Vous êtes sur la page 1sur 124

MATIÈRES DANGEREUSES RÉSIDUELLES

AU QUÉBEC
NORMAND DALLAIRE
Avec la collaboration
de Marc OLIVIER

ENVIRONNEMENT – 3RV-E – SANTÉ-SÉCURITÉ – TRANSPORT

ISBN 978-2-9814758-5-5
Version 2019
Matières dangereuses résiduelles
au Québec

ENVIRONNEMENT – 3RV-E – SANTÉ-SÉCURITÉ – TRANSPORT

Version 2019

Normand Dallaire, Chimiste, DGE, M. Env.


DEC environnement hygiène et sécurité au travail
Cégep de Sorel-Tracy

Avec la collaboration de
Marc Olivier, Chimiste, M. Sc., DGE, M. Env.
DEC environnement hygiène et sécurité au travail
Centre de transfert technologique en écologie industrielle
Cégep de Sorel-Tracy

L’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) a collaboré et édité la première version de ce guide sur la gestion
des matières dangereuses résiduelles. Le Cégep de Sorel-Tracy et le Centre de transfert technologique en
écologie industrielle (CTTÉI) ont également contribué à la diffusion et au déploiement du guide.
Matières dangereuses résiduelles
au Québec

ENVIRONNEMENT – 3RV-E – SANTÉ-SÉCURITÉ – TRANSPORT


Version 2019
Normand Dallaire, Chimiste, DGE, M. Env.

Impression et reliure : Imprimerie Daniel

Jennifer Pinna + Lab Éditions


219, rang Saint-Thomas
Saint-Robert QC J0G 1S0
438 888-0735
labeditions@netcourrier.com

ISBN 978-2-9814758-5-5

Version 2019

Dépôt légal - 2015


Bibliothèque et Archives nationales du Québec; Bibliothèque et Archives nationales du Canada

Publiés précédemment par l’Ordre des chimistes du Québec


Matières dangereuses résiduelles au Québec ISBN: 978-2-9804202-7-6, 2012

TOUS DROITS RÉSERVÉS © 2015, Lab Éditions

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Dallaire, Normand., 1964-


Matières dangereuses résiduelles au Québec
Édition originale : Montréal : Ordre des chimistes du Québec, c2012.
Comprend des références bibliographiques.
ISBN 978-2-9814758-5-5
1. Déchets dangereux - Gestion - Québec (Province). I. Olivier, Marc J., 1951- . II. Titre.
TD1045.C32Q8 2015 363.72'8709714 C2015-940137-2

Ce document est conforme à la nouvelle orthographe.

Les graphiques et les illustrations de ce volume expriment fidèlement la tendance en gestion des matières résiduelles dangereuses. Ce volume a
été produit dans un but éducatif où les concepts, les théories et les tendances sont préférés à la précision de la reproduction. Le lecteur ne doit
pas en extrapoler des valeurs exactes. Lab Éditions décline toute responsabilité en ce sens.
Tous droits réservés (adaptation, traduction et reproduction) pour tous pays. Il est illégal de reproduire ce volume ou une partie quelconque,
sans autorisation écrite de la maison d’édition. Toute reproduction de cette publication par tous procédés (électronique, magnétique, digital,
internet, réseau informatique interne, web, photocopie, etc.), sera considérée comme une violation des droits d’auteur (copyright).

Imprimé au Québec
AVANT-PROPOS

La rédaction d’un manuel, d’une synthèse ou de tout autre document d’envergure ne se réalise qu’avec l’apport
important des personnes qui nous entourent, qui soutiennent notre action ou qui contribuent par leurs idées et
leurs connaissances. Ainsi, je désire tout d’abord remercier Karine Dufour, ma muse pour son soutien inconditionnel
à la naissance de ce projet.

J’aimerais remercier, et ce, sans borne, Marc J. OLIVIER pour sa collaboration et davantage encore pour ses
encouragements et ses conseils tout au long de ce processus d’écriture. Bien entendu, je voudrais souligner aussi
des collaborateurs marquants, tel que Manon TRUDEL collègue et professeure au DEC EHST pour son expertise en
santé-sécurité, Suzette LEBLANC du MDDEP pour son expertise en matières dangereuses résiduelles, Jennifer PINNA
du CTTÉI et René QUIRION-BLAIS du DEC EHST pour leur polyvalence, ainsi que les autres professionnels qui ont
confirmé des informations à plusieurs reprises. Enfin, je retiens que ce travail de longue haleine m’a permis de mieux
me connaitre face à ce défi d’écriture.

Normand DALLAIRE, Chimiste, DGE, M. Env.

i
LEXIQUE

Centre de gestion des matières dangereuses résiduelles


Infrastructure de gestion des matières dangereuses résiduelles autorisée par permis en vertu de l’article 70.9 de la Loi sur
la qualité de l’environnement. Improprement nommé autrefois « Centre de transfert », le CGMDR accueille les déchets
dangereux, consolide les lots selon leurs propriétés dangereuses, fait parfois des traitements de neutralisation sur place ou
achemine les matières dangereuses résiduelles vers des procédés de traitement selon les 3RV ou vers l’élimination
sécuritaire.

Centre de transfert
Selon l’appellation du Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières dangereuses, un centre de transfert
permet de transférer le contenu des camions à benne tasseuse vers des camions plus grands pour un transport routier vers
un lieu d’élimination distant.

Chimie verte
Approche repensée des outils de la chimie pour concevoir des produits et des procédés chimiques qui diminuent ou évitent
l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses, ou qui génèrent moins de matières dangereuses résiduelles. La
chimie verte s’énonce par 12 principes qui permettent de repenser nos actions à l’échelle du laboratoire ou de l’industrie.
Ceux-ci sont énoncés et expliqués aux annexes 2 et 3. En corolaire, la chimie verte se marie avec l’écologie industrielle
lorsque celle-ci utilise les modes de gestion 3RV et ceux du développement durable.

Mode de gestion Principe de chimie verte impliqué par ce mode de gestion

Prévenir et limiter la production des déchets ; Concevoir des produits et des composés chimiques avec peu ou
pas de toxicité ; Faire des réactions chimiques avec des produits et des réactifs de toxicité faible ou
nulle ; Minimiser l'utilisation de composés réactionnels intermédiaires ; Favoriser le meilleur rendement
Réduction
réactionnel possible en utilisant au maximum les matières premières pour minimiser les matières résiduelles
1er R à la
produites ; Utiliser des solvants plus surs et moins toxiques en remplacement des solvants organiques ; Concevoir
source
des produits chimiques qui se décomposeront en composés inertes et qui ne s'accumuleront pas dans
l'environnement ; Analyser en continu toutes les réactions de transformation pour détecter immédiatement la
production de sous-produits afin de les minimiser, voire les éliminer.

Utiliser au maximum les catalyseurs dans les réactions chimiques afin de minimiser les quantités de réactifs
2e R Réemploi
utilisés et de matières résiduelles produites.

3e R Recyclage Préférer les matières premières renouvelables ou de seconde vie plutôt que les fossiles.

Rechercher l'efficacité énergétique de la réaction en travaillant à température et pression ambiantes quand cela
Énergie
est possible.

Concevoir des produits chimiques dans des formes appropriées (liquide, solide ou gazeuse) afin de limiter les
Environnement
risques d'accident tels que des explosions, des incendies, ou une dissémination dans l'environnement.

Écologie industrielle
Ensemble des processus de gestion qui permettent d’allonger le cycle de vie des matières résiduelles. Cette approche met
en place l’exploitation du gisement de matières secondaires selon le concept du déchet-ressource. L’élimination des résidus
d’une entreprise n’est plus requise lorsque ceux-ci deviennent les intrants d’une autre entreprise.

Gestion selon les 3RV-E


Modes de gestion des matériaux dérivés du concept de déchet-ressource. D’abord développé durant les années 1970 aux
États-Unis selon l’acronyme 3R (qui signifie Reduce, Re-use and Recycle), l’acronyme devient 3RV dans la Loi sur la qualité
de l’environnement (LQE) (qui signifie alors réduction, réemploi, recyclage, valorisation). L’ajout de l’élimination, souvent
nécessaire, bien que non souhaitable, forme l’acronyme 3RV-E. Celui-ci offre une gradation du souhaitable vers le moins
souhaitable (réduction, réemploi, recyclage, valorisation et élimination). La Politique québécoise de gestion des matières
résiduelles demande de remettre en question nos habitudes d’élimination et d’appliquer plutôt une gestion proactive du
gisement de matières secondaires selon les 3RV.

Matière dangereuse
Toute matière qui, en raison de ses propriétés, présente un danger pour la santé ou l’environnement et qui est, au sens des
règlements pris en application de la LQE, explosive, gazeuse, inflammable, toxique, radioactive, corrosive, comburante ou
lixiviable, ainsi que toute matière ou objet assimilé à une matière dangereuse.

ii
LISTE DES ACRONYMES
3R Reduce, Re-use, Recycle LQE Loi sur la qualité de l’environnement
Réduction, réemploi, recyclage, valorisation et
3RV-E LSST Loi sur la santé et la sécurité du travail
élimination
ACV Analyse de cycle de vie MD Matières dangereuses
Ministre du Développement durable, de l’Environnement et
BIT Bureau international du travail MDDELCC
de la Lutte contre les changements climatiques
Ministère du Développement durable, de l’Environnement
ASTE Association sectorielle transport entreposage MDDEP
et des Parcs
BPC Diphényle polychloré MDR Matière dangereuse résiduelle
BRIQ Bourse des résidus industriels du Québec MSDS Material Safety Data Sheet
CA Certificat d’autorisation MTBE Éther de méthyle et de tert-butyle
CAS Numéro du Chemical Abstract Service NFPA National Fire Protection Agency
CCI Centre de conformité internationale NSA National Security Agency
CFC Chlorofluorocarbure OACI Organisation de l'aviation civile internationale
Organisation de collaboration et de développement
CGMDR Centre de gestion des matières dangereuses résiduelles OCDE
économiques
COV Composé organique volatil OCQ Ordre des chimistes du Québec
Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
CNESST OMI Organisation maritime internationale
sécurité du travail
Centre de transfert technologique en écologie
CTTÉI PBB Polybromodiphényle
industrielle
DD Développement durable PBDE Polybromodiphényle éther
DEC Diplôme d’enseignement collégial en Environnement
PFC Perfluorocarbure
EHST hygiène et sécurité au travail
DGE Diplôme en gestion de l’environnement PGMR Plan de gestion des matières résiduelles
DMA Drainage minier acide PIU Plan d’intervention d’urgence
DTQD Déchet toxique en quantité dispersée POP Produit organique persistant
ECHA European Chemicals Agency RDD Résidu domestique dangereux
ÉPI Équipement de protection individuelle REACH Registration, Evaluation and Authorization of Chemicals
FDS Fiche de données sécurité RÉP Responsabilité élargie des producteurs
FS Fiche signalétique RMD Règlement sur les matières dangereuses
FSC Fluide supercritique RoHS Restriction of the use of certain Hazardous Substances
FTSS Fiches techniques sur la sécurité des substances RTMD Règlement sur le transport des marchandises dangereuses
GE Groupe d’emballage SGH Système général harmonisé
Groupe d’étude et de réhabilitation des lieux Système d’information sur les matières dangereuses
GERLED SIMDUT
d’élimination de déchets dangereux utilisées au travail
HCFC Hydrochlorofluorocarbure SOGHU Société de gestion des huiles usagées
HFC Hydrofluorocarbure SST Santé-sécurité au travail
ICI Industries, commerces et institutions TLCP Toxicity characteristic leaching procedure
INRP Inventaire national des rejets de polluants TMD Transport des marchandises dangereuses
INRS Institut national de recherche et de sécurité UE Union européenne
Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en
IRSST UN Numéro de matière dangereuse des Nations Unies
sécurité du travail
kBq/kg kilobecquerel par kilogramme VHU Véhicule hors d’usage
LCPE Loi canadienne sur la protection de l'environnement VLE Valeur limite d’exposition à ne pas dépasser
LES Lieu d’enfouissement sanitaire VME Valeur limite d’exposition moyenne sur 8 heures
LET Lieu d’enfouissement technique vPvB very Persistant very Bioaccumulable

iii
TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION ........................................................................................................................................................1

CHAPITRE 1 MATIÈRES DANGEREUSES RÉSIDUELLES ...........................................................................................3


1.1 NATURE ET CLASSIFICATION D’UNE MATIÈRE DANGEREUSE ....................................................................4
1.2 IDENTIFICATION DE LA MATIÈRE DANGEREUSE RÉSIDUELLE.....................................................................7
1.3 APPLICATION DU CONCEPT DE DÉCHETS-RESSOURCES AUX MDR ............................................................9

CHAPITRE 2 CONTEXTE JURIDIQUE ....................................................................................................................11


2.1 CADRE JURIDIQUE QUÉBÉCOIS EN SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................11
2.2 CADRE JURIDIQUE CANADIEN ET QUÉBÉCOIS EN ENVIRONNEMENT ......................................................12
2.3 POLITIQUES PROACTIVES .........................................................................................................................14
2.4 OUTILS COMPLÉMENTAIRES ....................................................................................................................15

CHAPITRE 3 FLUX DE MDR AU QUÉBEC ..............................................................................................................19


3.1 PRODUCTION DES MDR AU QUÉBEC .......................................................................................................19
3.2 IMPORTATION DE MDR DE L’EXTÉRIEUR .................................................................................................19
3.3 PROGRESSION DE LA RÉCUPÉRATION DES RÉSIDUS DOMESTIQUES DANGEREUX ..................................19

CHAPITRE 4 INFRASTRUCTURES ET OPÉRATIONS ..............................................................................................23


4.1 ENTREPRISES DE GESTION DES MDR ........................................................................................................24
4.2 FORMES DE MANIPULATION ....................................................................................................................25
4.3 FORMES DE GESTION ...............................................................................................................................26

CHAPITRE 5 CENTRES DE GESTION DES MDR .....................................................................................................29


5.1 MODE DE FONCTIONNEMENT D’UN CENTRE DE GESTION DES MDR ......................................................29
5.2 FORMATION TECHNIQUE POUR CENTRE DE GESTION DES MDR ........................................................36

CHAPITRE 6 RÉSIDUS DOMESTIQUES DANGEREUX ............................................................................................39


6.1 ÉCOCENTRE, DÉCHÈTERIE, COLLECTE PERMANENTE OU ITINÉRANTE .....................................................40
6.2 FONCTIONNEMENT DES COLLECTES DE RDD ...........................................................................................40
6.3 FONCTIONNEMENT D’UN ÉCOCENTRE ....................................................................................................42
6.4 FORMATION TECHNIQUE POUR OPÉRER DES COLLECTES DE RDD ..........................................................47

CHAPITRE 7 SYSTÈMES D’INFORMATION SUR LES MATIÈRES DANGEREUSES ...................................................49


7.1 MATIÈRES DANGEREUSES UTILISÉES AU TRAVAIL ...................................................................................49
7.2 TRANSPORT DES MARCHANDISES DANGEREUSES ...................................................................................51
7.3 GÉNÉRALISATION D’UN SYSTÈME D’INFORMATION UNIQUE ..................................................................54

v
CHAPITRE 8 HUILES ET GRAISSES MINÉRALES ET SYNTHÉTIQUES ......................................................................65
8.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL ..............................................................................................................66
8.2 APPLICATION DES 3RV .............................................................................................................................67
8.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ......................................................................................................................................70
8.4 TRANSPORT ..............................................................................................................................................72

CHAPITRE 9 SOLIDES ET BOUES ORGANIQUES ...................................................................................................75


9.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL ..............................................................................................................76
9.2 APPLICATION DES 3RV .............................................................................................................................76
9.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ......................................................................................................................................78
9.4 TRANSPORT ..............................................................................................................................................80

CHAPITRE 10 SOLVANTS ORGANIQUES ................................................................................................................83


10.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .........................................................................................................84
10.2 APPLICATION DES 3RV .........................................................................................................................85
10.3 SANTÉ-SÉCURITÉ .................................................................................................................................87
10.4 TRANSPORT .........................................................................................................................................89

CHAPITRE 11 SOLUTIONS ORGANIQUES ..............................................................................................................93


11.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .........................................................................................................93
11.2 APPLICABILITÉ DES 3RV .......................................................................................................................93
11.3 SANTÉ-SÉCURITÉ .................................................................................................................................94
11.4 TRANSPORT .........................................................................................................................................95

CHAPITRE 12 SOLIDES ET BOUES INORGANIQUES ...............................................................................................99


12.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................100
12.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................100
12.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................100
12.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................102

CHAPITRE 13 SOLUTIONS AQUEUSES INORGANIQUES ......................................................................................105


13.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................105
13.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................105
13.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................106
13.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................108

CHAPITRE 14 MATIÈRES DANGEREUSES ACIDES ................................................................................................111


14.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................111
14.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................111
14.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................112
14.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................114

vi
CHAPITRE 15 MATIÈRES DANGEREUSES CAUSTIQUES .......................................................................................117
15.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................117
15.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................117
15.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................118
15.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................120

CHAPITRE 16 MATIÈRES ET OBJETS CONTAMINÉS AUX BPC ..............................................................................123


16.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................123
16.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................124
16.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................124
16.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................126

CHAPITRE 17 MATIERES DANGEREUSES PROVENANT D’UN LABORATOIRE .................................................129


17.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................129
17.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................130
17.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................130
17.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................132

CHAPITRE 18 MATIERES DANGEREUSES CONTAMINEES ...................................................................................135


18.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................135
18.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................135
18.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................135
18.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................137

CHAPITRE 19 AUTRES MATIERES DANGEREUSES ...............................................................................................139


19.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL .......................................................................................................139
19.2 APPLICATION DES 3RV .......................................................................................................................139
19.3 SANTÉ-SÉCURITÉ ...............................................................................................................................139
19.4 TRANSPORT .......................................................................................................................................141

CHAPITRE 20 ENTREPOSAGE SECURITAIRE DES MATIERES DANGEREUSES ..................................................143


20.1 NOTIONS DE REACTIVITE ET D'INCOMPATIBILITE .............................................................................143
20.2 NOTIONS DE SEGREGATION, DE SEPARATION ET D'ISOLATION ........................................................148
20.3 CLASSIFICATION BASEE SUR LE TRANSPORT DES MARCHANDISES DANGEREUSES ..........................149
20.4 CLASSIFICATION BASEE SUR LE SYSTEME D'INFORMATION SUR LES MATIERES DANGEREUSES
UTILISEES AU TRAVAIL 2015 ............................................................................................................................151
20.5 REGLES D'ENTREPOSAGE DANS UNE RESERVE DE MATIERES DANGEREUSES ..................................156
20.6 RETENTION DES MATIERES DANGEREUSES LIQUIDES .......................................................................164

CONCLUSION ........................................................................................................................................................166

BIBLIOGRAPHIE ET RÉFÉRENCES ...........................................................................................................................168

vii
ANNEXE 1 : CATÉGORIES ET SOUS-CATÉGORIES DE MATIÈRES DANGEREUSES SELON LE RMD ..........................172

ANNEXE 2 : CHIMIE VERTE – 12 PRINCIPES À L’INTENTION DES CHIMISTES ........................................................176

ANNEXE 3 : CHIMIE VERTE – 12 PRINCIPES À L’INTENTION DES INGÉNIEURS .....................................................180

ANNEXE 4 : GRILLE DES INCOMPATIBILITÉS D’ENTREPOSAGE .............................................................................182

ANNEXE 5 : EXERCICES SUR LA CLASSIFICATION DES MATIERES DANGEREUSES RESIDUELLES ...........................184

ANNEXE 6 : MODELE D’ENTREPOSAGE EN CINQ ETAPES .....................................................................................202

ANNEXE 7 : QUATRE CAS DE DANGER ..................................................................................................................207

viii
INTRODUCTION

Depuis des années, les intervenants en gestion des matières dangereuses résiduelles (MDR) déplorent l’absence
d’informations regroupées sur celles-ci au Québec. Le présent recueil comble ce vide par la volonté de l’Ordre des
chimistes du Québec (OCQ) et de ses membres. Il s’adresse d’abord aux gestionnaires du secteur des industries,
commerces et institutions (ICI) qui œuvrent à la gestion des matières résiduelles, qui doivent reconnaitre la présence
de celles qui sont dangereuses et qui doivent agir en conformité avec les obligations inhérentes.
L’approche retenue passe en revue les aspects légaux incontournables, identifie les infrastructures déjà mises en
place et les intervenants principaux, permet le passage du Système d’information sur les matières dangereuses
utilisées au travail (SIMDUT) vers le SIMDUT-2015 qui intègre les éléments du Système général harmonisé (SGH). Il
intègre aux différentes catégories les procédés actuels de traitement des MDR dans les Centres de gestion des
matières dangereuses résiduelles (CGMDR). Ce guide ouvre de plus le volet méconnu de l’écologie industrielle, pour
une meilleure exploration des débouchés selon le principe des 3RV-E, et souhaite engager la réflexion autour de la
chimie verte. Celle-ci propose un meilleur équilibre entre la société, l'environnement et la rentabilité. C’est aussi une
vision du monde industriel à bâtir qui laissera moins de place à la production de matières dangereuses résiduelles.
Par ailleurs, à la demande de divers intervenants du milieu, une section est maintenant consacrée à l’entreposage
des matières dangereuses.
Enfin, ces textes commentés peuvent contribuer à la formation des étudiants de plusieurs professions qui auront à
interférer avec la gestion des MDR, tant dans un contexte universitaire qu’au secteur technique. C’était, parmi
d’autres, une demande répétée pour la formation des techniciens du DEC environnement hygiène et sécurité au
travail ainsi que pour les futurs chimistes formés dans les universités québécoises.

1
CHAPITRE 1 MATIÈRES DANGEREUSES RÉSIDUELLES

Deux concepts s’entrecroisent dès que les matières dangereuses résiduelles sont abordées : la notion de danger
pour la santé ou la vie ainsi que la notion de déchets. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, les premières
mentions d’exposition à des nuisances entrainant la mort semblent celles du travail des esclaves dans les mines, par
la détérioration de l’air respiré. Sont décrites aussi dès l’Antiquité les coulées orange à la base des terrils des mines.
En langage moderne, c’est le drainage minier acide (DMA), inévitable puisque l’acide sulfurique concentré résulte
de l’exposition de la pyrite à l’atmosphère et aux intempéries, mais bien sûr à l’époque, le concept de « déchets
dangereux » n’existait pas encore.
De tout temps, l’homme a été confronté à ses déchets. Les sociétés anciennes sont passées des mœurs primitives
vers le développement de l’agriculture et de l’élevage. Les déchets domestiques étaient alors inoffensifs, parce que
produits en petites quantités dans un contexte dispersé, sans propriétés agressantes pour la santé ou
l’environnement. L’urbanisation du Moyen-âge a considérablement accru les nuisances provoquées par l’abandon
des déchets dans l’espace commun. C’est pour réduire ces nuisances que sont organisés les premiers traitements
par le feu, la mise en tas avec le fumier et le rejet dans les fossés des fortifications plutôt que dans les rues.
Certains métiers exposent davantage aux matières dangereuses. C’est notamment le cas pour nos collègues
alchimistes qui exerçaient une profession à risques. Leurs efforts de transformation des matériaux dans des ateliers
peu ou pas ventilés, de même que l’utilisation des corrosifs, ne laissent pas de doute. La manipulation du vif-argent
(le mercure) ne pouvait qu’amplifier leurs problèmes de santé. Avons-nous entendu parler des déchets dangereux
produits dans ces ateliers? Il y en avait certainement, mais les quantités étaient petites et le concept n’était pas
davantage nommé.
C’est au XIXe siècle que le développement des technologies provoque un aveuglement collectif : la quête du progrès
à tout prix! L’âge d’or de la chimie permet ces développements technologiques, mais provoque aussi de nombreux
rejets industriels aux propriétés dangereuses pour l’Homme et l’environnement. Des rejets massifs de déchets
agressants sont émis à la sortie des usines d’extraction et manufacturières. Le déchet dangereux était né là, avant
sa définition! Durant longtemps, les rivières et les décharges ont accueilli les déchets industriels sans distinction
parmi les déchets domestiques. Nous sommes alors à l’époque de la dilution comme solution aux nuisances, tel qu’il
en est fait mention dans la grande étude de 1929-1930. L’industrie chimique et le Canada:
« […] simplement diriger ces eaux vers les rivières qui se chargeront de les purifier, si elles le veulent
ou le peuvent. En tout cas, tout finira par aboutir à la mer et la mer est grande ! D’autre part, si telle
ville craint de s’empoisonner, elle purifiera son eau d’alimentation ! » (FONTANEL, 1929, p.32)
Pour minimiser les impacts de ces matériaux à court et à long terme, les sociétés industrielles en viennent au milieu
du XXe siècle à décrire les catégories de matières dangereuses et à traiter les déchets dangereux différemment. Ces
premiers efforts grossiers de codification des propriétés des matériaux conduisent d’abord à cibler les déchets
industriels toxiques. Au Québec, ils se voient interdire la mise en décharge mélangée avec les déchets ménagers en
1978. La sensibilisation des intervenants, la normalisation des mesures des propriétés dangereuses ainsi que la
règlementation permettent une approche plus fine. Le développement de traitements spécifiques selon les
propriétés dangereuses de ces déchets permet d‘appliquer une gestion sécuritaire. Or, à cette époque, on a souvent
comme réflexe de gérer par élimination.
Le souci de mettre en place un développement durable (DD) dans nos sociétés ainsi que les nouvelles approches de
chimie verte du XXIe siècle nous propulsent vers une autre direction. Dorénavant, il faut questionner notre utilisation
des matières dangereuses et allonger le cycle de vie des matériaux. La plupart de ceux-ci proviennent de ressources
non renouvelables, extraites et transformées à cout énergétique élevé. Leur élimination est un gaspillage de
ressources planétaires qu’il nous faut endiguer. C’est une nouvelle façon de procéder, en opposition avec les
habitudes des dernières décennies. Saurons-nous relever collectivement ce défi?

3
1.1 NATURE ET CLASSIFICATION D’UNE MATIÈRE DANGEREUSE
Dans le Québec actuel, les propriétés qui caractérisent une matière dangereuse sont définies à l’article 3 du
Règlement sur les matières dangereuses (RMD) adopté en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) :
«[…] toute matière qui, en raison de ses propriétés, présente un danger pour la santé ou
l’environnement et qui est, au sens des règlements pris en application de la présente loi, explosive,
gazeuse, inflammable, toxique, radioactive, corrosive, comburante ou lixiviable, ainsi que toute
matière ou objet assimilé à une matière dangereuse.» (LQE, 2010)
Cette définition générale est cohérente avec les règles qui établissent la classification dans le Règlement sur le
transport des marchandises dangereuses (RTMD) et le Règlement sur les produits contrôlés. Depuis 1988, les
contenants de matières dangereuses affichent un étiquetage codifié par le Système d’information sur les matières
dangereuses utilisées au travail (SIMDUT), alors que les fiches signalétiques de ces matières dangereuses constituent
une source de renseignements sur leurs propriétés. Diffuser l’information est devenu la clé de l’utilisation sécuritaire
des matières dangereuses. Le passage au SIMDUT-2015 adopté en février 2015 au Canada qui intègre les éléments
du Système général harmonisé (SGH) maintient ces principes dans un contexte de mondialisation.

Tableau 1.1 — Principales propriétés des matières dangereuses résiduelles

PROPRIÉTÉ
DANGEREUSE DES DESCRIPTION DE LA PROPRIÉTÉ
MATÉRIAUX

1. Toute substance qui peut, par réaction chimique auto-entretenue, émettre des gaz à une température, à une
pression ou à une vitesse telle qu'il en résulte des dommages à la zone environnante.
1 Explosif
2. Toute substance qui a été fabriquée en vue de produire un effet pratique explosif ou pyrotechnique, ou tout
objet constitué d'une telle substance.

2 Gazeux Tout gaz confiné dans un contenant sous pression.

Toute matière liquide ou toute matière liquide contenant des solides en solution ou en suspension, autre qu'une
boisson alcoolisée, dont le point d'éclair mesuré conformément à la méthode prévue dans la Liste des méthodes
3, 4 Inflammable
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la Loi sur la qualité de l'environnement (LQE), est
égal ou inférieur à 61 °C.

Toute matière, combustible ou non, qui provoque ou favorise la combustion d'autres matières en libérant de
5 Comburant l'oxygène ou une autre matière oxydante, ou qui contient une substance organique possédant la structure peroxyde
«-O-O-».

1. Toute matière qui, lorsque mise à l'essai conformément aux méthodes prévues dans la Liste des méthodes
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la LQE, produit soit plus de 250 mg/kg de
cyanure d'hydrogène (HCN) soit plus de 500 mg/kg de sulfure d'hydrogène (H2S).
6 Toxique
2. Toute matière qui, lorsque mise à l'essai conformément aux méthodes prévues dans la Liste des méthodes
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la LQE, contient plus de 5 microgrammes par
kilogramme de polychlorodibenzofurane ou de polychlorodibenzodioxine.

Toute matière qui émet spontanément des rayonnements ionisants et pour laquelle l’activité totale exprimée en
7 Radioactif
kBq/kg atteint la somme indiquée au règlement.

Toute matière qui, lorsque mise à l'essai conformément aux méthodes prévues dans la Liste des méthodes
d'analyses relatives à l'application des règlements découlant de la LQE, possède un pH inférieur à 2 ou un pH
8 Corrosif
supérieur à 12,5, ou corrode des surfaces en acier de type SAE 1020 à un taux supérieur à 6,25 mm par an à la
température de 55 °C.

