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Améliorer

sa mémoire pour les Nuls


Titre de l’édition américaine : Improving your Memory for Dummies

Publié par
Wiley Publishing, Inc.
111 River Street
Hoboken, NJ 07030 – 5774
USA

© 2002 Wiley Publishing, Inc.
Pour les Nuls est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc.
For Dummies est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc.

© Éditions First, 2007 pour l’édition française, 2011 pour l’édition de poche.
Publiée en accord avec Wiley Publishing, Inc.

Cette oeuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage
privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit
ou onéreux, de tout ou partie de cette oeuvre, est strictement interdite et
constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de
la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute
atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou
pénales.

En partenariat avec le CNL.
ISBN numérique : 9782754024631
Dépôt légal : février 2011

Traduction et adaptation : Christophe Billon
Édition : Benjamin Ducher
Production : Emmanuelle Clément
Couverture : KN Conception
Mise en page : Catherine Kédémos

Éditions First
60, rue Mazarine
75006 Paris – France
e-mail : firstinfo@efirst.com
Site Internet : www.pourlesnuls.fr
À propos des auteurs
Le Dr John Boghosian Arden est directeur du département de
formation en psychologie des Kaiser Permanente Medical Centers
de Californie du Nord. Il y supervise vingt programmes de
formation dans autant de centres médicaux. Il était également
directeur de la formation au Kaiser Permanente de Vallejo, en
Californie, établissement au sein duquel il a occupé la fonction de
responsable de l’unité de psychologie.

Le Dr Arden a signé quatre autres ouvrages : Consciousness,
Dreams and Self (la conscience, les rêves et le moi), Outstanding
Academic Book of the Year (livre universitaire de l’année) en 1997,
prix décerné par la revue Choice, publication de l’American Library
Association (association des bibliothèques américaines) ; Science,
Theology and Consciousness (science, théologie et conscience),
sélectionné pour le prix Templeton par un jury international de
juristes ; Surviving Job Stress (survivre au stress professionnel) ;
Creating the Lowest Common Denominator Society (créer une
société avec le plus petit dénominateur commun).
Dédicace
Ce livre est dédié à ma femme Vicki et à nos deux fils Paul et Gabe,
qui ont fait preuve d’une patience immense et m’ont beaucoup
soutenu pendant les longs mois d’écriture. Vicki a également relu
l’intégralité de l’ouvrage avant son envoi à l’éditeur, me forçant
toujours à m’exprimer avec clarté et remédiant à mes errements
grammaticaux.
Remerciements des auteurs
Un ouvrage ne s’écrit pas seul et n’est jamais le fruit des efforts
d’une seule personne. Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance
et adresser mes plus sincères remerciements à de nombreuses
personnes. Je commencerai par mon agent Elizabeth Frost-
Knappman, toujours aimable et travailleuse, qui m’a demandé de
faire une proposition pour l’écriture de ce livre et s’est occupée de
l’élaboration du contrat, tâche qui me dépasse. J’ai beaucoup de
chance d’être représenté par Elizabeth et son mari Ed.

Merci à Greg Tubach, responsable des acquisitions, de nous avoir
aidés, Elizabeth et moi-même, à adopter le ton approprié pour écrire
un ouvrage de ce style. Il a été particulièrement bienveillant.

Merci à Norm Crampton, mon chef de projet et partenaire. Norm a
travaillé à mes côtés pendant tous les mois de gestation de ce livre.
Sa mission était de veiller à ce que cet ouvrage ait une forme
appropriée et une qualité optimale. Il a toujours été présent, pas
seulement pour formuler des suggestions d’une grande utilité et me
pousser à être pragmatique, mais également pour me témoigner son
amitié. Au cours de nos nombreuses conversations agréables,
toujours empreintes de chaleur et d’humour, nous avons abordé tous
les sujets, de la politique à la famille.

Enfin, merci à l’associée de Norm, Patricia Yuu Pan, réviseuse en
chef, qui a relu chaque mot avec l’aide de ses collègues Chrissy
Guthrie et Mary Fales, afin de s’assurer que mon discours était clair
et complet. Ses échanges permanents avec Norm, dont j’étais le
témoin, furent non seulement utiles mais également fascinants car
ils avaient pour théâtre le courrier électronique, étonnant univers de
haute technologie.
Améliorer sa mémoire PLN
Sommaire
Page de Copyright
Page de titre
À propos des auteurs
Dédicace
Remerciements des auteurs
Introduction
À propos de ce livre
À qui s’adresse ce livre ?
Comment utiliser ce livre
Comment ce livre est organisé
Première partie : Comprendre le fonctionnement de la mémoire
Deuxième partie : Préserver sa mémoire
Troisième partie : Exercer sa mémoire tous les jours
Quatrième partie : La Partie des dix
Les icônes utilisées dans ce livre

Première partie - Comprendre le fonctionnement de la


mémoire

Chapitre 1 - Cultiver sa mémoire


Défaillances et autres trous de mémoire
Éviter les absences
Sur le bout de la langue
Débloquer sa mémoire
Se débarrasser du bruit aléatoire et des idées ridicules
Séparer le vrai du faux
Bonnes et mauvaises nouvelles
Améliorer sa mémoire
Découvrir le mécanisme de la mémoire
Alimenter correctement son cerveau
Éviter les aliments, boissons et drogues qui affaiblissent votre
mémoire
Vivre vieux et avec une bonne mémoire
Faire travailler ses systèmes de mémoire
Tester sa mémoire
Garder un esprit vif
Chapitre 2 - Chasser ces mythes sur la mémoire
Mythe : croire à la perte de mémoire
Mythe : la mémoire est comme un classeur
Mythe : les souvenirs sont des photographies et les appareils photo
ne mentent pas
Mythe : vous pouvez apprendre en dormant… et autres absurdités
Mythe : vous êtes trop vieux, trop jeune ou trop bête pour améliorer
votre mémoire
Chapitre 3 - Découvrir comment votre cerveau procède pour se
souvenir
Naviguer dans les méandres de vos hémisphères et de vos lobes
Voici votre hémisphère droit, l’antre des émotions
À la rencontre de votre hémisphère gauche, compartiment
ordonné
T comme temporal : vous souvenir de ce que vous entendez
« Attaque frontale »
P comme pariétal : sensations garanties
O comme occipital : vous voyez ce que je veux dire
Plongée au cœur des cellules du cerveau
Comprendre ses messagers chimiques
Une gaine pour vos axones
Étendre votre réseau pour accueillir plus de pensées et de souvenirs
Organisation de votre mémoire : à long terme et à court terme
Les sentiers menant au tri et à la récupération de vos souvenirs
Les souvenirs liés aux sentiments
Les souvenirs auditifs
Les souvenirs visuels
Les souvenirs verbaux

Deuxième partie - Préserver sa mémoire

Chapitre 4 - Être zen pour mieux se souvenir


Faire retomber le stress
Miser sur la relaxation
Se détendre pour recharger sa mémoire
La respiration
Le soupir de soulagement
Se détendre des pieds à la tête
Visualiser des souvenirs
Vous vous hypnotisez : 10, 9, 8, 7…
Méditer et prier
Sortir de la déprime
Se remuer
Dormir pour se souvenir
Mettre son insomnie sous sédatif
Relax !
Manger pour dormir
Chuuuut
Chapitre 5 - Trucs et astuces pour se souvenir
Mnémoniques : les copines de votre mémoire
Suspendre ses souvenirs à des crochets
Placer ses souvenirs dans des emplacements familiers
Se raconter des histoires pour graver des souvenirs
Se souvenir d’une liste sans papier ni crayon
Inventer une histoire pour se souvenir d’une liste
Choisir la bonne mnémonique, au bon moment
Choisir une mnémonique qui vous convient
Choisir une mnémonique adaptée à la situation
Prendre les raccourcis
Chapitre 6 - Remédier à son manque de mémoire
Fendre le brouillard qui enveloppe la mémoire
Refouler le souvenir d’un rendez-vous chez le dentiste
L’écoute sélective
Identifier les « bourrages mémoire »
Engager le pilote automatique via le surapprentissage
Tout bien rangé comme il faut
Repérer des principes logiques
L’étiquetage
L’agrégation (chunking)
La mémoire des rimes
Saisir la signification du souvenir
Profiter des conseils et de l’avis d’autrui pour mieux vous souvenir
Chapitre 7 - Garder une excellente mémoire en vieillissant
Exploiter pleinement un cerveau exceptionnel
Diminuer le stress et laisser le sang circuler
Compenser le vieillissement de ses sens
La gymnastique mentale pour gonfler son cerveau amaigri
Empêcher ses neurones de rétrécir
Continuer à prendre du plaisir
Devenir un vieux singe à qui l’on peut apprendre à faire la grimace
Sortir de la routine
Instruire sa mémoire
Réveiller l’artiste qui sommeille en vous

Troisième partie - Exercer sa mémoire tous les jours

Chapitre 8 - Une mémoire pour l’école


Organiser ses souvenirs
Tirer le maximum d’un apprentissage
Morceler l’apprentissage
S’offrir un apprentissage complet
Le réapprentissage
Combiner réapprentissage et rappel direct
S’atteler au sens plutôt qu’apprendre par cœur
Prendre des notes et se souvenir du contenu d’un cours
Se souvenir de ses lectures
Étudier le livre
Développer des questions
Lire le livre
Exposer le contenu
Réviser les points principaux et les notes prises
Se souvenir de l’orthographe
Chapitre 9 - Une mémoire performante pour sa vie professionnelle
L’entretien d’embauche
Se souvenir comment passer avec succès une période d’essai
Retenir les mots de passe et autres procédures
Se souvenir du fonctionnement des nouvelles technologies
Satisfaire les clients
Tenir les délais
Se souvenir de ses collègues
Solliciter sa mémoire au travail
Faire face à une attaque personnelle
Gérer l’afflux de messages
Parler sans notes
Chapitre 10 - Réussir un examen
Troquer les mauvaises habitudes pour les bonnes
À bas le bachotage !
Fuir les distractions
Avoir une vue d’ensemble – relier les nouvelles informations
aux anciennes
Penser au facteur temps
Faire la reconnaissance de l’examen
Des soulignements dignes de Rembrandt
Utiliser ses techniques de mémorisation
Considérer le thème sous différents angles
Faire des associations
Utiliser des symboles
Employer des mnémoniques
Visualiser
Agréger
Le coin des bonnes idées comme… aller aux toilettes
Chapitre 11 - Se souvenir des personnes
Jamais je ne t’oublierai
Patricia
Bernard
Fred
Élise
Frank
Mettre un nom sur un visage familier
L’attention
La signification
L’apparence
L’association
Réviser ses associations
Converser pour mieux connaître l’autre
Retrouver l’histoire qui va avec un visage familier
Saisir l’importance de la personne
Partager des souvenirs : chacun sa vision des choses
Ranger les gens dans des cases
Des voitures qui en disent long
Retenir l’ordre hiérarchique
Faire le lien pendant les réunions
Se souvenir de toutes les sortes d’individus
Chapitre 12 - Graver dans sa mémoire les dates et séries de chiffres
importantes
Travailler sa technique
Fêter ces jours de la plus haute importance
Les anniversaires
Créer des rimes pour retenir les dates historiques
Rendre ses rendez-vous remarquables
S’or-ga-ni-ser !
Tout imaginer
Relier les signaux et indices
Utiliser le codage numérique
Une ritournelle pour votre souvenir
Envisager une consolidation positive du souvenir
Maîtriser les tâches récurrentes
Gérer les horaires tournants ou les événements cycliques
Se mettre sur la voie grâce à des supports externes
Rechercher un ordre logique
Des mnémoniques pour bien avoir tout en tête
Être ponctuel à son rendez-vous
Se souvenir des séries de chiffres
Agrégez-moi tout ça !
Accrochez-moi tout ça !
À quoi rime tout ça ?
Chapitre 13 - Préserver sa mémoire dans un monde trépidant
Rester organisé en pleine tempête
Se fixer des priorités
Organiser le souvenir des priorités
Contrer les dangers du multitâche
Échapper au cirque médiatique
Se retrouver
Se concentrer sur l’instant présent
La mémoire optimale
Utiliser des supports externes pour aider sa mémoire
Quatrième partie - La Partie des dix

Chapitre 14 - Les dix meilleurs moyens d’améliorer sa mémoire


Manger équilibré
Un peu de relaxation pour le cerveau
L’exercice est bon pour la mémoire
Prendre des suppléments diététiques
Stimuler son esprit
Prêter attention à sa mémoire
Rester organisé
Faire des associations et des liens
Utiliser des aide-mémoire
Garder la bonne attitude
Chapitre 15 - Dix questions fréquentes sur la mémoire
En vieillissant, mes capacités mémorielles vont-elles se détériorer ?
Existe-t-il un remède miracle pour améliorer ma mémoire ?
Est-ce que mon cerveau stocke les souvenirs dans un seul endroit ?
Je crois que je perds la mémoire. Ai-je une chance de la retrouver ?
Est-ce que je peux me souvenir sans être attentif ?
Ai-je des souvenirs que j’ignore ?
Mes souvenirs sont-ils le reflet exact de mes expériences
Dois-je prendre des suppléments diététiques ?
Pourquoi est-ce que je ne me souviens pas de ma petite enfance ?
Dois-je me détendre l’esprit pour pouvoir me souvenir ?
Chapitre 16 - Dix sites Web sur la mémoire
Sites en français
http://www.ateliermemoire.fr/
http://www.lecerveau.mcgill.ca
http://www.memoireetvie.com
http://www.memoire-plus.com/index.asp
http://www.neuromedia.ca/fr/
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/bien_memoriser/index_bien_mem
Sites en anglais
http://www.exploratorium.edu/memory
http://www.jimhopper.com/memory
http://www.learnmem.org
http://www.memory.rutgers.edu/memory/
Index
Introduction

Vous souhaitez donc améliorer votre mémoire. Bien ! Vous avez


frappé à la bonne porte. Votre mémoire peut aussi bien s’avérer la
clé du succès et du plaisir qu’une source d’erreurs et d’inquiétude.
Nous avons presque tous déjà vécu ces deux situations.

Améliorer sa mémoire est une activité utile, quel que soit votre âge,
que vous soyez un lycéen en période d’examens ou un retraité
insouciant qui découvre de nouveaux horizons.

Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, vous pouvez améliorer
votre mémoire et je vais vous montrer comment vous y prendre.

À propos de ce livre
Ce livre traite de votre mémoire, ce qu’elle englobe, ce qu’elle
n’englobe pas et comment l’améliorer. C’est une ressource qui vous
explique non seulement le fonctionnement de votre mémoire, mais
vous indique également des techniques pour la renforcer.

Il n’existe pas de méthode unique et globale ni de pilule miracle.
Cet ouvrage aborde donc le large éventail des exercices à votre
disposition. Vous pourrez découvrir comment renforcer la capacité
de votre cerveau à se souvenir et comment éviter toutes ces choses
qui l’affaiblissent. Je vous montrerai aussi de nombreuses astuces
pour vous remémorer des choses que vous souhaitez retenir.

Que vous souhaitiez vous souvenir de faits et d’idées pour un
examen à venir, mieux retenir les procédures en vigueur dans votre
métier ou simplement faire en sorte de ne pas oublier les personnes
que vous rencontrez, vous allez découvrir dans ce livre des
méthodes pour accomplir tout cela et bien plus encore.

À qui s’adresse ce livre ?


Je ne sais pas quel âge vous avez, mais je suis certain que vous avez
une mémoire et que vous ne pouvez vivre sans elle. La qualité de
cette mémoire est une autre histoire. Mais, vous, moi, tout un
chacun, nous avons tous la possibilité d’améliorer cette mémoire.

Par conséquent, la réponse à la question À qui s’adresse ce livre ? »
est simple : à tout le monde. Chacun peut tirer parti de la lecture
d’Améliorer sa mémoire pour les Nuls.

Comment utiliser ce livre


Dans la mesure où il existe une foule de façons d’améliorer sa
mémoire, vous pouvez utiliser ce livre comme une référence d’ordre
général. Je vous conseille de prendre chaque chapitre comme un
petit ouvrage indépendant qui traite d’un aspect particulier de
l’amélioration de la mémoire.

Par exemple, dans le chapitre sur la mnémotechnique, vous pourrez
découvrir des astuces pour vous rappeler de certaines choses, par
exemple, associer un élément que vous connaissez bien à une chose
à retenir.

Chaque chapitre de ce livre est une unité indépendante, mais
également une partie de l’illustration globale des moyens existants
pour améliorer sa mémoire. J’espère que vous vous plongerez dans
chaque chapitre et tiendrez compte des conseils que je dispense,
mais ce n’est pas une obligation. Vous pouvez également parcourir
ce livre et capter les informations dont vous avez besoin sur l’instant
et garder le reste pour plus tard. Rien ne vous empêche de sauter des
parties et de lire les chapitres dans l’ordre que vous voulez. Si un
thème tel qu’améliorer sa mémoire au travail vous semble important
à ce stade de votre vie, vous pouvez commencer par le chapitre 12,
puis, disons, sauter au chapitre 5 qui présente de nombreux trucs et
astuces pour préserver sa mémoire. À vous de tracer votre route et
de choisir votre rythme pour lire cet ouvrage.

Je vous conseille cependant de le lire en entier car il n’existe pas un
moyen unique d’améliorer sa mémoire. Plus vous découvrirez de
méthodes et apprendrez à les utiliser, plus vous aurez une bonne
mémoire.

Comment ce livre est organisé


Ce livre est divisé en quatre parties, chacune couvrant un sujet assez
vaste lié à votre mémoire.

Première partie : Comprendre le fonctionnement de la


mémoire
Cette partie vous servira à savoir ce que votre mémoire englobe et
ce qu’elle n’englobe pas. Découvrez son mode de fonctionnement,
ce qui influe sur elle, de la chimie de votre organisme à
l’environnement extérieur. Le chapitre 1 vous donne une vue
d’ensemble.

Le chapitre 2 vous éclaire sur le thème de la mémoire en faisant la
part de la réalité et de la fiction. Vous pourrez ainsi vous débarrasser
des mythes et vous concentrer sur les stratégies qui fonctionnent
vraiment.

Le chapitre 3 vous dit tout sur la façon dont votre cerveau procède
pour se souvenir. Il fonctionne comme un ensemble de systèmes.
Certaines zones du cerveau ont un rôle spécifique. Le chapitre 3
explique comment les souvenirs à court terme sont déplacés dans la
mémoire à long terme, comment l’attention et l’association sont des
éléments essentiels de votre mémoire, et bien d’autres choses
encore.
Deuxième partie : Préserver sa mémoire
Dans le chapitre 4, vous découvrirez l’immense importance de la
relaxation pour votre mémoire. Je vous suggère quelques
techniques. Vous apprendrez également à vaincre un état dépressif
afin d’éviter les distractions et de mieux vous souvenir des choses.
Ce chapitre couvre également le sommeil et l’exercice physique,
deux éléments qui contribuent à se forger une mémoire solide.

Les chapitres 5, 6 et 7 constituent un « manuel de maintenance » de
votre mémoire. Ils vous présentent de nombreux conseils et
stratégies d’ordre général pour vous permettre de retenir les choses
que vous souhaitez retenir (thème central du chapitre 5). J’aborde
diverses mnémoniques telles que la méthode des lieux, les rimes
numériques et les histoires.

Le chapitre 6 « Remédier à son manque de mémoire » vous montre
comment vous adonner au surapprentissage pour bien connaître des
informations. Ce chapitre vous explique également comment
employer des techniques telles que l’étiquetage, l’agrégation
(chunking), l’utilisation de rimes et de principes logiques.

Le chapitre 7 est votre chapitre du « tôt ou tard ». En vieillissant, les
gens craignent, tôt ou tard, de voir leur mémoire s’évanouir. Ce
chapitre montre comment les personnes âgées peuvent exploiter au
mieux leurs capacités mémorielles.

Troisième partie : Exercer sa mémoire tous les jours


Au quotidien, vous testez vos capacités mémorielles dans divers
domaines. Dans cette partie, vous découvrirez comment améliorer
votre mémoire au travail, à l’école et en société.

Le chapitre 8 vous indique comment tirer pleinement parti de vos
capacités mémorielles dans l’univers scolaire.

Au travail, votre mémoire est sans cesse sollicitée. Le chapitre 9
vous montre comment parfaire votre mémoire dans votre vie
professionnelle.

Que vous soyez à l’école ou au bureau, votre mémoire est
régulièrement mise à l’épreuve. Le chapitre 10 vous révèle comment
réussir des examens.

Les êtres humains sont des créatures sociables. Vous en avez
sûrement déjà rencontré des centaines, voire des milliers, dans votre
existence. Vous ne vous souvenez peut-être pas de toutes, mais le
chapitre 11 vous apprend à vous remémorer celles dont vous
souhaitez vraiment vous rappeler.

Si retenir des dates, des rendez-vous et des anniversaires est
essentiel pour vous, vous trouverez votre bonheur dans le chapitre
12, rempli de conseils pratiques pour avoir toutes ces informations
en tête.

Le dernier chapitre de cette troisième partie comprend mes
meilleurs conseils pour garder une mémoire solide dans notre
univers ultramoderne saturé de téléphones cellulaires, messageries
électroniques, bipeurs, messageries instantanées, etc. Se souvenir de
la personne qui vient d’appeler, d’envoyer un courriel ou de vous
biper peut s’avérer difficile si vous passez à autre chose avant
d’avoir pu digérer l’information. Le chapitre 13 vous montre
comment éviter les comportements néfastes pour la mémoire tels
que le multitâche ou l’enchaînement de tâches sans pause et à toute
vitesse.

Quatrième partie : La Partie des dix


Les trois chapitres de cette quatrième partie vous livrent des
informations par tranche de dix. Le chapitre 14, « Les dix meilleurs
moyens d’améliorer sa mémoire », est une courte liste de pense-
bêtes. Le chapitre 15 présente dix questions fréquentes sur la
mémoire et, bien sûr, les réponses correspondantes. Enfin, le
chapitre 16 vous propose dix sites Web qui vous présentent des
informations passionnantes et des conseils pratiques pour améliorer
sa mémoire.
Les icônes utilisées dans ce livre
Les marges de ce livre comprennent de petits pictogrammes appelés
icônes. Voici ce qu’elles signifient :

Cible des conseils que vous pouvez utiliser immédiatement pour


améliorer votre mémoire.

Vous met en garde contre certains types de comportement


susceptibles de ruiner vos efforts pour améliorer votre mémoire.

Présente des informations sur la mémoire recueillies dans l’exercice


de mon métier de psychologue.

L’intégralité de ce livre pourrait être affublé de cette icône mais je la


réserve pour les idées lumineuses sur la mémoire.

Approfondit certains thèmes.


Première partie

Comprendre le fonctionnement de la
mémoire

« Je ne vois rien d’anormal sur les tests. Je pense que votre perte de mémoire est
simplement due au stress. »


Dans cette partie…

Les êtres humains ont une imagination merveilleusement galopante. Vous et moi
imaginons toutes sortes de choses sur notre mémoire, parfois vraies, parfois
fausses. Cette partie démêle le vrai du faux et vous fait visiter votre cerveau afin
que vous vous familiarisiez avec l’univers de la mémoire. Je vous explique
comment le cerveau fonctionne et réalise une gymnastique incroyable vingt-
quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept.
Chapitre 1

Cultiver sa mémoire

Dans ce chapitre :
Éviter la distraction
Ne plus seulement avoir ce fichu nom sur le bout de la langue
Débloquer ses souvenirs
Utiliser des méthodes pour améliorer sa mémoire

Neuf personnes sur dix disent vouloir améliorer leur mémoire. Vous
aussi ? Faites-vous également partie des six individus sur dix qui
confient à des enquêteurs ne plus savoir, parfois, pourquoi ils se
rendent dans une pièce ?

Ces chiffres semblent laisser penser que la planète Terre est frappée
d’une épidémie de mémoire défaillante, mais rassurez-vous, ce n’est
pas le cas. Presque tout le monde se demande de temps en temps s’il
perd la mémoire.

En lisant ce livre, vous prouvez que vous souhaitez disposer d’une
mémoire optimale. Ma mission est donc de vous montrer comment
l’améliorer et éviter de la perdre.

Dans ce chapitre, j’aborde les points essentiels de cet ouvrage et
j’évoque les principales inquiétudes que vous avez peut-être à
l’égard de votre mémoire. Je recommande également des tactiques
pour l’améliorer. Qui plus est, vous allez apprendre comment
fonctionne votre cerveau, comment l’alimenter et comment
l’exposer le moins possible aux éléments nuisibles de notre
environnement. Vous allez également découvrir les divers systèmes
de mémoire dont nous sommes pourvus, ainsi que les techniques
permettant de renforcer vos capacités à vous souvenir.

En route pour un monde vraiment mémorable !

Défaillances et autres trous de mémoire


Notre mémoire n’est pas tout le temps infaillible. Vous avez
probablement déjà vécu des distractions et oublis occasionnels.
Certains types de perte de mémoire, tels qu’oublier ses clés ou des
noms, sont très courants. Mais, quand ces pannes de mémoire sont
plus fréquentes et sévères, c’est une autre histoire.

Parmi les problèmes de mémoire alarmants figurent les situations
suivantes : se perdre régulièrement sur un itinéraire familier, avoir
du mal à trouver ses mots, éprouver des difficultés à identifier des
objets courants, ne pas savoir où vous êtes, ne pas savoir quelle
heure il est, reposer inlassablement la même question pour obtenir
une réponse différente de la précédente.

Si vous avez remarqué une perte de mémoire soudaine et


importante, consultez votre médecin immédiatement. Cela pourrait
être le symptôme d’un grave problème de santé qui nécessite un
traitement urgent. Vous pourriez souffrir d’un problème médical
majeur ou vos symptômes pourraient provenir de la prise de
médicaments ayant des effets secondaires, notamment sur la
mémoire.

N’attendez pas d’avoir lu ce livre pour aller chez votre médecin. Cet
ouvrage ne saurait se substituer à un traitement médical.

Éviter les absences


Aucun doute, vous n’êtes pas différent des gens qui se retrouvent
enfermés dehors avec les clés à l’intérieur de chez eux ou qui ont
oublié ce qu’ils venaient acheter une fois dans un magasin. Je
n’oublierai jamais la fois où j’ai laissé les clés de ma voiture dans le
coffre. Cette expérience n’aurait pas été si pénible si cela m’était
arrivé près de chez moi. J’aurais pu facilement revenir à la maison
pour prendre les clés de ma femme ou appeler une société de
dépannage puis attendre tranquillement installé dans mon canapé à
lire et boire un expresso. Mais non ! Le théâtre de cette mésaventure
fut la North Rim du parc national du Grand Canyon, sur le parking
d’un point de départ de sentier. Je me situais donc à un peu plus de 3
kilomètres de mon gîte à vol d’oiseau. Rien d’insurmontable, me
direz-vous, à part que j’avais descendu puis remonté 38 kilomètres
de sentiers, soit un dénivelé d’environ 1 500 mètres avalé deux
fois !

Ma distraction s’est produite à l’arrivée au sommet, alors que je
troquais le short pour le pantalon. J’ai mis mon short dans le coffre
de ma voiture de location et un vieil homme s’est approché et m’a
demandé d’où je revenais. J’ai poliment satisfait sa curiosité en lui
indiquant fièrement que je venais de boucler ma 17e randonnée vers
le fond du canyon, puis j’ai claqué le coffre. Mince !

Si vous perdez vos clés ailleurs que sur la North Rim du Grand
Canyon, vous vous voyez peut-être en train de parcourir votre
domicile. Passez de pièce en pièce en vous souvenant de ce que
vous avez fait dans chacune (voir chapitre 5).

Si vous ne parvenez pas à visualiser l’endroit où vous avez laissé
vos clés, refaites l’itinéraire emprunté et essayez d’effectuer des
associations à chaque fois que vous entrez dans une pièce. Vous
vous souviendrez peut-être avoir ouvert la porte du réfrigérateur
pour prendre une bouteille de jus d’orange puis avoir mis les clés
sur le plan de travail afin de pouvoir ouvrir la porte du placard où
sont rangés les verres.

La distraction est une absence de votre esprit de l’endroit où vous
vous trouvez. Ne vous attendez pas à vous souvenir de ce que vous
faisiez si votre esprit était ailleurs.

La plupart des personnes ayant la quarantaine ou la cinquantaine
connaissent cette distraction et d’autres petits problèmes de
mémoire. Ces situations sont généralement normales et ne sont pas
source d’inquiétude.

Les individus de 60 ans et plus connaissent des défaillances de leur
mémoire à court terme. À moins que ces problèmes empirent et
soient sérieux, il n’y a également aucune raison de s’inquiéter.

Chaque soir avant de me coucher, je me surprends à vérifier, parfois
deux fois, que les portes sont bien verrouillées ! Je perds tout ce
temps non pas parce que je souffre d’un trouble obsessionnel
compulsif (TOC), mais parce que je pense à autre chose ou que je
parle. Mon esprit n’est pas à ce que je fais.

Si vous n’éprouvez pas le besoin irrépressible de vérifier deux


fois chaque soir que les portes sont bien fermées, faites-le une seule
fois mais en faisant attention à ce que vous faites. Considérez cela
comme une routine telle que le brossage des dents. Prêtez attention
aux différences entre les serrures, par exemple leur fermeté ou les
mécanismes qui ont du jeu. Soyez attentif au processus de
vérification (voir chapitre 13).

Sur le bout de la langue


Vous avez sans doute déjà vécu ça : en pleine conversation, vous
connaissez le mot que vous souhaitez prononcer, mais vous ne
pouvez sortir qu’une syllabe ou même uniquement la première
lettre.

Vous savez que le mot commence par TO et vous commencez à
chercher : Tomouto ? Torotou ? Vous savez qu’il s’agit d’une ville
du nord du Mali, vous connaissez la distance qui la sépare de la
capitale, Bamako. « Ah oui, Tombouctou ! »

En fait, vous pouvez aller à Tombouctou ou dans n’importe quel
endroit du monde et vous trouverez de nombreuses personnes qui
vivent ce genre d’épisode. En coréen, « sur le bout de la langue » se
dit hyeu kkedu-te-man-dol-da. En afrikaans, c’est op die punt van
tong, en italien, sulla punta della lingua, en estonien, kee le otsa
peal. (Voyons si vous parvenez à retenir ces expressions !)

Ce phénomène fournit des indices sur la complexité de la mémoire.
Quand vous savez que vous connaissez un mot mais ne parvenez
pas à vous en souvenir, vous vous rappelez quand même de quelque
chose. Vous savez qu’un mot correspond à ce que vous essayez de
dire.

Au fur et à mesure que vous vieillirez, vous vous apercevrez que
cela vous arrive de plus en plus souvent. Il est très courant et on le
compare au fait d’être sur le point d’éternuer.

La mémoire n’est pas quelque chose que vous avez ou n’avez pas, il
est possible de l’améliorer (voir chapitre 2). Vous pouvez vous
souvenir d’un événement en détail ou globalement, il existe une
différence entre les deux. Vous savez que le souvenir est logé
quelque part dans votre esprit, mais il vous faut désormais le
retrouver.

Pour vous souvenir d’un mot qui vous échappe, fouillez son
environnement. Recherchez des associations, des liens entre ce mot
et d’autres idées et concepts. (Pour en savoir plus sur les
associations, reportez-vous au chapitre 5.) Dans l’exemple
concernant Tombouctou, au lieu de vous focaliser sur la sonorité du
mot (Tom… Tor…), penchez-vous sur sa signification. Pour
Tombouctou, vous pouvez privilégier la métaphore que vous inspire
le nom. En pensant à l’environnement immédiat du mot,
l’association vous amènera tôt ou tard au mot proprement dit.

Débloquer sa mémoire
Vous avez probablement déjà oublié le code PIN ou mot de passe lié
à la multitude de systèmes automatisés prétendument pratiques. Si
vous êtes pris au piège dans le labyrinthe d’un système téléphonique
qui ne vous laissera pas sortir tant que vous n’aurez pas fourni un
mot de passe, vous pouvez croire que vous allez devenir fou, pas à
cause du mot de passe mais plutôt en raison des voix guillerettes
enregistrées. Si seulement vous pouviez parler à une personne en
chair et en os !

Nous avons tous déjà eu cette impression que quelque chose
bloquait notre mémoire. Certains disent même « Je bloque là-
dessus ». Ce blocage est similaire à ce qui se produit quand vous
avez un nom sur le bout de la langue, à la différence près que vous
n’essayez pas de vous rappeler d’un simple nom mais d’un élément
plus complexe, par exemple ce qu’a dit Carole hier au bureau.

Plus vous essayez de vous souvenir, plus vous vous sentez bloqué.
Faire remonter un souvenir de force aggrave le problème, comme si
vous aviez un pied sur le frein et l’autre sur l’accélérateur.

Un bon moyen de procéder au déblocage est de retirer un instant


votre pied de l’accélérateur. Autrement dit, arrêtez d’essayer de
vous souvenir. Une petite pause s’impose : inspirez profondément
plusieurs fois puis faites autre chose. Si vous êtes en compagnie
d’autres personnes, dites « Ça va me revenir ». Changez de sujet de
conversation. Laissez votre esprit vagabonder. Dans peu de temps,
vous allez probablement faire une association qui libérera le flot de
souvenirs que vous essayiez si fort de faire remonter à la surface.

La tradition antique en matière de


mémoire
Bien avant que Gutenberg n’invente sa machine à
imprimer et que l’écrit ne prenne une place prédominante,
nombreux sont les penseurs à avoir loué la mémoire
comme une fenêtre donnant sur les esprits divins et un
moyen d’ingérer la sagesse.

Simonide, poète présocratique, considérait la mémoire
comme un moyen d’interaction entre les arts et la sagesse.
Il est l’initiateur de la mnémotechnique pour améliorer la
mémoire. Un siècle plus tard environ, Platon pensait que la
connaissance était latente dans la mémoire de l’homme.
(Nous savons déjà tout, il suffit de s’en rappeler.) On dit
que son disciple Aristote a écrit un livre sur les
mnémoniques. C’est peut-être vrai mais il a été perdu.
Néanmoins, selon ce qu’il suggérait, la mémoire
permettrait d’élever la pensée.
Les Romains, si dépendants de la pensée grecque,
cultivaient des techniques liées à la mémoire au sein de
leur rhétorique (l’art d’utiliser les mots). Cicéron et
Quintilien ont écrit des livres sur les techniques de
mémorisation utilisées au Moyen Âge. On dit que le
philosophe romain et professeur de rhétorique Sénèque
était capable de répéter 2 000 noms dans l’ordre qui lui
était imposé. Plusieurs siècles plus tard, saint Augustin se
vantait que son ami pouvait réciter Virgile à l’envers. Et à
la fin du Moyen Âge, saint Thomas d’Aquin était connu
pour avoir une mémoire phénoménale.

La mémoire était donc grandement utile jusqu’à
l’avènement de la machine à imprimer. Avec la
prolifération des livres, la « mémoire externe » pouvait
constituer un handicap pour ceux nécessitant un peu de
soutien.

Se débarrasser du bruit aléatoire et des idées ridicules


Notre société est inondée de stimuli qui sollicitent notre attention.
Les courriels, télécopies, téléphones mobiles et le bombardement
constant de publicités polluent notre esprit et encombrent notre
mémoire. La vie était plus simple autrefois. Le monde moderne met
plus à contribution notre mémoire.

Quel est le nombre de choses auxquelles vous pouvez prêter
simultanément attention ? Certains laissent la télévision allumée en
permanence, uniquement « en fond sonore ». Ils croient à tort que la
distraction « n’est pas un problème tant que je ne regarde pas
l’écran ». Certains adolescents font leurs devoirs avec du rock qui
leur hurle dans les oreilles. Si vous avez un adolescent à la maison,
vous lui avez sans doute déjà demandé de baisser la musique,
pensant que cela l’empêche de retenir ce qu’il apprend. Vous avez
raison !

Même s’il estime assimiler ce qu’il doit apprendre, sa capacité
d’absorption s’en trouve limitée. Votre cerveau est capable
d’exécuter plusieurs tâches en même temps mais cela a un prix. Le
multitâche entraîne la dispersion et éparpille votre attention. Si
celle-ci est altérée, il en va de même pour vos capacités
mémorielles.

Comment distinguer ce sur quoi porter votre attention des éléments
à retenir ? Si vous dites « Je dois prêter attention à tout », vous
n’êtes vraiment pas réaliste. L’heure est venue de trouver un moyen
de séparer le bon grain de l’ivraie. Il vous faut développer la faculté
de prêter attention à l’essentiel et d’oublier l’accessoire.

Avant de pouvoir améliorer votre mémoire, vous devez tenir


compte avec réalisme de votre potentiel en la matière. Vous pouvez
probablement faire beaucoup pour l’améliorer, mais ne vous fixez
pas des objectifs impossibles à atteindre tels que :

être capable de prêter attention à plusieurs choses en même


temps et de vous en souvenir très précisément ;
vous attendre à améliorer votre mémoire sans effort ;
partir du principe que vous allez vous rappeler de tout ce que
vous avez vécu.

Séparer le vrai du faux


Vous avez probablement déjà lu des déclarations sensationnelles
telles que « stimulez la puissance de votre cerveau ». Certains
bonimenteurs affirment que vous utilisez seulement 10 % de votre
cerveau. Pour d’autres, ce chiffre est ramené à 1 %. Le fait est que
ce n’est pas le pourcentage utilisé qui importe. Vous sollicitez
complètement votre cerveau en ce moment même. Pour aborder le
problème avec plus de précision, il faut se demander comment
(qualité) et non combien (quantité). Si vous améliorez votre façon
d’utiliser la capacité de votre cerveau à réfléchir, vous pouvez
décupler les progrès en termes de mémoire.

De prétendus experts proposent une méthode unique pour améliorer
la mémoire. Ce seul outil est supposé vous permettre de maîtriser
n’importe quelle tâche faisant appel à votre mémoire,
d’impressionner vos amis et de vous amener au nirvana. L’idée
d’améliorer votre mémoire à l’aide d’un seul outil est bien entendu
ridicule car votre esprit est bien trop complexe. Dans ce livre, vous
allez découvrir de nombreuses méthodes.

Certains ouvrages révèlent « le secret » d’une bonne mémoire. Mais,
tout comme il n’existe pas un outil unique pour améliorer votre
mémoire, il n’y a pas un seul secret sur la mémoire. En fait, ce que
les psychologues connaissent de la mémoire n’est absolument pas
secret. Le caractère secret est uniquement dû au fait que vous ne
l’avez pas découvert. Cela fait plus de cent ans que les psychologues
amassent des informations sur la mémoire, sans les entreposer dans
une cachette.

Certains livres affirment même que votre esprit peut se transformer
en une gigantesque éponge incapable d’oublier la moindre chose.
C’est non seulement impossible mais également absurde et vraiment
irréaliste. Souhaitez-vous vraiment vous souvenir de tout ? Imaginez
tous les souvenirs au travers desquels vous devriez vous frayer un
passage pour tenter d’extraire un épisode important de votre vie.
Cela reviendrait à ne pas être capable de distinguer une vieille roche
d’un diamant. Vous êtes obligé d’oublier pour pouvoir vous
souvenir. En d’autres termes, le fait d’être capable d’oublier des
expériences sans importance vous permet de vous remémorer les
moments essentiels.

La brièveté de votre mémoire de travail est nécessaire à votre


subsistance dans notre monde. Le nettoyage rapide de la mémoire
de travail permet à votre esprit de libérer de l’espace pour la
prochaine série d’événements. En vous souvenant de ce qui vient de
se produire, vous pouvez passer au moment suivant, armé
d’informations cruciales. Vous êtes en mesure de prendre des
décisions sur la base de vos derniers actes et pensées.

Imaginez l’engorgement de votre esprit si vous deviez vous
souvenir du moindre détail inutile. Votre cerveau transfère dans la
mémoire à long terme les informations qui vous serviront plus tard
et se tient prêt à recueillir de nouvelles impressions sur le monde qui
vous entoure.

Certains auteurs affirment que la lecture de leur livre vous permet
de développer un « esprit supérieur » doté d’une mémoire bien
meilleure que celle de l’être humain lambda. Ces ouvrages laissent
entendre que votre mémoire peut tenir du paranormal et être capable
de créer des souvenirs au-delà de votre propre expérience. Encore
plus fort, certains affirment que votre mémoire peut dépasser
allégrement celle d’un ordinateur.

Qu’est-ce que je pense de tout cela ? Oui, vous pouvez améliorer
votre mémoire, mais pas en faisant appel au paranormal ou en
devenant le clone d’un ordinateur. Il s’agit d’une habileté
psychologique et la lecture de ce livre va vous apprendre à la
parfaire.

Bonnes et mauvaises nouvelles


J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle concernant votre mémoire.
La mauvaise est qu’il n’existe pas de truc, de pilule ou de secret
capable de doper votre mémoire comme par magie. La bonne est
qu’un large éventail de techniques permet de l’améliorer.

La mauvaise nouvelle est que la paresse affaiblit votre mémoire. La
bonne est que, moyennant certains efforts, de fantastiques
possibilités s’offrent à vous pour améliorer votre mémoire. Mais,
effort n’est pas forcément synonyme de torture. Ce peut être ludique
et stimulant.

Le vieil adage « On s’en sert ou on la perd » s’applique à votre
mémoire. L’utiliser peut être si enrichissant que vous vous
demanderez pourquoi vous avez choisi de rester là à ne rien faire
d’autre qu’assister à sa dégradation.

Le fait que des personnes dotées d’un QI élevé aient une meilleure
mémoire que vous peut vous inquiéter. Il est vrai que les tests
psychologiques sur la mémoire sont très liés aux scores obtenus aux
tests de QI. Arrêtons-nous là-dessus un instant. Comment se fait-il
que les individus au QI élevé réussissent si bien les tests ? Leur
mémoire contribue à renforcer leur QI. Si vous améliorez votre
mémoire, vous pouvez accroître votre QI.

Votre mémoire soutient presque toutes vos facultés de réflexion.
Améliorez-la et vous serez mieux à même de développer votre
potentiel dans de nombreux secteurs de votre vie.

Améliorer sa mémoire
Il existe de nombreuses techniques pour améliorer votre mémoire.
Mais, dans la mesure où vous êtes un être humain complexe, il
faudra en utiliser plusieurs pour remplir votre mission car vous
devrez effectuer plusieurs choses en même temps.

N’ayez crainte ! Améliorer sa mémoire n’a rien de sorcier si vous
procédez comme suit :

comprendre la réalité et les mythes sur le fonctionnement de


votre mémoire (voir chapitres 2 et 3) ;
vous assurer que votre cerveau est capable de se souvenir ;
éviter les substances qui nuisent à votre mémoire ;
conserver un esprit vif en faisant fonctionner votre intellect ;
apprendre des techniques de mémorisation telles que les
mnémoniques (voir chapitre 5) ;
utiliser en situation votre potentiel en termes de mémoire : à
l’école, au travail ou en société (voir chapitres 8, 9 et 11).

Je traite de la plupart de ces aspects de votre mémoire dans les


chapitres à venir. L’emploi de cette approche approfondie va non
seulement renforcer votre mémoire mais également améliorer votre
qualité de vie.

Découvrir le mécanisme de la mémoire


Pour améliorer votre mémoire, vous devez prendre en compte ces
composantes, comprendre la réalité qu’elle englobe et faire une
croix sur les mythes.
Certains des faits suivants vous surprendront peut-être :

Vos souvenirs sont constamment refaçonnés tout au long


de votre vie. Il s’agit d’instantanés représentant des
informations figées dans le temps. Au cours de votre vie, vous
subissez toutes sortes de changements : vous mûrissez, vous
tirez les leçons de vos erreurs et êtes même marqué par des
expériences malheureuses. Votre point de vue évolue avec le
temps et les lentilles que vous utilisez pour scruter vos
souvenirs teintent ces derniers. Votre cerveau est extrêmement
complexe et évolue constamment, ce qui affecte votre façon de
percevoir vos souvenirs. Ils sont susceptibles d’être modifiés en
raison des expériences que vous vivez.
Votre mémoire est une compétence que vous pouvez
cultiver et améliorer, quels que soient votre âge, votre
intelligence ou votre classe sociale. Ce n’est pas une chose que
vous avez ou que vous n’avez pas. Il est impossible de la perdre
ou de la trouver sous forme de puce prête à l’emploi.
Cependant, si vous endommagez votre cerveau, la gravité des
dégâts et leur nature peuvent influer sur la qualité de votre
mémoire (voir le chapitre 3).
Tout votre cerveau fonctionne comme un système.
Chaque mémoire a des points d’entrée dans de multiples
parties de votre cerveau. Vos souvenirs ne sont pas stockés
dans un seul endroit. Votre cerveau code vos souvenirs sous
forme de système comprenant différentes unités. Certaines
zones de votre cerveau sont spécialisées dans le codage des
souvenirs à l’aide de formes. Quelques zones se chargent de
coder les mots. Tout votre cerveau fonctionne comme un
système unique. Ainsi, quand vous tentez de vous souvenir
d’une Coccinelle Volkswagen de 1969, vous vous rappelez la
forme avec une partie de votre cerveau (l’hémisphère droit) et
les mots Coccinelle Volkswagen avec une autre partie de votre
cerveau (l’hémisphère gauche, voir chapitre 3).

Plus vous mobilisez de dimensions et de parties de votre cerveau


dans un souvenir, plus vous aurez de facilité à vous le remémorer
plus tard. Vous souvenir d’une Coccinelle Volkswagen de 1969 est
plus facile que vous remémorer une Plymouth Valiant de 1969 en
raison de la forme de la Coccinelle et du mot coccinelle (voir
chapitres 3, 5 et 6).

