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AU QUÉBEC
NORMAND DALLAIRE
Avec la collaboration
de Marc OLIVIER
ISBN 978-2-9814758-5-5
Version 2019
Matières dangereuses résiduelles
au Québec
Version 2019
Avec la collaboration de
Marc Olivier, Chimiste, M. Sc., DGE, M. Env.
DEC environnement hygiène et sécurité au travail
Centre de transfert technologique en écologie industrielle
Cégep de Sorel-Tracy
L’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) a collaboré et édité la première version de ce guide sur la gestion
des matières dangereuses résiduelles. Le Cégep de Sorel-Tracy et le Centre de transfert technologique en
écologie industrielle (CTTÉI) ont également contribué à la diffusion et au déploiement du guide.
Matières dangereuses résiduelles
au Québec
ISBN 978-2-9814758-5-5
Version 2019
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Les graphiques et les illustrations de ce volume expriment fidèlement la tendance en gestion des matières résiduelles dangereuses. Ce volume a
été produit dans un but éducatif où les concepts, les théories et les tendances sont préférés à la précision de la reproduction. Le lecteur ne doit
pas en extrapoler des valeurs exactes. Lab Éditions décline toute responsabilité en ce sens.
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Imprimé au Québec
AVANT-PROPOS
La rédaction d’un manuel, d’une synthèse ou de tout autre document d’envergure ne se réalise qu’avec l’apport
important des personnes qui nous entourent, qui soutiennent notre action ou qui contribuent par leurs idées et
leurs connaissances. Ainsi, je désire tout d’abord remercier Karine Dufour, ma muse pour son soutien inconditionnel
à la naissance de ce projet.
J’aimerais remercier, et ce, sans borne, Marc J. OLIVIER pour sa collaboration et davantage encore pour ses
encouragements et ses conseils tout au long de ce processus d’écriture. Bien entendu, je voudrais souligner aussi
des collaborateurs marquants, tel que Manon TRUDEL collègue et professeure au DEC EHST pour son expertise en
santé-sécurité, Suzette LEBLANC du MDDEP pour son expertise en matières dangereuses résiduelles, Jennifer PINNA
du CTTÉI et René QUIRION-BLAIS du DEC EHST pour leur polyvalence, ainsi que les autres professionnels qui ont
confirmé des informations à plusieurs reprises. Enfin, je retiens que ce travail de longue haleine m’a permis de mieux
me connaitre face à ce défi d’écriture.
i
LEXIQUE
Centre de transfert
Selon l’appellation du Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières dangereuses, un centre de transfert
permet de transférer le contenu des camions à benne tasseuse vers des camions plus grands pour un transport routier vers
un lieu d’élimination distant.
Chimie verte
Approche repensée des outils de la chimie pour concevoir des produits et des procédés chimiques qui diminuent ou évitent
l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses, ou qui génèrent moins de matières dangereuses résiduelles. La
chimie verte s’énonce par 12 principes qui permettent de repenser nos actions à l’échelle du laboratoire ou de l’industrie.
Ceux-ci sont énoncés et expliqués aux annexes 2 et 3. En corolaire, la chimie verte se marie avec l’écologie industrielle
lorsque celle-ci utilise les modes de gestion 3RV et ceux du développement durable.
Prévenir et limiter la production des déchets ; Concevoir des produits et des composés chimiques avec peu ou
pas de toxicité ; Faire des réactions chimiques avec des produits et des réactifs de toxicité faible ou
nulle ; Minimiser l'utilisation de composés réactionnels intermédiaires ; Favoriser le meilleur rendement
Réduction
réactionnel possible en utilisant au maximum les matières premières pour minimiser les matières résiduelles
1er R à la
produites ; Utiliser des solvants plus surs et moins toxiques en remplacement des solvants organiques ; Concevoir
source
des produits chimiques qui se décomposeront en composés inertes et qui ne s'accumuleront pas dans
l'environnement ; Analyser en continu toutes les réactions de transformation pour détecter immédiatement la
production de sous-produits afin de les minimiser, voire les éliminer.
Utiliser au maximum les catalyseurs dans les réactions chimiques afin de minimiser les quantités de réactifs
2e R Réemploi
utilisés et de matières résiduelles produites.
3e R Recyclage Préférer les matières premières renouvelables ou de seconde vie plutôt que les fossiles.
Rechercher l'efficacité énergétique de la réaction en travaillant à température et pression ambiantes quand cela
Énergie
est possible.
Concevoir des produits chimiques dans des formes appropriées (liquide, solide ou gazeuse) afin de limiter les
Environnement
risques d'accident tels que des explosions, des incendies, ou une dissémination dans l'environnement.
Écologie industrielle
Ensemble des processus de gestion qui permettent d’allonger le cycle de vie des matières résiduelles. Cette approche met
en place l’exploitation du gisement de matières secondaires selon le concept du déchet-ressource. L’élimination des résidus
d’une entreprise n’est plus requise lorsque ceux-ci deviennent les intrants d’une autre entreprise.
Matière dangereuse
Toute matière qui, en raison de ses propriétés, présente un danger pour la santé ou l’environnement et qui est, au sens des
règlements pris en application de la LQE, explosive, gazeuse, inflammable, toxique, radioactive, corrosive, comburante ou
lixiviable, ainsi que toute matière ou objet assimilé à une matière dangereuse.
ii
LISTE DES ACRONYMES
3R Reduce, Re-use, Recycle LQE Loi sur la qualité de l’environnement
Réduction, réemploi, recyclage, valorisation et
3RV-E LSST Loi sur la santé et la sécurité du travail
élimination
ACV Analyse de cycle de vie MD Matières dangereuses
Ministre du Développement durable, de l’Environnement et
BIT Bureau international du travail MDDELCC
de la Lutte contre les changements climatiques
Ministère du Développement durable, de l’Environnement
ASTE Association sectorielle transport entreposage MDDEP
et des Parcs
BPC Diphényle polychloré MDR Matière dangereuse résiduelle
BRIQ Bourse des résidus industriels du Québec MSDS Material Safety Data Sheet
CA Certificat d’autorisation MTBE Éther de méthyle et de tert-butyle
CAS Numéro du Chemical Abstract Service NFPA National Fire Protection Agency
CCI Centre de conformité internationale NSA National Security Agency
CFC Chlorofluorocarbure OACI Organisation de l'aviation civile internationale
Organisation de collaboration et de développement
CGMDR Centre de gestion des matières dangereuses résiduelles OCDE
économiques
COV Composé organique volatil OCQ Ordre des chimistes du Québec
Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
CNESST OMI Organisation maritime internationale
sécurité du travail
Centre de transfert technologique en écologie
CTTÉI PBB Polybromodiphényle
industrielle
DD Développement durable PBDE Polybromodiphényle éther
DEC Diplôme d’enseignement collégial en Environnement
PFC Perfluorocarbure
EHST hygiène et sécurité au travail
DGE Diplôme en gestion de l’environnement PGMR Plan de gestion des matières résiduelles
DMA Drainage minier acide PIU Plan d’intervention d’urgence
DTQD Déchet toxique en quantité dispersée POP Produit organique persistant
ECHA European Chemicals Agency RDD Résidu domestique dangereux
ÉPI Équipement de protection individuelle REACH Registration, Evaluation and Authorization of Chemicals
FDS Fiche de données sécurité RÉP Responsabilité élargie des producteurs
FS Fiche signalétique RMD Règlement sur les matières dangereuses
FSC Fluide supercritique RoHS Restriction of the use of certain Hazardous Substances
FTSS Fiches techniques sur la sécurité des substances RTMD Règlement sur le transport des marchandises dangereuses
GE Groupe d’emballage SGH Système général harmonisé
Groupe d’étude et de réhabilitation des lieux Système d’information sur les matières dangereuses
GERLED SIMDUT
d’élimination de déchets dangereux utilisées au travail
HCFC Hydrochlorofluorocarbure SOGHU Société de gestion des huiles usagées
HFC Hydrofluorocarbure SST Santé-sécurité au travail
ICI Industries, commerces et institutions TLCP Toxicity characteristic leaching procedure
INRP Inventaire national des rejets de polluants TMD Transport des marchandises dangereuses
INRS Institut national de recherche et de sécurité UE Union européenne
Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en
IRSST UN Numéro de matière dangereuse des Nations Unies
sécurité du travail
kBq/kg kilobecquerel par kilogramme VHU Véhicule hors d’usage
LCPE Loi canadienne sur la protection de l'environnement VLE Valeur limite d’exposition à ne pas dépasser
LES Lieu d’enfouissement sanitaire VME Valeur limite d’exposition moyenne sur 8 heures
LET Lieu d’enfouissement technique vPvB very Persistant very Bioaccumulable
iii
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ........................................................................................................................................................1
v
CHAPITRE 8 HUILES ET GRAISSES MINÉRALES ET SYNTHÉTIQUES ......................................................................65
8.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL ..............................................................................................................66
8.2 APPLICATION DES 3RV .............................................................................................................................67
8.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ......................................................................................................................................70
8.4 TRANSPORT ..............................................................................................................................................72
vi
CHAPITRE 15 MATIÈRES DANGEREUSES CAUSTIQUES .......................................................................................117
15.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................117
15.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................117
15.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................118
15.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................120
CONCLUSION ........................................................................................................................................................166
vii
ANNEXE 1 : CATÉGORIES ET SOUS-CATÉGORIES DE MATIÈRES DANGEREUSES SELON LE RMD ..........................172
viii
INTRODUCTION
Depuis des années, les intervenants en gestion des matières dangereuses résiduelles (MDR) déplorent l’absence
d’informations regroupées sur celles-ci au Québec. Le présent recueil comble ce vide par la volonté de l’Ordre des
chimistes du Québec (OCQ) et de ses membres. Il s’adresse d’abord aux gestionnaires du secteur des industries,
commerces et institutions (ICI) qui œuvrent à la gestion des matières résiduelles, qui doivent reconnaitre la présence
de celles qui sont dangereuses et qui doivent agir en conformité avec les obligations inhérentes.
L’approche retenue passe en revue les aspects légaux incontournables, identifie les infrastructures déjà mises en
place et les intervenants principaux, permet le passage du Système d’information sur les matières dangereuses
utilisées au travail (SIMDUT) vers le SIMDUT-2015 qui intègre les éléments du Système général harmonisé (SGH). Il
intègre aux différentes catégories les procédés actuels de traitement des MDR dans les Centres de gestion des
matières dangereuses résiduelles (CGMDR). Ce guide ouvre de plus le volet méconnu de l’écologie industrielle, pour
une meilleure exploration des débouchés selon le principe des 3RV-E, et souhaite engager la réflexion autour de la
chimie verte. Celle-ci propose un meilleur équilibre entre la société, l'environnement et la rentabilité. C’est aussi une
vision du monde industriel à bâtir qui laissera moins de place à la production de matières dangereuses résiduelles.
Par ailleurs, à la demande de divers intervenants du milieu, une section est maintenant consacrée à l’entreposage
des matières dangereuses.
Enfin, ces textes commentés peuvent contribuer à la formation des étudiants de plusieurs professions qui auront à
interférer avec la gestion des MDR, tant dans un contexte universitaire qu’au secteur technique. C’était, parmi
d’autres, une demande répétée pour la formation des techniciens du DEC environnement hygiène et sécurité au
travail ainsi que pour les futurs chimistes formés dans les universités québécoises.
1
CHAPITRE 1 MATIÈRES DANGEREUSES RÉSIDUELLES
Deux concepts s’entrecroisent dès que les matières dangereuses résiduelles sont abordées : la notion de danger
pour la santé ou la vie ainsi que la notion de déchets. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, les premières
mentions d’exposition à des nuisances entrainant la mort semblent celles du travail des esclaves dans les mines, par
la détérioration de l’air respiré. Sont décrites aussi dès l’Antiquité les coulées orange à la base des terrils des mines.
En langage moderne, c’est le drainage minier acide (DMA), inévitable puisque l’acide sulfurique concentré résulte
de l’exposition de la pyrite à l’atmosphère et aux intempéries, mais bien sûr à l’époque, le concept de « déchets
dangereux » n’existait pas encore.
De tout temps, l’homme a été confronté à ses déchets. Les sociétés anciennes sont passées des mœurs primitives
vers le développement de l’agriculture et de l’élevage. Les déchets domestiques étaient alors inoffensifs, parce que
produits en petites quantités dans un contexte dispersé, sans propriétés agressantes pour la santé ou
l’environnement. L’urbanisation du Moyen-âge a considérablement accru les nuisances provoquées par l’abandon
des déchets dans l’espace commun. C’est pour réduire ces nuisances que sont organisés les premiers traitements
par le feu, la mise en tas avec le fumier et le rejet dans les fossés des fortifications plutôt que dans les rues.
Certains métiers exposent davantage aux matières dangereuses. C’est notamment le cas pour nos collègues
alchimistes qui exerçaient une profession à risques. Leurs efforts de transformation des matériaux dans des ateliers
peu ou pas ventilés, de même que l’utilisation des corrosifs, ne laissent pas de doute. La manipulation du vif-argent
(le mercure) ne pouvait qu’amplifier leurs problèmes de santé. Avons-nous entendu parler des déchets dangereux
produits dans ces ateliers? Il y en avait certainement, mais les quantités étaient petites et le concept n’était pas
davantage nommé.
C’est au XIXe siècle que le développement des technologies provoque un aveuglement collectif : la quête du progrès
à tout prix! L’âge d’or de la chimie permet ces développements technologiques, mais provoque aussi de nombreux
rejets industriels aux propriétés dangereuses pour l’Homme et l’environnement. Des rejets massifs de déchets
agressants sont émis à la sortie des usines d’extraction et manufacturières. Le déchet dangereux était né là, avant
sa définition! Durant longtemps, les rivières et les décharges ont accueilli les déchets industriels sans distinction
parmi les déchets domestiques. Nous sommes alors à l’époque de la dilution comme solution aux nuisances, tel qu’il
en est fait mention dans la grande étude de 1929-1930. L’industrie chimique et le Canada:
« […] simplement diriger ces eaux vers les rivières qui se chargeront de les purifier, si elles le veulent
ou le peuvent. En tout cas, tout finira par aboutir à la mer et la mer est grande ! D’autre part, si telle
ville craint de s’empoisonner, elle purifiera son eau d’alimentation ! » (FONTANEL, 1929, p.32)
Pour minimiser les impacts de ces matériaux à court et à long terme, les sociétés industrielles en viennent au milieu
du XXe siècle à décrire les catégories de matières dangereuses et à traiter les déchets dangereux différemment. Ces
premiers efforts grossiers de codification des propriétés des matériaux conduisent d’abord à cibler les déchets
industriels toxiques. Au Québec, ils se voient interdire la mise en décharge mélangée avec les déchets ménagers en
1978. La sensibilisation des intervenants, la normalisation des mesures des propriétés dangereuses ainsi que la
règlementation permettent une approche plus fine. Le développement de traitements spécifiques selon les
propriétés dangereuses de ces déchets permet d‘appliquer une gestion sécuritaire. Or, à cette époque, on a souvent
comme réflexe de gérer par élimination.
Le souci de mettre en place un développement durable (DD) dans nos sociétés ainsi que les nouvelles approches de
chimie verte du XXIe siècle nous propulsent vers une autre direction. Dorénavant, il faut questionner notre utilisation
des matières dangereuses et allonger le cycle de vie des matériaux. La plupart de ceux-ci proviennent de ressources
non renouvelables, extraites et transformées à cout énergétique élevé. Leur élimination est un gaspillage de
ressources planétaires qu’il nous faut endiguer. C’est une nouvelle façon de procéder, en opposition avec les
habitudes des dernières décennies. Saurons-nous relever collectivement ce défi?