Toute matière liquide renfermant un contaminant dont la concentration est supérieure à l'une des normes prévues
9 Lixiviable
dans le règlement.
Adapté du RMD

Les chapitres du présent document utilisent la liste des catégories regroupées par l’usage (tableau 1.2). Ce choix
repose sur l’aspect légal mis en œuvre tant pour le transport que dans la gestion quotidienne. Une catégorie
regroupe les matières par appellations génériques qui orientent l’utilisateur vers les propriétés dangereuses. Elle

4
repose sur les règles de compatibilité et d’incompatibilité entre les matériaux. L’annexe 1 du présent document
comporte une liste détaillée des catégories ventilées en sous-catégories. Le code de sa catégorie identifie la matière
dangereuse, accompagné des numéros de sa classe et de sa division attribués en vertu du Règlement sur le transport
des marchandises dangereuses (RTMD).

Tableau 1.2 – Catégories d’usage des matières dangereuses

CATÉGORIE APPELLATION RÈGLEMENTAIRE DE LA CATÉGORIE

A Huiles et graisses minérales ou synthétiques

B Solides et boues organiques

C Solvants organiques

D Solutions organiques

E Solides et boues inorganiques

F Solutions aqueuses inorganiques

G Matières dangereuses acides

H Matières dangereuses caustiques

J Matières et objets contenant des BPC ou contaminés par des BPC

K Matières dangereuses provenant d'un laboratoire

L Matières dangereuses contaminées

M Autres matières dangereuses


Adapté du RMD

Tableau 1.3 – Exemples de sous-catégories de matières dangereuses

SOUS-CATÉGORIE APPELLATION RÈGLEMENTAIRE DE SOUS-CATÉGORIE

A04 Graisses usées

B09 Boues et résidus de la formulation et de l'utilisation d'encre, de peinture, de colorants, de laques et vernis

C01 Solvants organiques halogénés (halogènes organiques totaux > 0,15 %)

D01 Antigels, fluides de frein et hydraulique

E04 Poussières métalliques

F02 Solutions et saumures contenant des cyanures, des sulfures, des nitrures

G02 Liquides ou boues acides inorganiques

H02 Liquides ou boues alcalines organiques

J02 Liquides contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1 %)

K02 Laboratoire d'un établissement d'enseignement

L01 Équipements contaminés

M01 Préparations pharmaceutiques, médicaments et cosmétiques hors d'usage


Adapté du RMD

5
En principe, toutes les matières dangereuses usuelles peuvent être décrites selon la classification ci-dessus.
Cependant, si une matière dangereuse devait ne pas être identifiée par ce règlement, elle serait alors décrite par le
code 0.0 suivi d’une lettre indiquant son état physique (tableaux 1.4 et 1.5).

Tableau 1.4 – Code d’état physique

CODE ÉTAT PHYSIQUE

L Liquide

S Solide

P Semi-solide (boue)

G Gazeux
Adapté du RMD

Tableau 1.5 – Exemples de code pour des matières dangereuses hors règlement

SOUS-CATÉGORIE APPELLATION

0.0L Liquide non catégorisé

0.0P Boues non caractérisées


Adapté du RMD

En complément des catégories générales qui utilisent les appellations génériques, la section 1 de l’annexe 4 du RMD
se termine par des catégories réservées aux entreprises détentrices de permis en vertu de l’article 70.9 de la LQE.
Ces entreprises sont spécialisées dans le domaine des MDR. Elles opèrent des lieux d’élimination, de traitement,
d’entreposage ou de transport (tableau 4.1), et sont susceptibles de manipuler des mélanges de MDR provenant de
diverses sources. Pour ce faire, elles utilisent les désignations spécifiques aux mélanges volontaires de MDR (tableau
1.6) (voir l’ANNEXE 1).

Tableau 1.6 – Catégories réservées pour certaines entreprises titulaires de permis.

SOUS-CATÉGORIE APPELLATION DE LA CATÉGORIE RÉSERVÉE

Mélanges
N01 à N16
(catégories réservées aux titulaires de permis visés à l'article 70.9 de la LQE)

Autres matières composant un mélange


O01 et O02 (catégories réservées aux titulaires de permis visés à l'article 70.9 de la LQE)
(sols contaminés et matières non dangereuses)
Adapté du RMD

6
1.2 IDENTIFICATION DE LA MATIÈRE DANGEREUSE RÉSIDUELLE
Afin de déterminer la catégorie de MDR prévue à l’annexe 4 du règlement, un diagramme décisionnel (figure 1.1)
forme la clé d’identification qui détermine si la matière appartient à une ou plusieurs des propriétés dangereuses
en regard de la définition de la LQE, du RTMD et de la classification SIMDUT. Chacun des chapitres du guide propose
un diagramme décisionnel qui précise les approches 3RV-E, la santé-sécurité du travail (SST) et règles de transport.

Figure 1.1 — Diagramme décisionnel pour l’identification d’une matière dangereuse résiduelle
Matière exclue ? MATIÈRE
Liste des matières exclues OUI NON DANGEREUSE
Article 2 RMD

NON

Matière assimilée à une MD ?


OUI
Article 4 RMD

NON

Explosive ?
Classe 1 RTMD OUI
Loi sur les explosifs

NON

Gaz sous pression inflammable,


comburant, toxique, corrosif? OUI
Classe 2.1, 2.2, 2.3 et 2.4 RTMD

NON

Comburante ?
OUI
Classe 5 RTMD

NON

Corrosive ? MATIÈRE
Classe 8 RTMD OUI
Mesure du pH, essai de corrosivité DANGEREUSE

NON

Inflammable ?
Classe 3 et 4 RTMD OUI
Mesure du point d éclair

NON

Lixiviable ?
OUI
Essai de lixiviation TCLP

NON

Toxique ? OUI

NON

Radioactive ? OUI

NON

Matière dangereuse pour


OUI
l environnement

NON

MATIÈRE
NON DANGEREUSE
Adapté du RMD du MDDELCC

7
En parallèle, les approches en SST créent la nécessité d’informer les utilisateurs sur les propriétés des matières
dangereuses qu’ils manipulent. De là l’implantation de systèmes d’information normés dans les pays industrialisés,
dont les catégories s’appliquent à la fois pour les matières dangereuses vierges et pour les matières dangereuses
résiduelles (tableau 1.7).

Tableau 1.7 — Principaux systèmes d’information sur les catégories de matières dangereuses

SYSTÈME D’INFORMATION DESCRIPTION DES ÉLÉMENTS CLÉS DU SYSTÈME D’INFORMATION

Renvoi à une fiche signalétique Material Safety Data Sheet (MSDS) contenant toutes les informations
Right-to-know
États-Unis

fournies par le fabricant.

National Fire Protection Utilisation d’un code visuel comportant quatre champs d’information : inflammabilité, toxicité,
Agency (NFPA) réactivité, autre.

Utilisation d’un ou plusieurs pictogrammes normés décrivant le risque.


Étiquetage par phrases Utilisation d’un étiquetage comportant une ou plusieurs phrases de risques ainsi qu’une ou plusieurs
types phrases sur les moyens de protection, tirées d’une banque de 68 phrases normées de risque et 64
phrases normées de protection.

Règlementation pour la protection de l'environnement afin de limiter l'utilisation du plomb (Pb), du


cadmium (Cd), du mercure (Hg), du chrome hexavalent (Cr VI) ainsi que de deux retardateurs de
Union Européenne

RoHS flammes, le polybromodiphényle (PBB) et le polybromodiphényle éther (PBDE), dans la fabrication


(Restriction of Hazardous des nouveaux équipements électriques et électroniques.
Substances) Les fabricants doivent s’assurer que leurs produits et composants sont conformes aux directives de
la règlementation RoHS pour être autorisés de commercialisation dans les pays de l’Union
Européenne (UE).

Règlementation pour protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques que peuvent
poser les produits chimiques ; promotion de méthodes d’essai alternatives ; libre circulation des
REACH
substances au sein du marché intérieur ainsi que le renforcement de la compétitivité et de
(Registration, Evaluation l’innovation.
and Authorization of
L’industrie a la responsabilité d’évaluer et de gérer les risques posés par les produits chimiques et de
Chemicals)
fournir des informations de sécurité adéquates à leurs utilisateurs. En parallèle, l’UE peut prendre
des mesures restrictives concernant des substances extrêmement dangereuses.

Système d’information sur Depuis 1988, utilisation d’un ou plusieurs pictogrammes normés décrivant le risque.
Canada

les matières dangereuses


Renvoi à une fiche de données sécurité contenant toutes les informations fournies par le fabricant.
utilisées au travail (SIMDUT
et SIMDUT-2015) Obligation de formation spécifique renouvelée pour tout utilisateur de produit contrôlé.

Depuis 2010, utilisation d’un ou plusieurs pictogrammes normés décrivant le risque.


Mondial

Renvoi à une fiche de données sécurité contenant toutes les informations fournies par le fabricant.
Système général harmonisé
(SGH) Le SGH est un système des Nations Unies qui permet d’identifier les produits chimiques dangereux
et d’informer les utilisateurs sur ces dangers au moyen de symboles et de phrases standardisés sur
l’étiquette des emballages ainsi que par des fiches de données sécurité (FDS).
Adapté de OLIVIER 1995, DALLAIRE & OLIVIER 2005, DALLAIRE & OLIVIER 2009

8
1.3 APPLICATION DU CONCEPT DE DÉCHETS-RESSOURCES AUX MDR
Depuis l’après-guerre, pour satisfaire aux besoins de transport des marchandises dangereuses, celles-ci sont
codifiées et leur transport est normé. La fin des années 1980 a généralisé le besoin d’informer les utilisateurs pour
réduire les risques lors des manipulations. Nous en sommes maintenant aux approches des déchets-ressources,
celles décrites par les modes de gestion selon les 3RV-E. Elles se sont mises en place par des politiques qui ciblent
les déchets non dangereux et amènent un changement lexical profond. À l’origine, ces modes de gestion sont décrits
par les 3R états-uniens : Reduce, Re-use, Recycle. Ces concepts se veulent une réponse à la consommation irréfléchie
des ressources naturelles non renouvelables et au gaspillage d’énergie dans les activités anthropiques industrielles
qui fabriquent nos biens de consommation.

La version québécoise de cette approche utilise l’acronyme 3RV-E, tenant pour : réduction, réemploi, recyclage,
valorisation et élimination (tableau 1.8). Depuis 1998, la 2e Politique québécoise de gestion des matières résiduelles
retient comme principe fondateur que le premier R vaut mieux que le deuxième, le deuxième R vaut mieux que le
troisième, le troisième R vaut mieux que le V, alors que le V vaut mieux que le E. Cette priorisation empirique conduit
aux meilleurs choix de gestion des déchets-ressources à moins qu’une analyse de cycle de vie (ACV) ne démontre le
contraire.

Selon cette approche, ce que nous appelions autrefois des déchets deviennent des matières résiduelles. Elles
forment un gisement de matières secondaires dont la société devrait tirer un meilleur parti. Pourtant aujourd’hui
encore, les matières dangereuses résiduelles (MDR) continuent d’être, la plupart du temps, éliminées sans espoir
d’en tirer un bénéfice pour la société. C’est ici qu’interviennent les approches d’écologie industrielle qui prônent
l’allongement du cycle de vie et la synergie des sous-produits. Maintenant que le XXIe siècle est bien implanté, peut-
on apporter une dimension critique aux modes de gestion de nos anciens déchets dangereux et proposer des
approches systématiques selon les 3RV pour diminuer l’élimination? Quelles seront les façons de faire gagnantes de
demain? C’est la réflexion entreprise ici par des chimistes œuvrant au diplôme d’enseignement collégial en
environnement hygiène et sécurité au travail (DEC EHST), avec la connivence de l’Ordre des chimistes du Québec
(OCQ).

Tableau 1.8 — Modes de gestion 3RV-E des déchets-ressources, appliqués aux matières dangereuses résiduelles

MODE DE
DESCRIPTION DU MODE DE GESTION
GESTION

Diminution à la source de la quantité de matières requises ou de la quantité de matières dangereuses requises pour
Réduction
conduire un procédé ou pour fabriquer un objet.

Réemploi Usage répété d’une matière ou d’un objet sans en modifier la forme ou la nature.

Recyclage Broyage mécanique d’un objet ou d’une matière pour permettre de la réintroduire dans un procédé de fabrication.

Transformation chimique d’un objet ou d’une matière pour en obtenir un autre usage ou pour récupérer l’énergie
Valorisation
contenue.

Élimination Abandonner un objet ou une matière sans espoir d’en faire quelque chose d’utile.
Adapté de OLIVIER 2010

9
CHAPITRE 2 CONTEXTE JURIDIQUE

Dans la plupart des pays industrialisés, les législations pour protéger l'environnement de l’impact des matières
dangereuses résiduelles apparurent au cours des années 1970 et des années 1980.
Selon les époques, plusieurs termes furent employés pour décrire la nature des rejets industriels : déchets, résidus,
déchets industriels, déchets spéciaux, déchets dangereux, matières dangereuses résiduelles. Dans l'état actuel de la
législation, l'expression juste est définie dans le Règlement sur les matières dangereuses : une matière dangereuse
résiduelle est
« […] toute matière dangereuse mise aux rebuts usée, usagée ou périmée, ainsi que toute autre matière
dangereuse mentionnée dans l'article [...] ». (RMD 2010)
Dans le texte qui suit, l’expression « déchet dangereux » utilisée est en lien avec la façon de dire du moment où ces
textes légaux ont été adoptés, mais l’appellation actuelle serait bien « matière dangereuse résiduelle » pour
répondre à la sensibilité introduite par le concept du déchet-ressource.
En complément, tous les pays industrialisés ont bâti une législation parallèle qui concerne la santé et la sécurité des
travailleurs exposés aux matières dangereuses. Cette approche est indissociable de l’approche générale concernant
la protection de l’environnement.

2.1 CADRE JURIDIQUE QUÉBÉCOIS EN SANTÉ-SÉCURITÉ


La Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) vise à l'élimination à la source des dangers pour la santé, la sécurité
et l’intégrité physique des travailleurs. L’obligation est faite à l’employeur, ou à son représentant, de mettre en place
les mesures administratives concernant la formation, l’étiquetage, l’accès aux fiches signalétiques, le programme de
protection respiratoire ainsi que l’organisation des premiers secours et premiers soins.
La LSST demande donc de réaliser les aménagements de protection collective en termes de ventilation pour réduire
les risques d’exposition, d’accès à une douche d’urgence et une douche oculaire tempérée en cas de projection, de
fournir les outils de travail appropriés pour la tâche demandée et, bien sûr, tout équipement complémentaire pour
la santé-sécurité du travail. Ce dernier élément implique les mesures de contrôle à la source, c’est-à-dire les mesures
d'ingénierie et les modifications de méthode de travail pour éliminer l'exposition aux substances agressantes.
Lorsque les mesures collectives ne suffisent pas à éliminer l'exposition aux substances agressantes, le Règlement sur
la santé et la sécurité du travail (RSST) précise des exigences en qualité de l’air, en ventilation locale au poste de
travail, en entreposage et en manutention selon le type de risques, ainsi que le port des équipements de protection
individuelle (ÉPI) nécessaires pour réaliser le travail. Ces ÉPI doivent être conformes à la règlementation. Cela
implique que les ÉPI doivent être les plus appropriés pour se protéger de la substance agressante, maintenus en bon
état et entretenus conformément aux spécifications du fabricant. Des guides sont disponibles à cet effet auprès de
la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Le choix des ÉPI fourni par l’employeur implique, du professionnel, la vérification des classes de risque et des
équipements de protection prescrits par le fournisseur de chacune des matières dangereuses vierges incorporée
dans la MDR.

11
2.2 CADRE JURIDIQUE CANADIEN ET QUÉBÉCOIS EN ENVIRONNEMENT
La responsabilité de la gestion des déchets dangereux est partagée au Canada. Le gouvernement fédéral cible les
résidus dangereux de façon indirecte par cinq champs majeurs de responsabilité :
 le contrôle des mouvements interprovinciaux et internationaux des matières dangereuses;
 la gestion des matières dangereuses et des matières résiduelles dangereuses engendrées par des activités
fédérales, y compris leur élimination;
 le contrôle des rejets et de l'incinération en mer;
 la protection des ressources naturelles de juridiction fédérale pouvant être affectées par de mauvaises
pratiques de gestion des matières résiduelles dangereuses;
 la gestion des matières résiduelles radioactives.
Le gouvernement canadien règlemente les mouvements internationaux de déchets dangereux alors que les
gouvernements provinciaux et territoriaux règlementent les créateurs de déchets, les installations de gestion et le
transport de ces déchets à l'intérieur de leurs propres limites territoriales. Au Canada, les textes juridiques pertinents
sont la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE) de 1999 et le Règlement sur l'exportation et
l'importation de déchets dangereux et de matières recyclables dangereuses établi en 2005 en vertu de cette Loi. Il
vise à :
« […] protéger l'environnement du Canada et la santé de la population canadienne des risques posés par
le mouvement transfrontalier des déchets dangereux et des matières recyclables dangereuses résultant de
leur exportation en provenance du Canada, de leur importation au pays ou les transits au Canada. »
(Ministère de la Justice, 2005)
Même si aucune loi fédérale ne porte spécifiquement sur la gestion des résidus dangereux, la LCPE a des incidences
sur cette question. Au Québec, cette dimension est incorporée dans la Loi sur la qualité de l'environnement (LQE);
celle-ci forme un cadre juridique arrimé par des règlements d’application. La LQE oriente la gestion des déchets
dangereux de façon à assurer pour tous le droit à la qualité de l'environnement, à sa protection et à la sauvegarde
des espèces vivantes qui y habitent. Selon l’expression consacrée :
« Nul ne doit émettre, déposer, dégager ou rejeter ni permettre l'émission, le dépôt, le dégagement ou le
rejet dans l'environnement d'un contaminant au-delà de la quantité ou de la concentration prévue par
règlement du gouvernement. » (LQE, 2010)
La sécurité lors du transport des résidus dangereux sur le territoire du Québec relève du Règlement sur le transport
des marchandises dangereuses de Transports du Québec. À toutes fins utiles, ce dernier réfère à la version fédérale
du Règlement sur le transport des marchandises dangereuses; c’est la version en langage clair édictée depuis 2002,
amendée en 2008 et en 2015.

2.2.1 Profil de la situation québécoise à l'inventaire fédéral


Depuis 1992, Environnement Canada transmet de l'information sur le contenu en polluants dans les rejets industriels
à l’atmosphère, à l’eau, au sol et dans les résidus dangereux. Ces données sont compilées dans l'Inventaire national
des rejets polluants (INRP) qui cumule les gaz, les liquides et les solides rejetés par les cheminées et les effluents,
ainsi que ceux contenus dans les résidus industriels mis en valeur ou ceux éliminés.
Les principes qui sous-tendent cet inventaire sont diamétralement opposés aux données colligées par le Québec sur
le même sujet. Dans l’approche québécoise, les déclarations annuelles sont des informations nominatives de nature
confidentielle. À l’inverse, l’INRP fédéral est bâti pour rendre accessibles au public la nature et les quantités de
polluants, qu’ils soient éliminés sur le site même de production, transférés sous forme de résidus dans des sites
d'enfouissement ou acheminés à des centres de transfert. L'inventaire comprend aussi les résidus qui ont été
transférés selon l'approche des 3RV aux fins de récupération, de réemploi, de recyclage et pour la production
d'énergie.

12
Le principe de communication appliqué par l’approche fédérale repose sur l’idée que tous ces contaminants sortent
d’une façon ou d’une autre des clôtures des entreprises. Au mieux, les substances utilisent l’espace public pour
circuler jusqu’à d’autres établissements, au pire, elles se répandent dans l’environnement. C’est un complément à
l’approche états-unienne du « Right-to-know » reconnue comme un droit à l’information pour le citoyen face aux
industries établies à proximité qui manipulent les matières dangereuses, et ce depuis la catastrophe de Bhopal
survenue en Inde en 1986, un accident industriel impliquant de l’isocyanate de méthyle ayant tué plus de 3 800
personnes.
L’INRP permet de plus de regrouper l’information sur les polluants émis par chaque secteur d’activités industrielles
et de mesurer le poids que chacun d’eux impose à notre environnement. Parti d’une liste d’un peu plus d’une
centaine de matières dangereuses à déclaration obligatoire lors du premier INRP en 1993, l’INRP de 2015 contient
des renseignements sur 365 matières dangereuses à déclaration obligatoire.

2.2.2 Profil de la situation québécoise selon le MDDELCC


Au Québec, la naissance législative du ministère du Développement Durable, de l’Environnement et Lutte contre les
Changements Climatiques (MDDELCC) date de 1972. C’est à ce moment que commence, sur une base à peine définie,
l’utilisation des certificats d'autorisation (CA) et des permis pour régir la production et l'accumulation des matières
résiduelles industrielles. En 1975 nait le Règlement sur la gestion des déchets liquides; il cible les matières résiduelles
les plus susceptibles de contaminer une nappe d’eau souterraine, le sol ou les eaux de surface. Il sera abrogé en
1985.
Cette première offensive règlementaire n’a apporté des solutions que pour les matières résiduelles organiques
liquides non halogénées, car c’est à l’époque, la seule catégorie pour laquelle une industrie de l’élimination des
matières résiduelles dangereuses liquides a été mise en place pour résoudre la contamination par les lagunes
bitumineuses de Mercier. Sans solution locale, les autres catégories de matières résiduelles dangereuses liquides et
solides étaient entreposées sur les lieux de production ou étaient exportées. De cette époque, il faut retenir le
constat que des objectifs de gestion des matières résiduelles dangereuses ne peuvent être réalistes que si des
infrastructures appropriées de traitement existent sur le territoire.
En 1978, le Règlement sur les déchets solides est venu préciser l’exclusion des matières dangereuses résiduelles qui
dorénavant ne peuvent rejoindre les sites d’enfouissement. Pourtant selon le décompte fait en 1991, près de 1 %
du contenu des sites d’enfouissement serait des résidus dangereux d’origine domestique ou provenant des
entreprises. Il sera abrogé entre 2006 et 2009, sauf pour quelques articles.
En 1981, le ministère publie ce que serait une première Politique québécoise de gestion des déchets industriels basée
sur quatre principes :
• favoriser la réduction à la source des matières résiduelles;
• promouvoir le réemploi et le recyclage des matières résiduelles;
• fournir au Québec des possibilités physiques de traitement pour l'ensemble des matières résiduelles de
nature organique et inorganique;
• restaurer les anciens dépotoirs contaminés.
Le ministère indique, dans son document d’intention de l’époque, que la mise en œuvre de ces principes requiert
des infrastructures et des outils qui n’existent pas encore. Il indique aussi que cette réforme ne peut se faire sans
des actions précises à court terme. La liste de ces actions dessine déjà ce qui deviendra bien plus tard l’approche
selon les 3RV-E :
• la réduction des quantités de matières résiduelles produites;
• la mise en place de programmes de récupération et de recyclage;
• l'établissement de centres d'élimination de matières résiduelles dangereuses;
• la prohibition de certaines substances dangereuses;
• l'inventaire des sites contaminés.

13
2.2.3 Règlementer globalement les matières dangereuses
En 1985, l’adoption du Règlement sur les déchets dangereux offre une portée beaucoup plus large, car il prévoit des
façons de faire pour l'ensemble des rejets de produits contrôlés. Un principe nouveau est introduit : les producteurs
doivent gérer et éliminer leurs matières résiduelles dangereuses, dans un délai d'un an, en utilisant un site autorisé.
Cette nouvelle approche devait minimiser les quantités dispersées sur l'ensemble du territoire, les regrouper pour
mieux les traiter, faire en sorte que la déclaration « déchet » accolée à un résidu industriel augmente le niveau des
contraintes pour le gérer, à moins qu'un certificat d'autorisation (CA) spécifique n'autorise un allongement du cycle
de vie par une nouvelle utilisation. Ce règlement sera abrogé en 1997.
En 1988, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) constitue la Commission d'enquête sur les
déchets dangereux au Québec. Celle-ci tient des audiences génériques sur l'élimination des matières résiduelles
dangereuses. Les 153 recommandations du rapport de 1990 (Les déchets dangereux au Québec, une gestion
environnementale) orientent le ministère vers une politique viable et durable de gestion des matières résiduelles
dangereuses. L’ensemble des mesures vise la gestion des matières résiduelles dangereuses (entreposage, transport,
traitement, destruction, valorisation, récupération, recyclage, réemploi), la réduction de la production des matières
résiduelles dangereuses, la décontamination et la restauration des sites anciens et actuels d'accumulation des
matières résiduelles dangereuses.
Enfin depuis 1997, le Règlement sur les matières dangereuses chapeaute l’ensemble des catégories de matières
dangereuses. Il contient des dispositions générales pour les matières dangereuses neuves et les matières
dangereuses résiduelles, ainsi que des dispositions particulières à ces dernières. Les pouvoirs du Ministre sont
étendus pour intervenir de façon préventive dans des situations qui présentent un risque pour l'environnement,
sans attendre qu’une source de contamination soit encore apparue. Pour les MDR, des balises permettent la mise
en valeur énergétique, définissent les normes d’entreposage et du dépôt définitif, exigent des producteurs un bilan
annuel de gestion et un registre, enfin dressent une liste d’activités autorisées par permis.

2.2.4 Ensemble règlementaire


En somme, des décennies précédentes, nous avons hérité d’un éventail de règlements provinciaux. Certains n’ont
duré qu’un temps puis ont été remplacés. Subsiste présentement une liste d’une cinquantaine de lois, règlements,
politiques et guides de bonnes pratiques qui s’appliquent à l'un ou l'autre des aspects de la gestion des matières
résiduelles (OLIVIER, 2010). Ceux d’applications actuelles qui ciblent directement ou indirectement les matières
dangereuses résiduelles, soit les plus importantes pour le développement du présent texte, sont :
• Règlement sur les matières dangereuses (R.L.R.Q., Q-2, r.32)
• Règlement sur le transport des matières dangereuses (R.R.Q., c. C-24.2, r.43)
• Règlement sur la santé et la sécurité du travail (R.R.Q., c. S-2.1, r.13)
• Règlement sur la qualité du milieu de travail (R.R.Q., c. S-2.1, r.15) (abrogé)
• Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles (R.R.Q., c. Q-2, r.19)

2.3 POLITIQUES PROACTIVES


Au fil des ans, les ministres de l’Environnement successifs ont piloté des politiques de gestion des matières
résiduelles au Québec, appuyées ou non par des règlementations contraignantes. La 1ere Politique date de 1989. Elle
est orientée vers la réduction de 50 % des matières acheminées à l’enfouissement. Elle n’a pas atteint cet objectif.
La 2e Politique de gestion des matières résiduelles au Québec 1998-2008 demande aux industries, commerces et
institutions (ICI) de mettre en valeur 80 % de celles-ci. Les obligations municipales arrimées à l’article 53.9 de la LQE
précisent de mettre en valeur 60 % des résidus domestiques dangereux (RDD) ou assimilés. En complément, parmi
les RDD dispersés dans les municipalités, le principe de la « responsabilité élargie des producteurs » cible les
fabricants et les importateurs qui doivent dorénavant récupérer et mettre en valeur 75 % des restes de peintures
architecturales non appliquées, des huiles minérales usées, filtres et contenants d’huiles, ainsi que des pesticides.
Deux organismes d’agrément sont créés pour mettre en application cette politique et en gérer les aspects financiers,

14
ce sont Éco Peintures et la Société de gestion des huiles usagées (SOGHU). Recyc-Québec agit comme mandataire
pour vérifier la mise en œuvre de cette politique.
Les principes de la 3e Politique 2010-2015 sont annoncés. Comme les deux premières, elle n’énonce pas d’objectif
spécifique pour les matières dangereuses résiduelles générées par le secteur ICI, mais plutôt pour des types de RDD
ou assimilés utilisés au secteur municipal ou pour des activités professionnelles. Cependant, la distinction selon la
provenance municipale ou ICI, pour une même matière, n’est plus aussi marquée. La responsabilité élargie des
producteurs (RÉP) sera progressivement étendue aux produits électroniques, piles, lampes au mercure. Par la suite,
tous les deux ans la RÉP s’appliquera à deux autres matériaux.

2.4 OUTILS COMPLÉMENTAIRES


Au Canada et au Québec, les matières dangereuses sont à déclaration obligatoire. En effet, l’inventaire national des
rejets polluants (INRP au Canada) et le bilan annuel des MDR produits au cours d’une année au Québec permettent
de comptabiliser les quantités de matières dangereuses générées sur le territoire. Au Québec depuis 1998, selon
leur secteur d’activité, les entreprises doivent tenir un registre sur les quantités de matières dangereuses
entreposées au cours d'une année civile. Dans plusieurs cas, elles doivent de plus produire un bilan annuel.

2.4.1 Registre québécois des matières résiduelles


Les intervenants du secteur industriel et de certains services publics (voir l’annexe 3 du RMD) doivent tenir un
registre lorsque les diverses catégories de matières dangereuses résiduelles produites ou utilisées au cours du
trimestre totalisent plus de 1 000 kilogrammes, dont au moins 100 kilogrammes de l’une d’entre elles. Un
diagramme décisionnel (figure 2.1) permet aux producteurs de MDR de déterminer s’ils sont dans l’obligation de
tenir un registre en regard du RMD du MDDELCC.
Dans le cas des BPC, la tenue du registre est obligatoire par quiconque a des quantités très inférieures, soit dès que
des liquides ou des solides contenants des BPC totalisent plus de 1 kilogramme de BPC, ou lorsqu’elles détiennent
plus de 100 kilogrammes de matières ou d’objets contenant des BPC ou contaminés par des BPC.
L’obligation de tenir un registre ne vise pas les matières dangereuses qui sont réemployées dans un procédé
industriel situé sur le lieu de production dans les 120 jours suivant leur production. Cette exemption s’adresse
également aux récipients vides contaminés, aux cylindres de gaz, aux contenants d’aérosol, aux matières contenant
3 % ou plus d’huile ou de graisse et aux matières ou objets contaminés en surface qui sont réemployés ou recyclés
dans un délai de 12 mois.