Votre cerveau possède plusieurs zones clés qui jouent un


rôle prépondérant dans la création de votre souvenir. L’une
d’elles est l’hippocampe, chargé de déplacer dans la mémoire à
long terme les souvenirs stockés dans la mémoire à court terme.
(Le chapitre 3 explique les différentes parties du cerveau.)
Trois facteurs sont essentiellement liés aux souvenirs stockés
dans la mémoire à court terme que vous déplacez dans la mémoire à
long terme :

Votre attention : généralement une mesure de la mémoire à


court terme.
L’importance de l’information : plus l’information est
importante ou pertinente, plus vous avez de chances de vous en
souvenir.
L’adéquation du souvenir par rapport à ce que vous savez
déjà : l’existence d’une base de souvenirs contribue à optimiser
l’acquisition d’une nouvelle connaissance.
Votre mémoire est tributaire de votre attention.
C’est simple, votre mémoire ne fonctionne pas sans la
mobilisation de votre attention. Quand vous êtes attentif, votre
cerveau est capable d’exécuter une extraordinaire gymnastique
mentale. Si vous le protégez et en prenez soin, vous serez en
mesure d’afficher une mémoire très solide.

Votre boucle phonologique


Interface entre la mémoire à court terme et la mémoire à
long terme, la boucle phonologique agit comme une porte
pour les nouveaux mots. Vous l’utilisez quand vous
construisez votre vocabulaire, en acquérant de nouveaux
mots, ou quand vous apprenez une langue. La boucle
phonologique est située au centre de l’hémisphère gauche
de votre cerveau. Si votre cortex préfrontal gauche est
endommagé, vous avez du mal à parler. Si la partie arrière
de votre lobe temporal gauche est endommagée, vous
éprouvez des difficultés à comprendre ce que l’on vous dit.
Alimenter correctement son cerveau
Votre faculté de mémorisation dépend d’un grand nombre de
facteurs dont le principal est de se nourrir correctement afin de
conserver un cerveau sain. Pour veiller à ce que votre cerveau
fonctionne de manière optimale, suivez ces directives :

Ayez une alimentation équilibrée. Ce que vous mangez


influe sur la chimie de votre cerveau. Manger ce qu’il faut à des
heures conseillées permet de fournir à votre corps les
composants nécessaires à la fabrication des substances
chimiques appelées neurotransmetteurs. Les neurotransmetteurs
jouent non seulement un rôle en termes d’humeur et de capacité
à avoir les idées claires, mais influent également sur vos
capacités mémorielles.

Un repas simple et équilibré est composé de glucides, de protéines


et d’un fruit ou légume. Manger équilibré trois fois par jour peut
vous offrir une base solide bénéfique pour votre cerveau et sa
mémoire.

Prenez les bons suppléments diététiques. Les vitamines et


les herbes peuvent renforcer votre mémoire. Certaines
vitamines B, par exemple, contribuent à fabriquer les
composants pour une chimie du cerveau satisfaisante. D’autres
vitamines, telles que la E, aident votre cerveau à se débarrasser
des substances chimiques néfastes. Elles contribuent à
combattre les modifications insidieuses et destructrices telles
que les dommages causés par les radicaux libres, la glycation et
l’homocystine. Les herbes, telles que le ginkgo, sont utilisées
pour améliorer la circulation du sang dans le cerveau. Le ginkgo
dilate les vaisseaux capillaires (petits vaisseaux sanguins), ce
qui peut aider les cellules de votre cerveau à disposer de
l’alimentation vitale dont elles ont besoin.
Faites régulièrement de l’exercice. L’exercice physique
améliore votre mémoire car il aide votre cerveau à recevoir les
substances nutritives dont il a besoin. À chaque fois que vous
faites de l’exercice, vous améliorez votre fréquence respiratoire,
votre métabolisme et votre niveau d’énergie. (Pour plus de
détails sur l’exercice physique et la mémoire, voir le chapitre
4.)

Éviter les aliments, boissons et drogues qui affaiblissent


votre mémoire
Les aliments, boissons et substances chimiques auxquels est exposé
votre cerveau ont des effets importants sur votre mémoire.

Si vous mangez des cochonneries riches en sucre, vous vous


préparez des moments difficiles caractérisés par une anxiété et une
mémoire à court terme défaillante. De même, si vous prenez trop de
boissons à base de caféine, l’anxiété vous fait perdre le fil et détruit
votre mémoire. Le fait de consommer de la caféine et du sucre à
jeun affaiblit brusquement votre humeur et votre mémoire.

Gardez à l’esprit les deux conseils suivants :

évitez les grandes quantités d’aliments sucrés (tels que les


bonbons, les petits gâteaux, etc.) ;
diminuez le plus possible la caféine (et ne buvez jamais de
café à jeun).

Si vous ne prenez pas soin de votre cerveau, votre mémoire à long


terme risque de s’affaiblir et votre cerveau ne vous offrira qu’une
mémoire peu performante. Pour éviter d’endommager votre cerveau
et votre mémoire, passez-vous des produits suivants :

Alcool : l’alcool élimine non seulement les cellules de votre


cerveau, mais également le fruit de leur production, à savoir une
bonne mémoire. L’alcool porte atteinte à votre capacité de
réflexion, si importante pour disposer d’une bonne mémoire.
Drogues : la marijuana et les autres drogues peuvent rendre
votre mémoire si confuse que vous perdez votre faculté de
concentration. La substance chimique figurant dans la
marijuana, appelée tétrahydrocannabinol (THC) peut vraiment
anéantir votre mémoire à court terme et votre motivation.
Neurotoxines : parmi ces poisons figurent les produits
pétrochimiques, les solvants et les herbicides. Elles tuent les
cellules du cerveau en cas d’exposition.
« Produits d’amélioration alimentaire » : le glutamate de
sodium et les édulcorants artificiels perturbent le
fonctionnement des cellules du cerveau.

Vivre vieux et avec une bonne mémoire


Vous êtes peut-être comme beaucoup de personnes qui ont peur de
voir leur mémoire s’évanouir avec le temps. Le vieillissement peut
affecter votre cerveau et vos capacités mémorielles.

Il est vrai que votre cerveau voit sa taille et son poids diminuer avec
l’âge. Vous pouvez ralentir cette détérioration :

en ayant une alimentation équilibrée pauvre en graisses


saturées;
en mangeant des aliments riches en vitamines, minéraux et
antioxydants ;
en prenant des vitamines, par exemple des préparations
multivitaminées à base large ;
en faisant régulièrement de l’exercice ;
en vous forçant à faire fonctionner votre intellect (suivez des
cours, assistez à des conférences, lisez et tenez des
conversations stimulantes).

L’un des facteurs intervenant avec le vieillissement est la


comparaison de votre faculté de réflexion avec celle des adultes plus
jeunes que vous. Ces derniers exécutent peut-être plus souvent
certains types de tâches intellectuelles et deviennent ainsi meilleurs
en la matière.

Mais si vous êtes âgé et avez régulièrement exécuté une tâche
mentale, votre habileté va non seulement augmenter, mais vous
allez également pouvoir rivaliser avec vos homologues plus jeunes.

Faire travailler ses systèmes de mémoire


Quels que soient votre âge ou votre profil, vous pouvez améliorer
votre mémoire à l’aide de nombreuses mnémoniques, indices
servant à vous souvenir d’informations. Il s’agit par exemple de la
méthode des crochets, de la méthode des lieux, des rimes
numériques et de l’association à des histoires. Je définis tous ces
termes et donne d’autres explications au chapitre 5.

La mnémotechnique vous aide à garder des informations en


mémoire en associant celles-ci à une lettre ou à un chiffre. mémoire
en associant celles-ci à une lettre ou à un chiffre. Par exemple, avant
août 2006, période à laquelle Pluton a été déclassée des planètes du
système solaire, pour vous souvenir de ces planètes, de la plus
proche à la plus éloignée du S oleil, vous pouviez dire : Mon Vieux,
Tu Me Jettes Sur Une Nouvelle Planète (Mercure, Vénus, Terre,
Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton).

Amorçage : récupérer des informations « perdues »


Le procédé connu sous le nom d’amorçage peut également vous
aider à vous remémorer les choses. Lorsque vous amorcez des
souvenirs, vous vous rappelez des éléments liés dans l’espoir que
l’information « perdue » vous revienne à l’esprit. Par exemple, si
vous ne savez plus où vous avez mis vos clés, vous repensez au
parcours effectué et à ce que vous avez fait. Vous amorcez ainsi le
souvenir de l’endroit où vous avez laissé vos clés.

Toutes sortes de moyens vous permettent de structurer des
informations pour vous aider à vous souvenir de celles-ci. Vous
pouvez procéder à un surapprentissage des éléments à retenir et
obtenir un retour pendant cet apprentissage. Si vous organisez les
informations en effectuant une agrégation (chunking en anglais) des
différents composants ou même en les faisant rimer avec d’autres
éléments, vous serez en mesure de les retenir.

Lorsque vous procédez à une agréation (ou groupement) des


informations, vous les divisez en petits segments plus faciles à
mémoriser. Par exemple, quand vous avez appris à retenir votre
numéro de Sécurité sociale, vous n’avez pas pris à l’état brut cette
longue chaîne de quinze chiffres (par exemple 139094564517820).
Vous l’avez « transformée » en 1-39-09-45-645-178-20.

Association : quand vous ne parvenez pas à retenir le prénom de


quelqu’un
Si vous êtes comme la plupart des gens, vous vous êtes déjà senti
gêné parce que vous bloquiez sur le prénom d’une personne. Vous
avez probablement vu des individus au supermarché qui vous
semblent familiers mais dont vous ne parvenez pas à retrouver le
prénom.

Vous pouvez vous souvenir du prénom d’une personne en


l’associant à :

sa profession ;
une caractéristique physique, telle que sa taille ;
un trait singulier du visage, tel qu’un menton en galoche ;
sa démarche.

Conduire sur la file de gauche


Le stress pouvant « assécher » votre mémoire, le stress
professionnel peut y semer la confusion quand vous êtes au
travail.

Avez-vous déjà eu l’impression de jongler avec plusieurs
tâches au bureau ? Être sous pression à cause de la charge
de travail est une chose, mais si vous vous imposez cette
pression, il en va tout autrement.

Dans notre société où tout file à cent à l’heure, le risque de
se sentir stressé et d’avoir l’impression de s’éparpiller est
réel. Par exemple, vous parlez au téléphone tout en
patientant au volant dans la file d’attente du drive-in d’un
fast-food, avant de rentrer chez vous et relever vos
courriels tout en écoutant les messages laissés sur votre
répondeur. Votre mémoire est également stressée et subit
cet éparpillement. Si vous importez ce mode de vie au
travail et tentez en permanence de jongler avec quatre ou
cinq tâches à la fois, vous épuisez inutilement votre
mémoire à court terme.
Vous allez me dire « Oui, mais c’est dur de conserver un
rythme moins élevé que celui de tout le monde. Aller de
l’avant est un comportement contagieux ! ». En effet, il est
difficile de résister à une société souffrant de troubles de
l’attention, même quand vous êtes au travail. Mais, si vous
ne résistez pas, vous serez incapable de développer tout le
potentiel de votre mémoire.

Le fond du problème c’est que chacune des tâches avec
lesquelles vous jonglez ne bénéficie que d’une partie de
votre attention. Aucune tâche n’est exécutée entièrement et
de façon méthodique. Vous en arrivez à oublier ce que
vous faisiez pour chacune de ces tâches. Elles commencent
à s’embrouiller mutuellement.

Prenez du recul face à ce climat social frénétique et
résistez à la tentation de vous lancer dans des numéros de
jonglage. Accomplissez chaque tâche jusqu’au bout avant
de passer à la suivante.
Tester sa mémoire
Vous pouvez utiliser des techniques de renforcement de votre
mémoire à l’école, au travail, en société et lors d’examens. Il existe
de bonnes et de mauvaises méthodes pour préparer un examen, elles
sont exposées dans le chapitre 10. Attendre la dernière minute pour
réviser et essayer de « fourrer » toutes les informations dans votre
mémoire est l’une des pires méthodes. Par contre, si vous planifiez
vos révisions en vous y prenant suffisamment longtemps à l’avance,
vos résultats à l’examen seront bien meilleurs.

Bachoter avant un examen est le meilleur moyen d’oublier les


informations.

Voici certaines des principales méthodes à privilégier pour


retenir des informations dans l’optique d’un examen :

démarrer les révisions longtemps à l’avance au lieu d’attendre


la dernière minute pour tout ingurgiter ;
organiser vos révisions en commençant par les notions
générales pour entrer ensuite dans les détails ;
traiter les principaux points en les soulignant et en les
surlignant ;
obtenir rapidement un retour d’informations et procéder aux
ajustements nécessaires ;
utiliser des mnémoniques, des symboles et des images.

Bien dormir pour bien se souvenir


Le manque de sommeil nuit à la mémoire. L’insomnie à
court terme est bien moins problématique que celle à long
terme. La première est généralement causée par une
mauvaise alimentation, l’alcool, la caféine et/ou le stress,
et il est plus facile de la guérir rapidement.

Par contre, l’insomnie à long terme fiche en l’air votre
rythme circadien. Si vous souffrez d’insomnie à long
terme, vous pouvez essayer l’approche chronobiologique
(décrite au chapitre 4).

En général, vous pouvez minimiser les insomnies en
essayant ceci :
Udiminuer le sucre et la caféine ;

Uéviter l’alcool ;

Udiminuer la luminosité de vos éclairages tard le soir (y
compris la luminosité de l’écran de votre ordinateur) ;

Uaugmenter la lumière vive le jour ;

Ufaire de l’exercice au moins trois à six heures avant
l’heure du coucher.

Au fur et à mesure que la qualité de votre sommeil va
augmenter, vous constaterez une amélioration de votre
mémoire. Alors, dormez à poings fermés !

Garder un esprit vif


En préservant votre esprit de toute distraction, vous vous mettez
dans les conditions optimales pour vous souvenir des choses.
L’anxiété, la dépression et la privation de sommeil peuvent affecter
votre mémoire (voir chapitre 4).

Apprenez à être suffisamment détendu et vigilant pour bâtir vos
souvenirs. Vous pouvez utiliser plusieurs techniques de relaxation,
telles que la relaxation progressive, la méditation et/ou la prière,
l’autohypnose, l’imagerie et l’exercice physique.

La dépression affecte non seulement votre humeur mais également
votre mémoire. Chasser le cafard peut vous aider à faire remonter
votre mémoire des bas-fonds. En apprenant à corriger vos erreurs de
pensée, vous pouvez sortir la tête de l’eau et profiter de nouveau de
la mémoire que vous aviez auparavant.

La performance de votre mémoire dépend de votre faculté à prêter
attention. Si vous êtes mentalement absent par distraction, anxiété
ou parce que vous souhaiteriez être ailleurs, vous n’allez pas coder
les informations en mémoire ou récupérer des souvenirs en
exploitant toutes vos capacités.

Vous pouvez essayer pleine conscience pour être complètement


présent (voir chapitre 13). Cette approche améliore non seulement
votre mémoire grâce à votre attention et à la clarté de votre esprit,
mais elle accroît également la qualité de votre vie. La pleine
conscience implique d’être complètement attentif à l’instant présent,
de savourer chaque sensation et de ralentir le rythme pour vivre
dans le présent.

À vous de jouer. Cultivez votre présence dans l’instant présent.
Libérez-vous l’esprit et améliorez vos capacités mémorielles.
Chapitre 2

Chasser ces mythes sur la mémoire

Dans ce chapitre :
Se souvenir est une habileté
Considérer sa mémoire comme un système
Modifier ses souvenirs
Prêter attention pour pouvoir se souvenir
Le surapprentissage comme moyen de vous assurer que vous
n’allez pas oublier les choses

Vous êtes né avec une mauvaise mémoire. Votre mémoire


s’apparente à une lampe, elle est parfois allumée et parfois éteinte.
Votre problème de mémoire est insoluble.

Si vous êtes d’accord avec n’importe laquelle des déclarations ci-
dessus, voici une bonne nouvelle : vous avez été prisonnier de ces
mythes sur la mémoire. Vous pouvez fuir ces mythes et améliorer la
façon dont vous retenez les choses.

Pour emprunter la voie de l’amélioration, vous devez chasser les
mythes que vous entendez sur la mémoire. Certains sont à tel point
faux que le simple fait d’y croire fait grimper votre niveau de stress.

Parmi ces mythes figurent les suivants :

croire que vous allez perdre à coup sûr votre mémoire ;


croire que vos souvenirs sont de petits fichiers d’informations
situés dans des zones bien précises de votre cerveau ;
croire que vos souvenirs sont de véritables instantanés
hermétiques aux expériences vécues depuis ;
croire que vous n’avez pas besoin d’être attentif pour vous
souvenir des choses ;
croire que vous êtes trop vieux, trop jeune ou trop bête pour
améliorer votre mémoire.

Dans ce chapitre, vous allez découvrir les mythes les plus courants
et les remplacer par des faits véridiques sur votre mémoire. Ces faits
constitueront la base de vos efforts pour améliorer celle-ci.

Mythe : croire à la perte de mémoire


Si vous êtes comme la majorité des gens, vous vous tracassez car
vous avez l’impression de perdre la mémoire. Vous oubliez peut-
être le nom de quelqu’un en plein milieu d’une conversation ou
vous égarez vos clés et passez une demi-heure à les chercher.

Ne craignez rien ! Vous ne perdez pas la mémoire car il est
impossible de la perdre. Balayez ce mythe et les autres et découvrez
que votre mémoire est une habileté que vous pouvez affiner.

Vos souvenirs ne sont pas stockés dans des zones bien précises de
votre cerveau mais plutôt largement dispersés (voir le chapitre 3
pour en savoir plus sur le cerveau). Après plus de cent ans de
recherches, les experts qui étudient le cerveau n’ont toujours pas
trouvé un endroit bien précis où seraient stockés les souvenirs.

Nombreux sont ceux à aimer utiliser l’analogie de l’ordinateur pour
décrire le fonctionnement du cerveau. Vous faites peut-être partie de
ceux qui disent : « Mon cerveau est comme un ordinateur dépassé.
Je ne peux accéder à mes fichiers car mon cerveau n’est pas assez
rapide et je n’ai plus d’espace libre pour les nouvelles
informations. »

Votre cerveau et votre mémoire sont bien plus complexes que
n’importe quel ordinateur. Votre mémoire est perfectible et n’est pas
préprogrammée comme un ordinateur. Ce n’est pas une partie
câblée de votre cerveau.

Votre mémoire n’est pas un bien c’est une faculté. Ce n’est pas
quelque chose que vous avez ou que vous n’avez pas. N’oubliez pas
d’associer au terme mémoire le verbe mémoriser.

Quand je dis que j’aime marcher, je sais que ce n’est pas une chose
mais une activité pour laquelle j’enregistre des progrès depuis que je
suis petit. Quand j’utilise le mot mémoire dans ce livre, j’entends
par là votre capacité à vous souvenir, votre façon de vous rappeler et
le style que vous employez pour vous remémorer. La mémoire est
une chose que vous faites avec plus ou moins de talent.

Vous vous dites peut-être : « C’est bien beau tout ça, mais je me
rappelais de bien plus de choses par le passé. » Cette affirmation est
peut-être vraie. La mémoire d’une personne peut se dégrader avec le
temps d’une multitude de façons.

Voici certaines explications à la baisse de votre mémoire :

une mauvaise alimentation ;


une consommation d’alcool ou de drogues ;
le stress (également l’anxiété et la dépression) ;
les médicaments engendrant des effets secondaires néfastes
pour la mémoire ;
le manque de sommeil ;
des difficultés à prêter attention ;
une diminution de l’activité mentale ;
l’utilisation de mauvaises techniques de mémorisation.
Il est possible de trouver des solutions à nombre de ces
problèmes. Vous pouvez aider votre cerveau à se souvenir en
essayant ceci :

suivre une alimentation équilibrée ;


prendre des vitamines et autres suppléments diététiques;
éviter l’alcool et les drogues ;
éviter les suppléments diététiques tels que le glutamate de
sodium ;
faire régulièrement de l’exercice, dormir et se détendre
(j’aborde l’importance de ces activités dans le chapitre 4).

Vous pouvez également découvrir comment utiliser des techniques


pour améliorer votre mémoire :

utiliser des listes mnémoniques (voir chapitre 5) ;


effectuer un surapprentissage et accroître votre savoir (voir
chapitre 6) ;
organiser en modèle les informations que vous souhaitez
retenir, par exemple à l’aide de rimes numériques (voir chapitre
12) ;
donner un sens à des informations.

Mythe : la mémoire est comme un classeur


Si votre mémoire est une aptitude et non une chose, de quelle
aptitude s’agit-il ? Est-ce comme faire du vélo, conduire une voiture
ou cuisiner ? Un peu. Mais la mémoire est bien plus complexe et est
à la base de chacune de ces activités.

À la source de tout ce que vous faites et apprenez figure la mémoire.
Impossible d’apprendre sans. Les personnes sérieusement touchées
au cerveau perdent également de diverses manières la faculté de se
souvenir, en fonction de la partie du cerveau endommagée. La
mémoire fonctionne comme un système à part entière. Si une partie
du système est affectée, ces personnes ont toujours des souvenirs
mais de façon limitée. Par exemple, elles peuvent être dans
l’incapacité de se souvenir de la forme de certains objets aussi bien
qu’avant l’accident. Cependant, elles sont en mesure de se
remémorer de choses d’une manière qui sollicite les parties
indemnes du cerveau.

Mesurer la mémoire
Les psychologues utilisent plusieurs tests pour évaluer les
différents types de mémoire. Certains mesurent votre degré
de mémorisation des choses entendues, d’autres, la façon
dont vous retenez les formes, le toucher, etc. La mère de
tous ces tests de mémoire est l’échelle clinique de mémoire
de Wechsler. Cette batterie de petits tests a subi quelques
révisions depuis sa création. Elle se complique à chaque
révision et l’éventail des types de mémoire testés
s’enrichit. Ses nombreux petits tests mesurent les différents
types de mémoire, tels que la capacité à se souvenir des
mots, des listes de nombres, des séquences de lettres ou de
nombres et des histoires. D’autres tests évaluent l’aptitude
à mémoriser les visages, les scènes de famille, les formes
et l’ordonnancement des modèles. Les scores obtenus
aident les psychologues à mesurer la mémoire visuelle et
auditive, différée et immédiate. Ils sont généralement
exprimés en pourcentages. Les scores de la mémoire
générale, de la mémoire de travail et de la mémoire
immédiate peuvent être comparés aux scores des tests de
QI.
Quand j’ai dit au Dr Ralph Reitan, père de la neuropsychologie
américaine (l’étude de la façon dont le cerveau influe sur le
comportement), que j’étais en train d’écrire un ouvrage sur la
mémoire, il m’a dit : « Veillez à bien mettre l’accent sur le caractère
systémique de la mémoire. » Il voulait dire par là que la mémoire
implique des systèmes du cerveau associés à des capacités
spécifiques.

Vous êtes doté de capacités de base en termes de mémoire telles que
vous souvenir de ce que vous entendez, de ce que vous ressentez et
de la façon dont vous vous déplacez. Il existe également des
souvenirs complexes. Vous vous souvenez des formes de divers
objets et visages, de mélodies, de mots et de nombres. Enfin, il
existe des types de mémoire encore plus complexes : des phrases
complètes, des morceaux de musique, des équations mathématiques,
le nom des capitales des pays d’Amérique du Sud, etc.

Même les tâches les plus simples mobilisent plusieurs systèmes de
mémoire. Lorsque vous conduisez votre voiture, vous vous appuyez
sur diverses capacités mémorielles.

Lorsque vous vous arrêtez à une intersection, vous vous souvenez
que c’est le moment d’être vigilant. Vous voyez un panneau rouge à
huit côtés et vous vous rappelez qu’il s’agit d’un signal d’arrêt
(mémoire visuelle/spatiale). Vous remarquez que le mot STOP est
inscrit sur le panneau et vous vous souvenez que ce mot signifie
qu’il faut que votre voiture marque un arrêt complet (mémoire
verbale avancée). Vous vous souvenez automatiquement que pour
stopper votre voiture sans bloquer les roues, il vous faut ôter votre
pied droit de l’accélérateur, le placer sur la pédale de frein tout en
débrayant avec le pied gauche (mémoire des mouvements, du
toucher et mémoire spatiale). Ensuite, une fois parvenu à l’arrêt
complet du véhicule, vous respectez le code de la route et vous vous
souvenez donc que le conducteur venant de votre droite a la priorité
sur vous (mémoire conceptuelle impliquant de nombreux systèmes).
Vous admettez que c’est à lui de passer. Vous le regardez et lui
faites signe (mémoire conceptuelle complexe). Il passe. Quand la
voie est libre, vous ôtez votre pied droit du frein, le placez sur
l’accélérateur en appliquant une pression progressive tout en
embrayant avec le pied gauche (mémoire des mouvements et du
toucher).

Même lors de cette expérience consistant à arriver à une
intersection, vous accédez à plusieurs systèmes de mémoire.
Pratiquement tout ce que vous faites mobilise des systèmes de
mémoire et non une mémoire bien précise.

Dans votre cerveau, il y a tant de systèmes qui fonctionnent


conjointement pour former les souvenirs, même les plus simples
(tels que la conduite), que plus vous codez un souvenir, plus vous
aurez de facilité à le faire remonter à la surface.

Si je reprends l’exemple de la conduite, même le panneau STOP
peut se coder de trois manières différentes. Vous pouvez vous
rappeler la forme distinctive du panneau, sa couleur rouge ou la
signification du mot STOP.

Par conséquent, une personne ne sachant pas lire pourra malgré tout
mémoriser la forme et la couleur du panneau. Mais, si vous êtes
daltonien, vous le mémoriserez via sa forme et le mot STOP. Et, si
vous êtes aveugle… mieux vaut ne pas conduire.

Mythe : les souvenirs sont des photographies et les


appareils photo ne mentent pas
Votre personnalité à l’instant présent détermine ce que vous vous
remémorez du passé. Réfléchissez à cela et vous verrez pourquoi
vos souvenirs vous surprennent parfois.

Êtes-vous déjà allé visiter l’école élémentaire dans laquelle vous
alliez étant petit et avez-vous été stupéfait de la trouver beaucoup
plus petite qu’elle ne l’était dans vos souvenirs ? Avez-vous déjà
réfléchi à un premier amour s’étant mal fini dont vous vous êtes
remémoré de nombreux bons moments idéalisés et très peu de
mauvais souvenirs ?

Si les souvenirs ne sont pas des choses, ils ne sont pas non plus
gravés dans la pierre. Vos souvenirs ne sont pas des instantanés que
vous pouvez vous remémorer avec une précision totale. Ils sont
retravaillés à partir de votre perception actuelle. Vous vous penchez
sur votre vie à travers le filtre de toutes les expériences vécues
depuis les événements dont vous essayez de vous souvenir.

Quand vous pensez au retour dans votre ancienne école élémentaire,
votre souvenir est affecté par la personne que vous étiez à l’époque
et celle que vous êtes aujourd’hui. Quand vous étiez petit, votre
école vous paraissait immense. Le souvenir de la taille de votre
école correspondait à l’enfant que vous étiez à ce moment-là. Vous
étiez plus petit, donc tout vous paraissait plus grand. Mais, vous
avez même sans doute exagéré le souvenir en rendant l’école plus
grande qu’elle ne l’était en réalité parce que vous y avez vécu
énormément de choses. C’était l’un des centres essentiels de vos
expériences enfantines.

Se souvenir est encore plus compliqué quand vous essayez de vous
remémorer une idylle. Vous repensez à cette histoire d’amour et
vous vous souvenez de tous ces moments empreints de passion.
Vous ne savez pas pourquoi, mais vous occultez les événements
ayant conduit à la rupture. Vous ne vous rappelez pas de la vision
d’ensemble car votre souvenir de ces moments passionnés est
particulièrement vivace.

Si ces expériences romantiques étaient très importantes pour vous,
vous vous en souvenez également depuis le présent. Vous exagérez
sans doute les grands moments si vous êtes seul actuellement ou si
vous vivez une histoire qui ne vous satisfait pas. Par contre, si vous
avez une liaison qui vous rend heureux, vous n’aurez probablement
pas tendance à exagérer les bons souvenirs d’une idylle passée.
Il a été démontré que cette tendance à l’exagération existait au sein
des couples. Si la relation s’est dégradée, les souvenirs du bon
temps peuvent être entachés. Par exemple, une femme trouvant son
mari distant pourra dire : « Il a toujours été comme ça. »

Lorsque vous essayez de vous souvenir d’événements dupassé,


pensez à la façon dont vous avez changé depuis. Le fait de vous
pencher ainsi sur vos souvenirs vous permet de constater à quel
point vous avez grandi et mûri avec le temps. constater à quel point
vous avez grandi et mûri avec le temps.

Maintenant que vous comprenez que les souvenirs ne sont pas de
simples instantanés d’informations, penchez-vous sur le thème
extrêmement controversé des souvenirs refoulés. Il s’agit de
souvenirs traumatisants rejetés par une personne dans son
inconscient. Sur les vingt dernières années, certains professionnels
de la santé mentale ont essayé d’aider leurs clients à faire remonter à
la surface des souvenirs potentiellement enfouis. Un thérapeute peut
tenter de les aider à boucher les trous figurant dans leurs souvenirs
d’enfance.

Vous vous demandez peut-être pourquoi vous ne vous souvenez pas
beaucoup de votre vie entre votre naissance et l’âge de 5 ans. Ce
trou de mémoire est très courant et aucunement alarmant.

Vos souvenirs victimes d’un


lavage de cerveau
Les sectes infligent à leurs adeptes un lavage de cerveau.
Elles accomplissent cet exploit notamment en retravaillant
leurs souvenirs. Pour s’assurer que les nouveaux adeptes
croient véritablement à leur nouvelle « famille », les sectes
entreprennent de les convaincre que leurs proches et amis
étaient méchants. Elles forcent les nouveaux adeptes à
déformer leurs souvenirs du passé, d’une manière
détournée souvent empreinte de gentillesse. La mission
d’un « déprogrammeur » est de remettre les anciens
adeptes d’une secte en phase avec la réalité de leur passé et
de les amener à cultiver de nouveau des souvenirs positifs
de leur famille et de leurs anciens amis.

Mais, il est parfois trop tard pour procéder à une
déprogrammation. La secte les emmène vers un « nouveau
monde » ou une délivrance illusoire, à l’instar du massacre
de Jonestown en 1978 ou du suicide collectif de la Porte du
Paradis qui s’est produit alors que les adeptes attendaient le
vaisseau spatial (caché dans la queue de la comète de Hale-
Bopp) qui les ramènerait vers leur « planète mère ». Ce
phénomène a conduit de nombreuses personnes à arborer
sur leur voiture des autocollants disant : « Il y a beaucoup
d’idiots mais très peu de comètes. »

Mais les individus devenant la proie des sectes souffrent de
bien plus de problèmes qu’il ne s’en cache derrière le mot
« idiot ». Ils perdent leur identité et subissent une
formidable déformation de leurs souvenirs personnels.

Lorsque vous essayez de faire remonter de vieux souvenirs,


n’oubliez pas qu’ils sont retravaillés et colorés par votre vie
actuelle. Ce dont vous essayez de vous souvenir a été contaminé par
ce qui s’est produit dans votre vie depuis les événements en
question.

Parfois, ces souvenirs « découverts » révèlent le problème très
délicat de la maltraitance des enfants. Bien que notre société ait à
juste titre commencé à reconnaître ce problème, trop de
professionnels de la santé mentale bien intentionnés ont fait
ressurgir des souvenirs d’événements qui n’ont même jamais existé.

Créer de faux souvenirs


La contamination des souvenirs intervient même lorsque
l’on demande aux enfants de se « remémorer » des
événements d’un passé récent. Un exemple malheureux
remonte à quelques années en arrière. En Californie, les
responsables d’une garderie ont été accusés à tort de
maltraitance sur la base de « souvenirs » d’enfants. Les
enfants qui fréquentaient cette garderie ont été interrogés
un nombre incalculable de fois par des « professionnels
qualifiés ». Ces professionnels ont « trouvé » la preuve que
des dizaines d’enfants étaient maltraités dans cet
établissement. On a découvert plus tard que ces
« professionnels qualifiés » avaient conduit les enfants à se
souvenir d’événements dont il est avéré qu’ils n’avaient
jamais existé. Par exemple, la personne utilisait une
poupée et demandait à l’enfant s’il pouvait « se souvenir
où on l’avait touché ». Après plusieurs entretiens, les
enfants ont commencé à aider les professionnels à
« découvrir » ce qu’ils attendaient.

Quand on interroge à plusieurs reprises des enfants sur un
événement bien précis, ils commencent par avoir
l’impression qu’il s’est bien produit. Ayant des capacités
limitées à se souvenir objectivement, ils assemblent des
morceaux regroupant ce que dit l’adulte qui les interroge et
ce qui leur est familier, par exemple les personnes
travaillant dans leur garderie. On a demandé à certains
enfants : « Est-ce qu’il t’a touché là, sur tes parties
intimes ? » Si cette question est répétée plusieurs fois, elle
finit par devenir familière. Ensuite, lorsque l’adulte
l’encourage, lui fait des compliments, voire récompense
l’enfant de n’importe quelle manière, en souriant ou en
paraissant satisfait, l’enfant coopère et confirme le
prétendu souvenir refoulé. Cette technique blesse les
adultes injustement accusés et les enfants, qui sont
désorientés et submergés par les émotions.

Je ne veux absolument pas dire que les souvenirs de réelles


maltraitances ne sont pas enfouis et déformés avec le temps. Mais
un thérapeute doit d’abord rechercher un certain nombre d’autres
symptômes de maltraitance avant d’essayer de faire ressurgir des
souvenirs. (Sur ce thème, voir l’encadré intitulé « Créer de faux
souvenirs » plus haut dans ce chapitre.)

Les gens sont plus susceptibles de repousser un souvenir de sévices


sexuels étant enfant si l’auteur est un membre de la famille et non
un voisin ou un inconnu. Accepter qu’un proche puisse vous
maltraiter est tout simplement plus difficile que s’il s’agit d’un
étranger. Cette acceptation est tout particulièrement difficile pour
les enfants dépendant de l’adulte membre de la famille.

L’hypnose est également une autre méthode très prisée pour faire
remonter à la surface des souvenirs perdus. Certains pensent que,
sous hypnose, vous pouvez capter des souvenirs non pollués par le
filtre de votre vie actuelle. Cette croyance repose sur l’idée que la
transe hypnotique vous transporte dans une réalité parallèle coupée
des nuisances de votre vie quotidienne consciente.

Après ma formation à l’hypnose, j’en suis venu à apprécier les


bienfaits de cette technique en termes d’attention, de relaxation et de
suggestion. Mais j’ai également pu me rendre compte à quel point
vous pouviez arracher une personne de ses croyances ou points de
vue à l’aide de suggestions posthypnotiques.

Vous ne pouvez pas non plus utiliser la régression pour retrouver
des souvenirs indépendants de la personne que vous êtes à l’instant
présent. Il est tout simplement impossible de revenir en arrière pour
capter des souvenirs vierges de toute influence de votre vie actuelle.

Le fond du problème c’est que les souvenirs ne sont pas gravés dans
la pierre. Ils sont retravaillés par toutes les expériences vécues
depuis lors. Vous n’êtes pas un ordinateur, mais un être humain
extrêmement complexe qui grandit et évolue tout le temps et même
en ce moment en apprenant des choses sur la mémoire.

Puisque vous n’êtes pas ordinateru doté de souvenirs statiques,


mais un être humain complexe, vous pouvez considérer vos
souvenirs comme des points de référence dans le parcours que vous
accomplissez. Quels que soient dans le parcours que vous
accomplissez. Quels que soient votre âge et votre instruction,
considérez-vous comme étant parfaitement capable de procéder à
des changements encore plus nombreux dans votre vie.

Prenons un exemple très simple. Vous prenez le tennis comme un
passe-temps et une façon de faire de l’exercice. Mais vous estimez
aujourd’hui avoir atteint un palier technique. Votre marge de
progression n’est certes pas aussi grande que lorsque vous avez
commencé, mais regardez tout le chemin parcouru et repensez à la
frustration qui était la vôtre à différents stades de votre carrière
tennistique. En vous plaçant de ce point de vue, vous pouvez
persévérer et continuer à apprendre.

Revisiter les souvenirs de vos dix dernières années dans un domaine
particulier est non seulement l’occasion de contempler tout le
chemin parcouru, mais également de faire le point sur les progrès à
accomplir. Ce principe s’applique quel que soit votre âge. Même à
80 ans, vous pouvez vous mettre au défi de développer une grande
sagesse et de vénérer la vie.

Mythe : vous pouvez apprendre en dormant… et autres


absurdités
Depuis les années 50, époque où l’on a découvert que les
publicitaires manipulaient les téléspectateurs et le public des
théâtres à coups de publicités, les accusations de « contrôle des
esprits » ont fleuri de temps en temps. En fait, les grandes
entreprises font bien plus que juste convaincre les gens d’acheter
leurs produits. Elles ont un pouvoir extraordinaire sur ce qui nous
est servi à la télévision et même sur ce que nous voyons au journal
télévisé. Mais ce pouvoir s’exerce uniquement lorsque vous prêtez
attention.

Prenez les séries d’incidents très médiatisés d’apprentissage
subliminal. (Subliminal signifie au-dessous du seuil d’attention.)
Dans les théâtres, on projetait à l’écran des flashs du mot pop-corn
au-dessous du seuil de conscience. Les ventes de pop-corn auraient
crevé le plafond grâce à cet apprentissage subliminal.

Eh bien, les ventes de pop-corn ont en effet explosé et voici la fin de
l’histoire : quand les chercheurs ont demandé aux acheteurs de pop-
corn la raison de leur achat, ils ont dit qu’ils avaient vu une image
fugitive de pop-corn, ce qui leur a rappelé qu’ils en voulaient. Le
message « subliminal » n’était pas du tout caché !

En fait, pour vous souvenir d’une chose que vous allez utiliser, vous
devez en avoir conscience. Les publicitaires ont découvert que vous
retenez leur produit uniquement s’ils réussissent à attirer votre
attention et font en sorte que vous l’associiez à un élément
important à vos yeux. Par exemple, réfléchissez à la façon dont une
publicité essaie de vous convaincre d’acheter une certaine marque
de voiture. Elle peut faire résonner à vos oreilles un air entraînant
que vous aurez du mal à oublier, ou vous dire qu’opter pour une
voiture de cette marque est idéal pour attirer une personne du sexe
opposé ou que cela vous donnera une classe incomparable.

L’essentiel est d’être attentif pour retenir les choses. En outre,


ce dont vous essayez de vous souvenir doit bien « coller» à votre
vie. La projection pendant une fraction de seconde du mot pop-corn
ne fera pas l’affaire.

Ce point nous conduit à un autre mythe sur la mémoire :
l’hypnopédie ou l’apprentissage pendant le sommeil. Pendant de
longues années, les États-Unis et l’ancienne Union soviétique ont
financé de nombreuses études sur l’exploitation de l’hypnopédie.
Mais les résultats ont montré que l’hypnopédie ne constituait pas
une méthode d’apprentissage satisfaisante. Certains sont parvenus à
apprendre ce qu’ils entendaient sur les cassettes… parce que cela les
réveillait ! Et si nous faisions cela en permanence, nous ne
dormirions plus et l’épuisement est fatal à la mémoire.

Certaines entreprises vendent des cassettes audio et se vantent


d’être capables de vous enseigner des choses pendant que vous
dormez. On vous fait croire que pendant que la bande tourne sous
votre oreiller, vous êtes en phase d’apprentissage et que vous vous
souviendrez le lendemain, voire dans plusieurs semaines, de ce que
vous aurez appris. Un conseil ? Si vous apprenez l’espagnol pendant
votre sommeil pour vous préparer à un voyage en Amérique latine,
n’oubliez pas de glisser dans votre valise un bon dictionnaire
d’espagnol. Encore mieux, emmenez un traducteur.

Vive Las Vegas !


Vous avez sans doute appris des choses sur les autistes en
regardant le film Rain Man, dans lequel Dustin Hoffman
joue un autiste savant d’une quarantaine d’années aux
capacités mentales à peine supérieures à celles d’un enfant,
mais doté de la troublante faculté de mémoriser des
longues suites de chiffres. Son frère sans scrupule, joué par
Tom Cruise, exploite le don de son frère (cet autiste) à Las
Vegas. Extrêmement rares, les autistes savants développent
une faculté au point de surpasser la plupart des personnes
dotées de meilleures capacités intellectuelles. Ce sont des
génies du calcul ou ils n’ont pas leur pareil pour mémoriser
un morceau de musique, mais ils sont généralement limités
dans les autres domaines.

L’hypnopédie n’est pas une méthode d’apprentissage efficace. Il


vaut mieux essayer de retenir des choses lorsque vous êtes éveillé,
en lisant, en étudiant ou en assistant à des conférences.

Vous avez probablement déjà entendu parler de ces personnes
capables de mémoriser quelque chose pour toujours rien qu’en le
lisant une fois. On dit qu’elles ont une « mémoire photographique ».
Vous avez sans doute aussi entendu des histoires sur des individus
capables de répéter des séries de chiffres qu’ils ont entendues une
seule fois, même si leurs autres compétences sont limitées. On les
appelle des autistes savants. (Voir l’encadré « Vive Las Vegas ».)

En fait, très peu de personnes ont ce genre de facultés limitées,
consistant par exemple à parfaitement se souvenir d’une seule
dimension. Même les individus présentant ce talent répètent sans
cesse mentalement les éléments.

Pour se souvenir durablement ou de façon éphémère de n’importe
quelle chose, il faut la repasser dans votre esprit. Par exemple, pour
essayer de mémoriser une image ou une série de chiffres, vous
devez prêter attention à certains détails de l’image ou vous répéter
les chiffres de nombreuses fois.

Vous pouvez également tirer parti de l’utilisation d’associations,


de mnémoniques, de la méthode des crochets et de l’agrégation.
(J’aborde toutes ces méthodes dans la deuxième partie.)

Une brève exposition à un élément à retenir ne suffit pas. À quoi
bon essayer ? Vous n’êtes pas un appareil photo qui capte
instantanément, vous êtes un être humain. Par conséquent, absorbez
l’information, ne vous contentez pas d’un coup d’œil furtif.

Vous devez revoir plusieurs fois l’élément à mémoriser. Procédez
donc à un surapprentissage. C’est également valable si vous suivez
des cours. Le surapprentissage implique l’étude approfondie du
contenu sur une période de temps assez longue. Vous pouvez par
exemple l’assimiler en prenant de multiples angles d’approche.
Apprenez-en un maximum, penchez-vous sur l’histoire, le contexte
et les principaux thèmes de la matière. Vous parviendrez ainsi à
retenir plus de choses. C’est aussi simple que cela.

Par exemple, si vous essayez de retenir la structure politique du
Nigeria pour un cours de relations internationales, vous serez sans
nul doute en mesure d’assimiler plus d’informations si vous lisez sur
l’histoire, l’économie et les différentes ethnies du pays. En vous
documentant sur les trois principales ethnies (Ibo, Hausa et Yoruba),
vous vous penchez sur une couche, une dimension. Vous apprenez
ensuite que les Hausa ont dominé la politique pendant quelques
années. Vous découvrez que les Hausa occupent le centre et le nord
du pays et qu’ils sont en majorité musulmans. Vous tombez ensuite
sur l’histoire de la bataille entre ces ethnies et apprenez comment les
Ibo ont été repoussés pendant la guerre du Biafra. Puis, vous passez
à l’économie et découvrez que le pétrole est au centre de l’économie
mais aussi des relations du Nigeria avec les autres pays.

Avec toutes ces dimensions destinées à pénétrer votre mémoire,
vous avez plus de chances de retenir n’importe lequel de ces aspects
du Nigeria. Si l’on vous interroge sur un aspect, le fait de penser à
un des autres va vous permettre de faire le lien. Admettons que l’on
vous pose des questions sur la guerre du Biafra. Le fait de connaître
les trois principales ethnies peut vous aider à vous souvenir
d’épisodes de ce conflit.

En révisant pendant quelques semaines pour un examen, vous vous
mettez dans de bonnes conditions pour retenir la complexité de la
matière. Par contre, bachoter la veille de l’examen n’est pas une
méthode très efficace (pour en savoir plus sur les inconvénients du
bachotage, voir le chapitre 10). Vous ne retenez pas les informations
ingurgitées, en tout cas pas assez longtemps pour réussir à l’examen.

La différence entre le bachotage et les révisions sur une période
importante se rapproche de celle qui existe entre un croquis rapide
et la création d’une peinture à l’huile. Avec le croquis, la scène que
vous dessinez ne révèle qu’une seule dimension. Avec la peinture à
l’huile, la scène offre une complexité à couches multiples : la
perspective, la couleur, la dimension et la texture. Vous souhaitez
sans doute que vos souvenirs tiennent plus de la peinture à l’huile
que du croquis rapide.

Mythe : vous êtes trop vieux, trop jeune ou trop bête


pour améliorer votre mémoire
Vous avez sans doute déjà entendu quelqu’un s’excuser d’avoir un
trou de mémoire : « Désolé, je vieillis, j’ai la mémoire qui flanche. »
Mais, ce n’est pas parce que vous êtes âgé que vous êtes condamné
à perdre la mémoire.

