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Robert Cresswell
,l
;1 ressortent de l'étucle ? De quelle maniôre l'ambiance généralti'd'une culture'
I-e premier point dans mon argumcnt est que I'activité technique - celle-
ci étant définie comme I'emploi d'éléments pouvant être trouvés dans la
nature sous quelque Íbrme que ce soit, bruts ou tran§formés - démontre
l.1un caractêre fondantcntal qui ne preut être trouvé dans les différentes formes li
L La culture est la coúguration parúculiàre qu'âdopte chaque société hunraine non seulement
pour régler les rappoís entre les faits techno-écononüques (y compris I'interaction avec le milieu
naturel), I'crganisation sociale et les idéologie.s, mais aussi pour úansmettÍe ses connaissances de
génération en génératron. Ces différente.s activité.s se constituent en des réseaux, et chaque culture
se distir,gue par une nraniàre partrculiàre d'articuler ces réseaux entre eux.
216 De t-n pnettlsrolRE Atrx MIssIr-ES BALrs'nerrEs Ln
:
I
lou régression rlans le s proccssus, produits ()u syslüntcs techniclucs. ce qui est é
f
est interdit dans le domaine strciologique, stric:tu serr.çru. De pil son csscnco l-e fi
'nrême il est possible de qualifier une technique par son e ll'icacité clans naü«
l'atteinte d'un but. Une plus grande efÍlcacité d'une innovation technique ilanr
mÍrque un progrês, une moins grande, une régressit'rn. Il ne s'agit évidem- L
poue
ment pas d'appliquer les termes efficacité et progrôs qu'à des états lde c,
physiQues. Mais c'est precisément ce caÍactêre physique des techniques qui,
1 {uqu
\I .iustifie notre dénrarche épistémologique. 1 dess
Mais qualilicr les techniques de productions suciales est.iusÍcnlcnt une mint
i ,1. .,"ri génóralisaions clui clament la rÉeessitó
cle cluelque tiexíbitiii:tlne pas I
preryiêrg Ílexihilité est de distinguer outil, processus et systênte techniclue. le fe
Pour un oulil on souticnclrait dil'ficilcnrcnt clue la société rencl nóccssaire clc L'
chaullêr unc placlue de l'er avant dc la baltre pour en Írlrger une lanre cle rent
houc. En revanche un processus technique, avec son unitó dc base qu'est natu
la chaine opÉratrtirc, la suile cle gestes cyui translbrnre une nlatiàre prenriêre et le
en produit, ótant constituée d'éléments aussi bien sociaux que techniques, mon
subit direclenrent les L'ontraintes ou.jOuit des opportunités intrinsêques seml
,[ aux Êg1e§clu,conr;xrrtcment srlcial. Nous y reviendroni.'Enlln, un systênrc plus
i te'chniquc l(iitlc. 1978. p. l9 ct s. I. constitué clc rúscrux clc clraincs i,furu- ,Er
I toires, se situe à un niveau oir la société.iouc ún rôle printorrlial clans lc fent
§
choix ou le re'ict d'trn pnrduit, sckrn cles hesoins réels ou inraginaircs, oü le
|ech
! cognitit'culturcl cst clc toutc prcnriôrc inrpxrrtancc et pcut évcntucllcnrcnt hren
prirrter cl'aulrcs consiclérations, nrônrc écononriclucs. A ce nivcau dc géné- L
lÍnuti
ralitó il senrblc donc parl'aitculcnt légitime de parlcr cle harriêrcs ou viqu
' d'ouverturcs socialcs pxrur le dévclopçrmcnt des tcchniclucs. Enlln, lorsque de n,
l'on sclutient c1u'à la technologie peuvent être appliqués lcs lerntes de tectu
progrês et régrcssion il Íaut souligner que ces qualiticatif.s ne «loivent ôtre de cr
utilisécs ni conrnre dcs.iugements de valeur - dans le scns clue sont .juge- et cr(
nrcnts dc valcur lcs proposilions : « Vérilé cst bcaulé >>, << lc progrês est du dr
bicn », « l'cl'l'icacité cst le nteilleur útalitn » -. rli surtout conrrrrc clcs du dr
conccpts nrenanl à dçs bypot[às,cs de.{ravail. A
d'un
paÍle
I{Elm'toNs ('y( t-tetJtis
i.huq
,'i
propl
La qualité spcciliquc du domainc tcchnique étant posée, rcprcnons par , les el
un ónoncé clui n'cst guàre révolutionnaire : les rclations entre lc techniquc / bifac
et le social sont haufentcnt conrplexes. D'une part, lcs élénrcnts lechniqucs lmanr
i
eÍ sociaux d'un processus technique sont élroitcment imbricluús. D'autre
!n ct
páu1, bicn cles phémrnrànes sociaux ne sont pas implicluós dans un p()cessus &ch(
tcchniclue el pcuvent clonc légitintcnlent êlrc analysés sans sc rólórcr au des r
clonrainc tcchniclue. Si I'on prend le systênre de parcntó, lcs rcprésenta- pour
tions sy'nrholiclue s, ct I'in«lustric automobile dans unc sociótó donnéc, il
La NanrHt, cyclrerrE DES REI-ATroNS ENTRE LE TECHNTeTTE ET LE soctAI- 277
-re qui estévidcnt que la parenté n'a aucune irúluence surleprocessus technique.