2.4.2 Bilan annuel de gestion


Le Règlement sur les matières dangereuses précise qu’un bilan annuel de gestion des matières dangereuses
résiduelles doit être produit lorsqu’un registre a été tenu pendant au moins un trimestre. Un diagramme décisionnel
(figure 2.2) permet aux producteurs de MDR de déterminer s’ils sont dans l’obligation de faire le bilan en regard du
RMD du MDDELCC.
Cette obligation s’applique dans tous les cas où le registre comporte des BPC, mais pour les autres MDR, la
production du bilan annuel de gestion cible les entreprises plus importantes par l’utilisation de seuils plus élevés. Le
bilan devient obligatoire lorsque l’ensemble des matières inscrites au registre pendant l’année excède
5 000 kilogrammes (pour les activités dans un secteur énuméré à l’annexe 8 du RMD), dont au moins
1 000 kilogrammes d’une catégorie spécifique de matières dangereuses résiduelles. Les renseignements demandés
dans le bilan annuel sont plus détaillés que ceux exigés par le registre.

15
Figure 2.1 — Diagramme décisionnel pour produire le registre des MDR au Québec

Exercez-vous une activité dans un des Possédez-vous des matières ou des


secteurs mentionnés à l’annexe 3 du NON objets contenants des BPC ou Aucun registre
NON
RMD ? contaminés par des BPC ? n’est requis

OUI OUI

Tenir un registre pour chaque


1. Faites la liste de toutes les catégories de catégorie de BPC
matières dangereuses résiduelles dont la quantité dont la quantité
en votre possession à la fin du trimestre dépasse excède 100 kg
100 kg ainsi que toutes les catégories de BPC dont
la quantité en votre possession dépasse 100 kg.

Pour chaque catégorie de MDR, la quantité en


votre possession correspond au total des matières
entreposées à la fin du trimestre et de celles qui NON
ont été traitées sur place au cours du trimestre. Avez-vous des liquides, des solides
ou des substances contenant des Votre registre est
NON
2. Additionnez toutes ces catégories de plus de BPC (catégories J01 à J06) dont la terminé
100 kg. quantité est inférieure à 100 kg ?

OUI

1. Faites le calcul de la quantité de BPC


OUI
contenue dans chaque catégorie (J01 à J06) :
Le total de l’ensemble de ces
catégorie de MDR de plus de 100 kg
Quantité de chaque catégorie
dépasse-t-il 1 000 kg ? X
Concentration en BPC

2. Additionnez les quantités obtenues. Le


OUI
résultat est le contenu total en BPC pour
l’ensemble de ces catégories.

Vous avez l’obligation de tenir


un registre pour chaque
catégorie de MDR dont la
quantité en votre possession à
la fin du trimestre dépasse
100 kg et pour chaque Le contenu total en BPC pour Chaque catégorie
catégorie de BPC en votre l’ensemble de ces catégories NON de BPC doit être
possession dont la quantité dépasse-t-il 1 kg ? inscrite au registre
dépasse 100 kg

Adapté du RMD du MDDELCC

16
Figure 2.2 — Diagramme décisionnel pour produire le bilan des MDR au Québec

1. Deviez-vous tenir un registre au Deviez-vous tenir un registre au cours Aucun bilan n’est à
produire sauf à
cours de l’année pour des matières ou de l’année pour des matières
NON NON l’égard des BPC pour
des objets contenant des BPC que vous dangereuses résiduelles (autres que ceux qui ont répondu
aviez en votre possession ? des BPC) que vous aviez produites ? oui à la question 1

OUI OUI

Un bilan doit être


produit pour ces Exercez-vous une activité dans un
matières et objets secteur mentionné dans l’annexe 8 NON
contenant des BPC du RMD ?

OUI

Dans les registres tenus au cours de


l’année, y a-t-il une ou des Dans les registres tenus au cours de
catégories de matières dangereuses l’année, y a-t-il un trimestre où le total
NON
résiduelles inscrites dont la quantité des catégories de matières dangereuses
excède 1 000 kg ? inscrites dépasse 5 000 kg ?

OUI
NON OUI

Toutes les catégories de


Aucun bilan n’est à
Chaque catégorie matières dangereuses
produire sauf à
excédant 1 000 kg résiduelles pour
l’égard des BPC pour
doit faire l’objet du lesquelles un registre a
ceux qui ont répondu
bilan annuel été tenu doivent faire
oui à la question 1
l’objet d’un bilan annuel

Adapté du RMD du MDDELCC

17
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 3 FLUX DE MDR AU QUÉBEC

Au Canada, la responsabilité de la gestion des déchets dangereux est partagée. Le gouvernement du Canada
règlemente les mouvements internationaux des déchets dangereux alors que les gouvernements provinciaux et
territoriaux règlementent les créateurs de déchets, les installations de gestion et le transport de ces déchets à
l'intérieur de leurs propres limites territoriales.
C’est en 1990 que sont publiées les premières données concernant l’ampleur du phénomène matières dangereuses
résiduelles (MDR), dans le rapport de la Commission d’enquête sur les déchets dangereux au Québec. La Commission
appelle alors à un resserrement de la gestion des MDR, car elle estime qu’une fraction importante de celles-ci est
« égarée » en cours de route. Cette opinion de la Commission vient corroborer les observations de 1983 du Groupe
d’étude et de réhabilitation des lieux d’élimination de déchets dangereux (GERLED). Ce dernier a identifié un héritage
historique de 311 lieux de mise en décharge non contrôlée de déchets dangereux au Québec.

3.1 PRODUCTION DES MDR AU QUÉBEC


En 2002 au Québec, la production industrielle génère 269 000 tonnes de MDR. Le secteur de première
transformation des métaux occupe le premier rang avec 210 000 tonnes. Une compilation par région administrative
identifie les quatre grandes régions génératrices de MDR, soit la Montérégie (73 000 tonnes), Montréal
(64 000 tonnes), le Saguenay-Lac-Saint-Jean (48 000 tonnes) et la Côte-Nord (43 000 tonnes). Depuis 2002, le
MDDEP n’est plus en mesure d’informer la population sur la production et le transport de MDR au Québec, car les
manifestes de transport autrefois requis ont été supprimés (LESAFFAIRES.COM, 2008). Cependant, le ministère du
Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) annonce
pour 2015 la publication des données de 2013 compilées par région (MDDELCC, 2014). Où sont-ils?

3.2 IMPORTATION DE MDR DE L’EXTÉRIEUR


En 1990, la Commission d’enquête sur les déchets dangereux au Québec a levé le voile sur le transport transfrontalier
de MDR, notamment en réponse aux services alors non satisfaits sur le territoire. La situation a évolué depuis que
des infrastructures de traitement de MDR, de même que des infrastructures d’élimination, se sont développées.
Cependant, un transport distant est mis en œuvre pour certains matériaux, dans un sens comme dans l’autre des
frontières, aux fins de traitement ou d’élimination. De tels transports subsistent en réaction aux forces économiques
des marchés, tant comme une réponse à la mondialisation de l’offre que par les fusions d’entreprises qui diversifient
des services d’une même bannière sur un vaste territoire.
Dans le sens de l’exportation des MDR, l’Ontario et le Québec exportent surtout vers les États-Unis des matériaux
pour lesquels des installations de recyclage ou d'élimination sont peu courantes au Canada. Ce sont principalement
des carburants usés acheminés vers la récupération énergétique, des catalyseurs acheminés vers la récupération
des métaux précieux ainsi que des solutions basiques usées de l'industrie des pâtes et papiers. À l’échelle
canadienne, la moitié de ces exportations proviennent du raffinage du pétrole, de la production d'aluminium et de
l'industrie des pâtes et papiers.
Dans le sens de l’importation, plus de 60 % des MDR importées au Québec sont destinés au recyclage. Ces MDR
comprennent des accumulateurs automobiles, des rebuts électroniques broyés et des résidus miniers. En quantité
nettement inférieure, l’importation comprend aussi des acides provenant de transformations métallurgiques, des
sols contaminés destinés à la décontamination ainsi que des résidus dérivés du raffinage du pétrole.

3.3 PROGRESSION DE LA RÉCUPÉRATION DES RÉSIDUS DOMESTIQUES DANGEREUX


La protection des eaux souterraines, des eaux de surface et de la qualité de l’air requiert d’intercepter les matières
dangereuses afin d’en éviter la dispersion. Des programmes de récupération et des infrastructures d’accueil
permettent d’intercepter les principaux résidus domestiques dangereux (RDD) et d’éviter qu’ils rejoignent
l’enfouissement pêlemêle. Au fil des ans, les programmes ont été mis en place en deux phases au Québec.

19
La première phase, timide et très incomplète, est celle des collectes itinérantes durant les années 90. Celles-ci
s’inspirent du concept pollueur-payeur, la charge financière est totalement à la charge des municipalités qui
choisissent de les réaliser pour protéger l’environnement. Les quantités recueillies sont devenues nettement plus
importantes depuis que les plans de gestion des matières dangereuses (PGMR) adoptent des infrastructures
permanentes pour recueillir les RDD. La conséquence perverse pour les municipalités est le gonflement des charges
financières pour gérer les RDD. Ce sont les déchèteries et les écocentres (voir chapitre 6) qui contribuent le plus à
l’efficacité de la collecte, mais aussi à la hausse des charges. Les tonnages compilés pour les principaux RDD en
témoignent (tableau 3.1).

Tableau 3.1 – Progression de l’accueil des principaux RDD au Québec

2004 2006 2008


CATÉGORIE
(tonne) (tonne) (tonne) (%)

Peintures 2175 2 652 4 198 54,7

Batteries 574 2 454 861 11,2

Solvants 21 289 823 10,7

Antigel 7 278 778 10,1

Autres 7 0 336 4,4

Huiles usagées et filtres 922 352 252 3,3

Piles 7 173 156 2,0

Aérosols 25 28 149 1,9

Fluorescents 18 1 42 0,5

Acides et bases 9 24 27 0,4

Propane 48 17 31 0,4

Pesticides 0 17 18 0,2

Oxydants 0 4 4 0,1

Médicaments 2 0 0 0,0

TOTAL 3 815 6 289 11 500 100

Une deuxième phase apparait durant les années 2000, celle de la responsabilité élargie des producteurs (RÉP). C’est
une approche qui combine la diminution des couts pour les municipalités avec la hausse continue des tonnages
recueillis. Il y a inversion des rôles dans le concept pollueur-payeur. Dorénavant le producteur, donc le fabricant ou
l’importateur, assume la charge financière de la récupération, du transport et du traitement de mise en valeur des
équipements qu’il a mis sur le marché québécois. Les infrastructures d’écocentres des municipalités, de même que
des points de dépôt agréés dans certains commerces et institutions, servent de porte d’entrée pour un flux de retour
à l’extérieur des budgets municipaux.
La mise en place de la RÉP est progressive depuis 2000. Elle couvre certaines matières dangereuses résiduelles déjà
recueillies dans les écocentres (peintures, huiles usagées et filtres) tout en ajoutant à cette liste des objets
manufacturés qui contiennent des matières toxiques pour l’environnement. Cette approche par RÉP règle
simultanément une difficulté de désignation pour des objets qui ne sont pas déclarés comme matières dangereuses.
C’est le cas des petites piles grand public, ordinateurs, écrans et fluorescents. Le tableau 3.2 indique la progression
de la RÉP depuis quelques années.

20
Tableau 3.2 – Progression de l'efficacité de la RÉP au Québec

2008
2004 2006
CATÉGORIE
(tonne) (tonne) (tonne) (%)

Ordinateurs 1 147 845 1 947 16,9

Écrans d’ordinateur 554 763 3 048 26,5

Ordinateurs portatifs 36 23 183 1,6

Périphériques 281 669 1 269 11,0

Téléphones (cellulaires inclus) 22 10 32 0,3

Cartouches d’imprimante 902 904 24 0,2

Huiles usagées et filtres 922 352 252 2,2

Peintures 2175 2 652 4 198 36,5

Composants électroniques 0 78 39 0,3

Autre matériel électronique 55 40 508 4,4

TOTAL 2 997 3 332 7 051 100

Les mises à jour des tableaux 3.1 et 3.2 seront publiées par RECYC-QUÉBEC dans des bilans sectoriels.

21
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 4 INFRASTRUCTURES ET OPÉRATIONS

La structure industrielle québécoise dans le domaine des matières dangereuses résiduelles (MDR) comprend des
entreprises d’entreposage, des centres de gestion, des entreprises de nettoyage industriel et de transport des
matières dangereuses, des entreprises de traitement, celles qui font la valorisation énergétique des MDR autorisées
ainsi que des entreprises d’élimination (tableau 4.1).

Tableau 4.1 — Répartition des types de permis émis au Québec pour gérer les MDR en 2010

MODE DE
TITRE DU PERMIS
GESTION

Entreposage de matières contaminées au perchloroéthylène : huiles usagées, solides et boues organiques et de


solvants organiques
Entreposage de matières dangereuses
Entreposage Entreposage de matières dangereuses résiduelles notamment absorbants huileux, boues huileuses, graisses usées et
agents de dégraissage
Entreposage de matières dangereuses résiduelles provenant des alumineries
Entreposage d'écumes d'aluminium

Transport Permis de transport de matières dangereuses résiduelles vers un lieu d'élimination

Exploitation d’un procédé de traitement de solutions huileuses et autres solutions organiques


Traitement d'acide sulfurique usé à des fins de recyclage
Traitement d'antigel par une unité mobile
Traitement de brasques
Traitement de cendres volantes et de chaux usées provenant des incinérateurs des villes de Québec et Lévis
Traitement de matières dangereuses résiduelles
Traitement de matières dangereuses résiduelles : contenants aérosol, huiles et lubrifiants
Traitement de matières dangereuses résiduelles : plaquettes de circuits imprimés et pièces décoratives métalliques
Traitement de matières dangereuses résiduelles contaminées par des métaux lourds
Traitement Traitement de matières dangereuses résiduelles provenant des alumineries
Traitement de résidus contenant du plomb
Traitement de résidus d'aluminerie
Traitement de résidus solides et de boues
Traitement d'écumes d'aluminium
Traitement d'émulsions, de solutions huileuses et de tissus absorbants
Traitement d'huiles de coupe
Traitement d'huiles et de solvants usés
Traitement et recyclage de sous-produits d'aluminerie
Traitement thermique de matières dangereuses résiduelles : démantèlement d'équipements électriques

Valorisation Utilisation d’huiles usagées à des fins énergétiques

Élimination de matières dangereuses résiduelles : écumes d'aluminium


Exploitation d'un lieu d'élimination de matières dangereuses résiduelles liquides et semi-liquides
Exploitation d'un lieu d'élimination de matières explosives pour ses propres fins
Élimination
Exploitation d'un lieu d'élimination de poussières d'aciérage pour ses propres fins
Lieu d’élimination de matières résiduelles inorganiques
Traitement chimique de matières dangereuses contaminées par des BPC par une unité mobile
Adapté de MDDELCC 2015

23
4.1 ENTREPRISES DE GESTION DES MDR
La liste détaillée des titulaires de permis, en vertu de l’article 70.9 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE),
est régulièrement mise à jour. Elle précise la nature du permis accordé pour chacune des 256 entreprises actives
(tableau 4.1). Au Québec, 46 % des matières dangereuses résiduelles transitent par l’une des 52 entreprises qui
détiennent un permis d’exploitation de procédés de traitement de matières dangereuses usagées, usées ou
périmées. La majorité d'entre elles sont concentrées dans la région montréalaise et sa périphérie (MDDELCC 2015).

4.1.1 Entreprises de traitement


La plupart des entreprises québécoises spécialisées dans le traitement des matières dangereuses résiduelles sont en
opération dans les régions de Montréal et de la Montérégie. En plus des Centres de gestion des matières
dangereuses, qui jouent un rôle de consolidation des lots, des entreprises industrielles reçoivent directement ces
matériaux pour leur traitement, la valorisation énergétique ou leur élimination dans une infrastructure spécialisée.
Les types de matériaux les plus souvent traités parmi les MDR sont des « Solides et boues inorganiques » et des
« Solutions aqueuses inorganiques » (tableau 4.2). Les entreprises titulaires d’un permis pour le traitement reçoivent
le plus de MDR, ce qui représente 36 % pour le traitement des MDR par rapport à l’ensemble des permis délivrés
(tableau 4.3).
Tableau 4.2 — Répartition des MDR par catégorie en 2002

QUANTITÉ
CATÉGORIE
(tonne)

A Huiles et graisses minérales ou synthétiques 24 400

B Solides et boues organiques 13 200

C Solvants organiques 6 700

D Solutions organiques 3 500

E Solides et boues inorganiques 191 000

F Solutions aqueuses inorganiques 9 300

G Matières dangereuses acides 29 600

H Matières dangereuses caustiques 11 800

J Matières et objets contenant des BPC ou contaminés par des BPC 320

K Matières dangereuses provenant d'un laboratoire 42

L Matières dangereuses contaminées 10 000

M Autres matières dangereuses 3 400


Adapté de MDDEP 2002

Tableau 4.3 — Répartition des MDR dans différentes filières en 2002.

QUANTITÉ REÇUE POURCENTAGE


TYPE DE PERMIS
(tonne) (%)

Centre de gestion des matières dangereuses 173 200 26

Traitement 243 200 36

Valorisation énergétique 42 500 6

Élimination 210 600 32

QUANTITÉ TOTALE REÇUE 669 500 100


Adapté de MDDEP 2002

24
4.1.2 Centres de gestion des matières dangereuses résiduelles
Un Centre de gestion des matières dangereuses résiduelles (CGMDR) est le nouveau nom qui remplace Centre de
transfert. Les CGMDR jouent un rôle pivot pour appliquer des modes de gestions appropriés aux résidus industriels.
Un CGMDR est multifonctionnel. Il peut transporter ou recevoir des matières dangereuses résiduelles, les entreposer
en attente d’une accumulation suffisante, les traiter, les destiner à des fins énergétiques ou les éliminer de façon
sécuritaire. Leur site est avant tout un lieu de manipulation des matières, donc d’ouverture des contenants et de
transfert en vrac pour un traitement ultérieur. Les matières sont classifiées et groupées par catégorie.
Un CGMDR exploite à des fins commerciales un ou des procédés de traitement des matières dangereuses usées ou
périmées, habituellement une unité de traitement par neutralisation des solutions acides et basiques avant leur rejet
s’ils sont conformes aux normes municipales. Il agit comme intermédiaire de gestion pour dénicher des lieux
appropriés pour d’autres traitements. L’angle de la santé-sécurité au travail (SST) durant les opérations dans un
CGMDR est documenté dans un rapport de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail
(IRSST) (ROBERGE 2005).

4.2 FORMES DE MANIPULATION


Les matières dangereuses résiduelles se présentent en grands volumes dans des conteneurs ou des citernes, ou dans
de plus petits volumes allant du baril jusqu’au tout petit contenant de laboratoire. Pour consolider les lots d’un
même type de risque, il faut les extraire de leur contenant et former des accumulations ou des mélanges sans
augmenter le niveau de risque.

4.2.1 La manipulation en vrac dans un CGMDR


Les procédés de transfert en vrac, pour regrouper les MDR d’une même nature, seront menés différemment selon
qu’il s’agit de liquides pompables ou selon qu’ils ciblent les solides, boues et résidus solidifiés. Les liquides seront
contenus en barils ou en citerne à l’intérieur des bâtiments. Les solutions vouées à la neutralisation seront
mélangées dans des réservoirs avec agitation. La manipulation des solides, boues et résidus solidifiés ainsi que
l’entreposage des matières solides se fait principalement sous abri dans la cour.
Le regroupement, par type de propriétés dangereuses et selon les compatibilités, est aussi conçu en fonction de la
destination finale anticipée pour ces résidus dangereux. Après consolidation, les matières sont transférées vers
d’autres établissements. L’approche des 3RV-E suggère que certains lots rejoignent un procédé primaire, pour
recycler le métal décontaminé par exemple. Des eaux neutralisées ou autrement décontaminées peuvent être
déversées dans les égouts. Les matières organiques peuvent être incinérées avec traitement des gaz de combustion.
Enfin les MDR solides non traitables peuvent être acheminées vers une cellule à sécurité maximale. Des cellules
spécialisées de ce type existent à Sarnia (Ontario) et dans quelques États américains.

4.2.2 La manipulation des petits contenants dans un CGMDR


Un labpack est un baril fermé hermétiquement qui accueille plusieurs dizaines de contenants individuels de résidus
de laboratoire ou de RDD recueillis lors des collectes municipales. Il n’accueille que des petits contenants de
matériaux d’une même catégorie de risque. Les contenants dans le baril sont immobilisés par un matériau absorbant
en vrac. C’est une façon sécuritaire de transport autorisée par le RTMD pour les petits contenants de résidus
dangereux.

25
À son arrivée au CGMDR, le labpack est vidé de son contenu. Chacun des contenants doit être ouvert et vidangé
pour rejoindre un réservoir de vrac ayant les mêmes propriétés et ainsi cumuler un volume suffisant pour son
traitement. Cette opération manuelle comporte des risques plus élevés en SST à cause de l’exposition multiple du
préposé à des matières dangereuses et d’un possible mauvais étiquetage d’un contenant. Parmi les contenants
manipulés, les liquides se prêtent bien à la mise en réservoir. Les solides peuvent être cumulés en tas sous abri. Les
atomiseurs devront être ouverts un par un à l’aide d’un perforateur mécanique, dans une chambre en pression
négative ou dans une petite unité munie d’un filtre à charbon activé pour trapper les composés organiques volatils
(COV).

Figure 4.1 — Mode de remplissage labpack

Anneau de couvercle muni d’un dispositif de fixation


Couvercle à joint d’étanchéité

Revêtement de plastique facultatif (sauf en C.-B.)

Matériaux inerte et absorbant (ex. vermiculite)

Sac de plastique facultatif (sauf en C.-B.)

Étiquette indiquant qu’il s’agit de substances corrosives selon le


Règlement sur le transport des marchandises dangereuses
No. d’identification UN1760 sous l’étiquette
Fût de 45 gallons impériaux (205 litres) qualité 17H mieux selon les
prescriptions de Transports Canada

4.3 FORMES DE GESTION


L’approche usuelle en gestion des matières dangereuses résiduelles, développée depuis quarante ans, visait
l’élimination des MDR au moindre cout. Depuis deux décennies, l’élimination a cédé un peu de place aux initiatives
de mise en valeur. Le développement des efforts en écologie industrielle permet maintenant de proposer beaucoup
plus de technologies qui allongent les cycles de vie des matériaux, même s’ils sont dangereux.

4.3.1 La mise en place des 3RV


Plusieurs entreprises traitent les matières dangereuses pour permettre leur réemploi, leur recyclage ou leur
valorisation énergétique. Des cas précis seront mentionnés dans les chapitres 8 à 19 qui passent en revue chaque
catégorie de MDR. Comme premier principe de base général, les lots de résidus industriels, qu’ils soient de matières
dangereuses ou non, peuvent être utiles s’ils sont maintenus comme des flux propres, non mélangés avec d’autres
matières. À cet effet, la Bourse des résidus industriels du Québec (BRIQ) offre un répertoire actif d’échange
d’informations sur les matières résiduelles à écouler et celles recherchées. La bourse est opérée par le Centre de
transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) en collaboration avec RECYC-QUÉBEC.
Comme deuxième principe opérationnel, il est toujours plus facile d’allonger le cycle de vie des matériaux en flux
propre avant de les mélanger. La consolidation de plusieurs lots de MDR ne peut qu’augmenter la contamination
croisée et rendre le tout moins intéressant pour les formes de mise en valeur.

26
4.3.2 Les infrastructures québécoises d’élimination des matières dangereuses
L’entreprise STABLEX située à Blainville reçoit des résidus dangereux inorganiques solides ou des solutions. Pour ses
opérations, les intrants ne doivent pas contenir plus de 1 % de matières organiques. Le procédé STABLEX consiste,
lorsque possible, à inactiver les matières inorganiques en les transformant vers une spéciation moins toxique. Les
matériaux ainsi modifiés sont mélangés dans une matrice cimentaire qui rejoint une cellule d’enfouissement à
sécurité maximale. Une à une, les coulées de béton quotidiennes augmentent la taille d’un monobloc de béton qui
finit par occuper toute la cellule d’enfouissement.

Tableau 4.4 – Exemple d’inactivation d’un toxique avant de l’éliminer dans une matrice cimentaire

MDR À INACTIVER MÉTHODE RETENUE

Résidus inorganiques contenant du dichromate de Réduire le Cr(VI) en Cr(III) à l’aide d’un réducteur fort pour en diminuer la
potassium K2Cr2O4 soit la forme la plus toxique du toxicité avant l’encapsulation au sein d’une matrice cimentaire du procédé
chrome, le Cr(VI) STABLEX dans un lieu d’enfouissement sécuritaire à Blainville.

Le Québec accueille aussi une installation industrielle d’élimination de matières organiques liquides combustibles.
L’incinérateur pour déchets dangereux liquides et semi-liquides, situé à Mercier, a été successivement opéré par
TRICIL ENVIRONMENTAL MANAGEMENT INC., SERVICES ENVIRONNEMENTAUX LAIDLAW (MERCIER) LTÉE, LAIDLAW
ENVIRONMENTAL SERVICES INC., SERVICES SAFETY-KLEEN (MERCIER) LIMITÉE et CLEAN HARBORS ENVIRONMENTAL
SERVICES INC. Cependant, cette installation n’est plus en opération depuis quelques années.

Tableau 4.5 – Exemple d’élimination d’une boue organique

MDR À ÉLIMINER MÉTHODE RETENUE

Boue d’hydrocarbures provenant du curetage d’un Mélanger avec des solvants usés contaminés (fuelblend) pour permettre
fond de bassin de produits pétroliers l’injection dans un four d’une cimenterie afin de réduire les couts
énergétiques.

Le Québec applique une Politique de réhabilitation des sols contaminés en vertu du principe qu’un sol contaminé
n’est pas un résidu dangereux lorsque la contamination est inférieure à 50 %. De nombreuses entreprises sont
répertoriées pour effectuer ces travaux (RÉSEAU-ENVIRONNEMENT 2009). Cependant, cinq sites d’enfouissement
des sols contaminés peuvent accueillir pêlemêle ceux pour lesquels des techniques de décontamination des sols ne
peuvent être mises en œuvre (MDDELCC 2015). Tout enfouissement dans ces cellules à sécurité maximale est un
aveu d’abandon permanent, car en mélangeant des sols comprenant diverses contaminations, toute tentative future
de décontamination des sols en contaminations croisées devient illusoire.

27
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 5 CENTRES DE GESTION DES MDR

Les centres de gestion des matières dangereuses résiduelles (CGMDR) étaient autrefois appelés centres de transfert.
Ce type d’établissement entrepose temporairement des lots de matières dangereuses résiduelles pour les classifier
et les grouper par catégorie, opère un ou des procédés de traitement des MDR. Ses opérations autorisées par permis
ne touchent pas la collecte des matières, ni leur élimination, cependant un service de nettoyage industriel et de
transport des MDR peut y être associé par permis.

En février 2016, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques du Québec (MDDELCC) avait délivré 52 permis commerciaux d’exploitation de procédés de traitement
de matières dangereuses usagées, usées ou périmées. Les CGMDR se répartissent dans la plupart des régions
administratives du Québec, mais la majorité d'entre eux sont actifs dans la grande région montréalaise et en
Montérégie.

Les données de 2002, dernière année où les données sont disponibles au Québec, indiquent que les régions
administratives de Montréal et de la Montérégie produisent respectivement 23 % et 38 % des 270 000 tonnes de
MDR. La moitié des MDR recensées au Québec transitent dans des établissements ayant un permis de catégorie
centre de transfert. Ce sont les CGMDR d’aujourd’hui. Ces compagnies agissent à la fois comme des intermédiaires
de gestion pour dénicher des lieux appropriés de traitement définitif et comme des sites de consolidation où sont
regroupées et combinées des matières qui présentent les mêmes compatibilités.

Un CGMDR manipule des matières, donc ouvre des contenants et assemble les matières en vrac pour un traitement
ultérieur. Le sens à donner au mot traitement ne comprend pas l’élimination définitive, à l’exception peut-être de
la neutralisation des solutions acides et basiques avant leur rejet si les propriétés dangereuses sont retirées du
mélange. L’angle de la SST durant les opérations dans un centre de transfert est documenté dans un rapport de
l’IRSST (ROBERGE 2005).

Les intrants directs d’un centre de transfert sont les matières dangereuses elles-mêmes, mais la définition de la LQE
ajoute « ainsi que toute matière ou objet assimilé ». On vise ici les contenants qui deviennent des intrants indirects
puisqu’ils sont souillés par les matières dangereuses, ainsi que les eaux de lavage souillées.

5.1 MODE DE FONCTIONNEMENT D’UN CENTRE DE GESTION DES MDR


Les liquides pompables sont acheminés en barils ou en citerne vers un CGMDR. S’il est nécessaire de consolider les
lots vers une même destination finale, les liquides compatibles peuvent y être mélangés. Tout entreposage de
liquides doit prévoir les installations de confinement en cas d’écoulement. Les solutions acides et basiques sont
neutralisées dans des réacteurs avec agitation.
La manipulation des solides, boues et résidus solidifiés ainsi que l’entreposage de ces matières se fait sous abri dans
la cour, dans des récipients appropriés ou dans des stalles de béton ouvertes et abritées pour permettre le mélange
de matériaux d’un même type. De là vient la dimension saisonnière des opérations qui sont fortement réduites en
janvier, février et mars.
À leur arrivée, certains lots contiennent simultanément une phase liquide, des boues ou des résidus solidifiés dans
le contenant de transport. Des manipulations supplémentaires devront permettre le lavage ou la décantation pour
que les liquides soient séparés et correctement orientés vers le traitement approprié. L’ajout de matériel absorbant
peut être requis pour résorber certains liquides, pour autant que la catégorie dangereuse n’en soit pas modifiée.
Certaines opérations sont encore manuelles. C’est le cas du vidage des labpacks, ces barils contenant les déchets de
laboratoire dans leurs contenants individuels ou des RDD recueillis par les collectes des villes. Chaque contenant doit
être extirpé manuellement des absorbants qui remplissent le baril, puis ouvert et vidangé pour former le vrac liquide
de même catégorie. D’autres labpacks proviennent des collectes de RDD. De plus, les manipulations reliées au
traitement des atomiseurs sont nombreuses avant que ceux-ci soient ouverts un par un dans un perforateur sous
pression négative.