3
1.1 NATURE ET CLASSIFICATION D’UNE MATIÈRE DANGEREUSE
Dans le Québec actuel, les propriétés qui caractérisent une matière dangereuse sont définies à l’article 3 du
Règlement sur les matières dangereuses (RMD) adopté en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) :
«[…] toute matière qui, en raison de ses propriétés, présente un danger pour la santé ou
l’environnement et qui est, au sens des règlements pris en application de la présente loi, explosive,
gazeuse, inflammable, toxique, radioactive, corrosive, comburante ou lixiviable, ainsi que toute
matière ou objet assimilé à une matière dangereuse.» (LQE, 2010)
Cette définition générale est cohérente avec les règles qui établissent la classification dans le Règlement sur le
transport des marchandises dangereuses (RTMD) et le Règlement sur les produits contrôlés. Depuis 1988, les
contenants de matières dangereuses affichent un étiquetage codifié par le Système d’information sur les matières
dangereuses utilisées au travail (SIMDUT), alors que les fiches signalétiques de ces matières dangereuses constituent
une source de renseignements sur leurs propriétés. Diffuser l’information est devenu la clé de l’utilisation sécuritaire
des matières dangereuses. Le passage au SIMDUT-2015 adopté en février 2015 au Canada qui intègre les éléments
du Système général harmonisé (SGH) maintient ces principes dans un contexte de mondialisation.
PROPRIÉTÉ
DANGEREUSE DES DESCRIPTION DE LA PROPRIÉTÉ
MATÉRIAUX
1. Toute substance qui peut, par réaction chimique auto-entretenue, émettre des gaz à une température, à une
pression ou à une vitesse telle qu'il en résulte des dommages à la zone environnante.
1 Explosif
2. Toute substance qui a été fabriquée en vue de produire un effet pratique explosif ou pyrotechnique, ou tout
objet constitué d'une telle substance.
Toute matière liquide ou toute matière liquide contenant des solides en solution ou en suspension, autre qu'une
boisson alcoolisée, dont le point d'éclair mesuré conformément à la méthode prévue dans la Liste des méthodes
3, 4 Inflammable
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la Loi sur la qualité de l'environnement (LQE), est
égal ou inférieur à 61 °C.
Toute matière, combustible ou non, qui provoque ou favorise la combustion d'autres matières en libérant de
5 Comburant l'oxygène ou une autre matière oxydante, ou qui contient une substance organique possédant la structure peroxyde
«-O-O-».
1. Toute matière qui, lorsque mise à l'essai conformément aux méthodes prévues dans la Liste des méthodes
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la LQE, produit soit plus de 250 mg/kg de
cyanure d'hydrogène (HCN) soit plus de 500 mg/kg de sulfure d'hydrogène (H2S).
6 Toxique
2. Toute matière qui, lorsque mise à l'essai conformément aux méthodes prévues dans la Liste des méthodes
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la LQE, contient plus de 5 microgrammes par
kilogramme de polychlorodibenzofurane ou de polychlorodibenzodioxine.
Toute matière qui émet spontanément des rayonnements ionisants et pour laquelle l’activité totale exprimée en
7 Radioactif
kBq/kg atteint la somme indiquée au règlement.
Toute matière qui, lorsque mise à l'essai conformément aux méthodes prévues dans la Liste des méthodes
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la LQE, possède un pH inférieur à 2 ou un pH
8 Corrosif
supérieur à 12,5, ou corrode des surfaces en acier de type SAE 1020 à un taux supérieur à 6,25 mm par an à la
température de 55 °C.
Toute matière liquide renfermant un contaminant dont la concentration est supérieure à l'une des normes prévues
9 Lixiviable
dans le règlement.
Adapté du RMD
Les chapitres du présent document utilisent la liste des catégories regroupées par l’usage (tableau 1.2). Ce choix
repose sur l’aspect légal mis en œuvre tant pour le transport que dans la gestion quotidienne. Une catégorie
regroupe les matières par appellations génériques qui orientent l’utilisateur vers les propriétés dangereuses. Elle
4
repose sur les règles de compatibilité et d’incompatibilité entre les matériaux. L’annexe 1 du présent document
comporte une liste détaillée des catégories ventilées en sous-catégories. Le code de sa catégorie identifie la matière
dangereuse, accompagné des numéros de sa classe et de sa division attribués en vertu du Règlement sur le transport
des marchandises dangereuses (RTMD).
C Solvants organiques
D Solutions organiques
B09 Boues et résidus de la formulation et de l'utilisation d'encre, de peinture, de colorants, de laques et vernis
F02 Solutions et saumures contenant des cyanures, des sulfures, des nitrures
J02 Liquides contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1 %)
5
En principe, toutes les matières dangereuses usuelles peuvent être décrites selon la classification ci-dessus.
Cependant, si une matière dangereuse devait ne pas être identifiée par ce règlement, elle serait alors décrite par le
code 0.0 suivi d’une lettre indiquant son état physique (tableaux 1.4 et 1.5).
L Liquide
S Solide
P Semi-solide (boue)
G Gazeux
Adapté du RMD
Tableau 1.5 – Exemples de code pour des matières dangereuses hors règlement
SOUS-CATÉGORIE APPELLATION
En complément des catégories générales qui utilisent les appellations génériques, la section 1 de l’annexe 4 du RMD
se termine par des catégories réservées aux entreprises détentrices de permis en vertu de l’article 70.9 de la LQE.
Ces entreprises sont spécialisées dans le domaine des MDR. Elles opèrent des lieux d’élimination, de traitement,
d’entreposage ou de transport (tableau 4.1), et sont susceptibles de manipuler des mélanges de MDR provenant de
diverses sources. Pour ce faire, elles utilisent les désignations spécifiques aux mélanges volontaires de MDR (tableau
1.6) (voir l’ANNEXE 1).
Mélanges
N01 à N16
(catégories réservées aux titulaires de permis visés à l'article 70.9 de la LQE)
6
1.2 IDENTIFICATION DE LA MATIÈRE DANGEREUSE RÉSIDUELLE
Afin de déterminer la catégorie de MDR prévue à l’annexe 4 du règlement, un diagramme décisionnel (figure 1.1)
forme la clé d’identification qui détermine si la matière appartient à une ou plusieurs des propriétés dangereuses
en regard de la définition de la LQE, du RTMD et de la classification SIMDUT. Chacun des chapitres du guide propose
un diagramme décisionnel qui précise les approches 3RV-E, la santé-sécurité du travail (SST) et règles de transport.
Figure 1.1 — Diagramme décisionnel pour l’identification d’une matière dangereuse résiduelle
Matière exclue ? MATIÈRE
Liste des matières exclues OUI NON DANGEREUSE
Article 2 RMD
NON
NON
Explosive ?
Classe 1 RTMD OUI
Loi sur les explosifs
NON
NON
Comburante ?
OUI
Classe 5 RTMD
NON
Corrosive ? MATIÈRE
Classe 8 RTMD OUI
Mesure du pH, essai de corrosivité DANGEREUSE
NON
Inflammable ?
Classe 3 et 4 RTMD OUI
Mesure du point d éclair
NON
Lixiviable ?
OUI
Essai de lixiviation TCLP
NON
Toxique ? OUI
NON
Radioactive ? OUI
NON
NON
MATIÈRE
NON DANGEREUSE
Adapté du RMD du MDDELCC
7
En parallèle, les approches en SST créent la nécessité d’informer les utilisateurs sur les propriétés des matières
dangereuses qu’ils manipulent. De là l’implantation de systèmes d’information normés dans les pays industrialisés,
dont les catégories s’appliquent à la fois pour les matières dangereuses vierges et pour les matières dangereuses
résiduelles (tableau 1.7).
Tableau 1.7 — Principaux systèmes d’information sur les catégories de matières dangereuses
Renvoi à une fiche signalétique Material Safety Data Sheet (MSDS) contenant toutes les informations
Right-to-know
États-Unis
National Fire Protection Utilisation d’un code visuel comportant quatre champs d’information : inflammabilité, toxicité,
Agency (NFPA) réactivité, autre.
Règlementation pour protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques que peuvent
poser les produits chimiques ; promotion de méthodes d’essai alternatives ; libre circulation des
REACH
substances au sein du marché intérieur ainsi que le renforcement de la compétitivité et de
(Registration, Evaluation l’innovation.
and Authorization of
L’industrie a la responsabilité d’évaluer et de gérer les risques posés par les produits chimiques et de
Chemicals)
fournir des informations de sécurité adéquates à leurs utilisateurs. En parallèle, l’UE peut prendre
des mesures restrictives concernant des substances extrêmement dangereuses.
Système d’information sur Depuis 1988, utilisation d’un ou plusieurs pictogrammes normés décrivant le risque.
Canada
Renvoi à une fiche de données sécurité contenant toutes les informations fournies par le fabricant.
Système général harmonisé
(SGH) Le SGH est un système des Nations Unies qui permet d’identifier les produits chimiques dangereux
et d’informer les utilisateurs sur ces dangers au moyen de symboles et de phrases standardisés sur
l’étiquette des emballages ainsi que par des fiches de données sécurité (FDS).
Adapté de OLIVIER 1995, DALLAIRE & OLIVIER 2005, DALLAIRE & OLIVIER 2009
8
1.3 APPLICATION DU CONCEPT DE DÉCHETS-RESSOURCES AUX MDR
Depuis l’après-guerre, pour satisfaire aux besoins de transport des marchandises dangereuses, celles-ci sont
codifiées et leur transport est normé. La fin des années 1980 a généralisé le besoin d’informer les utilisateurs pour
réduire les risques lors des manipulations. Nous en sommes maintenant aux approches des déchets-ressources,
celles décrites par les modes de gestion selon les 3RV-E. Elles se sont mises en place par des politiques qui ciblent
les déchets non dangereux et amènent un changement lexical profond. À l’origine, ces modes de gestion sont décrits
par les 3R états-uniens : Reduce, Re-use, Recycle. Ces concepts se veulent une réponse à la consommation irréfléchie
des ressources naturelles non renouvelables et au gaspillage d’énergie dans les activités anthropiques industrielles
qui fabriquent nos biens de consommation.
La version québécoise de cette approche utilise l’acronyme 3RV-E, tenant pour : réduction, réemploi, recyclage,
valorisation et élimination (tableau 1.8). Depuis 1998, la 2e Politique québécoise de gestion des matières résiduelles
retient comme principe fondateur que le premier R vaut mieux que le deuxième, le deuxième R vaut mieux que le
troisième, le troisième R vaut mieux que le V, alors que le V vaut mieux que le E. Cette priorisation empirique conduit
aux meilleurs choix de gestion des déchets-ressources à moins qu’une analyse de cycle de vie (ACV) ne démontre le
contraire.
Selon cette approche, ce que nous appelions autrefois des déchets deviennent des matières résiduelles. Elles
forment un gisement de matières secondaires dont la société devrait tirer un meilleur parti. Pourtant aujourd’hui
encore, les matières dangereuses résiduelles (MDR) continuent d’être, la plupart du temps, éliminées sans espoir
d’en tirer un bénéfice pour la société. C’est ici qu’interviennent les approches d’écologie industrielle qui prônent
l’allongement du cycle de vie et la synergie des sous-produits. Maintenant que le XXIe siècle est bien implanté, peut-
on apporter une dimension critique aux modes de gestion de nos anciens déchets dangereux et proposer des
approches systématiques selon les 3RV pour diminuer l’élimination? Quelles seront les façons de faire gagnantes de
demain? C’est la réflexion entreprise ici par des chimistes œuvrant au diplôme d’enseignement collégial en
environnement hygiène et sécurité au travail (DEC EHST), avec la connivence de l’Ordre des chimistes du Québec
(OCQ).
Tableau 1.8 — Modes de gestion 3RV-E des déchets-ressources, appliqués aux matières dangereuses résiduelles
MODE DE
DESCRIPTION DU MODE DE GESTION
GESTION
Diminution à la source de la quantité de matières requises ou de la quantité de matières dangereuses requises pour
Réduction
conduire un procédé ou pour fabriquer un objet.
Réemploi Usage répété d’une matière ou d’un objet sans en modifier la forme ou la nature.
Recyclage Broyage mécanique d’un objet ou d’une matière pour permettre de la réintroduire dans un procédé de fabrication.
Transformation chimique d’un objet ou d’une matière pour en obtenir un autre usage ou pour récupérer l’énergie
Valorisation
contenue.
Élimination Abandonner un objet ou une matière sans espoir d’en faire quelque chose d’utile.
Adapté de OLIVIER 2010
9
CHAPITRE 2 CONTEXTE JURIDIQUE
Dans la plupart des pays industrialisés, les législations pour protéger l'environnement de l’impact des matières
dangereuses résiduelles apparurent au cours des années 1970 et des années 1980.
Selon les époques, plusieurs termes furent employés pour décrire la nature des rejets industriels : déchets, résidus,
déchets industriels, déchets spéciaux, déchets dangereux, matières dangereuses résiduelles. Dans l'état actuel de la
législation, l'expression juste est définie dans le Règlement sur les matières dangereuses : une matière dangereuse
résiduelle est
« […] toute matière dangereuse mise aux rebuts usée, usagée ou périmée, ainsi que toute autre matière
dangereuse mentionnée dans l'article [...] ». (RMD 2010)
Dans le texte qui suit, l’expression « déchet dangereux » utilisée est en lien avec la façon de dire du moment où ces
textes légaux ont été adoptés, mais l’appellation actuelle serait bien « matière dangereuse résiduelle » pour
répondre à la sensibilité introduite par le concept du déchet-ressource.
En complément, tous les pays industrialisés ont bâti une législation parallèle qui concerne la santé et la sécurité des
travailleurs exposés aux matières dangereuses. Cette approche est indissociable de l’approche générale concernant
la protection de l’environnement.
11
2.2 CADRE JURIDIQUE CANADIEN ET QUÉBÉCOIS EN ENVIRONNEMENT
La responsabilité de la gestion des déchets dangereux est partagée au Canada. Le gouvernement fédéral cible les
résidus dangereux de façon indirecte par cinq champs majeurs de responsabilité :
le contrôle des mouvements interprovinciaux et internationaux des matières dangereuses;
la gestion des matières dangereuses et des matières résiduelles dangereuses engendrées par des activités
fédérales, y compris leur élimination;
le contrôle des rejets et de l'incinération en mer;
la protection des ressources naturelles de juridiction fédérale pouvant être affectées par de mauvaises
pratiques de gestion des matières résiduelles dangereuses;
la gestion des matières résiduelles radioactives.
Le gouvernement canadien règlemente les mouvements internationaux de déchets dangereux alors que les
gouvernements provinciaux et territoriaux règlementent les créateurs de déchets, les installations de gestion et le
transport de ces déchets à l'intérieur de leurs propres limites territoriales. Au Canada, les textes juridiques pertinents
sont la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE) de 1999 et le Règlement sur l'exportation et
l'importation de déchets dangereux et de matières recyclables dangereuses établi en 2005 en vertu de cette Loi. Il
vise à :
« […] protéger l'environnement du Canada et la santé de la population canadienne des risques posés par
le mouvement transfrontalier des déchets dangereux et des matières recyclables dangereuses résultant de
leur exportation en provenance du Canada, de leur importation au pays ou les transits au Canada. »
(Ministère de la Justice, 2005)
Même si aucune loi fédérale ne porte spécifiquement sur la gestion des résidus dangereux, la LCPE a des incidences
sur cette question. Au Québec, cette dimension est incorporée dans la Loi sur la qualité de l'environnement (LQE);
celle-ci forme un cadre juridique arrimé par des règlements d’application. La LQE oriente la gestion des déchets
dangereux de façon à assurer pour tous le droit à la qualité de l'environnement, à sa protection et à la sauvegarde
des espèces vivantes qui y habitent. Selon l’expression consacrée :
« Nul ne doit émettre, déposer, dégager ou rejeter ni permettre l'émission, le dépôt, le dégagement ou le
rejet dans l'environnement d'un contaminant au-delà de la quantité ou de la concentration prévue par
règlement du gouvernement. » (LQE, 2010)
La sécurité lors du transport des résidus dangereux sur le territoire du Québec relève du Règlement sur le transport
des marchandises dangereuses de Transports du Québec. À toutes fins utiles, ce dernier réfère à la version fédérale
du Règlement sur le transport des marchandises dangereuses; c’est la version en langage clair édictée depuis 2002,
amendée en 2008 et en 2015.