isencg t.e fait de dcvoir savanmrent doser les positions relaüves des parenls, ou des
I dans nationalitós, le long d'une chaine de montage dans l'usine ne change rien
nique ,hans l'ordre des opérations. Bien súr, les relations de parenté peuvent
liouer un rôle important dans le choix du produit et influer sur le besoiri
idem-
états ide consonrrnation, comme nous avons argué en parlant du systême tech-
es qui {uque. Enl'in, si les symboles culturels ont un impact indéniable sur le,
dessin du procluit, ni les parcnts ni les symboles n'interviennent pour déter-l
lt une miner I'ordre des gcstes dans une chaine opératoire (par exemple, ce n'est
. t\re pas la forte charge symbolique du feu qui détermine que I'on doit chauffer
riquti. le fer avant de le Íbrger).
ire de' L'hypotlrêse principale, ou. plutôt, celle autour de laquelle s'agglomê-
ne de rent les aulres, est que la relation entre le technique et le social est de
lu'cst nature cyciique, ce qui est pcut-êtÍe moins banal. [-es gestes techniques
nriêre et les conrportements sociaux se développent le long d'axes qui sont par
ques, moments f()rtenlcnt enchevêtrés (l'époque présente en est un excmple qui
)c1ucs semble évidcnt), à cl'aulres montents interdépendants de façon beaucoup
;tànrc plus lâche.
,pCra-
rns lc
I En d'autrcs tenucs, à ccrtains insÍants dans la vie d'une sóciété coexis-
|ent effectivenrcnt ct au pren:ier degré une genêse,sociale de ptocessus
I
oü lu^
fiechniques r't unc' gr'nêse technique de formes, fonctions, et comporte- i
nlent ilrents sociaux. Il s'agit généralement de moments de crise sociale, de !
i:-
géné-
iFutation rapide et radicale. On pense aux débuts de la révolution bolché- /
)s ()u vique en Russie oü I'on gtunait dire que I'esprit égalitaire ambiant créait
rsquc de nouveaux rapp()rts entre les ouvriers et stimulait ainsi I'innovation
es de techniquc dans les procódés de production et oü en retour 1'utitité sociale
t être de cette m0nrc innovation renversait les << classes » de l'époque tsariste
iuge- et créait le prcstige d'un nouvel hontme social. Ou encore la domeslica{ion
)S CSI du dromadairc en Arabie, lorsclu'une innovaüon technique faisait surgir
; clcs du désert la néccssité socialc d'un moyen de régler des conflits potentiels.
A d'aulrcs momcnts, cnlre les prcriodes dc crise, lorsque des conditions
d'une certaine harntonie sociale prévalent - si toutefois il est permis de
parler cl'harnronie lorsqu'il cst question d'agissements humains -, dans,
;bhaque domainc les élénrcnts et les réseaux de relations génêrent leurs
tpropres mutations ct évolutions avcc seulement un rcgard superficiel versl
ts par les élénients ct relations rclevant principalement de I'autre domainq. Des
riquc bifaces tle picnc préhistoriqucs non sculement ont tcndance à acquõrir un
iclucs ntanche, mais ils l'acquiàrcnt cll'ectivement sans que la société sutrisse
aulre un changenrcnt protbnd, du moins d'aprês ce que nous en disent les restes
SSSUS archóologiclucs. Dcs artisans dcs sociétés antiques et médiévlrtcdécouwent
er au des raccourcis pour ôtre plus elllcaces dans leur usage de l'énergie sans
enl a- pour autant être lbrcénrent stinrulés par des couranls sociaux.