29
Le type de regroupement par famille de matières dangereuses et selon les compatibilités est aussi conçu en fonction
de la destination finale anticipée pour ces résidus dangereux. Après consolidation, les matières sont transférées vers
d’autres établissements qui sont autorisés pour les enfouir dans une cellule à sécurité maximale, les incinérer avec
traitement des gaz de combustion, pour recycler le métal décontaminé ou sont déversés dans les égouts dans le cas
des eaux neutralisées ou autrement décontaminées. L’approche des 3RV-E suggère aussi que, dans plusieurs cas,
certaines matières dangereuses résiduelles servent d’intrant autorisé dans un procédé primaire.

La manipulation ouverte de nombreuses matières dangereuses résiduelles expose les travailleurs directement et
augmente de beaucoup les risques d’accident, tant lors du traitement sur le site des CGMDR que lors du nettoyage
industriel préalable. En 2002, un établissement a été rasé par les flammes à la suite de l’utilisation d’une méthode
inappropriée pour vider des atomiseurs. Le Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’environnement établit à 19,5 %
le taux d’accident du personnel affecté aux opérations, soit quatre fois plus que dans l’ensemble des autres secteurs.
En réaction, une étude diagnostique de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST)
donne des pistes de correction (ROBERGE, 2005).

Les intrants d’un CGMDR (tableau 5.1) sont caractérisés au laboratoire pour déterminer les traitements à effectuer.
Les extrants sont également caractérisés avant d’être transférés pour en disposer de façon sécuritaire chez des
entreprises autorisées à en faire la mise en valeur ou l’élimination.

30
Tableau 5.1 – Intrants de MDR transformés en extrants lors de leur passage dans un CGMDR

INTRANT DIRECT (types de matrices) INTRANT INDIRECT EXTRANT

Solutions acides, alcalines (> 4 L) Matières premières au traitement des eaux


contaminées
Solvants, autres liquides dont les produits Barils contaminés Mélanges énergétiques
périmés de laboratoire (labpack), petits Barils décontaminés Matières pour enfouissement
formats, huiles
Eaux de lavage de barils Métaux de rebut
Eaux décontaminées
Eaux contaminées Eaux de lavage de citernes Eaux décontaminées
Produits volatils, selon le procédé utilisé dans
l’établissement
Résidus

Absorbants divers Eaux de lavage des absorbants Absorbants pour enfouissement


Autres contenants contaminés Barils décontaminés Eaux décontaminées
Métaux de rebut
Solides, boues, résidus solidifiés dont Barils contaminés Matières pour enfouissement ou incinération
produits de laboratoire (labpack) Barils décontaminés Métaux de rebut
Eaux de lavage des solides Eaux décontaminées
Atomiseurs : Eaux de lavage Selon inflammabilité, mélanges énergétiques
Phase liquide Matières pour enfouissement
Phase solide Métaux de rebut
Carton d’emballage Carton pour récupération

Déchets domestiques dangereux : Peintures récupérables


Phase liquide Mélanges énergétiques
Phase solide Matières pour enfouissement
Carton d’emballage Carton pour récupération

Adapté de ROBERGE, 2005

31
Figure 5.1 — Diagramme d’écoulement général des procédés d’un CGMDR type

RÉCEPTION DES MATIÈRES


DANGEREUSES

RETOUR
ÉVALUATION REFUSÉ
GÉNÉRATEUR

ACCEPTÉ
SORTIE

NETTOYAGE DES
DÉCHARGEMENT
CAMIONS

ENTREPOSAGE
SYSTÈME DE HUILES
USÉES (LABPACKS, BARILS, EAU CONTAMINÉE
CHAUFFAGE
RÉSERVOIRS)

PRÉPARATION DES CONSOLIDATION CONSOLIDATION NEUTRALISATION


COMBUSTIBLES DES LABPACKS D’AÉROSOLS ACIDE/BASE

VOIR AUTRES VOIR AUTRES VOIR AUTRES VOIR AUTRES


DIAGRAMMES DIAGRAMMES DIAGRAMMES DIAGRAMMES

EXPÉDITION DE TRAITEMENT DES TRAITEMENT DES


EXPÉDITION VERS TRAITEMENT DE TRAITEMENT DES
COMBUSTIBLES SOLIDES BOUES
D’AUTRES CENTRES L’AIR EAUX RÉSIDUAIRES
SUBSTITUTS ININFLAMMABLES RÉSIDUAIRES

VOIR AUTRES VOIR AUTRES


DIAGRAMMES DIAGRAMMES

EXPÉDITION VERS :
• LET REJET REJET
EXPÉDITION LET
• LIEU SÉCURITAIRE ATMOSPHÉRIQUE ATMOSPHÉRIQUE
• RECYCLAGE

32
Figure 5.2 — Diagramme d’écoulement des combustibles

ENTREPOSAGE
(LABPACKS, BARILS, RÉSERVOIRS)

TRANSFERT DES MATIÈRES


RECYCLAGE CONTENANT NETTOYAGE CONTENANT
DANGEREUSES

LIQUIDE

MÉLANGE
FILTRAT
FILTRATION SOLIDE (Fabrication des SOLVANT
combustibles substituts)

LIQUIDE

RÉSERVOIR ENTREPOSAGE DES


COMBUSTIBLES SUBSTITUTS

SYSTÈME DE TRAITEMENT TRANSPORT DES


DES EAUX RÉSIDUAIRES COMBUSTIBLES SUBSTITUTS

Figure 5.3 — Diagramme d’écoulement du traitement des labpacks

ENTREPOSAGE
(LABPACKS, BARILS, RÉSERVOIRS)

CONSOLIDATION DES
NON-CONFORMITÉ RETOUR
MATIÈRES DANGEREUSES LABPACKS GÉNÉRATEUR
(TRANSFERT)

BARILS
CONTAMINÉS

ABSORBANT
CONTAMINÉ

AIRE DE
TRAITEMENT
DES SOLIDES

ENTREPOSAGE PAR
CATÉGORIES
205 L ET RÉSERVOIRS
RECYCLAGE BARIL NETTOYAGE

EAU

SYSTÈME DE TRAITEMENT TRANSPORT VERS


DES EAUX RÉSIDUAIRES D’AUTRES CENTRES

33
Figure 5.4 — Diagramme d’écoulement des contenants d’aérosols

ENTREPOSAGE

CONSOLIDATION RETOUR
ÉVALUATION REFUSÉ
LABPACKS GÉNÉRATEUR

ACCEPTÉ
RECYCLAGE

LIEU
AIRE DE PRÉPARATION MATIÈRES PERFORATEUR ET PRESSE
DANGEREUSES
D’ENFOUISSEMENT
DES COMBUSTIBLES (EXTRACTION)
TECHNIQUE

LIEU
D’ENFOUISSEMENT
SÉCURITAIRE
MATIÈRES
DANGEREUSES

SYSTÈME DE TRAITEMENT TRANSPORT VERS


DES EAUX RÉSIDUAIRES D’AUTRES CENTRES

Figure 5.5 — Diagramme d’écoulement de la neutralisation

ENTREPOSAGE
(LABPACKS, BARILS, RÉSERVOIRS)

NEUTRALISATION AGENT
(MÉLANGE) NEUTRALISANT

SYSTÈME DE TRAITEMENT
DES EAUX RÉSIDUAIRES

34
Figure 5.6 — Diagramme d’écoulement du traitement des eaux usées

EAUX HUILEUSES ET
PRÉPARATION DES CONSOLISATION CONSOLIDATION NEUTRALISATION NETTOYAGE DES
EAUX
COMBUSTIBLES DES LABPACKS D’AÉROSOLS ACIDE/BASE CAMIONS
CONTAMINÉES

ENTREPOSAGE DES EAUX


RÉSIDUAIRES

ÉVALUATION

CHAINE DE TRAITEMENTS
APPROPRIÉS

HUILES RÉCUPÉRÉES EAUX TRAITÉES BOUES

REFUSÉ

AIRE DE
TRAITEMENT DES
TRAITEMENT DES
BOUES
COMBUSTIBLES

ÉVALUATION

ACCEPTÉ

REJET AUX
ÉGOUTS

Figure 5.7 — Diagramme d’écoulement du traitement des boues


BOUES DE
TRAITEMENT DES LIQUIDE
EAUX RÉSIDUAIRES

POSTE DE
FLOCULATION

SYSTÈME DE TRAITEMENT DES


FILTRE PRESSE LIQUIDE
EAUX RÉSIDUAIRES

BOUES SÉCHÉES

EXPÉDITION VERS EXPÉDITION VERS


LET RECYCLAGE

35
5.2 FORMATION TECHNIQUE POUR CENTRE DE GESTION DES MDR
Les pratiques du MDDELCC autorisent le travail des MDR par l’émission de permis aux établissements portant sur
l’élimination, le traitement, l’entreposage, l’utilisation énergétique et leur transport (tableau 5.2). Certains
établissements possèdent des permis pour plus d’une opération. D’autres entreprises offrent des services multiples
par leur structure industrielle intégrée où plusieurs établissements se complètent dans diverses régions.

Tableau 5.2 – Attribution de permis par le MDDEP dans le secteur des MDR

AUTORISATION PAR PERMIS OBTENU DU MDDELCC NOMBRE D’ÉTABLISSEMENTS

Élimination des matières dangereuses 8

Traitement des matières dangereuses 52

Entreposage des matières dangereuses 55

Utilisation énergétique (brulage) des matières dangereuses 87

Transport de marchandises dangereuses 72


Adapté de MDDELCC 2015

Ces établissements sont à forte saveur chimique à cause des matériaux manipulés et des traitements réalisés. Pour
plusieurs postes de travail, une formation spécifique comportant une connaissance de la chimie est demandée
(tableau 5.3). En complément, l’employeur utilise ses services internes ou les services d’une association sectorielle
de prévention pour offrir des formations plus pointues à ses employés (tableau 5.4). L’Association sectorielle
transport entreposage (ASTE) s’est aussi penchée sur les besoins en formation spécifique pour les opérateurs et les
journaliers qui travaillent dans la cour des CGMDR (tableau 5.5).

Tableau 5.3 – Formation spécifique demandée lors de l’embauche pour divers postes dans un CGMDR

POSTE AFFICHÉ FORMATION SPÉCIFIQUE DEMANDÉE

Chimiste analyste Baccalauréat en chimie

Ingénieur procédés Ingénieur sénior en contrôle des procédés chimiques et/ou métallurgiques

Technicien des opérations AEC ou DEC techniques de laboratoire, procédés chimiques ou domaines connexes

Coordonnateur labpack Baccalauréat en chimie

Connaissance de base en chimie


Opérateur labpack
Réussir les formations SST (charriot élévateur, TMD, SIMDUT)

Technicien opérations DEC chimie analytique

Chauffeur polyvalent Permis conduire 1 FM et attestation TMD

Journalier Formation charriot élévateur


Adapté de NEWALTA 2010

36
Tableau 5.4 – Formations spécialisées offertes au personnel des services intégrés sur plusieurs sites

THÈME DE LA FORMATION

Analyse de risque Espace clos


Détecteur 4 gaz Harnais
Appareil de levage (ciseaux) Manipulation et ouverture de baril
Formations spécifiques offertes Cadenassage Pelle fixe (hydraulique)
selon le titre d’emploi Camion porteur Permis de conduire
Chargeur articulé Préembauche SST
Conduite charriot élévateur Secourisme
Contrainte thermique SIMDUT
Étanchéité 1/2 masque TMD
Étanchéité masque complet Risques biologiques
Adapté de NEWALTA 2010

Tableau 5.5 – Formations en santé-sécurité pertinentes au travail des opérateurs dans un CGMDR

PROGRAMME DE FORMATION SÉCURITAIRE

ACTIVITÉ SIMDUT et Signalisation Nettoyage Protection


Protection Transport Pompage Espace Sécurité des
compatibilité manœuvre jet d’eau contre les
respiratoire selon RTMD à vide clos machines
des produits de recul pression chutes

Mise en vrac du
X X
contenu des labpacks

Échantillonnage de
X X X X
MDR

Chargement/décharg
ement de camion X X X X X
contenant MDR

Lavage de benne et
citerne contaminée X X X X
par MDR

Pompage, lavage et
pressage de baril X X X
contaminé par MDR

Pressage et
déchiquetage de X X X
contenant de MDR
Adapté de ASTE 2010

37
NOTES COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 6 RÉSIDUS DOMESTIQUES DANGEREUX

Des matières dangereuses font partie de notre vie domestique. Ce sont le plus souvent des peintures, des produits
de nettoyage en vente libre sur les tablettes des magasins, des produits pour les équipements motorisés, des
pesticides, des contenants sous pression ou encore des gaz. Lorsqu’ils sont dans nos résidences, le risque vient
d’abord de la méconnaissance de leurs propriétés. Les enfants sont les moins avertis, ils provoquent le plus grand
nombre d’intoxications et d’accidents, surtout par inhalation et par contact cutané. En 2011, le Centre antipoison
du Québec (CAPQ) a répondu à plus de 45 000 appels au sujet d’intoxications, dont 43 % concernent les enfants, et
56 %, les adultes. Les dernières statistiques ont démontré que 50 % des intoxications sont causées par des
médicaments, et 43 %, par des produits domestiques. De plus, l’entreposage inadéquat des matières dangereuses
élève le risque d’incendie ou de contamination lors d’un déversement.
Lorsque les résidus domestiques dangereux (RDD) sont glissés de façon discrète dans les bacs de la collecte sélective
ou avec les déchets ultimes, ils propagent des risques tout au long de la chaine de manipulation. Les risques à la
santé-sécurité augmentent près des éboueurs, puis lors du vidage des équipements de transport, parmi les
équipements de tri, ou encore à l’arrivée au lieu d’enfouissement.
Dans un site d’enfouissement, les risques environnementaux existent parce que ces MDR offrent peu de
biodégradabilité. Elles pénètrent le lixiviat des sites d’enfouissement ou se joignent au biogaz. Les solvants, les
peintures et les huiles libèrent les hydrocarbures. Les composés phénoliques chlorés sont émis par le bois traité, les
métaux lourds sont oxydés et dissouts dans le lixiviat. Par contre, dans un incinérateur les contaminants organiques
portés à chaud sont partiellement ou totalement détruits, les métaux de grand risque environnemental sont surtout
vaporisés. Ce n’est que lorsqu’on met en place le traitement des fumées que les métaux lourds et les molécules
organiques non brulées se concentrent au point où les cendres volantes deviennent des résidus dangereux.

Tableau 6.1 – Principales mises en valeur des résidus domestiques dangereux

MATIÈRE DÉBOUCHÉE

Assortiment, filtration, mise aux normes et offre à la vente pour réemploi. Organisme ÉCO-PEINTURE et
Peintures
LAURENTIDE RE/SOURCE INC.

Régénération et offre à la vente pour réemploi : SAFETY-CLEAN CANADA LTÉE ; Mise en vrac et valorisation :
Huiles usagées
organisme SOGHU et diverses entreprises industrielles comme substitution de carburant fossile

Réduction pyrométallurgique, lingots de plomb pour le recyclage des batteries automobiles : NEWALTA
Accumulateurs d’automobiles
NOVAPB

Piles et accumulateurs > 5 kg Recyclage des métaux : APPEL-À-RECYCLER

Incinération à 1200 °C dans des incinérateurs spécifiques pour MDR munis d’équipements d’épuration
Pesticides
adéquats

Médicaments Incinération supervisée par un pharmacien

Solvants Régénération du perchloroéthylène, Varsol : ANACHEMIA

Fluorescents Récupération et recyclage : programme RecycFluo de l’organisme ASSOCIATION DES PRODUCTEURS


Lampes fluocompactes RESPONSABLES

39
6.1 ÉCOCENTRE, DÉCHÈTERIE, COLLECTE PERMANENTE OU ITINÉRANTE
Au fil des ans, les groupes de pression ont convaincu les élus de bonifier les services municipaux par l’implantation
d’une forme de collecte des RDD. Depuis la 2e Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008,
le MDDELCC force les structures municipales à adopter comme objectif la récupération de 60 % des RDD usuels, ainsi
que de 75 % des restes de peintures et des huiles à moteur usées, filtres à huile et contenants d’huile.
Les modèles d’organisation vont de la journée de collecte ponctuelle, à l’unité mobile de récupération qui sillonne
les quartiers, et au dépôt saisonnier dans une déchèterie ou une ressourcerie ouverte huit mois par année. Quelques
écocentres seulement les accueillent tout au long de l’année. Dans le concret, les municipalités assument les couts
de l’organisation locale d’une collecte de RDD. En parallèle, des ententes avec des chaines de magasins de détail
permettent la récupération de certains RDD, puis leur acheminement vers l’usine de traitement appropriée.
La charge financière du transport et du traitement sont totalement à la charge de la municipalité ou de l’entreprise
qui récupère, sauf pour les MDR où existe la responsabilité élargie des producteurs (RÉP). C’est le cas des restes de
peinture, des huiles à moteur usées, filtres à huile et contenants d’huile. Malgré la multiplicité des efforts, la
récupération est en hausse modérée et demeure assez faible. La mise en valeur est voisine de 22 %. En 2011, les
piles, les lampes contenant du mercure ainsi que les équipements hors d’usage des technologies de l’information et
des communications (TIC) seront eux aussi couverts par une RÉP.

6.2 FONCTIONNEMENT DES COLLECTES DE RDD


Les collectes de RDD s’adressent à un territoire spécifique, plus précisément comme service offert aux résidents en
complément de la collecte sélective. En plus des résidus générés par les citoyens, les résidus dangereux des petits
producteurs qui ne sont pas soumis à la règlementation sur les matières dangereuses pourraient être considérés
comme des RDD. Cinq types de collectes sont possibles : la journée de collecte, le dépôt permanent, la collecte par
unité mobile, la collecte sur appel, la collecte de porte en porte.
Les collectes de RDD sont parfois faites dans des lieux de collecte temporaires sur une période d’un, deux ou trois
jours (figure 6.1). Le résident apporte ses RDD dans son véhicule. L’achalandage varie aux environs de 100 à 200
véhicules par heure. L’arrivée des résidents doit se faire progressivement pour qu’il n’y ait pas d’engorgement des
voies. L’aménagement des aires de réception et de travail ainsi que leurs dimensions dépendront de la clientèle
desservie. L’évènement mobilise un personnel nombreux, exige une logistique élaborée et entraine des couts
unitaires importants. L’expérience passée démontre qu’il faut de 10 à 40 personnes lors des collectes. Ces personnes
sont surtout des bénévoles sous la supervision de l’organisateur de la collecte, mais des techniciens formés pour ce
type de collecte et/ou un chimiste sont requis.

Figure 6.1 – Journée de collecte temporaire de RDD

La collecte par unité mobile (figure 6.2) utilise un camion dont le coffre fermé ou la remorque est compartimenté

40
pour y recevoir les différents types de RDD et prévenir les risques d’accident environnemental. Il est pourvu de
systèmes de détection de chaleur, de systèmes de ventilation, de gicleurs ainsi que d’extincteurs. Les RDD sont triés
grossièrement sur place par les préposés à la collecte, puis empaquetés selon leur classe respective dans des barils
(labpacks) rangés dans le véhicule. L’unité mobile se déplace vers la population dans diverses zones du territoire.
Elle séjourne un ou deux jours à chacun des points de collecte.

Figure 6.2 – Installation minimale pour une unité mobile de collecte de RDD

Le dépôt permanent (figure 6.3) permet l’apport volontaire des RDD toute l’année, selon un horaire fixe. Un
personnel technique formé adéquatement doit être présent lors des heures d’ouverture du dépôt pour accueillir les
gens et recueillir leurs RDD. Un bâtiment, fermé et cadenassé, permet d’assurer un entreposage sécuritaire d’une
quantité souvent importante de RDD, emballée adéquatement, accumulée au cours d’une période de quelques
semaines, jusqu’à leur acheminement vers un lieu autorisé de recyclage, de valorisation ou d’élimination spécialisée.
Les frais initiaux d’implantation sont élevés.

Figure 6.3 – Dépôt permanent de collecte de RDD

La collecte aux points de vente résulte de l’initiative de certains commerces qui vendent une quantité de produits
susceptibles de générer des RDD. Au Québec, il s’agit jusqu’à maintenant d’initiatives privées en arrimage avec les
programmes dédiés à un RDD spécifique. Dans d’autres cas, c’est le fabricant ou le distributeur du produit qui prend
en charge les RDD qu’il a vendu auparavant.

41
6.3 FONCTIONNEMENT D’UN ÉCOCENTRE
Un écocentre est une structure d’accueil pour allonger le cycle de vie des matières résiduelles qui ne peuvent être
déposées à la collecte sélective. Les citoyens viennent porter les matières à l’écocentre où ils complètent un tri
préliminaire. Des conteneurs permettent de recueillir les grands cartons, les métaux ferreux, les métaux non ferreux,
les matières minérales inertes, le bois. Aux fins de réemploi, plusieurs écocentres recueillent les bicyclettes, les
équipements sportifs, le mobilier de petite taille, les jouets d’enfants. Ceux qui disposent d’un personnel autorisé
recueillent aussi les appareils réfrigérés pour retirer les fluides réfrigérants conformément à la règlementation.
Cependant l’autre rôle principal de l’écocentre est de recueillir les RDD, de les séparer selon leur nature, puis de les
acheminer selon la meilleure filière environnementale disponible. Ce rôle est essentiel pour protéger le milieu
naturel et les lieux d’élimination.

Figure 6.4 – Disposition en épis des conteneurs surbaissés d’un écocentre

Alors arrivés, les citoyens déposent leurs contenants de RDD sur la table de réception prévue à cet effet. Le
technicien vérifie rapidement que le contenant ne fuit pas et comporte l’étiquette d’origine. Lorsqu’une étiquette
présente sur le contenant et des pictogrammes permettent l’identification sans ambigüité du produit, les RDD
apportés sont classés selon les différentes catégories énumérées dans l'annexe 1. Ce prétri est effectué sur une table
située à l’arrière de celle servant à la réception des produits. Si l’emballage est non identifié, des questions posées
au citoyen complètent l’identification sommaire, à tout le moins à quelle classe de produits il appartient.
L’information verbale est notée pour une contrevérification subséquente. Les cartons de transport souillés par des
matières dangereuses renversées, lorsqu’à l’évidence la contamination est inférieure à 3 % de la masse, sont
considérés comme vides et peuvent être recyclés.

Tableau 6.2 – Matières dangereuses RDD vraies

MATIÈRES ACCUEILLIES SANS PROGRAMME DE FINANCEMENT

Acides Pesticides liquides et solides


Solvants Mercure
Organiques Cylindre de propane
Batteries plomb-acide Oxydants
Bases Aérosols divers

Les matières accueillies dans la zone des RDD comprennent des matières dangereuses vraies (tableau 6.2) ainsi que
des matières visées par les programmes de responsabilité élargie des producteurs (RÉP) lorsque certains de leurs
composants sont associés à des matières dangereuses pour l’environnement (tableau 6.3).

42
Tableau 6.3 – Matières assimilées aux RDD

MATIÈRES ACCUEILLIES AVEC PROGRAMME DE FINANCEMENT

Peintures, vernis, teintures Petites piles grand public


Équipements des technologies de l’information et des
Huiles usées Tubes fluorescents communications : ordinateurs, écrans, téléviseurs, consoles de jeux,
systèmes téléphoniques
Aérosol d’huiles et de peinture Ampoules fluocompactes

Tableau 6.4 – Matière règlementée complémentaire

MATIÈRES ACCUEILLIES SELON UNE CONVENTION INTERNATIONALE

Fréon Halon

6.3.1 Remisage sur site


Les peintures, vernis et teintures, huiles, filtres et contenants d’huile sont entreposés dans des mini conteneurs
d’acier, alors que des barils de types labpack reçoivent les contenants identifiés des autres matières dangereuses. Il
y a deux types de mini conteneurs d’acier, ceux pour la famille des peintures régies par la RÉP appliquée par
l’organisme ÉCO-PEINTURE et ceux pour la famille des huiles régies par la RÉP appliquée par l’organisme SOGHU.
Les mini conteneurs d’acier sont en entreposage extérieur, mais la plupart des labpacks contenant les produits triés
et classés sont conservés dans un entrepôt résistant au feu dont tous les planchers comportent des plateformes de
rétention. Cet entrepôt en trois parties accueille dans une zone les barils fermés de contenants d’acides, ceux de
bases et ceux d’oxydants, tous entreposés sur des bassins de rétention différents. La deuxième zone sert à
l’entreposage des labpacks d’organiques, ceux d’aérosols ainsi que des fluorescents et des lampes fluocompactes.
Finalement, la troisième zone accueille des labpacks de solvants, ceux des pesticides solides et liquides ségrégués et
des labpacks de peintures non architecturales non acceptées en RÉP. Cet entreposage est conforme aux normes
énoncées dans le règlement sur les matières dangereuses (MDDEP, 2010). Durant l’hiver, ces labpacks contenant les
oxydants, ceux des acides et ceux des bases sont conservés dans un entrepôt dont le plancher est chauffé pour les
conserver à une température optimale.

Figure 6.5 – Protection hivernale de la zone d’accueil des RDD d’un écocentre

43
6.3.2 Classement des produits inconnus
Les produits dangereux présentent plusieurs incompatibilités, la ségrégation de ces différentes catégories de
produits est primordiale. L’écocentre ne peut conserver des produits non identifiés qui peuvent réagir de façon
inconnue. En présence de contenants non identifiés, une procédure développée à partir d’un tableau sommaire
d’incompatibilité (tableau 6.6) est mise en œuvre. Un diagramme de classement des produits inconnus en découle
pour assigner la bonne catégorie sommaire (figure 6.6).

Tableau 6.6 – Incompatibilité sommaire lors du tri des RDD

Matières Matières
CATÉGORIES Acides Bases Oxydants Réducteurs
inorganiques organiques

Acides      
Bases      
Oxydants      
Réducteurs      
Matières
inorganiques      
Matières organiques      
 : Incompatible  : Compatible
Adapté de Wilb 2012

Les tests faciles à réaliser utilisent des bandes de papier imbibées d’un chromophore ; la couleur qui se développe
au contact d’un liquide est significative. Le papier PHydrion ina-Chek 0-13 pour le test de pH identifie sans peine les
acides ou les bases. Cependant certains liquides inconnus sont colorés ou opaques, rendant la mesure du pH
impossible. Dans ce cas, les acheminer vers le labpack des pesticides liquides. Les produits considérés neutres et
non-oxydants peuvent également rejoindre le labpack des pesticides liquides, car ils présentent un minimum de
danger en cas d’écoulement de par leurs propriétés.
Le test d’oxydant utilise le ruban Potassium iodide-starch pour le test d’oxydant. Idéalement, mais aucun test simple
et efficace n’est disponible pour identifier les réducteurs. Cependant, le test d’oxydant peut s'effectuer sur les
produits inconnus basiques aussi bien que sur les produits inconnus acides. Parmi les produits d’usage courant, les
bases oxydantes comprennent des déboucheurs de canalisation tel le Drano™ et l’eau de Javel, tandis que du Dr
Plumber™ ainsi que les peroxydes d’hydrogène sont des acides oxydants. Plusieurs produits d’entretien ménager ou
de piscines peuvent se retrouver dans l’une ou l’autre de ces catégories.
Afin de séparer les phases, le test suggéré est l’absorption sur des couches spécifiques pour les produits organiques
et pour les produits aqueux. Ainsi l’absorbant en polypropylène permet d’identifier les produits organiques.
Quelques gouttes d’un produit inconnu liquide versé sur cet absorbant perlent si l’inconnu est aqueux. À l’inverse, il
est organique s’il s’adsorbe.

44
Figure 6.6 – Diagramme de classement des RDD inconnus

Présence d’une
étiquette

OUI

IDENTIFICATION DU
PRODUIT

NON OUI

SELON
PICTOGRAMMES
COMPATIBILITÉ

NON

CLASSE 3 : CLASSER CLASSE 5.1 : FAIRE CLASSE 8 : MATIÈRE


AUTRES CLASSES
ORGANIQUES TEST DE pH CORROSIVE

ACIDE BASE
NEUTRE

ACIDE BASE
OXYDANT
OXYDANT OXYDANT

LIQUIDE

OUI NON

PESTICIDES
TEST DE PHASES
SOLIDES

AQUEUX ORGANIQUE

TEST pH ORGANIQUE

ACIDE BASE
NEUTRE

TEST OXYDANT TEST OXYDANT TEST OXYDANT

+ - + -

ACIDE BASE
ACIDE BASE
OXYDANT OXYDANT

+ -

PESTICIDES
OXYDANT
LIQUIDES

Adapté de Bélanger 2011; Bouchard, 2012

45
6.3.3 Gestion des principaux RDD et assimilés

Acides et bases
Les produits sont identifiés soit à l'aide de l'étiquette d'origine ou grâce à un test PHydrion instaChek 0-13 pour
détecter le pH. Ils sont conservés dans leur contenant identifié et placés dans le labpack correspondant.

