forment
une équipe nationale présidée par le coordonnateur résident. Le coordonna-
teur résident est le représentant désigné du Secrétaire général de l'ONU pour
les opérations de développement. En l'absence d'un représentant spécial du Se-
crétaire général, il est aussi le plus haut représentant de l'ONU au sein d'un pays.
Chaque équipe nationale de l'ONU assume le rôle de forum de coordination in-
terorganisations, avec pour principal objectif la planification du travail et la col-
laboration en vue du développement. Chaque équipe nationale de l'ONU se
compose d'agences de l'ONU menant des activités opérationnelles de dévelop-
pement, de relèvement et de transition ainsi que des opérations de secours en si-
tuation d'urgence. Par conséquent, les agences de l'ONU membres d'une équipe
humanitaire nationale sont également membres de l'équipe nationale de l'ONU.
Le Plan-cadre des Nations unies pour l'aide au développement (UNDAF) est
le cadre stratégique dans lequel s'inscrit le travail des équipes nationales de
l'ONU. Il décrit l'intervention collective des équipes nationales de l'ONU face
aux priorités définies par la stratégie de développement d'un pays. Le GNUD a
de plus récemment approuvé des procédures opérationnelles standardisées ap-
plicables aux pays ayant adopté l'approche « Unis dans l'action », qui réunissent
des recommandations et des outils destinés à appuyer le travail des coordonna-
teurs résidents et des équipes nationales de l'ONU dans les domaines de la pro-
grammation conjointe, de la mise en œuvre, du reporting, de la budgétisation,
du leadership, de la gestion et de la communication.
7. Missions de l'ONU
des différends internationaux découlent du chapitre VI, tandis que les dispositions
du chapitre VII couvrent l'Action en cas de menace contre la paix, de rupture de
la paix et d'acte d'agression. Le chapitre VIII couvre les accords et agences régio-
naux qui visent le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le Secrétaire général de l'ONU remplit également une série de bons offices
par l'entremise d'envoyés et de conseillers spéciaux en vue de la résolution
de différends ou de la mise en œuvre d'autres mandats de l'ONU. La mission
de ces envoyés et conseillers spéciaux peut concerner un pays ou une matière
spécifique. Le recours à des missions politiques, des bureaux de consolidation
de la paix, des envoyés et des conseillers est autorisé par le Conseil de sécurité
ou l'Assemblée générale.
Toutes les missions politiques spécialisées ne sont pas encadrées par le DAP.
Des dispositions différentes peuvent être prises pour des missions haute-
ment spécialisées, par exemple, la mission conjointe de l'Organisation pour
l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et du Programme des Nations
unies pour l'élimination des armes chimiques de la République arabe sy-
rienne, ou la mission de l'ONU pour la lutte contre le virus Ebola (UNMEER).
Les missions d'appui sur le terrain sont encadrées par le Département de
l'appui aux missions (DAM) de l'ONU.
Les missions politiques peuvent être dotées de personnel militaire, par
exemple, des observateurs militaires ou des vigiles.
42 Chapitre II : Coordination de l'aide humanitaire
Les mandats définis par les résolutions du Conseil de sécurité ainsi que les
tâches définies sont spécifiques à chaque situation et dépendent de la nature
du conflit. Traditionnellement, les opérations de maintien de la paix de l'ONU
étaient déployées afin d'appuyer un processus politique, par exemple, la mise
en œuvre d'un cessez-le-feu ou d'un accord de paix. Au cours des dernières
décennies, la nature et les caractéristiques des conflits ont évolué et le travail
réalisé par les opérations de maintien de la paix s'est significativement élargi.
Le recours à de telles opérations est devenu plus fréquent dans le contexte de
conflits armés non internationaux et de guerres civiles, qui sont fréquemment
caractérisés par une multitude d'intervenants (armés) et d'objectifs politiques.
Représentant spécial
adjoint du Secrétaire Représentant Chef de la
général / Coordonnat- spécial adjoint Commandant Chef de l'appui
eur résident composante aux missions
( / Coordonnateur
du Secrétaire de la Force
humanitaire) général policière
Affaires civiles de l'ONU : les agents des affaires civiles sont des Casques bleus civils
habituellement déployés à l'échelon infranational, où ils assurent la liaison entre la
mission de l'ONU et les autorités et collectivités locales. Les affaires civiles visent
à renforcer les conditions sociales et civiles requises pour la consolidation d'un
processus de paix. Cette tâche peut largement recouper les activités humanitaires
et de développement, bien que l'objectif global soit toujours de contribuer au
processus de paix et que les actions menées soient liées au mandat de la mission.
Les agents des affaires civiles interviennent dans la plupart des opérations de
maintien de la paix encadrées par le DOMP et sont également régulièrement
déployés dans le cadre des opérations politiques encadrées par le DAP.
En savoir
plus ! Manuel des affaires civiles
8.1 UNDAC
Le coordonnateur résident et le gouvernement d'un État confronté à une
situation de crise peuvent demander le déploiement d'une équipe du mé-
canisme d'Évaluation et de coordination en cas de catastrophe (UNDAC)
des Nations unies afin d'évaluer les conséquences humanitaires d'une ca-
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 49
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En cas d'activation du niveau L3, les organismes membres du CPI sont te-
nus de garantir la mise en place des systèmes adéquats et de mobiliser des
ressources d'intervention conformément à leurs mandats, à leurs responsa-
bilités en tant qu'agence chef de file et aux engagements pris dans le cadre
d'une déclaration stratégique.
L'activation du niveau L3 déclenche automatiquement certaines mesures.
Encadrement : mise en place d'une équipe humanitaire nationale, déploiement
d'un coordonnateur humanitaire (selon les différents modèles décrits plus haut),
activation d'un encadrement autonomisé et activation de groupes sectoriels.
Mobilisation de renforts d'urgence : déploiement sans tarder de l'équipe
principale ainsi que d'autres moyens et compétences spécifiques au
contexte, notamment de la fonction CMCoord.