12
Le principe de communication appliqué par l’approche fédérale repose sur l’idée que tous ces contaminants sortent
d’une façon ou d’une autre des clôtures des entreprises. Au mieux, les substances utilisent l’espace public pour
circuler jusqu’à d’autres établissements, au pire, elles se répandent dans l’environnement. C’est un complément à
l’approche états-unienne du « Right-to-know » reconnue comme un droit à l’information pour le citoyen face aux
industries établies à proximité qui manipulent les matières dangereuses, et ce depuis la catastrophe de Bhopal
survenue en Inde en 1986, un accident industriel impliquant de l’isocyanate de méthyle ayant tué plus de 3 800
personnes.
L’INRP permet de plus de regrouper l’information sur les polluants émis par chaque secteur d’activités industrielles
et de mesurer le poids que chacun d’eux impose à notre environnement. Parti d’une liste d’un peu plus d’une
centaine de matières dangereuses à déclaration obligatoire lors du premier INRP en 1993, l’INRP de 2015 contient
des renseignements sur 365 matières dangereuses à déclaration obligatoire.
13
2.2.3 Règlementer globalement les matières dangereuses
En 1985, l’adoption du Règlement sur les déchets dangereux offre une portée beaucoup plus large, car il prévoit des
façons de faire pour l'ensemble des rejets de produits contrôlés. Un principe nouveau est introduit : les producteurs
doivent gérer et éliminer leurs matières résiduelles dangereuses, dans un délai d'un an, en utilisant un site autorisé.
Cette nouvelle approche devait minimiser les quantités dispersées sur l'ensemble du territoire, les regrouper pour
mieux les traiter, faire en sorte que la déclaration « déchet » accolée à un résidu industriel augmente le niveau des
contraintes pour le gérer, à moins qu'un certificat d'autorisation (CA) spécifique n'autorise un allongement du cycle
de vie par une nouvelle utilisation. Ce règlement sera abrogé en 1997.
En 1988, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) constitue la Commission d'enquête sur les
déchets dangereux au Québec. Celle-ci tient des audiences génériques sur l'élimination des matières résiduelles
dangereuses. Les 153 recommandations du rapport de 1990 (Les déchets dangereux au Québec, une gestion
environnementale) orientent le ministère vers une politique viable et durable de gestion des matières résiduelles
dangereuses. L’ensemble des mesures vise la gestion des matières résiduelles dangereuses (entreposage, transport,
traitement, destruction, valorisation, récupération, recyclage, réemploi), la réduction de la production des matières
résiduelles dangereuses, la décontamination et la restauration des sites anciens et actuels d'accumulation des
matières résiduelles dangereuses.
Enfin depuis 1997, le Règlement sur les matières dangereuses chapeaute l’ensemble des catégories de matières
dangereuses. Il contient des dispositions générales pour les matières dangereuses neuves et les matières
dangereuses résiduelles, ainsi que des dispositions particulières à ces dernières. Les pouvoirs du Ministre sont
étendus pour intervenir de façon préventive dans des situations qui présentent un risque pour l'environnement,
sans attendre qu’une source de contamination soit encore apparue. Pour les MDR, des balises permettent la mise
en valeur énergétique, définissent les normes d’entreposage et du dépôt définitif, exigent des producteurs un bilan
annuel de gestion et un registre, enfin dressent une liste d’activités autorisées par permis.
14
ce sont Éco Peintures et la Société de gestion des huiles usagées (SOGHU). Recyc-Québec agit comme mandataire
pour vérifier la mise en œuvre de cette politique.
Les principes de la 3e Politique 2010-2015 sont annoncés. Comme les deux premières, elle n’énonce pas d’objectif
spécifique pour les matières dangereuses résiduelles générées par le secteur ICI, mais plutôt pour des types de RDD
ou assimilés utilisés au secteur municipal ou pour des activités professionnelles. Cependant, la distinction selon la
provenance municipale ou ICI, pour une même matière, n’est plus aussi marquée. La responsabilité élargie des
producteurs (RÉP) sera progressivement étendue aux produits électroniques, piles, lampes au mercure. Par la suite,
tous les deux ans la RÉP s’appliquera à deux autres matériaux.
15
Figure 2.1 — Diagramme décisionnel pour produire le registre des MDR au Québec
OUI OUI
OUI
16
Figure 2.2 — Diagramme décisionnel pour produire le bilan des MDR au Québec
1. Deviez-vous tenir un registre au Deviez-vous tenir un registre au cours Aucun bilan n’est à
produire sauf à
cours de l’année pour des matières ou de l’année pour des matières
NON NON l’égard des BPC pour
des objets contenant des BPC que vous dangereuses résiduelles (autres que ceux qui ont répondu
aviez en votre possession ? des BPC) que vous aviez produites ? oui à la question 1
OUI OUI
OUI
OUI
NON OUI
17
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 3 FLUX DE MDR AU QUÉBEC
Au Canada, la responsabilité de la gestion des déchets dangereux est partagée. Le gouvernement du Canada
règlemente les mouvements internationaux des déchets dangereux alors que les gouvernements provinciaux et
territoriaux règlementent les créateurs de déchets, les installations de gestion et le transport de ces déchets à
l'intérieur de leurs propres limites territoriales.
C’est en 1990 que sont publiées les premières données concernant l’ampleur du phénomène matières dangereuses
résiduelles (MDR), dans le rapport de la Commission d’enquête sur les déchets dangereux au Québec. La Commission
appelle alors à un resserrement de la gestion des MDR, car elle estime qu’une fraction importante de celles-ci est
« égarée » en cours de route. Cette opinion de la Commission vient corroborer les observations de 1983 du Groupe
d’étude et de réhabilitation des lieux d’élimination de déchets dangereux (GERLED). Ce dernier a identifié un héritage
historique de 311 lieux de mise en décharge non contrôlée de déchets dangereux au Québec.
19
La première phase, timide et très incomplète, est celle des collectes itinérantes durant les années 90. Celles-ci
s’inspirent du concept pollueur-payeur, la charge financière est totalement à la charge des municipalités qui
choisissent de les réaliser pour protéger l’environnement. Les quantités recueillies sont devenues nettement plus
importantes depuis que les plans de gestion des matières dangereuses (PGMR) adoptent des infrastructures
permanentes pour recueillir les RDD. La conséquence perverse pour les municipalités est le gonflement des charges
financières pour gérer les RDD. Ce sont les déchèteries et les écocentres (voir chapitre 6) qui contribuent le plus à
l’efficacité de la collecte, mais aussi à la hausse des charges. Les tonnages compilés pour les principaux RDD en
témoignent (tableau 3.1).
Fluorescents 18 1 42 0,5
Propane 48 17 31 0,4
Pesticides 0 17 18 0,2
Oxydants 0 4 4 0,1
Médicaments 2 0 0 0,0
Une deuxième phase apparait durant les années 2000, celle de la responsabilité élargie des producteurs (RÉP). C’est
une approche qui combine la diminution des couts pour les municipalités avec la hausse continue des tonnages
recueillis. Il y a inversion des rôles dans le concept pollueur-payeur. Dorénavant le producteur, donc le fabricant ou
l’importateur, assume la charge financière de la récupération, du transport et du traitement de mise en valeur des
équipements qu’il a mis sur le marché québécois. Les infrastructures d’écocentres des municipalités, de même que
des points de dépôt agréés dans certains commerces et institutions, servent de porte d’entrée pour un flux de retour
à l’extérieur des budgets municipaux.
La mise en place de la RÉP est progressive depuis 2000. Elle couvre certaines matières dangereuses résiduelles déjà
recueillies dans les écocentres (peintures, huiles usagées et filtres) tout en ajoutant à cette liste des objets
manufacturés qui contiennent des matières toxiques pour l’environnement. Cette approche par RÉP règle
simultanément une difficulté de désignation pour des objets qui ne sont pas déclarés comme matières dangereuses.
C’est le cas des petites piles grand public, ordinateurs, écrans et fluorescents. Le tableau 3.2 indique la progression
de la RÉP depuis quelques années.
20
Tableau 3.2 – Progression de l'efficacité de la RÉP au Québec
2008
2004 2006
CATÉGORIE
(tonne) (tonne) (tonne) (%)
Les mises à jour des tableaux 3.1 et 3.2 seront publiées par RECYC-QUÉBEC dans des bilans sectoriels.
21
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 4 INFRASTRUCTURES ET OPÉRATIONS
La structure industrielle québécoise dans le domaine des matières dangereuses résiduelles (MDR) comprend des
entreprises d’entreposage, des centres de gestion, des entreprises de nettoyage industriel et de transport des
matières dangereuses, des entreprises de traitement, celles qui font la valorisation énergétique des MDR autorisées
ainsi que des entreprises d’élimination (tableau 4.1).
Tableau 4.1 — Répartition des types de permis émis au Québec pour gérer les MDR en 2010
MODE DE
TITRE DU PERMIS
GESTION
23
4.1 ENTREPRISES DE GESTION DES MDR
La liste détaillée des titulaires de permis, en vertu de l’article 70.9 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE),
est régulièrement mise à jour. Elle précise la nature du permis accordé pour chacune des 256 entreprises actives
(tableau 4.1). Au Québec, 46 % des matières dangereuses résiduelles transitent par l’une des 52 entreprises qui
détiennent un permis d’exploitation de procédés de traitement de matières dangereuses usagées, usées ou
périmées. La majorité d'entre elles sont concentrées dans la région montréalaise et sa périphérie (MDDELCC 2015).
QUANTITÉ
CATÉGORIE
(tonne)
J Matières et objets contenant des BPC ou contaminés par des BPC 320
24
4.1.2 Centres de gestion des matières dangereuses résiduelles
Un Centre de gestion des matières dangereuses résiduelles (CGMDR) est le nouveau nom qui remplace Centre de
transfert. Les CGMDR jouent un rôle pivot pour appliquer des modes de gestions appropriés aux résidus industriels.
Un CGMDR est multifonctionnel. Il peut transporter ou recevoir des matières dangereuses résiduelles, les entreposer
en attente d’une accumulation suffisante, les traiter, les destiner à des fins énergétiques ou les éliminer de façon
sécuritaire. Leur site est avant tout un lieu de manipulation des matières, donc d’ouverture des contenants et de
transfert en vrac pour un traitement ultérieur. Les matières sont classifiées et groupées par catégorie.
Un CGMDR exploite à des fins commerciales un ou des procédés de traitement des matières dangereuses usées ou
périmées, habituellement une unité de traitement par neutralisation des solutions acides et basiques avant leur rejet
s’ils sont conformes aux normes municipales. Il agit comme intermédiaire de gestion pour dénicher des lieux
appropriés pour d’autres traitements. L’angle de la santé-sécurité au travail (SST) durant les opérations dans un
CGMDR est documenté dans un rapport de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail
(IRSST) (ROBERGE 2005).
25
À son arrivée au CGMDR, le labpack est vidé de son contenu. Chacun des contenants doit être ouvert et vidangé
pour rejoindre un réservoir de vrac ayant les mêmes propriétés et ainsi cumuler un volume suffisant pour son
traitement. Cette opération manuelle comporte des risques plus élevés en SST à cause de l’exposition multiple du
préposé à des matières dangereuses et d’un possible mauvais étiquetage d’un contenant. Parmi les contenants
manipulés, les liquides se prêtent bien à la mise en réservoir. Les solides peuvent être cumulés en tas sous abri. Les
atomiseurs devront être ouverts un par un à l’aide d’un perforateur mécanique, dans une chambre en pression
négative ou dans une petite unité munie d’un filtre à charbon activé pour trapper les composés organiques volatils
(COV).
26
4.3.2 Les infrastructures québécoises d’élimination des matières dangereuses
L’entreprise STABLEX située à Blainville reçoit des résidus dangereux inorganiques solides ou des solutions. Pour ses
opérations, les intrants ne doivent pas contenir plus de 1 % de matières organiques. Le procédé STABLEX consiste,
lorsque possible, à inactiver les matières inorganiques en les transformant vers une spéciation moins toxique. Les
matériaux ainsi modifiés sont mélangés dans une matrice cimentaire qui rejoint une cellule d’enfouissement à
sécurité maximale. Une à une, les coulées de béton quotidiennes augmentent la taille d’un monobloc de béton qui
finit par occuper toute la cellule d’enfouissement.
Tableau 4.4 – Exemple d’inactivation d’un toxique avant de l’éliminer dans une matrice cimentaire
Résidus inorganiques contenant du dichromate de Réduire le Cr(VI) en Cr(III) à l’aide d’un réducteur fort pour en diminuer la
potassium K2Cr2O4 soit la forme la plus toxique du toxicité avant l’encapsulation au sein d’une matrice cimentaire du procédé
chrome, le Cr(VI) STABLEX dans un lieu d’enfouissement sécuritaire à Blainville.
Le Québec accueille aussi une installation industrielle d’élimination de matières organiques liquides combustibles.
L’incinérateur pour déchets dangereux liquides et semi-liquides, situé à Mercier, a été successivement opéré par
TRICIL ENVIRONMENTAL MANAGEMENT INC., SERVICES ENVIRONNEMENTAUX LAIDLAW (MERCIER) LTÉE, LAIDLAW
ENVIRONMENTAL SERVICES INC., SERVICES SAFETY-KLEEN (MERCIER) LIMITÉE et CLEAN HARBORS ENVIRONMENTAL
SERVICES INC. Cependant, cette installation n’est plus en opération depuis quelques années.
Boue d’hydrocarbures provenant du curetage d’un Mélanger avec des solvants usés contaminés (fuelblend) pour permettre
fond de bassin de produits pétroliers l’injection dans un four d’une cimenterie afin de réduire les couts
énergétiques.
Le Québec applique une Politique de réhabilitation des sols contaminés en vertu du principe qu’un sol contaminé
n’est pas un résidu dangereux lorsque la contamination est inférieure à 50 %. De nombreuses entreprises sont
répertoriées pour effectuer ces travaux (RÉSEAU-ENVIRONNEMENT 2009). Cependant, cinq sites d’enfouissement
des sols contaminés peuvent accueillir pêlemêle ceux pour lesquels des techniques de décontamination des sols ne
peuvent être mises en œuvre (MDDELCC 2015). Tout enfouissement dans ces cellules à sécurité maximale est un
aveu d’abandon permanent, car en mélangeant des sols comprenant diverses contaminations, toute tentative future
de décontamination des sols en contaminations croisées devient illusoire.
27
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 5 CENTRES DE GESTION DES MDR
Les centres de gestion des matières dangereuses résiduelles (CGMDR) étaient autrefois appelés centres de transfert.
Ce type d’établissement entrepose temporairement des lots de matières dangereuses résiduelles pour les classifier
et les grouper par catégorie, opère un ou des procédés de traitement des MDR. Ses opérations autorisées par permis
ne touchent pas la collecte des matières, ni leur élimination, cependant un service de nettoyage industriel et de
transport des MDR peut y être associé par permis.
En février 2016, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques du Québec (MDDELCC) avait délivré 52 permis commerciaux d’exploitation de procédés de traitement
de matières dangereuses usagées, usées ou périmées. Les CGMDR se répartissent dans la plupart des régions
administratives du Québec, mais la majorité d'entre eux sont actifs dans la grande région montréalaise et en
Montérégie.
Les données de 2002, dernière année où les données sont disponibles au Québec, indiquent que les régions
administratives de Montréal et de la Montérégie produisent respectivement 23 % et 38 % des 270 000 tonnes de
MDR. La moitié des MDR recensées au Québec transitent dans des établissements ayant un permis de catégorie
centre de transfert. Ce sont les CGMDR d’aujourd’hui. Ces compagnies agissent à la fois comme des intermédiaires
de gestion pour dénicher des lieux appropriés de traitement définitif et comme des sites de consolidation où sont
regroupées et combinées des matières qui présentent les mêmes compatibilités.
Un CGMDR manipule des matières, donc ouvre des contenants et assemble les matières en vrac pour un traitement
ultérieur. Le sens à donner au mot traitement ne comprend pas l’élimination définitive, à l’exception peut-être de
la neutralisation des solutions acides et basiques avant leur rejet si les propriétés dangereuses sont retirées du
mélange. L’angle de la SST durant les opérations dans un centre de transfert est documenté dans un rapport de
l’IRSST (ROBERGE 2005).