Oxydants
La majorité des produits oxydants reçus sont des produits de chloration pour piscine ainsi que des peroxydes. Lors
de l'arrivée de produits inconnus, un test de Potassium iodide-starch est effectué sur les produits inconnus acides
pour vérifier leur caractère oxydant. Ces produits sont conservés dans leur contenant d'origine, puis sont placés dans
leur labpack correspondant.

Peintures, vernis et teintures


Les contenants de cette catégorie sont placés dans des mini conteneurs d’acier paintpacks. Ils seront pris en charge
par ÉCO-PEINTURE aux fins de recyclage. Cependant, seules les peintures architecturales sont ciblées par la RÉP. Les
peintures à l'époxy à deux composantes rejoignent les labpacks de produits organiques. De même les peintures
artistiques, les peintures industrielles et les peintures acryliques sont placées dans des labpacks de peinture pour
être éliminées. Tous ces produits sont identifiés grâce à leur contenant et leur étiquette d'origine. Lorsqu’un
récipient de peinture arrive à l'écocentre sous forme de produit inconnu, il rejoint les labpacks de peintures.

Solvants
Les solvants reçus sont classés parmi les liquides inflammables. Le plus souvent, l’écocentre accueille des diluants à
peinture, essences, décapants, combustibles et antigels. Les contenants d’origine sont conservés dans un labpack.

Pesticides liquides et solides


Les herbicides, insecticides, fongicides, engrais et algicides rejoignent un labpack. Toutefois, tout produit solide ne
possédant pas d’étiquette est classé comme un pesticide solide selon l’organigramme servant à la classification des
produits inconnus (figure 6.2). De plus, les liquides non identifiés ou non identifiables par les tests de pH et
d’oxydants, soit parce qu’une bouteille est non ouvrable, soit que le liquide est teinté ou opaque, rejoignent la
catégorie des pesticides liquides.

Huiles usées
Les huiles usées à moteur sont entreposées dans leur contenant d’origine dans un paintpack attitré.

Aérosols
Les petits contenants sous pression d’aérosols, autres que ceux de peinture et d’huile, sont tous entreposés dans le
même labpack. Les extincteurs ont toutefois leur propre labpack, tout comme les petites torchères de propane.

Organiques
La vaste catégorie des produits organiques comprend les goudrons, les colles, les cires, les cosmétiques. Ils sont
conservés dans des labpacks dans l’entrepôt.

46
Accumulateurs acide-plomb
Les batteries de véhicule et toutes celles fonctionnant à l’acide-plomb sont entreposées à l’extérieur dans un
contenant-cuve accueillant au plus 20 batteries. Lors de la manipulation de ces batteries, l’acide sulfurique peut fuir.
Tout liquide qui s’épand au sol requiert un test de pH. Les flaques acides sont neutralisées avec
l’hydrogénocarbonate de sodium et nettoyées.

Piles
Les piles sont prises en charge selon les consignes de l’organisme Appel-à-recycler™, ségréguées dans des barils
différents selon qu'elles sont des piles non recyclables alcalines, des piles non recyclables au lithium, des piles
recyclables soit Li-ion, soit Ni-MH, soit Ni-Cd ou soit au plomb, en plus des piles boutons soit alcalines, au lithium ou
à l’oxyde d’argent. Les pôles positifs des piles au lithium ou Li-ion ou au plomb sont toujours protégés en étant
recouverts d’un ruban isolant ou en emballant ces piles dans des sacs individuels. De plus, l’ensemble des piles
recyclables est emballé dans des boites conçues à cet effet.

Cylindres de propane
Les cylindres de propane de format de 8 kg et plus sont entreposés dans une armoire extérieure isolée et grillagée.

Mercure
Les thermomètres fabriqués depuis 1980 ne contiennent plus de mercure, mais les vieux thermomètres et les
thermostats en contiennent. Les thermostats non désassemblés et les vieux thermomètres sont accumulés dans un
contenant en plastique pour leur transport ultérieur.

Tubes fluorescents et lampes fluocompactes


Les lampes fluocompactes et les tubes fluorescents les plus petits sont mis ensemble dans des labpacks. Les tubes
fluorescents de bonne taille sont déposés dans une boite spécialisée.

Fréons et halons
Les réfrigérateurs, congélateurs, climatiseurs, distributrices à eau, déshumidificateurs et autres équipements
contenant des fréons sont accumulés à l’extérieur. En hiver, les fréons ne peuvent être retirés d’un appareil. Aux
températures chaudes, un technicien autorisé les retire des appareils et les entrepose dans de petites bonbonnes
avant de les acheminer vers un frigoriste autorisé pour leur destruction.

6.4 FORMATION TECHNIQUE POUR OPÉRER DES COLLECTES DE RDD


L’installation d’une collecte de RDD, qu’elle soit sur un site permanent ou un site itinérant, applique les principes de
la ségrégation des RDD incompatibles entre eux durant les manipulations préalables à la fabrication des labpacks.
Tous les écocentres bien organisés emploient des personnels ayant à tout le moins des connaissances de base en
chimie collégiale, auxquels une formation complémentaire est donnée pour l’accueil et la ségrégation des RDD. Le
travail dans un écocentre fait aussi partie de la formation mise en place pour les techniciens en environnement
hygiène et sécurité au travail (DEC EHST).
Un guide de formation pour le personnel embauché dans un écocentre a été produit par la Ville de Québec et un
autre par Gaïa Environnement à cet effet. Seule la qualité de la formation permet de réduire les risques d’accident
lorsque plusieurs milliers de contenants de RDD affluent dans les écocentres et les déchèteries.

47
La structure de la formation minimale à offrir pour travailler dans une déchèterie ou un écocentre qui accueille le
RDD comprend la mise en œuvre du plan d’intervention d’urgence, soit :
 Situations d’urgences possibles;
 Communications en cas d’urgence;
 Responsabilités de chaque intervenant;
 Revue détaillée de chacune des situations d’urgence et scénario d’intervention;
 Distribution et mise à jour du plan d’urgence.

L’accueil des RDD sur le site requiert des règles générales de fonctionnement connues de tout le personnel :
 Sécurité générale sur le site;
 Équipements de sécurité collective et de protection personnelle;
 Réception des RDD;
 Tri et ségrégation;
 Mise en récipient et entreposage;
 Enlèvement des barils entreposés;
 Liste des matières refusées.

Liste détaillée des matières acceptées et leur classification.

48
CHAPITRE 20 ENTREPOSAGE SECURITAIRE DES MATIERES DANGEREUSES

L’entreposage sécuritaire des matières dangereuses est nécessaire pour prévenir le risque d’accident grave, de bris
majeur et de catastrophe environnementale. Que ce soit dans une école, un hôtel de ville ou un établissement de
restauration rapide, les produits de nettoyage ajoutent des risques lors de leur manipulation et de leur entreposage.
Les articles 70 à 100 du Règlement sur la santé et sécurité au travail (RSST) décrivent les dispositions portant sur
l’entreposage et les incompatibilités entre les catégories. Ainsi les matières inflammables, les matières corrosives et
les matières toxiques doivent être tenues à l’écart des matières comburantes.
Deux situations s’offrent à nous. La plus courante est d’hériter d’une installation déjà existante, appropriée par ses
équipements et des dimensions, pour laquelle une gestion courante doit maintenir l’organisation et l’application des
principes sécuritaires. Dans ce cas simple, il suffit d’en comprendre les principes et d’éviter la détérioration.
Cependant, d’autres situations forcent à réformer le système d’entreposage non adéquat, à revoir l’organisation et
les équipements utilisés. C’est un travail lourd puisqu’il faut alors dresser un inventaire quantitatif qui permet
d’établir la classification, décider de l’élagage de tout ce qui est périmé ou en surabondance. Que retenir comme
classification? Faut-il utiliser la catégorisation du Règlement sur le transport des marchandises dangereuses (RTMD)
ou plutôt celle du Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT 2015)? Celle du
Code national de prévention des incendies ou de la National Fire Prevention Association (NFPA)? C’est le contexte
et la taille des contenants qui orientent les décisions. Une réserve de matières dangereuses en barils scellés déposés
sur des palettes requiert une organisation où les grands volumes imposent une simplification des choix (annexe 4).
Par contre, une multiplicité de produits en petits formats amène tout naturellement à utiliser la classification
SIMDUT 2015 nettement plus fine, celle développée au présent chapitre. Dans ce cas, la qualité de l’étiquetage et la
disponibilité des fiches de données sécurité doivent permettre la sortie des contenants de la zone d’entreposage et
leur retour subséquent sans créer d’erreurs de localisation. Ce chapitre est un outil permettant de créer un
environnement d’entreposage sécuritaire de matières dangereuses. Certes, le modèle proposé n’est pas parfait pour
chacun des milieux, mais il va permettre une diminution des risques liés à ces produits.

20.1 NOTIONS DE RÉACTIVITÉ ET D'INCOMPATIBILITÉ


Trois comportements doivent être considérés pour minimiser les risques. Ce sont la réactivité, l’incompatibilité et
l’instabilité de certaines matières dangereuses qui imposent des choix (tableau 20.1). En effet, le mélange de certains
produits chimiques incompatibles peut être désastreux. Un exemple connu est l'ajout d'eau de Javel à de
l’ammoniac; cela libère des vapeurs de chloramine qui peuvent être mortelles.
C’est que, le mélange de deux produits incompatibles provoque une réaction de transformation. Dans certains cas,
ils réagissent violemment, en dégageant de la chaleur, des vapeurs de gaz inflammable ou toxique ou encore en
produisant un incendie ou une explosion.

Tableau 20.1 – Définition des comportements clés pour l’entreposage


PROPRIÉTÉ
DANGEREUSE DES DESCRIPTION DE LA PROPRIÉTÉ
MATÉRIAUX

Réactivité Potentiel que présentent certains produits à se transformer (réagir).

Deux substances sont incompatibles lorsque mélangées, à température et pression normales, elles provoquent
Incompatibilité
un feu, une explosion ou une autre réaction violente, ou émettent de la chaleur ou des vapeurs toxiques.

Susceptibilité d'un produit à réagir violemment ou de façon dangereuse dans des conditions normales
Instabilité
d'utilisation.

Adapté de Lalonde 1989

143
Vu l'ampleur des conséquences possibles de telles réactions, il est important de ne jamais mélanger des produits
chimiques incompatibles, toujours séparer les contenants des produits incompatibles. L'instabilité est un autre
aspect de la réactivité des produits. Une substance instable peut, sous certaines conditions de choc, vibration,
pression, chaleur ou de lumière réagir violemment, se polymériser, se décomposer ou exploser.
Les conséquences de telles réactions peuvent être graves : blessure, intoxication, mort, dommage matériel et
environnemental. D’où l'importance de manipuler et entreposer les produits chimiques instables sous des conditions
prévues et contrôlées ainsi que bien connaitre la réactivité des produits utilisés.
L'organisation de l'entreposage des matières dangereuses vise à ce que des produits incompatibles ne puissent venir
en contact, même en cas de fuite ou de déversement, et à contrôler les conditions d'entreposage des produits en
fonction de leur réactivité et du risque potentiel qu'ils présentent. Le tableau 20.2 dresse une liste de quelques
familles chimiques connues de substances incompatibles alors que le tableau 20.6 précise des conditions
d'instabilité.

Tableau 20.2 – Familles chimiques de substances incompatibles

PRODUITS FAMILLES INCOMPATIBLES

Acides Bases

Agents réducteurs Matières comburantes

Matières corrosives Certains métaux, plastiques

Matières inflammables et combustibles Matières comburantes

Matières organiques Matières comburantes

Poudres métalliques Matières comburantes

20.1.1 Ségrégation par famille de produits


Le tableau 20.3 établit une catégorisation des conséquences qui résultent des incompatibilités. Le tableau 20.4
présente de façon détaillée les conséquences qui peuvent résulter par famille de produit ou par groupement
réactionnel. Ce tableau s’avère nécessaire lorsque la fiche de données sécurité s’avère incomplète, douteuse ou
erronée. Lorsque la fiche s’avère complète, les informations à l’intérieur de celle-ci doivent être privilégiées, car c’est
beaucoup plus près de la réalité. L’avantage de ce tableau réside au fait qu’il permet de prévoir la majorité des
risques d’incompatibilités. Cependant, il nécessite une bonne connaissance en chimie pour déterminer le groupe
fonctionnel de chaque produit. De plus, il y a des produits qui possèdent plus d’un groupe fonctionnel.

144
Tableau 20.3 – Conséquences possibles lors d’un mélange de substances incompatibles

CODE CATÉGORIE CODE CATÉGORIE

A Dégage chaleur M Dégage chaleur, dégage un gaz inflammable, explosion

B Dégage chaleur, polymérisation violente N Dégage chaleur, polymérisation violente, incendie

C Dégage chaleur, dégage des gaz non toxique et ininflammable O Dégage chaleur, incendie, dégage un gaz non toxique et ininflammable

D Dégage chaleur, dégage un gaz inflammable, incendie P Dégage chaleur, dégage un gaz toxique et un gaz inflammable

E Dégage chaleur, dégage un gaz toxique Q Dégage un gaz non toxique et ininflammable

F Dégage chaleur, explosion R Dégage un gaz toxique

G Dégage chaleur, incendie, explosion S Dégage un gaz toxique et un gaz inflammable

H Dégage chaleur, incendie, dégage un gaz toxique T Explosion

I Dégage chaleur, incendie U Peut être dangereux, mais inconnu

J Dégage chaleur, dégage un gaz inflammable V Solubilisation de substances toxiques

Dégage chaleur, polymérisation violente, dégage un gaz non


K W Dégage un gaz inflammable
toxique et ininflammable

L Dégage chaleur, explosion, dégage un gaz toxique X Dégage chaleur, polymérisation violente, et dégage un gaz toxique
Adapté de Hatayama 1980

145
Tableau 20.4 – Conséquence des mélanges de matière selon leur groupe fonctionnel

Groupe réactionnel (fonctionnel)


1 Acides minéraux, non oxydants 1
2 Acides minéraux, oxydants 2
3 Acides organiques C 3
4 Alcools et glycols A I B 4
5 Aldéhydes B I B 5
6 Amides A E 6
7 Amines aliphatiques et aromatiques A E A A 7
8 Composés azo et diazo et hydrazines C E C C A 8
9 Carbamates C E C 9
10 Composés caustiques A A A A C 10
11 Cyanures S S S Q 11
12 Dithiocarbamates D D D S U C 12
13 Esters A I C A 13
14 Éthers A I 14
15 Fluorure inoganiques R R R
16 Hydrocarbures aromatiques I
17 Composés organiques halogénés E H E C J A
18 Isocyanates C H C B B C K C U
19 Cétones A I C A A
20 Mercaptans et autres sulfures organiques S H C
21 Métaux alcalinoterreux et métaux alcalins D D D D D J J J J J J P J
22 Métaux, autres éléments et alliages (poudres, vapeurs, poreux) D D W H U J
23 Métaux, autres éléments et alliages (tiges, feuilles, billes) D D O
24 Métaux et composés métalliques toxiques V V V V V V
25 Nitrures D G J M J U C U J J J
26 Nitrites P H A U
27 Nitros, composés organiques H A F
28 Hydrocarbures aliphatiques insaturés A I A
29 Hydrocarbures aliphatiques saturés I
30 Peroxydes et hydroperoxydes organiques C F I C E G H L H
31 Phénols et crésols A I C
32 Orhanophosphates, phospohothioates et phosphodithioates E E U F
33 Sulfures inorganiques S H R A T
34 Époxydes B B B B U B B B B U
35 Matières inflammables et combustibles diverses C H
36 Explosifs F F F F F F
37 Composés sujets à la polymérisation B B B B B B U
38 Agents oxydants puissants E E I I H H F H L H I I
39 Agents réducteurs puissants J H J D D J C E I
40 Eau et solutions contenant de l’eau A A Q
41 Produits réactifs à l’eau Extrêmement réactif! Ne pas mélanger avec tout autre produit
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Adapté de Hatayama 1980

146
15
16
17
18
19
A A A 20
F J J J 21
F J D 22
I 23
24
J U J J T 25
B V J 26
M M 27
F 28
29
F A T H F C C M X B 30
B J J A 31
A U 32
A E 33
B B B B B B B U B 34
O D H 35
F F F T T F F F F F 36
B B B B B B B B F 37
I E H I H G G I G H F I I C I H H O O F H 38
F J J J J F F J P A J F N G 39
C J J V J S S 40
Extrêmement réactif! Ne pas mélanger avec tout autre produit 41
15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41

147
Tableau 20.5 – Familles chimiques connues de conditions d'instabilité

PRODUIT DE BASE CONDITIONS D’INSTABILITÉ

Matières autoréactives Selon le cas : eau, air, chaleur, choc, pression, contamination

Matières réactives inflammables Selon le cas : eau, air, chaleur, choc, pression, contamination-choc, soleil direct

Gaz sous pression Selon le cas : polymérisation, fragmentation

Adapté de Lalonde 1989

20.2 NOTIONS DE SÉGRÉGATION, DE SÉPARATION ET D'ISOLATION


Puisque certains produits chimiques sont incompatibles entre eux, il faut prévoir une certaine ségrégation lors de
l'entreposage de matières dangereuses.
Trois sources d’informations sont généralement disponibles pour évaluer la ségrégation requise entre diverses
matières dangereuses : la classification (TMD ou SIMDUT 2015), la fiche de données sécurité des produits et les
tableaux de ségrégation par famille de produits (ou par regroupement réactionnel).
Les substances présentent également des incompatibilités qui leur sont propres. Ces renseignements sont
disponibles dans les fiches de données sécurité dans la section stabilité/réactivité. Les étiquettes, les fiches de
renseignements du Répertoire toxicologique, la documentation technique du fabricant sont aussi des outils qui
peuvent fournir de l’information pertinente.
Le site Web CAMEO Chemicals a été développé par la National Oceanic and Atmospheric Administration avec
Environmental Protection Agency. Il s’agit d’un logiciel dans lequel il est possible d’entrer une liste de produit
chimique. Par la suite, ce site génère une grille d’incompatibilité personnalisée.

Tableau 20.6 – Méthode d’atténuation des risques lors de l’entreposage

MÉTHODE D’ATTÉNUATION DÉFINITION

Ségrégation Entreposer de façon à ce que les substances incompatibles ne soient pas dans un même voisinage

Séparation Espacer le plus possible, des matériaux inertes ou des obstacles entre les catégories

Isolation Entreposer les substances par catégories de risque défini dans un local distinct et séparé, à bonnes
distances

Selon la nature et le degré de risque encouru, différents niveaux de ségrégation s’appliquent (tableaux 20.6 et 20.7).
Certains facteurs pouvant diminuer ou augmenter le niveau de ségrégation devront être considérés. Par exemple,
les quantités de produits à entreposer : 100 ml d'un produit hautement inflammable ne présentent pas le même
degré de risque que 100 L de ce même produit. L'espace disponible : un manque d’espace peut entrer en ligne de
compte, mais ne doit pas aller à l'encontre de la sécurité. L'aspect pratique : il n'est pas pratique de réserver une
zone d'entreposage pour un seul produit.

148
Tableau 20.7 – Les niveaux de ségrégation

NIVEAU DE
DESCRIPTION DE LA SÉGRÉGATION RISQUES PRÉVISIBLE
SÉGRÉGATION

1 Isoler complète dans un immeuble éloigné Risque d'explosion : explosifs

1a Entreposer à l’extérieur Risque d’explosion ou d’incendie

Séparer par un mur : entreposer dans des pièces Risque d'incendie (ex. : inflammable, comburant) et
2
séparées d'intoxication

Séparer par des matières inertes, de la distance, des


Risque de dégagements de chaleur, de projection, de
3 produits qui peuvent contribuer à arrêter un incendie
destruction des réserves
(comme des solutions aqueuses de composés ignifuges)

Adapté de Lalonde 1989

20.3 CLASSIFICATION BASÉE SUR LE TRANSPORT DES MARCHANDISES DANGEREUSES


Le Règlement sur le transport des marchandises dangereuses (langage clair), en vigueur au Canada depuis 1985,
identifie neuf classes de matières dangereuses. Chacune des classes et divisions (tableau 20.8) correspond à un type
de risque particulier. Afin d'identifier la classification d'une matière dangereuse, le règlement prévoit l'apposition
d'indication de danger sur les emballages, les véhicules ou les grands conteneurs et une description spécifique sur
le document d'expédition (voir chapitre 7). Le système d’entreposage basé sur les incompatibilités (tableau 20.8)
peut utiliser la structure des catégories du transport sur les matières dangereuses (TMD) lorsque les matières
dangereuses sont en quantités importantes.

Tableau 20.8 – Pictogrammes du TMD et descriptions

PICTOGRAMMES DESCRIPTION

Classe 1 — Explosifs
1.1 — Substance ou article qui présente un danger d'explosion en masse
1.2 — Substance ou article qui présente un danger de projection de fragments, mais non un
danger d'explosion en masse
1.3 — Substance ou article qui présente un danger d'incendie ainsi qu'un danger mineur de
détonation ou un danger mineur de projection ou les deux, mais non un danger d'explosion
en masse
1.4 — Substance ou article qui ne présente aucun danger important; les effets de l'explosion
sont en grande partie limités à l'emballage et on ne doit prévoir ni projection ni fragments de
taille appréciable à distance
1.5 — Substance très insensible qui néanmoins présente un danger d'explosion en masse
comme celle des substances du point 1.1
1.6 — Substance extrêmement insensible qui ne présente pas un danger d'explosion en
masse
Classe 2 — Gaz
2.1 — Gaz inflammable
2.2 — Gaz ininflammable, non toxique, non corrosif
2.3 — Gaz toxique
2.3 — Envois transfrontaliers Canada – É.-U. et gaz toxiques spéciaux
2.4 — Gaz corrosif
2.2 (5.1) — Oxygène seulement. (chargement mixte)

149
PICTOGRAMMES DESCRIPTION

Classe 3 — Liquides inflammables


Liquide avec un point d'éclair en vase clos égal ou inférieur à 61 °C

Classe 4 — Solides inflammables; substances qui peuvent s'enflammer spontanément;


Substances qui au contact avec l'eau émettent des gaz inflammables (matières réagissant
au contact de l'eau)
4.1 — Solides qui, dans les conditions normales de transport, sont soit facilement
inflammables, soit susceptibles de causer ou de favoriser un incendie sous l'effet du
traitement ou de la chaleur qui subsiste après leur fabrication ou leur traitement, soit les
matières autoréactives qui sont susceptibles de subir une réaction fortement
exothermique, soit des explosifs insensibilisés susceptibles de détoner s'ils ne sont pas
assez dilués afin d'éliminer leurs propriétés explosives
4.2 — Substance qui peut s'enflammer spontanément dans les conditions normales de
transport ou, lorsqu'elle est en contact avec l'air, peut provoquer un échauffement
spontané jusqu'au point d'inflammation
4.3 — Substance qui, en contact avec l'eau, émet des quantités dangereuses de gaz
inflammable ou devient spontanément inflammable au contact avec l'eau ou la vapeur
d'eau
Classe 5 — Substances comburantes et peroxydes organiques
5.1 — Substance qui provoque la combustion d'autres matières ou y contribue en formant
de l'oxygène ou d'autres substances comburantes, que la substance elle-même soit
combustible ou non
5.2 — Composé organique qui renferme la structure bivalente « -O-O- » qui est un fort
agent comburant et qui peut se décomposer explosivement, qui peut être sensible à la
chaleur, aux chocs ou à la friction, qui peut réagir dangereusement avec d'autres
marchandises dangereuses ou qui peut causer des dommages aux yeux
Classe 6 — Substances toxiques et substances infectieuses
6.1 — Solide ou liquide qui est toxique par l'inhalation de ses vapeurs, par le contact avec
l'épiderme ou par ingestion
6.2 — Organismes qui sont infectieux ou que l'on soupçonne d'être infectieux pour les
humains ou les animaux
Classe 7 — Matières radioactives
Matières radioactives selon le sens de la Loi sur le contrôle de l'énergie atomique et dont
l’activité est supérieure à 74 kBq/kg

Classe 8 — Substances corrosives


Substance qui provoque la nécrose visible de la peau ou qui corrode l'acier ou l'aluminium
non cuirassé

Classe 9 — Divers produits ou substances


9.1 — Divers matériaux dangereux; substance ou produit présentant des dangers suffisants
pour justifier la règlementation de son transport, mais qui ne peut pas être attribuée à
l'une des autres classes
9.2 — Substance dangereuse pour l'environnement
9.3 — Déchets dangereux

150
Tableau 20.9 – Incompatibilité des matières selon la classification TMD

2.1
 Produits pouvant être entreposés ensemble.

2.2
  Produits incompatibles. Ne pas les entreposer dans le même
compartiment résistant au feu.
2.3    Consulter la fiche signalétique.
2.4   1m 1 m Produits incompatibles. Distance minimale de 1 mètre.

3
    Conserver les matières radioactives dans un entrepôt
spécifique.

4.1
  1m 1m   Séparer les acides et les bases. Distance minimale de 1 mètre.
4.2 1m  1m 1m 1m 1m
4.3
      
5.1   1m 1m    
5.2         
6.1         1m 
6.2         1m  
7

8   1m 1m 1m 1m 1m    1m 1m 
9 1m    1m 1m   1m  1m 1m 1m
Classification
matières
dangereuses 2.1 2.2 2.3 2.4 3 4.1 4.2 4.3 5.1 5.2 6.1 6.2 7 8 9
Adapté CNPI 2010, Dallaire 2011, Olivier 2014

20.4 CLASSIFICATION BASÉE SUR LE SYSTÈME D'INFORMATION SUR LES MATIÈRES DANGEREUSES UTILISÉES
AU TRAVAIL 2015
Le modèle d'entreposage, privilégié dans ce chapitre, utilise la classification basée sur le système d'information sur
les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT 2015). Ce système pancanadien de communication des
renseignements sur les matières dangereuses repose sur trois éléments : l'étiquetage des contenants, la formation
des travailleurs, l'élaboration ainsi que la disponibilité des fiches de données de sécurité. La classification des
matières dangereuses selon le SIMDUT 2015 retient maintenant deux grandes catégories de dangers, soient celle
des dangers physiques et celle des dangers pour la santé (tableau 20.10).
Les critères détaillés de danger physiques et de danger d’intoxication servent de base à la classification des
substances selon le SIMDUT 2015. Une description complète est donnée au chapitre 7. L'avantage à utiliser la
classification SIMDUT 2015 comme base d'information pour entreposer des matières dangereuses réside dans son
caractère pancanadien. De plus par les fiches de données de sécurité, le SIMDUT 2015 donne accès à beaucoup plus
d'informations techniques pour l'entreposage des produits que le permet d'autres règlements sur les matières
dangereuses, par exemple le TMD. Le désavantage de la classification SIMDUT 2015 provient du fait que certaines
matières ne sont pas incluses. Ce sont les explosifs, les matières radioactives, les produits pharmaceutiques, les
produits antiparasitaires, les biens de consommation et les résidus dangereux. Le système général harmonisé (SGH)
viendra compléter davantage cette classification en y ajoutant les explosifs.
La correspondance n’est pas parfaite entre les divisions des catégories TMD, SIMDUT 2015 et SGH si bien que des
ajustements sont requis pour passer de l’un à l’autre (tableau 20.11).

151
Toutefois, étant donné que les explosifs et les matières radioactives sont des matières règlementées en vertu du
TMD et présents dans l'industrie du transport et de l'entreposage, une place spéciale est attribuée dans le modèle
des incompatibilités. Les matières radioactives constituent une catégorie supplémentaire puisqu'elles ne
correspondent à aucun type de matières dangereuses. Enfin, les résidus dangereux suivent les mêmes règles.
Cependant l'entreposage, le recyclage et l'élimination des résidus dangereux relèvent du ministère de
l’Environnement. La Loi sur la qualité de l'environnement (LQE) explique les dispositions particulières pour gérer ces
produits, en respectant les principes généraux déjà mentionnés pour les matières dangereuses.