Cycle d'un programme humanitaire : conduite immédiate d'une évaluation ra-
pide initiale MIRA (Multi-Sector Initial Rapid Assessment), plus particulièrement
définition d'un scénario préliminaire, et élaboration d'une déclaration stratégique
dans les cinq jours de la crise par le coordonnateur humanitaire et l'équipe hu-
manitaire nationale ; appel éclair (à développer dans les 7 à 10 jours) et plans
d'intervention respectifs des groupes sectoriels ; et affectation initiale immédiate
de 10 à 20 millions de dollars à partir du Fonds central d'intervention d'urgence.
1.2 Commandant
L'officier portant le grade le plus élevé d'une unité est affecté légalement au
poste de commandant. En vertu du droit international, des règles de la Cour
pénale internationale et de l'État de droit, il pourra être tenu légalement
responsable des actions du personnel sous son commandement.
Dans de nombreuses chaînes de commandement, un chef d'état-major
exercera une influence significative au nom et avec l'autorité du comman-
dant et de l'unité. Le chef d'état-major est chargé de coordonner et de gérer
les activités des sections d'une unité ou d'une formation, et entretient géné-
ralement des contacts réguliers avec le commandant.
En savoir
plus !
Manuel de Sanremo sur les règles d'engagement
Quel que soit le pays, les forces militaires ont une structure hiérarchique et
une chaîne de commandement parfaitement claires. Bien qu'il existe des
similitudes, les forces militaires de chaque pays possèdent leurs spécificités
en termes de structure des grades, ainsi que leurs propres insignes et uni-
formes, qui indiquent le grade ainsi que la branche / unité / spécialisation
militaire. Quatre catégories générales de grades existent dans la plupart des
structures militaires :
• Les officiers, qui occupent une position d'autorité légale et exercent
le commandement et le contrôle sur leurs subordonnés. Leur auto-
rité leur est directement conférée par un pouvoir souverain et leurs
devoirs et responsabilités découlent de leur fonction spécifique.
• Les adjudants, que l'on retrouve dans certaines forces armées entre le
grade d'officier et celui de sous-officier. Les adjudants n'occupent pas une
fonction légale et n'ont aucune autorité de commandement mais sont
habituellement des experts qui possèdent une importante ancienneté.
• Les sous-officiers, qui sont des membres du personnel subalterne
ayant reçu une promotion (par exemple, caporal ou sergent) et qui
possèdent une autorité fonctionnelle sur leurs subordonnés.
• Le personnel subalterne forme la majorité du personnel militaire et
exécute différentes tâches en fonction de son domaine de spécialité.
De nombreuses forces militaires peuvent intervenir dans le cadre des opéra-
tions humanitaires, chacune possédant ses propres grades, insignes et uni-
formes. L'agent CMCoord doit prendre le temps de comprendre la structure
des grades des forces militaires avec lesquelles il est en liaison, et apprendre
à reconnaître le grade militaire de ses interlocuteurs grâce aux uniformes et
insignes portés par ces derniers.
Voici une liste des grades d'officiers courants dans les pays anglophones.
D'autres pays peuvent par exemple avoir un moins grand nombre de grades
d'officiers généraux (et d'amiraux), un grade supplémentaire au niveau O/
OF2, des grades supplémentaires d'officiers subalternes, et présenter bien
d'autres variations. Bien qu'il existe de nombreuses variations entre les forces
militaires, ce cadre général s'appliquera à la plupart des forces militaires qui
s'appuient sur des structures européennes ou américaines.
nelle militaire sur le terrain. Celle-ci peut inclure des lignes de comman-
dement sectorielles subordonnées, en fonction des besoins. Cette chaîne
de commandement est établie à travers un cadre de commandement de
terrain et est habituellement structurée comme suit : chef de la composante
militaire – division – brigade / section – bataillon – compagnie – sous-unités.
Le chef de la composante militaire place ainsi les unités militaires sous le contrôle
tactique des commandants militaires de la chaîne de commandement opéra-
tionnelle. Le chef de la composante militaire établit des rapports techniques et
entretient une communication avec le conseiller militaire du DOMP au siège
de l'ONU. Ces rapports techniques ne doivent pas contourner ni court-circuiter
la chaîne de commandement entre le secrétaire général adjoint aux opérations
de maintien de la paix et le chef de mission, ni interférer avec les décisions prises
par le chef de mission conformément aux lignes politiques définies.
Conseil de sécurité
Secrétaire général
Secrétariat de l'ONU
Stratégique
q
que Secrétaire général adjoint aux
opérations de maintien de la paix
Chef de mission
QG de mission et équipe
Opérationnel
n
nnel de direction
Chefs des
composantes
Tactique
q
que Unités civiles
Protocole Personnel
En savoir
plus ! Dix règles du code de conduite personnelle des Casques bleus
Le rôle des forces militaires nationales est défini dans la législation nationale ainsi
que dans les plans nationaux de gestion des catastrophes et d'intervention. Ces
dernières années, de nombreux pays ont développé une approche plus com-
plète de la gestion des catastrophes, qui intègre la préparation aux catastrophes
et la prévention plutôt que de se concentrer uniquement sur l'intervention une
fois les catastrophes survenues. Cette évolution a fréquemment découlé du pas-
sage d'autorités militaires à des autorités civiles dans ce domaine.
Les rôles respectifs des forces militaires et des autorités civiles en matière d'interven-
tion varient d'un pays à l'autre : les unes peuvent assurer l'encadrement des autres
et inversement. Les intervenants militaires peuvent être plus ou moins impliqués
dans la préparation aux catastrophes et la réduction des risques. Les formations
conjointes et le travail de liaison durant la phase de préparation sont cruciaux afin
de garantir une coordination harmonieuse de l'intervention face à une catastrophe.
Lorsque des forces militaires déjà déployées dans une région à d'autres fins s'en-
gagent dans un appui bilatéral face à une catastrophe, les lignes directrices de
la fonction CMCoord y font référence en tant qu'« autres forces déployées ».