Les intrants directs d’un centre de transfert sont les matières dangereuses elles-mêmes, mais la définition de la LQE
ajoute « ainsi que toute matière ou objet assimilé ». On vise ici les contenants qui deviennent des intrants indirects
puisqu’ils sont souillés par les matières dangereuses, ainsi que les eaux de lavage souillées.
29
Le type de regroupement par famille de matières dangereuses et selon les compatibilités est aussi conçu en fonction
de la destination finale anticipée pour ces résidus dangereux. Après consolidation, les matières sont transférées vers
d’autres établissements qui sont autorisés pour les enfouir dans une cellule à sécurité maximale, les incinérer avec
traitement des gaz de combustion, pour recycler le métal décontaminé ou sont déversés dans les égouts dans le cas
des eaux neutralisées ou autrement décontaminées. L’approche des 3RV-E suggère aussi que, dans plusieurs cas,
certaines matières dangereuses résiduelles servent d’intrant autorisé dans un procédé primaire.
La manipulation ouverte de nombreuses matières dangereuses résiduelles expose les travailleurs directement et
augmente de beaucoup les risques d’accident, tant lors du traitement sur le site des CGMDR que lors du nettoyage
industriel préalable. En 2002, un établissement a été rasé par les flammes à la suite de l’utilisation d’une méthode
inappropriée pour vider des atomiseurs. Le Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’environnement établit à 19,5 %
le taux d’accident du personnel affecté aux opérations, soit quatre fois plus que dans l’ensemble des autres secteurs.
En réaction, une étude diagnostique de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST)
donne des pistes de correction (ROBERGE, 2005).
Les intrants d’un CGMDR (tableau 5.1) sont caractérisés au laboratoire pour déterminer les traitements à effectuer.
Les extrants sont également caractérisés avant d’être transférés pour en disposer de façon sécuritaire chez des
entreprises autorisées à en faire la mise en valeur ou l’élimination.
30
Tableau 5.1 – Intrants de MDR transformés en extrants lors de leur passage dans un CGMDR
31
Figure 5.1 — Diagramme d’écoulement général des procédés d’un CGMDR type
RETOUR
ÉVALUATION REFUSÉ
GÉNÉRATEUR
ACCEPTÉ
SORTIE
NETTOYAGE DES
DÉCHARGEMENT
CAMIONS
ENTREPOSAGE
SYSTÈME DE HUILES
USÉES (LABPACKS, BARILS, EAU CONTAMINÉE
CHAUFFAGE
RÉSERVOIRS)
EXPÉDITION VERS :
• LET REJET REJET
EXPÉDITION LET
• LIEU SÉCURITAIRE ATMOSPHÉRIQUE ATMOSPHÉRIQUE
• RECYCLAGE
32
Figure 5.2 — Diagramme d’écoulement des combustibles
ENTREPOSAGE
(LABPACKS, BARILS, RÉSERVOIRS)
LIQUIDE
MÉLANGE
FILTRAT
FILTRATION SOLIDE (Fabrication des SOLVANT
combustibles substituts)
LIQUIDE
ENTREPOSAGE
(LABPACKS, BARILS, RÉSERVOIRS)
CONSOLIDATION DES
NON-CONFORMITÉ RETOUR
MATIÈRES DANGEREUSES LABPACKS GÉNÉRATEUR
(TRANSFERT)
BARILS
CONTAMINÉS
ABSORBANT
CONTAMINÉ
AIRE DE
TRAITEMENT
DES SOLIDES
ENTREPOSAGE PAR
CATÉGORIES
205 L ET RÉSERVOIRS
RECYCLAGE BARIL NETTOYAGE
EAU
33
Figure 5.4 — Diagramme d’écoulement des contenants d’aérosols
ENTREPOSAGE
CONSOLIDATION RETOUR
ÉVALUATION REFUSÉ
LABPACKS GÉNÉRATEUR
ACCEPTÉ
RECYCLAGE
LIEU
AIRE DE PRÉPARATION MATIÈRES PERFORATEUR ET PRESSE
DANGEREUSES
D’ENFOUISSEMENT
DES COMBUSTIBLES (EXTRACTION)
TECHNIQUE
LIEU
D’ENFOUISSEMENT
SÉCURITAIRE
MATIÈRES
DANGEREUSES
ENTREPOSAGE
(LABPACKS, BARILS, RÉSERVOIRS)
NEUTRALISATION AGENT
(MÉLANGE) NEUTRALISANT
SYSTÈME DE TRAITEMENT
DES EAUX RÉSIDUAIRES
34
Figure 5.6 — Diagramme d’écoulement du traitement des eaux usées
EAUX HUILEUSES ET
PRÉPARATION DES CONSOLISATION CONSOLIDATION NEUTRALISATION NETTOYAGE DES
EAUX
COMBUSTIBLES DES LABPACKS D’AÉROSOLS ACIDE/BASE CAMIONS
CONTAMINÉES
ÉVALUATION
CHAINE DE TRAITEMENTS
APPROPRIÉS
REFUSÉ
AIRE DE
TRAITEMENT DES
TRAITEMENT DES
BOUES
COMBUSTIBLES
ÉVALUATION
ACCEPTÉ
REJET AUX
ÉGOUTS
POSTE DE
FLOCULATION
BOUES SÉCHÉES
35
5.2 FORMATION TECHNIQUE POUR CENTRE DE GESTION DES MDR
Les pratiques du MDDELCC autorisent le travail des MDR par l’émission de permis aux établissements portant sur
l’élimination, le traitement, l’entreposage, l’utilisation énergétique et leur transport (tableau 5.2). Certains
établissements possèdent des permis pour plus d’une opération. D’autres entreprises offrent des services multiples
par leur structure industrielle intégrée où plusieurs établissements se complètent dans diverses régions.
Tableau 5.2 – Attribution de permis par le MDDEP dans le secteur des MDR
Ces établissements sont à forte saveur chimique à cause des matériaux manipulés et des traitements réalisés. Pour
plusieurs postes de travail, une formation spécifique comportant une connaissance de la chimie est demandée
(tableau 5.3). En complément, l’employeur utilise ses services internes ou les services d’une association sectorielle
de prévention pour offrir des formations plus pointues à ses employés (tableau 5.4). L’Association sectorielle
transport entreposage (ASTE) s’est aussi penchée sur les besoins en formation spécifique pour les opérateurs et les
journaliers qui travaillent dans la cour des CGMDR (tableau 5.5).
Tableau 5.3 – Formation spécifique demandée lors de l’embauche pour divers postes dans un CGMDR
Ingénieur procédés Ingénieur sénior en contrôle des procédés chimiques et/ou métallurgiques
Technicien des opérations AEC ou DEC techniques de laboratoire, procédés chimiques ou domaines connexes
36
Tableau 5.4 – Formations spécialisées offertes au personnel des services intégrés sur plusieurs sites
THÈME DE LA FORMATION
Tableau 5.5 – Formations en santé-sécurité pertinentes au travail des opérateurs dans un CGMDR
Mise en vrac du
X X
contenu des labpacks
Échantillonnage de
X X X X
MDR
Chargement/décharg
ement de camion X X X X X
contenant MDR
Lavage de benne et
citerne contaminée X X X X
par MDR
Pompage, lavage et
pressage de baril X X X
contaminé par MDR
Pressage et
déchiquetage de X X X
contenant de MDR
Adapté de ASTE 2010
37
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 6 RÉSIDUS DOMESTIQUES DANGEREUX
Des matières dangereuses font partie de notre vie domestique. Ce sont le plus souvent des peintures, des produits
de nettoyage en vente libre sur les tablettes des magasins, des produits pour les équipements motorisés, des
pesticides, des contenants sous pression ou encore des gaz. Lorsqu’ils sont dans nos résidences, le risque vient
d’abord de la méconnaissance de leurs propriétés. Les enfants sont les moins avertis, ils provoquent le plus grand
nombre d’intoxications et d’accidents, surtout par inhalation et par contact cutané. En 2011, le Centre antipoison
du Québec (CAPQ) a répondu à plus de 45 000 appels au sujet d’intoxications, dont 43 % concernent les enfants, et
56 %, les adultes. Les dernières statistiques ont démontré que 50 % des intoxications sont causées par des
médicaments, et 43 %, par des produits domestiques. De plus, l’entreposage inadéquat des matières dangereuses
élève le risque d’incendie ou de contamination lors d’un déversement.
Lorsque les résidus domestiques dangereux (RDD) sont glissés de façon discrète dans les bacs de la collecte sélective
ou avec les déchets ultimes, ils propagent des risques tout au long de la chaine de manipulation. Les risques à la
santé-sécurité augmentent près des éboueurs, puis lors du vidage des équipements de transport, parmi les
équipements de tri, ou encore à l’arrivée au lieu d’enfouissement.
Dans un site d’enfouissement, les risques environnementaux existent parce que ces MDR offrent peu de
biodégradabilité. Elles pénètrent le lixiviat des sites d’enfouissement ou se joignent au biogaz. Les solvants, les
peintures et les huiles libèrent les hydrocarbures. Les composés phénoliques chlorés sont émis par le bois traité, les
métaux lourds sont oxydés et dissouts dans le lixiviat. Par contre, dans un incinérateur les contaminants organiques
portés à chaud sont partiellement ou totalement détruits, les métaux de grand risque environnemental sont surtout
vaporisés. Ce n’est que lorsqu’on met en place le traitement des fumées que les métaux lourds et les molécules
organiques non brulées se concentrent au point où les cendres volantes deviennent des résidus dangereux.
MATIÈRE DÉBOUCHÉE
Assortiment, filtration, mise aux normes et offre à la vente pour réemploi. Organisme ÉCO-PEINTURE et
Peintures
LAURENTIDE RE/SOURCE INC.
Régénération et offre à la vente pour réemploi : SAFETY-CLEAN CANADA LTÉE ; Mise en vrac et valorisation :
Huiles usagées
organisme SOGHU et diverses entreprises industrielles comme substitution de carburant fossile
Réduction pyrométallurgique, lingots de plomb pour le recyclage des batteries automobiles : NEWALTA
Accumulateurs d’automobiles
NOVAPB
Incinération à 1200 °C dans des incinérateurs spécifiques pour MDR munis d’équipements d’épuration
Pesticides
adéquats
39
6.1 ÉCOCENTRE, DÉCHÈTERIE, COLLECTE PERMANENTE OU ITINÉRANTE
Au fil des ans, les groupes de pression ont convaincu les élus de bonifier les services municipaux par l’implantation
d’une forme de collecte des RDD. Depuis la 2e Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008,
le MDDELCC force les structures municipales à adopter comme objectif la récupération de 60 % des RDD usuels, ainsi
que de 75 % des restes de peintures et des huiles à moteur usées, filtres à huile et contenants d’huile.
Les modèles d’organisation vont de la journée de collecte ponctuelle, à l’unité mobile de récupération qui sillonne
les quartiers, et au dépôt saisonnier dans une déchèterie ou une ressourcerie ouverte huit mois par année. Quelques
écocentres seulement les accueillent tout au long de l’année. Dans le concret, les municipalités assument les couts
de l’organisation locale d’une collecte de RDD. En parallèle, des ententes avec des chaines de magasins de détail
permettent la récupération de certains RDD, puis leur acheminement vers l’usine de traitement appropriée.
La charge financière du transport et du traitement sont totalement à la charge de la municipalité ou de l’entreprise
qui récupère, sauf pour les MDR où existe la responsabilité élargie des producteurs (RÉP). C’est le cas des restes de
peinture, des huiles à moteur usées, filtres à huile et contenants d’huile. Malgré la multiplicité des efforts, la
récupération est en hausse modérée et demeure assez faible. La mise en valeur est voisine de 22 %. En 2011, les
piles, les lampes contenant du mercure ainsi que les équipements hors d’usage des technologies de l’information et
des communications (TIC) seront eux aussi couverts par une RÉP.
La collecte par unité mobile (figure 6.2) utilise un camion dont le coffre fermé ou la remorque est compartimenté
40
pour y recevoir les différents types de RDD et prévenir les risques d’accident environnemental. Il est pourvu de
systèmes de détection de chaleur, de systèmes de ventilation, de gicleurs ainsi que d’extincteurs. Les RDD sont triés
grossièrement sur place par les préposés à la collecte, puis empaquetés selon leur classe respective dans des barils
(labpacks) rangés dans le véhicule. L’unité mobile se déplace vers la population dans diverses zones du territoire.
Elle séjourne un ou deux jours à chacun des points de collecte.
Figure 6.2 – Installation minimale pour une unité mobile de collecte de RDD
Le dépôt permanent (figure 6.3) permet l’apport volontaire des RDD toute l’année, selon un horaire fixe. Un
personnel technique formé adéquatement doit être présent lors des heures d’ouverture du dépôt pour accueillir les
gens et recueillir leurs RDD. Un bâtiment, fermé et cadenassé, permet d’assurer un entreposage sécuritaire d’une
quantité souvent importante de RDD, emballée adéquatement, accumulée au cours d’une période de quelques
semaines, jusqu’à leur acheminement vers un lieu autorisé de recyclage, de valorisation ou d’élimination spécialisée.
Les frais initiaux d’implantation sont élevés.
La collecte aux points de vente résulte de l’initiative de certains commerces qui vendent une quantité de produits
susceptibles de générer des RDD. Au Québec, il s’agit jusqu’à maintenant d’initiatives privées en arrimage avec les
programmes dédiés à un RDD spécifique. Dans d’autres cas, c’est le fabricant ou le distributeur du produit qui prend
en charge les RDD qu’il a vendu auparavant.
41
6.3 FONCTIONNEMENT D’UN ÉCOCENTRE
Un écocentre est une structure d’accueil pour allonger le cycle de vie des matières résiduelles qui ne peuvent être
déposées à la collecte sélective. Les citoyens viennent porter les matières à l’écocentre où ils complètent un tri
préliminaire. Des conteneurs permettent de recueillir les grands cartons, les métaux ferreux, les métaux non ferreux,
les matières minérales inertes, le bois. Aux fins de réemploi, plusieurs écocentres recueillent les bicyclettes, les
équipements sportifs, le mobilier de petite taille, les jouets d’enfants. Ceux qui disposent d’un personnel autorisé
recueillent aussi les appareils réfrigérés pour retirer les fluides réfrigérants conformément à la règlementation.
Cependant l’autre rôle principal de l’écocentre est de recueillir les RDD, de les séparer selon leur nature, puis de les
acheminer selon la meilleure filière environnementale disponible. Ce rôle est essentiel pour protéger le milieu
naturel et les lieux d’élimination.
Alors arrivés, les citoyens déposent leurs contenants de RDD sur la table de réception prévue à cet effet. Le
technicien vérifie rapidement que le contenant ne fuit pas et comporte l’étiquette d’origine. Lorsqu’une étiquette
présente sur le contenant et des pictogrammes permettent l’identification sans ambigüité du produit, les RDD
apportés sont classés selon les différentes catégories énumérées dans l'annexe 1. Ce prétri est effectué sur une table
située à l’arrière de celle servant à la réception des produits. Si l’emballage est non identifié, des questions posées
au citoyen complètent l’identification sommaire, à tout le moins à quelle classe de produits il appartient.
L’information verbale est notée pour une contrevérification subséquente. Les cartons de transport souillés par des
matières dangereuses renversées, lorsqu’à l’évidence la contamination est inférieure à 3 % de la masse, sont
considérés comme vides et peuvent être recyclés.
Les matières accueillies dans la zone des RDD comprennent des matières dangereuses vraies (tableau 6.2) ainsi que
des matières visées par les programmes de responsabilité élargie des producteurs (RÉP) lorsque certains de leurs
composants sont associés à des matières dangereuses pour l’environnement (tableau 6.3).
42
Tableau 6.3 – Matières assimilées aux RDD
Fréon Halon
Figure 6.5 – Protection hivernale de la zone d’accueil des RDD d’un écocentre
43
6.3.2 Classement des produits inconnus
Les produits dangereux présentent plusieurs incompatibilités, la ségrégation de ces différentes catégories de
produits est primordiale. L’écocentre ne peut conserver des produits non identifiés qui peuvent réagir de façon
inconnue. En présence de contenants non identifiés, une procédure développée à partir d’un tableau sommaire
d’incompatibilité (tableau 6.6) est mise en œuvre. Un diagramme de classement des produits inconnus en découle
pour assigner la bonne catégorie sommaire (figure 6.6).