Tableau 20.10 – Classes de dangers physiques et de dangers pour la santé du SIMDUT 2015

CLASSES DE Gaz inflammables (y compris les gaz pyrophoriques et Matières auto-échauffantes


DANGERS chimiquement instables)
PHYSIQUES Matières qui, au contact de l'eau, dégagent des gaz
Aérosols inflammables inflammables
Gaz comburants Liquides comburants
Gaz sous pression Matières solides comburantes
Liquides inflammables Peroxydes organiques
Matières solides inflammables Matières corrosives pour les métaux
Matières autoréactives Poussières combustibles
Liquides pyrophoriques Asphyxiants simples
Matières solides pyrophoriques Dangers physiques non classifiés ailleurs

CLASSES DE Toxicité aiguë Toxicité pour la reproduction


DANGERS
POUR LA Corrosion cutanée Toxicité pour certains organes cibles
SANTE Irritation cutanée Exposition unique
Lésions oculaires graves Toxicité pour certains organes cibles
Irritation oculaire Expositions répétées
Sensibilisation respiratoire ou cutanée Danger par aspiration
Mutagénicité pour les cellules germinales Matières infectieuses présentant un danger
biologique
Cancérogénicité
Dangers pour la santé non classifiés ailleurs

152
Tableau 20.11 – Équivalences entre les classes et les pictogrammes du SIMDUT-1988 et du SIMDUT 2015

Source : www.cnesst.gouv.qc.ca/publications/900/Documents/DC900-273web.pdf

153
20.4.1 Critères généraux de classification
La classification de produits chimiques peut servir à établir la ségrégation requise entre ces produits de sorte que les
produits portant des symboles de danger différents ne sont pas entreposés ensemble. Cependant, cette ségrégation
n’est valable que pour les produits qui portent uniquement un seul symbole de danger. De plus, elle ne tient pas
compte des diversités des produits à l'intérieur d'une même catégorie de matières dangereuses. Par exemple,
l’acétone est inflammable et toxique; doit-elle être rangée avec les produits inflammables ou toxiques? D’où
l’importance de créer un modèle d’entreposage.
Afin de tenir compte des diversités à l'intérieur des catégories, un tableau de ségrégation des matières dangereuses
est établi selon les classes de dangers physiques et de dangers pour la santé du tableau 20.11. Le tableau 20.12
ventile cette ségrégation selon trois types : les produits entreposés ensemble, les produits entreposés dans des
pièces différentes (ségrégation de niveau 1 ou 2), les produits séparés les uns des autres par une certaine distance
ou des matières inertes (ségrégation de niveau 3).
Le tableau 20.12 recommande une ségrégation entre différentes catégories de matières dangereuses; ce n’est pas
un tableau qui reflète exclusivement des incompatibilités. En effet, séparer deux produits peut être lié à un facteur
autre que l’incompatibilité. Par exemple, le tableau 20.12 recommande de ne pas entreposer les gaz comprimés
avec les produits qui dégagent des vapeurs inflammables au contact de l'eau, et ce, non parce qu'ils sont
incompatibles; ces produits doivent être séparés à cause de l'obligation, en cas d'incendie, de refroidir les bonbonnes
de gaz comprimés avec de l'eau afin d'éviter qu'elles explosent. Il est donc évident que les produits qui réagissent à
l'eau et dégagent un gaz inflammable ne peuvent être entreposés avec les gaz comprimés!
Ainsi, les produits de la catégorie des matières toxiques et infectieuses ne présentent pas en soi d'incompatibilité
physique avec les autres catégories de produits chimiques. Ils présentent un risque à la santé évident et c'est
pourquoi ils sont séparés des produits qui présentent des risques à la sécurité (incendie et explosion).

20.4.2 Critères particuliers de classification


Une ségrégation basée uniquement sur la classification SIMDUT 2015 des produits peut s'avérer insuffisante lorsqu’il
y a des restrictions particulières. En effet, certains produits présentent des incompatibilités qui leur sont particulières
parce qu’il n’est pas possible de les généraliser à une classe de produits chimiques. Par exemple, l’acétylène forme,
au contact de cuivre ou d’argent, des acétylénures explosifs. Cette incompatibilité n'est pas incluse dans les critères
de classification SIMDUT 2015. C'est une incompatibilité particulière de l’acétylène mentionnée dans la fiche de
données sécurité d’un produit. Si la fiche de données sécurité semble erronée ou incomplète, consulter le
fournisseur du produit qui a la responsabilité de fournir tous les renseignements qu'il connait ou devrait connaitre
concernant celui-ci.
Attention, l’absence de classification SIMDUT 2015 d'un produit signifie qu'il ne répond pas aux critères SIMDUT
2015 qui délimite un champ d'action. Par exemple, la réaction violente avec l'eau en dégageant un gaz toxique, est
particulièrement restrictif. En effet, certains produits réagissent lentement à l’eau en dégageant un gaz toxique et
ne sont, par conséquent, pas inclus dans le SIMDUT 2015. Autre exemple, le phosgène réagit lentement avec
l’humidité. Il forme des fumées toxiques et corrosives d’acide chlorhydrique. Bien que le produit ne soit pas classifié
matière autoréactive, le risque d’intoxication est présent au contact d’eau. Par contre, les éthers organiques sont un
exemple de produits possédant une caractéristique dont le SIMDUT 2015 tient compte. Ceux-ci ont tendance à se
décomposer lentement à l'air pour former des peroxydes organiques explosifs.
La mise en application du tableau (20.12) reste évidemment discutable. En effet, selon les quantités entreposées,
les types de produits ou même une simple opinion scientifique différente, des discussions sans fin autour d'un
niveau ou l'autre de ségrégation pourraient être générées. Ce n'est pas le but de ce tableau qui est donné ici à titre
indicatif et informatif. Il est à noter que les explosifs sont exclus de l'application du SIMDUT 2015 en vertu de la Loi
sur les produits dangereux (LPD) parce qu’ils sont couverts par la Loi sur les explosifs. Cependant, certaines
matières autoréactives couvertes par le SIMDUT 2015 peuvent exploser. Les gaz sous pression sont séparés des
autres catégories de matières dangereuses.

154
Tableau 20.12 – Incompatibilité des matières selon la classification SIMDUT 2015 et le TMD (adapté CNPI 2010)

2.1

2.2   Produits pouvant être entreposés ensemble.

2.3 ×  × Produits incompatibles. Ne pas les entreposer dans le même


compartiment résistant au feu.

2.4 ×  1m  Consulter la fiche de données de sécurité (FDS)

3   × × 1m Produits incompatibles. Distance minimale de 1 mètre.

4.1   1m 1m  R Conserver les matières radioactives dans un entrepôt spécifique.

4.2 1m  1m 1m 1m 1m  Séparer les acides et les bases. Distance minimale de 1 mètre.

4.3       
5.1 ×  1m 1m × × × ×
5.2 ×  × × × × × × 
6.1 ×        1m ×
6.2 ×        1m × 
7 S.O.
R R R R R R R R R R R R
8 ×  1m 1m 1m 1m 1m × × × 1m 1m R 
9 1m    1m 1m   1m  1m 1m R 1m

Classe
TMD SIMDUT-2015 S.O.
MD

TMD
? Classe MD 2.1 2.2 2.3 2.4 3 4.1 4.2 4.3 5.1 5.2 6.1 6.2 7 8 9
Source : DALLAIRE et OLIVIER (2015)

155
20.5 RÈGLES D'ENTREPOSAGE DANS UNE RÉSERVE DE MATIÈRES DANGEREUSES
Une réserve pour l’entreposage des matières dangereuses comprend plusieurs zones qui permettent d’appliquer les
niveaux de ségrégation proposés. Le modèle utilisé est basé sur la classification SIMDUT 2015. Il est caractérisé par
neuf zones d'entreposage dont le niveau de ségrégation prévu est fixe, ainsi que par vingt aires d'entreposage dont
le niveau de ségrégation peut varier. La figure 20.1 illustre le modèle. Celle-ci contient :
Sept zones intérieures d'entreposage (contour pointillé) situées dans des pièces séparées dans lesquelles se
retrouve :
1) Les matières inflammables et combustibles (zone 4);
2) Les produits réactifs à l'eau (zone 3);
3) Les produits hautement réactifs (zone 5);
4) Les matières toxiques et infectieuses (zone 6);
5) Les matières comburantes autres que les peroxydes organiques (zone 7), séparées de tous autres
produits;
6) Les matières radioactives (zone 9);
7) Les matières corrosives (zone 8), séparer cependant les acides des bases et de tout autre produit.

Une zone extérieure d'entreposage (contour noir) dans laquelle tous les gaz comprimés sont conservés (zone 2) à
cause de leur très grand pouvoir de diffusion et du risque d'explosion des cylindres. Dans le cas où l'entreposage
extérieur s'avèrerait impossible ou impraticable, un petit nombre de cylindres peut être entreposé dans une pièce
séparée. Trois espaces distincts sont prévus, séparés les uns des autres par l'entreposage des gaz inertes. Ces trois
espaces sont pour les gaz inflammables, les gaz comburants et les gaz toxiques. Ces derniers peuvent être conservés
avec les gaz corrosifs.

Une zone d'entreposage complètement isolée (contour noir) dans un immeuble séparé pour y placer les explosifs
ainsi que les peroxydes organiques (zone 1). Ces deux derniers types de produits sont incompatibles; ils doivent
être séparés dans des pièces différentes.
Les neuf zones d'entreposage du modèle comprennent en tout vingt aires d'entreposage qui devront être séparées
les unes des autres par une distance minimale d’un mètre à l'intérieur d'une même zone d'entreposage.

Deux zones facultatives peuvent être ajoutées :

 La zone Z-I : Une aire réfrigérée pour l'entreposage des produits particulièrement instables.
 La zone Z-II : Pour l'entreposage de matières non dangereuses.

156
Figure 20.1 – Modèle d’entreposage et de ségrégation de matières dangereuses

157
Le tableau 20.16 inclut, pour chaque zone et chaque aire d’entreposage du modèle (figure 20.1), une description du
type de produits à y entreposer, le niveau de ségrégation requis ainsi que les conditions d’entreposage à appliquer.

Arbre décisionnel pour la ségrégation

Pour faciliter la classification, un arbre décisionnel a été conçu afin d’attribuer rapidement et simplement une aire
d’entreposage à un produit possédant plus d’une classification. Cet arbre décisionnel (figure 20.2) tient compte de
l’ampleur du risque présenté par chaque catégorie ainsi que de l’applicabilité du modèle.

Les choix qui en découlent sont expliqués au tableau 20.16. Cependant, certains critères supplémentaires
(incompatibilités particulières, instabilité, réactivité spéciale) doivent être considérés lors de l’application du
modèle. De même, les quantités de produits entreposés pourront faire en sorte que certaines zones seront éliminées
ou ajoutées, selon le besoin. Le responsable de l’aménagement des zones d’entreposage doit donc user de jugement
lors de l’application du modèle à un cas réel d’entreposage de matières dangereuses.

20.5.2 Conditions et procédures d'entreposage

Les conditions d'entreposage de produits chimiques reposent sur deux critères :


 Les conditions physiques : pression, température, humidité, luminosité requise pour assurer une certaine
stabilité des produits;
 Les équipements et dispositifs : ventilation, drains, type de contenants afin de prévenir tout accident ou, le
cas échéant, en limiter les dégâts.

Élaboration d’une procédure d'entreposage

La procédure d'entreposage en entreprise peut comprendre les éléments suivants :


 L'accès aux produits entreposés strictement règlementé;
 Un système de permis de travail;
 L'élaboration de mesures d'urgence planifiées et organisées;
 L'entretien des lieux : allées dégagées, surfaces de travail et équipements propres et entretenus;
 Un inventaire régulier des produits présents dans l'entrepôt;
 L'identification des zones d'entreposage;
 Le type de produits entreposés;
 Les risques que ces produits présentent;
 Un mécanisme de suivi avec modifications rapides de ces procédures en cas de problèmes ou de
nouveaux éléments à tenir compte;
 La formation du personnel sur :
o les risques potentiels présentés par les produits, leur évaluation et leur contrôle en cas d'accident;
o l'importance du port des équipements de protection individuelle dans certaines conditions;
o l'utilisation des équipements de lutte contre les incendies;
o l'utilisation des trousses de premiers soins;
o l'utilisation des trousses ou autres dispositifs en cas de fuites ou déversements.

158
Figure 20.2 – Arbre décisionnel pour l’entreposage des matières dangereuses

Entreposer tel que prescrit


Résidus
OUI par le Règlement sur les
dangereux
matières dangereuses

NON

Produits de Classifier selon


OUI
consommation le SIMDUT

NON

Produits OUI
antiparasitaires

NON

Produits
OUI
pharmaceutiques

NON OUI

Cosmétiques

NON

Explosifs OUI F-II

NON

Matières
OUI R-I
radioactives

NON

Gaz sousApression
VOIR CLASSIFICATION
OUI
DES GAZ (figure 20.2a)

NON

VOIR CLASSIFICATION DES SOLIDES


ET LIQUIDES (figure 20.2b) Adapté de Lalonde 1989

159
Figure 20.2a – Arbre décisionnel (suite) pour l’entreposage des gaz sous pression

A-III

OUI

Gaz sous pression OUI Gaz corrosif OUI Acide NON A-IV

NON

Gaz comburant OUI A-I

NON

Gaz toxique OUI A-V

NON

Gaz réactif OUI Gaz pyrophorique OUI A-VI

NON

Gaz polymérisant OUI

NON

Gaz chimiquement instable OUI A-VII

NON
NON

Gaz dégageant un gaz toxique


en présence d eau OUI A-V

NON

Gaz dégageant un gaz


inflammable en présence d eau OUI A-II

Gaz inflammable OUI

Figure 20.2b – Arbre décisionnel (suite) pour l’entreposage des solides et des liquides

160
Matières corrosives OUI Acide OUI E-I

NON NON

Liquides ou matières
solides inflammables OUI B-I E-II

NON

Aérosols
OUI
inflammables C-III

NON NON

Liquides ou matières
solides comburants
OUI Acide OUI C-II

NON

Liquides et matières
solides toxiques OUI Matières toxiques OUI D-I
ou infectieuses

NON

NON
D-II

Liquides ou matières Brûle au contact


solides pyrophorique
OUI de l air
OUI F-I

NON NON

Matières Brûle spontanément


OUI OUI
auto échauffantes à l air

NON

Brûle ou dégage un gaz


inflammable en OUI F-III
présence d eau

NON NON

Dégage un gaz
toxique en OUI
présence d eau

Matières Peroxyde
auto-réactives
OUI organiques
OUI C-I

NON NON

Matières et objets
explosibles
OUI F-II

Tableau 20.16 – Niveau de ségrégation et conditions d’entreposage

161
AIRE
ZONE DESCRIPTION DU TYPE DE NIVEAU DE
D’ENTRE- CONDITIONS D’ENTREPOSAGE
D’ENTREPOSAGE PRODUIT À ENTREPOSER SÉGRÉGATION
POSAGE
1. Matières et Peroxydes organiques Explosifs
objets explosibles
Peroxydes C-I Peroxydes organiques 1. Isoler dans un Immeuble isolé, si possible Entrepôt isolé
organiques bâtiment éloigné Système d’éjection d’un Frais, sec, protégé des
Explosifs F-II Produits autoréactifs sous l’effet mur chocs et du feu
d’un choc, d’une augmentation de Séparer les Évents d’explosion Pas d’étincelle
la pression ou de la température peroxydes Quantités limitées Évents
organiques des Équipement électrique Ventilation
autres explosifs par situé à l’extérieur Quantités minimales
un mur (niveau 2) Système d’extinction Alarmes
automatique
Mise à la terre des
équipements
Ventilation
2. Gaz sous Gaz sous pression Gaz comburants
pression
Gaz A-II Gaz inflammables 1a. Entreposer les Bonbonnes conformes Séparer des gaz
inflammables gaz comprimés à Aire extérieure (préférable) inflammables (ségrégation
A-VI Gaz pyrophorique l'extérieur si ou intérieure : de niveau 2)
Gaz susceptibles de bruler au possible. Sinon, - résistante au feu Gaz inflammables
contact de l’air appliquer une - ventilée Séparer des gaz toxiques et
Gaz sujets à des réactions violentes ségrégation de - loin des sources d’ignition corrosifs
de polymérisation niveau 2 (pièce ou de chaleur excessive
séparée). - protégée des rayons du Tous les gaz
soleil
Gicleurs
Séparer les trois Cylindres :
A-VII Gaz autoréactifs Prévoir des conditions
types de gaz par un - entreposer debout et
Gaz A-I Gaz comburants supplémentaires respectant
mur attacher avec leur capsule
comburants les catégories
(particulièrement les de protection
Gaz toxiques A-II Gaz corrosifs acides Évents de surpression
inflammables des - transporter (diables ou
et/ou corrosifs Murs extérieurs faibles
comburants) ou les charriot)
A-IV Autres gaz corrosifs distancier
A-V Gaz toxiques
A-IX Autres gaz
3. Produits réactifs à
l’eau
F-III Produits qui réagissent à l’eau et 2. Pièce séparée Entreposage des récipients fermés, à l’écart des sources
présentent un risque d’incendie d’humidité et à l’écart des tuyaux pouvant suinter ou
Produits qui réagissent à l’eau et dégoutter
dégagent un gaz toxique PAS DE GICLEURS

4. Matières
inflammables
B-I Liquides inflammables 2. Pièce séparée Frais, éloignée des sources d’inflammation
Liquides combustibles Porte extérieure
Solides inflammables Panneaux/mur éjectables
Évents d’explosion
Portes-coupe-feu (fermeture automatique)
Étanche
Plancher recouvert ‘un enduit antiétincelle
Ventilation
Douches
Alarmes
Drains de récupération.
Éclairage adéquat (à l’extérieure ou à l’épreuve des
explosions)
Mise à la terre
Câbles de liaison
Contenants (réservoirs) de sécurité
Cabinet de sécurité
Extincteurs portatifs et automatiques
Équipement de protection individuelle
Trousses pour renversements accidentels
Si poussières : collecteurs de poussières

162
5. Produits Produits combustibles à l’air
hautement réactifs
F-I Produits spontanément 2. Pièce séparée - Garder sous un liquide inerte ou dans une atmosphère
combustibles inerte dans des récipients étanches
Produits susceptibles de bruler au
contact de l’air
Produits sujets à des réactions
violentes de polymérisation,
décomposition, condensation

6. Matières toxiques
et infectieuses
D-I Matières toxiques 2. Pièce séparée Endroit frais, ventilé, taux d’humidité constant
D-II Matières infectieuses Séparer les matières Éloigné des matières comburantes et des sources
infectieuses des potentielles d’incendie
matières toxiques Minimiser les quantités
par des matières Ventilation à pression négative (muni de filtres, air non
inertes ou les recirculé)
distancier (niveau 3) Aire de décontamination (douches)
Équipement de protection individuelle disponible
Antidotes
Équipement de protection collective requis (écran, dispositif
antidébordement)
Murs et planchers étanches
Drains (pas de rejet dans l’environnement)
7. Matières
comburantes
C-II Autres matières comburantes 2. Pièce séparée Endroit frais, sec, ventilé, protégé des rayons du soleil
corrosives acides Système d’extinction automatique
C-III Autres matières comburantes Immeuble à l’épreuve du feu
Mise à la terre des équipements
Contenants hermétiques
Douches
Aire spéciale pour les acides minéraux oxydants résistants à
la corrosion

8. Matières
corrosives
E-I Acides 2. Pièce séparée Endroit frais, sec, ventilé
E-II Bases et autres produits (ni acides, Séparer les acides Construction étanche
ni basiques) des bases Planchers résistants avec drains de récupération
(ségrégation de Matériaux à l’épreuve de la corrosion (peinture)
niveau 3) Eau (douches, extinction automatique)
Agents de neutralisation
Équipement de protection individuelle
Réservoirs et cuves munis de dispositifs antidébordements
et écrans protecteurs
Installations électriques protégées de la corrosion
Contenants approuvés et étanches
Barils ventilés (gaz ou vapeurs corrosifs)

9. Matières
radioactives
R-I Matières radioactives 2. Pièce séparée Tel que prescrit par la loi et le règlement sur le contrôle de
l’énergie atomique
10. Matières
réfrigérées
Z-I Matières particulièrement Chambre froide
instables nécessitant réfrigération
11. Matières non Z-II Matières non dangereuses
dangereuses

Adapté de Lalonde 1989

163
20.6 RÉTENTION DES MATIÈRES DANGEREUSES LIQUIDES

Les matières liquides doivent être conservées de façon à prévoir un bris du contenant. Le Règlement sur les matières
dangereuses mentionne que l’utilisation d’un bassin de rétention est nécessaire afin de prévenir les problèmes
environnementaux. La figure 20.4 indique les conditions qui requièrent l’utilisation d’un bassin de rétention.

Figure 20.4 — Conditions d’un bassin de rétention

Réservoir de plus de 2000 kg Voir Règlement sur les


OUI
de matière matières dangereuses

NON

Voir Règlement sur les


Réservoir souterrain OUI
matières dangereuses

NON

Avec bassin de rétention


Plusieurs réservoirs OUI Produits compatibles OUI à 125 % de la capacité
du plus gros réservoir

NON NON

Ségréguer les produits


Avec système de incompatibles
Réservoir à double paroi OUI détection de fuite automatique
entre les parois

NON NON
OUI

Avec bassin étanche Avec bassin de rétention


Bassin de rétention
pouvant contenir 110 % de la OUI à 110 % de la capacité
non requis
capacité du réservoir du réservoir initial

NON

Utiliser un bassin de rétention


de 110 % de la capacité du
réservoir initial

Adapté du RMD

164
NOTES COMPLEMENTAIRES

165
CONCLUSION

Les chapitres qui précèdent ont passé en revue les principaux outils de la gestion des matières dangereuses
résiduelles. À différentes étapes de la chaine de décisions, des gestionnaires posent des gestes, font des choix devant
une MDR. Il revient à chacun de nous de se discipliner et d’appliquer les lois, règlements et règles de l’art en la
matière. Cela est d’autant plus important que ces choix, les indications sur les façons de faire et le type de protection
requise, sont transmis à du personnel qui sera en contact dans peu de temps avec cette MDR. Voilà pourquoi les
gestionnaires du secteur industriel, commercial et institutionnel (ICI) qui produisent des MDR sont impliqués, en
plus de ceux des CGMDR.
D’autre part, les règles de l’art évoluent peu à peu. L’habitude ancienne du « tout à l’élimination » au moindre cout
possible doit laisser une place à la mise en valeur selon les 3RV, lorsque les technologies et les infrastructures
permettent d’allonger le cycle de vie des matériaux. Une partie de ces nouvelles approches est encore à développer
par les activités d’écologie industrielle et par les formations nouvelles dans nos institutions d’enseignement des
secteurs technique et universitaire. C’est ainsi que les principes de la chimie verte ont fait leur apparition dans nos
enseignements depuis l’an 2000.
Seules les personnes correctement formées aux risques occasionnés par les MDR et à la façon de minimiser ces
risques, pour eux-mêmes et pour les autres, devraient les manipuler. Voilà pourquoi nous disposons de systèmes
d’information en santé-sécurité et en transport. La volonté de l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ) de diffuser
ces informations regroupées au sujet des MDR permettra au plus grand nombre d’agir en conformité avec leurs
obligations inhérentes en ce sens.

166
NOTES COMPLÉMENTAIRES

167
BIBLIOGRAPHIE ET RÉFÉRENCES

AGENCE DES SERVICES FRONTALIERS DU CANADA (2009) Exportation et importation de déchets dangereux et de matières recyclables
dangereuses [En ligne] http://www.cbsa-asfc.gc.ca/publications/dm-md/d19/d19-7-3-fra.pdf (consulté le 15 juillet 2010).
ALLIANCE CANADIENNE DU CAMIONNAGE (2009) Le transport de marchandises dangereuses par camion, Toronto, 336P.
ANASTAS, P. et J. ZIMMERMAN (2002) Design through the Twelve Principles of Green Engineering, Environmental Science & Technology, p.95A-
101A.
ANASTAS, P.T. et, T.C. WILLIAMSON, Green Chemistry: Designing Chemistry for the Environment. American Chemical Society: Washington, DC,
1996.
ASSOCIATION CANADIENNE DE NORMALISATION (ACNOR) (1992) Protecteurs oculaires et faciaux pour l’industrie, CAN/CSA Z94.4-92.
ASSOCIATION CANADIENNE DE NORMALISATION (ACNOR) (1993) Choix, entretien et utilisation des respirateurs, CSA Z94.4-93.
BÉLANGER, M. (2011) Manuel d’opération des collectes de résidus domestiques dangereux (R.D.D)., Ville de Sherbrooke — Infrastructures
urbaines et environnement, Sherbrooke, 77 p.
BOUCHARD, L., K. PROULX, C. ROY et M.-A. TRUDEL (2012) Analyse des opérations et du manuel de collecte des résidus domestiques dangereux
de l’écocentre Rose-Cohen de Sherbrooke, ENV716-Gestion des matières résiduelles, Centre universitaire de formation en environnement,
Université de Sherbrooke, Sherbrooke, 60 p.
BOURQUE, C. (2010) Les huiles usagées – Fiches informatives, Recyc-Québec, http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/Upload/Publications/Fiche-
huiles.pdf (consulté le 15 mai 2010).
BOURQUE, C. (2010) Les peintures – Fiches informatives, Recyc-Québec, http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/Upload/Publications/Fiche-
peintures.pdf (consulté le 15 mai 2010).
BOURQUE, C. (2010) Les résidus domestiques dangereux – Fiches informatives, Recyc-Québec, http://www.recyc-
quebec.gouv.qc.ca/Upload/Publications/Fiche-rdd.pdf (consulté le 15 mai 2010).
BRIQ (2010) La bourse des résidus industriels du Québec, Centre de transfert technologique en écologie industrielle,
http://www.cttei.qc.ca/briq.php (consulté le 25 mai 2010).
BUREAU D’AUDIENCES PUBLIQUES SUR L’ENVIRONNEMENT (1990) Les déchets dangereux au Québec, Les Publications du Québec, 491p.
BUREAU DU VÉRIFICATEUR GÉNÉRAL DU CANADA (2003) Transport et élimination des déchets toxiques au Québec, http://www.oag-
bvg.gc.ca/internet/Francais/pet_062_f_28771.html (consulté le 6 octobre 2008).
CENTRE DE CONFORMITÉ INTERNATIONALE (2002) Notes de cours sur le RTMD en langage clair, 110 p.
CHAMARD (2006) L’avenir des collectes de résidus domestiques dangereux pour l’agglomération de Montréal [En ligne]
http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/Environnement_Fr/media/documents/3.avenir_collectes_residus_domestiques_dangereux.p
df (consulté le 15 juillet 2010).
CHARBONNEAU, P. (2012). Communication personnelle. Écocentre Rose-Cohen.
CHEVALIER, P. (1996) Technologies d’assainissement et prévention de la pollution, Québec, Presses de l’Université du Québec, 440 p.
COMMISSION DE COOPÉRATION ENVIRONNEMENTALE (2010) Aperçu de la gestion des BPC en Amérique du Nord [En ligne]
http://www.cec.org/Page.asp?PageID=122&ContentID=1280&SiteNodeID=313&AA_SiteLanguageID=2 (consulté le 15 juillet 2010).
CONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES DU CANADA (2010) Code national de prévention des incendies, Ottawa, 346 p.
COULOMBE, L. (2008 et 2010) Communication personnelle, Peinture récupérée du Québec, Laurentides re/source.
DALLAIRE, N. (2011) Communication personnelle, Cégep de Sorel-Tracy.
DALLAIRE, N. et M. OLIVIER (2005) Notes de cours, AQHSST.
DALLAIRE, N. et M. OLIVIER (2009) Notes de cours 260-4C3-SO, Cégep de Sorel-Tracy.
DALLAIRE, N. et M. OLIVIER (2014) Notes de cours 260-DF3-SO, Cégep de Sorel-Tracy.
DAMIEN, A. (2004) Guide du traitement des déchets, 3e éd., Dunod, Paris, 431 p.

ENVIRONNEMENT CANADA (1981) Gestion des déchets – La question des BPC, 8 p.

ENVIRONNEMENT CANADA (1981) Techniques de destruction des BPC, http://www.ec.gc.ca/publications/B425C6AE-74B9-4D97-BC77-


C599E4F00D7F/techniquesdedestructiondesbpc.pdf, 2p.
ENVIRONNEMENT CANADA (2005) Règlement sur l’exportation et l’importation de déchets dangereux et de matières recyclables dangereuses,
Partie 2 de la Gazette du Canada, le 1 juin 2005, http://canadagazette.gc.ca/archives/p2/2005/2005-06-01/pdf/g2-13911.pdf#page=163
(consulté le 1er février 2010).

168
ENVIRONNEMENT CANADA (2008) Données pour l'année 2007 de l'Inventaire national des rejets de polluants,
http://www.ec.gc.ca/pdb/QuerySite/earlyrelease/er_disclaimer_f.cfm (consulté le 6 octobre 2008).
ERKMAN, S. (1998) Vers une écologie industrielle, éd. Charles Léopold Mayer, Paris.
EURO-LEX (2008) Règlement (CE) no 1272/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à
l'étiquetage et à l'emballage des substances et des mélanges, modifiant et abrogeant les directives 67/548/CEE et 1999/45/CE et modifiant le
règlement (CE) n° 1907/2006, Journal officiel n° L 353 du 31/12/2008 p. 0001 – 1355 [En ligne] http://eur-
lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:32008R1272:FR:HTML (consulté le 15 juillet 2010).
FRADETTE, B. (2006) Centres de tri des matières résiduelles dangereuses — Pour mieux connaitre les risques du milieu, Prévention au travail,
Vol 19, no 1, p.22-23.
GENDRON, J. (2014) Communication personnelle, Conseiller en prévention, Via Prévention.
GUÉRIN, M. (2002) Solvants industriels – Santé, sécurité, substitution, Éditions Masson, Paris, 257 p.
HATAYAMA , H.K., (1980), A method for determining hazardous wastes compatibility, éd. Environment Protection Agency – Municipal
Environmental Research Laboratory, Cincinnati (Ohio).
INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SÉCURITÉ (2009) Les solvants organiques – Fiche solvants ED4220, http://www.inrs.fr/inrs-
pub/inrs01.nsf/intranetobject-accesparreference/ED%204220/$file/ed4220.pdf (consulté le 15 mai 2010).
KEN DE, T.M. (2002) Stratégie binationale relative aux toxiques des Grands Lacs, Biphényles polychlorés (BPC), 7 p.
LACOURCIÈRE, J. (2010) Communication personnelle, Relations avec la communauté, NEWALTA.
LALONDE, M. (1989) Session de formation sur l'entreposage des matières dangereuses : les facteurs à considérer : un modèle d'entreposage
fiable et pratique : cahier du participant, Saint-Laurent, ASSTIC, pagination multiple.
LALONDE, M. et PAQUETTE, M. (1989) Guide sur l’entreposage des matières dangereuses, Saint-Laurent, ASSTIC, 45 P.
LARA, J. et M. VENNES (2003) Guide pratique de protection respiratoire, Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail,
http://www.irsst.qc.ca/fr/_publicationirsst_862.html (consulté le 15 mai 2010).
LEBLANC, A. (2005) Guide sur le fonctionnement et l’optimisation des écocentres au Québec [En ligne] http://www.recyc-
quebec.gouv.qc.ca/upload/Publications/guide_sur_le_fonctionnement_et_loptimis.pdf (consulté le 15 juillet 2010).
LEBLANC, S. (2010) Communication personnelle, Conseillère spécialisée en gestion des matières dangereuses résiduelles, MDDEP.
LES AFFAIRES.COM (2008) Déchets dangereux en liberté [En ligne] http://www.gedden.com/uploadedfiles/DD%20MC%20Commerce_FR.pdf
(consulté le 1er février 2010).
LUND, H.F. (2001) The McGraw-Hill Recycling Handbook, 2nd ed., McGraw-Hill, New York, 976 p.
MAES, M. (1990) La maitrise des déchets industriels, Pierre Johanet & Fils-Éditeur S.A., Paris, 453 p.
MAGER STELLMAN, J. (2000) Encyclopédie de sécurité et de santé au travail, Vol. 3, Bureau international du travail, Genève.
MARKEWITZ, K. (2010) Communication personnelle, Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI).