Le personnel, les équipements, les approvisionnements et les services four-
nis par les organisations militaires et de défense / protection civile étran-
gères afin d'appuyer l'aide humanitaire internationale sont appelées « res-
sources militaires et de protection civile ». En l'absence d'un accord sur le
statut des forces, les Directives sur l’utilisation des ressources militaires et de
protection civile étrangères dans le cadre des opérations de secours en cas
de catastrophe (Directives d'Oslo) fournissent un modèle d'accord qui peut
servir de guide pour la rédaction d'accords spécifiques.
Dans la plupart des cas, les ressources militaires et de protection civile sont
mises à disposition sur une base bilatérale. Le rôle de l'agent CMCoord a
évolué de la coordination des ressources militaires et de protection civile de
l'ONU à la prise en compte des ressources militaires et de protection civile
ainsi que des autres forces déployées, et l'établissement d'un dialogue et de
mécanismes de coordination de leur action avec l'intervention humanitaire.
Bien que les opérations d'assistance directe ne doivent être menées par des
intervenants militaires qu'en dernier recours et uniquement in extremis, les
intervenants humanitaires doivent avoir conscience de l'obligation légale
des intervenants militaires de fournir les vivres et le matériel vitaux lorsqu'au-
cune autre autorité politique ni aucun intervenant humanitaire n'a accès aux
populations concernées ou n'est en mesure d'apporter l'assistance requise.
Il est critique de disposer de plans humanitaires prévoyant ce type de situation
et définissant notamment les modalités de coordination avec les intervenants
militaires pertinents et le rôle précis à jouer par les forces militaires (ce qu'elles
doivent faire et ne pas faire), et de développer un plan de transition rapide.
En savoir
Consulter la politique du DOMP sur les projets à impact
plus ! rapide pour des consignes supplémentaires permettant leur
coordination efficace.
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 75
5. Coordination civilo-militaire
Comme expliqué plus haut, les forces militaires peuvent être amenées à
coordonner leur travail avec des intervenants civils pour différentes raisons.
Différentes formulations sont employées : coopération civilo-militaire (CI-
MIC, Civil-Military Cooperation), coopération et coordination civilo-militaires
(CMCO, Civil-Military Cooperation and Coordination, UE), interactions ci-
vilo-militaires (CMI, Civil-Military Interaction, OTAN), opérations civilo-mili-
taires (CMO, Civil-Military Operations), affaires civiles, etc.
Au sein de l'ONU, de l'OTAN et de nombreuses forces militaires nationales, la
notion de coopération civilo-militaire (CIMIC) fait référence aux fonctions et res-
sources militaires qui facilitent le dialogue et la coopération avec les intervenants
civils. Il s'agit d'une fonction d'appui des missions militaires. Les capacités qui
permettent de conduire des opérations d'assistance (CIMIC ou opérations civi-
lo-militaires) peuvent exister au sein d'autres composantes d'une force militaire ou
exister au sein même d'une unité CIMIC (ingénieurs, spécialistes, etc.).
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plus !
NATO CIMIC Doctrine
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UN-CIMIC policy
La fonction CMCoord recouvre une notion plus large, à savoir les modalités
selon lesquelles la communauté humanitaire doit interagir avec les interve-
nants militaires afin de préserver les principes humanitaires. Afin de souli-
gner le fait que le dialogue et les interactions civilo-militaires ne doivent pas
se limiter à la fonction CIMIC et aux activités d'appui de la mission militaire,
certaines forces militaires utilisent la notion d'interactions civilo-militaires.
L'OTAN utilise les notions de fonction CIMIC et d'interactions civilo-mili-
taires, ces dernières étant définies comme un ensemble d'activités reposant
sur la communication, la planification et la coordination, que l'ensemble des
organes militaires de l'OTAN partagent et utilisent avec les intervenants non
militaires internationaux et nationaux, tant dans le cadre de la préparation
des opérations de l'OTAN que durant celles-ci, et qui renforcent l'efficacité
et l'efficience des interventions respectives des intervenants susvisés face
aux situations de crise.
Chapitre IV : Concepts clés de la fonction
UN-CMCoord
Lorsque des intervenants humanitaires et militaires sont simultanément pré-
sents, ils seront inévitablement appelés à avoir certains contacts et à définir
certaines limites. L'ampleur et la nature des recoupements de leurs interven-
tions respectives seront partiellement déterminées par le contexte mais sur-
tout par les stratégies des différents intervenants. Les intervenants militaires
et humanitaires possèdent leurs propres stratégies pour l'établissement du
dialogue requis afin d'éviter les interférences et favoriser les synergies.
Celles-ci vont de la coopération (appui mutuel) à la coordinationdes acti-
vités, et peuvent se limiter à un dialogue minimal mais néanmoins critique
pour la coordination pacifique des opérations des intervenants humani-
taires et militaires durant les hostilités.
Certains concepts militaires ont été abordés au chapitre III. Ce chapitre IV
expose l'approche générale adoptée par l'ONU vis-à-vis de la fonction CM-
Coord. Il passe principalement en revue les lignes directrices essentielles et
les formations. Les orientations spécifiques sur la conduite proprement dite
de la fonction CMCoord sont détaillées aux chapitres V et VI.
✔ Définition et évolution de la fonction CMCoord
✔ Considérations clés et principales lignes directrices, notamment
les Directives d'Oslo et les « Directives et références civiles-mili-
taires pour les situations d’urgence complexes » , recours à des
escortes armées et lignes directrices nationales.
✔ Évaluation du contexte pour une prise de décision informée
concernant la stratégie de base (de la coopération à la simple
coexistence) et les mécanismes de liaison correspondants.
✔ Éléments clés de la fonction CMCoord : partage des informations,
planification et répartition des tâches.
✔ Cinq principales tâches de la fonction CMCoord
✔ Rôle des différents intervenants dans la fonction CMCoord, en tant
que responsabilité partagée.
