Nîmes : la gare TGV, station fantôme ?

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Nîmes : la gare TGV, station

fantôme ?
La gare et le projet de zone économique Magna Porta ont du mal à convaincre. Une polémique qui agite
beaucoup les esprits dans la ville.
Par Sébastien Hoebrechts

Publié le 07/06/2018 à 06h43   

Construite au milieu de nulle part, la future gare TGV risque de devenir une « gare betterave ».
 Temps de lecture : 3 min

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La sémantique a ce pouvoir. Des lettres forment des mots, qui entraînent des réactions
variées. Les projets de Magna Porta et de la gare de Manduel sont formés d'une poignée
de lettres, mais elles ont le don, à Nîmes, de déclencher l'ire de certains. « C'est de la
pure communication. Il n'y a rien de concret ! » s'insurge Sylvette Fayet, élue Front de
gauche à la ville et à l'agglomération. Pour elle, le projet a été bâti pour habiller la fu-
ture gare de Manduel - « une gare betterave, construite au milieu de rien, à vingt mi-
nutes du centre de Nîmes, et déconnectée des transports en commun » - et augure « un
immense gâchis financier ». Ce que soutient son collègue du parti mélenchoniste Fran-
çois Séguy, qui a demandé en conseil communautaire, le 15 mai, l'abandon du projet
Magna Porta.
À la chambre de commerce du Gard, l'élu Olivier Jalaguier (LR) n'est guère plus enthou-
siaste et pointe l'absence de « réflexion stratégique ». Les agriculteurs aussi, pour qui,
par l'intermédiaire d'associations (Jeunes Agriculteurs du Gard, FDSEA 30, SVG...), le
projet implique « beaucoup trop d'expropriations ». Même le maire de Nîmes, Jean-
Paul Fournier, jadis favorable à la gare, saute sur l'occasion pour entretenir le combat
de coqs qui le confronte au président de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud. « Le projet a
dévié et ne correspond plus à ce que je souhaitais. J'avais demandé une troisième voie
SNCF pour relier la gare TGV au centre-ville, ce qui ne se fera pas. Or, sans cette liaison,
la gare n'a aucun intérêt, comme le projet Magna Porta, qui visait l'installation d'entre-
prises dans cette zone et qui sera une coquille vide. » Voilà qui est dit.
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Banderilles
Reste que tous ces reproches ne semblent pas faire bouger l'agglomération nîmoise,
qui, pour convaincre, n'a pas lésiné sur les réunions publiques. « Nous en avons organi-
sé plus de 50 et nous avons écouté tout le monde », comptabilise Francis Aynaud, direc-
teur général adjoint de la collectivité et porteur du dossier. Cependant, s'il est trop tard
pour faire annuler la construction de la gare - où les premiers trains doivent arriver en
décembre 2019 -, les opposants continuent à planter des banderilles sur Magna Porta,
encore à l'état embryonnaire et qui, sur le papier, a pourtant de quoi séduire. Son but ?
Devenir « une destination touristique et économique européenne ». Magna Porta
s'étendra sur 10 kilomètres, le long de la via Domitia, et comprendra deux volets. Le
premier, dans la partie nord, sera à vocation agricole, puisque Francis Aynaud assure
que « 59 % des terres acquises seront redistribuées à des agriculteurs, pour des projets
labellisés ISO 14001, qui certifient une grande qualité environnementale ». Magna Por-
ta doit abriter un parc de loisirs, dont le thème est encore à l'étude (Jean-Paul Fournier
a proposé la romanité), mais aussi et surtout un parc d'activités, le moteur du projet. «
Nîmes ne possède pas d'équipement attractif pour attirer les investisseurs et les indus-
tries de niveau national, ce à quoi nous devons remédier d'urgence », assure Francis Ay-
naud, qui veut que ce pôle économique - dont la thématique sera « la sécurité et l'au-
thenticité alimentaires » - entre en concurrence avec ceux de Grenoble, d'Aix-en-Pro-
vence ou encore le département de la Drôme.

Ce dernier « attire trois ou quatre industriels par an quand Nîmes en attire zéro », note
l'homme qui a travaillé sur le quartier d'affaires de la gare TGV-Valence. Des arguments
qu'il aimerait voir couvés d'une sainte concorde, puisqu'il s'agit de faire parler de Nîmes
« autrement que par sa feria ou son football ». Et Francis Aynaud de rappeler que le
nom de Magna Porta a été choisi « pour désigner une porte ouverte sur le XXIe siècle,
qui doit faire entrer l'économie locale dans un cercle vertueux et apporter près de 4 000
emplois sur les vingt ans à venir ». Tant de choses positives en si peu de lettres.

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