MDDEP (2002) Production du rapport et bilan annuel – Exemples de codification et de classification des BPC selon le RMD et le RTMD [En
ligne]http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/dangereux/rapport/exemple-bpc.htm (consulté le 15 juillet 2010).
MDDEP (2002) Statistiques par région des MDR.
MDDELCC (2015) Lieux commerciaux d’enfouissement sécuritaire de sols contaminés conformes au Règlement sur l’enfouissement des sols
contaminés[En ligne] http://www.mddep.gouv.qc.ca/sol/lieux/lieux-enfouis.pdf(consulté le 10 mars 2016).

MDDELCC (2010) Titulaires de permis – Matières dangereuses résiduelles [En ligne]


http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/dangereux/titulaire-permis/index.asp (consulté le 1er mars 2016).
MDDELCC (2015a) Liste des centres régionaux de traitement de sols contaminés autorisés au Québec pour usage public [En ligne]
http://www.mddep.gouv.qc.ca/sol/lieux/centres.pdf (consulté le 15 juillet 2010).
MDDELCC (2015b) Politique québécoise de gestion des matières résiduelles et Plan d’action2010-2015, 32 p.

MDDELCC (2015c) Titulaires de permis – Matières dangereuses résiduelles [En ligne]


http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/dangereux/titulaire-permis/resultats.asp (consulté le 1er juin 2016).
MDDELCC (2015) Exemples de codification et de classification des MDR [En ligne]
http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/dangereux/rapport/exemple.htm (consulté le 15 mars 2016)
MDDELCC (2015) Dépôt de résidus domestiques dangereux dans les écocentres [En ligne]
http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/matieres/dangereux/fiches/depot-residus-ecocentre.pdf (consulté le 8 juillet 2016).
MDDELCC (2015) Info matières dangereuses résiduelles : Dépôt de résidus domestiques dangereux dans les écocentres [En ligne]
http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/dangereux/fiches/depot-residus-ecocentre.pdf (consultée le 1er juillet 2016).

169
MINISTÈRE DE LA JUSTICE CANADA (1999) Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999), L.C. 1999, ch. 33 [En ligne]
http://lois.justice.gc.ca/PDF/Loi/C/C-15.31.pdf (consulté le 1er février 2010)
NATIONAL FIRE PROTECTION ASSOCIATION (1996) Code des liquides inflammables et combustibles, NFPA-30-1996.
NEWALTA (2010) Compilation d’affichages publics de différents postes.
OLIVIER, M. (1995) Connaitre et contrôler les matières dangereuses, Montréal, Guérin, 317 p.
OLIVIER, M. (2009) Chimie de l’environnement, 6e éd., Lévis, Productions PJB, 368 p.
OLIVIER, M. (2010) Matières résiduelles et 3RV-E, 3e éd., Lévis, Productions PJB, 250 p.
OLIVIER, M. (2014) Communication personnelle, Cégep de Sorel-Tracy.
PELLETIER, L. (2014) Matières dangereuses : cinq étapes pour un entreposage sécuritaire, Prévention au travail, Vol 27, no 1, p.38-39.
PICARD, O. (2014) Communication personnelle, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements
climatiques (MDDELCC).
PICHTEL, J. (2005) Waste Management Practices, Municipal, Hazardous and Industrial, CRC Press, 657 p.
PINNA, J. (2010) Communication personnelle, Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2010) Loi sur la qualité de l'environnement, L.R.Q., c. Q-2 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/Q_2/Q2.ht (consulté le 15 mai 2010).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2010) Loi sur la santé et la sécurité du travail, L.R.Q., c. S-2.1 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/S_2_1/S2_1.html (consulté le 15 mai 2010).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2010) Règlement sur l'enfouissement et l'incinération de matières résiduelles, R.R.Q. c. Q-2, r. 6.02 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/Q_2/Q2R6_02.HTM (consulté le 15 mai 2010).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2010) Règlement sur les halocarbures, c. Q-2, r. 15.01 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/Q_2/Q2R15_01.HTM(consulté le 15 mai 2010).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2010) Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins, R.R.Q. c. A-3, r. 8.2 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/A_3/A3R8_2.htm (consulté le 15 mai 2010).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2010) Règlement sur l'information concernant les produits contrôlés, c. S-2.1, r. 10.1 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/S_2_1/S2_1R10_1.htm (consulté le 15 mai 2010).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2014) Règlement sur la santé et la sécurité du travail, L.R.Q., c. S-2.1-r-19.01 [En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=%2F%2FS_2_1%2FS2_1R19_01.htm (consulté le
20 juin 2014).
PUBLICATIONS DU QUÉBEC (2014) Règlement sur les matières dangereuses, c. Q-2, r. 15.2[En ligne]
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/Q_2/Q2R15_2.HTM (consulté le 20 juin 2014).
RECYC-QUÉBEC (2006) Fiche d’information D. Les huiles usagées, 8 p.
RECYC-QUÉBEC (2006) Fiche d’information M, Les résidus domestiques dangereux, 9 p.
RECYC-QUÉBEC (2009) Répertoire québécois des récupérateurs, recycleurs et valorisateurs [En ligne] http://www.recyc-
quebec.gouv.qc.ca/client/fr/repertoires/rep-recuperateurs.asp, (consulté le 15 mai 2010).
RÉSEAU ENVIRONNEMENT (2009) Répertoire 2007-2008 de l’environnement [En ligne] http://www.reseau-
environnement.com/repertoire_industrie (consulté le 25 mai 2010).

ROBERGE B., M. BARIL et C. BARIBEAU (2005) Rapport IRSST – Documentation des risques dans les centres de transfert des matières
dangereuses résiduelles[En ligne] http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-402.pdf (consulté le 15 mai 2010).
SANTÉ CANADA (2010) Avancement de la mise en œuvre du Système général harmonisé (SGH) [En ligne] http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-
asc//intactiv/ghs-sgh/com/index-fra.php (consulté le 1er juin 2010).
SARRADE, S. (2008) Quelles sont les ressources de la chimie verte?, EDP Sciences, 196 p.
SCIENCE CLARIFIED, Hazardous waste [En ligne] http://www.scienceclarified.com/Vi-Z/Waste-Management.html, (consulté le 5 septembre
2008).
SOGHU (2010) Parce que chaque goutte compte – Rapport annuel 2009, Société de gestion des huiles hors d’usage [En ligne]
http://www.soghu.com/uploads/2009%20Rapport%20annuel%20_4.pdf (consulté le 15 juillet 2010).
SPENCE, J. F. (2010) Communication personnelle, Association sectorielle transport entreposage (ASTE).
TRANSPORT CANADA (2009) Règlement sur le transport des marchandises dangereuses [En ligne] http://www.tc.gc.ca/fra/tmd/clair-tdesm-
211.htm (consulté le 15 juillet 2010).
TRUDEL, J. (2010) Communication personnelle, Centre de formation aux entreprises, Cégep de Sorel-Tracy.

170
TRUDEL, M. (2010) Communication personnelle, Association sectorielle transport entreposage (ASTE).
VERMETTE, J. F. (2010) Communication personnelle, Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI).
WILB, N. (2012) Sécurité – CHM 319, Notes de cours CHM 319 – Sécurité, Université de Sherbrooke.

171
ANNEXE 1 : CATÉGORIES ET SOUS-CATÉGORIES DE MATIÈRES DANGEREUSES SELON LE RMD

CODE CATÉGORIE

Huiles et graisses minérales ou synthétiques

A01 Huiles usagées dont la concentration en BPC est < 3 mg/kg

A02 Huiles usagées dont la concentration en BPC est > 3 mg/kg et < 50 mg/kg

A03 Eaux huileuses / émulsions

A04 Graisses usées

A05 Filtres à huile usagés

Solides et boues organiques

B01 Résidus de distillation, de raffinage ou de pyrolyse de composés organiques halogénés

B02 Résidus de distillation, de raffinage ou de pyrolyse de composés organiques non halogénés

B03 Boues de sédimentation ou de décantation d'hydrocarbures

B04 Résidus de produits pétroliers et d'hydrocarbures

B05 Solides ou boues organiques générés par le traitement des eaux de procédé ou des eaux usées

B06 Boue de décantation de l'industrie de la préservation du bois et produits hors d'usage

B07 Boues et résidus de préparation pharmaceutique et produits hors d'usage

B08 Boues et résidus solides de la production de pesticides et produits hors d'usage (> 200 kg ou 200 L)

Boues et résidus de la formulation et de l'utilisation d'encre, de peinture, de colorants, de laques et


B09
vernis

B10 Boues des opérations de cokéfaction

Boues et résidus de la formulation et de l'utilisation de résidus, latex plastifiants, colles, adhésifs et


B11
polymères

B12 Boues et résidus des opérations de décarburation et décalaminage

B13 Autres boues et solides organiques non spécifiés autrement (précisez)

B14 Filtres à peinture

Solvants organiques

C01 Solvants organiques halogénés (halogènes organiques totaux > 0,15%)

C02 Solvants organiques non halogénés (halogènes organiques totaux -0,15%)

C03 CFC utilisé comme solvant et nettoyeur

Solutions organiques

D01 Antigels, fluides de frein et hydraulique

D02 Autres solutions organiques (précisez)

D03 Carburant (précisez)

Solides et boues inorganiques

E01 Boues des opérations de traitement et revêtement de surface non spécifié autrement

E02 Catalyseurs usés

Boues et résidus contenant des métaux incluant le démontage des ordinateurs (circuit imprimés,
E03
composantes électroniques)

E04 Poussières métalliques

E05 Sels métalliques de trempage ou non

172
E06 Sels non métalliques de trempage ou non

E07 Anodes et cathodes usées

E08 Cendres

E09 Laitiers, écumes, écailles, gâteaux provenant de la production primaire des métaux

E10 Scories

E11 Sables de fonderie

E12 Filtres et matières filtrantes

E13 Solides, poussières ou boues générés par les systèmes d'épuration d'air

Solides ou boues inorganiques générés par les systèmes d'épuration des eaux de procédé ou des eaux
E14
usées

E15 Batteries au plomb

E16 Batteries et autres accumulateurs

E17 Boues et résidus de la production, la formulation et l'utilisation de pigments inorganiques

E18 Boues de fluorure de calcium

E19 Sable de décapage usé

E20 Gypse issu de procédés industriels

E21 Verres activés (tubes cathodiques et autres)

E22 Autres boues et solides inorganiques non spécifiés autrement (précisez)

E23 Résidus mercuriels

Solutions aqueuses inorganiques

F01 Solutions usées de traitement et de revêtement de surface non spécifiées autrement

F02 Solutions et saumures contenant des cyanures, des sulfures, des nitrures

F03 Autres solutions inorganiques et saumures aqueuses (précisez)

Matières dangereuses acides (pH < 2)

G01 Liquides ou boues acides organiques

G02 Liquides ou boues acides inorganiques

G03 Autres matières acides (précisez)

Matières dangereuses caustiques (pH > 12,5)

H01 Liquides ou boues alcalines inorganiques

H02 Liquides ou boues alcalines organiques

H03 Autres matières alcalines (précisez)

Matières et objets contenant des BPC ou contaminés par des BPC

J01 Liquides contenant des BPC à une concentration comprise entre 50 mg/kg et 10 000 mg/kg (1%)

J02 Liquides contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1%)

J03 Solides contenant des BPC à une concentration comprise entre 50 mg/kg et 10 000 mg/kg (1%)

J04 Solides contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1%)

J05 Substances contenant des BPC à une concentration comprise entre 50 mg/kg et 10 000 mg/kg (1%)

J06 Substances contenant des BPC à une concentration supérieure ou égale à 10 000 mg/kg (1%)

J07 Équipement contenant des BPC

J08 Équipement contaminé par des BPC

173
J09 Pièce métallique à nu contaminée par des BPC

Matières dangereuses provenant d'un laboratoire

K01 Laboratoire de recherche ou de développement industriel ou commercial

K02 Laboratoire d'un établissement d'enseignement

K03 Autres sources (précisez)

Matières dangereuses contaminées

L01 Équipements contaminés

L02 Contenants contaminés

L03 Autres matières contaminées

Autres matières dangereuses

M01 Préparations pharmaceutiques, médicaments et cosmétiques hors d'usage

M02 Boues et résidus de tanneries

M03 Matières explosives non spécifiées autrement

M04 Matières radioactives non spécifiées autrement

M05 Boues de récurage et de décontamination de réservoirs et contenants non spécifiées autrement

M06 Résines échangeuses d'ions hors d'usage

M07 Autres matières non spécifiées autrement (précisez)

Mélanges (catégories réservées aux titulaires de permis visés à l'article 70.9 de la Loi sur la qualité
de l'environnement)

N01 Mélange acide

N02 Mélange acide à réduire

N03 Mélange neutre

N04 Mélange alcalin

N05 Mélange alcalin/neutre à réduire

N06 Mélange à oxyder

N07 Mélange oxydant

N08 Combustible à faible valeur calorifique

N09 Combustible à faible valeur calorifique, halogéné

N10 Combustible à haute valeur calorifique

N11 Combustible à haute valeur calorifique, halogéné

N12 Mélange de solvants organiques

N13 Mélange de solutions organiques

N14 Mélange de boues et solides organiques

N15 Mélange de boues et solides inorganiques

N16 Mélange de solides organiques et inorganiques

Autres matières composant un mélange (catégories réservées aux titulaires de permis visés à
l'article 70.9 de la Loi sur la qualité de l'environnement)

O01 Sols contaminés

O02 Matières non dangereuses

174
NOTES COMPLÉMENTAIRES

175
ANNEXE 2 : CHIMIE VERTE – 12 PRINCIPES À L’INTENTION DES CHIMISTES

La chimie verte promeut un équilibre entre la société, l’environnement et la rentabilité. Elle décline 12 principes
qui devraient régir la chimie du futur durable. Les voici d’abord tels que formulés à l’intention des chimistes puis, à
la suite, comme reformulés à l’intention des ingénieurs qui doivent eux aussi les mettre en œuvre.
Adapté de SARRADE, S. (2008) Quelles sont les ressources de la chimie verte?, EDP Sciences, 196 p.

1. Prévenir et limiter la production des déchets


L’objectif est de concevoir des synthèses ou des transformations chimiques en évitant de générer, ou alors en
limitant, des matières résiduelles. Cela passe par le choix des matières premières, de leur utilisation et de leur
recyclage. Entre deux voies de production, il faut choisir celle qui ne laissera pas de matières secondaires à traiter et
à nettoyer. L’idée sous-jacente ici est la réduction à la source, donc prévenir la pollution en évitant de produire des
résidus ou en produisant moins de matières dangereuses résiduelles.

2. Concevoir des produits et des composés chimiques avec peu ou pas de toxicité
Il faut juger de l’efficacité et de la toxicité d'un produit fabriqué. Un produit en faible quantité, mais extrêmement
toxique entrainera des risques potentiels élevés. Des composés de moindre efficacité, mais beaucoup moins
toxiques sont préférés. Au titre de la biologie, cela passe par le développement de produits plus sélectifs et non
toxiques. Cela implique des progrès dans le domaine de la formulation, de la diffusion des principes actifs en
pharmacie et dans la maitrise des études toxicologiques, de la cellule jusqu’à l’être humain. Il faut être certain qu’un
produit est toxique ou ne l’est pas. Nous savons depuis la thalidomide que cette certitude est loin d’être immédiate.

3. Faire des réactions chimiques avec des produits et réactifs de toxicité faible ou nulle
Parmi les différents chemins réactionnels qui conduisent à un produit, il faut privilégier celui qui ne passe pas par la
production de sous-produits dangereux ou toxiques. C’est éviter de développer un risque de type Seveso, ainsi
nommé, car la catastrophe de Seveso en 1976 résulte de l’émission dans l’environnement d’un intermédiaire
réactionnel, la dioxine.
L’idéal est de substituer un équivalent inerte à une matière première dangereuse. L’exemple le plus parlant est celui
de la fabrication de produits de type isocyanate ou uréthane en faisant réagir directement du CO2 avec des amines.
Il a fallu attendre presque l’an 2000 pour généraliser la substitution du phosgène par le CO 2 dans ces procédés
industriels. Pourtant le phosgène de formule COCl2 est un gaz toxique suffocant utilisé comme arme chimique durant
la Première Guerre mondiale. Presque au même moment, la synthèse de polymères de type polycarbonates a pu se
passer du phosgène et du solvant dichlorométhane CH 2Cl2 en développant la réaction directe avec le bisphénol A et
le diphényle carbonate. C’est la fin de l’utilisation d’un solvant cancérogène, mutagène et reprotoxique.
4. Préférer les matières premières renouvelables ou de seconde vie plutôt que les fossiles
Que l’utilisation de matières premières renouvelables soit préférable est devenu une évidence. Ces produits
renouvelables sont souvent d’origine agricole, ou il s’agit de matières secondaires issues d’autres procédés
industriels. Bien réfléchir à la source des matières premières peut permettre d’en limiter l’usage, mais aussi de les
recycler pour alléger l’empreinte environnementale sur les écosystèmes. Ainsi le recyclage des matières plastiques
soulage la demande en produit pétrolier pour leur synthèse. Dans un centre de tri, les contenants récupérés par les
citoyens sont séparés par type de plastique. Les bouteilles d’eau ou de boissons gazeuses en plastique polyéthylène
téréphtalate (PET) sont séparées des autres. Mises en ballots, elles rejoignent un recycleur qui les broie et les
mélange à la matière plastique vierge. Elles deviennent de nouveaux objets : vêtements en fibre polaire Polar,
rembourrage d'anoraks, d'oreillers ou de couettes, moquettes, panneaux d'isolation acoustique, gaines de passage
de câbles, tuyaux.
D’autre part, limiter l'utilisation d’énergie fossile est préférable. Les procédés thermiques de séparation en milieu
industriel, tels que la distillation ou l’évaporation, peuvent être en partie remplacés par des procédés physiques, tels

176
que les membranes de séparation, les centrifugeuses qui utilisent de l’électricité, essentiellement d'origine
hydraulique. Les sources d’énergie qui utilisent l’hydrogène provenant de la biomasse sont intéressantes par la
capacité de réagir avec l’oxygène pour produire de l’eau. La pile à combustible serait une application intéressante
de cette réaction.

5. Utiliser au maximum les catalyseurs dans les réactions chimiques afin de minimiser les quantités de
réactifs utilisés et de matières résiduelles produites
Les catalyseurs sont des facilitateurs qui rendent une réaction possible en accélérant sa cinétique chimique. Durant
leur vie active, ils servent en boucle un grand nombre de fois, sont réemployés sans cesse dans la réaction. C’est ce
qui se passe dans le convertisseur catalytique qui abaisse la pollution automobile. Lorsque la souillure ou la
contamination en diminue l’efficacité, ils peuvent être récupérés, régénérés et recyclés.
L’utilisation des catalyseurs est à privilégier, car elle minimise la quantité de réactifs à mettre en présence. Sans eux,
les réactions d’équilibre requièrent des réactifs en large excès pour être sûr que la réaction se produise efficacement.
L’utilisation d’hydrogène et de catalyseurs pour de nouveaux chemins de synthèse de matériaux comportant des
carbones asymétriques est une branche en développement de la chimie organique. Les catalyseurs chimiques,
enzymatiques ou microbiologiques sont partout dans la nature.

6. Minimiser l'utilisation de composés réactionnels intermédiaires


Certaines réactions nécessitent des réactifs temporaires, des agents bloquants intermédiaires. Pour certaines
synthèses, il est nécessaire de protéger des groupements chimiques en les bloquant avec un composé qui va réagir
temporairement. Les composés temporaires utilisés sont parfois toxiques, augmentent les étapes, agissent sur les
rendements et génèrent davantage de déchets. Les voies de synthèse de ce type sont donc à éviter.
Ainsi la fabrication des peptides par ajouts séquencés d’acides aminés requiert le blocage temporairement des
autres groupements acides aminés pour éviter qu'ils ne réagissent entre eux. En fin de réaction, la molécule finale
est libérée de son agent protecteur, qui devient un déchet.

7. Favoriser le meilleur rendement réactionnel possible : utiliser au maximum les matières premières pour
minimiser les matières résiduelles produites
L’économie d’atomes est une autre façon de diminuer l’empreinte environnementale. Les synthèses chimiques ne
doivent plus être exprimées seulement en rendement cinétique de la réaction. Elles doivent aussi permettre de
confronter la somme des intrants directs et indirects avec les extrants utiles. C’est le rendement atomique. Le
composé final doit contenir un maximum d’atomes constitutifs de la matière première pour qu’un minimum
d’atomes soit perdu.
En pratique, une économie d'atomes et d’étapes permet de réaliser à moindre cout un produit chimique présentant
des fonctions d’usage, tout en limitant les problèmes de purification, de séparation, de génération de matières
résiduelles.

8. Utiliser des solvants plus surs et moins toxiques : remplacement des solvants organiques...
Repenser l’usage des solvants est un axe majeur pour diminuer la production de matières dangereuses résiduelles.
Ces solvants sont des milieux qui permettent les réactions ou qui permettent la séparation des composés par
coagulation ou par complexation. S’ils sont indispensables, il faut en diminuer l’usage et les remplacer par des
solvants plus surs.
Ainsi une réaction qui se déroule dans un solvant organique comme le benzène, doit être conduite dans un autre
solvant moins toxique. Des guides sont disponibles pour nous orienter pour substituer des solvants toxiques par
d'autres, moins pénibles. Mais cela ne s’arrête pas là. Dans bien des cas, les solvants traditionnels peuvent être
complètement remplacés par des technologies extractives comme celles des fluides supercritiques (FSC). La
commercialisation des équipements utilisant le CO 2 supercritique permet de nouveaux développements.

177
9. Rechercher l’efficacité énergétique de la réaction : travailler à température et à pression ambiantes
quand cela est possible
Travailler en température et sous pression peut améliorer les cinétiques de réaction. Toutefois, d’un point de vue
des bilans énergétiques, le fait de travailler aux conditions atmosphériques reste la solution la plus acceptable en
termes de rendement énergétique. Donc, lorsque cela est possible, il est profitable de travailler aux plus faibles
températures possibles, proches de la température ambiante, et à la pression atmosphérique. Travailler en pression
ou bien sous vide ajoute aux couts d'investissement des installations. Chauffer ou refroidir entraine une facture
énergétique élevée.

10. Concevoir des produits chimiques qui se décomposeront en composés inertes et qui ne s’accumuleront
pas dans l'environnement
Concevoir une molécule, c’est aussi imaginer ce qu’elle va devenir en fin de vie, une fois qu’elle rejoindra les matières
résiduelles. Une molécule en fin de vie ou qui sera mise en décharge va finir par se décomposer ou par s’enfuir dans
l’environnement. Au moment de sa conception, il est donc nécessaire d’étudier en quels fragments la molécule va
se décomposer, si ces fragments sont toxiques dans l’environnement ou s’ils risquent de s’y accumuler de manière
persistante. C’est ce qui s’est produit avec une dizaine de pesticides, les BPC, et quelques autres molécules qui font
maintenant partie des produits organiques persistants (POP) dont nous avons perdu le contrôle.
Parfois, c’est l’usage immodéré de matériaux, en eux-mêmes utiles, qui devient un vecteur de dégradation sévère
de l’environnement. C’est le cas des nitrates et des phosphates provenant des engrais et des eaux usées qui
s’écoulent vers les milieux aquatiques.

11. Analyser en continu toutes les réactions de transformation pour détecter immédiatement la production
de sous-produits afin de les minimiser, voire les éliminer
L’évolution des techniques d’analyse améliore la précision et permet de détecter de faibles quantités de sous-
produits indésirables à l’état de traces. Certaines techniques conviennent pour les molécules organiques alors que
d’autres ciblent les métaux.
Les méthodes ultrasensibles de détection permettent d’analyser ces faibles quantités à répétition en très peu de
temps. Pendant une réaction de synthèse ou de transformation, il est maintenant possible de suivre en temps réel
l’apparition de sous-produits potentiellement toxiques. Cette mesure informe l’opérateur, qui peut stopper la
réaction si cela est nécessaire et empêcher ainsi l’accumulation de produits toxiques.

12. Concevoir des produits chimiques dans des formes appropriées (liquide, solide ou gazeuse...) afin de
limiter les risques d’accident : explosions, incendies, dissémination dans l’environnement...
Les catastrophes environnementales des dernières décennies nous enseignent qu’il y a une façon simple de réduire
les impacts sévères associés aux matières dangereuses résiduelles ou de sources ponctuelles. C’est de restreindre la
mobilité de la substance qui se répand dans l’environnement, de ne pas permettre sa propagation. Un composé
liquide ou solide, c’est encore mieux, se disséminer beaucoup moins dans l’atmosphère que s’il est sous forme
gazeuse.
Lorsque le choix est possible, la forme solide des produits chimiques doit être privilégiée pour qu’en cas d’accident
ils soient moins mobiles. C’est aussi vrai pour la matière dangereuse résiduelle qui serait produite en bout de
procédé. Les formes liquides sont parfois incontournables, mais elles produisent des contaminations faciles des sols
et les nappes souterraines lorsqu’elles ne sont pas correctement stockées.

En conclusion, la chimie verte, c’est finalement du bon sens. Ces principes nous indiquent qu’il faut anticiper,
économiser et contrôler en permanence ce que nous faisons. Cela parait évident, mais c’est la somme de toutes les
connaissances séculaires accumulées dans le monde de la chimie qui nous rend capables d’avoir ces réflexes. Ce qui
est important, c’est l’intégration de la vie entière du produit chimique, à partir de son cout de fabrication jusqu’à

178
son devenir lorsqu’il sera un déchet. À ce stade, vous vous posez surement la question : puisque c’est tellement
évident, pourquoi ne pas l’avoir fait avant? Une première réponse est «qu’avant», l’environnement ne coutait rien.
Un déchet n’ayant pas de valeur, nous nous posions moins de questions quant à sa toxicité et à son devenir ; seule
la rentabilité du produit formé pilotait le procédé. Aujourd'hui, les matières premières toxiques, l’énergie et les
déchets ont un cout en termes de manipulation, de reprise... et aussi en termes d’image – rappelez-vous la
mésaventure de Perrier et du benzène. Ainsi, la rentabilité ne concerne plus uniquement le procédé, mais son cycle
entier de fabrication, de la matière première au déchet ultime. Dans ce cadre-là, bien réfléchir en amont conduit à
des économies substantielles dans toutes les étapes successives, et le bon sens est de retour. En d’autres termes,
aujourd’hui nous n’intégrons pas uniquement la valeur économique d’un produit, mais aussi son empreinte
environnementale, ainsi que son aspect sociétal. Nous retrouvons ici les trois piliers du développement et de la
chimie durables.

179
ANNEXE 3 : CHIMIE VERTE – 12 PRINCIPES À L’INTENTION DES INGÉNIEURS

Le génie des procédés est intimement lié à la chimie verte. En 2003, Paul Anastas et Julie Zimmerman ont publié un
article dans le magazine Environemental Science & Technology. Cet article, intitulé « Design through the Twelve
Principles of Green Engineering » (Conception à partir des 12 principes de l’ingénierie verte) décrit précisément ce
que doit être la mise en œuvre des procédés chimiques dans une optique « ingénierie verte ».
Tiré de SARRADE, S. (2008) Quelles sont les ressources de la chimie verte?, EDP Sciences, 196 p

1. Mieux vaut agir que subir


Les concepteurs doivent s’assurer activement que tous les produits entrant et sortant du procédé, ainsi que les
énergies mises en œuvre, présentent une toxicité et un danger aussi faibles que possible.

2. Mieux vaut prévenir que guérir


À l’évidence, il est préférable de limiter au départ les quantités de matières résiduelles produites plutôt que de les
traiter, de les nettoyer, une fois qu’elles seront formées.

3. Concevoir pour une séparation facilitée


Les opérations de séparation et de purification des produits formés sont souvent très délicates. Elles doivent être
optimisées, en limitant la quantité de matériaux et d’énergie mis en œuvre. Des économies d’énergie et des gains
de matières premières sont à attendre.

4. Porter l’efficacité à son maximum


Les produits, les procédés et les systèmes doivent être conçus avec un souci permanent d’efficacité en masse et en
énergie consommée, mais aussi en espace occupé et en temps de traitement. Un procédé qui manipule de faibles
quantités dans un espace, une usine de taille réduite, pendant un temps court, est forcément économe en termes
d’énergie, d’investissement des équipements, de productivité.

5. La quantité à produire pilote la production et non la matière première et l’énergie disponibles.


Les produits, les procédés et les systèmes doivent être conçus et pilotés en fonction uniquement de la quantité finale
à produire. Cela permet de limiter au plus juste les quantités de matière première et d’énergie à utiliser.