1. Coordination civilo-militaire de
l'aide humanitaire
La fonction CMCoord telle qu'elle s'entend aujourd'hui recouvre tous les
aspects du dialogue et des interactions civilo-militaires requis afin d'harmo-
niser l'action menée et défendre le respect des principes humanitaires. L'ac-
cent est mis sur l'appui que les forces militaires peuvent apporter aux in-
tervenants humanitaires dans la conduite de leur mission humanitaire, plus
particulièrement en matière de sécurité.
78 Chapitre IV : Concepts clés de la fonction UN-CMCoord
En savoir
plus ! Directives d'Oslo
Expliquer la valeur ajoutée apportée par les lignes directrices dans la pro-
motion de la fonction CMCoord en tant que responsabilité partagée et
❏
dans la promotion des principes humanitaires, avec pour résultat final une
aide et des services plus efficaces aux populations touchées.
❏ Veiller à consulter les intervenants nationaux et militaires.
En savoir
plus ! Voir chapitres V et VI, ainsi que ce guide étape par étape.
3. Évaluation de l'environnement
civilo-militaire
Les bureaux de l'OCHA doivent faciliter la compréhension de la situation civi-
lo-militaire d'un pays par la communauté humanitaire. Une évaluation CMCoord
peut être menée soit par un agent ou référent CMCoord, soit avec l'appui de
bureaux régionaux ou de la Section civilo-militaire de l'OCHA (le cas échéant
grâce aux réserves de renforts d'urgence).
Il est conseillé de débuter l'évaluation dès que possible. Il s'agit d'une procé-
dure continue et non ponctuelle. Un suivi et une analyse continus de la situa-
tion sont requis, à plus forte raison dans les environnements dynamiques et
instables, afin de maintenir une évaluation à jour et pertinente. Il est critique
de veiller à une parfaite compréhension de l'environnement opérationnel ci-
vilo-militaire dès le déploiement et de poursuivre avec des mises à jour régu-
lières et des révisions de l'évaluation, en fonction de l'évolution du contexte.
L'évaluation fait partie d'un processus structuré qui constitue le fondement
de trois produits distincts de la fonction CMCoord :
• La stratégie et le plan d'action CMCoord
• La structure et les mécanismes CMCoord
• Les lignes directrices nationales CMCoord
La procédure d'évaluation est conçue pour permettre à l'agent ou le réfé-
rent CMCoord de prendre des décisions éclairées et de fournir des conseils
judicieux à la communauté humanitaire concernant les modes d'interaction
avec les intervenants militaires qui permettent de ne pas compromettre les
principes humanitaires.
❏
Stratégie CMCoord de partage des informations, de diffusion et de
reporting.
❏
Capacité d'appuyer le respect des principes humanitaires lors des inte-
ractions avec les forces militaires.
Préservation de l'espace humanitaire grâce à des formations couvrant
❏
les politiques et lignes directrices CMCoord existantes et la publica-
tion de lignes directrices nationales approuvées à la fois par les inter-
venants humanitaires et militaires.
❏ Base de données des contacts CMCoord.
❏ Tableau des intervenants CMCoord impliqués.
❏ Stratégie et plan d'action CMCoord.
5. Mécanismes de liaison
La stratégie adoptée vient s'ajouter aux résultats de l'évaluation pour déter-
miner les mécanismes de liaison à mettre en place.
Co-implantation : face à une catastrophe naturelle en temps de paix ou
dans tout autre contexte où une stratégie de coopération est adoptée, le
plus simple est d'implanter les intervenants humanitaires et militaires au sein
d'une seule et même structure opérationnelle de coordination. Ceci permet
des interactions et une communication en temps réel avec un faible impact
organisationnel et technique. Traditionnellement, les forces militaires pré-
fèrent ce type d'interactions avec les intervenants humanitaires.
Échange d'officiers de liaison : la co-implantation peut être impossible pour
des raisons logistiques (par exemple, espace limité des installations ou locali-
sations géographiques) ou de sécurité (par exemple, lorsque les intervenants
militaires risquent d'être pris pour cibles ou utilisent des mesures de dissua-
sion pour leur protection). Il se peut également que la co-implantation ne
soit pas souhaitée, afin de maintenir une distinction claire entre intervenants
civils et militaires. En pareil cas, l'échange d'officiers de liaison peut être
plus approprié. Il s'agit d'une pratique courante à l'échelon mondial (par
exemple, échanges de personnel entre l'UNHCR et le DOMP, ou échanges
de conseillers militaires entre des ambassades et des missions politiques).
En contexte opérationnel, la désignation permanente ou temporaire d'officiers
de liaison peut être difficile et, selon la portée de l'interaction, ne pas être re-
quise. Dans ce cas, l'échange d'officiers de liaison s'effectuera au cas par cas.
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 89
dont ils ont besoin et à quelles fins, ainsi que de l'utilisation qui en est prévue. Il
convient d'éviter de dépendre des forces militaires afin d'être informé de données
dont la connaissance est urgente et qui n'ont pas été communiquées jusque-là.
Lors de la demande de données ou d'informations, il convient d'indiquer le ré-
sultat escompté plutôt que de simplement les demander sans autre explication.
Par exemple, les images des couloirs de montagne sont utiles aux intervenants
humanitaires afin de déterminer quand ces couloirs sont susceptibles d'être fer-
més. Plutôt que de demander des images, demandez des prévisions sur la fer-
meture des couloirs ou leur éventuelle inaccessibilité pour un mode de transport
spécifique. Dans certains cas, des données brutes sont requises pour l'analyse
de la situation humanitaire. En effet, les analyses de données réalisées par les
forces militaires concernant les problèmes médicaux rencontrés risquent de ne
pas être ventilées de manière adéquate pour l'évaluation des besoins humani-
taires voire d'omettre certains détails. Efforcez-vous de régulièrement obtenir
l'accès à des données brutes et à des analyses.
Outils de communication
Une méthode de travail efficace développée par les agents CMCoord ces der-
nières années est l'élaboration et la distribution de fiches aide-mémoire. Les res-
sources de formation au sein d'un pays peuvent être limitées et les formations
avant déploiement ne prennent pas toujours en compte les considérations huma-
nitaires. C'est pourquoi il peut être utile de distribuer des fiches, qui reprennent
les principaux messages humanitaires de manière concise et compréhensible.