Certes, les psychologues ont démontré que l’être humain voit sa
mémoire décliner quelque peu quand il prend de l’âge. Mais ce
phénomène n’est pas aussi marqué qu’on le croit généralement (voir
chapitre 7). Toutes les personnes âgées ne voient pas leur mémoire
s’altérer au même rythme. Bien qu’il soit prouvé que la mémoire
visuelle et la mémoire spatiale déclinent plus vite que la mémoire
verbale, tout le monde ne perd pas ses moyens mémoriels à la même
vitesse.

Le fait est que les personnes âgées menant une vie active et riche
voient leur mémoire et leurs capacités de raisonnement moins
décliner. Cette tendance confirme l’adage : « On s’en sert ou on la
perd. » En fait, c’est la façon d’utiliser votre cerveau qui est
importante, pas seulement le fait de le mobiliser. Et, avec un peu de
pratique, les personnes âgées peuvent être plus performantes que les
jeunes.

En parlant des jeunes, si vous en avez un à la maison ou si vous êtes
jeune vous-même, vous avez peut-être déjà entendu quelqu’un dire :
« C’est une vraie tête de linotte. » Ce n’est pas parce que vous êtes
un adolescent ou un enfant qu’il faut vous attendre à avoir des trous
de mémoire.

Enfants et adolescents peuvent améliorer leur mémoire, non
seulement avec l’âge, mais également via l’utilisation de techniques
spécifiques. Pourquoi ne pas être avantagé dès le départ et être
meilleur à l’école ?

Henry Ford disait : « Il y a des gens qui disent qu’ils peuvent,


d’autres qu’ils ne peuvent pas. En général, ils ont tous raison. »
Pourquoi ne pas avoir raison d’améliorer votre mémoire ?
Chapitre 3

Découvrir comment votre cerveau


procède pour se souvenir

Dans ce chapitre :
Partir en excursion dans vos hémisphères et vos lobes
Examiner la chimie des cellules de votre cerveau
Comprendre les différentes étapes et chemins empruntés par
vos souvenirs
Multiplier la puissance de votre mémoire à l’aide d’images

Vous possédez l’organe le plus complexe qui existe sur cette


planète. Votre cerveau est plus puissant que n’importe quel
ordinateur. Prenons un seul souvenir, il est capable de surclasser un
ordinateur. Votre cerveau se souvient à coups de sensations en
exploitant la richesse du contexte de l’expérience, ce dont est
incapable l’ordinateur.

Dans ce chapitre, vous allez découvrir comment votre cerveau crée
les souvenirs. J’explique comment il se souvient, les différentes
étapes qu’emprunte un souvenir et à quel point les chemins via
lesquels vos souvenirs sont codés illustrent le caractère dynamique
et évolutif de votre mémoire.

Naviguer dans les méandres de vos hémisphères et de


vos lobes
Votre cerveau est doté de deux grands hémisphères, le gauche et le
droit. Chaque hémisphère comprend quatre lobes : frontal, temporal,
pariétal et occipital (voir figure 3.1).

Ces lobes offrent une grande zone de stockage des souvenirs.
Comme je l’explique dans ce chapitre, chacun de ces lobes a sa
façon bien à lui de coder vos souvenirs.

L’hémisphère droit contrôle le côté gauche de votre corps et
l’hémisphère gauche, le côté droit. Le croisement des fibres
nerveuses se produit en profondeur dans le tronc cérébral, dans le
bulbe rachidien.

Figure 3-1 : Le cerveau


est constitué des
hémisphères gauche et
droit, chacun
comprenant quatre
lobes.

C’est dans l’hémisphère droit que sont stockés les souvenirs visuels
et spatiaux. La mémoire spatiale englobe tout ce qui occupe un
espace physique, la forme de ce livre par exemple. Pour sa part,
l’hémisphère gauche traite les souvenirs verbaux. Les deux
hémisphères collaborent pour tous vos actes.

Voici votre hémisphère droit, l’antre des émotions


Votre hémisphère droit a des connexions plus poussées que votre
hémisphère gauche avec d’autres parties de votre cerveau, en
particulier le système limbique. En d’autres termes, l’hémisphère
droit est mieux à même de saisir le climat émotionnel d’une
conversation que l’hémisphère gauche. (Pour de plus amples
informations sur le système limbique, reportez-vous à la section
intitulée « T comme temporal : vous souvenir de ce que vous
entendez », plus loin dans ce chapitre.)

La bande de fibres qui relie vos deux hémisphères est le corps
calleux. Il sert à relier les neurones distants de chaque hémisphère,
leur permettant ainsi de « fusionner », ce qui confère dimension et
profondeur à tous vos actes et pensées.

Si vous êtes une femme, vous apprendrez avec intérêt que votre
corps calleux est plus dense que celui d’un homme, ce qui signifie
que vos deux hémisphères fonctionnent ensemble de façon plus
homogène. C’est peut-être ce qui explique une plus grande intuition
chez les femmes. Elles parviennent à mieux ressentir le climat
émotionnel d’une conversation ou d’une situation.

Malgré quelques différences de câblage en fonction du sexe, il est
possible de faire en sorte de mener sa vie d’une manière plus
équilibrée. Vous connaissez peut-être la caricature typique de
l’homme : quelqu’un qui ne prête pas attention à ses sentiments, qui
ne veut pas s’ennuyer avec des émotions. Cependant, les hommes
du XXIe siècle deviennent plus sensibles et les femmes prennent de
l’assurance. On constate un meilleur équilibre entre les sexes en
raison de changements culturels ou de l’évolution des mœurs.

À la rencontre de votre hémisphère gauche, compartiment


ordonné

L’hémisphère gauche essaie d’ordonner le monde, c’est l’interprète.


Il excelle dans le repérage des détails de ce que vous apprenez.

L’hémisphère droit essaie d’appréhender les situations dans leur
globalité et saisit les informations de manière littérale. Quand les
deux parties du cerveau fonctionnent ensemble, vous obtenez un
système de poids et contrepoids qui vous permet de faire preuve de
souplesse et de pragmatisme. Vous devez être ouvert tout en étant
capable d’interpréter l’environnement dans lequel vous vivez.

Vos souvenirs ne sont pas stockés dans des compartiments de votre
cerveau, à errer et à se dégrader avec le temps. Ils sont dispersés et
colorés par les talents uniques des lobes. En fait, pour les personnes
âgées, ce ne sont pas les vieux souvenirs qui disparaissent, mais
c’est la capacité à en stocker de nouveaux qui peut s’avérer plus
difficile. (Pour en savoir plus sur la façon dont les personnes âgées
peuvent renforcer leur mémoire, lisez le chapitre 7.)

Si chacun des deux hémisphères a une vocation différente, les
quatre lobes en portent l’empreinte générale. En outre, chaque lobe
possède une aire de prédilection : l’ouïe, les sensations, la vue et la
motricité.

T comme temporal : vous souvenir de ce que vous


entendez
Vos lobes temporaux contiennent l’aire auditive. Ils vous aident
également à vous souvenir de l’essentiel d’une expérience. Tous les
droitiers et 80 % des gauchers utilisent leurs lobes temporaux pour
le langage.

La partie supérieure de votre lobe temporal gauche s’appelle l’aire
de Wernicke. Elle intervient dans la compréhension des sons du
langage.

En bordure de vos lobes temporaux, figure une zone nommée
système limbique. Mobilisé dans le souvenir des émotions, il
comprend deux structures clés qui interviennent dans le processus
de mémorisation :
l’amygdale ;
l’hippocampe.

L’amygdale, en forme d’amande, joue un rôle prépondérant dans la


mémorisation du contexte émotionnel de vos souvenirs. Lorsque
vous vivez un événement, votre amygdale enregistre votre réaction
émotionnelle face à celui-ci.

Les personnes « cerveau droit »


ou « cerveau gauche »
Il y a tout un battage médiatique sur le caractère associé
aux deux hémisphères du cerveau. Les individus « cerveau
droit » seraient plus créatifs et même spirituels que les
« cerveau gauche ». Ces derniers sont considérés comme
étant plus rigides et méticuleux. Nombre de personnes à
l’origine de ce battage, né dans les années 70 et qui
persiste, ont depuis longtemps abandonné cette thèse.
Votre cerveau est bien plus complexe que ne le laisse
penser cette théorie simpliste. Les prémisses ne sont
pourtant pas entièrement erronées car chaque hémisphère
est spécialisé dans la création et le stockage de types de
souvenirs particuliers.

La découverte Carl Wernicke


En 1881, le Dr Carl Wernicke a découvert chez un homme
que la partie supérieure gauche du lobe temporal était
endommagée, trouble qui sera plus tard dénommé aphasie
de Wernicke. Le terme aphasie signifie perte de la parole.
Le type d’aphasie dont ce patient souffrait est « l’aphasie
sensorielle ». Il était dans l’incapacité de comprendre ce
qu’on lui disait. Si son expression verbale n’était pas
touchée, son discours n’avait pas de sens car il ne parvenait
plus à comprendre le sens des mots qu’il employait.

Une personne dont l’amygdale est touchée a des difficultés à se


souvenir du contexte émotionnel d’un événement, soit parce qu’elle
réagit trop ou pas assez à celui-ci. Par exemple, si elle rencontre de
nouveau un individu qui s’est montré agressif avec elle dans le
passé, il se peut qu’elle fasse preuve d’indifférence, comme si elle
avait oublié l’incident.

L’amygdale évalue la signification des nouvelles expériences à vos
yeux. Si la peur est appropriée, l’amygdale sonne l’alerte en libérant
des hormones qui vous mettent en éveil.

Si un événement vous a traumatisé, votre amygdale vous a aidé à


enregistrer la réaction émotionnelle face à ce traumatisme. Les
personnes souffrant d’un état de stress post-traumatique ont des
souvenirs de l’événement qui remontent à la surface en permanence.

Votre hippocampe (voir figure 3-2) constitue une autre partie du


système limbique ayant un rôle central dans vos souvenirs.
L’hippocampe est l’élément clé dans le transfert des éléments de la
mémoire à court terme vers la mémoire à long terme. Si une
expérience est suffisamment importante, votre hippocampe code le
souvenir pour que vous puissiez vous en souvenir plus tard.

Si votre hippocampe reçoit des informations essentielles pour vous,
il les déplace dans votre mémoire à long terme. Si vous revivez sans
cesse un événement, même ennuyeux, votre hippocampe le transfère
vers la mémoire à long terme.

Voyons ce principe en action : les types qui conçoivent les
publicités pour la télévision n’ont peut-être pas une connaissance
approfondie de l’anatomie de votre cerveau et de votre hippocampe,
mais ils savent que répétition rime avec mémorisation. Si vous
entendez ou voyez à plusieurs reprises une publicité, surtout si elle
comporte un air entraînant ou une plaisanterie idiote, vous aurez du
mal à l’oublier.
En parcourant les allées de votre supermarché, vous vous
surprendrez peut-être à fredonner l’air de la publicité pour votre
savon liquide et finirez par en mettre six berlingots dans votre
caddie !

Figure 3-2 :
L’hippocampe transfère
les éléments de la
mémoire à court terme
vers la mémoire à long
terme.

Votre hippocampe est bien caché dans vos lobes temporaux. S’il est
endommagé d’une manière ou d’une autre, vous éprouvez alors des
difficultés à opérer le déplacement des souvenirs de la mémoire à
court terme vers la mémoire à long terme. (Voir l’encadré intitulé
« La nouvelle vie de H.M. »)

« Attaque frontale »
Vos lobes frontaux contiennent l’aire de la motricité. Ils sont plus
complexes que ceux de n’importe quelle autre espèce vivant sur
notre planète et interviennent dans bien d’autres domaines que le
mouvement. Les lobes frontaux représentent ce que vous avez de
plus humain : cette partie de votre cerveau vous aide à construire
votre identité. Bien que tous les mammifères aient des lobes
frontaux, les vôtres constituent le plus grand bond dans notre
évolution. Il s’agit de votre centre de contrôle fonctionnel et de la
dernière zone à se développer quand vous grandissez.

Les adolescents se torturent souvent à coups de questions telles


que : « Qui suis-je ? » « Comment trouver ma place dans ce
monde ? » Ils éprouvent des difficultés à se forger une identité. Un
de mes amis a déclaré un jour : « La seule chose dont un adolescent
est sûr c’est qu’il est différent de toi. » En outre, c’est cette partie du
cerveau qu’ils utilisent pour se souvenir de ce qu’ils ne sont pas.

La partie antérieure de vos lobes frontaux dirige vos mouvements et


se développe avant les autres zones. Vous avez dû vos premiers
mouvements à des groupes musculaires essentiels tels que ceux de
vos membres, puis vint ensuite la motricité fine de vos doigts. Vous
avez d’abord saisi des jouets avant de les emboîter.

La partie inférieure de votre lobe frontal gauche vous aide à élaborer
les souvenirs avant qu’ils ne soient codés dans votre mémoire à long
terme. La distraction intervient quand cette partie ne fonctionne pas
à plein régime, par exemple lorsque vous prêtez attention à trop de
choses à la fois.

En remontant sur le côté gauche de votre lobe frontal gauche, vous
parvenez dans une zone vous aidant à trouver les mots qu’il faut
pour vous exprimer. Il s’agit de l’aire de Broca.
Les personnes dont cette aire est endommagée souffrent d’une
« aphasie motrice ». Elles ont du mal à s’exprimer mais
comprennent normalement. Mais, rassurez-vous, ce n’est pas parce
que vous avez parfois un mal fou à vous souvenir d’un nom que
vous souffrez d’aphasie motrice.
La nouvelle vie de H.M.
H.M. est l’un des patients de neurochirurgie les plus
célèbres du XXe siècle. Il souffrait d’une grave épilepsie
jusqu’à ce qu’un neurochirurgien lui enlève une grande
partie de ses lobes temporaux et l’intégralité de son
hippocampe et de son amygdale.

La chirurgie fut un succès au regard du traitement de
l’épilepsie de H.M. puisque ses crises disparurent
complètement. Malheureusement, un grave effet
secondaire fit son apparition : H.M. devint incapable de
retenir de nouveaux souvenirs. Si sa mémoire à long terme
est demeurée intacte pour les événements antérieurs à
l’opération, H.M. s’est retrouvé dans un état perpétuel de
« découverte ». Il était ainsi incapable de transférer de
nouvelles informations de sa mémoire à court terme vers sa
mémoire à long terme. Il ne pouvait plus constituer de
nouveaux souvenirs après l’intervention. S’il était distrait,
il perdait tout ce que contenait sa mémoire à court terme.

Quand vous rencontriez H.M., vous aviez sans doute une
conversation très agréable avec lui, mais si vous sortiez de
la pièce pendant quelques minutes, à votre retour, il avait
oublié qui vous étiez. Il vous saluait comme s’il ne vous
connaissait pas. Il était dans un état de découverte
perpétuelle. Tout était nouveau pour lui. Il pouvait regarder
le même film en boucle car, à chaque fois, c’était comme
s’il ne l’avait jamais vu.

Malgré l’absence de ses hippocampes gauche et droit et
des parties internes de ses deux lobes temporaux, H.M.
était parfaitement en mesure de s’occuper de son
environnement immédiat. Il avait toutes ses capacités
intellectuelles, ses scores tout à fait corrects aux tests
d’intelligence après l’opération étaient les mêmes que ceux
obtenus avant l’opération.

Pendant le restant de sa vie, il fut incapable de constituer
de nouveaux souvenirs. Il était comme perdu dans l’instant
présent.

Malgré son incapacité à coder des souvenirs dans sa
mémoire à long terme, il pouvait savourer chaque
expérience comme si c’était la première fois qu’il la vivait.
Même répétées, pour lui, il s’agissait à chaque fois
d’expériences nouvelles.

Alors, savourez non seulement les nouvelles expériences
mais également celles déjà vécues qui se représentent,
comme s’il s’agissait d’une nouveauté pour vous. Pas
besoin de vous faire enlever l’hippocampe pour apprécier
la vie avec fraîcheur.

Élocution O
En 1861, Emil Broca a réalisé l’autopsie d’un homme qui
avait énormément de difficultés à s’exprimer. Tout ce qu’il
pouvait dire c’était « Tan, Tan ». Broca a découvert une
lésion de la taille d’une pièce en argent d’un dollar sur le
lobe frontal gauche. Il a émis à juste titre l’hypothèse que
cette zone du cerveau était chargée de trouver les mots
pour s’exprimer.

Votre lobe frontal gauche est très impliqué dans la réflexion menée
sur vos souvenirs et leur interprétation. Chez les patients souffrant
de dépression, le lobe frontal gauche n’est pas assez actif et bute sur
cette tâche.

Les dépressifs ressassent des souvenirs négatifs et procèdent à une
surgénéralisation des événements futurs sur la base de ces souvenirs
déplaisants.

En général, tous les efforts fournis pour adopter ou empêcher un
comportement mobilisent vos lobes frontaux. Tout dégât dans cette
zone peut vous ôter votre énergie ou vous rendre terriblement
impulsif.

C’est difficile à croire, mais dans les années 30, l’un des traitements
en cas de maladie mentale grave était la lobotomie frontale. Il
s’agissait de séparer les lobes frontaux des autres parties du cerveau.
Les patients qui subissaient cette intervention perdaient toute
énergie.

P comme pariétal : sensations garanties


Le lobe pariétal traite les sensations. Ces lobes vous aident à savoir
quel endroit de votre corps a été touché, à vous situer dans l’espace
et à gérer votre perception spatiale générale. L’aire sensorielle est
située tout à l’avant de vos lobes pariétaux, à la limite du cortex
moteur, cette zone arrière des lobes frontaux qui contrôle vos
mouvements.

La partie arrière de vos lobes pariétaux vous aide à vous situer dans
l’espace. Votre lobe pariétal droit est le spécialiste de la
mémorisation des formes. J’ai déjà testé une personne dont le lobe
pariétal droit était endommagé. Il avait beaucoup de mal à se
souvenir des formes spatiales. Quand je lui ai demandé de dessiner
une forme que je lui avais montrée dix minutes auparavant, son lobe
pariétal droit semblait hésiter contrairement à son lobe pariétal
gauche. Son dessin comportait de nombreux détails (lobe pariétal
gauche) mais aucune forme (lobe pariétal droit).
O comme occipital : vous voyez ce que je veux dire
Vos lobes occipitaux jouent un rôle dans vos capacités visuelles.
S’ils sont altérés, vous pouvez devenir aveugle. Chez certaines
espèces animales, ces capacités sont beaucoup plus grandes que
chez les humains. C’est le cas par exemple des gorilles qui sont
capables de détecter dans la forêt dense ce qui nous apparaîtrait
comme des changements très légers.

Mais ces lobes occipitaux n’ont pas le monopole de vos souvenirs
visuels. Même le souvenir d’un objet bien précis, par exemple la
chaise sur laquelle vous avez pris place dans la maison de votre ami,
est dispersé dans tout votre cerveau. Vous vous souvenez de sa
forme élégante (lobe pariétal droit), de sa fermeté quand vous vous
trémoussiez dessus pendant le monologue interminable de votre ami
(cortex moteur), de l’avoir observée en quittant la pièce et d’avoir
remarqué sa couleur cannelle profonde (lobe occipital).

Plongée au cœur des cellules du cerveau


Votre cerveau est un organe « électrochimique » qui fonctionne en
partie avec des réactions chimiques et en partie avec des réactions
électriques. Le terme électrique ne signifie pas qu’un courant
parcourt votre cerveau. Il traduit plutôt le déclenchement
d’impulsions de la part des neurones à l’instar d’un courant
électrique. Mais, entre les neurones, votre cerveau s’appuie sur la
chimie. Vos neurones communiquent entre eux via des messagers
chimiques appelés neurotransmetteurs.

Comprendre ses messagers chimiques


Plus de cinquante types de neurotransmetteurs sont à pied d’œuvre
dans votre cerveau. Ils vous permettent de penser, de sentir des
choses et de vous souvenir. Vos neurones se spécialisent dans
certains types de neurotransmetteurs.

Certains neurotransmetteurs, tels que la dopamine, veillent à ce que
vous soyez en alerte, tandis que d’autres, tel que l’acide gamma-
aminobutyrique (GABA) vous assagissent et vous calment. D’autres
encore, comme la sérotonine, vous aident à vous préserver de la
dépression. La norépinéphrine maintient votre humeur et vous aide
à coder vos souvenirs.

L’acétylcholine joue un rôle essentiel dans l’apprentissage et la
mémoire. Tout blocage de l’acétylcholine affecte vos souvenirs. Par
contre, sa présence améliore votre capacité à vous souvenir.

Tous ces neurotransmetteurs procèdent en sautant à travers une


synapse, le point de jonction entre les neurones. D’un côté de la
synapse, la membrane présynaptique contient des petits sacs de
neurotransmetteurs spécifiques libérés quand le neurone déclenche
un potentiel d’action. Libéré, le neurotransmetteur flotte dans la
synapse jusqu’à ce qu’un autre neurone le récupère ou que le
neurone l’ayant libéré l’absorbe de nouveau.

Les synapses contribuent à la


formation des souvenirs
Vos neurotransmetteurs interviennent dans vos synapses
pour créer des souvenirs. Voici le processus en question :
les neurones libèrent des neurotransmetteurs récupérés par
d’autres neurones à l’aide de sites de fixation réceptifs aux
neurotransmetteurs. Il faut que le neurotransmetteur ait la
bonne structure chimique (comme une clé) pour
s’introduire dans le récepteur (la serrure) de la membrane
postsynaptique. Si la structure chimique est correcte, le
neurotransmetteur se libère et ouvre un canal dans le
nouveau neurone, créant ainsi un potentiel d’action chez ce
neurone. Celui-ci envoie son propre neurotransmetteur
dans une autre synapse et tout le processus se répète.

Une autre façon de représenter le fonctionnement des
neurotransmetteurs est de s’imaginer un enfant qui essaie
d’emboîter des objets de différentes formes dans un
plateau perforé. Seul l’objet rond peut se loger dans le trou
rond et l’objet carré dans le trou carré, etc. Quand un objet
donné est enfilé dans le trou correspondant, cela déclenche
une réaction. (Dans le cas du neurotransmetteur qui pénètre
dans un neurone, ce dernier propage alors l’influx
nerveux.)

À chaque fois que vous assimilez une nouvelle information ou


apprenez un fait, des changements se produisent au niveau
synaptique. Ces connexions entre les neurones s’ajustent afin
d’héberger les nouveaux souvenirs. Plus le souvenir est répété, plus
ces connexions se renforcent.

Parfois, ces connexions répétées facilitent des souvenirs que vous


oublieriez probablement. La norépinéphrine contribue à enregistrer
dans la mémoire des événements émotionnellement chargés. Si vous
souffrez d’un état de stress post-traumatique et recevez un flux
important de norépinéphrine à chaque fois que le souvenir ressurgit,
il y a de fortes chances que vous reviviez de manière intense
l’événement à la base du traumatisme.

Votre cerveau est un organe électrochimique chargé et en constante
évolution. Il se modifie à mesure que vous vivez de nouvelles
expériences. Deux autres processus sont à la base de la modification
de votre cerveau en raison de situations vécues et de souvenirs
remémorés : la myélinisation et l’action des dendrites.
Une gaine pour vos axones
La myélinisation et l’action des dendrites sollicitent certaines parties
du neurone (voir figure 3-3). Au cœur de votre neurone figure le
noyau. Il est également constitué de l’axone, qui transmet les
informations, et des dendrites, qui récupèrent les informations.
(Pour en savoir plus sur les dendrites, lisez la section intitulée
« Étendre votre réseau pour accueillir plus de pensées et de
souvenirs », plus loin dans ce chapitre.)

Quand vous grandissez, vos axones sont myélinisés. Lors de ce


processus, ils développent une gaine isolante constituée d’une
substance adipeuse produite par un oligodendrocyte. Ces gaines de
myéline aident vos axones à être plus conducteurs et à envoyer ainsi
les informations plus rapidement et efficacement.

Imaginez-vous en train d’arracher les lambris d’un mur dans une
vieille maison afin de vérifier les câbles électriques. Vous pouvez
constater que de nombreux câbles sont usés et à nu. Ils provoquent
sans doute très fréquemment des courts-circuits et les risques
d’incendie sont donc élevés.

Sur un autre mur, vous trouvez des câbles récemment installés et
dotés de gaines isolantes en plastique. Là, pas de risque de court-
circuit ou d’incendie. Vous vous apercevez alors que dans ce mur
figure la prise TV, laquelle ne pose jamais de problème de
fonctionnement.

Les câbles usagés sont reliés à la prise sur laquelle est branché votre
grille-pain. Cela explique donc pourquoi le grille-pain est sans arrêt
détraqué. Vous l’avez même fait réparer, mais les problèmes ont
continué de plus belle. Vous savez maintenant pourquoi.

Par conséquent, à l’instar de l’installation électrique de votre
maison, vos axones peuvent eux aussi présenter de mauvaises
propriétés conductrices. Les signaux envoyés par ces axones
faiblissent.

Dans des conditions optimales, la myélinisation et le développement
de votre cerveau, ainsi que l’amélioration de vos capacités de base
vont ensemble. En d’autres termes, pendant votre croissance, la
myélinisation aide les neurones qui vous permettent d’acquérir ces
capacités.

Quand vous étiez bébé, les axones des neurones ayant permis le
développement des sens de l’ouïe, de la vue, du toucher et de votre
faculté à vous déplacer ont été myélinisés dans les principales aires
de vos lobes temporaux, occipitaux, pariétaux et frontaux. Au fur et
à mesure du développement de vos facultés au-delà du stade
élémentaire, les zones de votre cerveau responsables de l’acquisition
d’habiletés plus complexes ont à leur tour été myélinisées.

Figure 3-3 : Un neurone


comprend un noyau, des
axones, des dendrites et
des gaines de myéline.

Étendre votre réseau pour accueillir plus de pensées et


de souvenirs
Plus vous innovez en matière de pensée, à travers par exemple
l’apprentissage de nouvelles techniques ou l’étude avec curiosité de
nouvelles informations, plus votre cerveau s’adapte pour vous
permettre d’accomplir ces démarches. Ce sont plus particulièrement
vos dendrites qui s’étendent afin de créer de nouvelles connexions
avec d’autres neurones. Ce processus est appelé arborisation
dendritique. Imaginez un plant de tomates qui donne trois longues
tiges. Pour que votre plant continue de pousser, vous coupez ces
tiges aux deux extrémités et au bout de chacune il va en pousser
trois autres. Si vous répétez cette opération, vous aurez bien plus de
chances de voir pousser plein de tomates sur votre plant.

Quand vous devez réapprendre un geste ou une technique,


procédez comme avec votre plant de tomates. Résistez à l’envie
d’utiliser votre bonne vieille méthode et vos dendrites s’étendront,
en quête d’autres neurones afin de mettre en place de nouvelles
solutions. Plus vous réfléchissez d’une manière nouvelle, plus votre
cerveau crée de nouvelles dendrites.

Einstein n’avait pas plus de neurones que vous et moi, mais il avait
plus de connexions entre ces neurones car il avait sans cesse de
nouvelles idées. Bien que la probabilité que l’un de nous publie une
modification révolutionnaire de la théorie de la relativité soit très
mince, nous pouvons avoir des idées nouvelles et favoriser ainsi
l’arborisation de nos dendrites.

L’activité et la curiosité intellectuelles développent un cerveau
capable de manifester cette curiosité. Votre mémoire pourrait
s’améliorer, car vous allez être capable de coder et de vous souvenir
de nombreux éléments grâce à toute la richesse offerte par votre
cerveau.

Organisation de votre mémoire : à long terme et à court


terme
Il y a plus de cent vingt-cinq ans, le philosophe allemand Herman
Ebbinghaus a procédé à une série d’expériences sur sa mémoire
personnelle. Il a testé sa faculté à se souvenir de milliers de chaînes
de lettres. Il a découvert qu’après une courte période, il avait oublié
ce dont il essayait de se souvenir.

De nos jours, les psychologues font état de deux processus : la
mémoire à court terme et la mémoire à long terme, chacune
correspondant à une certaine durée :

la mémoire à court terme (ou mémoire de travail) conserve


généralement les informations pendant 30 secondes maximum ;
la mémoire à long terme peut garder des éléments pendant
toute une vie.

La mémoire à court terme est une porte d’entrée vers la mémoire à


long terme qui permet d’acquérir un souvenir. Récemment, les
psychologues ont commencé à utiliser le terme mémoire de travail
pour faire référence à la mémoire à court terme. Cela est dû au fait
que vous faites sans arrêt travailler votre mémoire.

La mémoire de travail est très liée à votre durée d’attention. L’une
des nombreuses méthodes que les autres psychologues et moi-même
utilisons pour mesurer la mémoire de travail consiste à vous
demander de répéter une série de chiffres, de faire un dessin ou
d’identifier une image que vous venez de voir quelques secondes
auparavant. Plus la série de chiffres dont vous vous souvenez est
longue, meilleures sont votre attention et votre mémoire de travail.

N’ayez crainte, votre esprit ne sera jamais saturé de souvenirs. Votre
cerveau a l’extraordinaire capacité de retenir dans sa mémoire à
long terme d’énormes quantités d’informations. Quant à votre
mémoire à court terme, vous la videz de son contenu quelques
secondes après avoir récupéré celui-ci. Si je vous donne une
seconde série de chiffres, il y a fort à parier que vous oublierez la
première. Seuls les éléments importants sont versés dans la mémoire
à long terme. Alors, comment décidez-vous ce qui important ?

Imaginez-vous en train de parler à quelqu’un. Vous surprenez deux
autres personnes qui évoquent un individu amusant que vous
aimeriez mieux connaître. Qui écoutez-vous ? Là est la clé : à qui
prêtez-vous attention ?

L’attention est la porte d’entre dans la mémoire à courts terme.


Vous pouvez oublier l’autre conversation. Vous la purgez de votre
mémoire de travail. C’est l’importance que vous accordez à la
conversation que vous écoutez vraiment qui conditionne ce que
vous placez dans votre mémoire à long terme. Comme vous avez
prêté attention aux deux personnes qui parlaient d’un individu
amusant que vous aimeriez mieux connaître, vous allez
probablement vous souvenir de cette histoire.

Faites du vélo rue du Souvenir


Vous avez peut-être remarqué que vous pouvez faire plein
de choses des multitudes de fois sans devoir vous souvenir
de la marche à suivre. Le vélo en est la parfaite illustration.
Quand vous étiez en train d’apprendre à pédaler, vous
deviez vous souvenir de chaque étape. Vous vous êtes
probablement dit à un moment : « Bon, il faut que j’arrête
ce truc ! Où sont les freins ? Ah oui, je me souviens, c’est
ici!» Par la suite, la procédure est devenue tellement ancrée
en vous, que vous n’avez plus eu besoin de vous la
remémorer. Vous êtes maintenant sur pilote automatique.

Les psychologues distinguent ces deux types de mémoire.
La mémoire explicite requiert une recherche consciente de
souvenirs. Apprenti cycliste, elle est sollicitée quand vous
essayez de vous souvenir où se trouvent les freins sur votre
machine. Mais, si vous avez fait du vélo toute votre vie,
lorsque vous sautez dessus, vous vous reposez sur la
mémoire implicite.

Si la mémoire implicite est bien ancrée dans votre mémoire
à long terme, l’intégration de la mémoire explicite
s’effectue en trois étapes :
1. Acquisition du souvenir. On appelle parfois cette phase
enregistrement ou codage d’un souvenir. Ce processus
intervient quand vous apprenez la technique de base
pour faire du vélo.
2. Stockage du souvenir. À ce stade, vous classez le
souvenir pour une utilisation ultérieure, lors d’une
séance d’apprentissage de la bicyclette.
3. Récupération du souvenir. Vous faites remonter le
souvenir à la surface. En bref, vous vous en rappelez la
prochaine fois que vous sautez sur votre vélo.

Facette intéressante de la mémoire à long terme, les souvenirs


remémorés en appellent d’autres. Par exemple, si vous commencez
à décrire un événement passé de votre vie, vous serez peut-être
surpris du nombre de détails qui vous reviennent à l’esprit. Lorsque
vous commencez à décrire l’événement en question, des
circonstances entourant celui-ci remontent à la surface. Vous libérez
une chaîne d’associations et ravivez un spectre beaucoup plus large
de souvenirs.

Essayez ceci : repensez à un événement datant de votre enfance.


Réfléchissez à l’endroit où cet événement s’est déroulé et aux
personnes présentes. Il y a de fortes chances que vous ayez une
vision plus large de ce qui s’est passé ce jour-là.

La mémoire de travail et la mémoire à long terme diffèrent à plus
d’un titre. Le facteur temporel est bien sûr une différence mais la
capacité de stockage également. Si la mémoire de travail est limitée
dans ce domaine, la mémoire à long terme ne souffre pas de cette
contrainte.

Plusieurs sortes de perturbations peuvent toucher votre mémoire de


travail. Dans la mesure où l’attention et la concentration sont
intimement liées à la mémoire à court terme, n’importe quelle
distraction peut l’affecter. Si vous êtes distrait, il est possible que
vous oubliiez ce que vous aviez dans votre mémoire de travail. Ce
principe n’est pas valable pour la mémoire à long terme car celle-ci
est relativement permanente. Des dégâts infligés à votre cerveau, la
consommation de drogue et d’alcool, peuvent endommager votre
mémoire à court terme. La mémoire à long terme demeure
généralement intacte, mais votre capacité à retrouver des souvenirs
peut diminuer.

Dans des circonstances idéales, voici les clés d’une bonne
mémoire :

l’attention : c’est l’élément clé de votre mémoire à court


terme ;
l’importance des informations à vos yeux : cela conditionne
la force de votre souvenir sur le long terme.

Les sentiers menant au tri et à la récupération de vos


souvenirs
Nombre de sentiers vous acheminent vers vos lointains souvenirs.
Chacun est intimement lié à la façon dont vous avez acquis les
informations en question et dont vous vous en souvenez. Vous êtes
peut-être un apprenant visuel ou un apprenant verbal. Si vous êtes
un apprenant visuel, vous assimilez mieux les informations en les
visualisant. Si vous êtes un apprenant verbal, vous préférez coder les
informations en phrases ou mots. Mais vous pouvez également
mieux apprendre en vous appuyant sur l’ouïe ou le mouvement.

Les sentiers les plus courants se décrivent facilement avec des
termes simples tels que ceux-ci :

émotions ;
odeurs ;
sons ;
vue ;
mouvement ;
sensation tactile (toucher).

Les souvenirs liés aux sentiments


Pour coder vos souvenirs, le cerveau utilise notamment vos
émotions. Votre état émotionnel au moment de l’événement est lié à
votre souvenir de cet événement et c’est lui qui transporte ce
souvenir.

Soudain, une pensée liée à une personne, un endroit ou un
événement surgit. L’état émotionnel qui est le vôtre au moment où
vous faites remonter votre souvenir mobilise les parties du cerveau
associées à ce dernier.

Par exemple, vous est-il déjà arrivé d’être submergé par le souvenir
d’un événement lointain en sentant une odeur particulière ? Pour ma
part, lorsque je passe près d’un buisson de chèvrefeuille, un
souvenir de ma petite enfance ressurgit. Je capturais des abeilles à
l’aide d’un bocal le long d’une barrière recouverte de chèvrefeuille.
Je n’ai pas essayé de me remémorer ce souvenir, il m’est juste
revenu spontanément à l’esprit.

Pourquoi ce souvenir ressurgit-il soudain ? Est-ce de la magie ? Oui,


en quelque sorte. C’est la magie de l’évolution. Vous et moi
sommes des mammifères, le produit de millions d’années
d’évolution. Vos bulbes olfactifs, qui enregistrent les odeurs,
figurent parmi les zones les plus primitives de votre cerveau, et sont
situés presque au-dessus de votre hippocampe.

Je n’oublierai jamais la première fois où j’ai tenu un cerveau
humain dans la main. Mon professeur de neuropsychologie a dit ce
jour-là : « Regardez ces petites structures en forme de doigt. Elles
communiquent directement avec votre hippocampe. Vous vous
souvenez des odeurs sans être parasité par l’intervention des autres
parties de votre cerveau ! » Les bulbes olfactifs ressemblent à deux
pétales allongés qui agissent comme des raccourcis sensoriels pour
la mémoire.

L’odorat est un puissant déclencheur de souvenirs, mais ce n’est pas
le seul. Prenez l’exemple suivant : vous êtes au volant et vous voyez
au loin que la circulation est alternée en raison de travaux. Vous
craignez immédiatement d’être en retard au travail. Quand vous
vous arrêtez devant l’ouvrier qui brandit juste devant votre nez son
panneau « Sens interdit » pour réguler la circulation, vous vous
rendez compte que vos craintes étaient fondées.

Vous en voulez à l’ouvrier car vous avez l’impression qu’il vous a
spécialement choisi comme cible. Puis, il se tourne vers vous en
souriant et tourne son panneau pour faire apparaître la face de
couleur verte qui vous laisse la voie libre. Vos sentiments à son
égard se transforment en gratitude comme s’il prenait soin de vous
en véritable père. En vous éloignant, des souvenirs de votre père
vous reviennent soudainement à l’esprit. Ils sont liés à votre état
émotionnel. (Voir l’encadré intitulé « Votre ascendance
émotionnelle ».)

Vous et moi sommes des mammifères et nous vivons donc des
expériences basées sur les émotions. Mais nous avons également un
gros cortex cérébral placé juste au-dessus de ce système limbique
qui tempère ces émotions.

Votre patrimoine mammalien vous permet d’utiliser les émotions en
faisant preuve d’une grande capacité d’adaptation. Cela signifie que
les souvenirs émotionnels sont des outils psychologiques. Le fait de
veiller à la synchronisation de vos émotions et pensées avec vos
objectifs vous permet d’atteindre ces derniers.
Vous vous souviendrez bien plus aisément d’un événement s’il
est empreint d’une connotation émotionnelle. Plus les informations
sont importantes à vos yeux, plus elles occuperont une place de
choix dans votre mémoire.

De même, plus vous souhaitez vous souvenir d’un événement ou
d’informations, plus vous avez de chances de les retenir.

Les souvenirs auditifs


Si vous avez de l’ouïe, les souvenirs de ce que vous entendez sont
principalement situés dans vos lobes temporaux. (Voir la section
intitulée « T comme temporal : vous souvenir de ce que vous
entendez », plus haut dans ce chapitre.) À toutes les sortes de sons
sont associés des souvenirs de l’instant et des circonstances dans
lesquelles vous les avez entendus. Le ronronnement d’un chat peut
vous apaiser et vous réchauffer, alors qu’il rappellera des jeux et des
rires à une autre personne.

Les différents type de mémoire


Les psychologues différencient plusieurs types de
mémoire. Par exemple, quand je tape cette phrase sur mon
ordinateur portable, j’utilise ma mémoire procédurale.
Après plus d’entraînement qu’il n’en faut à la plupart des
gens, je suis enfin capable de regarder l’écran et non le
clavier lorsque je tape. Ce sont les années de pratique qui
m’ont permis de mémoriser cette procédure.

Les phrases que j’utilise pour décrire les sentiers de la
mémoire mobilisent ma mémoire sémantique. Elle me sert
à choisir les mots les plus appropriés pour décrire ce que
j’essaie de vous expliquer, à rendre compte de faits. Quand
vous utilisez votre mémoire sémantique, votre hémisphère
gauche joue un rôle dans l’expression et la compréhension
du langage.

La mémoire prospective liée à des événements entre en
action quand vous essayez de vous souvenir de faire
quelque chose plus tard. Quand votre facture d’électricité
exorbitante arrive au courrier, vous vous souvenez que
vous êtes censé la payer.

La mémoire prospective liée au temps vous permet par
exemple de vous souvenir qu’il va falloir assister à une
réunion de plus, que vous auriez volontiers oubliée.

Quand vous commencez à penser à l’époque où vous avez
découvert comment la mémoire fonctionnait, vous utilisez
ce que l’on appelle la mémoire épisodique. Elle entre en
scène quand vous vous souvenez de la dimension
temporelle d’événements qui vous sont arrivés. Elle est
active lorsque vous repensez à l’ennui qui était le vôtre lors
de la dernière réunion.

Au vu des individus que j’ai rencontrés, le son d’un pétard peut


rappeler un large éventail de souvenirs. Une personne vous dira que
c’est synonyme de feu d’artifice du 14 Juillet, tandis qu’un vétéran
de la guerre souffrant d’un état de stress post-traumatique évoquera
la peur qui monte.

En conduisant, il vous est peut-être déjà arrivé d’entendre une
chanson à la radio qui faisait ressurgir des souvenirs auxquels vous
ne pensiez pas. Vous vous rappelez la première fois où vous l’avez
entendue ou un moment partagé avec quelqu’un que vous avez
aimé. La route devant vous est alors pavée des souvenirs de cette
personne.

Les musicothérapeutes savent que les personnes émotionnellement
chamboulées sont ragaillardies lorsqu’elles entendent une musique
enlevée. La coloration de la musique peut modifier votre humeur.

Votre ascendance émotionnelle


Les êtres humains sont des mammifères et tous les
mammifères connaissent des émotions. Si vous avez un
chien ou un chat, vous voyez ce que je veux dire. Ces
animaux de compagnie, à l’instar des autres mammifères,
réagissent émotionnellement à tout ce qui les entoure. Du
point de vue de l’évolution, cette réponse représente une
avancée absente chez les reptiles, dont les réactions sont
purement instinctives.

Réfléchissez à l’atout évolutif que ce développement
représente pour les êtres humains. Au lieu de toujours
réagir de la même façon face à des expériences similaires,
nous avons développé une grande flexibilité émotionnelle.

Nous nous souvenons des expériences émotionnelles, telles
que la peur, lorsque nous faisons face à un événement de
même nature. Vous avez sans doute déjà vu un chien avoir
peur d’une personne qui l’a maltraité par le passé. Le chien
répond à un souvenir lié à un état émotionnel.

La musique peut également produire l’effet inverse. Par


exemple, certaines personnes dépressives écoutent de la musique
qui aggrave leur état en faisant ressurgir des souvenirs tristes. N’en
faites pas autant. Le souvenir que vous avez de votre environnement
en souffrirait. (Pour savoir comment évacuer les souvenirs
déprimants de votre mémoire, rendez-vous au chapitre 4.) Sortez de
la spirale négative, soyez votre propre musicothérapeute.

Vous avez vos propres associations aux différents morceaux et types
de musique, surtout si vous les avez écoutés dans plusieurs
situations et à de nombreuses reprises. Exploitez et entretenez ces
souvenirs afin de bâtir des objectifs positifs et ambitieux.

Je suis très mélomane et mes goûts vont du jazz d’avant-garde au
classique. Avant même de savoir parler, j’entendais Beethoven joué
à tue-tête dans ma maison. Mon père était un fan absolu de
Beethoven.

À une époque, mes grands-parents m’appelaient le petit Ludwig car
je jouais au chef d’orchestre comme mon père me l’avait appris.
Aujourd’hui, j’écoute régulièrement du Beethoven et c’est comme si
je me souvenais de chaque note et je ressentais personnellement la
passion qui l’animait. Beethoven est une source de motivation qui
me pousse à atteindre mes objectifs.

Il existe des association du même genre pour tous les types de


sons. Elles s’accompagnent d’un assemblage complexe de
souvenirs. Que vous entendiez le bruit du vent qui souffle en rafales
dans les pins ou les déferlantes qui se jettent sur la plage et dissipent
vos inquiétudes, utilisez vos souvenirs pour savourer le passé et
vous donner la motivation nécessaire pour affronter l’avenir.

Les souvenirs visuels


L’expression « Une image vaut tous les discours » est peut-être
banale mais elle est vraie. Vous utilisez l’imagerie pour coder un
grand nombre de souvenirs. Chaque image s’accompagne de
multiples mots et il est bien plus difficile de les retenir tous que de
mémoriser l’image proprement dite.

Les mots évoquant des images sont bien plus puissants que ceux
n’ayant aucune connotation visuelle. Ce double codage crée un
souvenir plus fort. Vous codez non seulement le mot mais
également l’image associée.

La puissance des images peut demeurer des années dans votre
esprit. Prenez quelques instants pour vous le prouver. Levez vos
yeux de cette page et regardez un objet figurant dans la pièce où
vous vous trouvez, disons une chaise ou une table. Maintenant,
fermez les yeux. Vous remarquez pendant quelques secondes la
présence d’une image rémanente qui s’évanouit au fur et à mesure
que de nouvelles sensations et pensées surgissent. Maintenant,
reprenez votre lecture et ne regardez pas la chaise. Vous
remarquerez que nombre de caractéristiques de la chaise ont disparu
de votre esprit. Son image n’est probablement pas aussi nette qu’elle
ne l’était il y a quelques secondes.

Depuis le moment où vous l’avez créée, votre humeur et vos
pensées ont influé sur cette image. Maintenant, lorsque vous essayez
de la visualiser, vous n’en avez plus une représentation objective car
elle a été contaminée par votre humeur et vos toutes dernières
pensées.

Mais vous n’avez pas besoin d’une mémoire « photographie»


pour parfaire votre mémoire à l‘aide d’images. Contrairement à un
mot, une simple image peut être associée à un concept abstrait.

Supposons que vous essayiez de vous souvenir du concept abstrait
de la religion. Vous pouvez utiliser une simple image telle qu’une
église, un temple ou une mosquée. Elle aura bien plus de
signification et de profondeur que le simple mot église, temple ou
mosquée.