6. La complexité amène la richesse


Conserver la complexité d’un système et limiter son niveau de désordre est un investissement pour augmenter les
possibilités de recyclage et de réutilisation futures. La thermodynamique nous apprend que l’entropie est une
grandeur qui caractérise l’irréversibilité des processus physiques. L’ordre, c’est-à-dire la complexité, tend
inexorablement vers le désordre, soit une augmentation de l’entropie, et dans ce cas à la perte de toute richesse.
Maintenir un système en ordre, en lui apportant en continu de l’énergie par exemple, est un moyen de limiter le
désordre, ce qui est une richesse, car cela permet de maintenir de la complexité.
Par exemple, si à partir d'un hydrocarbure un procédé chimique produit en final du CO 2, cela correspond au désordre
maximal des molécules initiales, si bien qu’il n'existe pas de moyen économique de valoriser cette molécule. En
revanche, lorsque cela est possible, il est plus utile de limiter le désordre (l’augmentation d’entropie) produit par la
réaction chimique en générant par exemple comme déchet final de l’éthanol (C 2H6O) ou bien de l’éthane (C2H6). Ces
molécules sont encore suffisamment complexes et donc valorisables économiquement. Piloter l’entropie, c’est
piloter l’irréversibilité des transformations.

180
7. La durabilité plutôt que l’immortalité
La conception doit avoir pour objectif de fournir des produits et procédés inscrits dans la philosophie du
développement durable et non dans l’optique de créer une empreinte persistante, voire immortelle, dans
l’environnement.

8. Répondre aux besoins et minimiser les excès


La production devrait répondre directement aux besoins, ce qui est actuellement antinomique avec une économie
de production de masse, où interviennent d’abord la production et ensuite la recherche de marché pour vendre ces
produits. Cela permettrait d’éviter de produire en excès ou sans qu’il y ait une demande. Pour la production, des
réponses génériques sont souvent préférables à des réponses très spécialisées qui vont saturer un marché et créer
des stocks inutilisables. L’économie est ici aussi mise à mal puisque sur des produits génériques les marges dégagées
seront plus faibles qu’avec des produits spécialisés. La solution est dans le compromis, avec des actions incitatives
nationales ou internationales pour favoriser ces produits génériques.

9. Limiter la diversité des matériaux constitutifs


La diversité des matériaux présents dans les produits multimatières est une limitation en termes de couts et de sous-
produits potentiellement générés. Il est préférable, lorsque cela est possible, de promouvoir des produits simples et
répondant directement à une fonction.

10. Intégrer les flux de matières et d’énergie dans leur environnement


La conception des produits, des procédés et des systèmes passe par une intégration des matériaux et des énergies
disponibles dans l’environnement du site de production. Cela ouvre la voie au recyclage et positionne les procédés,
et non seulement les produits, dans leur environnement local.

11. Concevoir en imaginant le devenir du produit après son usage commercial


Tous les produits manufacturés deviennent des déchets. La conception des produits, des procédés et des systèmes
doit donc inclure le devenir du déchet produit. Imaginer dès le départ des formes, des compositions, des dimensions
facilement réutilisables permet de faciliter le recyclage des déchets.

12. Renouveler plutôt que réduire


Les matières premières et l’énergie qui entrent dans un procédé doivent être renouvelables plutôt que réduites.
Par exemple, les énergies renouvelables avec un faible rendement énergétique (comme les éoliennes par exemple)
sont plus intéressantes en termes d’impact sur l'environnement que des énergies fossiles, même réduites dans
leur utilisation, mais qui vont conduire à générer un gaz à effet de serre. De même, prendre peu de matière
première pour fabriquer un déchet irréversible est beaucoup moins intéressant que prendre une plus grande
quantité d’une matière première qui sera entièrement recyclée une fois transformée.

181
ANNEXE 4 : GRILLE DES INCOMPATIBILITÉS D’ENTREPOSAGE
Adapté CNPI 2010

2.1

2.2   Produits pouvant être entreposés ensemble.

2.3 ×  × Produits incompatibles. Ne pas les entreposer dans le même


compartiment résistant au feu.

2.4 ×  1m  Consulter la fiche de données de sécurité (FDS)

3   × × 1m Produits incompatibles. Distance minimale de 1 mètre.

4.1   1m 1m  R Conserver les matières radioactives dans un entrepôt spécifique.

4.2 1m  1m 1m 1m 1m  Séparer les acides et les bases. Distance minimale de 1 mètre.

4.3       
5.1 ×  1m 1m × × × ×
5.2 ×  × × × × × × 
6.1 ×        1m ×
6.2 ×        1m × 
7 S.O.
R R R R R R R R R R R R
8 ×  1m 1m 1m 1m 1m × × × 1m 1m R 
9 1m    1m 1m   1m  1m 1m R 1m

Classe
TMD SIMDUT-2015 S.O.
MD

TMD
? Classe MD 2.1 2.2 2.3 2.4 3 4.1 4.2 4.3 5.1 5.2 6.1 6.2 7 8 9

182
NOTES COMPLÉMENTAIRES

183
ANNEXE 5 : EXERCICES SUR LA CLASSIFICATION DES MATIÈRES DANGEREUSES RÉSIDUELLES

LES QUESTIONS

Les questions de A jusqu’à P vous offrent des matières dangereuses résiduelles pour lesquelles vous devrez appliquer
une classification juste. Identifiez pour chacune d’elles :

 la catégorie;
 la sous-catégorie;
 la/les propriétés dangereuses SIMDUT 2015;
 le port des EPI;
 l’étiquette et/ou plaque TMD;
 l’appellation règlementaire pour le transport.

A. Graisses usées
B. Mélange MDR (acétone\MEK) usé
C. Huiles usées contenant 80 % d’eau
D. Boues de cokéfaction de l’industrie de l’aluminium
E. Mélange de résidus de peinture et d’encre d’une imprimerie
F. Mélange de solvants (chlorure de méthylène 70 %/ perchloroéthylène 30 %)
G. Mélange d’antigels usés provenant des camions
H. Huiles de freins usagées
I. Scories provenant d’une fonderie de titane
J. Mélange essence/térébenthine usé
K. Solutions usées de traitement de surface au chrome
L. Boues acides usées (acide sulfurique) de neutralisation de traitement des eaux usées industrielles
M. Boues alcalines (hydroxyde de potassium) usées de neutralisation de traitement des eaux usées
industrielles
N. Boudins ayant servi à la récupération d’huiles contenant 35 ppm de BPC
O. Barils labpack contenant des MDR provenant d’en centre de recherche en télécommunication
P. Résines ioniques usées provenant d’un traitement d’eau industriel

LES FORMATIFS

Pour vous faciliter la chose, les deux premières sont présentées sous forme de formatifs solutionnés pas-à-pas. Vous y
constaterez que l’identification juste des descriptifs reliés aux matières dangereuses résiduelles requiert l’utilisation
simultanée de plusieurs sources d’information. Procédez d’abord au repérage des documents apportant l’information
de santé-sécurité et au repérage des documents apportant l’information pour le transport, dans l’ordre qui vous
convient. Souvent, le nom de la matière à classer nous incite à débuter plutôt par l’un que par l’autre.

Rappelons que l’information sur la santé-sécurité relève du SIMDUT 2015. Elle est accessible sur les fiches de santé-
sécurité, mais celles-ci exigent un nom de matière ou un numéro du Chemical Abstract Service (CAS) comme porte
d’entrée de toute recherche. Le dépôt de fiches de données sécurité (FDS) du Répertoire toxicologique de la CNESST est
une porte d’entrée générale, alors que les FDS des différents manufacturiers le complète. L’appellation de la catégorie
et de la sous-catégorie relève du Règlement sur les matières dangereuses et de ses annexes. Vous pouvez référer au
règlement lui-même ou aux extraits présentés dans le manuel « Matières dangereuses résiduelles au Québec » pour
retrouver cette information. L’information sur le transport relève du Règlement sur le transport des marchandises
dangereuses et ses annexes. Vous pouvez référer au manuel « Le transport des marchandises dangereuses par camion »
pour une présentation simplifiée, mais vous constaterez que la plupart des FDS portent déjà les informations requises
pour la classification du transport.

184
Figure 1 – Processus décisionnel pour la santé-sécurité – Toute catégorie de matières dangereuses résiduelles

Référez à la fiche
OUI
Le produit est-il dilué par un produit signalétique et
Le produit est-il spécifié par nom ? NON
non dangereux ? portez les ÉPI
prescrits

NON OUI

1. Déterminez les classes de risque selon


les règles de l’art ou par l’analyse d’un La matière dangereuse est-elle
Perte de la mention
laboratoire accrédité présente >1% dans le mélange ou NON
dangereuse
2.Déterminez les ÉPI appropriés pour ces >0,1% si cancérogène ?
classes de risque

OUI

Portez les ÉPI déterminés

Figure 2 – Processus décisionnel pour le transport – Toute catégorie de matières dangereuses résiduelles

Utilisez l’appellation
Le produit est-il dilué par un produit
Le produit est-il spécifié par nom ? OUI NON spécifique et la
non dangereux ? description

OUI
NON

1. Déterminez la ou les classes et le


groupe d’emballage du produit. Suite à sa dilution, le produit a-t-il
Ajoutez « solution »
2. Déterminez le danger primaire s’il y a changé de classe ou de groupe NON
ou « mélange »
lieu. d’emballage ?

OUI

Choisissez l’appellation
générique la plus appropriée

Adapté de CCI 2002

185
SOLUTIONNAIRE DE FORMATIF
A. Graisses usées

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Graisses usées

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Il n’y a pas de FDS pour une ou des graisses lubrifiantes au répertoire toxicologique de la CNESST. Nous pouvons en
déduire que c’est un produit non contrôlé, car il n’y a pas de propriété dangereuse spécifique pour une graisse.
L’équipement de protection individuel (ÉPI) se limite donc aux équipements prescrits par l’employeur pour contrer la
souillure et protéger la peau et les yeux sur un lieu industriel : Survêtement, lunettes, gants.
Par contre, le RMD comprend une catégorie générique sur les huiles et graisses, car celles-ci ne peuvent pas être rejetées
dans l’environnement sans créer des problèmes environnementaux, dont la perturbation des écosystèmes qui en
seraient recouverts et des êtres vivants qui seraient englués. Le nom de la MDR Graisses usées convient bien. La
catégorie Huiles et graisses minérales ou synthétiques et la sous-catégorie A04- graisses usées sont les meilleurs
descriptifs.
Enfin, pour le transport sur route, l’absence de propriété dangereuse justifie l’inscription à faire sur le bordereau
d’expédition Non applicable (0.0-P) Graisses usées et que aucune plaque n’est à apposer sur chacun des côtés du
camion qui en transporte plus de 500 kg.
Les réponses complètes dans la grille A sont donc :

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Graisse usées

Catégorie Huiles et graisses minérales ou synthétiques

Sous-catégorie A04- graisses usées

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015 Non contrôlé

Port des ÉPI Survêtement, lunettes, gants

Étiquette et/ou plaque Aucune

Appellation règlementaire TMD Non applicable (0.0-P) Graisses usées

186
SOLUTIONNAIRE DE FORMATIF
B. Mélange MDR (acétone\MEK) usé

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Mélange acétone/MEK usé

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Ici, nous sommes en présence d’acétone et de MEK (methyl ethyl ketone). Il suffit de vérifier la FDS de chacun des deux
produits pour en connaitre les propriétés dangereuses. Rappelons que s’il y a mélange de deux matières dangereuses,
il y a cumul des propriétés provenant des matières pures lorsque ≥ 1 % et, si cancérogène, lorsque ≥ 0,1 %.
L’acétone CAS 67-64-1 est classé Liquide inflammable (point d'éclair = -20 °C coupelle fermée) et Matière toxique
(irritation des yeux), avec divulgation à 1,0 % selon la liste de divulgation des ingrédients. Le MEK CAS 78-93-3 est classé
Liquide inflammable (point d'éclair = -8,9 °C coupelle fermée) et Matière toxique ayant (irritation des yeux et toxicité
pour certains organes cibles), avec divulgation à 1,0 % selon la liste de divulgation des ingrédients.
Donc pour ce mélange MDR acétone\MEK usé, la classification SIMDUT 2015 est un doublon de Liquide inflammable,
Irritant/toxicité. Les ÉPI appropriés sont : Masque respiratoire, survêtement, lunettes, gants. Le RMD est
correctement décrit par le nom de la MDR Mélange acétone/MEK usé convient bien. La catégorie Solvants organiques
et la sous-catégorie C02- Solvants organiques non halogénés (halogènes organiques totaux ≤ 0,15 %) est le choix
logique.
Déjà les FDS nous donnaient l’information pour le transport : acétone UN1090, Classe 3, Liquides inflammables
(Groupe d'emballage II), ainsi que MEK UN1193, Classe 3, Liquides inflammables (Groupe d'emballage II). Puisqu’il
s’agit d’un mélange, il faut utiliser l’expression générique LIQUIDE INFLAMMABLE, N.S.A. (C02-L; mélange
acétone/MEK usé), classe 3, UN 1993, GE I, II OU III SELON LA MD. Il est même possible de préciser ici que le GE II est
requis.

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Mélange acétone/MEK usé

Catégorie Solvants organiques

Sous-catégorie C02- Solvants organiques non halogénés (halogènes organiques totaux ≤ 0,15 %)

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015 B2-Liquide inflammable, D2B-Irritant

Port des ÉPI Masque respiratoire, survêtement, lunettes, gants

Étiquette et/ou plaque 3

Appellation règlementaire TMD UN 1993, LIQUIDE INFLAMMABLE, N.S.A. (C02-L; mélange acétone/MEK usé), classe 3, GE II

187
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
C. Huiles usées contenant 80 % d’eau
ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Huiles usées contenant 80 % d’eau

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

188
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
D. Boues de cokéfaction dans l’industrie de l’aluminium
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

MDR Boues de cokéfaction dans l’industrie de l’aluminium

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

189
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
E. Mélange de résidus de peinture et d’encre d’une imprimerie
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

MDR Mélange de résidus de peinture et d’encre d’une imprimerie

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

190
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
F. Mélange de solvants (chlorure de méthylène 70 %/ perchloroéthylène 30 %)

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Mélange de solvants (chlorure de méthylène 70 %/ perchloroéthylène 30 %)

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

191
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
G. Antigels usées provenant des camions

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Antigels usées provenant des camions

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

192
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
H. Huiles de freins usagées
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

MDR Huiles de freins usagées

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

193
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
I. Scories provenant d’une usine de fonderie

ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

MDR Scories provenant d’une usine de fonderie

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

194
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
J. Mélange essence/térébenthine usé

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Mélange essence/térébenthine usé

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

195
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
K. Solutions usées de traitement de surface au chrome

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Solutions usées de traitement de surface au chrome

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

196
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
L. Boues acides usées (acide sulfurique) de neutralisation de traitement d’eaux usées industrielles
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

Boues acides usées (acide sulfurique) de neutralisation de traitement d’eaux usées


MDR
industrielles

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

197
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
M. Boues alcalines (hydroxyde de potassium) usées de neutralisation de traitement d’eaux usées industrielles
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

Boues alcalines (hydroxyde de potassium) usées de neutralisation de traitement d’eaux usées


MDR
industrielles

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

198
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
N. Boudins ayant servi à la récupération d’huiles contenant des BPC

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

MDR Boudins ayant servi à la récupération d’huiles contenant des BPC

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

199
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
O. Barils labpack contenant des MDR provenant d’un centre de recherche en télécommunication

ÉLÉMENT DU PROCESSUS D’IDENTIFICATION RÉPONSES

Barils labpack contenant des MDR provenant d’en centre de recherche en


MDR
télécommunication

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

200
GRILLE POUR VOS RÉPONSES À L’EXERCICE
P. Résines ioniques usées provenant d’un traitement d’eau industrielle
ÉLÉMENT DU PROCESSUS
RÉPONSES
D’IDENTIFICATION

MDR Résines ioniques usées provenant d’un traitement d’eau industrielle

Catégorie

Sous-catégorie

Propriétés dangereuses SIMDUT 2015

Port des ÉPI

Étiquette et/ou plaque

Appellation règlementaire TMD

Notes de travail

201
ANNEXE 6 : MODÈLE D’ENTREPOSAGE EN CINQ ÉTAPES

Cette section du document présente un cheminement ainsi que les outils nécessaires pour l'entreposage sécuritaire de
matières dangereuses. Il détaille cinq étapes pour lesquelles des outils sont fournis dans les pages suivantes.

 Étape 1 : Assignation d'une aire d'entreposage à chaque produit.


 Étape 2 : Regroupement des produits dans les aires d'entreposage du modèle.
 Étape 3 : Établissement des incompatibilités et des particularités de chaque produit.
 Étape 4 : Séparation ou déplacement de certains produits.
 Étape 5 : Choix des conditions d'entreposage.

Étape 1 : Assignation d'une aire d'entreposage à chaque produit


Dresser la liste des matières dangereuses à entreposer et leur classification SIMDUT 2015 (grille 1);
D'après la classification SIMDUT 2015 et la fiche de données sécurité de chaque produit, identifier la catégorie
de matières dangereuses (voir tableau 20.10);
À partir de l'arbre décisionnel (figure 20.2), assigner une aire d'entreposage à chaque produit.

Outils nécessaires :
 Grille 1;
 Figure 20.2;
 Classification (tableau 20.10);
 Fiches de données sécurité.

Étape 2 : Regroupement des produits dans les aires d'entreposage du modèle


Regrouper les produits par aire d'entreposage dans le modèle (figure 20.1);
Remplir la grille 2, colonnes I et II pour chaque aire d'entreposage retenue.

Outils nécessaires :
 Grille 2;
 Figure 20.1.

Étape 3 : Établissement des incompatibilités et des particularités de chaque produit


Établir les incompatibilités de chaque produit d'après leur fiche de données sécurité (si indisponible, voir le
tableau 20.4);
Remplir la section III de la grille 2;
Établir les particularités de chaque produit (instabilité, réactivité) d'après leur fiche de données sécurité;
Remplir la colonne IV de la grille 2.

Outils nécessaires :
 Grille 2;
 Fiche de données sécurité de tous les produits (si indisponible, voir le tableau 20.4).

Étape 4 : Séparation ou déplacement de certains produits


À l'intérieur de chaque aire d'entreposage, vérifier que tous les produits présents sont compatibles (grille 2,
colonne III);
Vérifier les particularités des produits (réactivité, instabilité) (grille 2, colonne IV);
En tenant compte des incompatibilités (colonne III) et des particularités (colonne IV) des produits, déplacer ou
séparer les produits (ségrégation de niveau 3) ou encore prévoir des conditions d'entreposage spéciales (ex. :
réfrigération);

202
Adapter le modèle à la situation réelle de l'entreprise en y effectuant certaines modifications. Il faut tenir
compte de :
La disponibilité des moyens et de l'espace;
Les quantités des différentes matières dangereuses;
La faisabilité (possibilité d'ajouter, de scinder ou d'éliminer certaines aires ou zones d'entreposage du
modèle);
Remplir la colonne V de la grille 2 : y inscrire tout déplacement recommandé.

Outils nécessaires :
 Grille 2;
 Figure annexe 6.1.

Étape 5 : Choix des conditions d'entreposage


Établir les conditions d'entreposage pour chaque aire d'entreposage obtenue.

Outils nécessaires :
 Annexe III du TMD;
 Tableau 20.16 (Niveau de ségrégation et conditions d’entreposage);
 Colonne IV de la grille 2 (informations obtenues des fiches signalétiques).

Tableau annexe 6.1 – Grille 1 pour l’assignation d'une aire d'entreposage à chaque produit

ÉTAPE 1

NOM DU PRODUIT OU INGRÉDIENTS ACTIFS DU CLASSIFICATION SIMDUT


AIRE D’ENTREPOSAGE RECOMMANDÉE
MÉLANGE 20152

2 Le cas échéant, spécifier la catégorie de matières dangereuses selon le tableau 20.10

203
Figure annexe 6.1 – Ségrégation de matières dangereuses

204
Tableau annexe 6.2 – Grille 2 pour classer chaque produit dans l’aire d’entreposage selon la séparation requise

Zone d’entreposage :_______________________ Aire d’entreposage :_______________________

ÉTAPE 2 ÉTAPE 3 ÉTAPE 4

I. NOM DU PRODUIT OU II. III. INCOMPATIBILITÉS IV. PARTICULARITÉS V. DÉPLACEMENT REQUIS


INGRÉDIENTS ACTIFS DU CLASSIFICATION SELON LA FICHE DE (RÉACTIVITÉ, INSTABILITÉ)
MÉLANGE SIMDUT 20153 DONNÉES SÉCURITÉ D’ENTREPOSAGE
SPÉCIALES À PRESCRIRE

3 Le cas échéant, spécifier la catégorie de matières dangereuses

205
EXERCICES SUR L’ENTREPOSAGE

Ces mises en situation pratiques permettent de mieux assimiler le concept des grilles précédentes. Trois exercices sont
proposés ci-dessous.
Exercice 1
À partir de la classification SIMDUT des produits suivants (voir le répertoire toxicologique de la CNESST), attribuer une
aire d’entreposage à l’aide de l’arbre décisionnel de la figure 20.2.

NOM DU PRODUIT CLASSIFICATION SIMDUT 2015 AIRE D’ENTREPOSAGE

Phosphore jaune

Cyanure de sodium

Peroxyde de benzoyle

Alcool isopropylique

Acétylène

Exercice 2
À l’aide des fiches de données sécurité des produits de l’exercice 1, tirer les incompatibilités et les particularités
(instabilité, réactivité) de ces produits. Utiliser la grille 2 pour compiler l’information.
Les produits sont-ils compatibles?
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________
Les produits ont-ils des particularités dont on doit tenir compte lors de leur entreposage?
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________
Exercice 3
Appliquer le modèle d’entreposage aux cinq produits précédents. Inscrire chaque produit dans une aire d’entreposage
de modèle (figure annexe 6.1). Selon leurs incompatibilités, particularités, quantités, discuter de la possibilité
d’entreposer certains produits ensemble, ou de les séparer ou de prévoir des conditions d’entreposage spéciales, le cas
échéant.
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
________________________________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________

206
ANNEXE 7 : QUATRE CAS DE DANGER
Pour toute personne œuvrant dans un contexte industriel, certaines opérations sont à risque élevé et engagent la
responsabilité professionnelle par la chimie de l'environnement. La connaissance des cas de danger est obligatoire pour
ne pas porter une atteinte mortelle à la santé publique et à l'environnement. Quatre situations critiques par leur forte
toxicité sont anticipées avec certaines solutions. Si c'est le cas, les rejets doivent impérativement être traités avant de
sortir de l'entreprise : effluents cyanurés, effluents sulfurés, présence de chrome hexavalent et présence de métaux
toxiques.

Cas de danger : effluents cyanurés


Dans un procédé industriel, les consignes de sécurité imposent de
maintenir le pH > 10,5 pour empêcher le dégazage de tout cyanure
d'hydrogène HCN, chlorure de cyanogène CNCl ou trichlorure
d'azote NCl3. Évidemment, les effluents contenant des cyanures
ne doivent jamais être mélangés à des effluents acides, car de
grandes quantités de cyanure d'hydrogène seraient dégazées. Ce
phénomène est prévu par la loi de Henry, qui décrit le
comportement entre une molécule volatile dissoute et sa pression
partielle d'équilibre au-dessus du liquide. Il est illustré par les
changements de spéciation en fonction du pH.

La majorité des effluents cyanurés provient de l'industrie de l'électroplacage, où ils sont associés aux métaux dans les
bains de placage alcalins. Les autres industries qui en rejettent sont l'extraction et le traitement des minerais, le
développement de pellicules photographiques, les fours à coke, la fabrication de certaines fibres synthétiques ainsi que
les épurateurs à voie humide d'un haut-fourneau. Les formes inorganiques observées sont le cyanure d'hydrogène HCN
gazeux (qui se nomme acide cyanhydrique lorsque dissout dans l'eau), l'ion cyanure CN - et les formes de sels complexes
partiellement solubles.

L'oxydation chimique à pH >12 par le chlore Cl2, l'hypochlorite de sodium NaClO ou l'hypochlorite de calcium Ca(ClO) 2
permet de respecter les normes de concentration des cyanures dans les rejets, soit 2 mg/L dans l'égout municipal et
0,1 mg/L en réseau pluvial. Pour abaisser la teneur excessive avant rejet, l'industrie transforme les cyanures en ions
cyanates CNO- ou en azote moléculaire N2. Un très grand excès de chlore et d'hydroxyde de sodium transformerait tous
les cyanates en azote N2, mais déjà les cyanates ne sont plus que très faiblement toxiques.

NaCN + Cl2 + 2NaOH → NaCNO + 2NaCl + H2O

2NaCNO + 3Cl2 + 6NaOH → 2NaHCO3 + N2 + 6NaCl + 2H2O

Cas de danger : effluents sulfurés


Dans un procédé industriel, les consignes de sécurité imposent
de maintenir le pH >8,5 pour empêcher le dégazage de tout
sulfure d'hydrogène H2S. Les effluents contenant des sulfures
ne doivent jamais être mélangés à des effluents acides, car de
grandes quantités de sulfure d'hydrogène seraient dégazées.
Ce phénomène est prévu par la loi de Henry, qui décrit le
comportement entre une molécule volatile dissoute et sa
pression partielle d'équilibre au-dessus du liquide. Il est illustré
par les changements de spéciation en fonction du pH.
La désulfuration d'un effluent industriel est requise lorsqu'une
concentration marquée en sulfure cause des problèmes

207
olfactifs et de sécurité pour le personnel et les résidents à proximité. Elle peut se faire par des méthodes de précipitation
de sels métalliques insolubles. Elle peut aussi se faire par oxydation directe de l'ion sulfure S2- et de l'ion
hydrogénosulfure HŞ- à l'aide de réactifs oxydants d'usage courant, tels le peroxyde d'hydrogène H 2O2, le permanganate
de potassium KMnO4 et le chlore Cl2. L'oxydation chimique mène aux ions sulfates SO42- peu toxiques qui ne perturbent
pas les traitements biologiques aérobies par la suite.
4H2O2 + S2- → SO42- + 4H2O

Cas de danger : chrome hexavalent


Le chrome(VI) n'existe pas sous forme d'un ion libre, il est toujours inclus à l'intérieur d'un oxanion tel que le chromate
CrO42- ou le dichromate Cr2O72-. Des matériaux très oxydants de ce type sont souvent ajoutés dans les systèmes fermés
de circulation d'eau pour éviter la corrosion sélective des équipements. Les procédés de chromatage requièrent eux
aussi la forme hexavalente du chrome.
Les spéciations contenant le Cr(VI) sont les plus toxiques de ce métal. Elles ne précipitent pas avec les hydroxydes,
comme le font les autres métaux. La réduction du chrome hexavalent est essentielle pour abaisser la toxicité du chrome.
Avant tout rejet d'une solution de chrome(VI), ce dernier doit être réduit en chrome(III) pour retrouver les formes
précipitables. Voilà pourquoi les effluents d'une usine de placage doivent être corrigés chimiquement avant de procéder
à tout autre traitement physicochimique. Le réducteur puissant le plus utilisé en industrie est le métabisulfite de sodium
Na2S2O5. L'ajout des réactifs est contrôlé par des sondes mesurant le potentiel d'oxydoréduction. Par la suite, la
précipitation du chrome(III) est possible en ajoutant l'hydroxyde de sodium NaOH. Il suffit de récupérer et de traiter les
boues comme des déchets dangereux.

4H2CrO4 + 3Na2S2O5 + 3H2SO4 → 2Cr2(SO4)3 + 3Na2SO4 + 7H2O

Cas de danger : métaux toxiques


La précipitation des métaux toxiques en solution ou en suspension, donc l'assainissement de l'effluent industriel qui en
contenait, requiert plusieurs étapes : ajustement du pH, coagulation, floculation, décantation ou flottation et
conditionnement des boues produites par ces traitements. Ces métaux peuvent provenir de bon nombre d'industries.
Toutefois, les usines de revêtement de surface sont les plus à risque.
Les métaux ciblés ici sont principalement ceux regroupés selon les trois niveaux de toxicité environnementale. Le
premier niveau comprend le cadmium, l'arsenic, le chrome et le mercure. Le plomb, le nickel et le molybdène sont au
deuxième niveau. Le troisième regroupe le bore, le cuivre, le manganèse et le zinc.
Pour faire précipiter les métaux toxiques, les réactifs courants sont l'hydroxyde de sodium NaOH ou l'hydroxyde de
calcium Ca(OH)2. Attention! Les eaux de procédé contenant des cyanures CN-, celles contenant des sulfures S2- et celles
contenant du chrome(VI), doivent d'abord être traitées séparément pour oxyder les cyanures ou pour réduire le
chrome(VI) en chrome(III). Par la suite, la correction appliquée amène l'effluent au pH optimum entre 8,5 et 9,5. La
majorité des métaux toxiques précipitent dans ces conditions. Il faut éviter un pH trop élevé qui force à nouveau la
dissolution. Les hydroxydes métalliques précipitent parfois sous forme de particules colloïdales. L'utilisation d'un
coagulant et d'un floculant peut donc être requise.

208
TOUS DROITS RÉSERVÉS ET POUR TOUS PAYS ©

Matières dangereuses résiduelles au Québec


ENVIRONNEMENT – 3RV-E – SANTÉ-SÉCURITÉ – TRANSPORT

©
Lire les conditions d’utilisation au début du volume

Version 2019

Les graphiques et les illustrations de ce volume expriment fidèlement la tendance en gestion des matières résiduelles dangereuses. Ce volume a été
produit dans un but éducatif où les concepts, les théories et les tendances sont préférés à la précision de la reproduction. Le lecteur ne doit pas en
extrapoler des valeurs exactes. Lab Éditions décline toute responsabilité en ce sens.
Il est illégal de reproduire ce volume ou une partie quelconque, sans autorisation écrite de la maison d’édition. Toute reproduction de cette publication
par tous procédés sera considérée comme une violation des droits d’auteur.

Vous aimerez peut-être aussi