Ces fiches peuvent reprendre :
• les principes humanitaires ;
• des considérations clés spécifiques au contexte pour les interactions civilo-
militaires ;
• des messages clés afin de « Ne pas faire de tort » au sein des collectivités ;
• les points d'un mandat pertinents pour l'interaction avec les intervenants
humanitaires (sécurisation de zones, protection des civils et travail d'assistance) ;
• certaines règles de base pour le dialogue avec les intervenants
humanitaires ;
• les besoins en termes d'information et les informations disponibles auprès
des intervenants humanitaires ; et
• les coordonnées de différents intervenants.
92 Chapitre IV : Concepts clés de la fonction UN-CMCoord
Pour la plupart des urgences humanitaires, un espace Internet est créé sur le site
http://www.humanitarianresponse.info/home. Ce site Internet est réservé à l'échange
d'informations opérationnelles dans le cadre des interventions. Il reprend toute infor-
mation utile, par exemple, des rapports sur la situation, des cartes, des évaluations,
des procès-verbaux de réunions, les dates et les lieux des réunions, ou encore les
coordonnées des organisations et des membres du personnel (par exemple, des
coordonnateurs de groupes sectoriels). Il arrive souvent que les officiers militaires
n'aient pas connaissance de ces sources d'informations ouvertes à tous. Il est cru-
cial pour un agent CMCoord d'utiliser ces ressources. Celui-ci est par ailleurs habi-
lité à créer un espace où les informations pertinentes peuvent être partagées, par
exemple, les coordonnées des différents intervenants, les lignes directrices, le plan-
ning des réunions de coordination et d'autres informations opérationnelles.
Centre virtuel de coordination des opérations (V-OSOCC) : le Centre virtuel de
coordination des opérations est particulièrement important dans les premières heures
et les premiers jours d'une intervention. Les équipes UNDAC s'en servent pour com-
muniquer toute information utile et toutes les coordonnées des intervenants perti-
nents y sont automatiquement affichées. Un compte utilisateur est nécessaire.
ReliefWeb.int : ce site reprend des rapports et des recherches de la commu-
nauté humanitaire internationale.
Appli Humanitarian Kiosk : cette appli pour téléphones et tablettes tient l'uti-
lisateur informé des derniers documents clés pour les situations d'urgence sé-
lectionnées. Les documents sont ensuite disponibles hors-ligne.
Humanitarian ID est une appli de gestion des contacts destinée à tous les travail-
leurs humanitaires qui interviennent dans une situation de crise ou en cas de ca-
tastrophe. Les intervenants peuvent se connecter pour une crise donnée et fournir
leurs coordonnées locales, et ensuite se déconnecter en supprimant toutes les
coordonnées fournies. Ceci permet à chaque intervenant d'accéder aux coordon-
nées des autres entités et facilite la coordination. N'oubliez pas de vous connecter
afin de signaler votre présence et encouragez les principaux intervenants militaires
à faire de même. Lors de leur départ, les utilisateurs peuvent se déconnecter : ils
sont alors supprimés de la liste des contacts actifs pour la catastrophe considérée.
Appui aux
infrastructures Oui Oui
La visibilité des tâches diminue
94 Chapitre IV : Concepts clés de la fonction UN-CMCoord
6.3 Planification
Les processus de planification militaires et humanitaires sont très différents,
notamment en termes de calendrier. La planification humanitaire varie se-
lon la phase d'une situation d'urgence. La fonction CMCoord doit identifier
les informations requises afin d'éclairer les différents processus de planifica-
tion (idéalement largement à l'avance) et établir les conditions préalables et
les mécanismes permettant l'échange de ces informations. Une perception
commune de la situation opérationnelle (qui fait quoi, où et jusqu'à quand)
est cruciale afin d'éviter les redondances et maximiser l'efficacité de l'aide.
Les mécanismes de coordinations doivent établir comment les intervenants
militaires et les informations obtenues auprès de sources militaires sont inclus
dans le processus de planification humanitaire, c'est-à-dire dans les évaluations
rapides initiales MIRA (Multi-Sector Initial Rapid Assessment), dans l'élaboration
de déclarations stratégiques, dans la coordination avec et entre les groupes
sectoriels et dans les étapes suivantes du cycle d'un programme humanitaire.
7.1 OCHA
La fonction CMCoord fait partie intégrante de la fonction de coordination de
l'OCHA. Les directives générales correspondantes de l'OCHA soulignent que
l'ensemble du personnel de l'OCHA a un rôle à jouer dans la fonction CMCoord
et a pour responsabilité de maîtriser cette dernière. Les activités doivent être
menées par un personnel formé et compétent, ce qui signifie que chaque pays
ou bureau régional doit nommer un référent CMCoord. Il peut s'agir d'un agent
CMCoord exclusivement réservé à cette fonction ou, lorsque cela est approprié,
d'un agent aux affaires humanitaires correctement formé.
La Section civilo-militaire de l'OCHA propose des formations au niveau ré-
gional et national ainsi qu'un appui sur le terrain via des ressources tech-
niques, et peut également mener des missions sur le terrain. Des agents
CMCoord sont également disponibles via les différentes réserves de renforts
d'urgence de l'UNDAC (réserve d'intervention d'urgence, réserve d'urgence
auxiliaire et réserve de partenaires). La Section civilo-militaire de l'OCHA
assure la fonction CMCoord au plus haut niveau :
• Politique : en tant que garante des lignes directrices de la fonction
CMCoord, la Section civilo-militaire de l'OCHA réunit des États membres
et des intervenants humanitaires et militaires afin de développer et
mettre en œuvre ces lignes directrices. Elle appuie également les inter-
venants humanitaires dans le développement de lignes directrices spéci-
fiquement adaptées au contexte d'une situation d'urgence particulière.