Voici d’autres exemples de recours à des images pour vous aider à
retenir des choses :

Vous voulez retenir la notion de lieu. Il s’agira par exemple


d’un lac, bien plus facile à mémoriser. Avec le mot lac, vous
pouvez visualiser l’image correspondante et même l’embellir en
ajoutant le soleil qui se reflète avec douceur sur les eaux
calmes. Le mot lac peut même véhiculer une association
personnelle, par exemple l’endroit où vous allez en vacances
chaque année. Mais vous pouvez très bien être un de ces
adeptes invétérés de la pêche extrême qui bravent les
températures glaciales et vont s’asseoir au bord d’un trou
découpé dans la glace. Dans ce cas, pensez au mot lieu. De quel
lieu s’agira-t-il ? D’un lac peut-être ?
Supposons que vous essayiez de vous souvenir de la
décadence des derniers empereurs romains tels que Caligula et
Néron. Imaginez un banquet avec des invités parés d’une toge
qui s’empiffrent, voire se frottent. Je me souviendrais bien plus
facilement de la scène que si je devais simplement mémoriser
les mots Caligula, Néron et décadence. Il y a de fortes chances
qu’il en soit de même pour vous.
Vous tentez de retenir qu’il faut que vous expédiiez des
documents à votre sœur à l’autre bout du pays. Il vous faut
essayer de mémoriser les mots expédier et colis. Imaginez un
gros colis flottant sur la mer avec deux grands mâts parés de
voiles gonflées par le vent.

Vous avez un chat à la maison et vous essayez de vous souvenir


de passer l’aspirateur sur la moquette pour enlever les poils de chat.
Vous pouvez visualiser votre chat en train de passer l’aspirateur.
Ainsi, vous reliez l’acte et la substitution des personnages dans
votre souvenir. C’est un moyen de préserver le souvenir de la chose
à faire. Vous pouvez également visualiser les amis de votre chat qui
font équipe, chacun armé d’un aspirateur et fiévreusement occupé à
faire le ménage. Les chats font preuve d’une frénésie de nettoyage
pour vous satisfaire et des collisions d’aspirateurs se produisent.
Enfin, vous pouvez même remplacer les aspirateurs par des aimants
dont les chats se servent pour récupérer les poils magnétisés qu’ils
ont perdus.

L’enjolivement de l’image des chats en améliore la netteté.


Elle peut devenir indélébile au point d’être impossible à oublier,
surtout si vous êtes allongé sur la moquette en imaginant les
poils de chat métalliques bien pointus qui vous piquent !
Imaginez-vous dans la peau d’un océanographe qui joue au
basket avec des amis après le travail, si vous parvenez à vous
souvenir du rendez-vous. Essayez d’imaginer des dauphins en
train de jouer. Chaque équipe tente de faire avancer le ballon
pour le propulser dans le panier suspendu à chaque extrémité de
leur bassin. Cette scène vous permettra peut-être de ne pas
oublier de vous rendre sur le terrain.

Choisissez des images décrivant l’information à retenir et


mettez-les en scène de manière irréaliste.

Les souvenirs verbaux


Les images sont bien sûr inutiles pour les aveugles. Les autres sens
et d’autres déclencheurs de souvenirs fonctionnent également :
l’odorat, le toucher, l’ouïe et les mots.

Le degré d’utilité des mots comme déclencheurs de souvenirs
dépend de votre faculté à les utiliser. Si vous êtes un manieur de
mots hors pair et faites preuve d’un talent linguistique incontestable,
les nuances subtiles des mots peuvent véhiculer des souvenirs
complexes. Les poètes excellent dans cet exercice. Même si vous
n’avez pas l’âme d’un poète, vous trouverez au chapitre 6 des
astuces pour retenir les mots.
La combinaison images/mots forme le vecteur de souvenirs le plus
puissant. L’utilisation de plusieurs canaux pour essayer de retenir
quelque chose renforce le souvenir et vous permet de le faire
remonter à la surface plus facilement.

Par rapport aux adolescents et aux adultes, les jeunes enfants sont
plus adeptes des souvenirs visuels que des souvenirs verbaux. Ce
n’est guère surprenant car ils apprennent tout juste à parler. Le
vocabulaire d’un enfant s’enrichit de manière astronomique entre 1
et 5 ans, le phénomène se poursuit jusqu’à l’âge adulte, puis ralentit
à mesure que les personnes vieillissent. Vous pouvez toujours
apprendre de nouveaux mots, mais il vous faut alors suivre des
cours, lire ou faire des mots croisés. Ces activités améliorent votre
capacité à vous souvenir sur la base de signaux verbaux. Mon
grand-père parlait cinq langues et quelques semaines avant sa mort,
il apprenait encore consciencieusement six nouveaux mots chaque
jour.
Deuxième partie

Préserver sa mémoire

« Ça y est, je me souviens maintenant ! Vous portez tous un nom qui va avec


votre apparence ou votre personnalité. Toi, tu dois être Affreux, toi, Obsédé, toi,
Crétin, toi Boutonneux, toi, Pue la sueur… »


Dans cette partie…

Certaines personnes semblent pouvoir se souvenir de tout tandis que d’autres ne
sont pas aussi vives d’esprit. La différence ne tient pas forcément de la puissance
cérébrale pure, mais plutôt de la faculté de prêter attention aux choses à retenir,
telles que les noms, les chiffres, les lieux et les listes des courses. Cette partie
vous présente les habitudes d’ordre général susceptibles d’améliorer votre
mémoire et les petits trucs qui vous permettent de vous remémorer certains
souvenirs. Je consacre tout un chapitre aux conseils pour garder une mémoire
solide en prenant de l’âge.
Chapitre 4

Être zen pour mieux se souvenir

Dans ce chapitre :
Se détendre pour se souvenir
Chasser les idées noires
Dormir pour se souvenir

Avez-vous déjà agité une boule de neige et regardé la neige


tournoyer dans le globe souvenir ? Il est difficile de voir quelque
chose tant que la neige n’est pas retombée. Il en va de même pour
votre esprit et votre anxiété. Il est pratiquement impossible de se
remémorer des souvenirs tant que l’anxiété ne s’est pas dissipée.

Dans ce chapitre, vous allez découvrir comment faire retomber le
stress, vous calmer et dormir suffisamment. C’est avec un esprit
apaisé que vous allez bâtir les capacités mémorielles que vous êtes
en droit d’attendre.

Faire retomber le stress


Pour se souvenir, il faut être préparé. Votre esprit doit être réceptif à
de nouvelles informations pour que celles-ci vous marquent.

Si vous êtes déséquilibré à cause du stress, d’une dépression ou


d’un manque de sommeil, votre esprit est moins réceptif à la
création de nouveaux souvenirs.

Votre anxiété peut être une arme à double tranchant. Quand vous
êtes trop angoissé, vous avez probablement beaucoup de mal à vous
souvenir de n’importe quelle information utile pour un examen ou
une présentation (prestation ou représentation). L’anxiété que vous
éprouvez vis-à-vis de cet examen vous envahit peut-être au point
que votre prédiction négative se réalise. Votre pire cauchemar se
produit, vous ratez votre examen.

Extrémité inverse, si vous vous rendez à votre examen en toute
décontraction, sans vous soucier en apparence du résultat, vous
pourriez bien échouer. Si vous n’êtes absolument pas anxieux, vous
ne serez probablement pas suffisamment en éveil pour vous
souvenir des informations requises pour l’examen. Dans ce cas,
votre anxiété est une sorte de carburant et votre réservoir est vide.
L’anxiété n’est pas mauvaise en soi. Il faut simplement trouver le
juste équilibre : ni trop, ni trop peu. Soyez concentré et motivé mais
pas paralysé par le stress.

Si vous vous sentez très stressé, vous commettez probablement des
erreurs par distraction. Vous oubliez vos clés ou vous vous trompez
de chemin pour aller au bureau.

Le stress peut on non seulement perturber votre attention et,


ainsi, votre mémoire à court terme, mais également endommager
votre cerveau. Une hormone de stress appelée cortisol peut
sévèrement rudoyer votre hippocampe, la partie de votre cerveau
chargée de transférer vos souvenirs de la mémoire à court terme
vers la mémoire à long terme (voir le chapitre 3).

Les émotions négatives et les préoccupations dues à des problèmes
personnels peuvent très facilement vous distraire et rendre ainsi
extrêmement difficile la récupération des souvenirs. Si vous
souffrez d’un stress aigu provoqué par un événement personnel très
important, tel qu’un divorce, la perte d’un être cher ou un
licenciement, vous pouvez être bouleversé au point que prêter
attention à tout ce qui vous entoure est le cadet de vos soucis.

Une fois la douleur et la tristesse de la perte assimilées, votre
mémoire s’améliore car vous êtes libéré des distractions liées à cette
perte.

Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous. En fait, se concentrer sur
l’instant présent est le point de départ pour retrouver la sérénité
nécessaire à la formation et à la récupération de souvenirs.

Quand vous êtes submergé par l’anxiété, ne vous enfoncez pas


encore plus en vous inquiétant inutilement pour la perte de votre
mémoire. Vous ne la perdez pas. Vous êtes simplement trop
préoccupé pour vous rappeler de choses ou créer des souvenirs.
Gérez votre inquiétude en :

recherchant le soutien de vos amis ou de votre famille ;


vous faisant aider par un professionnel de la santé mentale ;
rejoignant un groupe de soutien ;
vous assurant que vous ne faites rien qui pourrait favoriser
l’apparition d’une dépression et/ou d’une anxiété, comme par
exemple boire de l’alcool ou prendre de la drogue.

Ne vous coupez pas de votre réseau social. C’est justement le


moment de l’exploiter, même si vous n’en avez pas envie.

Miser sur la relaxation


Imaginez-vous debout face à un public nombreux prêt à réciter un
poème ou faire une présentation (représentation). Vous êtes
tellement préoccupé par tous ces yeux braqués sur vous que vous
êtes incapable de vous concentrer sur les détails de votre
intervention. Votre cœur bat la chamade, vous commencez à
transpirer et votre respiration devient plus superficielle. Vous êtes si
nerveux que vous en oubliez ce que vous avez à dire. La seule chose
à laquelle vous pouvez penser c’est… FUIR ! Ça vous dit quelque
chose ? (Voir l’encadré intitulé « Lutter ou fuir », dans ce chapitre.)

L’exemple de la prise de parole en public décrit une réaction
courante au trac et frôle l’attaque (la crise) de panique. Beaucoup de
gens ont peur de prendre la parole devant une assemblée. Certains
ont des réactions extrêmes tandis que d’autres réagissent moins
intensément. C’est l’ampleur de la submersion par l’anxiété qui
dicte probablement le degré de vos difficultés à vous souvenir de ce
que vous avez à dire.

Vous vous demandez peut-être : « Puisque je suis tellement
nerveux, pourquoi suis-je incapable de débiter mon baratin et de
m’en aller ? » Le défilement des pensées court-circuite non
seulement ces souvenirs, mais nuit également à la clarté d’esprit
nécessaire pour se rappeler des choses. Vos pensées se limitent à des
distractions nuisibles telles que le cœur qui s’emballe, une
respiration rapide et une sudation abondante.

Heureusement, votre organisme a un mécanisme de relaxation, une
capacité innée à se détendre que vous devez exploiter. Je vais vous
dire comment procéder dans un moment, mais laissez-moi d’abord
vous expliquer de quoi il s’agit.

Si votre organisme offre une réponse de lutte ou de fuite qui


alimente votre anxiété, il possède également un mécanisme de
relaxation pour la faire retomber. La réponse de lutte ou de fuite est
associée à une zone de votre système nerveux appelée système
nerveux sympathique, alors que le mécanisme de relaxation provient
du système parasympathique. Para signifie au-delà de et, dans ce
cas précis, ce terme veut dire en plus ou en complément du système
nerveux sympathique.

Servez-vous de la capacité de votre système parasympathique à


restaurer calme et concentration. Si la réponse de lutte ou de fuite
augmente votre fréquence cardiaque, le mécanisme de relaxation la
diminue, comme le montre le petit tableau suivant.

Lutte ou Réaction de votre Mécanisme de


fuite corps relaxation

↑ Fréquence cardiaque ↓

↑ Tension artérielle ↓

↑ Métabolisme ↓

↑ Tension musculaire ↓

↑ Fréquence respiratoire ↓

↑ Éveil ↓

Lutte ou fuite
La réponse de lutte ou de fuite est un instinct que l’on
retrouve dans toute notre évolution et qui servait donc
également à nos ancêtres. Si votre ancêtre tombait sur une
créature dangereuse ou une personne violente, son corps se
préparait à l’affronter ou à prendre la fuite. Pendant la
préparation, l’adrénaline affluait dans tout son corps, le
préparant ainsi à se déplacer rapidement. Son attention se
rétrécissait pour qu’il puisse se concentrer uniquement sur
le danger. Ses glandes sudoripares fonctionnaient pour que
son organisme reste à bonne température. Son cœur battait
plus vite et sa respiration s’accélérait pour lui permettre de
lutter ou de fuir.

Fort heureusement, la plupart d’entre nous n’avons pas à
affronter un danger source de violence immédiate. De nos
jours, votre réponse de lutte ou de fuite se produit quand
vous éprouvez du stress. En outre, si vous souffrez d’un
stress chronique, vos capacités mémorielles en pâtiront
certainement. Vous êtes non seulement distrait, mais, en
plus, avec le temps, ce stress chronique vous épuise.

Les hormones de stress circulent dans votre corps et votre
cerveau. Elles commencent à faire payer un lourd tribut à
votre cerveau et multiplient les problèmes de mémoire.

Le cortisol attaque votre hippocampe, rendant ce dernier
moins performant dans le transfert des souvenirs à court
terme que vous souhaitez conserver pour plus tard. Même
les radicaux libres ont carte blanche. Ils sévissent dans
votre cerveau.

La réaction de lutte ou de fuite vous empêche de vous
souvenir de votre position. Il vous faut un moyen de la
désamorcer, de vous calmer et de vous concentrer.

Se détendre pour recharger sa mémoire


Il existe plusieurs techniques pour déclencher le mécanisme de
relaxation. La plupart des techniques de relaxation existantes
impliquent l’occultation de l’état d’éveil généré par le système
nerveux sympathique en détournant votre attention des aspects
anxiogènes de la situation.
À trop vouloir vous relâcher, vous risquez d‘obtenir l’effet
inverse, à savoir l’apparition d’une tension.

J’illustre souvent ce phénomène avec mes patients en leur


demandant de ne pas penser à l’index de leur main droite. Je leur
dis : « Vous l’avez chassé de votre esprit, n’est-ce pas ? » Souvent,
ils répondent : « Eh bien non, maintenant je l’ai plus que jamais
dans la tête. »

Une fois que vous avez prêté attention à ce fameux doigt, il est
difficile de le chasser de votre esprit. Mais, après avoir abordé un
autre sujet, je remets le doigt sur le tapis et je leur dis : « Je parie
que lors des dix dernières minutes, vous n’avez pas pensé à l’index
de votre main droite. »

Ils disent : « Non, en effet. Nous avons parlé d’autre chose. »

J’ajoute : « Voilà où je voulais en venir. C’est en focalisant votre
attention sur autre chose, au lieu de vous efforcer de ne pas penser à
un événement pénible, que vous pourrez avancer. »

« Trop » vouloir se détendre engendre un stress plus important, alors
qu’en vous laissant aller, vous permettez à votre organisme (par
l’intermédiaire du système parasympathique) de se calmer. Se
laisser aller peut paraître antinaturel, mais si vous essayez à tout prix
de vous détendre, la tension demeurera probablement en vous.

En vous laissant aller et en prêtant attention à autre chose qu’à


l’élément à l’origine de votre anxiété, celle-ci va diminuer.

Se laisser aller est un processus passif. En laissant la détente venir à
vous au lieu d’essayer de vous détendre, vous vous ôtez toute
pression. Par exemple, essayez de ne pas penser à des éléphants
roses. En vous forçant à laisser les éléphants hors de votre esprit,
vous luttez avec vous-même et finissez invariablement par penser
aux éléphants roses. Maintenant, pensez à autre chose, disons des
kangourous bleus. Dites-vous que si des éléphants roses vous
viennent à l’esprit, il n’y a aucun problème à cela. Vous ne penserez
probablement pas à des éléphants roses car votre attention se porte
sur autre chose et la pression que vous vous mettiez pour ne pas
penser aux éléphants roses aura disparu. De même, si vous essayez
de ne pas être tendu, vous ressentirez probablement une tension plus
importante. En vous focalisant sur la relaxation, votre tension peut
disparaître car vous ne pensez plus à la source de votre anxiété.

Pour parvenir à vous relâcher complètement, vous pouvez utiliser
n’importe laquelle des techniques suivantes. Elles consistent à
modifier l’objet de votre attention et à vous laisser aller. On parle
généralement de techniques de relaxation :

la relaxation progressive ;
l’autohypnose ;
l’imagerie visuelle ;
la méditation et la prière.

Toutes ces techniques vous invitent à porter votre attention sur votre
respiration. Je les aborde plus loin dans ce chapitre.

La respiration
Votre respiration ne fait pas que vous tenir en vie. C’est la porte
d’accès à la relaxation.

Ne prenez pas la respiration comme quelque chose de banal. Selon
votre fréquence respiratoire, vous vivez des états émotionnels
différents. Elle s’accélère naturellement quand vous êtes stressé. Les
muscles de votre abdomen se contractent et votre thorax se serre.

Puisque vous disposez d’un système cardio-vasculaire, à savoir un
système dans lequel les systèmes respiratoire et circulatoire sont
liés, une respiration rapide fait s’accélérer votre cœur et vous rend
ainsi plus anxieux. Par contre, si vous ralentissez votre respiration,
généralement, votre fréquence cardiaque diminue.

La plupart des personnes prennent entre 9 et 16 respirations par
minute quand elles sont au repos. Cette fréquence passe souvent à
27 lors d’une attaque (crise) de panique. La seule accélération de la
fréquence respiratoire peut faire apparaître nombre de symptômes
associés à une attaque (crise) de panique : engourdissement,
fourmillement, bouche sèche, vertiges et problèmes de mémoire à
court terme.

On appelle hyperventilation ou respiration excessive le fait de


respirer trop vite. Vous absorbez trop d’oxygène, faisant ainsi
baisser le taux de dioxyde de carbone dans le sang. Le dioxyde de
carbone aide à maintenir l’équilibre acide-base (pH) dans le sang. Si
votre pH diminue, vos cellules nerveuses deviennent plus excitables
et cela vous rend plus vulnérable à l’anxiété ou à une attaque (crise)
de panique.

Quand vous êtes anxieux, posez-vous, observez votre respiration,


puis ralentissez-la. La respiration profonde vous permet de vous
détendre en passant de la réponse de lutte ou de fuite à l’intervention
du mécanisme de relaxation, du système nerveux sympathique au
système parasympathique.

Ralentissez votre fréquence respiratoire en respirant « par le
ventre ». Vous remarquerez que votre ventre se soulève quand vous
inspirez et s’abaisse quand vous expirez. Cela est dû au fait que le
grand muscle en forme de dôme qui sépare la cage thoracique de la
cavité abdominale s’étale et se contracte. Quand vous expirez, votre
diaphragme se déplace vers le haut et vos abdominaux se
contractent, contribuant à évacuer l’air confiné ou le dioxyde de
carbone. Quand vous inspirez, votre diaphragme se contracte, est
tiré vers le bas et vos abdominaux se relâchent. Cela permet à la
partie inférieure de vos poumons de « s’étaler ».

La respiration abdominale/diaphragmatique permet d’absorber plus
d’oxygène et de rejeter plus de dioxyde de carbone. Puisque tout le
processus de respiration a pour but d’oxygéner votre sang et
d’expulser l’air vicié (dioxyde de carbone), la respiration
diaphragmatique vous permet d’envoyer plus de carburant
(oxygène) à chaque organe et plus particulièrement à votre cerveau.
La prochaine fois que vous serez anxieux, essayez la respiration
abdominale. Vous verrez comme votre anxiété disparaît et votre
mémoire à court terme revient.

Le soupir de soulagement

Un moyen simple et rapide de chasser la tension est de prendre


une inspiration profonde et d’expirer longuement en poussant un
soupir tel que « Ahhh… ». Faire disparaître la tension à l’aide d’un
soupir apporte un certain soulagement. Pour libérer la tension,
utilisez le soupir de soulagement plusieurs fois par jour.

Se détendre des pieds à la tête


L’une des techniques de relaxation les plus prisées est la relaxation
progressive. Avec cette méthode, vous contractez puis relâchez un
groupe musculaire bien précis, tel que vos doigts ou vos orteils, tout
en respirant profondément.

Commencez par vos pieds en tournant vos orteils vers l’extérieur,
conservez vos muscles contractés tout en comptant jusqu’à dix, puis
relâchez-les et profitez pendant au moins dix secondes de la
relaxation qui vous envahit. Faites cela trois fois.
Poursuivez avec les autres zones de votre corps en remontant
jusqu’à la tête :
1. Tournez vos orteils vers l’extérieur, respirez
profondément, puis relâchez au bout de 10 secondes.
2. Contractez vos chevilles et talons puis relâchez.
3. Contractez vos mollets puis relâchez.
4. Contractez vos genoux puis relâchez.
5. Contractez vos cuisses puis relâchez.
6. Contractez toute votre ceinture pelvienne puis relâchez.
7. Contractez votre abdomen puis relâchez.
8. Contractez votre poitrine et vos épaules puis relâchez.
9. Contractez votre nuque puis relâchez.
10. Contractez votre visage et votre cuir chevelu puis
relâchez.
Ne contractez pas vos muscles trop fort mais juste assez pour
ressentir une tension. Considérez cela comme un exercice de
méditation, ne vous précipitez pas, ce n’est pas de l’aérobic.

Une fois l’exercice terminé, respirez normalement et prêtez bien
attention à la façon dont vos muscles sont maintenant détendus.
Imaginez-les lourds tout en remarquant que vous avez l’esprit léger.

Vous êtes désormais plus à l’aise et détendu. Ces sensations vont
demeurer présentes dans l’heure qui suit et vous accomplirez
n’importe quelle tâche (vous rendre au travail, en classe ou même
faire des courses) en étant beaucoup plus détendu. Vous serez non
seulement plus calme mais également mieux à même d’utiliser votre
mémoire avec efficacité.

Visualiser des souvenirs


Il est possible d’exploiter votre imagination afin de libérer votre
esprit et mieux utiliser vos capacités mémorielles. Vous pouvez
vous servir de votre imagination pour être plus détendu, en vous
préparant à être plus réceptif au monde qui vous entoure et à faire
ressurgir des souvenirs.

L’imagerie visuelle est une technique de relaxation plus populaire
depuis une vingtaine d’années. Elle peut servir à vous vider l’esprit.
Vous vous voyez dans un endroit paisible qui vous donne un
sentiment de paix. Par exemple, imaginez-vous dans une prairie de
montagne, le soleil vous chauffant le dos, ou à la plage en train
d’observer les vagues qui déferlent les unes après les autres.
Imaginez très en détail la prairie ou la plage. Concentrez-vous sur
toutes les sensations visuelles et tactiles.

Concentrez-vous sur le son du flux et du reflux, qui s’apparente à


votre respiration. Prêtez attention à l’oiseau posé sur la branche d’un
arbre. Il vous regarde puis prend son envol avec grâce. Sentez le
soleil qui vous chauffe le dos avec douceur.

L’imagerie vous accorde une pause et vous éloigne de tout le stress
quotidien. Si vous plongez profondément dans les scènes que vous
imaginez, vous vous sentirez détendu et pourrez plus facilement
vous vider la tête afin d’exploiter vos capacités mémorielles.

Vous vous hypnotisez : 10, 9, 8, 7…


L’hypnose est une forme de relaxation qui utilise à la fois les
techniques de respiration et l’imagerie. Elle est bien plus facile à
réaliser que vous ne le pensez. Commencez par chasser les mythes
qui l’entourent.

À l’instar de la relaxation et de la méditation, l’hypnose est une
forme de concentration, de focalisation de l’attention et de
réceptivité accrue à la suggestion et à l’orientation. L’hypnose est
une méthode de relaxation orientée.
L’autohypnose est la même chose que l’hypnose à la différence près
qu’un hypnotiseur n’intervient pas. Le type d’autohypnose que
j’enseigne repose sur la respiration et le compte à rebours de 10 à 1.
En procédant à ce décompte, vous pouvez imaginer que différentes
parties de votre corps se détendent à chaque expiration.

Essayez la procédure suivante en comptant à rebours tout en
prononçant les différentes expressions :
10. Je laisse la tension quitter mon corps à chaque
expiration.
9. Je sens mon corps devenir lourd.
8. Les sons, sensations physiques et pensées remontent à la
surface pour entourer mon enveloppe externe. Je suis en
harmonie profonde avec moi-même.
7. Je me sens pénétrer profondément à l’intérieur de mon
être, comme si je descendais un Escalator.
6. Je n’ai pas besoin de lutter pour me détendre. Je me vois
descendre une rivière avec le courant. Je n’ai pas besoin de
nager contre le courant.
5. Je plonge à l’intérieur de mon être, virevoltant comme
une plume qui tombe au sol.
4. Je me retrouve profondément avec moi-même, sans souci
ni notion de temps.
3. Je m’échappe du monde extérieur.
2. La relaxation et moi ne faisons qu’un.
1. Je suis en paix avec moi-même.
Quand vous faites l’exercice, rappelez-vous de « faire le vide » pour
que votre corps puisse se détendre. C’est un élément essentiel, car
vous pouvez demeurer tendu tout au long de la journée sans en avoir
conscience. Permettez à votre corps de faire une chose naturelle
pour lui, à savoir, faire le vide pour que le mécanisme de relaxation
puisse se mettre en place.

Méditer et prier
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai fait apparaître la
méditation et la prière dans ce chapitre. En fait, vous pensiez peut-
être : « Est-ce qu’il me conseille de prier pour que ma mémoire
s’améliore ? »

La méditation et la prière ont beaucoup de points communs avec les
techniques de relaxation et l’hypnose. Malgré leurs connotations
religieuses, le résultat obtenu est le même. Vous vous sentez
détendu et plus en mesure de percevoir avec clarté le monde qui
vous entoure, tout en disposant de meilleures capacités mémorielles.

Lorsque vous méditez, vous videz votre esprit et vous vous
concentrez sur votre respiration. Faites le vide en vous concentrant
sur quelques mots ou sons, appelés mantras, tels que Om ou Sat
Nam. Le fait de vous concentrer sur votre respiration vous permet
de vous vider la tête et de vous détendre.

Quatre éléments figurent dans la plupart des formes de méditation :

Le point de focalisation : vous vous concentrez sur un seul


mot, tel qu’un mantra, et sur votre respiration.
Un environnement calme : vous souhaitez éviter les
distractions.
Une attitude passive et conciliante : vous vivez tout
simplement.
Une posture décontractée : vous recherchez le confort.

Quelle que soit la technique de relaxation employée, accordez-lui la


même importance que l’alimentation ou le sommeil. Elle vous
permet de faire le vide nécessaire pour renforcer vos capacités
mémorielles.

Une tradition mondiale


La méditation et la prière sont pratiquées dans le monde
entier. La plupart des religions disposent d’une littérature,
dont des manuels de méditation et de prière. Dans
l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam, le judaïsme et le
christianisme, la méditation est ancrée depuis longtemps
dans la tradition et pratiquée depuis des millénaires. Ce
n’est que vers la fin du xxe siècle que des études
approfondies ont été menées sur les effets de la méditation
et de la prière. Aux États-Unis, la méditation a vu sa
popularité grandir à la fin des années 60 par le biais de la
méditation transcendantale, une méthode basée sur des
techniques hindoues telles que la répétition d’un mantra
personnel.

Présentes dans toutes les traditions religieuses, l’objectif de
la méditation et de la prière est de tenter de se décentrer de
soi. Il s’agit d’apprécier une conscience plus large en
contournant la conscience sensorielle ou les filtres du
conditionnement culturel. Ces traditions promeuvent la
prière et la méditation pour aider les gens à perdre leur
égocentrisme et à apprécier Dieu ou un autre être
supérieur.

Sur les trente dernières années, les chercheurs ont
démontré que la prière et la méditation aident les gens à
atteindre un niveau de relaxation profonde et une bonne
clarté d’esprit. Une grande partie des premières recherches
sur la méditation transcendantale ont été menées avec le
concours d’adeptes de cette méthode. Dès le départ, les
chercheurs ont découvert qu’à l’instar de la prière, la
méditation transcendantale avait des vertus apaisantes.
En outre, la méditation et la prière :

contribuent à évacuer la tension;


offrent le recul nécessaire pour observer
le mode de fonctionnement personnel;
ouvrent l’esprit et rendent plus réceptif,
par exemple à l’éveil spirituel.
Commencez par placer la relaxation dans votre agenda quotidien.
Ritualisez-la en choisissant une durée précise, de dix à quarante
minutes avant ou après une douche. Considérez la relaxation comme
aussi importante que les repas.

Tous les exercices de relaxation n’ont pas besoin de durer


longtemps. Prenez chaque jour quelques instants pour ralentir votre
respiration et relâcher vos épaules. Pour ne pas oublier ce rituel,
vous pouvez placer une gommette bleue sur l’écran de votre
ordinateur ou sur votre montre. Quand vous portez votre regard sur
cette gommette, arrêtez-vous cinq secondes et respirez
profondément. Vous vous apercevrez probablement que vos
capacités mémorielles s’améliorent rien qu’en prenant le temps de
vous détendre pendant quelques secondes tout au long de la journée.

Sortir de la déprime
Lorsque vous avez le cafard, vos capacités de mémorisation
déclinent. Quand votre mal-être vous préoccupe, vous êtes moins
enclin à créer des souvenirs ou à vous rappeler de souvenirs
antérieurs à l’arrivée de la déprime.

Lorsqu’ils font passer des tests sur la mémoire, les psychologues


essaient de mesurer l’intensité d’une éventuelle dépression.
Généralement, ils donnent un questionnaire non lié à la mémoire
pour écarter l’existence d’une dépression, tel que l’inventaire
multiphasique de personnalité du Minnesota.

Les psychologues tiennent à s’assurer de l’absence de dépression
car celle-ci nuit aux résultats obtenus aux tests de mémoire. Nous
devons être certains que la personne souffre d’un véritable problème
de mémoire et qu’elle ne présente pas un symptôme caché de
dépression. La dépression proprement dite générant des problèmes
de mémoire, son traitement améliore généralement les capacités
mémorielles du patient, mais tant qu’elle n’est pas atténuée, il est
impossible de savoir quelle est l’ampleur des progrès réalisés.

Considérez la dépression comme un frein à vos capacités cognitives.
Si vous êtes dépressif, vous êtes moins en mesure de vous
concentrer, de prêter attention à des informations importantes. Votre
motivation est moindre, vous êtes moins dynamique et plus enclin à
vous laisser distraire.

Et en plus, vous risquez de déformer vos souvenirs en recouvrant
toutes vos expériences d’un filtre négatif. Votre collègue qui ne
souffre pas de dépression verra peut-être en ce souvenir que vous
considérez comme un incident regrettable un événement tout à fait
accessoire. Mais ce supposé incident regrettable, dont l’importance
que vous attribuez provient en grande partie du caractère négatif
imprimé, vous colle à la peau.

Si vous êtes dépressif, vous avez peut-être beaucoup de mal à ne


pas faire cas de souvenirs négatifs pourtant éclipsés par des
expériences plus récentes et positives.

Paradoxalement, lorque vous essayez de faire disparaître des


souvenirs perturbants, vous y pensez plus souvent que si vous
essayiez de vous les remémorer. En faisant tout votre possible pour
ne pas penser à ces souvenirs, vous leur donnez un poids plus
important. Au lieu d’essayer d’occulter d’anciens souvenirs, créez-
en de nouveaux qui les éclipsent. Plus vous vous remémorez ces
nouveaux souvenirs, plus ils prennent de l’importance. Essayez
l’une ou l’ensemble des méthodes suivantes :
choisissez de nouveaux passe-temps ;
rencontrez des gens ;
partez en voyage ;
changez de travail.

En bref, brisez la routine, concentrez-vous sur quelque chose de


nouveau.

Si vous êtes dépressif, vous pouvez vous en sortir. Cela implique


de prendre les mesures suivantes :

Élargir son horizon et s’ouvrir à la vie : au lieu de vous


isoler et de ne rien faire, côtoyez des gens et accomplissez des
choses.
Éviter les vieux souvenirs qui jouent comme un disque
rayé : allez de l’avant au lieu de ressasser vos regrets.
Éviter l’alcool et la drogue : l’alcool et la plupart des
drogues engendrent la dépression.
Prendre trois repas par jour : le simple fait de ne pas
manger correctement peut provoquer une dépression.
Faire de l’exercice : toutes les études montrent que les
personnes qui font de l’exercice bénéficient d’un coup de fouet.
Cela suffit même parfois à les faire sortir de la dépression.

Se remuer
Cela semble peut-être bizarre, mais l’exercice est bon pour votre
mémoire. Il contribue à fournir à votre cerveau les substances
nutritives nécessaires. À chaque fois que vous faites de l’exercice,
vous augmentez votre fréquence respiratoire, votre métabolisme et
votre niveau d’énergie. Non seulement l’exercice vous apaise, mais
il vous aide également à être plus vigilant.

Comparé au reste de votre corps, votre cerveau est un grand
consommateur de glucose et d’oxygène (voir chapitre 3). En faisant
de l’exercice, vous augmentez l’afflux de sang et donc le glucose et
l’oxygène nécessaires pour rester en bonne santé et concentré.

Si vous embourbez votre organisame en étant un moilasson qui


ne fait rien de ses journées, vous privez votre cerveau du carburant
dont il a besoin. Inutile alors d’espérer voir vos capacités
mémorielles être à leur meilleur niveau.

L’exercice maintient en bonne santé les organes qui assistent votre
cerveau, tels que le cœur, les artères et les poumons. Ces parties
doivent être en forme pour supporter les demandes constantes de
votre glouton de cerveau.

En faisant de l’exercice sur une période assez longue, vous


pouvez diminuer l’apparition des plaques de graisse liées au
cholestérol. Cet avantage n’est pas une excuse pour ne pas manger
correctement. N’imaginez pas que vous pouvez vous payer
systématiquement un steak et des oeufs au petit déjeuner. Le
mariage exercice régulier/alimentation saine peut diminuer par dix
le risque d’attaque et de maladie cardiaque.

Votre système cardio-vasculaire porte ce nom pour une raison :
votre cœur et vos vaisseaux sanguins fonctionnent de concert.
Quand vos capacités respiratoires augmentent, il en va de même
pour vos capacités cardiaques. Elles sont interconnectées. Une
meilleure circulation est synonyme de meilleure irrigation du
cerveau. Si vous faites régulièrement de l’exercice, vous vous
sentirez plus tonique et alerte.

Ce n’est pas juste en raison d’un courant sanguin plus efficace.
C’est également dû à un apport en substances nutritives riches, via
le sang. L’exercice modifie la chimie de votre cerveau, si importante
à sa communication interne. Cela stimule la libération et
l’absorption de plusieurs neurotransmetteurs (voir chapitre 3).

Vous connaissez peut-être « l’euphorie du coureur à pied », la
production massive d’endorphine, expression de la capacité du
cerveau à se soigner et à se récompenser. Les endorphines sont des
neurotransmetteurs, qui sont comme l’opium, mais sans
l’accoutumance et les effets destructeurs. Elles vous permettent de
vous sentir plus calme et capable de vous concentrer pendant
plusieurs heures après l’exercice. Et une meilleure concentration est
synonyme de meilleures capacités mémorielles.

L’exercice aérobie a non seulement un effet apaisant et
antidépresseur, mais il est également bénéfique pour votre sommeil.
Pour un effet sédatif optimal, faites de l’exercice entre trois et six
heures avant de vous coucher. Ce délai permet à votre température
corporelle de bien redescendre avant d’aller dormir.

L’exercice stimule également le facteur de croissance du tissu


nerveux (NGF). Le NGF aide vos dendrites à s’étendre et à entrer en
contact avec d’autres neurones. Vos dendrites reçoivent des
informations de la part d’autres neurones (voir chapitre 3). Plus
chaque neurone a de connexions avec ses semblables, plus vos
pensées et souvenirs sont riches et variés. Résultat, plus le nombre
d’entrées est important, meilleure est votre mémoire.

Par conséquent, vous et moi n’avons aucune excuse, à part la
fainéantise, de ne pas faire d’exercice.

Éviter les éléments néfastes au


sommeil
On a découvert un large éventail de facteurs propices à
l’insomnie: le vieillissement, l’état de santé et les drogues.
Par exemple, avec l’âge, la qualité de votre sommeil se
détériore. Vous vous réveillez plus souvent au cours de la
nuit et le sommeil léger dure plus longtemps. Pour
compliquer le tout, de nombreuses personnes âgées passent
leur temps enfermées chez elles et sont donc moins
exposées à la lumière. Ainsi, leur rythme circadien est
bouleversé. En outre, si vous vous levez à des heures
inhabituelles ou ne respectez plus certains principes
sociaux, comme dîner à heure fixe, vous risquez plus de
voir votre cycle de sommeil perturbé.

La caféine provoque l’insomnie car elle bloque les
récepteurs d’adénosine situés dans le cerveau. L’adénosine
favorise le sommeil. Puisque la caféine réprime
l’adénosine, elle réprime également le sommeil. De plus,
l’adénosine favorise le sommeil lent. Des chercheurs de
l’université de Stanford indiquent qu’en raison de
l’antagonisme caféine/adénosine, la caféine supprime le
sommeil lent.

Nombre de personnes essaient de mieux dormir en utilisant
des techniques qui ne font qu’amplifier leurs problèmes de
sommeil. Par exemple, même si vous vous sentez apaisé
après avoir bu quelque chose avant de vous coucher,
l’alcool peut nuire à votre sommeil. L’alcool contribue à la
réduction du stade 4 du sommeil (le sommeil profond) et
du sommeil paradoxal. Il peut également être à l’origine
d’un réveil en plein milieu d’un cycle car ses effets
disparaissent pendant votre sommeil.

Dix pour cent de tous les problèmes de continuité du
sommeil sont dus à l’alcool. Par conséquent, ne buvez pas
plus d’un verre par jour et veillez àne boire que plusieurs
heures avant d’aller vous coucher.

Si vous buvez quelque chose avant d’aller vous coucher,
vous aurez un sommeil plus superficiel. L’alcool affaiblit
le stade 4 du sommeil, stade le plus réparateur et qui
recharge votre système immunitaire. L’alcool nuit
également au sommeil paradoxal. Alors, si vous buvez ce
soir, non seulement vous pourriez être privé de sommeil
profond, mais également voir vos rêves déformés et même
vous réveiller en plein milieu de la nuit. Ce réveil nocturne
se produit car les effets de l’alcool commencent à
disparaître, vous laissant avec un niveau d’anxiété et de
tension plus élevé à celui que vous aviez avant de boire.

Dormir pour se souvenir


Le manque de sommeil peut occasionner un tas de problèmes de
mémoire : défaillance de la mémoire à court terme, manque de
clarté d’esprit et lenteur du raisonnement.

Si vous employez toutes les méthodes suivantes, vous allez pouvoir
mieux dormir :

Au lit, ne faites rien d’autre que dormir (sexe mis à part


bien entendu). Ne mangez pas, ne regardez pas la télévision, ne
faites pas vos comptes, ne discutez pas finance avec votre
conjoint et ne vous disputez pas au lit. Votre lit doit être associé
à une seule chose : le sommeil.
Ne veuillez pas dormir à tout prix. Vous finirez par être
frustré et aurez encore plus de mal à dormir. Si vous ne
parvenez pas à dormir, vous tournant et vous retournant dans le
lit, levez-vous et allez dans une autre pièce.
Ne buvez pas beaucoup le soir. Cela abaisse le seuil
d’endormissement et une envie d’aller aux toilettes peut vous
réveiller.
Ne travaillez pas tard sur votre ordinateur ou n’utilisez
pas de source de lumière vive. (J’explique pourquoi dans une
note technique, plus loin dans ce chapitre.)
Planifiez votre journée du lendemain avant de vous
coucher. Si vous pensez à quelque chose à ne surtout pas
oublier, levez-vous et mettez-la par écrit. Dites-vous que vous
reprendrez vos réflexions ou préoccupations le lendemain.
Évitez les siestes. Considérez-les comme le meilleur moyen
de vous priver de sommeil la nuit.
Essayez de manger un petit encas à base de glucides
complexes avant d’aller au lit. Mangez des aliments riches en
tryptophane. Ne mangez rien de sucré ou de salé avant de vous
coucher. (Je suggère des aliments plus loin dans cette section.)
Évitez les encas à base de protéines le soir. Les protéines
bloquent la synthèse de la sérotonine et, par conséquent,
favorisent la vigilance.
Faites de l’exercice trois à six heures avant l’heure du
coucher.
Mettez des bouchons d’oreilles si le bruit vous dérange.
Ne buvez pas d’alcool avant de vous coucher.
Si vous souffrez d’insomnie chronique, essayez la
technique de programmation du sommeil. Pour en savoir
plus, lisez l’encadré intitulé « Le programme de planification du
sommeil de Harvard », plus loin dans ce chapitre.
Essayez les exercices de relaxation pour vous aider à vous
endormir et/ou vous rendormir si vous vous réveillez durant
la nuit. Pour en savoir plus, reportez-vous à la section intitulée
« Se détendre pour recharger sa mémoire », plus haut dans ce
chapitre.

Dormir debout
Je me souviens de la naissance de mon premier fils.
Pendant les six premières semaines, il couchait dans notre
chambre. Il se réveillait plusieurs fois dans la nuit car,
comme vous le savez peut-être, les bébés ne font pas la
différence entre le jour et la nuit. Il avait faim et nous le
faisait savoir en poussant des cris bien sonores.

Ma femme l’allaitait, donc elle pensait que je pouvais au
moins me lever pour le mettre dans ses bras. Pendant cette
longue période de privation de sommeil, je suis devenu de
moins en moins efficace dans mon travail.

À cette époque, je dirigeais trois programmes de traitement
de jour destinés à des adultes malades mentaux. L’un de
ces programmes regroupait les cas les plus graves et j’avais
soixante patients. Après une nuit quasiment blanche de
plus, j’ai fait un jour la connaissance d’un nouvel arrivant
dans le programme, un charmant jeune homme souffrant
de schizophrénie.

Je lui dis : « Bonjour, je m’appelle John et vous ? »

Il répondit poliment : « Oh, Steve. »

Je dis alors : « Ravi de vous rencontrer John. »

Il me dit : « Non, moi c’est Steve, John c’est vous. Hé,
doc, vous dormez assez ? »

N’attendez pas de vous être ridiculisé pour dormir plus.
Veillez à faire votre possible pour disposer de la quantité
de sommeil qu’il vous faut.

Mettre son insomnie sous sédatif


Si vous faites des insomnies, bienvenue au club ! Au moins 95 %
des gens déclarent en avoir fait au moins une fois dans leur vie. 50
% disent avoir du mal à dormir une fois par semaine et environ 15
% deux fois par semaine.

Votre sommeil est étroitement lié à la lumière du jour et à


l’obscurité de la nuit. Vous absorbez la lumière avec vos yeux et
votre rétine envoie l’information à votre corps pinéal, situé au centre
de votre cerveau. Votre corps pinéal suspend la production de
mélatonine, convainquant ainsi votre cerveau qu’il fait jour et qu’il
n’est pas l’heure de fermer l’œil. Par contre, quand il fait nuit
dehors, votre rétine indique à votre corps pinéal que le soleil est
couché et qu’il doit produire de la mélatonine pour provoquer le
retour au calme nocturne.

Surveillez la quantité de lumière à laquelle vous êtes exposé pendant


la journée car elle influe sur votre sommeil. Si vous exposez un
maximum votre corps à une lumière vive pendant la journée, vous
calez votre horloge biologique sur le cycle naturel jour/nuit du
monde qui vous entoure. Si vous avez eu du mal à trouver le
sommeil, exposez-vous à une lumière vive tôt le matin. Ainsi, vous
pouvez être certain que votre production de mélatonine sera faible
pendant la journée et que votre température corporelle atteindra son
niveau le plus bas quand vous dormirez.

L’effet boomerang des pilules


pour dormir
Si vous faites partie des millions de personnes qui prennent
des médicaments vendus sans ordonnance ou des
benzodiazépines pour vaincre leurs insomnies, il est temps
de changer cette mauvaise habitude. Les benzodiazépines
ne sont pas efficaces pour traiter à long terme les
insomnies. Si vous en prenez régulièrement, vous serez
comme sonné le jour, aurez un sommeil superficiel la nuit
et souffrirez d’un état de manque quand vous essaierez de
dormir sans les prendre, rendant ainsi votre sommeil
encore plus difficile.

Depuis que je pratique, j’ai vu de nombreuses personnes se
plaindre de problèmes de mémoire à court terme. Quand je
m’informe auprès d’elles, je découvre qu’elles prennent
une benzo pour mieux dormir.

Considérez simplement les benzodiazépines comme un
traitement à court terme contre l’insomnie aiguë. Mais si
vous recherchez une solution pour des symptômes qui vont
bien au-delà de quelques nuits, n’en prenez pas. En fait,
l’un des principaux objectifs du programme contre
l’insomnie de l’université de Harvard consiste à ne prendre
aucun médicament pour trouver le sommeil. Si vous en
prenez, ne les arrêtez pas du jour au lendemain, mais
progressivement, à votre rythme et sous la surveillance de
votre médecin.