éc, il
278 De Le, pnetrtsrorRc Aux MISSILES BALISTIQUES Lt
D'une cerlaine façon on pourrait dire que les techniques se dévelop- lors
pent (lentement) sclon leurs propres rêgles et sous leur propre impulsion toiÍ
jusqu'à ce qu'elles rencontrent une barriêre de nature sociologique. Le sab
comportement social mute (lententent) jusqu'à ce que les formes qu'il a lü- ,Con
nouveaux produils.
P"r,
Enfin, on ne pcut pzrÍ trop souligner combien il est essentiel, voire obli- idifl
ít
gatoire, de maintenir une distinction entre processus, outil et produit de i/ttl
consomnration. l-'elltt <les comportements sociaux sera tout à fait différent I
selon clue I'un ou I'aulre aspect des techniques est en jeu. En fait on peut acÍ
soutenir que lc social n'engendrera que raÍement des processus techniques, cer
bien qu'il reste à entreprendre une étude sur les conditions de choix,
L.L Narr-np cycI-reuE DES RELATToNS ENTRE LE TECHNTeuE ET LE socrAl 279
elop- lorsqu'il existe des alternatives pour mettre en place des chaines opéra-
llsion toires, ou pour varier l'ordre les éléments de celles-ci. Il n'est pas impen-
te. Le sable que des facteurs culturels jouent un rôle. EsÍ=ce uniquement la
a lui- composition physique du minerai qui a fait accéder les Chinois directe-
le, au ment à la fonderie sans passer par le fer forgé comme en Occident ? Est-ce
et de :euela séquencedes gestes (et les outils employés) en agriculture ne dépend
úe au que de la nature botanique de la plante cultivée ? Est-ce seulement le souci
:ielle, d'efficacité qui gouverne la séquence des gestes dans le travail du bois ?
.
de la iPeut-être tout cela reste-t-il à prouver.
es de En tout cas, réservant pour le moment la possibilité qu'éventuellement
ls. Et la société puisse directement engendrer des chaines opératoires, le prin-
ordi- cipal impact du social sur le technique a lieu dans le domaine de produits.
. plus La société veut un nouvel objet (télévision, vidéo-téléphone), ou choisit
main entre des possibiütés dans le dessin ou le foncÍionnement d'objets (tableaux
léve- de bord d'automobile qui donne l'impression au conducteur qu'il pilote
donc l'Entreprise à travers l'hyperespace, des ciseaux qui coupent effective-
rfon-, ment), ou assigne des priorités aux éléments consütutifs d'un objet (l'espace
nce », plutôt que I'esthétique dans le dessin d'une voiture,le confort plutôt que
I'efficacité dans I'architecture d'une maison). On pounait ajouter que la
Les et ! relation est dialectique, certains objets techniques (voiture qui vous adresse
iques i des rerrortrances, par exemple) font naitre des êtres humains initables et
elop- ,enelinsà a rébellion.
rréfé-
"\ I
Cependant, les clroix et les décisions concernant les produits ont égale-
)SSUS ment un effet direct sur les processus et incidemment mais évidemment
Ltions sur les outils. Cela parce que les trois aspects d'une transformation tech-
nchir nique de matiêre premiêre sont organiquement liés dans une chaine opéra-
re de toire. Cette relation organique est illustrée par la liste suivante oü les
radi- mêmes éléments sont écrits soit comme relation technique, soit comme
donc relations sociale. Il faut souligner que celle-ci est encastrée dans celle-là,
nter- car la relation technique est priniaire. La société détermine quels produits
elle désire, disons, ou comment des équipes de tÍavail doivent être compo-
noli- sées, ou commcnt la connaissance et le savoir-faire doivent être transmis
lrou- de génération en génération (on pourrail ajouter une flêche qui serait Ie
)e la symbole indiquant la transfcrrnration de l'énergie et de l'outil en un geste
iaux et une action sur la matiêre), elle ne détermine pas qu'un marteau est
's de pour enfoncer un clou ou comment manipuler le marteau à
1écessaire
jcette fin. ll serait possible d'ajouter que cet outjl méthodologique résout les
obli- Jüifficultés insurmontables que présente une analyse en termes de i< seam--
ir de wetr » (voir Akrich, chap. .5).