• Partenariats : la Section civilo-militaire de l'OCHA dispose d'un ré-
seau mondial de partenaires et de réseaux sectoriels (« Communities
of practice »), maintient le dialogue avec les QG et les États membres,
et représente la fonction CMCoord dans les forums internationaux.
• Formation : la Section civilo-militaire de l'OCHA mène un programme
de formation mondial qui dote les intervenants humanitaires et mili-
taires des compétences et connaissances requises afin de communi-
quer (et le cas échéant d'interagir) efficacement les uns avec les autres.
• Sensibilisation : la Section civilo-militaire de l'OCHA conseille la com-
munauté internationale concernant les besoins humanitaires néces-
sitant le déploiement de ressources militaires et de protection civile
étrangères afin d'appuyer des opérations de secours ou humanitaires
Cette stratégie de sensibilisation complète et appuie les discussions
jusqu'au niveau du secrétaire général adjoint / coordonnateur des se-
cours d'urgence, et s'accompagne de la publication de lignes direc-
trices opérationnelles destinées à la communauté internationale.
Les bureaux nationaux et régionaux de l'OCHA appuient les coordonna-
teurs humanitaires afin d'établir et de maintenir une approche commune et
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 97
En savoir
plus !
Handbook for RCs and HCs on Emergency Preparedness and Response
En savoir
plus !
Lignes directrices pour la conduite d'évaluations CMCoord
La seconde étape consiste à analyser leurs relations les uns vis-à-vis des autres
ainsi que les outils de liaison et de coordination existants. Ceci englobe la coor-
dination civilo-militaire nationale et la coordination entre les forces militaires na-
tionales et étrangères, et recouvre six types d'interactions potentielles :
En savoir
plus ! Centre HuMOCC en cas de catastrophe naturelle
Une méthode de
référence pour le
suivi des ressources
militaires étrangères
Face au typhon Haiyan qui a frappé
les Philippines en 2013, les forces
armées philippines ont utilisé une
simple feuille de calcul Google pour
planifier, organiser et suivre les vols
de secours dans les zones touchées
par la catastrophe. Cette collabora-
tion virtuelle concernant les vols a ensuite été étendue aux ressources maritimes.
Les données étaient publiées publiquement en ligne et pouvaient donc être
utilisées par tous les intervenants. Le tableau était également affiché sur un
écran dans les centres opérationnels infranationaux.
Des agents CMCoord ont suivi cet exemple de partage des informations
sur une plateforme collaborative pour le partage et la collecte de données
concernant l'utilisation des ressources militaires étrangères. Ceci a permis une
communication en temps réel garantissant un accès à l'information pour tous
les intervenants et a significativement réduit les communications par courriel.
Cet outil est de plus très transparent et contribue à la redevabilité.
Une telle procédure peut aisément être mise en place où que vous vous trouviez
dans le monde à l'aide d'un compte Gmail. Elle peut être mise à la disposition
des opérations sur le terrain ou être gérée par un QG ou le siège d'une agence
ou d'une organisation pour la collecte, l'analyse et la mise à jour des données
concernant les ressources militaires étrangères. Demandez l'appui de la Section
civilo-militaire de l'OCHA. Avec le consentement du pays hôte, un tel système de
suivi virtuel pu être étendu aux forces militaires nationales.
En savoir http://tinyurl.com/philippinesfmatracking
plus ! http://tinyurl.com/mactanairbaseflighttracking
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 113
Les directives d'Oslo ainsi que la version 2008 du Manuel de terrain UN-CM-
Coord ont été développés en supposant que le coordonnateur humanitaire
et l'équipe humanitaire nationale identifieraient les besoins d'appui militaire
et introduiraient les demandes de ressources militaires et de protection
civile via la Section civilo-militaire de l'OCHA. Cette méthode subsiste (voir
section 7 du chapitre V pour plus de détails) mais est devenue très rare.
La réalité opérationnelle est que les ressources militaires sont directement dé-
ployées par leur gouvernement sur demande ou acceptation d'une assistance
internationale par l'État touché. Étant donné cette tendance, le travail de sensibili-
sation et de conseil d'un agent CMCoord se concentrera sur les éléments suivants :
• Envoi mesuré de ressources militaires étrangères : défendre une
utilisation appropriée et efficace des ressources militaires étran-
gères envoyées, en expliquant aux gouvernements qu'il ne faut dé-
ployer que les ressources prioritaires et effectivement demandées.
Ce principe doit être défendu au niveau mondial, régional et natio-
nal, et idéalement dès la phase de préparation.
• Efficacité de l'aide : assurer la liaison avec les commandants des
forces militaires étrangères déployées et défendre leur participation à
la coordination humanitaire afin de garantir que ces ressources com-
plètent bien les efforts civils et appuient les priorités humanitaires.
Cela est possible à travers les procédures du centre HuMOCC ou en
invitant les intervenants militaires aux réunions de coordination de
l'équipe humanitaire nationale ou des groupes sectoriels.
• Principes de l'action humanitaire : assurer un suivi des activités
humanitaires des forces militaires et fournir des conseils concernant
les principes, priorités et normes humanitaires, notamment le souci
de « Ne pas causer de tort ».
• Cohérence : défendre une approche cohérente des interactions
avec les forces militaires et de l'utilisation des ressources militaires
étrangères au sein de la communauté humanitaire.
En savoir
plus ! http://dlca.logcluster.org
Règles à respecter
Demande basée sur des critères humanitaires (faite par le coordonnateur
❏
humanitaire résident avec le consentement de l'État touché)
Utilisation des ressources militaires et de protection civile en dernier re-
❏ cours (uniquement en l'absence d'autres solutions civiles permettant de
répondre à des besoins humanitaires urgents dans les délais requis)
Caractère civil des opérations humanitaires : les ressources militaires et de pro-
❏ tection civile demeurent sous contrôle militaire tandis que l'opération dans son
ensemble demeure sous le contrôle et l'autorité des organisations humanitaires.
La durée et l'ampleur du recours à des ressources militaires et de protection ci-
❏
vile doivent être limitées, et une stratégie de passage de relais doit être prévue.