Faire de l’exercice trois à six heures avant l’heure du coucher peut


également vous aider à mieux dormir, car vous augmentez votre
fréquence cardiaque tout en vous laissant suffisamment de temps
pour la laisser retomber avant d’aller au lit. Encore plus important,
vous accroissez votre température corporelle puis lui permettez de
redescendre à temps pour vous coucher.

votre ordinateur car cela aggrave votre incapacité à dormir. Quand


vous êtes devant votre écran d’ordinateur pendant de longues
périodes, vous fixez directement une lumière. Celle-ci trompe votre
cerveau, le forçant à se caler sur un mode diurne car elle ôte à votre
corps pinéal sa faculté de sécréter de la mélatonine, nécessaire pour
avoir sommeil.

Relax !
Si vous êtes insomniaque, vous avez peut-être du mal à réguler la
température de votre corps. La nuit, vous l’augmentez peut-être sans
le savoir au lieu de la faire baisser car vous êtes moins actif
physiquement pendant la journée. Si vous ne faites pas du tout
d’exercice le jour, ne vous attendez pas à voir votre température
corporelle baisser la nuit.

Pour corriger ces problèmes, procédez comme suit :
maintenez votre chambre à une température fraîche la nuit ;
faites de l’exercice trois à six heures avant d’aller vous
coucher;
veillez à bouger le matin quand vous vous levez afin de
favoriser un cycle de température corporelle adéquat.

Penser au sommeil
Ne vous inquiétez pas si vous ne vous endormez pas
immédiatement après vous être mis au lit. Peu de
personnes s’endorment en quinze minutes. En fait, selon
les chercheurs travaillant dans les cliniques du sommeil,
une personne capable de s’endormir en moins de quinze
minutes manque de sommeil. Dans ce cas, cette latence
d’endormissement abrégée résulte d’un effet rebond qui
compense le manque de sommeil de la nuit précédente.

L’effet le plus marqué de la perte de sommeil est la
somnolence. Il est généralement prouvé qu’une perte de
sommeil modérée a une répercussion négative sur
l’humeur. Mais ce phénomène n’est pas le même chez
toutes les personnes touchées. Les répercussions négatives
sur l’humeur seront plus importantes si la perte de sommeil
vous met en colère et vous inquiète que si vous l’acceptez
sans état d’âme. Les parents se souviennent parfaitement
de la perte de sommeil liée à l’arrivée d’un bébé à la
maison. Mais ils sont focalisés sur le nouveau-né, pas sur
leur perte de sommeil. Par contre, les insomniaques
réagissent de manière excessive et surestiment leur perte
de sommeil.
Si vous travaillez en équipe de nuit, essayz de prendre
fréquemment des repas légers et de faire régulièrement de l’exercice
avant de vous rendre au travail. Quand vous rentrez chez vous, filez
directement au lit. Ne commettez pas l’erreur d’aller vous coucher
dans une pièce éclairée. L’exposition à la lumière retarde
l’endormissement car la production de mélatonine est faible. Veillez
à ce que la chambre soit plongée dans l’obscurité totale. En outre,
essayez de vous exposer à une lumière à spectre complet dès votre
réveil.

Manger pour dormir


L’alimentation a également un effet majeur sur le sommeil. Certains
aliments ont un effet sédatif tandis que d’autres peuvent vous
empêcher de trouver le sommeil.

Évitez les glucides simples tels que le pain blanc avant d’aller vous
coucher. Ils augmentent votre taux d’insuline, lequel accroît à son
tour le tryptophane, un acide aminé qui se transforme en sérotonine.
Cette transformation peut paraître bénéfique mais elle intervient à
court terme. Ainsi, votre glycémie augmente et vous vous réveillez.

Essayez de manger des glucides complexes tels que le pain de blé


complet. L’absorption de glucides complexes déclenche une
transformation en sérotonine à long terme et donc une augmentation
lente et soutenue de la glycémie. Si vous mangez des aliments riches
en tryptophane, le sommeil vous gagne.

Vous trouvez du tryptophane dans :

le lait ;
la dinde ;
les glucides complexes (tels que le pain de blé complet).
Les vitamines peuvent également jouer sur votre sommeil. Une
carence en vitamine B, en calcium et en magnésium peut nuire à
votre sommeil.

Prenez un comprimé de calcium-magnésiom le soir et vous vous


apercevrez probablement que vous êtes plus détendu. Cela peut
également vous aider à surmonter les impatiences (cette sensation
bizarre de tension dans les jambes).

Chuuuut
Votre cerveau est conditionné pour prêter attention aux nouveaux
stimuli. Éliminez donc les sons qui attirent votre attention. Ne
laissez pas la télévision allumée la nuit car elle peut vous réveiller.
Par contre, le bruit blanc (mélange de sons répartis équitablement
sur toute la largeur de bande des fréquences) est ennuyeux et
monotone et sert parfaitement à masquer les autres bruits, tels que
l’aboiement de chien. Si vous avez besoin de bloquer des sons
pendant votre sommeil, essayez ceci :

laissez fonctionner un ventilateur toute la nuit afin de


produire un bruit blanc ;
utilisez des bouchons d’oreilles de qualité pour filtrer les
bruits.

Le programme de planification du
sommeil de Harvard
Si vous souffrez d’insomnies chroniques, votre cycle de
sommeil n’est pas facile à corriger. Avec un peu de
chance, vous ne présentez pas un profil type. Est-ce que
vous rattrapez tout le temps du sommeil car vous ne vous
sentez jamais reposé ? Est-ce que vous essayez de dormir
plus longtemps le matin pour que ce soit encore plus
difficile de dormir la nuit suivante ?

Ne tenez pas à tout prix à vous endormir. Quand vous
essayez de vous endormir, vous libérez des
neurotransmetteurs tels que l’épinéphrine et la
norépinéphrine, qui sont des activateurs augmentant la
tension musculaire, la fréquence cardiaque, la pression
artérielle et la quantité d’hormones de stress. Dans une
étude récente, les participants qui se voyaient promettre
une récompense s’ils trouvaient le sommeil rapidement
avaient plus de mal à s’endormir que ceux qui ne voulaient
pas que le marchand de sable passe absolument.

Si vous avez du mal à vous endormir, essayez la
programmation du sommeil. Levez-vous tous les matins à
la même heure, quel que soit le nombre d’heures dormies
la nuit précédente. Au lieu d’aller au lit plus tôt, couchez
vous plus tard. Vous pensez peut-être : « Mais il faut que je
me réserve un maximum de temps de sommeil, même si je
me tourne et me retourne dans le lit. » Faux ! L’essentiel
est de se débarrasser de la période passée à se retourner
dans le lit et d’aller se coucher uniquement pour dormir.

Calculez votre temps de sommeil moyen et ajoutez une
heure. Utilisez cette formule pour connaître la quantité de
sommeil que vous vous octroyez. Par exemple, sur le mois
dernier, si vous obtenez une moyenne de cinq heures et
demie de sommeil, alors que vous restez au lit pendant huit
heures et demie, prévoyez six heures et demie de temps de
sommeil potentiel. Si vous vous réveillez à 6 heures, allez
vous coucher à 23 h 30. Calculez à rebours six heures et
demie en partant de votre heure de réveil normale. Faites
ceci pendant au moins quatre semaines. Votre objectif sera
de passer la plupart du temps passé au lit à dormir. Votre
température corporelle finira par s’ajuster et la pression du
sommeil par s’installer, de façon à réaliser un autre
ajustement, en ajoutant une heure supplémentaire, pour un
total de sept heures et demie de sommeil.
Chapitre 5

Trucs et astuces pour se souvenir

Dans ce chapitre :
Découvrir les mnémoniques
Piger les rimes numériques
Marquer les emplacements sur la carte routière de votre
mémoire
Se raconter une histoire – établir un lien avec un souvenir
Se souvenir grâce aux chiffres – le système phonétique
Tirer le meilleur parti des aide-mémoire

Vos capacités mémorielles sont aussi grandes et solides que les


techniques de mémorisation que vous utilisez.
Si vous n’utilisez aucune technique, il y a de fortes chances que
votre mémoire ne soit pas à la hauteur de son potentiel. Si vous
employez diverses techniques de mémorisation, vos capacités
mémorielles peuvent être décuplées.

Dans ce chapitre, je vais parler de quelques-unes des techniques les
plus couramment utilisées. Vous allez découvrir comment employer
certains mots bien précis pour fixer les souvenirs. Ces mots
bloquent un souvenir. Vous apprendrez à utiliser un emplacement
dans une pièce pour retenir des souvenirs. Ce système des lieux
vous aidera à localiser vos souvenirs. Vous découvrirez comment
envelopper des souvenirs dans une histoire pour les faire revenir par
la suite. Enfin, vous verrez comment certains sons peuvent faire
apparaître des souvenirs.
Mnémoniques : les copines de votre mémoire
Vous avez probablement déjà entendu des gens dire qu’ils avaient
appris des astuces appelées mnémoniques pour pallier une mauvaise
mémoire. Appeler « trucs » les mnémoniques est faire insulte à leur
importance. Ce ne sont pas de simples trucs mais des signaux,
indices ou liens, presque comme les hyperliens sur lesquels vous
cliquez lorsque vous naviguez sur Internet. Vous cliquez sur un lien
et une autre page apparaît soudain à l’écran.

Les mnémoniques sont des techniques simples destinées à vous
aider à retenir des choses. C’est aussi simple que de dire : « 1, 2, 3,
nous irons aux bois ; 4, 5, 6, cueillir des cerises ; 7, 8, 9, dans un
panier neuf ». Nous sommes nombreux à avoir appris ces rimes
numériques avant même d’avoir entendu le terme mnémonique.
C’est pourtant un exemple de mnémonique.

Pour utiliser une mnémonique, il faut simplement :

savoir ce que vous voulez retenir ;


associer ce que vous voulez retenir à un signal (une image ou
un mot) ;
se référer au signal pour faire remonter le souvenir.

Considérez les mnémoniques comme un moyen d’organiser les


informations de façon à ce que vous puissiez vous en souvenir plus
tard. Le terme mnémonique signifie « qui aide la mémoire ». Vous
pouvez structurer ou envelopper vos souvenirs pour y avoir accès
facilement. Une mnémonique est comme un fil et, quand vous le
déroulez, vous pouvez voir un tas de souvenirs accrochés dessus.

Deux fois par an, en avril et en octobre, la plupart des gens


bougent leur montre d’une heure. Presque tout le monde oublie
d’une fois sur l’autre s’il faut l’avancer ou la retarder. Utilisez cette
mnémonique très simple : avril commence par AV, donc on avance
d’une heure, et octobre se termine par RE, donc on retarde d’une
heure.

Au printemps, si, par mégarde, vous retardez votre montre au lieu de
l’avancer, vous arriverez au travail non pas avec une heure de
retard, mais avec deux ! Votre patron ne gobera sans doute pas votre
excuse. Par contre, à l’automne, si vous avancez votre montre d’une
heure et arrivez donc avec deux heures d’avance, vous aurez envie
de vous gifler. Non seulement vous aurez perdu deux heures de
sommeil, mais vous serez peut-être comme un zombie toute la
journée en regrettant de ne pas avoir appris cette mnémonique très
simple. En AVril, on avance d’une heure, en octobRE, on retarde
d’une heure.

Suspendre ses souvenirs à des crochets


La technique consiste à accrocher un mot à un autre mot ou chiffre
plus facile à retenir. Le fait de penser à ce mot « crochet », vous
amène à penser au mot que vous souhaitiez retenir. Par exemple,
pour retenir le bois, utilisez la comptine « un, deux, trois, nous irons
au bois ». Le crochet (le chiffre trois) est lié au mot bois.

Mettez en pratique cette mnémonique à l’aide de l’exercice suivant.
L’objectif est de vous souvenir d’une liste de dix mots, dans un
certain ordre. Cela vous paraît difficile ? Ne vous inquiétez pas,
voici le truc : les crochets pour se souvenir des mots de la liste sont
les chiffres de un à dix.

Les mots à retenir figurent dans la liste suivante. Lisez-les lentement
et, en même temps, pensez un, deux, trois… jusqu’à dix (un frein,
deux yeux, etc.) :

Frein
Yeux
Bois
Âtre
Flingue
Bisque
Fête
Huître
Bœuf
Ménisque

Maintenant, cachez la liste, vite ! Êtes-vous capable de répéter les


mots dans le bon ordre ? (On ne regarde pas !) Je parie que vous
pouvez le faire. Chaque mot est lié à un chiffre. Il vous faut
simplement répéter les chiffres pour vous souvenir des mots. Si
vous ne voulez pas reprendre chaque mot mais seulement retrouver
le mot « huître », allez directement à huit.

Les crochets à l’école


Différentes franges de la population étudiante ont utilisé la
« méthode des crochets » avec succès pour retenir les
minéraux, les dinosaures, les dieux grecs et romains ou les
éléments chimiques.

Certes, j’ai triché dans cet exemple, mais vous avez compris
l’essentiel : les mots « crochets » se fixent facilement aux mots que
vous souhaitez retenir. En faisant rimer le mot « crochet » avec le
mot cible, cette mnémonique est encore plus facile à utiliser.

La rime avec le chiffre rend l’association facile à retenir. Par
exemple, dans « huit-huître », l’association ne repose pas seulement
sur le chiffre mais également sur la similitude de la prononciation.

Vous pouvez également utiliser des crochets alphabétiques pour
relier des lettres à des mots. La lettre peut rimer ou simplement
figurer dans le mot en question. Par exemple :
A- aliment
B- bras
C- cerveau
D- douceur
E- entrée
F- fripouille
G- gorge
H- hutte
I- immense
J- joie
K- kiwi
L- lustre
M- mallette
N- noix
O- oh
P- plat
Q- queue
R- rayon
S- soirée
T- thé
U- univers
V- volt
W- wagon
X- xylophone
Y- yack
Z- zèbre

Vous pouvez utiliser des lettres « crochets » sans utiliser


l’alphabet complet. Reliez simplement votre souvenir à la première
lettre d’un mot. Une mnémonique basée sur la première lettre est
très économique car elle restreint votre recherche à une seule lettre.
Il vous suffit d’associer la première lettre d’un mot à ce que vous
essayez de vous remémorer.

Par exemple, pour vous souvenir du jour où vous vous êtes fait
piquer par une abeille à Arcachon, retenez simplement la lettre A.
Placer ses souvenirs dans des emplacements familiers
Les agents immobiliers aiment dire que les trois critères les plus
importants à retenir quand vous achetez un bien immobilier sont
l’emplacement, l’emplacement et l’emplacement. L’emplacement
est également l’élément le plus important de la mnémonique appelée
méthode des lieux. (Voir l’encadré intitulé « Antique mais toujours
présente dans les mémoires », dans ce chapitre).

Antique mais toujours présente


dans les mémoires
Il y a 2 600 ans, on disait de Mnémosyne, déesse grecque
de la Mémoire, qu’elle connaissait tout: le passé, le présent
et l’avenir. Les conteurs, appelés aèdes, enseignaient à
retenir de longs poèmes et récits épiques en s’appuyant sur
Mnémosyne. En fait, ils utilisaient une mnémonique
baptisée plus tard méthode des lieux.

Système topique est parfois le nom donné à la méthode des
lieux. Topo (comme dans topographie) signifie lieu en
grec.

À l’instar de pans entiers de la culture romaine, la méthode
des lieux vient de Grèce. Se basant sur l’utilisation grecque
du lieu, orateurs et artistes mémorisaient des lieux pour se
souvenir de leur texte sans l’appui de notes. Les orateurs
passaient devant des lieux ou les regardaient et la ligne
associée à ce lieu leur venait à l’esprit.

À l’insu du public, le conteur ou l’orateur marchait dans la
salle d’un pas décidé et spectaculaire afin de stimuler sa
mémoire. Le public trouvait ces mouvements passionnants
et non distrayants, et ne savait absolument pas qu’il
s’agissait d’une technique ingénieuse pour se souvenir.
Imaginez, dans l’Antiquité, l’orateur romain Cicéron
soulevant les foules grâce à son éloquence et ses
expressions provocatrices. Le public pensait que toute sa
poésie impromptue venait de son cœur et non de sa
mémoire.

Cicéron raconta l’importance du lieu dans la méthode
romaine utilisée pour se souvenir à travers l’histoire du
poète grec Simonide. Lors d’un grand banquet, ce dernier
récitait un poème lyrique qui chantait les exploits de l’hôte,
Scopas, roi de Thessalie. Mais Simonide eut le malheur
d’inclure un passage qui louait les dieux Castor et Pollux.
Scopas se mit en colère car il n’était soudain plus sous les
feux de la rampe. Il refusa de payer à Simonide
l’intégralité de la somme promise, lui disant qu’il n’avait
qu’à demander le reste à Castor et Pollux. Un messager
appela Simonide et lui dit que deux jeunes hommes
l’attendaient dehors et devaient lui parler immédiatement.
Simonide accéda à cette requête. Quand il arriva dehors
pour rencontrer les deux hommes, il n’y avait personne.
Pendant ce temps, le bâtiment s’écroula, tuant tous les
occupants qui se trouvaient à l’intérieur.

Lors du déblaiement et de l’intervention des secours,
personne n’était en mesure d’identifier les corps des
victimes. Personne sauf Simonide, qui fut capable
d’identifier chaque personne en se repérant à la place
qu’elle occupait au moment où il fut appelé dehors. Enfin,
c’est ce que l’on raconte.

La méthode des lieux était le système de mémorisation le
plus utilisé dans toutes les civilisations occidentales
jusqu’à ce que les méthodes des « crochets » et systèmes
phonétiques ne fassent leur apparition, il y a quatre cents
ans. C’est grâce à la méthode des lieux que les grands
conteurs retenaient leur texte. Ce n’est pas parce que
certaines personnes ont abandonné cette méthode que vous
n’allez pas la trouver utile. Elle a été utilisée pendant des
millénaires car elle est simple à apprendre.

La méthode des lieux comprend deux principales étapes :


1. Mémoriser plusieurs lieux d’un endroit familier dans l’ordre
où vous souhaitez les retenir.
2. Associer les éléments à retenir aux différents lieux.
En respectant ces deux étapes, vous parviendrez à vous souvenir de
ce que vous essayez de retenir rien qu’en regardant le lieu (votre
salle de séjour par exemple), en vous y rendant ou en le visualisant
mentalement.

Sceptique ? Essayez. Imaginons que vous souhaitiez mémoriser un
poème ou un discours. Lorsque vous répétez votre texte, parcourez
votre salle de séjour et faites des associations précises avec divers
objets ou emplacements. Associez la première partie à la table
basse, puis passez à la lampe, au buffet, au canapé, etc., en
attribuant une partie à chaque emplacement.

Quand vous répétez, promenez-vous dans la pièce et chronométrez
votre présentation pour caler les emplacements sur chaque partie.
Ensuite, arrêtez-vous à un endroit et regardez chaque emplacement
en déroulant de nouveau la présentation. Puis, quittez la pièce
physiquement et entrez-y de nouveau, mais mentalement cette fois-
ci, en effectuant de nouveau la présentation, avec les mêmes
associations.

Admettons que vous souhaitiez apprendre une partie du poème de
Paul Verlaine « Chanson d’automne ».

Les sanglots longs


Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Quand vous regardez la table basse dans laquelle vous vous cognez
souvent le genou, vous pensez « Les sanglots longs ». Puis, quand
vous regardez la chaîne hi-fi, vous pensez à « Des violons ».
Regardez ensuite la fenêtre et pensez à « De l’automne ». Portez vos
yeux sur la photo de votre amour perdu et pensez à « Blessent mon
cœur ». Enfin, fixez le canapé, théâtre de vos siestes l’après-midi, et
pensez à « D’une langueur monotone ».

À l’heure de faire votre présentation, vous pourrez vous séparer de
vos antisèches. Vous serez capable de vous projeter mentalement
dans votre salle de séjour et de parler en vous souvenant de chaque
emplacement associé aux différentes parties.

Se raconter des histoires pour graver des souvenirs


Presque tout le monde a une bonne histoire à raconter. Les gens se
rassemblent autour de conteurs, lisent de bons romans et apprécient
des films. Les histoires font partie de notre tissu culturel, elles nous
servent à apprendre, à enseigner et à passer le temps.

Se souvenir d’une liste sans papier ni crayon


Le système de liens logiques est une mnémonique qui vous aide à
relier des souvenirs d’informations séquentielles, telles qu’une liste
de mots. Il s’agit de relier de façon logique les chaînons d’une liste.

Imaginons que vous deviez aller au supermarché pour acheter de
quoi manger ce soir. Vous cherchez désespérément un papier et un
crayon dans votre voiture, car une fois parti de chez vous, vous vous
êtes rendu compte que vous aviez oublié votre liste de courses.
Votre boîte à gants ne contient que des cartes routières et tout un tas
de trucs que vous auriez dû jeter depuis longtemps.

Pendant un moment, vous ne savez plus ce que vous aviez décidé de
cuisiner pour le dîner. Puis, cela vous revient lorsque votre estomac
se met à gargouiller. Vous vous souvenez que vous vouliez faire des
fettuccine avec de la sauce aux palourdes. Vous devez penser à
acheter de l’huile d’olive, des fettuccine, du persil, de l’ail, des
palourdes et du parmesan. Vous décidez de relier les différents
ingrédients pour former une image dont vous pourrez vous souvenir
une fois dans le magasin. Une image vous vient à l’esprit, celle de
M. Tucci (votre prof de maths de terminale) assis sous un olivier
(huile d’olive), avec de l’herbe aussi haute que du persil. M. Tucci
hache de l’ail, râpe du parmesan et place ces ingrédients dans des
coquilles de palourde. Dans les rayons du supermarché, cette image
vous ramène à la chaîne qui vous relie à la liste des ingrédients à
acheter. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à vous souvenir
comment cuisiner tout cela.

Mark Twain, toujours spirituel et apparemment jamais à court de
mots, utilisait des mnémoniques pour prononcer ses discours. Il a
écrit qu’il s’appuyait souvent sur des dessins pour l’aider à
regrouper les différents éléments de ses discours. Par exemple, un
jour, il a dessiné une meule de foin avec une ligne ondulée afin de
lui rappeler qu’il devait parler de l’Ouest des États-Unis. Il a ensuite
de nouveau porté son regard sur ses notes et vu deux lignes
irrégulières lui faisant penser à la foudre. Dans ce cas, il essayait de
se rappeler qu’il devait parler du temps à San Francisco, de
l’absence d’orages là-bas et du brouillard qui enveloppe souvent la
ville en été. Il continua ensuite de railler le temps qu’il fait à San
Francisco. Quand je vivais là-bas, j’aimais citer Twain : « J’ai
connu mon hiver le plus froid à San Francisco… en plein été. »

Inventer une histoire pour se souvenir d’une liste


La méthode des histoires ressemble au système des liens logiques,
mais elle est plus élaborée et demande plus de temps. Pour l’utiliser,
vous créez une histoire qui vous rappelle la liste ou le groupe de
mots à retenir. Votre histoire doit tisser ensemble les éléments dans
l’ordre à mémoriser. La connexion se fait à mesure que l’histoire se
déroule.
Avec le système des liens logiques, vous utilisez surtout des images
visuelles, qui ne seront pas forcément nécessaires avec la méthode
des histoires. Si vous avez le temps de créer des images, l’histoire
en devient d’autant plus indélébile pour votre mémoire.

Le matin où j’ai écrit cette page, une violente tempête m’avait
réveillé. Lorsque ma femme est descendue pour préparer le petit
déjeuner, nous avons remarqué une fuite au plafond juste au-dessus
d’un des châssis de fenêtre. Nous en avons très vite conclu que la
pluie battante horizontale avait déchiré une bande en zinc du toit.
L’eau a dû ensuite filtrer à travers les murs, tomber goutte à goutte
sur les appuis de fenêtre, puis sur la moquette. Nous nous sommes
empressés d’aller dans le garage à la recherche de quelque chose
pour colmater la fuite mais n’avons rien trouvé.

Nous avons sauté dans la voiture pour aller à la quincaillerie, puis
conduit plus vite qu’il n’était raisonnable dans les rues inondées.
Sur le chemin, nous avons réfléchi à une liste de produits à acheter,
mais nous n’avions ni stylo ni papier. Nous avons donc inventé
l’histoire suivante pour ne rien oublier une fois dans le magasin :

M. Moosely se rendit compte qu’il n’avait plus de colle pour


son dentier (calfeutre). Il décida donc d’utiliser son plus beau
couteau à viande pour hacher les aliments. Mais il se demanda
si, en mâchant avec ses gencives, les aliments coupés en petits
morceaux ne se sauveraient pas de sa bouche et atterriraient sur
sa nouvelle chemise. Il sortit donc un bavoir en plastique (toile
en plastique) oublié lors de la dernière visite de son petit-fils. Il
s’aperçut que le bavoir était bien trop petit. Il avait du mal à le
nouer autour du cou. M. Moosely savait que s’il utilisait ce
bavoir, des aliments tomberaient sur la table ou le sol. Il réussit
à trouver un récipient rectangulaire (cuvette) dans le placard. Il
fut alors prêt à apprécier son repas haché menu.

Nous avons emporté cette histoire avec nous dans la quincaillerie et


achevé notre mission, sous la pluie battante, avant le déjeuner. J’ai
cherché où ranger les outils de façon à les retrouver facilement la
prochaine fois. À l’endroit choisi pour les entreposer, j’en ai trouvé
de semblables, pour la plupart, qui dataient de la précédente
tempête ! Ah, si à cette époque-là j’avais inventé une histoire pour
trouver les outils, je n’aurais peut-être pas passé ma matinée à la
quincaillerie.

Choisir la bonne mnémonique, au bon moment


Toutes les mnémoniques ne fonctionnent pas pareil pour tout le
monde. Si les êtres humains sont uniques, il en va de même pour
leurs besoins et préférences. Ce que vous jugez utile sera peut-être
complètement inutile à votre voisin et vice versa.

Choisir une mnémonique qui vous convient

Choisissez la mnémonique la plus adaptée à votre personnalité et


à vos connaissances. Vous augmentez ainsi les chances de vous
souvenir de votre aide-mémoire à l’avenir.

Pour vous servir avec efficacité des mnémoniques, respectez les
principes de base suivants :

Assurez-vous que la mnémonique :

attire votre attention ;


comprend une association simple ;
est structurée de façon à ce qu’il soit facile à retenir ;
a un sens pour vous.
N’adoptez pas une mnémonique vue dans un magazine si vous
en possédez déjà une qui vous convient parfaitement. Chaque
personne vit les choses et répond aux images à sa manière. Prenez
l’image d’un dôme sur une église orthodoxe russe. Comme j’ai
passé un peu de temps en Europe de l’Est, je pense à tout ce que
l’image du dôme a absorbé à travers l’histoire.

Cette image du dôme véhicule l’absorption des cultures de l’Est de
la part des Russes et l’apprentissage du christianisme auprès des
Ukrainiens après l’avoir appris des Grecs/ Arméniens byzantins.
Pour moi, l’image d’une église avec un dôme produit les
associations suivantes : je pense au jour où j’ai marché autour du
Kremlin en pleine tempête de neige en 1974 ou à un jour d’été de
2001 où j’ai trouvé refuge dans la cathédrale Saint-Basile de
Moscou lors d’un orage très violent. Une autre personne n’aura pas
les mêmes images en tête.

Les mnémoniques qui attirent votre attention et donnent un tour


ludique à votre mémorisation sont toujours plus efficaces. Par
contre, si votre mnémonique est vieille et ennuyeuse, vous aurez
tendance à l’oublier. Rendez-la et remarquable par son caractère
idiot, amusant, absurde ou même émoustillant.

Choisir une mnémonique adaptée à la situation


Si votre mnémonique n’a pas grand-chose à voir avec ce que vous
essayez de retenir, vous l’oublierez probablement. Par exemple,
pour votre cours de biologie, vous essayez de vous souvenir que les
îles Galápagos, au large de l’Équateur, sont l’une des régions
renfermant le plus d’espèces animales rares, dont les lézards-
dragons aquatiques.

Vous pouvez utiliser les mnémoniques suivantes :
Le drapeau équatorien. L’image d’un drapeau n’attirera
probablement pas votre attention, au contraire d’une image plus
vive et évocatrice.
Un chevalier combattant un dragon au pied d’un château
médiéval. Vous essayez d’associer les lézards-dragons des
Galápagos aux châteaux et chevaliers. Mouais, un peu tiré par
les cheveux à mes yeux. N’oubliez pas, vous essayez de
mémoriser les îles Galápagos, pas les îles britanniques.
Un galion rempli de lézards-dragons rampant sur le pont.
Le mot galion vous renvoie au terme Galápagos et vous avez
ajouté les lézards. Il faut également véhiculer l’idée essentielle :
il n’y a pas que des lézards-dragons sur les Galápagos mais
toutes sortes d’animaux. Dans ce cas, vous pourriez imaginer le
galion débordant de tout un tas de créatures vivantes.
Le bateau de Darwin, le Beagle, ancré dans la baie et
rempli de centaines de conteneurs grouillant de vie. Veillez à
ce qu’il y ait une signification personnelle dans l’image que
vous essayez de retenir. Pour moi, il s’agit d’une évocation
historique : le bateau de Darwin. Les Galápagos sont une région
si reculée que les espèces vivantes ont évolué différemment de
celles présentes sur le continent.

Prendre les raccourcis


Bien que l’approche visuelle (le système de liens logiques) puisse
potentiellement véhiculer bien plus d’éléments qu’une simple
image, dans certaines situations, le manque de temps peut rendre les
choses difficiles.

Il faut plus de temps pour développer des mnémoniques visuelles
qu’il n’en faut pour les crochets, les liens logiques, les histoires ou
les méthodes phonétiques. Quand vous devez faire vite pour
mémoriser quelque chose d’important, il est peut-être plus sage
d’utiliser un crochet.

Par exemple, vous écoutez une conférence et vous n’avez pas de
bloc-notes. Vous serez dans de beaux draps quand le conférencier
passera à un autre sujet alors que vous êtes encore en train d’essayer
de retenir une image.

L’un des avantages de la méthode des crochets sur celle des
histoires, des liens logiques ou des systèmes phonétiques, c’est la
possibilité de choisir certains éléments dans une liste. Le système
des liens logiques repose sur une séquence. (Pour en savoir plus sur
le système des liens logiques, lisez la section intitulée « Se souvenir
d’une liste sans papier ni crayon », plus haut dans ce chapitre.)

À l’instar de la méthode des lieux, qui repose sur des liens
mémorisés à l’avance associés à des emplacements, la méthode des
crochets emploie des chaînes de mots ou de nombres mémorisées à
l’avance et ces informations sont reliées à des substantifs.

Plus le substantif est complexe ou abstrait, plus il peut être


difficile de l’associer à d’autres mots ou idées. Les substantifs sont
plus efficaces quand ils sont concrets.

Quelle que soit la mnémonique utilisée, veillez à ce qu’elle soit
souple et adaptée à ce que vous essayez de retenir. Entraînez-vous
jusqu’à ce que vous soyez capable d’utiliser tous les types de
mnémoniques. On les utilise dans le monde entier depuis des lustres,
alors à vous maintenant de les adopter !
Chapitre 6

Remédier à son manque de mémoire

Dans ce chapitre :
Éviter d’oublier
Passer en automatique
Organiser les informations à mémoriser
Comprendre les informations à mémoriser

Quand le moteur de votre mémoire vrombit harmonieusement, les


souvenirs sont traités et codés pour être stockés dans la mémoire à
long terme. Vous pouvez alors les récupérer à loisir. Vous vous
entendez dire moins fréquemment : « J’ai oublié ! »

Mais le voyage qui mène à la mémoire à long terme est parsemé
d’embûches, de choses ennuyeuses qui détournent, déforment voire
exterminent vos souvenirs. Bien que certains de ces obstacles soient
gênants, aucun ne constitue un problème grave de mémoire et vous
pouvez les écarter facilement à condition de savoir vous y prendre.

Dans ce chapitre, je vais vous montrer comment venir à bout de
votre étourderie grâce à des techniques pratiques à utiliser au
quotidien pour que vos souvenirs prennent place dans votre
mémoire à long terme et ressurgissent sur commande.

Fendre le brouillard qui enveloppe la mémoire


Bien des choses peuvent anéantir le processus de stockage dans la
mémoire à long terme et de récupération des souvenirs. Parfois, les
souvenirs ne se forment pas quand vous le voudriez. Ils ne font pas
le trajet de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme (voir
le chapitre 3 pour tout savoir sur la formation des souvenirs). Vous
voyez parfois des problèmes de mémoire là où il n’y en a pas. En
fait, le problème est plutôt dû :

à la paresse ;
à la peur ;
au manque de motivation ;
à une bonne raison d’oublier.

Refouler le souvenir d’un rendez-vous chez le dentiste


Nous oublions les choses pour diverses raisons. C’est Sigmund
Freud qui a rendu célèbre l’une des premières raisons de nos oublis,
il y a plus d’un siècle. Il a suggéré que nous oublions les choses
parce que nous pouvons refouler des pensées indésirables. Le
refoulement consiste à repousser hors de la conscience les pensées et
sentiments jugés pesants. Selon Freud, vous refoulez les souvenirs
que vous trouvez inacceptables ou déplaisants.

Supposons par exemple que vous oubliiez votre rendez-vous chez le
dentiste pour la troisième fois. Serait-il raisonnable de dire que vous
avez un sérieux problème de mémoire ? Pas vraiment. C’est peut-
être votre peur du dentiste qui s’exprime en refoulant le souvenir du
rendez-vous.

La plupart des éléments que vous codez dans votre mémoire et dont
vous vous souvenez sont liés à votre motivation et vous avez peut-
être une bonne raison d’oublier. La peur d’aller chez le dentiste, de
la piqûre de novocaïne ou de la roulette qui s’acharne sur votre dent
peut vous pousser à oublier.

Dans ce cas, vous n’avez pas de problème de mémoire mais de


peur. Affrontez votre peur et vous mettrez fin aux oublis successifs
de vos rendez-vous.

Vous avez vraiment la faculté de déformer, filtrer ou choisir


d’oublier les souvenirs qui ne sont pas à votre goût. C’est cette
capacité qui se cache derrière la notion de « souvenirs refoulés ».
Cependant, le problème des souvenirs profonds, cachés, refoulés de
l’enfance demeure quelque peu mystérieux. (Pour plus de détails sur
les souvenirs d’enfance, voir le chapitre 2.)

L’écoute sélective
Vous dites à votre fils adolescent de sortir la poubelle. Il répond
« Ouais, pas de souci » tout en filant vers l’ordinateur pour répondre
à un courriel. Une heure plus tard, vous lui rappelez de descendre la
poubelle et il réplique : « Ah, ouais c’est vrai, j’ai oublié. » A-t-il
vraiment oublié ? Peut-être. Peut-être pas. Ou bien il n’a même pas
prêté attention à votre demande initiale. Il était peut-être sur pilote
automatique quand il vous a répondu « Ouais, pas de souci ».
L’attention est essentielle à la formation des souvenirs. (Pour en
savoir plus sur le rôle de l’attention dans la mémoire à court terme,
reportez-vous aux chapitres 2 et 3.)

Votre fils a peut-être choisi d’éviter ce qu’il jugeait comme une
demande de plus en matière de corvées. Il était concentré sur
complètement autre chose. Il était probablement déjà en train de
rédiger son courriel quand il filait vers l’ordinateur. C’est l’attention
sélective.

Vous avez probablement cerné très facilement comment fonctionne
l’attention sélective à travers l’exemple précédent, mais il vous est
peut-être plus difficile de discerner son mode opératoire en ce qui
vous concerne. Vous prêtez probablement attention à certaines
choses mais pas aux questions ou commentaires d’autres personnes,
sans vous apercevoir de cette espèce de tri sélectif.
En cas de manifestation d’une attention sélective, ne vous forcez
pas à croire que vous souffrez d’un problème de mémoire. Essayez
plutôt d’identifier les problèmes d’attention, de motivation ou de
paresse et résolvez-les afin d’améliorer votre mémoire.

Identifier les « bourrages mémoire »


Diverses interférences peuvent s’insinuer entre ce que vous
apprenez et ce dont vous espérez vous souvenir. Voici des exemples
courants :

un élément présent dans votre mémoire ressemble trop à un


sujet que vous tentez de retenir, vous conduisant à confondre les
deux ;
l’acquisition de nouvelles informations interfère avec vos
souvenirs ;
les suggestions d’autres personnes influent sur vos souvenirs.

Confondre des souvenirs similaires


Votre souvenir peut être déformé en fonction du temps écoulé et des
événements survenus depuis l’acquisition de l’information originale.
Une information précédemment assimilée est peut-être similaire à
celle dont vous prenez connaissance et il existe une interférence
entre les deux.

Cette interférence peut se produire avec n’importe quel type de
souvenir : un spectacle ou l’apprentissage d’une langue. Prenons un
exemple : vous regardez un match de basket dans lequel joue votre
fils. Vous remarquez qu’il est très bon pour récupérer le ballon, le
remonter en dribblant et prendre un tir. Mais, s’il manque le tir,
vous pensez : « On pourrait travailler les tirs ensemble entre les
matchs. »

La semaine suivante, vous assistez à un autre match. Il prend un
rebond, remonte le terrain en dribblant et inscrit le panier. Vous
vous souvenez du match de la semaine précédente et estimez que le
ballon était presque rentré lors de son tir raté. Mais, en fait, il n’avait
même pas touché le cercle. Vous avez légèrement mélangé les deux
matchs et formé un souvenir inexact.

On appelle inhibition rétroactive ce type de déformation (rétro


signifiant vers le passé et inhibition signifiant que le nouveau
souvenir inhibe le précédent).

Admettons que vous assistiez au match suivant au cours duquel il
prend un rebond, dribble, tire et rate. Plus tard dans la soirée, vous
racontez que le ballon était presque rentré dans le cercle alors qu’en
fait, ce n’était pas le cas. Dans ce cas, les psychologues qualifient
cette déformation d’inhibition proactive.

Un nouvel apprentissage en bloque un ancien


Un apprentissage peut également déformer des souvenirs.
Imaginons que vous alliez d’Espagne en Italie. À l’heure de quitter
l’Espagne, vous êtes parvenu à acquérir des rudiments d’espagnol
pour trouver votre chemin, passer la commande au restaurant et
saluer les personnes que vous rencontrez.

Au bout de quelques jours passés en Italie, vous commencez à
apprendre des rudiments d’italien et vous avez à peu près le même
niveau qu’en espagnol. Les deux langues se ressemblent car elles
ont la même base latine. Mais elles ne sont pas similaires au point
de renforcer votre niveau d’espagnol.

Puis, vous retournez en Espagne et vous vous apercevez que votre
espagnol s’est évaporé. Votre compréhension élémentaire de
l’italien a interféré avec vos vagues souvenirs d’espagnol. Pour dire
au revoir à quelqu’un, vous dites ciao au lieu de hasta luego, ainsi
que gracie au lieu de gracias pour dire merci. En sortant du
magasin, vous n’êtes pas sûr de vous, mais vous avez l’impression
que le vendeur a pesté contre vous.
Quand vous estimez ne pas être l’abri d’une interiérence entre
une nouvelle information en voie d’acquisition et ce que vous avez
appris auparavant, prenez le temps de revoir les anciennes données.
Dans le cas de l’exemple précédent, sortez votre manuel d’espagnol
et entraînez-vous avec un ami avant de vous rendre dans le magasin.

Une interférence extérieure


Vos souvenirs peuvent également être déformés à cause de
l’interférence d’une autre personne. Ils peuvent être altérés par la
façon dont cette personne vous demande de vous remémorer ces
événements.

Ce type de déformation est très fréquent dans les tribunaux et
pousse souvent les avocats à dire : « Objection, Monsieur le
Président ! La partie adverse influence le témoin. »

Vous avez peut-être déjà vu cette interférence extérieure au cinéma
ou à la télévision. L’avocat de la défense demande à un témoin :
« Vous souvenez-vous de la forme des lunettes du meurtrier ? »

Le témoin est mis dans l’embarras mais il répond tout de même :
« Oh, je ne me souviens pas vraiment de la forme. »

Et si le meurtrier ne portait pas de lunettes ? Mis dans l’embarras,
sous pression, le témoin est poussé à croire que le meurtrier portait
bien des lunettes. Sans le savoir, il a facilité la déformation de son
souvenir.

L’avocat de la défense peut très bien appeler plus tard son client,
l’accusé, à la barre. En le regardant d’un air entendu, il lui
demande : « Avez-vous déjà porté des lunettes ? »

Son client répond avec sérieux, en regardant les jurés pour que
l’effet soit total : « Je n’ai jamais porté de lunettes. »
Tout comme ce témoin détourné de son souvenir et qui en vient à
vérifier un fait qui n’est pas vrai, vous pouvez également être
confronté à des modifications constantes de vos souvenirs. Ce
problème survient lors de l’utilisation, sous pression, d’un indice
erroné pour se remémorer un fait.

Vous ne subirez probablement pas le stress du témoin qui dépose
lors d’un procès, mais vous serez périodiquement mis sous pression
et n’aurez peut-être pas le temps de vous remémorer des souvenirs
avec clarté.

Accordez-vous suffisamment de temps pour vous éclaircir les


idées. Si quelqu’un vous presse, répondez : « Eh bien, je n’en suis
pas sûr. Laissez-moi y réfléchir. » Vous pourrez ainsi utiliser les
bons indices (les vôtres) pour faire revenir vos souvenirs.

Engager le pilote automatique via le surapprentissage


Quand vous maîtrisez parfaitement une compétence ou vous
souvenez très bien d’une information, celle-ci vous revient à l’esprit
sans effort. Cette section vous présente diverses techniques pour
atteindre ce niveau de mémorisation.

Plus vous passez de temps à apprendre un sujet particulier, mieux
vous serez en mesure de vous en souvenir précisément. C’est ce que
signifie le terme surapprentissage. En répétant les choses encore et
encore (de façon adéquate), elles en deviennent automatiques. Pour
écrire cette phrase, par exemple, je n’ai pas eu besoin de regarder le
clavier car je sais où se trouvent les touches et comment taper.

J’ai appris à utiliser le système d’exploitation Windows de mon
ordinateur, il y a dix ans. J’étais complètement perdu face aux
procédures nécessaires pour exécuter une tâche. Un ami a essayé de
me montrer par téléphone.

« Va sur le bouton Démarrer », m’a-t-il dit.

J’ai regardé la façade de mon boîtier d’ordinateur, j’ai vu le bouton
marche/arrêt et je me suis demandé si je devais appuyer dessus.
Heureusement, j’ai résisté à l’envie de faire ça et j’ai dit : « Tu veux
dire l’éteindre ?

— Non, fais Programmes, puis Accessoires et enfin Outils système.

— Je ne vois absolument pas ce que tu veux dire, lui ai-je rétorqué.

— Place ton pointeur sur le bouton Démarrer et clique dessus.
Ensuite, une autre fenêtre apparaît. Tu te places sur Programmes et
tu cliques dessus. Une autre fenêtre apparaît, tu cliques sur
Accessoires. Une autre fenêtre apparaît encore, tu cliques sur Outils
système. »

Après ces débuts déroutants, j’ai appris et je suis maintenant capable
de manipuler mon ordinateur à toute vitesse presque comme si je
savais ce que je faisais (enfin, jusqu’à ce que mon adolescent de fils
passe par là et remette tout en ordre).

Le fait est que j’ai appris grâce à des années de pratique passées à
« me déplacer à l’intérieur » du système qui m’ont permis de
découvrir comment tout était organisé. Maintenant, j’appelle
l’assistance et après une heure d’attente, un technicien me demande
de me placer en divers endroits et de diagnostiquer le problème.
Quand il me dit d’aller sur Démarrer, cela ne me vient pas à l’esprit
d’éteindre l’ordinateur.

Plus vous « surapprenez » un contenu à retenir, plus vous


pouvez être certain que vous parviendrez à vous en souvenir plus
tard. Quelles que soient les circonstances (un examen ou un
spectacle), vous serez capable de vous souvenir de tout ce qu’il faut.

Plus votre confiance est élevée, plus votre nervosité diminue. Vous
êtes en mode automatique. Même distrait par une foule qui vous
regarde ou par le contexte de l’examen, vous avez revu votre texte
ou vos cours tellement de fois que vous le connaissez sur le bout des
doigts, comme si vous étiez sur pilote automatique. Vous vous
souvenez du contenu car il est ancré en vous.

Le surapprentissage va au-delà de la simple répétition. Si vous


vous contentez de répéter un contenu maintes et maintes fois, vous
ne vous en souviendrez que de manière superficielle. Pour l’ancrer
profondément, vous allez devoir dépasser le stade de la répétition.
Par exemple, si vous apprenez le français, la simple répétition des
expressions ne suffit pas. Vous devez en connaître la signification.

L’opposé du surapprentissage est bachotage. Lorsque vous


bachotez, vous essayez d’apprendre aussi rapidement que possible
tous les éléments superficiels. Vous ingurgitez tout d’un coup en
espérant naïvement que vous arriverez à tout digérer. Par contre,
lorsque vous surapprenez quelque chose, vous l’assimilez et vous en
faites un souvenir.

Pour exploiter au mieux ce que vous retenez, apprenez le


maximum d’informations sur un sujet.