Srent ',lessPour réaliser tn projet une rclatiort est activée qui se transforrne en une
peut acÍion sur un matériau et rósulte enln proúúr. La chaine se constitue d'un
lues, certain nombre d'étapes.
roix,
480 Dc ln pnÉutsrorRE AUX MrssrLES BALISTTe(rES Le
/
Cll4gue !tç11tc-conlportq quatre indicateurs : nom scientifique, nom indi- Nr
gêne, temps, lieu ; et scpt éléments : agent(s) (humain(s), animal (animaux), ce qr
moteur(s)), outil(s) (actif, passil ntachine, ...), dont l'assembtage (l'acti- faire
peut-
Le monrcnt est maintenant arrivé de passer de I'abstrait et du général rieun
au concret et au parliculier. Le premier exemple met en scêne les pres- ciées
,
soirs à olivcs et illustre le concept de niveaux dans Ie développement rCettt
I o'nr,1.'rc et gcstes tcchniques. Ce qui nous intéresse ici est le fonctionnemenf iFranr
cte ta prcssc. nrais il scrait bon de se souvenir qu'il ne s'agit là que d'une Le
\
Iplrtie d'un procr<cié lraditionnel pour transformer des olives en huile. Il s'a
J Cclui-ci cst esscnticllcnrcnl d'origine nréditerrane<cnnc, cl consisle en cercl,
premier lieu à róduire le fruit en pâte, soit en le déchiquetant avec des d'eau
lames mues par la furce hyrlraulique, soit en l'écrasant dans un broyeur, lame
souvcnt sous une picrre rttnde sur chant tournant dans un bassin circu- poidr
laire. Le mélange qui cn résulle est ensuite mis dans des sacs, les scourtins, irPeut i
qui sont empilés et prcssés. Dilférentes méthodes sont utilisées pour appli- ']
sensi
quer la pression : des levicrs avec des pxlids ou des cabestans, des presses
,LA
à vis, ou rlcs contbinaisons des deux systêmes. Il existe en fait tant de fixée
formes qu'il est facilc de prcrdre dc we le principe unique : appliquer une dans
pression donnóe par unité de surface. I-clrsqu'un graphe est établi avec la ,fondz
quantité de pression, cxprinrée en kg/cm2, le long des abscisses et les résul- 1
jüon s
t,
tats de I'opóration, cxprintés en litres d'huile par 100 kg d'olives, le long fonct
f
des ordonnées, il est inrrnédiatenrent visible qu'il y a deux constellations
lipar fr
de chiffres. L'une est centrée sur approximativement 4kglcm, et une I nels.
, prc'rduction d'environ 201/lm kg d'olives. L'autre regroupe les pressions puiss
; des prcsses hydrauliclucs ntujerne qui s'étend de -50-80 kg/cm, et représente indiq
une production d'environ 30 l/100 kg d'olives. La relation entre les deux élémt
constellations n'est pas une relation linéaire mais exponentielle. Même tous I
si la duróc du pressage est prise en compte pour éviter la sous-représen- sance
tation d'une faible mais longue pression, le graphique montre les deux rieur r
résul-
ition sont foflenrent lióes. ou dans son expression la plus radicale, que la II
: long
ffonction dé{ermine-l a,forrne.L' anal yse du moul i n m arocai n commence
ations llpar fractionner le systême én éléments structuraux et en liens fonction-
)t une ]nels. Puis une étucle cles caractôres dynamiques du moulin (flux d'eau,
;sions puissance, tours/min de Ia roue et de la meule) démontre que la fourchette
Sente I
indiquant les liuriles entre l'eflbrt minimum nécessaire demandé à chaque
deux élément et la lbrce nraxinrum potentielle que celui-ci peut fournir est dans
4ême tous les cas três large. De lelle sorte que ces importantes réserves de puis-
ésen- sance empêchent un seul élément de prendre la priorité sur un autre à I'inté-
deux rieur du systôme. Par exemple, augmenter le poids de I'appareil ne demande
1uelq pas un changenrent radical dans le dispositif d'alimentation en eau, car le
iquer flux maximum est généralement plusieurs ordres de grandeur plus puis-
donc sant que ce qui cst nécessaire prur opérer le moulin. Ce type de fourchette
rpide,)' est en réalité un des tacteurs majcurs établissant une relation entÍe contÍainte
et liberté dans les chglx,lgghlglggiglgq Plus cette fourcherre esr laige,
282 Dg Le pRÉHIsroIRE AUx MISSILEs BALIsTIeuES
Ll
moins grande est la motivation poussant au changement d'ouüls indivi-
Nr
due_ls (si un seul ouül peut servir convenablement à une variété de tâches,
conc
pourquoi chercher à le changer ?). Plus la fourchette est réduite, plus les
socir
éléments doivent évoluer ensemble.