Le recours à des ressources militaires et de protection civile doit respec-
❏
ter les codes de conduite de l'ONU et les principes humanitaires.
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 123
En savoir
plus ! Lignes directrices pour la conduite d'évaluations CMCoord
et autres.
Manuel de terrain de la fonction UN-CMCoord 127
La seconde étape consiste à analyser leurs relations les uns avec les autres. Éta-
blissez l'inventaire des différents types d'intervenants militaires, de leurs man-
dats et de leurs règles d'engagement, de leurs doctrines spécifiques et de leurs
procédures opérationnelles standardisées, et identifiez les besoins de liaison.
• Forces nationales, groupes paramilitaires et groupes armés.
• Missions militaires s'appuyant sur un mandat international, par exemple,
sur une résolution du Conseil de sécurité : opérations de maintien de la
paix de l'ONU ou régionales, par exemple, sous les auspices de l'Union
africaine ou de l'Union européenne, missions hybrides faisant intervenir
plusieurs composantes et coalitions (par exemple, OTAN).
• Accords bilatéraux : forces armées étrangères ou coalitions sur in-
vitation ou acceptation du pays hôte, par exemple, déploiement
des forces militaires françaises en appui au gouvernement malien.
Reportez-vous au chapitre III pour de plus amples détails concernant les dif-
férents types d'intervenants militaires.
❏ Règles d'engagement
❏ Doctrines spécifiques et procédures opérationnelles standardisées
❏ Objectifs militaires, durée du déploiement et localisation géographique
❏ Les intervenants militaires sont-ils impliqués dans des combats ?
❏ Relations avec le gouvernement ? Perception par la population ?
❏ Hostilité éventuelle vis-à-vis de l'ONU et de l'assistance humanitaire ?
❏ Niveau de formation et sensibilisation à l'action humanitaire ?
Moyens, compétences et ressources existants en termes d'interaction
❏
civilo-militaire (CIMIC) ?
Les intervenants militaires conduisent-ils des opérations d'assistance,
❏ de coopération (CIMIC) ou de coordination civilo-militaire, ou des pro-
jets à impact rapide ?
En ce qui concerne les mandats, il est particulièrement important de déter-
miner l'existence de recoupements, par exemple, en termes de protection,
d'appui de l'action humanitaire ou de sécurité, et d'évaluer si des méca-
nismes de coordination existent avec les intervenants civils.
Analysez comment les activités militaires peuvent impacter, faciliter ou entra-
ver l'accès humanitaire et la sécurité du personnel humanitaire. Les intervenants
militaires peuvent disposer d'informations importantes concernant les mouve-
ments de population, les dangers, les infrastructures et les besoins humanitaires.
Établissez l'inventaire des différents intervenants humanitaires et leur impli-
cation dans les mécanismes de coordination humanitaire. Il sera particuliè-
rement utile de connaître les politiques respectives de chacun en matière
d'interactions civilo-militaires, les stratégies de sécurité mises en place et les
mandats de protection. Identifiez les interférences ou recoupements poten-
tiels avec les opérations militaires.
128 Chapitre VI : Situations d'urgence complexes
Utiliser les outils disponibles, par exemple l'appli Humanitarian ID (voir cha-
❏ pitre IV). Encourager tous les contacts à se connecter et se déconnecter de
manière appropriée.
2. Mécanismes de coordination en
situation d'urgence complexe
En situation d'urgence complexe, la marge de manœuvre disponible pour la
coordination est plus réduite qu'en cas de catastrophe naturelle. L'ampleur et la
nature des interfaces dépendront des intervenants militaires déployés, de leurs
mandats et du conflit lui-même. Lorsque la perception des intervenants huma-
nitaires comme associés avec les forces militaires ou comme travaillant avec ces
dernières entrave l'accès humanitaire ou met les travailleurs humanitaires en dan-
ger, les contacts directs doivent être limités au maximum. En pareil cas, les agents
de liaison se montrent discrets et se rencontrent dans des endroits « neutres ».
Des visites de liaison régulières peuvent être difficiles pour différentes rai-
sons, par exemple, parce que des officiers militaires armés ne peuvent pas
pénétrer dans les installations humanitaires (puisque les armes y sont inter-
dites), parce qu'il peut être dangereux pour le personnel humanitaire de
s'approcher d'installations militaires ou encore parce que les intervenants
humanitaires ne souhaitent pas être vus avec des intervenants militaires.
130 Chapitre VI : Situations d'urgence complexes
Réunions CMCoord
Établissez une méthodologie et planifiez des réunions régulières (même
❏
heure et même endroit).
❏ Veillez à la ponctualité et à la brièveté (réunions de 45 à 60 minutes).
Annoncez les réunions et leur ordre du jour sur le site humanitarianinfo.
❏ org et, avec le consentement des participants, publiez leurs procès-ver-
baux. Maintenez une liste des participants et des contacts.
Invitez uniquement le personnel militaire clé aux réunions, qui pourra ac-
❏
tivement contribuer au partage des informations.
Les participants doivent être encouragés à proposer des sujets de discussion
❏
de manière à ce que chacun soit familiarisé au préalable avec ces derniers.
Les informations humanitaires doivent être synthétisées et diffusées au
❏ préalable, afin de permettre l'approfondissement de certaines questions
en fonction des besoins.
Informez-vous au préalable concernant les types spécifiques d'informa-
tions requis auprès des intervenants militaires et inversement. Il se peut
que les intervenants militaires aient à demander la reclassification de cer-
❏
taines informations. Exemples d'informations couramment demandées :
mouvements de populations, présence des enfants à l'école, commerces
locaux (petits commerces, marchés, etc.), activités humanitaires, etc.
Établissez le procès-verbal de chaque réunion et envoyez-le à tous les
participants accompagné d'informations de suivi et des points d'action
❏
identifiés au terme de la réunion. Si vous présidez la réunion, demandez à
des collègues de l'OCHA de vous assister pour la prise de notes.