Matières Matières
CATÉGORIES Acides Bases Oxydants Réducteurs
inorganiques organiques
Acides
Bases
Oxydants
Réducteurs
Matières
inorganiques
Matières organiques
: Incompatible : Compatible
Adapté de Wilb 2012
Les tests faciles à réaliser utilisent des bandes de papier imbibées d’un chromophore ; la couleur qui se développe
au contact d’un liquide est significative. Le papier PHydrion ina-Chek 0-13 pour le test de pH identifie sans peine les
acides ou les bases. Cependant certains liquides inconnus sont colorés ou opaques, rendant la mesure du pH
impossible. Dans ce cas, les acheminer vers le labpack des pesticides liquides. Les produits considérés neutres et
non-oxydants peuvent également rejoindre le labpack des pesticides liquides, car ils présentent un minimum de
danger en cas d’écoulement de par leurs propriétés.
Le test d’oxydant utilise le ruban Potassium iodide-starch pour le test d’oxydant. Idéalement, mais aucun test simple
et efficace n’est disponible pour identifier les réducteurs. Cependant, le test d’oxydant peut s'effectuer sur les
produits inconnus basiques aussi bien que sur les produits inconnus acides. Parmi les produits d’usage courant, les
bases oxydantes comprennent des déboucheurs de canalisation tel le Drano™ et l’eau de Javel, tandis que du Dr
Plumber™ ainsi que les peroxydes d’hydrogène sont des acides oxydants. Plusieurs produits d’entretien ménager ou
de piscines peuvent se retrouver dans l’une ou l’autre de ces catégories.
Afin de séparer les phases, le test suggéré est l’absorption sur des couches spécifiques pour les produits organiques
et pour les produits aqueux. Ainsi l’absorbant en polypropylène permet d’identifier les produits organiques.
Quelques gouttes d’un produit inconnu liquide versé sur cet absorbant perlent si l’inconnu est aqueux. À l’inverse, il
est organique s’il s’adsorbe.
44
Figure 6.6 – Diagramme de classement des RDD inconnus
Présence d’une
étiquette
OUI
IDENTIFICATION DU
PRODUIT
NON OUI
SELON
PICTOGRAMMES
COMPATIBILITÉ
NON
ACIDE BASE
NEUTRE
ACIDE BASE
OXYDANT
OXYDANT OXYDANT
LIQUIDE
OUI NON
PESTICIDES
TEST DE PHASES
SOLIDES
AQUEUX ORGANIQUE
TEST pH ORGANIQUE
ACIDE BASE
NEUTRE
+ - + -
ACIDE BASE
ACIDE BASE
OXYDANT OXYDANT
+ -
PESTICIDES
OXYDANT
LIQUIDES
45
6.3.3 Gestion des principaux RDD et assimilés
Acides et bases
Les produits sont identifiés soit à l'aide de l'étiquette d'origine ou grâce à un test PHydrion instaChek 0-13 pour
détecter le pH. Ils sont conservés dans leur contenant identifié et placés dans le labpack correspondant.
Oxydants
La majorité des produits oxydants reçus sont des produits de chloration pour piscine ainsi que des peroxydes. Lors
de l'arrivée de produits inconnus, un test de Potassium iodide-starch est effectué sur les produits inconnus acides
pour vérifier leur caractère oxydant. Ces produits sont conservés dans leur contenant d'origine, puis sont placés dans
leur labpack correspondant.
Solvants
Les solvants reçus sont classés parmi les liquides inflammables. Le plus souvent, l’écocentre accueille des diluants à
peinture, essences, décapants, combustibles et antigels. Les contenants d’origine sont conservés dans un labpack.
Huiles usées
Les huiles usées à moteur sont entreposées dans leur contenant d’origine dans un paintpack attitré.
Aérosols
Les petits contenants sous pression d’aérosols, autres que ceux de peinture et d’huile, sont tous entreposés dans le
même labpack. Les extincteurs ont toutefois leur propre labpack, tout comme les petites torchères de propane.
Organiques
La vaste catégorie des produits organiques comprend les goudrons, les colles, les cires, les cosmétiques. Ils sont
conservés dans des labpacks dans l’entrepôt.
46
Accumulateurs acide-plomb
Les batteries de véhicule et toutes celles fonctionnant à l’acide-plomb sont entreposées à l’extérieur dans un
contenant-cuve accueillant au plus 20 batteries. Lors de la manipulation de ces batteries, l’acide sulfurique peut fuir.
Tout liquide qui s’épand au sol requiert un test de pH. Les flaques acides sont neutralisées avec
l’hydrogénocarbonate de sodium et nettoyées.
Piles
Les piles sont prises en charge selon les consignes de l’organisme Appel-à-recycler™, ségréguées dans des barils
différents selon qu'elles sont des piles non recyclables alcalines, des piles non recyclables au lithium, des piles
recyclables soit Li-ion, soit Ni-MH, soit Ni-Cd ou soit au plomb, en plus des piles boutons soit alcalines, au lithium ou
à l’oxyde d’argent. Les pôles positifs des piles au lithium ou Li-ion ou au plomb sont toujours protégés en étant
recouverts d’un ruban isolant ou en emballant ces piles dans des sacs individuels. De plus, l’ensemble des piles
recyclables est emballé dans des boites conçues à cet effet.
Cylindres de propane
Les cylindres de propane de format de 8 kg et plus sont entreposés dans une armoire extérieure isolée et grillagée.
Mercure
Les thermomètres fabriqués depuis 1980 ne contiennent plus de mercure, mais les vieux thermomètres et les
thermostats en contiennent. Les thermostats non désassemblés et les vieux thermomètres sont accumulés dans un
contenant en plastique pour leur transport ultérieur.
Fréons et halons
Les réfrigérateurs, congélateurs, climatiseurs, distributrices à eau, déshumidificateurs et autres équipements
contenant des fréons sont accumulés à l’extérieur. En hiver, les fréons ne peuvent être retirés d’un appareil. Aux
températures chaudes, un technicien autorisé les retire des appareils et les entrepose dans de petites bonbonnes
avant de les acheminer vers un frigoriste autorisé pour leur destruction.
47
La structure de la formation minimale à offrir pour travailler dans une déchèterie ou un écocentre qui accueille le
RDD comprend la mise en œuvre du plan d’intervention d’urgence, soit :
Situations d’urgences possibles;
Communications en cas d’urgence;
Responsabilités de chaque intervenant;
Revue détaillée de chacune des situations d’urgence et scénario d’intervention;
Distribution et mise à jour du plan d’urgence.
L’accueil des RDD sur le site requiert des règles générales de fonctionnement connues de tout le personnel :
Sécurité générale sur le site;
Équipements de sécurité collective et de protection personnelle;
Réception des RDD;
Tri et ségrégation;
Mise en récipient et entreposage;
Enlèvement des barils entreposés;
Liste des matières refusées.
48
CHAPITRE 20 ENTREPOSAGE SECURITAIRE DES MATIERES DANGEREUSES
L’entreposage sécuritaire des matières dangereuses est nécessaire pour prévenir le risque d’accident grave, de bris
majeur et de catastrophe environnementale. Que ce soit dans une école, un hôtel de ville ou un établissement de
restauration rapide, les produits de nettoyage ajoutent des risques lors de leur manipulation et de leur entreposage.
Les articles 70 à 100 du Règlement sur la santé et sécurité au travail (RSST) décrivent les dispositions portant sur
l’entreposage et les incompatibilités entre les catégories. Ainsi les matières inflammables, les matières corrosives et
les matières toxiques doivent être tenues à l’écart des matières comburantes.
Deux situations s’offrent à nous. La plus courante est d’hériter d’une installation déjà existante, appropriée par ses
équipements et des dimensions, pour laquelle une gestion courante doit maintenir l’organisation et l’application des
principes sécuritaires. Dans ce cas simple, il suffit d’en comprendre les principes et d’éviter la détérioration.
Cependant, d’autres situations forcent à réformer le système d’entreposage non adéquat, à revoir l’organisation et
les équipements utilisés. C’est un travail lourd puisqu’il faut alors dresser un inventaire quantitatif qui permet
d’établir la classification, décider de l’élagage de tout ce qui est périmé ou en surabondance. Que retenir comme
classification? Faut-il utiliser la catégorisation du Règlement sur le transport des marchandises dangereuses (RTMD)
ou plutôt celle du Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT 2015)? Celle du
Code national de prévention des incendies ou de la National Fire Prevention Association (NFPA)? C’est le contexte
et la taille des contenants qui orientent les décisions. Une réserve de matières dangereuses en barils scellés déposés
sur des palettes requiert une organisation où les grands volumes imposent une simplification des choix (annexe 4).
Par contre, une multiplicité de produits en petits formats amène tout naturellement à utiliser la classification
SIMDUT 2015 nettement plus fine, celle développée au présent chapitre. Dans ce cas, la qualité de l’étiquetage et la
disponibilité des fiches de données sécurité doivent permettre la sortie des contenants de la zone d’entreposage et
leur retour subséquent sans créer d’erreurs de localisation. Ce chapitre est un outil permettant de créer un
environnement d’entreposage sécuritaire de matières dangereuses. Certes, le modèle proposé n’est pas parfait pour
chacun des milieux, mais il va permettre une diminution des risques liés à ces produits.
Deux substances sont incompatibles lorsque mélangées, à température et pression normales, elles provoquent
Incompatibilité
un feu, une explosion ou une autre réaction violente, ou émettent de la chaleur ou des vapeurs toxiques.
Susceptibilité d'un produit à réagir violemment ou de façon dangereuse dans des conditions normales
Instabilité
d'utilisation.
143
Vu l'ampleur des conséquences possibles de telles réactions, il est important de ne jamais mélanger des produits
chimiques incompatibles, toujours séparer les contenants des produits incompatibles. L'instabilité est un autre
aspect de la réactivité des produits. Une substance instable peut, sous certaines conditions de choc, vibration,
pression, chaleur ou de lumière réagir violemment, se polymériser, se décomposer ou exploser.
Les conséquences de telles réactions peuvent être graves : blessure, intoxication, mort, dommage matériel et
environnemental. D’où l'importance de manipuler et entreposer les produits chimiques instables sous des conditions
prévues et contrôlées ainsi que bien connaitre la réactivité des produits utilisés.
L'organisation de l'entreposage des matières dangereuses vise à ce que des produits incompatibles ne puissent venir
en contact, même en cas de fuite ou de déversement, et à contrôler les conditions d'entreposage des produits en
fonction de leur réactivité et du risque potentiel qu'ils présentent. Le tableau 20.2 dresse une liste de quelques
familles chimiques connues de substances incompatibles alors que le tableau 20.6 précise des conditions
d'instabilité.
Acides Bases
144
Tableau 20.3 – Conséquences possibles lors d’un mélange de substances incompatibles
C Dégage chaleur, dégage des gaz non toxique et ininflammable O Dégage chaleur, incendie, dégage un gaz non toxique et ininflammable
D Dégage chaleur, dégage un gaz inflammable, incendie P Dégage chaleur, dégage un gaz toxique et un gaz inflammable
E Dégage chaleur, dégage un gaz toxique Q Dégage un gaz non toxique et ininflammable
L Dégage chaleur, explosion, dégage un gaz toxique X Dégage chaleur, polymérisation violente, et dégage un gaz toxique
Adapté de Hatayama 1980
145
Tableau 20.4 – Conséquence des mélanges de matière selon leur groupe fonctionnel
146
15
16
17
18
19
A A A 20
F J J J 21
F J D 22
I 23
24
J U J J T 25
B V J 26
M M 27
F 28
29
F A T H F C C M X B 30
B J J A 31
A U 32
A E 33
B B B B B B B U B 34
O D H 35
F F F T T F F F F F 36
B B B B B B B B F 37
I E H I H G G I G H F I I C I H H O O F H 38
F J J J J F F J P A J F N G 39
C J J V J S S 40
Extrêmement réactif! Ne pas mélanger avec tout autre produit 41
15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
147
Tableau 20.5 – Familles chimiques connues de conditions d'instabilité
Matières autoréactives Selon le cas : eau, air, chaleur, choc, pression, contamination
Matières réactives inflammables Selon le cas : eau, air, chaleur, choc, pression, contamination-choc, soleil direct
Ségrégation Entreposer de façon à ce que les substances incompatibles ne soient pas dans un même voisinage
Séparation Espacer le plus possible, des matériaux inertes ou des obstacles entre les catégories
Isolation Entreposer les substances par catégories de risque défini dans un local distinct et séparé, à bonnes
distances
Selon la nature et le degré de risque encouru, différents niveaux de ségrégation s’appliquent (tableaux 20.6 et 20.7).
Certains facteurs pouvant diminuer ou augmenter le niveau de ségrégation devront être considérés. Par exemple,
les quantités de produits à entreposer : 100 ml d'un produit hautement inflammable ne présentent pas le même
degré de risque que 100 L de ce même produit. L'espace disponible : un manque d’espace peut entrer en ligne de
compte, mais ne doit pas aller à l'encontre de la sécurité. L'aspect pratique : il n'est pas pratique de réserver une
zone d'entreposage pour un seul produit.
148
Tableau 20.7 – Les niveaux de ségrégation
NIVEAU DE
DESCRIPTION DE LA SÉGRÉGATION RISQUES PRÉVISIBLE
SÉGRÉGATION
Séparer par un mur : entreposer dans des pièces Risque d'incendie (ex. : inflammable, comburant) et
2
séparées d'intoxication
PICTOGRAMMES DESCRIPTION
Classe 1 — Explosifs
1.1 — Substance ou article qui présente un danger d'explosion en masse
1.2 — Substance ou article qui présente un danger de projection de fragments, mais non un
danger d'explosion en masse
1.3 — Substance ou article qui présente un danger d'incendie ainsi qu'un danger mineur de
détonation ou un danger mineur de projection ou les deux, mais non un danger d'explosion
en masse
1.4 — Substance ou article qui ne présente aucun danger important; les effets de l'explosion
sont en grande partie limités à l'emballage et on ne doit prévoir ni projection ni fragments de
taille appréciable à distance
1.5 — Substance très insensible qui néanmoins présente un danger d'explosion en masse
comme celle des substances du point 1.1
1.6 — Substance extrêmement insensible qui ne présente pas un danger d'explosion en
masse
Classe 2 — Gaz
2.1 — Gaz inflammable
2.2 — Gaz ininflammable, non toxique, non corrosif
2.3 — Gaz toxique
2.3 — Envois transfrontaliers Canada – É.-U. et gaz toxiques spéciaux
2.4 — Gaz corrosif
2.2 (5.1) — Oxygène seulement. (chargement mixte)
149
PICTOGRAMMES DESCRIPTION
150
Tableau 20.9 – Incompatibilité des matières selon la classification TMD
2.1
Produits pouvant être entreposés ensemble.
2.2
Produits incompatibles. Ne pas les entreposer dans le même
compartiment résistant au feu.
2.3 Consulter la fiche signalétique.
2.4 1m 1 m Produits incompatibles. Distance minimale de 1 mètre.
3
Conserver les matières radioactives dans un entrepôt
spécifique.
4.1
1m 1m Séparer les acides et les bases. Distance minimale de 1 mètre.
4.2 1m 1m 1m 1m 1m
4.3
5.1 1m 1m
5.2
6.1 1m
6.2 1m
7
8 1m 1m 1m 1m 1m 1m 1m
9 1m 1m 1m 1m 1m 1m 1m
Classification
matières
dangereuses 2.1 2.2 2.3 2.4 3 4.1 4.2 4.3 5.1 5.2 6.1 6.2 7 8 9
Adapté CNPI 2010, Dallaire 2011, Olivier 2014
20.4 CLASSIFICATION BASÉE SUR LE SYSTÈME D'INFORMATION SUR LES MATIÈRES DANGEREUSES UTILISÉES
AU TRAVAIL 2015
Le modèle d'entreposage, privilégié dans ce chapitre, utilise la classification basée sur le système d'information sur
les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT 2015). Ce système pancanadien de communication des
renseignements sur les matières dangereuses repose sur trois éléments : l'étiquetage des contenants, la formation
des travailleurs, l'élaboration ainsi que la disponibilité des fiches de données de sécurité. La classification des
matières dangereuses selon le SIMDUT 2015 retient maintenant deux grandes catégories de dangers, soient celle
des dangers physiques et celle des dangers pour la santé (tableau 20.10).