tecfu
Il est facile d'imaginer comment se passe I'innovation dans ce milieu
Iimit
technique. s'il apparait une incitation sociale pour accroitre la quantité
de la
de farine disponible, les paramêtres primaires du systême technique ne
nivez
sont pas touchés de façon égale. Le nombre de tours/min est un facteur
hydr
limitatif, par exemple, car trop augmenter la vitesse de rotation a pour
Ut
i résultat un grain insuffisamment proulu ou une farine surchauffée. La r
üons
meilleure maniôre d'augnrenler la prodUction est de rechercher une plus
I vers
surface de nrourure. cela signiÍie augmentei sensihlement le poids
I uanoe socié
de la meule, car tailler une pierre plus grande sans la rendre en même
) damr
temps plus épaisse a cómme résultat une pierre qui casse trop facilement
veme
lorsqu'elle e-st âssu.iettie aux forces qui naissent d'une rotation s'oppo-
Hein
sant à une résistance. L'appareil est maintenant devenu plus lourd et donc
Ia so<
a besoin de plus de puissance pour être mis en mouvement. on obtient
dans
cet accroissement en : l) allongeant les lames, 2) changeant Ia forme des
socié
extrémités des lanres, 3) augmentant le volume d'eau, ou 4) la vitesse de
Pouvr
r débit. choisir entre 3) ou 4) dé1rcnd en partie de l'orographie, mais I'acc(- nelle
I lération du débit est limitée par la tuibulence causée par une goutottb I
armé
I ouvene en bois, I'effet de frcinage augnrenlant approximaúvemenl commo /
érair I
f, le carré de la vitesse de I'eau, ce qui est une incitation puissante a oéve-ii
énorr
'\topper un puits vertical pour I'arrivée d'eau. Lr
lieu e
Mais au fur et à mesure que ce jeu de facteurs se développe, des limites
891 à
aux choix pnssibles sont rapidement attcintes. Augmenter la puissance en
Franc
allongeant les lames butte sur les limites de stress de cisaillement et de
était (
tension. Une solution est d'inventer une roue oü les lames sont insérées
arabe
entre deux janlcs circulaires de telle sorte que les rayons peuvent gagner en
Arabt
et ne plus âre ins(rés dans l'axe vertical, mais l'en[pu1.e]-poul-.-
Tlourdeur propr
/ainsi dire. unc autre solulion esl de consÍruire une roue solide et d'y fixer
pas c(
f'Ies lames à la circonfúrence extóricure. pour
' Mais quclle quc soir la solution. la modification est telle que le jeu des
et que
I
l'âge dans lequel nous vivons rechigne à admettre qu'une quelconque ranc(
explication historique puisse dépendre d'une action unique. Des forces et pend
des tendanccs nous manipulent, pas des individus. Encore moins peut-on tirée
envisager qu'un seul objet technique change le cours de I'histoire. a gra
Néanmoins, si I'on se rélêre à son texte, White est singuliêrement prudent, et l'c
et termine son exposé avec la remarque « un nouveau moyen ltechnique] laz.v-t
ne fait qu'ouvrir une porte, il ne vous force pas à entrer. L acceptaüon ou centr
le refus d'une invenüon, ou la mesure à laquelle on se rend compte de ses herb<
implications si elle est acceptée, dépend tout autant des conditions d'une à met
défenseurs de la syrnétrie dans les relations des techniques à leur société : nique
comnlcnt savons-nous que ce n'est pas la féodalité qui a inventé l'étrier de tot
et non pas I'invcrsc ? en déniontrant que la littérature, l'iconographie, etles fer sa
résultals des liruilles arc:hócllogiques nous permettent de suivre l'étrier les ct
depuis la Chine à lravers les steppes de I'Asie centrale jusqu'aux peuples l'épo
germaniclues tôt dans le vnr siêcle. A la réflexion, néanmoins, on ne dewait cham
pas s'étonncr clue la léodalilé (allégeance personnelle, fief, service militaire) néces
n'ait pas été la cause de l'invention de l'étrier, mais que Ia société qui formr
allait devenir léodale a compris l'usage auquel il pounait être mis. Ainsi parcn
la société pcut voir de nouveaux usages pour de vieux produits, peut joign
demander de ncluvcaux produits, ce qui peut effectivement amener à plus r
2. J'adntcl.s la possibilité d'un préjugé intellectuel personnel. Ayant souvent poursúvi à cheval