Certains officiers militaires insistent pour conserver leur arme afin de respecter
leur propre règlement de sécurité alors que les armes sont interdites dans les
installations humanitaires. Cette problématique doit être prise en charge.
• Les bureaux auxiliaires peuvent avoir des contacts plus étroits avec les
collectivités et une meilleure compréhension des perceptions locales.
• Les bureaux auxiliaires peuvent assurer un suivi des activités militaires.
Ceci nécessite des séances d'information, des actions de sensibilisation et une
supervision de l'agent CMCoord. Idéalement, l'agent CMCoord doit organiser
une séance d'information d'une journée ou d'une demi-journée pour le person-
nel de l'OCHA, ou une formation de sensibilisation nationale. Celle-ci doit couvrir
les notions élémentaires des lignes directrices CMCoord ainsi que la stratégie
de coordination civilo-militaire et l'organisation retenues dans le pays concerné.
Documents de référence
❏ Formation IMPACT et formation en ligne de l'USIP
❏ Manuel CMCoord
❏ Lignes directrices mondiales et nationales
Programme de formation mondial (identifiez le personnel clé destiné à
❏ suivre les formations CMCoord). Envisagez une formation nationale ou un
module ponctuel.
Développement de fiches aide-mémoire pour les forces militaires et pour
❏
les intervenants humanitaires.
Développement d'une séance d'information CMCoord standardisée (les
❏ collègues en charge la gestion des informations peuvent apporter une
assistance pour ce faire).
❏ Humanitarianinfo.org.
Fiches aide-mémoire
Une méthode de travail efficace développée par les agents CMCoord ces der-
nières années est l'élaboration et la distribution de fiches aide-mémoire. Les
ressources de formation au sein d'un pays peuvent être limitées et les forma-
tions avant déploiement ne prennent pas toujours en compte les considéra-
tions humanitaires. C'est pourquoi il peut être utile de distribuer des fiches,
qui reprennent les principaux messages humanitaires de manière concise et
compréhensible. Ces fiches peuvent reprendre :
• les principes humanitaires ;
• des considérations clés spécifiques au contexte pour les interactions civilo-
militaires ;
• des messages clés afin de « Ne pas faire de tort » au sein des collectivités ;
• les points d'un mandat pertinents pour l'interaction avec les intervenants
humanitaires (sécurisation de zones, protection des civils et travail d'assistance) ;
• certaines règles de base pour le dialogue avec les intervenants humanitaires ;
• les besoins en termes d'information et les informations disponibles auprès
des intervenants humanitaires ; et
• les coordonnées de différents intervenants.
En savoir
La note d'orientation sur le développement de lignes directrices
plus ! nationales fournit des explications complètes pour leur formulation
ainsi qu'un modèle
4. Formation
Lorsque le recours à des escortes armées est considéré comme ayant un im-
pact négatif sur la perception de l'impartialité des intervenants humanitaires,
le comportement de chaque intervenant humanitaire affectera la perception
de l'ensemble de la communauté humanitaire. La capacité des intervenants
militaires à fournir une assistance armée est limitée. La demande d'escortes
armées doit idéalement passer par l'agent CMCoord, afin de définir les prio-
rités et valider la demande selon les lignes directrices établies par le coor-
donnateur humanitaire et l'équipe humanitaire nationale.
Le recours à des escortes armées peut encore plus affaiblir la perception des
intervenants humanitaires et menacer l'indépendance opérationnelle de ces
derniers. Par conséquent, lorsque toutes les autres solutions ont échoué, la
communauté humanitaire doit travailler à l'élaboration de solutions permet-
tant d'éviter le recours à une escorte armée.
Lorsque les approches favorisant l'acceptation n'ont pas permis de proté-
ger les intervenants humanitaires, ces derniers doivent mettre tout en œuvre
afin de regagner cette acceptation. Ceci exige la connaissance de l'environ-
nement local et l'adaptation à ce dernier ;
• la communication avec les collectivités, leur consultation et leur
implication ;
• le suivi étroit des perceptions négatives et menaces potentielles ;
• des stratégies visant à « Ne pas causer de tort » ; et
• la conception des programmes humanitaires de manière à éviter
que ceux-ci ne créent des tensions locales.
Une méthode qui a fait ses preuves est la cogestion et la codéfinition des
programmes avec tous les intervenants concernés.
Acronymes
UA Union africaine
CCS Conseil des chefs de secrétariat des Nations unies pour la
coordination
CERF Fonds central d'intervention d'urgence
CMCO Civil-Military Coordination (UE, coordination civilo-militaire)
CMCOORD Coordination civilo-militaire de l'aide humanitaire (ONU)
CMCS Section civilo-militaire de l'OCHA
CMI Civil-Military Interaction (OTAN, interactions civilo-militaires)
CMO Civil-Military Operations (opérations civilo-militaires)
CONOPS Concept of Operations (concept des opérations)
EICC Équipe d'intervention en cas de catastrophe
DAM Département de l'appui aux missions des Nations unies
DAP Département des affaires politiques des Nations unies
DOMP Département des opérations de maintien de la paix des
Nations unies
DSS Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies
E/OR Enlisted/Other Ranks (OTAN, personnel subalterne / autres grades)
ECOSOC Conseil économique et social des Nations unies
CEDEAO Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest
UE Union européenne
EUTM European Union Training Mission
FAO Organisation pour l'alimentation et l'agriculture
GDACS Global Disaster Alert and Coordination System (système mondial
d’alerte en cas de catastrophe)
GENCAP IASC Gender Standby Capacity Project (réserve de renforts
d'urgence)
HUMOCC Humanitarian-Military Operations Coordination Centre (centre
de coordination des opérations humanitaires et militaires)
IARRM Inter-Agency Rapid Response Mechanism (CPI) (Mécanisme
d'intervention rapide)
CPI Comité permanent interorganisations
150 Acronymes
Layout and printing at United Nations, Geneva – 1522641 (F) – October 2015 – 100 – OCHA/ESB/CMCS/2015/2