Par exemple, supposons que vous essayiez de vous souvenir des
cinq arrondissements de New York pour un examen de civilisation
américaine. Le fait de répéter à de multiples reprises Bronx, Queens,
Brooklyn, Staten Island et Manhattan peut vous aider un peu. Mais,
si, en plus, vous regardez une carte de la ville et notez la forme des
arrondissements, vous les connaîtrez encore mieux. Ensuite,
découvrez le caractère de chaque arrondissement, le type de
population, ses bâtiments et monuments. Si vous lisez un livre ou un
article sur New York, vous ajoutez une dimension supplémentaire.
Retenez ensuite ce que disait John Lennon : « Si tu n’es pas à New
York c’est que tu te caches. » Alors, allez à New York pour explorer
ses quartiers. Après, vous vous souviendrez parfaitement de ses
arrondissements !

Le surapprentissage diffère du bachotage à plus d’un titre (le
chapitre 10 vous explique les différences). D’abord et avant tout, le
surapprentissage garantit que vous allez retenir ce que vous avez
appris bien avant l’examen. Avec le bachotage, en admettant que
vous vous souveniez du contenu, les informations ressortent de
votre tête aussi vite qu’elles y sont entrées. Les faits sont remplacés
par de nouveaux éléments, à leur tour soufflés par d’autres faits
superficiels.

Vous tenez à ce que les faits que vous apprenez soient ancrés en
profondeur, prennent racine. Ces faits enracinés peuvent très bien
constituer une base pour d’autres informations. Par contre, le
bachotage ne donne aucune racine, tout comme un vent violent
couche sans problème un arbre aux racines superficielles.

Le surapprentissage vous permet de cultiver les informations,
contribuant à ce qu’elles grandissent mêlées à d’autres informations.
Toutes ces données mûrissent progressivement pour former une
base de connaissances dont vous vous souviendrez en détail.

Vous allez me demander : « Y a-t-il un point à ne pas dépasser, un
stade où le surapprentissage devient contre-productif ? Est-ce que je
vais faire un blocage mental sur certaines informations si j’y
consacre trop de temps ? » La réponse à toutes ces questions est
claire : non.

Le surapprentissage approfondit les bases du souvenir et vous aide à
avoir confiance en votre connaissance des données.

Réfléchissez à la façon dont on devient expert dans un domaine. Il
ne s’agit pas de suivre un cours pendant quelques heures, de
bachoter pour l’examen et de ressortir avec une profonde
connaissance du sujet.
Considérez le surapprentissage comme un moyen d’être certain
de résister à des informations parasites susceptibles de vous amener
sur une fausse route. Si vous essayez de mettre en mémoire un sujet
qui vous est peu familier, vous risquez probablement de juger
pertinentes des informations qui ne le sont pas tant que vous ne
maîtriserez pas le sujet.

Admettons que vous essayiez de vous souvenir de l’environnement
autour de Flagstaff, en Arizona pour un examen de géographie.
Vous n’êtes peut-être jamais allé là-bas, vu les millions de pins
ponderosa ni humé le puissant parfum de vanille du sucepin. Une
fois vos révisions pour l’examen terminées, un ami parle de Tucson
et décrit les cactus saguaro qui poussent autour de la ville.

Plus tard ce même jour, on parle de Flagstaff en cours. Vous louez
la beauté de ses cactus saguaro. Le professeur vous reprend :
« Qu’est-ce que tu racontes ? Flagstaff est à plus de 2 000 mètres
d’altitude. Chaque année, il y tombe plusieurs mètres de neige et en
été, il fait rarement plus de 25 °C ! »

Si vous aviez effectué consciencieusement des recherches, consulté
des cartes, des photos, et lu des informations sur Flagstaff, vous
n’auriez pas confondu avec Tucson. Votre souvenir des données sur
Flagstaff serait bien ancré grâce au surapprentissage.

Si vous deviez vous faire opérer du cerveau la semaine prochaine,
souhaiteriez-vous que le neurochirurgien ait appris sa spécialité de
cette façon-là ? Tiendriez-vous à être son premier patient alors qu’il
vient tout juste de finir son internat. Il y a de fortes chances que
vous soyez comme moi, que vous préfériez qu’il ait pratiqué cette
opération une bonne centaine de fois au lieu de participer à son
baptême. Il aurait plus confiance en ses moyens et vous en lui.

Tout bien rangé comme il faut


Votre faculté de vous souvenir des informations dépend souvent de
la façon dont elles sont organisées dans votre esprit. Plus
l’organisation est bonne, plus il vous sera facile de vous souvenir.

Si vous stockez en mémoire des informations mal rangées, vous
aurez plus de mal à vous en souvenir. Cela revient à ranger un
papier dans un meuble puis à oublier dans quel tiroir vous l’avez
mis. Pensez à tout le temps que vous allez perdre à chercher dans
tous ces tiroirs et dossiers.

Pensez à la réponse que vous donneriez si quelqu’un vous
demandait de réciter tous les États américains. Vous essayeriez
probablement d’organiser votre souvenir de façon à n’en manquer
aucun, par exemple, en allant de la côte Ouest à la côte Est.

Vous commenceriez peut-être par citer l’Alaska ou Hawaï pour en
être débarrassé. Ensuite, vous utiliseriez probablement des repères
géographiques. Vous progresseriez peut-être du nord au sud en
commençant par la côte pacifique, au nord-ouest, puis en passant à
l’est. Par exemple, Washington, Oregon, Californie, Idaho, Nevada,
Montana, Utah, Arizona et ainsi de suite, jusqu’à la Floride. Vous
utiliseriez ainsi une méthode visuelle pour rassembler les éléments
de la réponse.

Si vous n’avez pas bien la carte des États-Unis en tête, vous pouvez
essayer la méthode des crochets, alphabétiques en l’occurrence.
Commencez par le A, avec Alaska, Alabama et descendez l’alphabet
jusqu’à avoir cinquante noms. (Pour en savoir plus sur la méthode
des crochets, lisez le chapitre 5.)

Si vous n’organisez pas votre recherche, vous pouvez nommer les
États qui vous viennent immédiatement à l’esprit. Vous
commencerez peut-être par celui dans lequel vous vous êtes déjà
rendu et ceux qui l’entourent. Puis, vous procéderez de manière
aléatoire. En employant cette méthode non structurée, vous citerez
probablement deux fois certains États et direz par exemple : « J’ai
déjà dit le Colorado ? »
Organisez votre recherche. Vous parviendrez toujours mieux à
récupérer des informations que vous connaissez si vous procédez
méthodiquement.

Repérer des principes logiques


Si on vous demande de vous souvenir d’une liste de noms ou de
chiffres, vous retiendrez peut-être facilement les premiers et les
derniers éléments, mais vous aurez plus de mal avec ceux situés en
plein milieu, surtout si la liste est longue.

Je constate très souvent ce problème lorsque je soumets le test de


mémoire des chiffres à mes patients. Admettons que je vous
demande de retenir une chaîne de chiffres telle que celle-ci :

2 5 4 1 3 5 7 9 5 8 3

Vous vous souviendrez probablement des 2 5 4 du début et des 5 8 3


de la fin.

Si vous parvenez à repérer un principe dans les chiffres du


milieu, vous augmenterez vos chances de les retenir. Dans
l’exemple ci-dessus, vous remarquerez qu’ils sont dans un ordre
croissant, de deux en deux.

Si vous n’arrivez pas à mémoriser une longue chaîne de chiffres
telle que celle-ci, ne vous inquiétez pas. Très peu de personnes en
sont capables.

Si on vous demande de citer tous les présidents des États-Unis, vous
parviendrez probablement à vous souvenir des sept premiers et des
sept derniers et peut-être de deux autres en milieu de liste.

Mais, avec les présidents, il s’agit d’un exercice plus complexe qui
mobilise la mémoire à long terme, pas seulement celle à court terme
comme pour les chiffres. Vous retrouveriez probablement certains
présidents situés en milieu de liste parce qu’ils sont célèbres. Par
exemple, vous citerez Lincoln et Theodore Roosevelt car ils sont
connus et leur portrait est sculpté sur le mont Rushmore.

Retrouver les présidents situés en milieu de liste est un peu plus


compliqué qu’avec les chiffres. Outre la recherche d’un principe,
réalisez des associations entre les présidents dont vous vous
souvenez et ceux qu’il vous manque. Par exemple, vous vous
rappelez de Lincoln, mais peut-être pas de Johnson et Grant, ceux
qui suivirent. La guerre de Sécession est l’association
incontournable. Qui était vice-président pendant la guerre ?
Johnson. Et l’un des principaux généraux ? Grant.

L’étiquetage
Admettons que vous attendiez un enfant (ou, mieux encore, que
vous alliez devenir grand-père ou grand-mère) et que vous sachiez
qu’il s’agira d’une fille. Vous allez peut-être passer des heures à
chercher un prénom qui conviendra à tout le monde. Vous pouvez
organiser la recherche en reliant les prénoms à un indice, au lieu de
réciter aléatoirement ceux qui vous viennent à l’esprit.

Vous serez mieux à même de structurer votre souvenir en


procédant par ordre alphabétique. A : Aline, Amélie, Anne, etc.

Ainsi, non seulement vous gagnez du temps, mais cela vous aide
également à vous remémorer un plus grand nombre de noms. Vous
organisez votre souvenir autour de termes étiquetés. L’utilisation de
crochets revient un peu à forer à des emplacements bien précis puis
à pomper de l’eau de votre puits. Chaque acquisition vous offre un
bien meilleur accès à une réserve souterraine.

Il existe de multiples façons d’étiqueter des informations. Cette
méthode est employée depuis des siècles. Artistes et orateurs
s’appuient sur leur environnement pour se souvenir de leur texte (le
chapitre 5 comprend une description complète de cette technique).
Ils balaient la pièce du regard et se souviennent de leur texte ou des
différentes parties de leur discours.

L’agrégation (chunking)
L’agrégation consiste à regrouper en petits morceaux de gros blocs
de données. Par exemple, prenez votre numéro de Sécurité sociale.
Quand vous y pensez, il ne s’agit pas pour vous d’un bloc de quinze
chiffres avec un espacement régulier. Par exemple, vous aurez
probablement du mal à vous souvenir du numéro
156045165832120. Il contient quinze chiffres. Même si vous avez
une mémoire au-dessus de la moyenne, vous éprouverez des
difficultés. La plupart des gens mémorisent leur numéro de Sécurité
sociale par groupes de chiffres : le premier (pour le sexe), puis les
deux suivants (l’année de naissance), puis deux autres (le mois de
naissance), puis encore deux (le département de naissance), puis
trois (le code Insee de la commune de naissance), ensuite trois (le
numéro d’ordre) et enfin deux (la clé de contrôle). C’est grâce à ce
découpage que vous vous en souvenez tout au long de votre vie.

Prenez le numéro que je vous ai donné et appliquez le découpage ci-
dessus : 1-56-04-51-658-321-20. Ce numéro est bien plus facile à
mémoriser car il est découpé en blocs.

Au début des années 60, le Dr George Miller, psychologue, a attiré


l’attention sur la contenance de la mémoire à court terme. Il a
souligné que nous pouvions retenir sept morceaux d’information à
court terme avant qu’ils ne s’évanouissent. On se souvient en
moyenne de sept chiffres. Cela peut monter à neuf ou descendre à
cinq. Il n’est donc pas évident que vous reteniez le numéro de
téléphone d’un ami avant de l’avoir noté.

Si vous rencontrez quelqu’un que vous aimeriez apprendre à


connaître et si vous parvenez à récupérer son numéro de téléphone,
vous avez moins de trente secondes pour le noter. Passé ce délai,
vous l’aurez probablement oublié. Si vous le répétez à de
nombreuses reprises, vous aurez plus de chances de le retenir. Par
contre, si vous continuez de parler avant de le noter ou de le répéter,
vous l’oublierez probablement.

Admettons que vous souhaitiez mémoriser un poème. Vous vous
demanderez peut-être : « Est-ce que j’essaie de le mémoriser en
entier, du début à la fin, ou est-ce que je l’apprends par strophe
jusqu’à ce que je le maîtrise entièrement ? » Cela dépend bien
entendu de la longueur dudit poème.

Si le poème est très long, le diviser en parties (les strophes) peut


vous aider à le mémoriser. Mais s’il est court, le découper n’apporte
rien. Au moment de le réciter, vous aurez peut-être oublié
l’articulation des différentes parties car vous serez trop concentré
sur les fragments.

Considérez-le d’abord dans son intégralité pour saisir le rythme
qu’il dégage, puis passez aux différentes strophes, en veillant à bien
mettre chacune en mémoire avant de passer à la suivante. C’est
ensuite que vous pourrez réciter l’intégralité du poème.

Il vous faut alors le réciter encore et encore. Plus vous le réciterez,
plus vous aurez de facilité à vous en souvenir.
La mémoire des rimes
Si vous repérez ou imposez un principe pour les données que vous
essayez de retenir, vous aurez plus de chances de vous souvenir de
celles-ci par la suite.

Il peut s’agir des principes les plus élémentaires basés sur la
répétition de blocs d’information ou des rimes.

Repensez à l’époque où vous essayiez de réciter l’alphabet.

Vous ne preniez pas la chaîne de lettres dans son ensemble :

ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ. Cette chaîne


aurait effrayé l’enfant que vous étiez.

Votre instituteur le faisait sans doute reprendre en chœur à toute la


classe sous la forme d’une chanson, en constituant des blocs de
lettres et en ajoutant des rimes. Ce qui donnait quelque chose de ce
genre :

On m’avait dit de le garder


Il a crié ABCD
Oui ABCD, mesdames
Oui ABCD, messieurs
Je vais chercher où il se cache
Il a crié EFGH
Oui EFGH, mesdames
Oui EFGH, messieurs
Entendez-vous ces bruits d’ailes
Il a crié IJKL
Oui IJKL, mesdames
Oui IJKL, messieurs
etc.1
Cette méthode d’apprentissage de l’alphabet est non seulement
originale et simple, mais elle comprend également une rime très
élémentaire à mémoriser.

Par exemple, vous pouvez créer des rimes pour retenir les courses
que vous devez faire : en premier le boulanger, en second le
poisson, puis l’essence si j’y pense.

Saisir la signification du souvenir


Si une chose a un sens pour vous, vous vous en souviendrez
sûrement plus facilement que si elle ne vous dit rien. C’est la force
du sens qui détermine la persistance du souvenir.

Admettons que vous essayiez d’étudier le fonctionnement de votre
magnétoscope avant qu’il ne soit supplanté par les lecteurs de DVD.
Vous avez certes parcouru la section « Dépannage » du manuel
d’utilisation, mais elle n’a pas beaucoup de sens, car votre bon
vieux magnétoscope n’a jamais donné aucun signe de faiblesse.
Vous avez donc probablement oublié la teneur de ce que vous avez
lu.

Par contre, au moindre problème, ce que vous lisez dans le manuel
prend immédiatement du sens car vous êtes en quête d’une solution
à la panne apparue. (Vous vous en souviendrez sûrement mieux que
moi, car j’avoue faire souvent appel à l’un de mes fils pour résoudre
le problème. Je me justifie après coup en prétextant que c’est un
plaisir pour lui.)

Essayez de percevoir la signification de ce que vous essayez de


retenir, même s’il s’agit d’un problème de magnétoscope ou d’une
chose de ce style. Si vous lisez la section « Dépannage » du manuel
après être parvenu à réparer, essayez de bien vous l’expliquer afin
de mémoriser la panne et la solution.
Profiter des conseils et de l’avis d’autrui pour mieux
vous souvenir
Vous retiendrez mieux les choses si vous bénéficiez d’un retour
d’information sur ce que vous apprenez. Tout d’abord, s’il s’agit de
quelque chose de nouveau, vous tiendrez à faire les choses bien et
non à acquérir une mauvaise technique dont vous pourriez avoir du
mal à vous débarrasser.

Par exemple, vous essayez d’apprendre à faire du ski. Sans conseils
sur lesquels vous appuyer par la suite, vous allez prendre des défauts
qu’il faudra ensuite oublier pour repartir sur de bonnes bases
techniques. Je skie depuis tout petit et je peux descendre
pratiquement n’importe quelle piste, même les noires suicidaires.
Par contre, j’ai l’air d’un clown sur les skis. Le courage et l’air idiot
ne remplaceront jamais des conseils éclairés.

L’avis d’autrui peut également vous aider à rester concentré et
motivé. Les leçons de musique sont la plus belle illustration de ce
principe. Avec ma femme, nous avons souvent beaucoup de mal à
convaincre nos fils de faire leurs gammes. Même s’ils nous disent
« Pourquoi vous nous demandez toujours si on a envie de jouer ?
Bien sûr que oui », leur motivation ne saute pas toujours aux yeux.
Avec les leçons particulières et un cours de musique à l’école, ils
reçoivent tous deux des conseils qui maintiennent leur concentration
et leur intérêt pour l’instrument dont ils jouent.

Si vous faites de la musique, de la danse, du sport, apprenez une
langue ou autre chose, l’avis de votre professeur vous permet de
procéder en permanence à des ajustements techniques et à en retenir
le bien-fondé. Vous disposez d’un historique de réactions auquel
vous pouvez vous référer pour enrichir votre savoir.

Les réactions vous permettent de vous rapprocher de votre


objectif et de mettre régulièrement en mémoire des connaissances.
Posez des questions à la personne qui vous conseille, vous serez
ainsi plus impliqué dans le processus d’échange et vous le
mémoriserez mieux.
Chapitre 7

Garder une excellente mémoire en


vieillissant

Dans ce chapitre :
Garder à l’esprit qu’il n’y a pas d’âge pour se souvenir
Relever les défis posés par un cerveau qui change
Trouver de nouveaux moyens de multiplier pensées et
souvenirs

Quand vous avez oublié ce que vous vouliez dire, vous arrive-t-il de
dire « C’est pas beau de vieillir » ? Vous exagérez les méfaits du
vieillissement.

Contrairement à ce que vous pensez, le vieillissement ne provoque
pas une détérioration de la mémoire. Bien que vos capacités en
termes de mémoire spatiale et visuelle déclinent effectivement avec
l’âge, la mémoire auditive (mémoire des noms, des histoires, des
mots et des chiffres) décline très peu voire pas du tout.

La plupart des gens constatent une augmentation des problèmes de
mémoire quand ils vieillissent, mais pas forcément au même rythme
ou avec la même ampleur. Dans ce chapitre, vous allez découvrir
comment et pourquoi le vieillissement peut altérer vos facultés
mémorielles et ce que vous pouvez faire pour lutter contre ce
phénomène.
Exploiter pleinement un cerveau exceptionnel
Vos connaissances ne sont pas moindres à un âge avancé. Vous en
savez probablement plus mais c’est la vitesse de traitement des
informations qui diminue. Mais, ne vous inquiétez pas, votre
mémoire à long terme reste intacte et votre compréhension des
choses que vous savez est plus large, plus réfléchie et plus sage que
lorsque vous avez quitté l’adolescence.

Bonne nouvelle : en classe, on vous a certainement appris qu’à la
naissance, vous disposiez déjà de toutes vos cellules cérébrales et
que vous n’en produiriez pas plus par la suite, n’est-ce pas ? Depuis
lors (la leçon a continué), vous en avez perdu environ dix mille par
jour et même plus si vous buvez de l’alcool.

Bon, il s’avère que cette vieille croyance est fausse. Le tableau n’est
pas si noir. Vos dendrites continuent de grandir. Les dendrites sont
les parties de vos neurones qui s’étendent pour récupérer des
informations sur leurs congénères (pour en savoir plus sur les
différentes parties de votre cerveau, voir le chapitre 3). C’est ce que
vous faites à votre cerveau qui conditionne son sort. (J’en dis plus
sur la façon de faire grandir vos dendrites plus loin dans ce
chapitre.)

Après les bonnes, les mauvaises nouvelles : en vieillissant, la taille
et la vitalité de votre cerveau diminuent. La quantité de
neurotransmetteurs (voir la description des neurotransmetteurs au
chapitre 3), dont diverses hormones telles que la mélatonine, la
testostérone et l’œstrogène, baisse. Vos artères et vaisseaux
capillaires sont moins souples et, dans certains cas, ils se bouchent
et entravent l’apport de l’oxygène et des substances nutritionnelles à
votre cerveau. Le stress non contrôlé ne fait qu’aggraver la situation.

Diminuer le stress et laisser le sang circuler


Si vous êtes comme moi, en vieillissant, l’un de vos objectifs est de
conserver vos capacités d’apprentissage et de mémorisation, voire
de les améliorer, si c’est possible. Si cela fait partie de votre
programme, voici deux choses à faire dès aujourd’hui :

diminuer votre niveau de stress ;


améliorer votre circulation sanguine.

Le stress tue la mémoire. Des hormones telles que le cortisol


détruisent votre cerveau lorsque vous êtes stressé en permanence.
Avec l’âge, le cortisol (une hormone de stress) a un effet
particulièrement destructeur sur la faculté de votre cerveau
d’apprendre et de retenir de nouvelles choses. Les ramifications
dendritiques et le développement des axones (les axones et dendrites
sont décrits au chapitre 3), qui favorisent la création de nouveaux
souvenirs, sont retardés lorsque votre corps est attaqué par le stress.

En viellissant, votre cerveau bénéficie d’un afflux sanguin


moindre. Cette réduction signifie que vos neurones reçoivent moins
de substances essentielles pour la vie. Le sang apporte non
seulement le glucose, carburant de votre cerveau, mais également
les acides aminés qui sont synthétisés pour former les
neurotransmetteurs. Si votre alimentation est riche en graisses
saturées, si vous buvez de l’alcool ou si vous fumez, votre flux
sanguin sera lent.

La diminution de l’afflux sanguin dans votre cerveau ne se


produit pas forcément au même rythme que chez votre voisin qui a
pourtant le même âge que vous. Vous la contrôlez quelque peu.
L’un des meilleurs conseils est de faire de l’exercice régulièrement.
Vous rendrez non seulement un grand service à votre cœur, mais
contribuerez également à chasser le cholestérol de vos artères et
vaisseaux capillaires. Vous pouvez également envisager de prendre
une petite quantité de ginkgo, pour dilater vos vaisseaux sanguins.

Ne prenez pas de ginkgo en même temps qu’un médicament qui


fluidifie le sang tel que l’aspirine.
Pour minimiser le stress et laisser le sang couler à flots :

Faites de l’exercice. Marchez, nagez, faites du vélo ou allez


régulièrement dans une salle de sport, en fonction de vos goûts.
Suivez des cours de yoga ou de méditation.
Mangez équilibré. Limitez les graisses saturées.
Buvez le moins d’alcool possible.
Ne fumez pas.
Ingérez de petites doses de ginkgo (si vous ne prenez pas de
produits qui fluidifient le sang).
Évitez les activités qui génèrent beaucoup de stress (par
exemple, le métier de courtier en Bourse).
Mettez-vous aux techniques de relaxation et utilisez-les
régulièrement (voir le chapitre 4 pour savoir comment se
détendre).

Les radicaux libres commencent à accomplir leur sale besogne


quand vous prenez de l’âge, car ils endommagent les tissus et tuent
les cellules.

Les gaines de myéline sont les principales cibles des radicaux libres
au sein de votre cerveau. Elles contiennent la substance grasse dont
sont recouverts vos axones et qui facilite la conduction. Les axones
sont des zones de vos neurones chargées d’envoyer des
informations. Ils aident vos neurones à fonctionner à pleine vitesse.
Quand les radicaux libres dévorent la myéline, vos axones perdent
leur conductivité. Ce manque de conductivité nuit à la vitesse de
traitement des informations. Les souvenirs se forment et vous
reviennent alors moins bien.

Les autres proies préférées des radicaux libres sont vos dendrites, la
partie de vos neurones qui reçoit des informations envoyées par
d’autres neurones. Les radicaux libres déciment les dendrites et
réduisent les capacités de votre cerveau à traiter les informations.
Vous en venez à oublier les blagues que vous étiez auparavant
capable de raconter avec beaucoup d’entrain.

Le ralentissement des ondes


cérébrales
En vieillissant, votre temps de réaction augmente. C’est en
partie dû à une baisse de vos capacités. Vous ne parvenez
plus à traiter les informations aussi vite que lorsque vous
étiez jeune. Ce ralentissement vous rend moins capable de
faire plusieurs choses en même temps. Malheureusement,
le multitâche est aujourd’hui devenu partie intégrante de
notre mode de vie. Les gens sont pendus à leur téléphone
mobile en faisant leurs courses et répondent à leur bipeur
tout en envoyant un courriel.

Au début de l’âge adulte, certaines ondes cérébrales (les
ondes alpha) se déclenchent au rythme de onze cycles par
seconde. À l’âge de 65 ans, le rythme baisse à neuf cycles,
puis à huit à l’âge de 80 ans.

Ce changement va de pair avec les bouleversements du
cycle de sommeil. En vieillissant, le temps de sommeil
profond, le stade le plus réparateur, diminue. C’est là
qu’intervient la stimulation de votre système immunitaire
et que vous parvenez à vous détendre le plus (voir chapitre
4). Le manque de sommeil réparateur peut vous peser
pendant la journée lorsque vous tentez d’être attentif et de
créer des souvenirs.

Tous ces problèmes vous empêchent de prêter aussi bien
attention qu’étant plus jeune.

Résistez à ce déclin en demeurant mentalement actif.
Mettez-vous personnellement au défi en prenant des cours,
en lisant et en assistant à des conférences.

Pour combattre les radicaux libres, vous pouvez notamment


consommer des aliments riches en antioxydants. Complétez
également votre alimentation à l’aide de vitamines antioxydantes
telles que la C et la E.

Compenser le vieillissement de ses sens


Quand vous n’êtes plus de la première jeunesse, vous pouvez
souffrir d’une altération de vos sens. La plupart des gens passent par
ce stade : la vue baisse, l’ouïe est moins bonne et les muscles
perdent de leur souplesse. Ça vous rappelle quelqu’un ? Ces
phénomènes sont des épisodes tout à fait normaux du feuilleton de
la vie des personnes âgées.

Malheureusement, le déclin de vos sens complique la récupération
des informations à retenir et à étudier. Cela signifie que vous n’avez
pas forcément toutes les informations que les autres reçoivent, d’où,
moins de données mémorisées.

Avec des sens émoussés et une attention moins vive, les autres
peuvent interpréter à tort votre déficit comme une altération de votre
intelligence. Faites tout pour garder une vue perçante, une
excellente ouïe et des muscles toniques. Ainsi, les autres ne se
feront pas de fausses idées sur votre compte.

La gymnastique mentale pour gonfler son cerveau


amaigri
À partir de l’âge de 50 ans, votre cerveau de 1,350 kg perd du poids
pour atteindre environ 1,170 kg à l’âge de 75 ans. Cette diminution
est due à une perte d’eau.

Le volume des différentes parties de votre cerveau ne diminue pas


au même rythme. Vos lobes frontaux, le centre de commande,
berceau du jugement qui vous permet d’éviter de lâcher des
commentaires grossiers malvenus, sont la partie de votre cortex qui
subit le rétrécissement le plus important (pour en savoir plus sur le
cortex et les autres zones de votre cerveau, rendez-vous au chapitre
3). Les lobes frontaux peuvent perdre 30 % de leur volume entre les
âges de 50 et 90 ans. Autrement dit, ils perdent 0,55 % de leur
volume par an après l’âge de 50 ans. Ce rétrécissement
s’accompagne d’une perte de contrôle de soi. (Désormais, vous ne
serez peut-être plus surpris par les remarques grossières qui sortent
de la bouche de votre grand-père.)

Vos lobes frontaux jouent également un rôle primordial dans votre
faculté à prêter attention suffisamment longtemps pour créer des
souvenirs à court terme. S’ils ont une défaillance, vous pouvez avoir
tendance à être distrait. En vieillissant, il est possible que vous
oubliiez plus souvent où vous avez mis vos clés ou la raison pour
laquelle vous vous rendiez dans une pièce.

Vos lobes temporaux, qui vous aident à vous souvenir de l’essentiel


d’une expérience, perdent 20 % de leur volume avec l’âge. Cela
signifie que vous vous souvenez moins de ce que vous entendez et
des paroles que vous prononcez. Vos lobes temporaux doivent
également essayer d’interpréter des informations entrantes
inadéquates si votre audition est défaillante.

Pour combattre ce rétrécissement de vos lobes temporaux, vous
devez les pousser à être plus actifs. Pour ce faire :

débattez, dans le cadre d’une campagne politique ou rejoignez


une communauté ;
assistez à des conférences et parlez-en après ;
parlez avec votre conjoint, votre partenaire et vos amis de
toujours des souvenirs que vous avez en commun.

Ce type d’activité intellectuelle est aux lobes temporaux ce que la


musculation est aux biceps : bé-né-fique. (Mais, pas d’inquiétude,
votre tête ne va pas enfler… enfin, pas physiologiquement.)

En vieillissant, votre hippocampe diminue également. Entre les âges


de 50 et 90 ans, il peut perdre jusqu’à 20 % de son volume. Le
neurotransmetteur acétylcholine, substance primordiale pour la
mémoire, se fait plus rare, l’âge et le rétrécissement du cerveau
aidant. Votre hippocampe joue un rôle central dans le transfert des
souvenirs de la mémoire à court terme vers la mémoire à long
terme.

La perte de volume de votre hippocampe signifie que


l’acquisition de nouveaux souvenirs peut s’avérer un peu plus
difficile qu’auparavant. Mais la situation est loin d’être désespérée.
Votre cerveau est très sensible aux changements d’alimentation.
Vous devez donc veiller à avoir une alimentation la plus saine
possible. Prenez trois repas équilibrés par jour.

Chaque repas doit comprendre :

un glucide complexe ;
un fruit ou un légume ;
une protéine.

Vos lobes occipitaux, généralement appelés cortex visuel, voient


également leur masse diminuer. Leurs capacités de traitement des
informations visuelles déclinent, mais à leur décharge et à l’instar
des lobes temporaux, ils doivent gérer des informations entrantes
erronées. Ce manque d’informations à traiter provient en grande
partie de la détérioration du nerf optique et de la rétine.

De nouveaux neurones ?
La récente découverte nommée neurogenèse a déclenché
un séisme dans le monde des neurosciences. Médecins et
scientifiques avaient toujours pensé que nous ne créions
aucun neurone une fois venus au monde. Mais les
neuroscientifiques ont découvert que, dans des conditions
bien particulières, certaines cellules nerveuses sont
capables de se reproduire. Bien qu’il faille encore
approfondir les études, ces conclusions ont apporté de
l’espoir aux victimes de lésions de la moelle épinière et à
ceux d’entre nous qui craignent de voir leur cerveau
dépérir en fin de vie.

Pour que vos lobes occipitaux restent au sommet de leur forme :

faites les expositions d’art et de photo ;


faites du tourisme ;
partagez vos photos avec vos amis et vos proches ;
portez vos lunettes, si vous en avez.

Les lobes occipitaux étant responsables de l’interprétation des


informations visuelles, s’adonner à des activités sollicitant la
mémoire visuelle constitue un excellent entraînement.
Empêcher ses neurones de rétrécir
Le rétrécissement de votre cerveau ne provient pas seulement de la
perte d’eau. Vos dendrites, parties des neurones qui s’étendent vers
les autres neurones et récupèrent des informations, subissent le
même sort. Moins les dendrites sont nombreuses, moins vous avez
la possibilité de penser et de créer des souvenirs à partir de plusieurs
sources.

Ce problème explique la propension de certaines personnes âgées à
perdre le fil d’une conversation ou de sections complexes d’un livre.
Leurs connexions dendritiques ont diminué, limitant ainsi la
complexité de chaque pensée et souvenir.

Plus vous faites fonctionner votre intellect, plus votre cerveau crée
de nouvelles connexions dendritiques avec d’autres neurones. Je
reviens de nouveau sur un point : votre cerveau peut générer de
nouvelles connexions dendritiques tout au long de votre vie, quel
que soit votre âge. Un excellent moyen de combattre la perte de
mémoire est d’apprendre de nouvelles informations, de multiplier
les activités et d’adopter de nouveaux modes de pensée.

Continuer à prendre du plaisir


Parmi les effets du vieillissement, les souvenirs agréables vous
procurent moins de plaisir. Résultat, vous pouvez lâcher des mots
que vous regrettez ensuite. (Est-ce un comportement courant parmi
les personnes âgées de votre famille ?) Dans les deux cas, la cause
est bien établie et vous pouvez faire des choses pour ralentir ou
inverser le processus.

Vos synapses sont les connexions entre les neurones. Leur nombre
diminue en vieillissant. Elles sont essentielles pour la création et
l’accès aux souvenirs, car c’est la qualité de la connexion qui
détermine la vivacité relative de certains souvenirs. Mais, en
vieillissant, la densité des connexions synaptiques diminue,
réservant ainsi le même sort à la connectivité entre vos pensées et
vos souvenirs.

En prenant de l’âge, le neurotransmetteur dopamine, fortement
associé aux sentiments de plaisir, perd des récepteurs, situés sur la
membrane postsynaptique. Dès l’âge de 20 ans, vous commencez à
perdre des récepteurs de dopamine, au rythme de 6 % tous les dix
ans. C’est ainsi qu’intervient la diminution des souvenirs agréables.

La dopamine est particulièrement active dans vos lobes frontaux
(voir plus haut dans ce chapitre). La baisse du taux de dopamine
dans vos lobes frontaux vous rend plus enclin à la distraction,
vulnérable aux problèmes de mémoire à court terme et affecte votre
contrôle émotionnel – vous savez, quand vous laissez échapper
certaines paroles. C’est l’attention qui est en cause dans la
distraction et ce sont vos lobes frontaux qui sont chargés de
l’attention.

Inversez la tendance. Multipliez les activités agréables :

poussez-vous à faire des choses amusantes ;


allez au cinéma voir des comédies ;
lisez des livres amusants ;
passez des soirées à raconter des blagues avec vos amis ;
faites des choses qui vous amusaient par le passé.

Ces récepteurs NMDA qui vous


claquent la porte au nez
Vous possédez un récepteur appelé N-méthyl-D-asparate
(NMDA) qui fabrique de la protéine pour l’une des portes
d’entrée neuronales jouant un rôle dans le processus de la
mémoire. Vos récepteurs NMDA sont situés au niveau
synaptique et restent ouverts lorsqu’ils reçoivent divers
signaux simultanément. Ils contribuent à orchestrer le flux
d’informations d’un neurone à l’autre via vos synapses.
Une fois activés, ils favorisent la stimulation conjointe de
groupes de neurones qui permet la création de souvenirs.
En vieillissant, ces récepteurs NMDA restent ouverts
moins longtemps. Vos souvenirs peuvent devenir
simplistes. Au lieu de vous souvenir de tous les détails
d’un événement, vous ne vous souviendrez que de
l’essentiel.

Éviter ces arnaques qui jouent sur


les souvenirs lacunaires
Malheureusement, les arnaqueurs prennent souvent pour
cible les personnes âgées. Ces individus peu scrupuleux
profitent des souvenirs lacunaires de cette population. Par
exemple, à Cleveland, dans l’Ohio, les personnes âgées ont
été mises en garde contre une arnaque surnommée « Le
coup du chèque ».

Les escrocs appelaient des personnes âgées et, dans la
conversation, collectaient sournoisement un maximum de
renseignements personnels. Un jour ou deux plus tard, ils
rappelaient leurs futures victimes, conscients que celles-ci
les connaissaient maintenant vaguement sans pour autant
être capables de les identifier précisément. Les arnaqueurs
leur disaient alors : « Nous avons bien reçu votre chèque,
mais il est de 1 500 $ au lieu des 1 000 $ prévus. Nous
pouvons le déchirer si vous voulez et vous n’aurez qu’à
nous en renvoyer un de 1 000 $. » Bien entendu, le chèque
de 1 500 $ n’avait jamais existé, mais les escrocs
recevaient très vite les nouveaux chèques.

Devenir un vieux singe à qui l’on peut apprendre à faire


la grimace
Le vieil adage « On n’apprend pas à un vieux singe à faire la
grimace » ne doit pas obligatoirement vous concerner. Les vieux
singes utilisent de vieux trucs.

Le problème de certaines personnes âgées, c’est qu’elles se servent
mal des techniques de mémorisation. Elles essaient de se souvenir
de tout en employant la même méthode. Elles peuvent dire : « J’ai
toujours fait comme ça et ce n’est pas maintenant que je vais
changer » ou « J’ai toujours fait comme ça. Vous voudriez que je
change alors que je vais bientôt passer l’arme à gauche ? »

Si vous apprenez de nouveaux tours en vieillissant, vous échapperez


au syndrome du vieux singe.

Restez jeune en « restant en vie ». Ne pensez pas que vous vous
faites vieux. N’utilisez pas de phrases telles que « De mon
temps… ». Vous avez toujours votre place dans le temps présent si
vous le voulez vraiment.

Sortir de la routine
Nombre des problèmes de mémoire dont se plaignent les personnes
âgées concernent des expériences qui n’appartiennent pas à leur
routine quotidienne. Vous oubliez sûrement rarement de vous
brosser les dents ou de prendre une douche. Comme vous faites ces
choses-là tous les jours, elles deviennent des habitudes. Vous n’avez
pas besoin d’y penser ou de les planifier.

Votre mémoire vous joue des tours quand vous devez vous souvenir
de faire une chose qui ne fait pas partie de votre routine.

Si vous êtes âgé, vous devez arrêter de penser que vous êtes trop
vieux pour découvrir de nouveaux horizons. Votre routine est réglée
comme du papier à musique, à la minute près, mais vous rencontrez
des problèmes de mémoire quand vous devez en sortir. Brisez la
routine et essayez quelque chose de nouveau pour rester alerte et
mentalement affûté. Sinon, vous évoluez sur pilote automatique.

En vieillissant, vous avez peut-être tendance à ne pas étudier
minutieusement vos souvenirs. Vous tirez parfois des conclusions
hâtives en vous « souvenant » d’une chose qui ne s’est en fait jamais
produite. Vous risquez plus particulièrement d’avoir des souvenirs
inexacts si l’activité ou l’événement ne fait pas partie de votre
routine.

Par exemple, imaginons qu’en pénétrant dans le parking d’un
supermarché, vous fassiez un signe de la main à une amie qui en
ressort. Plus tard dans la journée, une autre amie vous dit qu’elle a
vu Brigitte au supermarché. Vous savez que Betty fait souvent ses
courses ici également. Vous dites alors : « Ah oui, moi aussi je l’ai
vue. » En fait, vous avez vu une amie au supermarché mais c’était
Betty et non Brigitte. Cela vous a échappé.

Ce n’est pas que la routine soit néfaste. Elle est utile et nous aide à
exécuter des tâches. Mais, pour rester jeune, vous devez adopter des
comportements qui vont au-delà. C’est bon pour votre cerveau et
vos capacités mémorielles.
Un suivi sur la durée
Des psychologues ont découvert que les personnes âgées
possèdent une base de connaissances riche et variée et
peuvent égaler voire dépasser des personnes plus jeunes
dans de nombreux domaines.

À partir de 1958, des chercheurs du centre médical
universitaire Johns-Hopkins ont suivi de très près, sur de
nombreuses années, des adultes en bonne santé. Tous les
deux ans, ces personnes subissaient diverses évaluations,
notamment à travers des tests médicaux et psychologiques.
Contrairement aux idées reçues, il s’est avéré qu’elles ne
subissaient pas une détérioration de leurs facultés
mentales. Elles continuaient d’enrichir leur vocabulaire et
d’améliorer leurs capacités de raisonnement. Le seul déclin
observé concernait leur temps de réaction, de
concentration, et leur mémoire à court terme. Quant à leur
mémoire à long terme, elle demeurait intacte.

Soyez vigilant envers le monde qui vous entoure, en essayant ceci :

variez les activités ;


choisissez différentes routines ;
marchez tous les jours mais changez régulièrement
d’itinéraire.

Instruire sa mémoire
Plus vous êtes instruit, moins vous êtes susceptible de perdre la
mémoire. Personne ne sait vraiment pourquoi, mais les experts
pensent généralement qu’un niveau d’instruction élevé vous permet
d’utiliser votre cerveau de différentes façons.
L’atout éducatif
Des études ont montré que des personnes de 70 ans ayant
un diplôme universitaire présentaient de meilleurs résultats
à de nombreux tests des facultés cognitives que des
individus plus jeunes ayant abandonné leurs études au
secondaire. En outre, en fonction de leur santé, elles
faisaient parfois même mieux que des individus affichant
la cinquantaine ayant décroché leur baccalauréat.

Toutes les études montrent que les personnes âgées
conservant une activité intellectuelle sont très résistantes
au déclin cognitif. Autrement dit, si vous avez le malheur
de souffrir d’une maladie entraînant une dégénérescence
du cerveau telle que la maladie d’Alzheimer, votre réserve
de facultés intellectuelles sera plus importante que celle
d’une personne qui passe sa journée à regarder la télévision
ou qui rumine ce qui n’a pas été au supermarché la
dernière fois qu’elle a fait ses courses. En bref, plus vos
capacités intellectuelles sont grandes, plus vous disposerez
de réserves pour compenser une éventuelle future
détérioration.

C’est pour cela que dans l’analyse des tests
psychologiques, j’ai beaucoup plus de mal à déceler des
signes de déclin cognitif chez les personnes ayant déjà
affiché un excellent niveau. Si les précédents résultats
d’une personne la classaient dans la catégorie supérieure et
que les derniers la situent dans la moyenne supérieure, il
s’agit manifestement d’un déclin. Mais si j’ignore que son
précédent score était très bon ? Je peux très bien mal
interpréter le tout dernier bon résultat et croire que la
personne est toujours performante. Voilà pourquoi les
psychologues doivent toujours avoir connaissance du
niveau atteint précédemment.

De nombreuses études ont montré que les personnes ayant
le niveau d’étude le plus élevé sont celles dont les
capacités mémorielles diminuent le moins. C’est
l’illustration du principe selon lequel plus vous développez
vos facultés intellectuelles, mieux vous les utilisez, même
en cas de déclin.

Il n’est jamais trop tard pour s’instruire. En fait, vous êtes
en train de vous instruire parce que vous lisez ce livre.
Alors, poursuivez votre lecture !

Plus vous réfléchissez avec originalité, plus les connexions entre vos
neurones sont nombreuses. En d’autres termes, bien que vous
n’ayez peut-être pas plus de neurones qu’un homologue moins
cultivé, vous allez vous offrir beaucoup plus de connexions
neuronales.

Ces connexions vous permettent de disposer d’un plus grand
nombre de moyens de coder et récupérer les souvenirs. En
vieillissant, grâce à ces connexions plus nombreuses, vous résistez
au déclin de la mémoire et des facultés cognitives dont souffrent vos
homologues moins cultivés.

Choisir ses fréquentations sur ses


vieux jours
Les experts savent que les personnes vivant leur vie à fond
et en faisant des choses diverses souffrent moins de
maladies cérébrales dégénératives. Elles restent jeunes plus
longtemps. Pourquoi pas vous ?

J’ai rencontré plusieurs personnes qui sont l’exemple
même de la jeunesse éternelle. Il y a vingt-cinq ans, j’ai eu
la joie de faire la connaissance de l’un des plus célèbres
théoriciens de la psychologie du XXe siècle, Eric Erikson.
C’était un ancien de l’Institut psychanalytique de San
Francisco. Il a contribué à notre compréhension de
l’évolution psychologique avec l’âge.

Dans les dernières années de sa vie, Erikson et sa femme
ont choisi de vivre dans une maison, entourés de jeunes. Il
avait indiqué qu’il voulait conserver un esprit jeune et
alerte. Il redoutait de sombrer dans la routine et de mettre
son intellect au repos. En vivant avec des jeunes, il se
lançait des défis personnels et veillait à conserver une
vitalité mentale et à rester affûté.

Réveiller l’artiste qui sommeille en vous


Bon nombre de personnes âgées commencent à privilégier
l’esthétisme. Vous en avez également la possibilité. À l’instar de ces
personnes, prenez des cours d’art en tout genre, allez au concert,
jardinez ou faites tout ce qui satisfait votre besoin d’esthétisme.

Mon père, qui approche aujourd’hui les 80 ans, n’était pas artiste
plus jeune (il était juge et avocat général), mais maintenant, il prend
régulièrement des cours d’art. Il va souvent dans les musées et
possède un abonnement dans trois villes où se produit un orchestre
symphonique.

C’est une source d’inspiration. Il continue de suivre des cours à
l’université et a suivi toutes les matières, de la géologie aux cours
supérieurs de peinture. Chaque année, il voyage d’Asie en Europe,
tout seul. À son quatrième voyage à Paris, où il reste trois semaines,
il avoue fièrement qu’il connaît la ville comme sa poche.

De nombreuses universités considèrent les retraités comme les
meilleurs étudiants. Ils suivent les cours pour le plaisir d’apprendre,
alors que certains de leurs jeunes collègues étudient pour avoir un
métier plus tard.

En France, il existe des universités du temps libre. Saisissez
l’occasion d’offrir l’atout éducatif à votre mémoire :

votre réflexion prend des formes différentes ;


vous voyez les choses sous différents angles, avec du recul ;
vos souvenirs acquièrent d’autres dimensions et comportent
plus d’associations.