3.t
vrr siàc
des vaclres (anilnarrx intrinsàtluenrent obtu.s et entêtés) sur les pentes escaryÉes des Rcrheuses, j'ai
la décer
beaucoup de nral à croire <1u'une selle ne suggérerait pas immédiatement des étriers à un cavalier à
le gazo
la pour.suile d'o[)icts ên ntouvcntent :anirrraux ou autre.§ guerriers.
Le ueruRs cyct-relrE DES RELATToNS ENTRE LE TECTINTeuE l*t LE socIAL 285
conque rance des premiers pour déterminer l'évolution des derniers. En lrlande,
Orces et pendant la derniêre moiüé du xDr"'la chamre en acier sans avant train et
peut-on ürée par deux chevauxr, invenÍée en Écosse par James Small vers 1765,
istoire. a graduellement remplacé la bêche irlandaise [Evans, 1957). Dans le sud
rrudent, et I'ouest I'instrument utilisé pour retourner la terre pour fabriquer des
rniquel lazy-beds (<lcs mottes de gazon sont retoumées de chaque côté d'une bancle
Ltion ou centrale pour créer une planche d'un à trois mêtres de large, herbe contre
: de ses herbe, les raies ainsi dógagées étant alors labourées pour fournir de la terre
s d'une à mettre sur la planche) était le loy , une bêche en bois avec un lourd talon
3t tech- épais auquel est anachée une étroite lame de fer. Ce talon présente une
l'inno- excroissance latérale, généralement à droite, qui forme un support pour
lraphes le pied. Cet outil dcvrait être considéré plutôt comme une chamre à main
que commc un instrument à bêcher. Dans le nord et I'est le loy était
'siêcle remplacé par une bôche en Í'er dont la lame était pliée au milieu pour
1'adop- formcr un angle obtus. Au moment des labours de printemps des groupes
gtemps de parenls de toute la paroisse s'assenrblaient dans les différents champs
rver de pour un Íravail colleclif. On disait que douze hommes avec des loys
pouvaient retourner un acre par jour (vingt-sept hommes par jour par
bjet, et hectare). La substilution de la cham:e sans avant úain à ces outils reprásente
nnese une mutation technique (et économique) totale, et cette substitution eut
par les licu dans un laps de temps relativement court. Non seulement les tech-
)ciété :
niques de labour à la charrue demandaient I'apprentissage et la maitrise
l'étrier de toute une nouvelle série de gestes techniques (entre autres,la chamte en
), et les fer sans avant-train peut être manmuvrée par un seul homme qui conduit
['étrier les chevaux et guide la charrue, au contraire de l'habitude irlandaise de
»euples l'époque oü un garçon conduisait les chevaux et un homme guidait la
dewait cham:e dans les régions oü existait des chamres), mais elles aussi rendaient
ilitaire) nécessaire I'acquisition d'une herse et d'un rouleau, et encourageaient 1a
Íté qui formation d'óquipes de travail tbndées sur le voisinage plutôt que sur la
.Ainsi pârenté (des exploitants pauvrcs ne pcuvent nourrir deux chevaux, donc sc
s,peut joignent à un voisin). cette transÍirrmation technique était rendue encor(
ener à plus difÍicile par les changements qu'elle impliquait dans les relalions
sociales incrustées dans les chaines opóratoires. Une chamre, deux chevaux
iamais
rnique et un homnrc ne sont pas que les éléments d'une relaüon technique qui,
déve- lorsqu'ellc est activée, rósultent en une série de gestes et une action sur
ruragé la matiêre qui diflêre d'une façon lrês marquée de celle résultant de I'acti-
vation d'lromes et des loys, ils sont aussi les éléments de nouvelles relations
cation sociales, de telle sorle que le processus de travail qui incorpore une chamre
»ndé- à la place d'un /oy doit surmonter une résistance interne qui est de nature
3. Des chamres lourdes en tnis existzuent probablement dans I'lrlande celúque aussi tôt que le
à cheval
j'ai vtr siàcle, nrais Ia cltarrue prévalante aux tenrps nrétliévaux et même jusqu'à la Grande Fanúne de
uses,
la décennie de I 840 était légàre et en bois, utilisée surtt'ut por:r fabriquer de-s billons dans I'infietd,
:avalier à
le gazon del'ourfield étant trop coriace pour elle.