Les critères détaillés de danger physiques et de danger d’intoxication servent de base à la classification des
substances selon le SIMDUT 2015. Une description complète est donnée au chapitre 7. L'avantage à utiliser la
classification SIMDUT 2015 comme base d'information pour entreposer des matières dangereuses réside dans son
caractère pancanadien. De plus par les fiches de données de sécurité, le SIMDUT 2015 donne accès à beaucoup plus
d'informations techniques pour l'entreposage des produits que le permet d'autres règlements sur les matières
dangereuses, par exemple le TMD. Le désavantage de la classification SIMDUT 2015 provient du fait que certaines
matières ne sont pas incluses. Ce sont les explosifs, les matières radioactives, les produits pharmaceutiques, les
produits antiparasitaires, les biens de consommation et les résidus dangereux. Le système général harmonisé (SGH)
viendra compléter davantage cette classification en y ajoutant les explosifs.
La correspondance n’est pas parfaite entre les divisions des catégories TMD, SIMDUT 2015 et SGH si bien que des
ajustements sont requis pour passer de l’un à l’autre (tableau 20.11).
151
Toutefois, étant donné que les explosifs et les matières radioactives sont des matières règlementées en vertu du
TMD et présents dans l'industrie du transport et de l'entreposage, une place spéciale est attribuée dans le modèle
des incompatibilités. Les matières radioactives constituent une catégorie supplémentaire puisqu'elles ne
correspondent à aucun type de matières dangereuses. Enfin, les résidus dangereux suivent les mêmes règles.
Cependant l'entreposage, le recyclage et l'élimination des résidus dangereux relèvent du ministère de
l’Environnement. La Loi sur la qualité de l'environnement (LQE) explique les dispositions particulières pour gérer ces
produits, en respectant les principes généraux déjà mentionnés pour les matières dangereuses.
Tableau 20.10 – Classes de dangers physiques et de dangers pour la santé du SIMDUT 2015
152
Tableau 20.11 – Équivalences entre les classes et les pictogrammes du SIMDUT-1988 et du SIMDUT 2015
Source : www.cnesst.gouv.qc.ca/publications/900/Documents/DC900-273web.pdf
153
20.4.1 Critères généraux de classification
La classification de produits chimiques peut servir à établir la ségrégation requise entre ces produits de sorte que les
produits portant des symboles de danger différents ne sont pas entreposés ensemble. Cependant, cette ségrégation
n’est valable que pour les produits qui portent uniquement un seul symbole de danger. De plus, elle ne tient pas
compte des diversités des produits à l'intérieur d'une même catégorie de matières dangereuses. Par exemple,
l’acétone est inflammable et toxique; doit-elle être rangée avec les produits inflammables ou toxiques? D’où
l’importance de créer un modèle d’entreposage.
Afin de tenir compte des diversités à l'intérieur des catégories, un tableau de ségrégation des matières dangereuses
est établi selon les classes de dangers physiques et de dangers pour la santé du tableau 20.11. Le tableau 20.12
ventile cette ségrégation selon trois types : les produits entreposés ensemble, les produits entreposés dans des
pièces différentes (ségrégation de niveau 1 ou 2), les produits séparés les uns des autres par une certaine distance
ou des matières inertes (ségrégation de niveau 3).
Le tableau 20.12 recommande une ségrégation entre différentes catégories de matières dangereuses; ce n’est pas
un tableau qui reflète exclusivement des incompatibilités. En effet, séparer deux produits peut être lié à un facteur
autre que l’incompatibilité. Par exemple, le tableau 20.12 recommande de ne pas entreposer les gaz comprimés
avec les produits qui dégagent des vapeurs inflammables au contact de l'eau, et ce, non parce qu'ils sont
incompatibles; ces produits doivent être séparés à cause de l'obligation, en cas d'incendie, de refroidir les bonbonnes
de gaz comprimés avec de l'eau afin d'éviter qu'elles explosent. Il est donc évident que les produits qui réagissent à
l'eau et dégagent un gaz inflammable ne peuvent être entreposés avec les gaz comprimés!
Ainsi, les produits de la catégorie des matières toxiques et infectieuses ne présentent pas en soi d'incompatibilité
physique avec les autres catégories de produits chimiques. Ils présentent un risque à la santé évident et c'est
pourquoi ils sont séparés des produits qui présentent des risques à la sécurité (incendie et explosion).
154
Tableau 20.12 – Incompatibilité des matières selon la classification SIMDUT 2015 et le TMD (adapté CNPI 2010)
2.1
4.3
5.1 × 1m 1m × × × ×
5.2 × × × × × × ×
6.1 × 1m ×
6.2 × 1m ×
7 S.O.
R R R R R R R R R R R R
8 × 1m 1m 1m 1m 1m × × × 1m 1m R
9 1m 1m 1m 1m 1m 1m R 1m
Classe
TMD SIMDUT-2015 S.O.
MD
TMD
? Classe MD 2.1 2.2 2.3 2.4 3 4.1 4.2 4.3 5.1 5.2 6.1 6.2 7 8 9
Source : DALLAIRE et OLIVIER (2015)
155
20.5 RÈGLES D'ENTREPOSAGE DANS UNE RÉSERVE DE MATIÈRES DANGEREUSES
Une réserve pour l’entreposage des matières dangereuses comprend plusieurs zones qui permettent d’appliquer les
niveaux de ségrégation proposés. Le modèle utilisé est basé sur la classification SIMDUT 2015. Il est caractérisé par
neuf zones d'entreposage dont le niveau de ségrégation prévu est fixe, ainsi que par vingt aires d'entreposage dont
le niveau de ségrégation peut varier. La figure 20.1 illustre le modèle. Celle-ci contient :
Sept zones intérieures d'entreposage (contour pointillé) situées dans des pièces séparées dans lesquelles se
retrouve :
1) Les matières inflammables et combustibles (zone 4);
2) Les produits réactifs à l'eau (zone 3);
3) Les produits hautement réactifs (zone 5);
4) Les matières toxiques et infectieuses (zone 6);
5) Les matières comburantes autres que les peroxydes organiques (zone 7), séparées de tous autres
produits;
6) Les matières radioactives (zone 9);
7) Les matières corrosives (zone 8), séparer cependant les acides des bases et de tout autre produit.
Une zone extérieure d'entreposage (contour noir) dans laquelle tous les gaz comprimés sont conservés (zone 2) à
cause de leur très grand pouvoir de diffusion et du risque d'explosion des cylindres. Dans le cas où l'entreposage
extérieur s'avèrerait impossible ou impraticable, un petit nombre de cylindres peut être entreposé dans une pièce
séparée. Trois espaces distincts sont prévus, séparés les uns des autres par l'entreposage des gaz inertes. Ces trois
espaces sont pour les gaz inflammables, les gaz comburants et les gaz toxiques. Ces derniers peuvent être conservés
avec les gaz corrosifs.
Une zone d'entreposage complètement isolée (contour noir) dans un immeuble séparé pour y placer les explosifs
ainsi que les peroxydes organiques (zone 1). Ces deux derniers types de produits sont incompatibles; ils doivent
être séparés dans des pièces différentes.
Les neuf zones d'entreposage du modèle comprennent en tout vingt aires d'entreposage qui devront être séparées
les unes des autres par une distance minimale d’un mètre à l'intérieur d'une même zone d'entreposage.
La zone Z-I : Une aire réfrigérée pour l'entreposage des produits particulièrement instables.
La zone Z-II : Pour l'entreposage de matières non dangereuses.
156
Figure 20.1 – Modèle d’entreposage et de ségrégation de matières dangereuses
157
Le tableau 20.16 inclut, pour chaque zone et chaque aire d’entreposage du modèle (figure 20.1), une description du
type de produits à y entreposer, le niveau de ségrégation requis ainsi que les conditions d’entreposage à appliquer.
Pour faciliter la classification, un arbre décisionnel a été conçu afin d’attribuer rapidement et simplement une aire
d’entreposage à un produit possédant plus d’une classification. Cet arbre décisionnel (figure 20.2) tient compte de
l’ampleur du risque présenté par chaque catégorie ainsi que de l’applicabilité du modèle.
Les choix qui en découlent sont expliqués au tableau 20.16. Cependant, certains critères supplémentaires
(incompatibilités particulières, instabilité, réactivité spéciale) doivent être considérés lors de l’application du
modèle. De même, les quantités de produits entreposés pourront faire en sorte que certaines zones seront éliminées
ou ajoutées, selon le besoin. Le responsable de l’aménagement des zones d’entreposage doit donc user de jugement
lors de l’application du modèle à un cas réel d’entreposage de matières dangereuses.
158
Figure 20.2 – Arbre décisionnel pour l’entreposage des matières dangereuses
NON
NON
Produits OUI
antiparasitaires
NON
Produits
OUI
pharmaceutiques
NON OUI
Cosmétiques
NON
NON
Matières
OUI R-I
radioactives
NON
Gaz sousApression
VOIR CLASSIFICATION
OUI
DES GAZ (figure 20.2a)
NON
159
Figure 20.2a – Arbre décisionnel (suite) pour l’entreposage des gaz sous pression
A-III
OUI
Gaz sous pression OUI Gaz corrosif OUI Acide NON A-IV
NON
NON
NON
NON
NON
NON
NON
NON
Figure 20.2b – Arbre décisionnel (suite) pour l’entreposage des solides et des liquides
160
Matières corrosives OUI Acide OUI E-I
NON NON
Liquides ou matières
solides inflammables OUI B-I E-II
NON
Aérosols
OUI
inflammables C-III
NON NON
Liquides ou matières
solides comburants
OUI Acide OUI C-II
NON
Liquides et matières
solides toxiques OUI Matières toxiques OUI D-I
ou infectieuses
NON
NON
D-II
NON NON
NON
NON NON
Dégage un gaz
toxique en OUI
présence d eau
Matières Peroxyde
auto-réactives
OUI organiques
OUI C-I
NON NON
Matières et objets
explosibles
OUI F-II
161
AIRE
ZONE DESCRIPTION DU TYPE DE NIVEAU DE
D’ENTRE- CONDITIONS D’ENTREPOSAGE
D’ENTREPOSAGE PRODUIT À ENTREPOSER SÉGRÉGATION
POSAGE
1. Matières et Peroxydes organiques Explosifs
objets explosibles
Peroxydes C-I Peroxydes organiques 1. Isoler dans un Immeuble isolé, si possible Entrepôt isolé
organiques bâtiment éloigné Système d’éjection d’un Frais, sec, protégé des
Explosifs F-II Produits autoréactifs sous l’effet mur chocs et du feu
d’un choc, d’une augmentation de Séparer les Évents d’explosion Pas d’étincelle
la pression ou de la température peroxydes Quantités limitées Évents
organiques des Équipement électrique Ventilation
autres explosifs par situé à l’extérieur Quantités minimales
un mur (niveau 2) Système d’extinction Alarmes
automatique
Mise à la terre des
équipements
Ventilation
2. Gaz sous Gaz sous pression Gaz comburants
pression
Gaz A-II Gaz inflammables 1a. Entreposer les Bonbonnes conformes Séparer des gaz
inflammables gaz comprimés à Aire extérieure (préférable) inflammables (ségrégation
A-VI Gaz pyrophorique l'extérieur si ou intérieure : de niveau 2)
Gaz susceptibles de bruler au possible. Sinon, - résistante au feu Gaz inflammables
contact de l’air appliquer une - ventilée Séparer des gaz toxiques et
Gaz sujets à des réactions violentes ségrégation de - loin des sources d’ignition corrosifs
de polymérisation niveau 2 (pièce ou de chaleur excessive
séparée). - protégée des rayons du Tous les gaz
soleil
Gicleurs
Séparer les trois Cylindres :
A-VII Gaz autoréactifs Prévoir des conditions
types de gaz par un - entreposer debout et
Gaz A-I Gaz comburants supplémentaires respectant
mur attacher avec leur capsule
comburants les catégories
(particulièrement les de protection
Gaz toxiques A-II Gaz corrosifs acides Évents de surpression
inflammables des - transporter (diables ou
et/ou corrosifs Murs extérieurs faibles
comburants) ou les charriot)
A-IV Autres gaz corrosifs distancier
A-V Gaz toxiques
A-IX Autres gaz
3. Produits réactifs à
l’eau
F-III Produits qui réagissent à l’eau et 2. Pièce séparée Entreposage des récipients fermés, à l’écart des sources
présentent un risque d’incendie d’humidité et à l’écart des tuyaux pouvant suinter ou
Produits qui réagissent à l’eau et dégoutter
dégagent un gaz toxique PAS DE GICLEURS
4. Matières
inflammables
B-I Liquides inflammables 2. Pièce séparée Frais, éloignée des sources d’inflammation
Liquides combustibles Porte extérieure
Solides inflammables Panneaux/mur éjectables
Évents d’explosion
Portes-coupe-feu (fermeture automatique)
Étanche
Plancher recouvert ‘un enduit antiétincelle
Ventilation
Douches
Alarmes
Drains de récupération.
Éclairage adéquat (à l’extérieure ou à l’épreuve des
explosions)
Mise à la terre
Câbles de liaison
Contenants (réservoirs) de sécurité
Cabinet de sécurité
Extincteurs portatifs et automatiques
Équipement de protection individuelle
Trousses pour renversements accidentels
Si poussières : collecteurs de poussières
162
5. Produits Produits combustibles à l’air
hautement réactifs
F-I Produits spontanément 2. Pièce séparée - Garder sous un liquide inerte ou dans une atmosphère
combustibles inerte dans des récipients étanches
Produits susceptibles de bruler au
contact de l’air
Produits sujets à des réactions
violentes de polymérisation,
décomposition, condensation
6. Matières toxiques
et infectieuses
D-I Matières toxiques 2. Pièce séparée Endroit frais, ventilé, taux d’humidité constant
D-II Matières infectieuses Séparer les matières Éloigné des matières comburantes et des sources
infectieuses des potentielles d’incendie
matières toxiques Minimiser les quantités
par des matières Ventilation à pression négative (muni de filtres, air non
inertes ou les recirculé)
distancier (niveau 3) Aire de décontamination (douches)
Équipement de protection individuelle disponible
Antidotes
Équipement de protection collective requis (écran, dispositif
antidébordement)
Murs et planchers étanches
Drains (pas de rejet dans l’environnement)
7. Matières
comburantes
C-II Autres matières comburantes 2. Pièce séparée Endroit frais, sec, ventilé, protégé des rayons du soleil
corrosives acides Système d’extinction automatique
C-III Autres matières comburantes Immeuble à l’épreuve du feu
Mise à la terre des équipements
Contenants hermétiques
Douches
Aire spéciale pour les acides minéraux oxydants résistants à
la corrosion
8. Matières
corrosives
E-I Acides 2. Pièce séparée Endroit frais, sec, ventilé
E-II Bases et autres produits (ni acides, Séparer les acides Construction étanche
ni basiques) des bases Planchers résistants avec drains de récupération
(ségrégation de Matériaux à l’épreuve de la corrosion (peinture)
niveau 3) Eau (douches, extinction automatique)
Agents de neutralisation
Équipement de protection individuelle
Réservoirs et cuves munis de dispositifs antidébordements
et écrans protecteurs
Installations électriques protégées de la corrosion
Contenants approuvés et étanches
Barils ventilés (gaz ou vapeurs corrosifs)
9. Matières
radioactives
R-I Matières radioactives 2. Pièce séparée Tel que prescrit par la loi et le règlement sur le contrôle de
l’énergie atomique
10. Matières
réfrigérées
Z-I Matières particulièrement Chambre froide
instables nécessitant réfrigération
11. Matières non Z-II Matières non dangereuses
dangereuses
163
20.6 RÉTENTION DES MATIÈRES DANGEREUSES LIQUIDES
Les matières liquides doivent être conservées de façon à prévoir un bris du contenant. Le Règlement sur les matières
dangereuses mentionne que l’utilisation d’un bassin de rétention est nécessaire afin de prévenir les problèmes
environnementaux. La figure 20.4 indique les conditions qui requièrent l’utilisation d’un bassin de rétention.