Dressez une nouvelle liste de résolutions :

prendre des cours ;


aller au concert ;
voyager;
éteindre la télévision.
Troisième partie

Exercer sa mémoire tous les jours

« En fait, il n’y a qu’une seule chose sur cette liste dont j’ai vraiment besoin.
Mais, qui se souviendrait de consulter une liste qui ne comprend qu’un seul
article ? »


Dans cette partie…

Je vous accompagne dans votre routine quotidienne à l’école, au travail ou en
société et je vous montre comment exploiter au mieux votre mémoire dans vos
activités quotidiennes. Un examen approche ? Jetez un œil au chapitre 10 pour
découvrir des tactiques éprouvées à employer pour réussir. Vous avez parfois
l’impression que votre mémoire part en lambeaux dans cette société
postmoderne frénétique ? Le chapitre 13 distille des conseils pour ralentir le
rythme et retenir plus d’informations. En bref, dans cette troisième partie, on est
en plein dans le vif du sujet. Bienvenue à bord !
Chapitre 8

Une mémoire pour l’école

Dans ce chapitre :
Organiser son apprentissage
Découvrir comment se souvenir en détail des choses
Rechercher la signification du sujet
Prendre des notes qu’il est possible de retenir

En matière d’études, la façon dont vous travaillez et le volume de


travail sont deux choses bien distinctes. Cela correspond à la
différence entre quantité et qualité. Étudier « dur » ou « beaucoup »
peut être un échec complet si vous ne le faites pas correctement.

Pour prendre l’analogie de la voiture, vous avez une propulsion
alors que vous voulez une traction. Ici, la traction est le souvenir de
ce que vous avez appris. C’est votre façon d’étudier qui détermine si
vous êtes en mode traction ou propulsion. Opter pour les bonnes
techniques peut optimiser vos révisions et vous garantir que vous ne
perdez pas votre temps.

Dans ce chapitre, vous allez découvrir comment exploiter votre
temps de la meilleure manière et faire en sorte de retenir ce que
vous apprenez.

Organiser ses souvenirs


Organiser ses études n’est pas l’apanage des personnes souffrant
d’un trouble obsessionnel compulsif. C’est tout simplement ce que
font les bons élèves. Les étudiants organisés se souviennent mieux,
et en matière d’apprentissage, c’est le résultat qui compte.

La qualité du souvenir d’informations importantes dépend plus


de la façon dont vous organisez ces informations dans votre esprit
que de la quantité mémorisée.

Comparez cela au stockage de fichiers sur votre ordinateur. Si les
données sont mises en vrac sur votre disque dur, vous aurez peut-
être un mal fou à y accéder par la suite. Non seulement vous avez
perdu du temps à accumuler aléatoirement ces informations, mais en
plus, vous ne savez plus où elles se trouvent.

Réfléchissez un instant à la facilité avec laquelle vous les
récupéreriez si vous les aviez placées dans des fichiers
judicieusement nommés en fonction de leur contenu.

Quand vous vous préparez à retenir des informations importantes,


posez-vous les questions suivantes :

Comment ces informations sont-elles organisées ? (Par


exemple, s’agit-il d’un poème, d’une équation mathématique,
d’un discours ?)
Dans quelle situation devrai-je me souvenir de ces
informations ? (Par exemple, est-ce que je devrai me tenir
debout devant la classe pour réciter ma leçon, répondre à une
question lors d’un examen ?)

Ces questions déterminent la méthode à utiliser pour apprendre ces


informations. Le mode d’apprentissage vous prépare à la méthode
qui sera utilisée pour récupérer ces informations.

Par exemple, pour vous souvenir d’une série d’événements décrits
dans votre livre d’histoire, il serait judicieux de comprendre le
contexte dans lequel se sont déroulés ces événements.

Imaginons que vous essayiez de vous souvenir de la création de la
Sécurité sociale. En pensant au contexte dans lequel elle a vu le
jour, à savoir la fin de la Seconde Guerre mondiale et le processus
de reconstruction et de redressement économique, vous parviendrez
à mieux retenir les notions associées.

Vous pouvez même utiliser des mnémoniques pour vous souvenir
des noms et des dates. Les initiales S et S vous aident à coder le
souvenir. C’était la fin des sinistres SS allemands et le début de la
Sécurité Sociale. (Pour en savoir plus sur les mnémoniques, rendez-
vous au chapitre 5.)

Reconnaissance : la séance
d’identification d’un suspect
Il existe de nombreuses façons de vous souvenir d’une
chose. Parfois, vous n’avez pas besoin de vous creuser la
tête pour retrouver un souvenir, il est juste devant vous,
vous n’avez plus qu’à le reconnaître.

Reconnaître une chose est bien plus simple que de s’en
rappeler. Si vous ne parvenez pas à vous en souvenir à
l’aide de la méthode du rappel libre, la reconnaissance
vous offre une chance supplémentaire.

Le questionnaire à choix multiples est une des méthodes de
reconnaissance. Par exemple, si on vous demande :

Parmi les méthodes suivantes, quelle est la plus difficile
pour se souvenir d’une information ?
a) Rappel libre
b) Reconnaissance
c) Faire le poirier
d) Question vrai ou faux
Vous reconnaîtrez tout de suite que la bonne réponse est a)
Rappel libre.

La séance d’identification des suspects est une autre forme
de reconnaissance. Souvent, six ou sept individus sont
alignés et on demande à un témoin quel est celui qu’il a vu
sur la scène du crime. On estime que la seule présence du
principal suspect va rafraîchir la mémoire du témoin et
permettre à ce dernier de le reconnaître.

Mais cette forme de reconnaissance est sujette à
controverse dans les rangs des magistrats car cela revient à
forcer la main au témoin. Dans un devoir scolaire, le
professeur sait, bien entendu, que la bonne réponse se
trouve parmi les propositions, mais lors d’une
identification policière, personne ne sait vraiment si le
suspect figure parmi les personnes présentées.

Tirer le maximum d’un apprentissage


Tergiversation et paresse sont deux raisons qui vous poussent à
attendre la veille d’un examen pour réviser. (Le chapitre 10 vous en
dit plus sur la façon de retenir des informations pour un examen.)
Vous pensez peut-être également qu’il est bon de réviser à la
dernière minute car cela vous permet de bien garder les informations
à l’esprit.

On appelle cela bachotage. C’est un excellent moyen d’oublier les


choses et non de les retenir.

Le bachotage peut s’avérer un tout petit peu utile si l’examen se
déroule juste après une séance. Cependant, l’utilité dépend du
contenu à retenir. Il faut que ce soit des informations relativement
superficielles telles que des noms à identifier. S’il s’agit d’une
matière plus complexe, oubliez le bachotage, vous vous souviendrez
de très peu de choses.

Autre erreur fréquemment commise par bon nombre


d’étudiants : passer une partie de la nuit à réviser, la veille de
l’examen. Ce bachotage nocturne est néfaste pour la mémoire, et le
manque de sommeil nuit à votre concentration pour vous souvenir
d’informations superficielles. (Voir le rôle du sommeil en matière
de mémoire, au chapitre 4.)

Veillez à dormir suffisamment la veille de l’examen. Même des


connaissances superficielles sont plus facilement accessibles si vous
êtes bien reposé.

Le bachotage est vraiment une mauvaise méthode qui vous fait
perdre votre temps. Il vous restera certes quelques souvenirs lors de
l’examen le lendemain matin, mais demandez-vous pourquoi vous
n’avez pas pris le temps d’apprendre sérieusement.

Économisez votre temps. S’il vous faut vingt heures pour étudier
un sujet, ne regroupez pas toutes ces heures sur une courte période.
Étalez vos révisions sur plusieurs jours voire semaines avant
l’examen.

Considérez les informations comme des graines ayant besoin d’une
terre fertile pour pousser. La récolte sera maigre si vous n’avez pas
pris soin de vos graines. Il faut que ce jardin puisse vous donner des
fruits et légumes pour les prochaines années.

Au fur et à mesure de l’apprentissage d’un sujet, il est sage de revoir
rapidement les notions étudiées lors de la séance précédente. Ne
vous contentez pas d’ingurgiter de nouvelles informations, soyez
également capable de bâtir les différents étages de votre édifice. La
plupart des domaines d’un sujet s’emboîtent. Pour maîtriser le sujet
dans son ensemble, vous devez édifier chaque leçon.

Procédez comme suit :
1. Lors de la première leçon, apprenez (semailles).
2. Révisez (la pluie tombe sur la récolte).
3. Apprenez de nouveau (fertilisation).
4. Révisez (le soleil inonde la récolte).
Lorsque vous organisez votre période d’apprentissage, ne réduisez
pas votre temps d’étude au strict minimum. Ne programmez pas des
séances brèves au point de refermer le livre avant même d’avoir eu
le temps de prendre connaissance du sujet.

Si vous consacrez vingt heures à votre apprentissage, le meilleur


moyen serait de répartir ces vingt heures surle les dix prochaines
semaines, à raison de deux heures hebdomadaires. Si vous vous y
mettez tous les jours, cela fera dix minutes de travail par jour. Ce
n’est pas suffisant ! Vous aurez tout juste le temps de vous asseoir
qu’il sera déjà l’heure de refermer votre livre. Vous devez quand
même prendre le temps d’absorber les informations au programme.

Par contre, si vous ogranisez vos révisions par tranches de


quatre à cinq heures, vous pouvez vous attendre à ressentir de la
fatigue ou à avoir besoin de faire une pause. Si vous ne faites pas de
pause, vous pourriez perdre votre temps à rêvasser ou à penser à
quelque chose qui n’a absolument à rien à voir avec le sujet sur
lequel vous essayez de vous concentrer.

Les pauses permettent non seulement de reposer votre esprit,


mais également d’assimiler les informations.
Morceler l’apprentissage
À moins que vous n’étudiiez qu’une seule matière, l’école donne
beaucoup de travail. Comment procédez-vous si vous avez plusieurs
matières à étudier dans une soirée ?

Si vous passez d‘une matière à l’autre sans interruption, vous


risquez de ne pas pouvoir faire la transition, essentielle pour être
prêt à absorber de nouvelles informations.

Pour séparer la tranche biologie de la tranche mathématiques,


faites une pause ou changez de pièce. Cela vous permet de contrôler
le contexte dans lequel vous apprenez les informations. Vous
pourriez même avoir envie d’utiliser un stylo différent pour chaque
matière ou prendre des notes manuscrites pour l’une et vous servir
de l’ordinateur pour l’autre.

Dans la mesure du possible, séparez les séances : par exemple,
biologie avant le dîner et mathématiques après.

S’offrir un apprentissage complet


Vous devez non seulement veiller à la bonne organisation et à
l’assimilation des informations mises en mémoire sur le long terme,
mais également faire en sorte de bien connaître leur contexte, à
savoir le lien avec d’autres informations dont vous vous souvenez.

Il vous faut également bâtir un corpus d’informations capable d’être
enrichi de façon à connaître les relations avec les informations
apprises auparavant.

Par exemple, lorsque vous apprenez une langue étrangère, vous
devez être capable de conjuguer des verbes, apprendre du
vocabulaire, former des phrases et répondre à quelqu’un dans
diverses situations.

Si vous bafouillez un « Vous étiez bien ? » dans une langue
étrangère au lieu de « Comment allez-vous ? », votre interlocuteur
sera peut-être ravi que vous fassiez l’effort de parler sa langue mais
il se contentera probablement de vous répondre : « Très bien. Et
vous ? » Il aura remarqué la mauvaise construction de votre phrase
et la faute de temps.

Parler une langue étrangère va au-delà de l’apprentissage de
quelques mots. Vous devez en apprendre les nombreuses facettes. Si
vous écoutez une fois la cassette d’une méthode de langue avant de
vous rendre en Angleterre, vous retiendrez beaucoup moins de
choses que si vous faites un stage intensif, vivez outre-Manche ou
lisez L’anglais pour les Nuls, de Gail Brenner et Claude Raimond,
publié par First Éditions.

De cette manière, le corpus d’informations appris constitue la
fondation pour l’apprentissage d’autres notions. Sans cette
fondation, vous ne pourrez lier les nouvelles informations et finirez
probablement par les oublier.

Le réapprentissage

Pour être certain de bien vous souvenir des notions d’une


matière, une autre méthode consiste à les réapprendre. À la
deuxième ou troisième fois, vous rafraîchissez vos souvenirs et
approfondissez ainsi votre connaissance du sujet.

Un excellent exemple de réapprentissage consiste à prendre
plusieurs fois un cours de langue étrangère. J’ai pris plusieurs cours
d’espagnol au cours de ma vie et, à chaque fois, je m’améliore un
peu, la compréhension et la conversation me paraissent un peu plus
faciles. (Vous allez me dire : « J’espère bien ! Vous êtes bouché ? »)

Je vais mettre de côté cette question et poursuivre mon propos. Pour
apprendre une langue, il faut la pratiquer. Ayant très peu
d’occasions de parler espagnol en dehors de mes rares voyages en
Amérique latine et en Espagne, il me faut réapprendre cette langue.

Mon ami est bien plus doué que moi en espagnol. À chaque
réapprentissage, sa connaissance de la langue s’améliore. En fait,
contrairement à moi qui ai sauté d’une langue à l’autre sans trop
m’investir, il a commencé l’espagnol jeune et pris régulièrement des
cours.

Combiner réapprentissage et rappel direct


Améliorer sa mémoire en prenant un cours une deuxième ou une
troisième fois, en guise de réapprentissage, est, je l’admets, un luxe
qu’il est généralement difficile de se payer. Le chemin plus court et
plus ardu du rappel direct s’offre plus souvent à vous. Le gros
problème du rappel direct est son caractère infini, comme si vous
leviez les yeux vers le ciel dans l’espoir de capter une lueur de
souvenir.

Pour optimiser le rappel direct, associez-le à diverses techniques de
réapprentissage. Admettons que vous deviez citer les préfectures de
tous les départements français de la côte atlantique, souvenir d’une
vieille leçon de géographie. Vous pouvez utiliser l’approche du
rappel indicé, c’est-à-dire commencer par citer le nom du
département afin de vous rappeler de la préfecture correspondante :

Finistère :
Morbihan :
Loire-Atlantique :
Vendée :
Charente-Maritime :
Gironde :
Landes:
Pyrénées-Atlantiques :
Si votre professeur vous voit transpirer à grosses gouttes et a de la
compassion, il vous offrira peut-être un indice supplémentaire afin
de vous aider à faire l’association : la première lettre de chaque
préfecture :

Finistère : Q
Morbihan : V
Loire-Atlantique : N
Vendée : L
Charente-Maritime : L
Gironde : B
Landes : M
Pyrénées-Atlantiques : P

J’ai donné cet exemple car vous avez sans doute déjà rencontré ces
informations. Quand vous avez parcouru la liste, vous vous êtes
probablement amusé à retrouver les préfectures. Vous avez donc
effectué un réapprentissage du sujet.

Et si vous deviez réapprendre la liste des présidents français de la
IIIe République ? Si je vous demandais de les citer dans l’ordre,
vous exécuteriez une tâche de rappel sériel. (Un rappel sériel est
une tâche consistant à se souvenir d’informations, telles que la liste
des présidents français, dans l’ordre chronologique.)

Imaginez que je vous donne comme indice la première lettre de
chaque nom :

T
M
G
C
P
F
L
F
P
D
D
D
L

Dans ce cas, vous réapprendriez des informations en utilisant


l’indice d’une « première lettre crochet ». Comme vous pouvez le
voir, la méthode des crochets déclenche votre souvenir en utilisant
la première lettre du nom, placé par ordre alphabétique (voir le
chapitre 5 pour les crochets et le chapitre 6 pour les techniques
sérielles). En vous demandant d’employer un crochet pour vous
remémorer des informations apprises précédemment (telles que dans
le précédent exemple), votre souvenir sera probablement très clair.

S’atteler au sens plutôt qu’apprendre par cœur


L’apprentissage par cœur est la régurgitation de faits désordonnés
et dénués de sens. Ces faits ont toutes les chances d’être oubliés car
vous ne les avez pas intégrés dans un corpus de connaissances.

Malheureusement, trop de choses demandées à l’école s’appuient
sur l’apprentissage par cœur. Votre mission est d’approfondir la
signification de ce que vous apprenez, de façon à ce que vous
puissiez vous en souvenir ultérieurement.

Avoir connaissance signifie comprendre la signification des faits,
comment ils sont organisés et quelle est leur place par rapport à ce
que vous savez déjà sur un sujet précis. Le caractère sensé des
informations déterminant la qualité de vos souvenirs, apprendre par
cœur n’est pas la meilleure méthode pour retenir les choses mais
plutôt le meilleur moyen d’oublier ces données. (Les écoles finiront
peut-être elles aussi par s’en rendre compte.)

Un exemple d’apprentissage par cœur consisterait à essayer de
mémoriser la liste des présidents de la section précédente sans
effectuer d’associations ou utiliser d’indices.

Lorsque vous tentez de vous souvenir de la liste en faisant attention
au sens qui se cache derrière les noms, vous pouvez par exemple
prendre en compte le fait qu’Albert Lebrun a été élu suite à
l’assassinat de Paul Doumer.

La qualité d’organisation des données à retenir est très liée à leur
signification. Par conséquent, plus l’information est sensée, plus
vous avez de chances de vous en souvenir.

L’intérêt porté à la matière que vous souhaitez mémoriser aide
beaucoup car il va de pair avec la signification accordée aux
informations en question.

Par exemple, de nombreuses personnes admettent être très peu
intéressées par les mathématiques, mais elles sont bien obligées de
les apprendre. Vous dites peut-être : « Je suis nul en maths. » Votre
manque d’intérêt ou votre phobie des maths crée une prédiction qui
se réalise : vous ne retenez pas ce que vous apprenez en maths.

Ma femme a décrit à quel point elle avait du mal en maths à l’école
primaire, à la faculté et en troisième cycle universitaire. Elle disait
ne pas avoir « l’esprit mathématique ». J’avais une vision différente.
Je savais qu’en s’appliquant, elle serait capable de maîtriser cette
matière.

Avant de passer son examen général de maîtrise, elle avait peur
d’avoir oublié ses connaissances en maths pour le module de
statistiques. (C’est incroyable, mais les statistiques étaient au
programme du diplôme de lettres !)

Je lui ai fait quelques séances d’hypnose pour l’aider à surmonter sa


peur et faire naître chez elle un peu d’intérêt pour la matière. J’ai
formulé des suggestions posthypnotiques : les mathématiques lui
apparaîtraient aussi faciles que de faire ses lacets. Cette année-là,
elle fut la seule à décrocher son examen général avec la mention
« Très Bien ».

Avant de passer l’examen de psychologie me permettant d’exercer,
je savais que je devais maîtriser parfaitement les statistiques. Bien
que je sois parvenu à suivre avec une relative facilité les cours de
statistiques à l’université, cette matière ne m’intéressait pas
beaucoup et je craignais de ne pas me souvenir de ce que j’avais
appris. Néanmoins, je savais que pour décrocher mon autorisation
d’exercice, il me fallait réussir un examen auquel 64 % des
candidats échouaient.

Je savais que mon seul espoir était de m’intéresser aux statistiques.
Plus j’étudiais cette matière, plus je l’appréciais. J’ai commencé à
réfléchir au sens général des équations mathématiques. En fait, je
me suis surpris à aimer les statistiques au bout d’un moment. Cette
matière est devenue comme une langue que je commençais à
comprendre.

Je dois vous avouer quelque chose qui illustre un autre principe de
la mémoire. Je reconnais les formules statistiques, mais je ne me
souviens plus de ce qu’elles signifient. Par contre, si je prends le
temps de réapprendre les statistiques, le processus sera
probablement plus rapide que lorsque j’étais étudiant et mes
souvenirs seront plus durables. Le mot-clé est si. Je préfère plutôt
écrire des choses sur la mémoire.

Si vous essayez de vous souvenir de quelque chose, vous pouvez


toujours penser au contexte qui l’entoure.

Par exemple, imaginons que vous essayiez de vous souvenir du
président des États-Unis ayant succédé à Abraham Lincoln. Si vous
réfléchissez aux notions avoisinantes, vous allez peut-être tomber
sur la Reconstruction puis revenir à Lincoln, remonter à la guerre de
Sécession, puis penser à la capitulation à Appomattox. Vous
commencez à vous demander quels étaient les deux généraux
présents. Bien sûr, Robert E. Lee pour les sudistes et Ulysses S.
Grant pour les nordistes. Mais ! Ce n’est pas Grant qui a été ensuite
élu président ?

Cette chaîne d’associations s’apparente à une série de liens sur
lesquels vous cliquez lorsque vous naviguez sur Internet. Vous lisez
des informations sur la guerre de Sécession et cliquez sur le lien
hypertexte Appomattox. Puis sur cette page, vous cliquez sur les
mots généraux. Ces liens sont des associations. Chacun porte sur un
sujet, mais ils sont tous liés à un sujet similaire et vous offrent une
connaissance plus large.

Prendre des notes et se souvenir du contenu d’un cours


Il y a plus de vingt-cinq ans, j’ai donné une série de cours sur la
prise de notes à l’université de Northern Arizona. À cette époque,
j’étais chargé de travaux dirigés et professeur adjoint, un boulot au
rabais, pour faire court. En fait, mon savoir se limitait à ce que
j’avais appris tout seul.

J’ai donc donné un cours à mes étudiants sur le Moyen-Orient,
région dans laquelle j’avais passé les six précédents mois. Je leur ai
demandé de prêter attention aux inflexions de ma voix et aux temps
d’arrêt, au cours desquels je parcourais la salle du regard. Je leur
avais fait remarquer que ces temps d’arrêt signifiaient que le
professeur voulait éclaircir un point. S’il regarde vos feuilles, il
s’attend à ce que vous preniez en note ce qu’il vient de dire.
Malheureusement, mon cours portait trop sur l’observation du
professeur et pas assez sur l’écoute du contenu du cours.

Souvent, vous connaissez un peu le sujet du cours. Par exemple,
mes étudiants savaient certaines choses sur le Moyen-Orient, mais
pas beaucoup. Votre tâche est de relier, à l’aide d’associations, les
informations nouvelles aux données que vous connaissez, en
modifiant parfois ces dernières.

Certaines personnes prennent des notes en cours mais ne les


relisent jamais par la suite. Ne faites pas comme elles ! Vous
parviendrez probablement à vous souvenir de certains points
principaux, mais pensez à toutes les informations que vous aurez
perdues en ne relisant pas vos notes. Elles vous offrent un condensé
du cours de votre point de vue, ce qui peut vous aider à apprendre
son contenu de façon sensée afin d’être certain de bien le retenir.

Essayez de relire vos notes juste après le cours, pendant que


c’est encore frais dans votre esprit. Cela vous aidera à mieux coder
les informations en mémoire.

En parcourant vos notes, vous pouvez surligner, barrer ou ajouter
des choses. Vous aurez une meilleure image du sujet et de tous les
éléments d’information intégrés dans votre base de connaissances.

Surligner est un excellent moyen de faire ressortir les éléments


importants. Certains soulignent, d’autres utilisent un surligneur.
Quelle que soit la méthode, vous optimisez la prochaine lecture de
vos notes, car les points mis en évidence constituent l’essentiel de ce
que vous devez retenir. Vous pouvez ainsi mieux relier les différents
points du cours aux connaissances déjà acquises sur le sujet.

Si possible, faites des schémas et ajoutez des éléments visuels.


Les images peuvent vous aider à ancrer les notions dans votre
mémoire. Elles servent également à résumer ou relier des sujets. Par
exemple, si vous écrivez les mots « court terme », « long terme »,
« rappel », « reconnaissance », etc., et dessinez des flèches vers le
terme « mémoire », vous saurez qu’ils sont liés à la mémoire ou en
font partie.

Lorsque vous parcourez vos notes, recherchez également les
éléments que vous avez oubliés. Demandez à un collègue s’il a dans
ses notes « ce que le prof a dit sur… ». Cela vous permet de réparer
les oublis (ce qui arrive toujours car les professeurs ou conférenciers
vont toujours trop vite par rapport au rythme que la plupart des gens
peuvent suivre).

Encore mieux pour réparer les oublis, allez voir le professeur


après le cours et demandez-lui de vous fournir les points manquants.
Il vous expliquera probablement tout en détail et vous donnera peut-
être des informations supplémentaires que vous pourrez stocker
dans votre mémoire à long terme.

Si vous ne pouvez pas lui parler juste après le cours, sollicitez-le
avant le début du cours suivant afin d’éclaircir les zones d’ombre
demeurant dans votre esprit. Vous formulerez peut-être mieux votre
question car vous aurez relu vos notes auparavant. Non seulement il
répondra à vos questions, mais il commencera peut-être le cours
suivant en faisant un rappel des notions précédemment traitées. En
outre, il pensera probablement que d’autres étudiants ont aussi
besoin d’éclaircissements.

N’ayez pas peur de solliciter le professeur. Il ne vous prendra pas
pour un idiot ou n’estimera pas que vous n’avez pas votre place
dans son cours. Ce sera pour lui la preuve que vous êtes motivé,
intéressé et attentif.

En tant que professeur, j’aime bien quand les étudiants viennent


vers moi. Cela me permet de mieux savoir où ils en sont et de
déceler mes insuffisances dans la façon dont je présente les
informations. Sans ce retour, je pourrais penser que tout le monde
suit alors que ce n’est pas le cas. Rendez-vous service, ainsi qu’au
professeur : posez des questions.

L’une des conditions préalables les plus importantes à la mise en
mémoire est l’attention. Si vous affichez simplement une présence
physique en cours, sans être attentif, vous ne retiendrez
probablement rien de ce qui se dit. Rameutez votre esprit, même si
le cours est d’un ennui mortel.

Passez outre les lacunes du professeur et le contexte. Considérez


le contenu du cours comme une destination à atteindre absolument
pour vous mettre à l’abri d’une tempête de sable. Essayez de
prendre de l’avance, l’œil et l’esprit en alerte. Vous voyez où le
professeur veut en venir, même s’il fait preuve d’une certaine
mollesse. Absorbez les informations même si la présentation laisse à
désirer.

Se souvenir de ses lectures


Comme la plupart des gens, vous vous êtes sans doute déjà rendu
compte, après avoir lu une page entière, que vous n’étiez pas à ce
que vous faisiez. Votre esprit vagabondait, vous pensiez au
programme de votre week-end ou à ce que vous auriez dû dire à ce
vendeur particulièrement malpoli.

La mémorisation des lectures est un souci majeur pour les
professionnels de l’enseignement. Être capable de lire une phrase,
de bien prononcer tous les mots et avoir un vocabulaire
suffisamment riche pour ne pas être obligé de consulter un
dictionnaire est une chose, mais pouvoir vous souvenir de ce que
vous lisez est une autre histoire. Si vous ne parvenez pas à vous
souvenir de ce que vous lisez, pourquoi vous donner la peine de
lire ?

Pour être certain de retenir ce que vous lisez, essayez d’utiliser un
ou plusieurs des systèmes développés par les spécialistes de
l’éducation. Avec les psychologues, ils étudient depuis plus de
cinquante ans le mécanisme de mémorisation des lectures.

SQ3R. (Nombre de ces systèmes portent des noms qui les rendent
plus complexes qu’ils ne le sont en réalité.) Voici comment
fonctionne le qu’ils ne le sont en réalité.) Voici comment fonctionne
le système SQ3R :

S = Survey (étudier) le livre.


Q = Question. Poser des questions tirées de l’étude.
R = Read (lire) le livre.
R = Recite (exposer) le contenu.
R = Revise (réviser).

Pour commencer, prêtez attention à ce que vous faites lorsque vous


ouvrez un manuel scolaire ou un livre (autre qu’un roman) dont
vous espérez pouvoir vous rappeler une fois sa lecture achevée. Si
vous le lisez à toute vitesse sans l’étudier au préalable, vous vous
demanderez peut-être de quoi il retourne ou vous ne comprendrez
pas comment le contenu est organisé.

Étudier le livre
La première étape de la mémorisation d’une lecture est l’étude du
contenu. Feuilletez l’ouvrage de la première à la dernière page.
Lisez la jaquette (le cas échéant), la préface et même les
remerciements pour avoir une idée de ce que l’auteur a enduré
pendant la phase d’écriture, des personnes qui l’ont influencé et de
celles qui ont apporté une contribution non négligeable.

Parcourez la table des matières pour découvrir comment le livre est
organisé et les informations présentées au sein des différents
chapitres. Lisez le résumé des chapitres et jetez un œil aux
graphiques, images et schémas. Vous en saurez ainsi beaucoup sur
le sujet avant même d’avoir commencé la lecture et vous aurez un
bon aperçu du livre.

Développer des questions


Inventez des questions à partir de ce que vous avez vu en feuilletant
le livre. Ces questions peuvent révéler d’éventuelles attentes de la
lecture. Ensuite, pendant cette lecture (et, n’oubliez pas, vous n’avez
même pas encore commencé à lire), vous trouverez peut-être des
réponses à certaines de ces questions, preuve que vous commencez
à maîtriser le sujet.

Lire le livre
La troisième étape du système SQ3R est la lecture intégrale. Ne
faites aucune impasse. J’aime bien souligner des passages. C’est
pourquoi j’emprunte rarement les livres des autres. Lorsque cela
m’arrive et que je trouve mon bonheur, je le rends et je me l’achète,
afin de pouvoir souligner comme je veux.

Je souligne les points principaux et laisse de côté les expressions
redondantes ou celles sans intérêt, de façon à ce que les sections
soulignées me sautent aux yeux lorsque je rouvre le livre plus tard.

N’abusez pas du soulignement. Tout le contenu n’est pas parole


d’évangile ou un point central du sujet. Lorsque vous rouvrirez le
livre plus tard, vous ne tenez certainement pas à tomber sur des
pages entièrement soulignées qui vous feront vous demander de
quelle frénésie a été pris votre crayon.

En dehors du soulignement, faites des traits verticaux dans la


marge de gauche ou de droite pour signaler des sections
importantes. Mettez un trait double lorsque la section est vraiment
essentielle.

Beaucoup sont adeptes du soulignement à la seconde lecture dans le
but d’éviter de mettre l’accent sur des sections accessoires.

Si vous n’avez pas le temps de procéder à deux lectures, soulignez
les passages importants lors de la première. (Simplement, ne laissez
pas votre crayon s’emballer et souligner chaque mot au fur et à
mesure que vous le lisez !) C’est également ma méthode car je suis
très occupé et je n’ai donc pas le temps de lire deux fois chaque
livre. Je parcours ensuite ce que j’ai souligné.

Exposer le contenu
Une fois la lecture du livre terminée, vous pouvez ensuite passer à
l’étape suivante du système SQ3R : l’exposé. Exposer le contenu
peut vous aider à l’intégrer, à mieux le comprendre et à en faire la
synthèse. Si vous parvenez à expliquer à quelqu’un le contenu d’un
livre, c’est que vous maîtrisez le sujet.

Mon amour de l’enseignement vient notamment du fait que je suis
obligé de bien connaître la matière. Je dis toujours qu’enseigner
c’est apprendre.

Passez un maximum de temps sur les points qui vous posent
problème. Ainsi, vous établirez le lien avec les informations que
vous comprenez et vous les ancrerez profondément dans votre
mémoire.

Réviser les points principaux et les notes prises


Votre mission n’est pas encore tout à fait accomplie. Il vous reste la
révision. C’est une occasion supplémentaire de revoir tout le
contenu. Servez-vous des passages soulignés et relisez vos notes. En
fait, il est toujours judicieux d’incorporer l’étape de la révision dans
votre processus de lecture. À chaque fois que vous avez fini de lire
une section, parcourez de nouveau les points importants qu’elle
comprend.

La majorité des oublis se produisant peu de temps après la fin de la
lecture, la révision vous permet vraiment de fixer ces souvenirs de
manière compréhensible.
Se souvenir de l’orthographe
L’orthographe est un piège pour bon nombre de personnes.

Les mnémoniques (astuces permettant de vous aider à vous
souvenir, voir chapitre 5) centrées sur l’orthographe sont très utiles.
En voici des exemples :

mourir ne prend qu’un r car on ne meurt qu’une fois ;


nourrir prend deux r car on se nourrit plusieurs fois ;
courir ne prend qu’un r car on manque d’air en courant ;
un balai ne prend qu’un l car il a un seul manche ;
enveloppe ne prend qu’un l car on met une seule lettre dans
une enveloppe ;
le chapeau de cime est tombé dans l’abîme.
Chapitre 9

Une mémoire performante pour sa


vie professionnelle

Dans ce chapitre :
Se souvenir de casser la baraque à l’entretien
Traiter avec les collègues et les clients
Libérer sa mémoire dans les périodes de stress
Conserver ses capacités mémorielles face aux nouvelles
technologies
Prendre du plaisir à relever un défi afin de faire vivre vos
capacités mémorielles

Jusqu’au jour de la retraite, la plupart des adultes passent la majeure


partie de leur temps au travail, lieu où votre mémoire est très
sollicitée. Si vous avez un problème de mémoire, vous pouvez être
certain qu’il s’y manifestera.

C’est votre faculté de mémorisation qui peut faire la différence entre
être embauché et être viré. Votre mémoire est aussi particulièrement
mise à l’épreuve en cas de stress. Quatre facteurs essentiels influent
sur vos capacités mémorielles lors d’une journée de travail :

l’attitude ;
la faculté de faire face aux obstacles ;
les efforts fournis ;
la concentration.
Dans ce chapitre, je vous donne des conseils pour améliorer votre
mémoire et gérer ces quatre facteurs dans votre univers
professionnel. Vous allez découvrir comment conserver une
mémoire performante lorsque vous recherchez un poste, ne pas
perdre vos moyens mémoriels en cas de stress et améliorer votre
mémoire pour accroître la qualité de votre vie professionnelle.

L’entretien d’embauche
Vous êtes un peu nerveux à l’approche de l’entretien. Vous voulez
vraiment ce poste, mais vous avez peur de vous retrouver l’esprit
complètement vide une fois assis devant les personnes chargées du
recrutement. Vous voulez pouvoir décrire en détail toutes vos
compétences et dire comme votre profil colle parfaitement à
l’entreprise visée.

Vous décidez qu’il va vous falloir paraître compétent et expérimenté
afin que les recruteurs sachent que vous êtes le candidat idéal. Vous
tenez également à faire à l’avance le tour des qualités requises pour
le poste avant qu’ils ne vous interrogent sur votre savoir-faire.

Si vous avez confiance en la qualité de votre exposé, vous pouvez
vous concentrer sur le fonctionnement et les caractéristiques de
l’entreprise que vous allez découvrir pendant l’entretien. Plus
important encore, si votre mémoire est solide, vous pouvez très bien
être chaleureux et charmant et montrer que vous savez travailler en
équipe. Vous tenez à ce que les recruteurs vous considèrent comme
quelqu’un de bien et non comme un automate. Mais le seul moyen
pour vous de donner cette image est de ne pas avoir à vous
concentrer trop fort pour vous souvenir de ce que vous voulez dire.

Il vous faut des « déclencheurs de mémoire » afin de renforcer la


confiance en soi. Il peut s’agir d’une mnémonique telle qu’un
crochet. Les crochets sont des signaux qui vous aident à vous
souvenir (voir chapitre 5). Il peut s’agir d’utiliser la première lettre
des points essentiels dont vous voulez vous souvenir lors de
l’entretien.

Par exemple, si l’entreprise fabrique des semi-conducteurs de
qualité et moins cher que la concurrence, vous vous en souviendrez
facilement et sans aide. Par contre, si elle a investi des millions
d’euros dans un programme de recherche et développement à la
pointe de la technologie dans son secteur d’activité, vous aurez plus
d’éléments à mémoriser.

Dans cet exemple, formez un mot en utilisant la première lettre des
points à aborder lors de l’entretien : Conducteurs d’Avant-garde
Peu Onéreux (CAPO). Il ne vous reste plus qu’à aller à l’entretien
en ayant à l’esprit que l’entreprise est synonyme de CAPO.

L’essentiel lors d’un entretien est d’établir le rapport avec les
personnes qui vous reçoivent, tâche particulièrement ardue, surtout
si c’est la première fois que vous les rencontrez. En outre, dans la
mesure où l’on évalue vos qualités pour occuper le poste, se
concentrer sur les recruteurs tout en essayant de mettre en lumière
ses compétences peut être difficile.

Pour présenter vos compétences tout en vous concentrant sur votre


interlocuteur, l’astuce est d’écouter attentivement chaque question.
Prêtez attention à la perspective de la question. L’accent mis ou
l’angle choisi par le recruteur révèle ses attentes vis-à-vis de votre
réponse. Lorsque vous répondez, regardez-le dans les yeux et
essayez d’adopter le même angle.

Par exemple, vous postulez à un emploi dans un service clientèle et
l’un des recruteurs vous demande si vous êtes capable de résoudre
un problème tout en faisant preuve d’égard envers le client. Vous
pouvez alors accéder à vos souvenirs de situations similaires vécues
personnellement.

Tant que les autres personnes participant à l’entretien n’ont pas
dévoilé leur jeu, vous ignorez leurs croyances et opinions. Le mieux
pour vous est de communiquer sans dévoiler aucun penchant. Dans
ce cas, veillez à vous remémorer comment trouver l’équilibre entre
les besoins du client et les contraintes de l’entreprise.

Vous tiendrez également à montrer que vous êtes quelqu’un de bien.
Pour ce faire, maintenez le rapport avec chaque recruteur, même
après avoir répondu à leurs questions respectives. Dans cette
optique, le meilleur moyen est de retenir le nom de chacun et de
l’utiliser pendant et après l’entretien. Cette marque de courtoisie
leur montrera que vous êtes une personne attentionnée qui prête
attention à l’essentiel.

Le danger, lorsque vous avez décidé de prononcer le nom des


personnes, est d’en abuser au risque que cela sonne faux.

Vous pouvez faire référence à une question posée précédemment en


citant le nom de son auteur. Par exemple, vous pouvez dire :
« Lorsque j’ai répondu à la question de Mme Terrier sur la vente à
livraison différée, j’ai oublié de dire que… »

Et si vous avez des difficultés à vous souvenir du nom des
personnes dans des situations stressantes telles qu’un entretien ?
Vous pouvez utiliser des techniques permettant de retenir les noms :

Répétez le nom de la personne plusieurs fois juste après


les présentations. C’est un moyen subtil qui vous permet de
garder le nom à l’esprit. Lorsque vous rencontrez la personne,
en lui serrant la main, dites quelque chose du genre : « Madame
Marx… ravi de vous rencontrer, Madame Marx. »
Associez le nom à un trait singulier du visage de la
personne. Prenez une caractéristique frappante (pour savoir
comment utiliser cette astuce, reportez-vous au chapitre 11). Par
exemple, Mme Terrier a peut-être un nez en trompette. Tout en
essayant de ne pas regarder fixement son nez, vous pouvez
coder son nom en mémoire : « Terrier et son nez en trompette ».
Associez le nom à la question posée. Cette bonne vieille
Mme Marx vous pose peut-être des questions plutôt vaches.
Vous pensez qu’elle essaie de vous tailler en pièces et la
considérez donc un peu comme Marx la menace. Vous aimeriez
qu’une autre personne vous pose des questions.

Se souvenir comment passer avec succès une période


d’essai
La période d’essai peut s’avérer le moment le plus difficile d’une
carrière. Vous devez non seulement découvrir comment remplir vos
fonctions avec précision, mais également retenir toutes les
procédures qu’englobe votre nouveau travail. En outre, vous devez
mémoriser les noms et visages d’un tas de nouvelles personnes :
collègues, supérieurs hiérarchiques et tout l’organigramme de
l’entreprise. Vous avez beaucoup d’éléments à retenir pendant cette
période d’essai de six mois.

Vous êtes bien conscient que les personnes qui décideront
éventuellement de vous garder évaluent vos performances. S’il
apparaît que vous ne faites pas l’affaire, vous risquez de prendre la
porte.

La personne qui vous évalue est votre superviseur. Cependant,


vous n’aurez peut-être pas autant de contact avec lui qu’avec vos
collègues. Ces derniers vous jaugent et se forgent une opinion sur
vous pendant les premiers mois en essayant de voir s’ils vous
apprécient et si vous êtes compétent. Vous chercherez certainement
à les connaître et à tisser des liens avec eux, mais soyez prudent.
Comme souvent dans la plupart des environnements professionnels,
vous serez rapidement confronté aux diverses intrigues ayant cours
dans votre bureau, ce dernier pouvant être le théâtre de dissensions
entre plusieurs clans, dont certains peuvent être des opposants à
votre superviseur. En vous adaptant à ce nouvel environnement
social, vous pouvez courir le risque de trop sympathiser avec un
clan qui tape sur les nerfs de votre superviseur. N’oubliez pas que
vous êtes toujours à l’essai. Vous ne pouvez pas vous permettre de
vous mettre le patron à dos.

Supposons que vous désiriez retenir de ne jamais fraterniser avec un
clan. Anne, Lucien, Erwan, Tina et Henri forment un de ces clans.
Classez ces prénoms, en prenant la première lettre de chacun, de
façon à former le mot HALTE : Henri, Anne, Lucien, Tina et
Erwan. Lorsque vous penserez au mot HALTE, vous aurez
conscience du danger que représente ce clan.

Vous souvenir de toutes ces personnes peut s’avérer très difficile


car souvent, rencontrer de nouvelles têtes et apprendre de nouvelles
procédures est déstabilisant. Pour être capable de mettre un nom sur
un visage et vice versa, essayez régulièrement de décrire les forces
vives de votre entreprise à votre conjoint ou à un ami lorsque vous
rentrez le soir. Dans votre récit, veillez à mentionner les attentes de
votre superviseur. Cette stratégie peut vous aider à retenir ce que
vous devez faire pour satisfaire ses exigences tout en évoluant parmi
les intrigues du bureau.

Pendant que vous êtes en pleine découverte de vos collègues,


n’oubliez pas que votre avenir au sein de l’entreprise dépend de
l’opinion que le superviseur a de vous. Faites régulièrement le point
avec lui pour analyser votre progression et avoir une idée de son
jugement sur le travail que vous fournissez.

Retenir les mots de passe et autres procédures


Sur votre lieu de travail, vous devez peut-être emprunter un
véritable dédale pour parvenir à votre bureau, avec toutes sortes de
mots de passe et procédures. Nombreuses sont les entreprises à
avoir renforcé leur système de sécurité. Ainsi, rien qu’à la porte
d’entrée, vous devez non seulement présenter votre badge mais
également taper un mot de passe. Une fois assis devant votre
ordinateur, vous devez encore suivre diverses procédures et saisir un
autre mot de passe avant de pouvoir l’utiliser.

En ce qui me concerne, je commence ma journée en saisissant un
mot de passe pour allumer mon ordinateur. Je dois ensuite en saisir
un autre pour accéder à ma messagerie électronique, encore un autre
pour mon planning, puis un autre pour le système d’enregistrement.
Ensuite, je consulte mon répondeur et, là encore, je dois fournir un
mot de passe.

Cette chaîne de procédures ne serait pas si désagréable s’il vous
suffisait d’apprendre les mots de passe une seule fois pour les mettre
en mémoire. Mais il y a de fortes chances que vos systèmes
ressemblent aux miens et nécessitent régulièrement des
changements de mots de passe et de procédures. On vous dit qu’il
faut modifier vos mots de passe pour garantir votre sécurité et être
certain d’être le seul à pouvoir accéder à votre poste de travail. Mais
la frustration vous gagne et vous avez l’impression que cet accès est
même rendu difficile au principal intéressé, à savoir vous.

Il vous faut une méthode de base pour que vous puissiez vous
souvenir facilement de tous les mots de passe et procédures. Comme
c’est vous qui choisissez vos mots de passe, vous pouvez veiller à ce
qu’ils s’intègrent bien à cette méthode.

Choisissez des mots de passe personnels et recyclez-les.


Si, par exemple, vous avez des animaux de compagnie, ils ont sans
doute chacun un nom. Utilisez-les en procédant à des rotations et
veillez à les doter d’un ou deux chiffres pour les rendre plus
difficiles à trouver. À chaque fois que l’administrateur réseau décide
de vous torturer avec le message indiquant que votre mot de passe a
« expiré », ne vous laissez pas distraire par le rêve de lui faire passer
l’arme à gauche. Faites tourner vos mots de passe en insérant un
autre nom d’animal affublé d’un chiffre. Conservez les noms dans
l’ordre alphabétique pour mieux les mémoriser.

Si vous n’avez pas d’animaux, utilisez les paroles d’une chanson : la
réponse est dans le vent.

Se souvenir du fonctionnement des nouvelles


technologies
Vous faites peut-être partie des millions de personnes qui jugent
intimidante la nouvelle technologie ayant fait irruption dans le
monde du travail. Dans ce cas, vous souffrez peut-être d’un stress
technologique.

L’informatique, la messagerie vocale, les bips, les téléphones
cellulaires, la visioconférence et les agendas électroniques peuvent
tous apparaître comme des agressions. Vous pourriez avoir
l’impression de ne plus vous souvenir comment les éteindre. Vos
capacités mémorielles concernant d’autres aspects de votre métier
vous semblent peut-être diminuer à cause de l’instauration de
nouveaux systèmes.

Comment je me suis attaqué à la


technologie à coups de
mnémoniques
Il y a presque quinze ans, quand j’ai commencé à travailler
au sein du Kaiser Permanente System, les gadgets high-
tech étaient en train de débarquer en masse dans le système
de santé. Les ordinateurs étaient utilisés pour établir la
planification, les informations médicales et les messageries
électroniques. Les bipeurs et messageries vocales servaient
par exemple aux praticiens d’astreinte à domicile. Il fallait
un mot de passe pour à peu près tout. Non seulement, il a
fallu que je me forme au tout nouveau système de santé,
mais également à l’utilisation de tous les gadgets high-
tech.

J’ai décidé de bâtir mes mots de passe et de me forger une
attitude afin de vaincre cette intimidation. J’ai décidé
d’utiliser le mot simple comme mot de passe et le mantra
pour m’adapter à tous ces nouveaux gadgets. Très vite, j’ai
trouvé cela non seulement simple mais également
extrêmement utile.