ln pnÉrttsrolRE AUx MISSILES BALISTIQUES Le
286 De
tàres
aussi bien technique que sociale. Que cette résistance fut surmontée,
pas c
comme nous le démontre I'histoire, et ce assez rapidement, est dü à des
facteurs sociaux externes à la chaine opératoire, externes au processus mais
technique. Ces facteurs étaient à la fois socio-économiques et idéolo- üons
giques. Briêvement ceux-là comprenaient : un déclin de la population révêI,
volonlé des paysans de vivre aussi bien que les anciens propriétaires Ce
terriens, y compris dans le domaine de l'agriculture ; les letlres des émigrés listes
d'Amérique décrivant (en général faussement) la belle vie outre-mer, dirais
<< alors pourquoi les fermiers du Vieux Monde ne l'auraient pas aussi
des é'
bien » ; et les mêmes lettres vantant les prouesses techniques des États- sent Í
Unis avec le même résultat. surtor
Nous avons donc ici une illustration d'une forte interaction entre muta- parfo
tion sociale et dévelopçrement technique. La Grande Famine du milieu du d'un
xD(" siêcle a abouti à une fbrte émigration, à une chute dramatique de la Po
productivité agricole et, du même coup, à une chute de la valeur de l'immo égrer
bilicr qui, à son tour, conduisit graduellement les propriétaires terriens à de la
accepter I'idée d'échanger leurs teÍres contre des annuités monétaires. La trialis
derniêre nioitié du xD(" siêcle était un moment de crise sociale, et l'acces- idée r
sion des Í-ermiers à une propriété (réelle, sinon juridique) de leurs exploi- pernl
taüons favorisait grande ment Ies transformations techniques. Avant cette pren(
en rér
çÉriode les lolu se développaient sans impulsion sociale, selon les exigences
les sols et les types de cultures, jusqu'à constituer un ensemble plétho- charl
'ique de Í-ornies différentes. mais
Cela
n'ava
CoNcr-usroN duisil
ciel b
Ces exemples ont fourni quelques illustrations aux hypothêses propo- de la
sées. La presse à olives nlontre que ses innovations successives se situent au se.
sur des paliers de plus grande etllcacité et suggêre donc que l'évolution n'exc
technique n'est point linéaire mais passe par des solutions de continuité. Pa
L'étude de la roue à eau horizontâle souligne que f innovation est une thêse
exploitation des potentialités d'un instrument, avant de revêtir un carac- témo
têre plus inévitable avec l'étatrlissement d'une hiérarchie de critêres et de s'éva
formes. L analyse de I'étrier renforce cette idée de mise en euvre de carac- une d
Le NaruRg cycI-rerrE DES RELAT'IoNS ENrRE LE TECHNIeuE ET LE socrAr- 287
les liens cycliques dont il a été question sont relâchés, ils seront surtout
opórationnels au niveau d'un systême technique, là oü se rencontrent les
réseaux et leurs articulations mutuelles. Les institutions et comporte-
ments sociaux auront une influence atténuée sur les séquences de travail,
et pratiquement aucun impact sur les outils. En revanche, au moment
d'une forte inibrication d'une société et de ses techniques la dialectique Base,
établie créera unjcu conlinuel d'influences réciproques, aussi bien sur Camb
les outils que sur les sóquences et les réseaux.
C.nass
1969.
Ex S.
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