NON
NON
NON NON
NON NON
OUI
NON
Adapté du RMD
164
NOTES COMPLEMENTAIRES
165
CONCLUSION
Les chapitres qui précèdent ont passé en revue les principaux outils de la gestion des matières dangereuses
résiduelles. À différentes étapes de la chaine de décisions, des gestionnaires posent des gestes, font des choix devant
une MDR. Il revient à chacun de nous de se discipliner et d’appliquer les lois, règlements et règles de l’art en la
matière. Cela est d’autant plus important que ces choix, les indications sur les façons de faire et le type de protection
requise, sont transmis à du personnel qui sera en contact dans peu de temps avec cette MDR. Voilà pourquoi les
gestionnaires du secteur industriel, commercial et institutionnel (ICI) qui produisent des MDR sont impliqués, en
plus de ceux des CGMDR.
D’autre part, les règles de l’art évoluent peu à peu. L’habitude ancienne du « tout à l’élimination » au moindre cout
possible doit laisser une place à la mise en valeur selon les 3RV, lorsque les technologies et les infrastructures
permettent d’allonger le cycle de vie des matériaux. Une partie de ces nouvelles approches est encore à développer
par les activités d’écologie industrielle et par les formations nouvelles dans nos institutions d’enseignement des
secteurs technique et universitaire. C’est ainsi que les principes de la chimie verte ont fait leur apparition dans nos
enseignements depuis l’an 2000.
Seules les personnes correctement formées aux risques occasionnés par les MDR et à la façon de minimiser ces
risques, pour eux-mêmes et pour les autres, devraient les manipuler. Voilà pourquoi nous disposons de systèmes
d’information en santé-sécurité et en transport. La volonté de l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) de diffuser
ces informations regroupées au sujet des MDR permettra au plus grand nombre d’agir en conformité avec leurs
obligations inhérentes en ce sens.
166
NOTES COMPLÉMENTAIRES
167
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171
ANNEXE 1 : CATÉGORIES ET SOUS-CATÉGORIES DE MATIÈRES DANGEREUSES SELON LE RMD
CODE CATÉGORIE
A02 Huiles usagées dont la concentration en BPC est > 3 mg/kg et < 50 mg/kg
B05 Solides ou boues organiques générés par le traitement des eaux de procédé ou des eaux usées
B08 Boues et résidus solides de la production de pesticides et produits hors d'usage (> 200 kg ou 200 L)
Solvants organiques
Solutions organiques
E01 Boues des opérations de traitement et revêtement de surface non spécifié autrement
Boues et résidus contenant des métaux incluant le démontage des ordinateurs (circuit imprimés,
E03
composantes électroniques)
172
E06 Sels non métalliques de trempage ou non
E08 Cendres
E09 Laitiers, écumes, écailles, gâteaux provenant de la production primaire des métaux
E10 Scories
E13 Solides, poussières ou boues générés par les systèmes d'épuration d'air
Solides ou boues inorganiques générés par les systèmes d'épuration des eaux de procédé ou des eaux
E14
usées
F02 Solutions et saumures contenant des cyanures, des sulfures, des nitrures
J01 Liquides contenant des BPC à une concentration comprise entre 50 mg/kg et 10 000 mg/kg (1%)
J02 Liquides contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1%)
J03 Solides contenant des BPC à une concentration comprise entre 50 mg/kg et 10 000 mg/kg (1%)
J04 Solides contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1%)
J05 Substances contenant des BPC à une concentration comprise entre 50 mg/kg et 10 000 mg/kg (1%)
J06 Substances contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1%)
173
J09 Pièce métallique à nu contaminée par des BPC
Mélanges (catégories réservées aux titulaires de permis visés à l'article 70.9 de la Loi sur la qualité
de l'environnement)
Autres matières composant un mélange (catégories réservées aux titulaires de permis visés à
l'article 70.9 de la Loi sur la qualité de l'environnement)
174
NOTES COMPLÉMENTAIRES
175
ANNEXE 2 : CHIMIE VERTE – 12 PRINCIPES À L’INTENTION DES CHIMISTES
La chimie verte promeut un équilibre entre la société, l’environnement et la rentabilité. Elle décline 12 principes
qui devraient régir la chimie du futur durable. Les voici d’abord tels que formulés à l’intention des chimistes puis, à
la suite, comme reformulés à l’intention des ingénieurs qui doivent eux aussi les mettre en œuvre.
Adapté de SARRADE, S. (2008) Quelles sont les ressources de la chimie verte?, EDP Sciences, 196 p.
2. Concevoir des produits et des composés chimiques avec peu ou pas de toxicité
Il faut juger de l’efficacité et de la toxicité d'un produit fabriqué. Un produit en faible quantité, mais extrêmement
toxique entrainera des risques potentiels élevés. Des composés de moindre efficacité, mais beaucoup moins
toxiques sont préférés. Au titre de la biologie, cela passe par le développement de produits plus sélectifs et non
toxiques. Cela implique des progrès dans le domaine de la formulation, de la diffusion des principes actifs en
pharmacie et dans la maitrise des études toxicologiques, de la cellule jusqu’à l’être humain. Il faut être certain qu’un
produit est toxique ou ne l’est pas. Nous savons depuis la thalidomide que cette certitude est loin d’être immédiate.
3. Faire des réactions chimiques avec des produits et réactifs de toxicité faible ou nulle
Parmi les différents chemins réactionnels qui conduisent à un produit, il faut privilégier celui qui ne passe pas par la
production de sous-produits dangereux ou toxiques. C’est éviter de développer un risque de type Seveso, ainsi
nommé, car la catastrophe de Seveso en 1976 résulte de l’émission dans l’environnement d’un intermédiaire
réactionnel, la dioxine.
L’idéal est de substituer un équivalent inerte à une matière première dangereuse. L’exemple le plus parlant est celui
de la fabrication de produits de type isocyanate ou uréthane en faisant réagir directement du CO2 avec des amines.
Il a fallu attendre presque l’an 2000 pour généraliser la substitution du phosgène par le CO 2 dans ces procédés
industriels. Pourtant le phosgène de formule COCl2 est un gaz toxique suffocant utilisé comme arme chimique durant
la Première Guerre mondiale. Presque au même moment, la synthèse de polymères de type polycarbonates a pu se
passer du phosgène et du solvant dichlorométhane CH 2Cl2 en développant la réaction directe avec le bisphénol A et
le diphényle carbonate. C’est la fin de l’utilisation d’un solvant cancérogène, mutagène et reprotoxique.
4. Préférer les matières premières renouvelables ou de seconde vie plutôt que les fossiles
Que l’utilisation de matières premières renouvelables soit préférable est devenu une évidence. Ces produits
renouvelables sont souvent d’origine agricole, ou il s’agit de matières secondaires issues d’autres procédés
industriels. Bien réfléchir à la source des matières premières peut permettre d’en limiter l’usage, mais aussi de les
recycler pour alléger l’empreinte environnementale sur les écosystèmes. Ainsi le recyclage des matières plastiques
soulage la demande en produit pétrolier pour leur synthèse. Dans un centre de tri, les contenants récupérés par les
citoyens sont séparés par type de plastique. Les bouteilles d’eau ou de boissons gazeuses en plastique polyéthylène
téréphtalate (PET) sont séparées des autres. Mises en ballots, elles rejoignent un recycleur qui les broie et les
mélange à la matière plastique vierge. Elles deviennent de nouveaux objets : vêtements en fibre polaire Polar,
rembourrage d'anoraks, d'oreillers ou de couettes, moquettes, panneaux d'isolation acoustique, gaines de passage
de câbles, tuyaux.
D’autre part, limiter l'utilisation d’énergie fossile est préférable. Les procédés thermiques de séparation en milieu
industriel, tels que la distillation ou l’évaporation, peuvent être en partie remplacés par des procédés physiques, tels
176
que les membranes de séparation, les centrifugeuses qui utilisent de l’électricité, essentiellement d'origine
hydraulique. Les sources d’énergie qui utilisent l’hydrogène provenant de la biomasse sont intéressantes par la
capacité de réagir avec l’oxygène pour produire de l’eau. La pile à combustible serait une application intéressante
de cette réaction.
5. Utiliser au maximum les catalyseurs dans les réactions chimiques afin de minimiser les quantités de
réactifs utilisés et de matières résiduelles produites
Les catalyseurs sont des facilitateurs qui rendent une réaction possible en accélérant sa cinétique chimique. Durant
leur vie active, ils servent en boucle un grand nombre de fois, sont réemployés sans cesse dans la réaction. C’est ce
qui se passe dans le convertisseur catalytique qui abaisse la pollution automobile. Lorsque la souillure ou la
contamination en diminue l’efficacité, ils peuvent être récupérés, régénérés et recyclés.
L’utilisation des catalyseurs est à privilégier, car elle minimise la quantité de réactifs à mettre en présence. Sans eux,
les réactions d’équilibre requièrent des réactifs en large excès pour être sûr que la réaction se produise efficacement.
L’utilisation d’hydrogène et de catalyseurs pour de nouveaux chemins de synthèse de matériaux comportant des
carbones asymétriques est une branche en développement de la chimie organique. Les catalyseurs chimiques,
enzymatiques ou microbiologiques sont partout dans la nature.
7. Favoriser le meilleur rendement réactionnel possible : utiliser au maximum les matières premières pour
minimiser les matières résiduelles produites
L’économie d’atomes est une autre façon de diminuer l’empreinte environnementale. Les synthèses chimiques ne
doivent plus être exprimées seulement en rendement cinétique de la réaction. Elles doivent aussi permettre de
confronter la somme des intrants directs et indirects avec les extrants utiles. C’est le rendement atomique. Le
composé final doit contenir un maximum d’atomes constitutifs de la matière première pour qu’un minimum
d’atomes soit perdu.
En pratique, une économie d'atomes et d’étapes permet de réaliser à moindre cout un produit chimique présentant
des fonctions d’usage, tout en limitant les problèmes de purification, de séparation, de génération de matières
résiduelles.
8. Utiliser des solvants plus surs et moins toxiques : remplacement des solvants organiques...
Repenser l’usage des solvants est un axe majeur pour diminuer la production de matières dangereuses résiduelles.
Ces solvants sont des milieux qui permettent les réactions ou qui permettent la séparation des composés par
coagulation ou par complexation. S’ils sont indispensables, il faut en diminuer l’usage et les remplacer par des
solvants plus surs.
Ainsi une réaction qui se déroule dans un solvant organique comme le benzène, doit être conduite dans un autre
solvant moins toxique. Des guides sont disponibles pour nous orienter pour substituer des solvants toxiques par
d'autres, moins pénibles. Mais cela ne s’arrête pas là. Dans bien des cas, les solvants traditionnels peuvent être
complètement remplacés par des technologies extractives comme celles des fluides supercritiques (FSC). La
commercialisation des équipements utilisant le CO 2 supercritique permet de nouveaux développements.
177
9. Rechercher l’efficacité énergétique de la réaction : travailler à température et à pression ambiantes
quand cela est possible
Travailler en température et sous pression peut améliorer les cinétiques de réaction. Toutefois, d’un point de vue
des bilans énergétiques, le fait de travailler aux conditions atmosphériques reste la solution la plus acceptable en
termes de rendement énergétique. Donc, lorsque cela est possible, il est profitable de travailler aux plus faibles
températures possibles, proches de la température ambiante, et à la pression atmosphérique. Travailler en pression
ou bien sous vide ajoute aux couts d'investissement des installations. Chauffer ou refroidir entraine une facture
énergétique élevée.
10. Concevoir des produits chimiques qui se décomposeront en composés inertes et qui ne s’accumuleront
pas dans l'environnement
Concevoir une molécule, c’est aussi imaginer ce qu’elle va devenir en fin de vie, une fois qu’elle rejoindra les matières
résiduelles. Une molécule en fin de vie ou qui sera mise en décharge va finir par se décomposer ou par s’enfuir dans
l’environnement. Au moment de sa conception, il est donc nécessaire d’étudier en quels fragments la molécule va
se décomposer, si ces fragments sont toxiques dans l’environnement ou s’ils risquent de s’y accumuler de manière
persistante. C’est ce qui s’est produit avec une dizaine de pesticides, les BPC, et quelques autres molécules qui font
maintenant partie des produits organiques persistants (POP) dont nous avons perdu le contrôle.
Parfois, c’est l’usage immodéré de matériaux, en eux-mêmes utiles, qui devient un vecteur de dégradation sévère
de l’environnement. C’est le cas des nitrates et des phosphates provenant des engrais et des eaux usées qui
s’écoulent vers les milieux aquatiques.
11. Analyser en continu toutes les réactions de transformation pour détecter immédiatement la production
de sous-produits afin de les minimiser, voire les éliminer
L’évolution des techniques d’analyse améliore la précision et permet de détecter de faibles quantités de sous-
produits indésirables à l’état de traces. Certaines techniques conviennent pour les molécules organiques alors que
d’autres ciblent les métaux.
Les méthodes ultrasensibles de détection permettent d’analyser ces faibles quantités à répétition en très peu de
temps. Pendant une réaction de synthèse ou de transformation, il est maintenant possible de suivre en temps réel
l’apparition de sous-produits potentiellement toxiques. Cette mesure informe l’opérateur, qui peut stopper la
réaction si cela est nécessaire et empêcher ainsi l’accumulation de produits toxiques.
12. Concevoir des produits chimiques dans des formes appropriées (liquide, solide ou gazeuse...) afin de
limiter les risques d’accident : explosions, incendies, dissémination dans l’environnement...
Les catastrophes environnementales des dernières décennies nous enseignent qu’il y a une façon simple de réduire
les impacts sévères associés aux matières dangereuses résiduelles ou de sources ponctuelles. C’est de restreindre la
mobilité de la substance qui se répand dans l’environnement, de ne pas permettre sa propagation. Un composé
liquide ou solide, c’est encore mieux, se disséminer beaucoup moins dans l’atmosphère que s’il est sous forme
gazeuse.
Lorsque le choix est possible, la forme solide des produits chimiques doit être privilégiée pour qu’en cas d’accident
ils soient moins mobiles. C’est aussi vrai pour la matière dangereuse résiduelle qui serait produite en bout de
procédé. Les formes liquides sont parfois incontournables, mais elles produisent des contaminations faciles des sols
et les nappes souterraines lorsqu’elles ne sont pas correctement stockées.
En conclusion, la chimie verte, c’est finalement du bon sens. Ces principes nous indiquent qu’il faut anticiper,
économiser et contrôler en permanence ce que nous faisons. Cela parait évident, mais c’est la somme de toutes les
connaissances séculaires accumulées dans le monde de la chimie qui nous rend capables d’avoir ces réflexes. Ce qui
est important, c’est l’intégration de la vie entière du produit chimique, à partir de son cout de fabrication jusqu’à
178
son devenir lorsqu’il sera un déchet. À ce stade, vous vous posez surement la question : puisque c’est tellement
évident, pourquoi ne pas l’avoir fait avant? Une première réponse est «qu’avant», l’environnement ne coutait rien.
Un déchet n’ayant pas de valeur, nous nous posions moins de questions quant à sa toxicité et à son devenir ; seule
la rentabilité du produit formé pilotait le procédé. Aujourd'hui, les matières premières toxiques, l’énergie et les
déchets ont un cout en termes de manipulation, de reprise... et aussi en termes d’image – rappelez-vous la
mésaventure de Perrier et du benzène. Ainsi, la rentabilité ne concerne plus uniquement le procédé, mais son cycle
entier de fabrication, de la matière première au déchet ultime. Dans ce cadre-là, bien réfléchir en amont conduit à
des économies substantielles dans toutes les étapes successives, et le bon sens est de retour. En d’autres termes,
aujourd’hui nous n’intégrons pas uniquement la valeur économique d’un produit, mais aussi son empreinte
environnementale, ainsi que son aspect sociétal. Nous retrouvons ici les trois piliers du développement et de la
chimie durables.
179
ANNEXE 3 : CHIMIE VERTE – 12 PRINCIPES À L’INTENTION DES INGÉNIEURS
Le génie des procédés est intimement lié à la chimie verte. En 2003, Paul Anastas et Julie Zimmerman ont publié un
article dans le magazine Environemental Science & Technology. Cet article, intitulé « Design through the Twelve
Principles of Green Engineering » (Conception à partir des 12 principes de l’ingénierie verte) décrit précisément ce
que doit être la mise en œuvre des procédés chimiques dans une optique « ingénierie verte ».
Tiré de SARRADE, S. (2008) Quelles sont les ressources de la chimie verte?, EDP Sciences, 196 p
180
7. La durabilité plutôt que l’immortalité
La conception doit avoir pour objectif de fournir des produits et procédés inscrits dans la philosophie du
développement durable et non dans l’optique de créer une empreinte persistante, voire immortelle, dans
l’environnement.
181
ANNEXE 4 : GRILLE DES INCOMPATIBILITÉS D’ENTREPOSAGE
Adapté CNPI 2010
2.1
4.3
5.1 × 1m 1m × × × ×
5.2 × × × × × × ×
6.1 × 1m ×
6.2 × 1m ×
7 S.O.
R R R R R R R R R R R R
8 × 1m 1m 1m 1m 1m × × × 1m 1m R
9 1m 1m 1m 1m 1m 1m R 1m
Classe
TMD SIMDUT-2015 S.O.
MD
TMD
? Classe MD 2.1 2.2 2.3 2.4 3 4.1 4.2 4.3 5.1 5.2 6.1 6.2 7 8 9
182
NOTES COMPLÉMENTAIRES
183
ANNEXE 5 : EXERCICES SUR LA CLASSIFICATION DES MATIÈRES DANGEREUSES RÉSIDUELLES
LES QUESTIONS
Les questions de A jusqu’à P vous offrent des matières dangereuses résiduelles pour lesquelles vous devrez appliquer
une classification juste. Identifiez pour chacune d’elles :
la catégorie;
la sous-catégorie;
la/les propriétés dangereuses SIMDUT 2015;
le port des EPI;
l’étiquette et/ou plaque TMD;
l’appellation règlementaire pour le transport.
A. Graisses usées
B. Mélange MDR (acétone\MEK) usé
C. Huiles usées contenant 80 % d’eau
D. Boues de cokéfaction de l’industrie de l’aluminium
E. Mélange de résidus de peinture et d’encre d’une imprimerie
F. Mélange de solvants (chlorure de méthylène 70 %/ perchloroéthylène 30 %)
G. Mélange d’antigels usés provenant des camions
H. Huiles de freins usagées
I. Scories provenant d’une fonderie de titane
J. Mélange essence/térébenthine usé
K. Solutions usées de traitement de surface au chrome
L. Boues acides usées (acide sulfurique) de neutralisation de traitement des eaux usées industrielles
M. Boues alcalines (hydroxyde de potassium) usées de neutralisation de traitement des eaux usées
industrielles
N. Boudins ayant servi à la récupération d’huiles contenant 35 ppm de BPC
O. Barils labpack contenant des MDR provenant d’en centre de recherche en télécommunication
P. Résines ioniques usées provenant d’un traitement d’eau industriel
LES FORMATIFS
Pour vous faciliter la chose, les deux premières sont présentées sous forme de formatifs solutionnés pas-à-pas. Vous y
constaterez que l’identification juste des descriptifs reliés aux matières dangereuses résiduelles requiert l’utilisation
simultanée de plusieurs sources d’information. Procédez d’abord au repérage des documents apportant l’information
de santé-sécurité et au repérage des documents apportant l’information pour le transport, dans l’ordre qui vous
convient. Souvent, le nom de la matière à classer nous incite à débuter plutôt par l’un que par l’autre.
Rappelons que l’information sur la santé-sécurité relève du SIMDUT 2015. Elle est accessible sur les fiches de santé-
sécurité, mais celles-ci exigent un nom de matière ou un numéro du Chemical Abstract Service (CAS) comme porte
d’entrée de toute recherche. Le dépôt de fiches de données sécurité (FDS) du Répertoire toxicologique de la CNESST est
une porte d’entrée générale, alors que les FDS des différents manufacturiers le complète. L’appellation de la catégorie
et de la sous-catégorie relève du Règlement sur les matières dangereuses et de ses annexes. Vous pouvez référer au
règlement lui-même ou aux extraits présentés dans le manuel « Matières dangereuses résiduelles au Québec » pour
retrouver cette information. L’information sur le transport relève du Règlement sur le transport des marchandises
dangereuses et ses annexes. Vous pouvez référer au manuel « Le transport des marchandises dangereuses par camion »
pour une présentation simplifiée, mais vous constaterez que la plupart des FDS portent déjà les informations requises
pour la classification du transport.
184
Figure 1 – Processus décisionnel pour la santé-sécurité – Toute catégorie de matières dangereuses résiduelles
Référez à la fiche
OUI
Le produit est-il dilué par un produit signalétique et
Le produit est-il spécifié par nom ? NON
non dangereux ? portez les ÉPI
prescrits
NON OUI
OUI
Figure 2 – Processus décisionnel pour le transport – Toute catégorie de matières dangereuses résiduelles
Utilisez l’appellation
Le produit est-il dilué par un produit
Le produit est-il spécifié par nom ? OUI NON spécifique et la
non dangereux ? description
OUI
NON
OUI
Choisissez l’appellation
générique la plus appropriée
185
SOLUTIONNAIRE DE FORMATIF
A. Graisses usées
Catégorie
Sous-catégorie
Il n’y a pas de FDS pour une ou des graisses lubrifiantes au répertoire toxicologique de la CNESST. Nous pouvons en
déduire que c’est un produit non contrôlé, car il n’y a pas de propriété dangereuse spécifique pour une graisse.
L’équipement de protection individuel (ÉPI) se limite donc aux équipements prescrits par l’employeur pour contrer la
souillure et protéger la peau et les yeux sur un lieu industriel : Survêtement, lunettes, gants.
Par contre, le RMD comprend une catégorie générique sur les huiles et graisses, car celles-ci ne peuvent pas être rejetées
dans l’environnement sans créer des problèmes environnementaux, dont la perturbation des écosystèmes qui en
seraient recouverts et des êtres vivants qui seraient englués. Le nom de la MDR Graisses usées convient bien. La
catégorie Huiles et graisses minérales ou synthétiques et la sous-catégorie A04- graisses usées sont les meilleurs
descriptifs.
Enfin, pour le transport sur route, l’absence de propriété dangereuse justifie l’inscription à faire sur le bordereau
d’expédition Non applicable (0.0-P) Graisses usées et que aucune plaque n’est à apposer sur chacun des côtés du
camion qui en transporte plus de 500 kg.
Les réponses complètes dans la grille A sont donc :
186
SOLUTIONNAIRE DE FORMATIF
B. Mélange MDR (acétone\MEK) usé
Catégorie
Sous-catégorie
Ici, nous sommes en présence d’acétone et de MEK (methyl ethyl ketone). Il suffit de vérifier la FDS de chacun des deux
produits pour en connaitre les propriétés dangereuses. Rappelons que s’il y a mélange de deux matières dangereuses,
il y a cumul des propriétés provenant des matières pures lorsque ≥ 1 % et, si cancérogène, lorsque ≥ 0,1 %.
L’acétone CAS 67-64-1 est classé Liquide inflammable (point d'éclair = -20 °C coupelle fermée) et Matière toxique
(irritation des yeux), avec divulgation à 1,0 % selon la liste de divulgation des ingrédients. Le MEK CAS 78-93-3 est classé
Liquide inflammable (point d'éclair = -8,9 °C coupelle fermée) et Matière toxique ayant (irritation des yeux et toxicité
pour certains organes cibles), avec divulgation à 1,0 % selon la liste de divulgation des ingrédients.
Donc pour ce mélange MDR acétone\MEK usé, la classification SIMDUT 2015 est un doublon de Liquide inflammable,
Irritant/toxicité. Les ÉPI appropriés sont : Masque respiratoire, survêtement, lunettes, gants. Le RMD est
correctement décrit par le nom de la MDR Mélange acétone/MEK usé convient bien. La catégorie Solvants organiques
et la sous-catégorie C02- Solvants organiques non halogénés (halogènes organiques totaux ≤ 0,15 %) est le choix
logique.
Déjà les FDS nous donnaient l’information pour le transport : acétone UN1090, Classe 3, Liquides inflammables
(Groupe d'emballage II), ainsi que MEK UN1193, Classe 3, Liquides inflammables (Groupe d'emballage II). Puisqu’il
s’agit d’un mélange, il faut utiliser l’expression générique LIQUIDE INFLAMMABLE, N.S.A. (C02-L; mélange
acétone/MEK usé), classe 3, UN 1993, GE I, II OU III SELON LA MD. Il est même possible de préciser ici que le GE II est
requis.
Sous-catégorie C02- Solvants organiques non halogénés (halogènes organiques totaux ≤ 0,15 %)
Appellation règlementaire TMD UN 1993, LIQUIDE INFLAMMABLE, N.S.A. (C02-L; mélange acétone/MEK usé), classe 3, GE II
187
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
C. Huiles usées contenant 80 % d’eau
ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
188
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
D. Boues de cokéfaction dans l’industrie de l’aluminium
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
189
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
E. Mélange de résidus de peinture et d’encre d’une imprimerie
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
190
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
F. Mélange de solvants (chlorure de méthylène 70 %/ perchloroéthylène 30 %)
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
191
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
G. Antigels usées provenant des camions
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
192
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
H. Huiles de freins usagées
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
193
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
I. Scories provenant d’une usine de fonderie
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
194
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
J. Mélange essence/térébenthine usé
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
195
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
K. Solutions usées de traitement de surface au chrome
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
196
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
L. Boues acides usées (acide sulfurique) de neutralisation de traitement d’eaux usées industrielles
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
197
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
M. Boues alcalines (hydroxyde de potassium) usées de neutralisation de traitement d’eaux usées industrielles
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
198
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
N. Boudins ayant servi à la récupération d’huiles contenant des BPC
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
199
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
O. Barils labpack contenant des MDR provenant d’un centre de recherche en télécommunication
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
200
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
P. Résines ioniques usées provenant d’un traitement d’eau industrielle
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION
Catégorie
Sous-catégorie
Notes de travail
201
ANNEXE 6 : MODÈLE D’ENTREPOSAGE EN CINQ ÉTAPES
Cette section du document présente un cheminement ainsi que les outils nécessaires pour l'entreposage sécuritaire de
matières dangereuses. Il détaille cinq étapes pour lesquelles des outils sont fournis dans les pages suivantes.
Outils nécessaires :
Grille 1;
Figure 20.2;
Classification (tableau 20.10);
Fiches de données sécurité.
Outils nécessaires :
Grille 2;
Figure 20.1.
Outils nécessaires :
Grille 2;
Fiche de données sécurité de tous les produits (si indisponible, voir le tableau 20.4).
202
Adapter le modèle à la situation réelle de l'entreprise en y effectuant certaines modifications. Il faut tenir
compte de :
La disponibilité des moyens et de l'espace;
Les quantités des différentes matières dangereuses;
La faisabilité (possibilité d'ajouter, de scinder ou d'éliminer certaines aires ou zones d'entreposage du
modèle);
Remplir la colonne V de la grille 2 : y inscrire tout déplacement recommandé.
Outils nécessaires :
Grille 2;
Figure annexe 6.1.
Outils nécessaires :
Annexe III du TMD;
Tableau 20.16 (Niveau de ségrégation et conditions d’entreposage);
Colonne IV de la grille 2 (informations obtenues des fiches signalétiques).
Tableau annexe 6.1 – Grille 1 pour l’assignation d'une aire d'entreposage à chaque produit
ÉTAPE 1
203
Figure annexe 6.1 – Ségrégation de matières dangereuses
204
Tableau annexe 6.2 – Grille 2 pour classer chaque produit dans l’aire d’entreposage selon la séparation requise
205
EXERCICES SUR L’ENTREPOSAGE
Ces mises en situation pratiques permettent de mieux assimiler le concept des grilles précédentes. Trois exercices sont
proposés ci-dessous.
Exercice 1
À partir de la classification SIMDUT des produits suivants (voir le répertoire toxicologique de la CNESST), attribuer une
aire d’entreposage à l’aide de l’arbre décisionnel de la figure 20.2.
Phosphore jaune
Cyanure de sodium
Peroxyde de benzoyle
Alcool isopropylique
Acétylène
Exercice 2
À l’aide des fiches de données sécurité des produits de l’exercice 1, tirer les incompatibilités et les particularités
(instabilité, réactivité) de ces produits. Utiliser la grille 2 pour compiler l’information.
Les produits sont-ils compatibles?
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________
Les produits ont-ils des particularités dont on doit tenir compte lors de leur entreposage?
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________
Exercice 3
Appliquer le modèle d’entreposage aux cinq produits précédents. Inscrire chaque produit dans une aire d’entreposage
de modèle (figure annexe 6.1). Selon leurs incompatibilités, particularités, quantités, discuter de la possibilité
d’entreposer certains produits ensemble, ou de les séparer ou de prévoir des conditions d’entreposage spéciales, le cas
échéant.
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________
206
ANNEXE 7 : QUATRE CAS DE DANGER
Pour toute personne œuvrant dans un contexte industriel, certaines opérations sont à risque élevé et engagent la
responsabilité professionnelle par la chimie de l'environnement. La connaissance des cas de danger est obligatoire pour
ne pas porter une atteinte mortelle à la santé publique et à l'environnement. Quatre situations critiques par leur forte
toxicité sont anticipées avec certaines solutions. Si c'est le cas, les rejets doivent impérativement être traités avant de
sortir de l'entreprise : effluents cyanurés, effluents sulfurés, présence de chrome hexavalent et présence de métaux
toxiques.
La majorité des effluents cyanurés provient de l'industrie de l'électroplacage, où ils sont associés aux métaux dans les
bains de placage alcalins. Les autres industries qui en rejettent sont l'extraction et le traitement des minerais, le
développement de pellicules photographiques, les fours à coke, la fabrication de certaines fibres synthétiques ainsi que
les épurateurs à voie humide d'un haut-fourneau. Les formes inorganiques observées sont le cyanure d'hydrogène HCN
gazeux (qui se nomme acide cyanhydrique lorsque dissout dans l'eau), l'ion cyanure CN - et les formes de sels complexes
partiellement solubles.
L'oxydation chimique à pH >12 par le chlore Cl2, l'hypochlorite de sodium NaClO ou l'hypochlorite de calcium Ca(ClO) 2
permet de respecter les normes de concentration des cyanures dans les rejets, soit 2 mg/L dans l'égout municipal et
0,1 mg/L en réseau pluvial. Pour abaisser la teneur excessive avant rejet, l'industrie transforme les cyanures en ions
cyanates CNO- ou en azote moléculaire N2. Un très grand excès de chlore et d'hydroxyde de sodium transformerait tous
les cyanates en azote N2, mais déjà les cyanates ne sont plus que très faiblement toxiques.
207
olfactifs et de sécurité pour le personnel et les résidents à proximité. Elle peut se faire par des méthodes de précipitation
de sels métalliques insolubles. Elle peut aussi se faire par oxydation directe de l'ion sulfure S2- et de l'ion
hydrogénosulfure HŞ- à l'aide de réactifs oxydants d'usage courant, tels le peroxyde d'hydrogène H 2O2, le permanganate
de potassium KMnO4 et le chlore Cl2. L'oxydation chimique mène aux ions sulfates SO42- peu toxiques qui ne perturbent
pas les traitements biologiques aérobies par la suite.
4H2O2 + S2- → SO42- + 4H2O
208
TOUS DROITS RÉSERVÉS ET POUR TOUS PAYS ©
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Version 2019
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