L’invasion de la haute technologie n’est pas un épiphénomène.


Votre réticence à son égard n’engendrera que du stress et la
détérioration de vos capacités mémorielles.

Mettez l’énergie que vous gaspilliez à haïr la haute technologie


dans l’apprentissage du fonctionnement des nouveaux systèmes.
Non seulement vous retiendrez mieux leur mode d’utilisation, mais
votre mémoire à propos des autres aspects de votre mission
s’améliorera car votre esprit ne sera plus si épuisé. Ainsi, vous
disposerez d’une réserve d’énergie plus grande pour vous
concentrer.

Devenez un utilisateur chevronné à la pointe de l’utilisation de ces
outils. Tirez parti de toutes les occasions qui se présentent:

Prendre, au sein de l’entreprise ou en dehors, des cours


d’informatique, d’utilisation des messageries, etc.
Entrer dans un comité d’encadrement chargé de superviser et
d’orienter le déploiement des nouvelles technologies dans votre
entreprise.
Solliciter fréquemment l’équipe d’assistance technique.
(N’ayez pas peur de demander des didacticiels et de consulter
les spécialistes. Ils se feront une joie de vous aider à
comprendre les choses.)
Apprendre de vos collègues.

Satisfaire les clients


Quelle que soit votre profession, votre entreprise a probablement
adhéré à la nouvelle tendance qui consiste à se soucier du bien-être
de la clientèle. Même là où je travaille, les centres médicaux Kaiser
Permanente (le plus grand organisme d’assurance-maladie des
États-Unis), une réorganisation a eu lieu avec la création de
« départements de services clients ».

Il arrive souvent que les appels passés à une entreprise soient
écoutés pour s’assurer que les normes qualité sont respectées et que
votre interlocuteur vous traite comme un client privilégié.

Ma femme a fait une pause dans sa carrière d’enseignante et
coordinatrice artistique pour tenir une galerie d’art pendant un an.
Elle a fait beaucoup d’efforts pour se souvenir de ses clients, dont
bon nombre sont revenus dans la galerie plusieurs fois. Elle savait
que son salaire dépendait des commissions issues des ventes et
celles-ci augmentaient si elle parvenait à retenir le profil de ses
clients.

Quand vous avez affaire à des clients de toutes sortes, votre


mémoire est soumise à rude épreuve. Mais vous pouvez exploiter au
mieux la relation entretenue avec le client si vous êtes capable de
vous souvenir de lui :

son nom ;
ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas ;
ses habitudes d’achat ;
la ville où il habite ;
sa profession.

Un excellent exercice consiste à regrouper ces traits distinctifs dans


un seul souvenir. Par exemple, avec un habitué dénommé Paul, ma
femme a découvert qu’il aimait le néocubisme. Elle a appris qu’il
était professeur d’espagnol dans une université de la région. Elle a
trouvé que le surnom de Pablo associait son intérêt pour les peintres
cubistes (Picasso) à sa qualité de professeur d’espagnol.

Quand vous repensez à vos clients, faites ressurgir des détails


personnels les concernant. Avec Paul, ma femme disait : « Ce week-
end, j’ai pensé à vous car je suis allée voir une exposition consacrée
à Picasso. »

Bien entendu, je lui ai demandé par la suite pourquoi diable elle
avait pensé à cet homme pendant que nous étions à l’exposition.
Elle m’a assuré que ses pensées n’avaient qu’un but : faire
progresser son chiffre d’affaires !

Voici un autre exemple. Supposons que vous soyez hygiéniste
dentaire. Vous savez qu’il faut entamer une conversation agréable
pendant que vos patients prennent place dans votre fauteuil. Si vous
n’êtes pas aimable, ils ne reviendront peut-être plus se faire frotter et
curer les dents.

Henri, un homme jovial au ventre généreux, s’assied dans votre
fauteuil. Vous découvrez qu’il travaille dans la boulangerie située à
côté de votre cabinet. L’examen de sa denture vous révèle qu’il
mange trop de sucreries. Quand vous lui dites qu’il lui faudrait
diminuer sa consommation de sucre pour épargner ses dents, il vous
répond qu’il adore tout simplement manger les gâteaux roulés qu’il
fait. Vous décidez de vous souvenir de lui comme étant « Henri le
jovial qui mange trop de pâtisseries dans sa boulangerie ». Tout ira
bien tant que vous garderez pour vous cette astuce de mémorisation.
Après tout, Henri est un chic type et vous ne tenez pas à le froisser.
Tenir les délais
Votre patron vous impose une date butoir pour terminer un projet et
vous acquiescez sans oser broncher. Vous savez que le délai sera
très difficile à tenir si vous ne laissez pas en plan toutes vos autres
tâches. Vous vous demandez comment vous allez remplir cette
mission sans vous arracher les cheveux.

Submergé par cette tâche effrayante, vous êtes même incapable de
vous remémorer les étapes les plus élémentaires de démarrage du
projet. Votre souvenir des détails essentiels est parasité par des
éléments accessoires et hors de propos.

Pour exécuter cette tâche, vous allez devoir trouver un moyen de
vous souvenir de ce que vous faites tout en étant noyé dans les
détails. Il faut que vos capacités mémorielles restent opérationnelles.

Pour gérer la pression déstabilisante générée par un délai serré,


commencez par considérer le projet dans son ensemble, puis
divisez-le en sous-tâches. Exécutez chaque sous-tâche l’une à la
suite de l’autre. Entre chaque sous-tâche, prenez du recul pour voir
comment les différents éléments se fondent dans le projet.

Admettons que vous travailliez dans une épicerie et que votre patron
vous demande de proposer un plan de réorganisation de la boutique
pour la réouverture après les vacances. Bien entendu, votre premier
souhait est de faire disparaître cette contrariété née de l’éventualité
de devoir faire l’inventaire des bananes le jour de Noël.

Ensuite, prenez du recul et envisagez l’ensemble du projet. Vous
vous rendez compte que vous n’avez pas le temps de tout détailler
par écrit. Il va donc falloir compter sur votre mémoire et vous
appuyer sur un croquis.

Une fois décidé de séparer les fruits et les légumes, vous
commencez à classer la marchandise par type de fruits : agrumes et
melons, etc. Ensuite, prenez du recul pour voir l’ensemble. Vous
pouvez maintenant passer au comptage des bananes. Cette méthode
va vous permettre d’éviter de mélanger pommes et oranges.

Grâce à cette approche, vous utilisez votre mémoire de manière
optimale à l’exécution de la tâche. Sans cette méthode, vous
risqueriez de retenir des détails hors sujet et de faire fausse route.
Vous pourriez respecter les délais mais le projet serait entaché
d’erreurs.

Se souvenir de ses collègues


Peu de métiers se démarquent par une absence totale de contacts
avec les autres. Les produits ou services à la clientèle sont le fruit de
vos efforts de collaboration avec autrui.

J’entends trop souvent certains dire : « Je suis bon dans mon


domaine. S’il n’en tenait qu’à moi, je pourrais même faire du
meilleur boulot. » Ce type d’attitude égocentrique leur fait oublier
l’interdépendance qui existe avec leurs collègues. Si vous estimez
que vous êtes « simplement là pour faire votre boulot, sans être
dérangé par les autres », vous allez développer un stress
professionnel qui engendrera au final des problèmes de mémoire.
J’aide les gens à découvrir leur interdépendance avec les autres et à
développer au maximum leur sens collectif.

Supposons que vous soyez employé dans un grand magasin. Vous
pourriez penser que puisque vous travaillez au rayon literie, les
draps et édredons n’ont absolument rien à voir avec les produits de
beauté et les chaussures. Mais, dans un futur plus ou moins proche,
les employés de ces rayons pourraient avoir une influence directe ou
indirecte sur votre avancement ou votre ancienneté au sein de
l’entreprise. Surtout, le fait d’être capable de les reconnaître rendra
bien plus agréable votre présence dans l’entreprise.

Dans une grande entreprise, pour bien vous souvenir de vos
collègues :

associez leur fonction à une caractéristique personnelle ;


créez une rime entre leur prénom et leur fonction ;
retenez un trait de leur visage qui présente un point commun
avec leur poste ;
associez les paroles d’une chanson à la personne pour vous
souvenir d’elle.

Utilisez une de ces techniques pour retenir les noms et visages des
employés du grand magasin dans lequel vous travaillez. Comme
souvent, votre première impression d’une personne pourrait ne pas
correspondre à sa véritable personnalité. Mais quand vous la
connaîtrez mieux, vous n’aurez plus besoin de ces trucs pour vous
souvenir d’elle. En fait, vous vous apercevrez peut-être que votre
première impression est complètement à l’opposé de la réalité.

Béatrice travaille au rayon chaussures et vous remarquez qu’elle
porte toujours des bottes. Vous apprenez qu’elle est candidate au
poste de chef de rayon, dans votre rayon.

Une phrase vous permet de vous souvenir d’elle : je ne me laisserai
pas faire par la Béatrice droite dans ses bottes. Elle décroche le
poste et s’avère être un chef très proche de ses employés.

Fred travaille au rayon porcelaine et vous remarquez qu’il est
particulièrement imposant physiquement. Pour vous, c’est un
éléphant dans un magasin de porcelaine. Après avoir appris à le
connaître, vous découvrez qu’il est absolument charmant.

Patricia travaille au rayon cosmétique et vous remarquez qu’elle est
toujours très maquillée. Vous la surnommez donc Patricia le pot de
peinture. Vous la découvrez petit à petit et vous vous apercevez que
c’est une jeune femme vraiment gentille mais très timide.

Vos capacités mémorielles peuvent vous servir à améliorer vos


relations avec les autres et diminuer votre stress. Pour faciliter la
collaboration avec vos collègues, vous allez devoir retenir certaines
choses les concernant. Même les personnes avec lesquelles vous
n’avez pas grand-chose en commun présentent une caractéristique
ou ont un centre d’intérêt que vous pouvez utiliser, même s’il s’agit
simplement du temps ou de l’équipe de football de la ville. Voyez
au-delà des caractéristiques contraires aux vôtres. Essayez au moins
de vous souvenir de quelques loisirs ou centres d’intérêt.

Considérez le visage d’un collègue comme un indice pour vous


souvenir de ce centre d’intérêt ou loisir.

Dans n’importe quelle équipe, ses membres ont des points forts dans
un domaine mais aussi des points faibles. Si vous êtes chef,
déléguez en en tenant compte. Axez vos souvenirs sur ces talents
pour que votre équipe tire le meilleur parti des efforts fournis
collectivement. Libérez votre esprit des distractions relatives à leurs
lacunes, faciles à trouver. Concentrez-vous plutôt sur les talents et
caractéristiques qui favorisent le travail d’équipe et les souvenirs
des faiblesses des employés ne vous perturberont pas.

Investissez-vous dans le travail d’équipe. Vous vous libérerez de la
pression que vous subissez et permettrez à votre mémoire de
fonctionner à son niveau optimal.

Solliciter sa mémoire au travail


Bon, vous avez décroché le travail dont vous avez toujours rêvé,
mais parfois, vous aimeriez n’avoir jamais postulé. Le stress
professionnel risque de nuire à vos capacités mémorielles.

Lorsque le stress vous embrouille l’esprit, vous pouvez avoir du mal
à vous concentrer sur les tâches à accomplir. Distrait, préoccupé et
submergé par le stress, vos capacités mémorielles s’en trouvent
altérées. Travailler avec les autres est difficile en soi, mais une fois
ceci pris en compte, il vous reste encore à assumer les
responsabilités du poste. Différentes situations peuvent nuire à vos
capacités mémorielles :

être perdu ou intimidé face au stress que génère chez vous la


technologie ;
être débordé par la charge de travail ;
être harcelé par un supérieur ou un collègue.

Chacun de ces facteurs de stress peut porter un coup sérieux à vos


capacités mémorielles. Tant que vous n’en aurez pas fini avec eux,
vos facultés de concentration et de mémorisation s’en trouveront
affectées.

Pour éviter d’être détourné de la sorte, je vous recommande de
suivre ces conseils :

laissez-vous séduire par les nouvelles technologies au lieu


d’éprouver une réticence ;
considérez les nouvelles missions comme des occasions
enrichissantes et non comme des fardeaux ;
lorsque vous êtes surchargé, compartimentez les tâches ;
si vous êtes harcelé, recherchez le soutien de vos collègues,
amis et proches.

Fournissez ces efforts jusqu’à ce qu’ils portent leurs fruits, vous


constaterez une importante diminution du stress professionnel et
retrouverez toutes vos capacités mémorielles.

J’anime depuis sept ans les séances d’un groupe ayant pour thème le
stress professionnel. Sur les centaines de personnes observées,
beaucoup se plaignent de problèmes de mémoire, notamment de ne
plus parfois savoir où ils se trouvent et ce qu’ils y font. Je les aide à
vaincre ce stress professionnel auquel ils pensent en permanence.
Pour vous débarrasser de ce blocage mémoriel causé par le
stress, je vous suggère notamment de bien faire la distinction entre
votre personne et votre travail. En d’autres termes, vous n’êtes pas
votre travail. Votre travail est votre métier, pas votre identité.

Cette étape est importante car si votre seule identité est votre travail
et que celui-ci est extrêmement stressant, vous n’aurez pas un
instant à vous pour faire une pause et récupérer. Il faut avoir une vie
en dehors du travail. C’est votre mémoire et votre santé mentale qui
sont en jeu.

En cas de stress, vous aurez peut-être tendance à ne penser qu’à
votre travail une fois rentré chez vous. Vous devez vous forcer à
faire des activités en dehors. Ne restez pas assis là avec vos pensées
obsédantes sur les problèmes rencontrés au travail.

Suivez ces conseils même si vous n’en avez pas envie :

participez à des activités socioculturelles ;


prenez des cours ;
lisez ;
assistez à des conférences ;
ayez des loisirs.

Vous avez probablement envie de ne faire aucune de ces activités


car vous êtes submergé par le stress, mais ce n’est pas une raison.
De toute façon, il le faudra bien si vous voulez retrouver joie de
vivre et mémoire.

Si vous faites l’une de ces activités, non seulement vous ferez bien
la distinction entre vous et votre travail, mais vous vous ouvrirez au
monde qui vous entoure afin de mieux vous souvenir.
Prenez soin de vous pour veiller sur votre mémoire. Utilisez les
conseils suivants :

faites de l’exercice régulièrement ;


dormez suffisamment ;
prenez trois repas équilibrés par jour ;
faites des exercices de relaxation.

J’ai découvert que les gens viennent à bout du stress professionnel


non seulement en sachant distinguer leur personne de leur travail et
en prenant soin d’elles, mais également en s’attaquant aux facteurs
de stress. Ce faisant, vous mobilisez votre énergie et donc votre
mémoire. Essayez les méthodes suivantes :

recyclez-vous si vous ressentez un certain épuisement


professionnel ;
si vous êtes en conflit avec vos collègues, sollicitez la
médiation d’un supérieur par exemple ;
pardonnez et faites fi des désaccords sans importance ;
si vous êtes victime de harcèlement, portez plainte.

En prenant ces mesures, vous vous libérez de votre sentiment


d’impuissance. Transformer votre énergie en solutions va vous
regonfler et renforcer votre mémoire.

Faire face à une attaque personnelle


Travailler est parfois assez stressant. Mais si vous êtes stressé à
cause des relations que vous entretenez avec vos collègues, ce stress
peut s’avérer insupportable au point de nuire à vos capacités de
concentration et à votre mémoire.
Si le stress éprouvé est dû au traitement infligé par quelqu’un, la
confiance que vous aviez en votre employeur a dû sérieusement
chuter. Si vous êtes comme bon nombre de gens, vous n’avez peut-
être plus confiance non plus en vos collègues. J’aide des personnes à
de nouveau croire en des personnes dignes de confiance.

J’en ai vu ayant oublié qu’ils avaient des alliés et des amis sur leur
lieu de travail. Si vous êtes accablé par le harcèlement d’un
supérieur, il est possible que votre peur devienne générale. Au lieu
de vous focaliser sur ce « bourreau » de supérieur, vous pourriez
bien penser que tout l’encadrement vous en veut et même aller
inconsciemment plus loin et craindre que vos collègues soient de
mèche avec eux. Désormais, vous êtes à même de les craindre
TOUS. ILS font bloc. Votre supérieur, l’encadrement et vos
collègues ont tous fomenté un complot. Le souvenir de vos amis et
alliés est voilé par l’anxiété globale que vous éprouvez vis-à-vis
d’EUX.

Votre travail doit dissoudre l’idée que vous avez d’EUX. Vous
devez mettre fin à ces pensées tranchées et commencer à ranimer les
souvenirs de vos amitiés.

Ne tombez pas dans le piège qui consiste à balayer tous ces
souvenirs en disant : « Ces amitiés sentaient le mensonge à plein nez
car personne ne prend ma défense. »

Quand vous vous concentrez sur votre travail, vous êtes facilement
distrait par votre perception de la communication entre les autres
personnes. Vous oubliez toutes les relations que vous aviez
auparavant.

Ne vous laissez pas perturber par la colère et la frustration. À
mesure que vous ressuscitez les souvenirs de vos anciennes amitiés,
identifiez une personne que vous appréciiez avant de commencer à
subir ce stress professionnel.

Et maintenant, le défi majeur à relever : même si vous n’avez pas
une confiance aveugle en quiconque au travail, car vous les mettez
tous dans le même sac, rapprochez-vous de la personne identifiée et
commencez à ranimer votre ancienne amitié. Réinstaurez peu à peu
des relations avec les personnes qui n’étaient pas partie prenante
dans le harcèlement dont vous êtes victime.

Au fur et à mesure, le bloc qu’ILS constituent va s’écrouler et il
restera seulement une image très claire des responsables du
harcèlement.

Gérer l’afflux de messages


Imaginez-vous un matin à votre arrivée au bureau avec 20 messages
vocaux, 26 courriels (dont 4 urgents) et 10 messages à l’ancienne
dans votre corbeille Arrivée. Par lequel entamez-vous vos
réponses ? Paniqué par la quantité, vous commencez à suer et votre
respiration s’accélère.

Dans ma carrière, j’ai vu de nombreuses personnes semblant


incapables de fermer les vannes d’arrivée des demandes. Elles
voudraient bien réguler la quantité de messages entrants et sortants
et venir à bout de leur charge de travail, mais elles sont débordées.
Leur mémoire est défaillante et elles se demandent si c’est la raison
pour laquelle elles se sentent si perdues. En fait, si elles
considéraient le flot d’informations et les tâches à accomplir de
façon plus raisonnable, leurs capacités mémorielles ne seraient pas
tant mises à l’épreuve.

Pour réduire au minimum les problèmes de mémoire, répartissez


votre charge de travail en :
donnant des priorités ;
divisant les tâches en sous-tâches ;
modifiant votre rythme de travail.

Définissez la priorité des missions les plus importantes par ordre


décroissant. Les autres tâches, messages vocaux et courriels
passeront au second plan. Tout le monde n’a pas besoin de recevoir
une réponse immédiate.

Lorsque vous vous attaquez à la mission la plus prioritaire, divisez-
la en plusieurs tâches et traitez celles-ci une par une. Si vous les
exécutez toutes en même temps, vous risquez de saturer votre
mémoire à court terme.

J’ai vu des tas de gens dont le travail avait radicalement changé à la


suite de réductions d’effectifs et de fusions. Ils devaient assumer les
fonctions auparavant occupées par deux ou trois personnes. Je les
aide à fixer des objectifs raisonnables et à maintenir leur capacité de
relever les défis.

Si votre poste ne peut être tenu par une seule personne, votre
mission est de faire de votre mieux et non de vous épuiser à la tâche.
Vous devez vous ménager. Ce n’est pas votre faute s’il vous reste
encore des choses à faire un soir au moment de rentrer chez vous.
C’est celle de votre encadrement qui pense qu’une seule personne
peut se charger de toutes les missions de votre poste. Parlez de votre
surcharge de travail à votre supérieur et voyez si vous parvenez à
résoudre ensemble le problème.

En fait, si vous brûlez la chandelle par les deux bouts et essayez de
faire ce qui va au-delà de vos capacités, l’encadrement pourrait se
faire de fausses idées. Vous épuiser à tenter d’abattre le travail de
deux personnes ne fera qu’aboutir à un autre dégraissage des
effectifs : la direction jugera naturel d’imposer des charges de
travail encore plus lourdes puisque les employés sont capables de
les supporter en permanence. Rendez-leur service, ainsi qu’à vous-
même, en faisant de votre mieux mais, dans le même temps,
maintenez un équilibre sain entre vie professionnelle et vie
personnelle.

En faisant ce que vous pouvez et du mieux que vous le pouvez, vous
préservez votre mémoire et la qualité de votre travail demeure
optimale. En faire plus que de raison va vous épuiser, nuire à votre
mémoire à court terme à cause du stress, affecter la qualité de vos
performances et vous faire courir le risque de recevoir des
avertissements pour la qualité insuffisante du travail fourni. Votre
entreprise y perdra car les dirigeants penseront simplement que c’est
l’employé qui est mauvais et non leur plan de réorganisation.

Se remettre d’une agression


Si vous avez été traumatisé au travail par un harcèlement
basé sur des menaces de violence voire sur une agression,
vous souffrez peut-être d’un état de stress post-
traumatique (ESPT) qui vous accable. Votre tâche n’est
pas d’oublier, car il ne s’agit pas d’éliminer des souvenirs
mais de les décentrer.

Le décentrage des souvenirs liés à un ESPT consiste à
travailler sur le sentiment de traumatisme en en parlant
avec des professionnels du soutien psychologique. Le
travail de psychothérapie est centré sur ce que l’on appelle
le recadrage cognitif. Cela signifie que votre système de
croyances doit s’étoffer afin d’admettre la possibilité d’être
victime d’une agression même si l’éventualité ne vous
avait pas effleuré l’esprit.

En essayant à tout prix d’oublier les sentiments éprouvés
ou en les ressassant, vous finissez par placer le
traumatisme ou le harcèlement au centre de votre vie. Il
faut vous ressaisir et reprendre une vie normale.

Si vous réduisez votre vie professionnelle aux seuls
souvenirs du harcèlement ou de l’agression, il vous est
impossible de vivre d’autres expériences et vous empêchez
la formation de nouveaux souvenirs. Vous pouvez être
amené à dire : « Mais comment penser à d’autres aspects
de mon travail en ayant ce harcèlement en permanence à
l’esprit ? »

Si vous décentrez le souvenir de l’agression, vous ne vous
inscrivez pas systématiquement en victime à chaque
événement. Vous n’allez pas interpréter les nouvelles
expériences comme des illustrations supplémentaires de
votre statut de victime. Vous ne vous infligerez pas un
autre traumatisme et serez capable d’aller de l’avant dans
votre vie.

Établir une liste de choses à faire


Je tiens une liste de choses à faire depuis vingt ans. Elle me
permet non seulement de rester organisé, mais m’apporte
également une immense satisfaction à chaque fois que je
raye une tâche fraîchement accomplie.

Cette liste n’est pas l’alternative à de bonnes capacités
mémorielles mais plutôt un complément. Considérez ses
éléments comme les déclencheurs de votre mémoire. Vous
pouvez encore vous souvenir des diverses caractéristiques
de chaque élément de la liste.
Elle doit être facile à utiliser et toujours à portée de main.
Voici des conseils à suivre pour en prendre soin :

évitez le désordre en vous limitant à


quelques mots par élément ;
recopiez régulièrement votre liste lorsque
vous avez rayé plusieurs éléments ;
tenez-vous-en à une seule liste pour
éviter les redondances ;
indiquez l’ordre des priorités en
numérotant les éléments.

Parler sans notes


La plupart des gens essaient d’éviter de parler en public. C’est votre
cas ? Alors, une certaine anxiété risque de surgir si l’on vous charge
de faire une présentation au travail ou devant votre classe. Il en
résultera une chute de vos capacités mémorielles. Une anxiété
importante est synonyme de problèmes de mémoire à court terme et
de difficultés à récupérer les souvenirs stockés dans la mémoire à
long terme (le chapitre 4 vous donne des trucs pour diminuer
l’anxiété).

Pendant votre allocution, vous pouvez vous appuyer sur des


aide-mémoire. Les aide-mémoire visuels ne sont pas une excuse ou
une méthode simple pour tromper le public en lui faisant croire que
vous savez tout de tête. C’est un moyen d’améliorer votre discours.

Si le public doit supporter votre discours pendant des heures, vous
risquez de voir les spectateurs se tortiller sur leur siège. S’ils n’ont
que vous à regarder, il vous faudra être incroyablement divertissant
et armé de plaisanteries et d’anecdotes amusantes. C’est plus de
pression qu’il ne vous en faut.

Et si vous n’avez pas la possibilité de produire de polycopiés ou de
vous appuyer sur des gadgets high-tech ? Il vous faut un plan pour
être certain que vous allez vous souvenir de ce que vous avez à dire.
Pour mieux contrôler votre anxiété, rendez-vous dans la salle où
va avoir lieu la présentation. Vous renforcerez votre confiance en
associant les différentes parties de votre discours au théâtre de votre
intervention. Si cette technique vous semble loufoque, jetez un œil
au chapitre 5.

Commencez à rechercher des supports susceptibles de stimuler le
souvenir des différentes parties de votre intervention, par exemple
une lampe ou la porte.

Notez ces supports et les parties de votre discours qui y sont
associées lorsque vous répétez votre intervention.

Si vous n’avez pas accès à la salle, essayez de retrouver des
conditions très proches. Ne choisissez pas une salle surchauffée s’il
fait froid dans celle où aura lieu l’intervention.

Faites en sorte de trouver une salle similaire et essayez d’utiliser


des éléments (fenêtres, portes, etc.) que vous associerez aux
différentes parties de votre discours.

Ainsi, vous ne serez pas prisonnier d’un seul environnement. Vous
saurez faire preuve de souplesse et vous adapter à d’éventuels
imprévus.

Des éléments visuels pour soutenir


votre mémoire
Vos aides visuelles peuvent comporter les principaux
points de votre allocution, sous forme de schémas, de liste
ou même de mots-clés.

Différentes méthodes s’offrent à vous pour présenter
visuellement ces informations : à l’ancienne, sur un tableau
noir ou un rétroprojecteur. Mais, dans ce cas, vous devez
absolument vous souvenir des détails de la présentation, ce
qui met votre mémoire sous pression. Votre intervention
risque alors d’être désorganisée voire sommaire. En outre,
si vous écrivez l’intégralité de l’intervention, ce sera
illisible.

Un meilleur moyen de disposer de points de référence
visuels pour l’assistance et vous-même est de les préparer à
l’avance sur papier ou à l’écran.

J’aime bien distribuer des polycopiés aux personnes à qui
je m’adresse. Elles peuvent s’en servir comme support
visuel et gardent ainsi une trace de la présentation.

Si je présente les documents distribués à l’aide d’un
rétroprojecteur, l’assistance peut consulter la version
papier ou projetée. Mais, pour moi, le plus important est de
disposer d’aide-mémoire pour ne pas perdre le fil.

Depuis quelques années, des logiciels tels que Microsoft
PowerPoint sont couramment utilisés pour présenter
visuellement les informations. Les documents sont ainsi
projetés sur un écran à l’aide d’un ordinateur et d’un
projecteur. Pour passer à la diapositive ou à l’écran
suivant, il suffit de cliquer avec la souris.

Toutes ces aides visuelles peuvent servir de support à la
mémoire, la vôtre mais également celle de l’assistance.
S’ils se mettent à rêvasser, ils peuvent reprendre le cours
de la présentation en regardant l’écran ou les documents
distribués.
S’intéresser à la moindre tâche
Un vieux dicton bouddhiste zen dit : « Être zen, ce n’est
pas comme couper du bois, c’est couper du bois. » Cela
signifie qu’être zen (chemin vers l’illumination et la clarté
d’esprit) ne consiste pas à effectuer des corvées ou à faire
son devoir pour parvenir à l’illumination. C’est au cours du
processus d’exécution qu’intervient l’illumination.

Vous trouvez que cela vole un peu haut n’est-ce pas ?
Qu’est-ce que cela a à voir avec la mémoire au travail ? Je
veux mettre l’accent sur la clarté d’esprit. Votre mémoire à
court terme est étroitement liée à la qualité de votre
attention.

Vous pouvez être absorbé par la tâche en apparence la plus
répétitive et ennuyeuse qu’il puisse exister. Vous vous
direz peut-être : « Mais, c’est d’un tel ennui ! Tout ce que
je peux faire, c’est regarder ma montre et compter les
heures jusqu’à la fin de ma journée de travail. » Si vous
avez cette attitude, vous allez probablement oublier ce que
vous êtes en train de faire et commettre des erreurs
impliquant votre mémoire qui pourraient bien revenir vous
hanter.

Par exemple, il est possible d’enrichir une tâche
extrêmement barbante en apparence telle qu’un travail à la
chaîne dans une usine de production de chips. Vous êtes
chargé d’observer les chips qui passent devant vous sur un
convoyeur à bande et de retirer celles qui sont brûlées ou
déformées.

Si vous regardez votre montre et non le convoyeur, vous
luttez contre vous-même et votre travail. Vous aimeriez
bien être ailleurs. Votre supérieur remarque que vous avez
laissé passer de « mauvaises » chips. Il s’approche et vous
dit: « Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Vous avez laissé
passer des centaines de chips orange et flétries ! » Vous
répondez alors : « Oh, je suis désolé ! J’avais oublié que
les chips orange et flétries n’étaient pas conformes. »

S’agit-il d’un problème de mémoire ? Faut-il que vous
consultiez un psychologue ? La réponse est non aux deux
questions. Il s’agit d’un problème d’attention.

Voici le fond du problème : jusqu’à la fin de la journée,
vous allez devoir rester devant ce convoyeur, pas moyen
de faire autrement. Autant vous concentrer sur votre
travail. Et pourquoi ne pas vous investir à fond tant que
vous y êtes ? Vous n’avez vraiment rien à perdre, à part
peut-être l’illusion que vous avez un problème de
mémoire.

Transformez en jeu l’observation des chips qui défilent sur
le convoyeur. Essayez de remarquer la grande variété de
formes et de couleurs. Devenez le champion de la
détection des chips les plus belles et les plus comiques. Si
vous donnez un tour ludique à votre travail, le temps
passera à toute vitesse sans que vous ressentiez le besoin
de regarder votre montre. Avec une attention mobilisée en
permanence, les problèmes de mémoire n’auront plus lieu
d’être.

Cette approche entraînera une diminution de l’ennui
ressenti et vous tirerez plus de satisfaction de votre travail.
Avec votre nouvelle clarté d’esprit, le dicton bouddhiste
zen prendra tout son sens : « Être zen, ce n’est pas comme
regarder un convoyeur à bande, c’est regarder un
convoyeur à bande. »

Puisque l’humeur et l’état d’esprit influent considérablement sur les


souvenirs, essayez de les provoquer. Si vous avez l’habitude
d’apprendre le contenu d’une présentation en buvant un café, ce
n’est pas le moment d’arrêter la caféine si vous devez entrer en
scène.

Si possible, portez les mêmes vêtements ou une tenue


ressemblante. Essayez de faire en sorte d’être d’une humeur
comparable à celle qui est la vôtre avant une intervention. Lorsque
vous répétez, essayez de visualiser la salle dans laquelle vous
interviendrez.

Vous pouvez même reproduire la gestuelle exacte. Restez debout ou
asseyez-vous selon l’attitude que vous adopterez le moment venu.
Votre posture est un excellent support. Si vous avez un trou,
reprenez la même posture afin de vous rafraîchir la mémoire.

Si possible, ayez une bouteille d’eau à portée de main. Buvez une
petite gorgée de temps en temps, comme lors de vos séances de
mémorisation.

Plus vous reproduisez les conditions dans lesquelles vous avez
appris votre intervention, plus vous serez à même de bien vous
souvenir du contenu au moment d’effectuer votre prestation.
Chapitre 10

Réussir un examen

Dans ce chapitre :
Se défaire des mauvaises habitudes
Ménager ses forces pour finir en trombe
Utiliser des techniques de mémorisation

L’un des droits de passage dont vous devez vous acquitter est
l’évaluation de vos compétences et connaissances via un examen.
Que vous soyez interrogé à l’école, passiez un examen au travail ou
votre permis de conduire, vos capacités mémorielles sont mises à
l’épreuve.

Quand vous révisez dans l’optique d’un examen, la perte de temps
est bien entendu impensable. Vous recherchez l’optimisation du
temps consacré aux révisions. En d’autres termes, il vous faut une
stratégie vous permettant de vous présenter à l’examen avec une
réserve de mémoire du sujet traité qui soit à son maximum, afin de
vous souvenir correctement des informations par rapport aux
questions posées.

Dans ce chapitre, vous allez apprendre à développer une stratégie
pour un examen et découvrir des techniques utiles pour mieux vous
souvenir d’informations pertinentes.

Troquer les mauvaises habitudes pour les bonnes


Si vous optez pour une mauvaise méthode de révision, vous allez
probablement oublier les informations que vous avez essayé
d’apprendre. Voici de grosses erreurs à éviter :

bachoter la nuit précédant l’examen ou attendre la dernière


minute pour réviser ;
essayer d’apprendre tout en faisant autre chose (regarder la
télévision ou écouter de la musique avec le volume à fond) ;
se concentrer sur des informations hors de propos, passer à
côté des points essentiels et perdre de vue le projet dans sa
globalité ;
ne pas se préparer pour le bon format d’examen.

Si vous commettez n’importe laquelle de ces erreurs, vos chances de


réussir l’examen risquent d’en pâtir (à moins d’une chance
extraordinaire). Dans les sections suivantes, je vous explique
comment vous éviter ces mauvaises habitudes et les remplacer par
des procédures de révision bonnes pour la mémoire.

Pour relever le défi que constitue un examen, il vous faut bien


apprendre les bonnes informations. Vous devez donc abandonner
l’apprentissage par cœur, apprentissage superficiel qui est une
simple répétition des informations et n’enracine pas les informations
dans votre esprit. Vous souhaitez bien implanter vos souvenirs dans
une base de connaissances, avec une mémoire centrale et non
lointaine. Évitez la « distance » qui caractérise le souvenir d’une
information apprise par cœur. Le « par cœur » demande beaucoup
de temps et représente également une perte de temps.

À bas le bachotage !
Il peut vous arriver de tergiverser et d’attendre la dernière minute
pour essayer d’apprendre les notions sur lesquelles vous serez
interrogé. Vous estimez être trop occupé pour pouvoir réviser
jusqu’à la date de l’examen. Pire, vous pouvez croire à tort qu’il est
préférable d’attendre la dernière minute par crainte de tout oublier si
vous révisez trop tôt. Vous croyez qu’en attendant le dernier
moment, tout sera « frais » dans votre esprit et que ce sera donc plus
facile de vous souvenir. Vous ne faites que rationaliser vos accès de
paresse.

En fait, les informations ne seront pas fraîches mais plutôt pas
mûres. Autrement dit, vous serez dans l’impossibilité de vous
souvenir de vos cours car vous n’aurez pas cultivé la terre ou laissé
pousser les grosses branches auxquelles doivent adhérer ces
informations.

Pour vraiment retenir le contenu au programme d’un examen,


adoptez la stratégie suivante :
1. Mettez-vous au travail suffisamment tôt à l’avance, si
possible plusieurs semaines avant l’examen (voire plusieurs
mois s’il s’agit d’un concours ou examen national).
2. Étudiez souvent et étalez vos révisions dans le temps.
3. Organisez votre temps de révision.
4. Obtenez un retour d’information sur votre progression.
Dès que vous connaissez la date de votre examen, débutez vos
révisions. Considérez le démarrage précoce des révisions comme
une occasion de vous forger une base solide.

Commencer tôt vous octroie non seulement suffisamment de


temps pour vous constituer cette base, mais vous permet également
d’organiser le contenu en un corpus de connaissances cohérent dont
vous pourrez vous souvenir.

Le jour où j’ai découvert la


gestion du temps
Si vous êtes titulaire d’une licence universitaire et
souhaitez obtenir un diplôme supérieur, vous n’en avez pas
fini avec les examens, ce n’est même que le début: vous
pouvez passer un master niveau 1, puis un master niveau 2
et enfin un doctorat. Pour entrer à l’École nationale de la
magistrature, par exemple vous devez passer un concours
d’entrée. Si vous vous orientez vers une filière médicale,
comptez neuf à onze ans d’étude, avec un concours
d’accès.

Alors, une fois (enfin) diplômé, vous pensez en avoir
terminé avec les examens. Eh bien non ! Par exemple, une
fois votre diplôme universitaire en poche, vous voulez
devenir avocat. Avant de vous inscrire au barreau, vous
devez d’abord réussir l’examen d’entrée à l’École
régionale de formation professionnelle des avocats, suivre
des cours théoriques et pratiques pendant une année, puis
décrocher un diplôme appelé Certificat d’aptitude à la
profession d’avocat (CAPA). Aux États-Unis par exemple,
pour exercer le métier de psychologue, une fois les
diplômes requis obtenus, il faut passer un examen
d’aptitude à l’exercice, épreuve redoutable de l’avis de
tous les prétendants.

Je n’oublierai jamais la fois où j’ai échoué à mon examen
d’aptitude pour deux malheureux points. En fait, je n’avais
pas assez pris cet examen au sérieux, même après avoir
appris que l’année précédente, le taux de réussite n’avait
été que de 26 %, et qu’une bonne partie de l’examen
comportait des statistiques et des procédures de tests
compliquées.

Je me suis imaginé que mon poste d’administrateur de
programmes de traitements m’empêchait de consacrer du
temps aux révisions. J’ai finalement décidé de m’y mettre
un mois avant l’examen.

Lorsque j’ai reçu le courrier m’informant que j’avais loupé
l’examen pour 2 points, j’ai commencé à réviser le soir
même pour celui de la session suivante, qui avait lieu six
mois plus tard et que j’ai décroché haut la main avec 27
points d’avance. J’ai retenu la leçon et j’espère que vous
tirerez des enseignements de ma mésaventure.

En étalant vos révisions, vous vous laissez le temps d’intégrer


chaque séance, chaque couche d’information, laquelle peut ainsi
prendre racine dans votre mémoire à long terme. Vous accumulez
les connaissances acquises au fur et à mesure.

L’organisation de vos révisions permet aussi de structurer le


contenu. Vous vous en souviendrez mieux si vous savez comment
s’articulent les différents éléments les uns par rapport aux autres.

Avoir une idée de la structure générale est une condition préalable
nécessaire pour enrichir la base de connaissances. Par exemple, si
vous apprenez une langue, il faut d’abord en connaître la structure
avant d’apprendre des expressions et du vocabulaire. Dans bon
nombre de langues latines, telles que l’espagnol, les noms ont un
genre, masculin ou féminin. Il faut donc apprendre à conjuguer les
verbes avant de vous lancer dans une conversation.

En phase d’apprentissage d’un contenu, le retour d’informations va
vous permettre de savoir si vous retenez ce que vous avez appris.
Pour ce faire, il existe diverses techniques :

Testez-vous à l’aide de fiches, de notes ou d’examens


blancs.
Révisez à plusieurs et interrogez-vous les uns les autres.
Demandez (si possible) des éclaircissements au professeur
sur les notions que vous n’avez pas comprises.
Suivez une préparation à l’examen. C’est notamment
possible pour les concours d’entrée dans certaines écoles.

C’est grâce au retour d’informations que vous allez apprendre de


vos erreurs et éviter de prendre de mauvaises habitudes ou de vous
faire des idées fausses susceptibles d’altérer votre mémoire. Cela
vous aidera à modifier vos habitudes de révision et à découvrir la
meilleure méthode, afin de créer des souvenirs cohérents pour
réussir l’examen.

Fuir les distractions


La distraction rend l’apprentissage impossible. Pour stocker quelque
chose en mémoire, votre attention joue un rôle primordial (voir
chapitre 2).

Regarder la télévision en révisant est un exemple classique de
distraction. Supposons que vous potassiez votre code de la route en
vue de passer votre permis. À moins que l’émission que vous
regardez n’ait pour thème la conduite et les dernières mesures de
sécurité routière, vous retiendrez plus l’émission que le contenu des
documents que vous avez sous les yeux.

Vous ne pouvez être à la fois attentif à ce que vous aimeriez bien


faire et à ce que vous êtes censé retenir. Si vous avez envie de faire
autre chose, c’est de ça dont vous allez vous souvenir.

Les deux aspects clés à retenir de l’état psychologique optimal


sont :

l’attention ;
la motivation.

Pour bien assimiler des informations, il faut être attentif à cent pour
cent. Considérez votre attention comme la porte par laquelle les
informations pénètrent dans votre mémoire. Pour que cet accès à
votre mémoire demeure ouvert, vous devez prêter attention et vous
investir à fond dans vos révisions.

Il est également impératif de tirer pleinement parti de vos efforts en
matière d’apprentissage. Si vous admettez avec réticence qu’il faut
réviser pour bien préparer un examen, vous ne serez pas
suffisamment réceptif pour retenir le contenu de vos cours.
Motivation et mémoire sont nécessaires, sous peine de réviser en
ayant l’esprit ailleurs.

Votre motivation est le carburant de votre mémoire. Vous préférez
bien sûr disposer d’un réservoir plein et non rouler sur la réserve,
pour réussir l’examen et avancer dans la vie.

Avoir une vue d’ensemble – relier les nouvelles


informations aux anciennes
Vous augmenterez les probabilités de retenir de nouvelles données
si vous parvenez à les relier à des informations que vous connaissez
déjà. Cela signifie que vous devez associer les nouveaux éléments à
des souvenirs déjà fixés afin de multiplier au maximum les chances
de vous en souvenir le jour de l’examen.

Ces liens mettent en lumière la pertinence des nouvelles
informations, laquelle rend plus cohérente la vision d’ensemble, à
savoir l’intégration des données dans la base de connaissances que
vous construisez.

Si vous êtes en mesure de percevoir cette pertinence, vous serez plus
à même de retenir les nouveaux éléments, vous saurez comment ils
s’articulent avec les anciennes informations et vous saisirez
probablement mieux leur signification.

Toutle processus est circulaire et cumulatif. Plus vous faites
d’efforts lors de vos révisions, plus vous récupérez de souvenirs.
Plus vous en savez, plus vous aurez de chances de retenir un plus
grand volume d’informations.

Prenons un exemple : vous révisez pour un examen d’histoire sur le
XIIIe siècle et saint Thomas d’Aquin. Vous lisez que c’était un
fervent partisan de la philosophie d’Aristote et qu’il a tenté de la
présenter et de l’intégrer dans la théologie chrétienne. Vous
apprenez également que saint Thomas d’Aquin appelait Aristote le
« philosophe », le mettant ainsi sur un piédestal, au-dessus de tous
les autres. Vous vous rendez ensuite compte qu’Aristote avait vécu
environ 1 500 ans avant saint Thomas d’Aquin.

Vous vous demandez peut-être ce qui cloche. Pourquoi saint
Thomas d’Aquin aurait « présenté » Aristote ? Pourquoi personne
n’a reconnu la grandeur d’Aristote pendant les 1 500 ans
précédents ? Eh bien, si vous connaissez déjà toute la signification
du Moyen Âge, vous savez que l’Europe avait fait un bond en
arrière tandis que les mathématiques et la philosophie étaient en
plein essor dans l’est du bassin méditerranéen et le monde arabe. La
connaissance du contexte va vous aider à intégrer les informations
sur Aristote et saint Thomas d’Aquin, au lieu d’essayer de vous
souvenir de saint Thomas d’Aquin et de la période à laquelle il a
vécu.

Votre méthode d’apprentissage conditionne grandement votre


faculté à vous souvenir des informations. Optez pour la bonne
technique et les conditions idéales afin de garder des souvenirs.

Penser au facteur temps


Votre mémoire s’améliorera si vous prêtez bien attention à la
synchronisation de vos révisions. Vous estimez peut-être avoir
développé une stratégie de travail adaptée mais, si vous ne lui
adjoignez pas une bonne synchronisation, vous en oublierez peut-
être plus que vous n’en retiendrez.

Lorsque vous établissez le calendrier de vos révisions, vous devez
tenir compte de trois facteurs :
la programmation de la révision initiale ;
le rythme des séances ;
l’étalement de votre apprentissage.

Étant donné que votre mémoire à court terme s’inscrit dans... le


court terme, vous oubliez une grande partie du contenu quelques
minutes après l’avoir révisé. Cela signifie que si vous lisez de
nouvelles informations puis refermez très vite l’ouvrage, le jour de
l’examen, vous aurez oublié une grande partie de ce que vous avez
lu.

Pour développer votre mémoire au maximum lors de la


préparation d’un examen, tâchez de réviser les différentes parties
peu de temps après les avoir apprises, en parcourant les points
essentiels. Si vous avez assisté à un cours, relisez vos notes juste
après celui-ci.

Considérez la programmation de la révision initiale comme une
étape importante pour vous approprier l’information. Assurez-vous
que votre esprit assimile bien toute la richesse des informations
avant qu’une grande partie ne s’évapore.

L’établissement d’un rythme de révision vous aide à développer au
mieux votre énergie mentale. Si, en sachant que votre examen est
dans moins de deux semaines, vous dépensez toute votre énergie
dans une superséance de révision, vous n’aurez rien de super à
attendre à part l’épuisement. Par exemple, si vous effectuez une
course de fond, vous savez qu’il ne faut pas partir à fond car, à
l’approche de l’arrivée, vous serez bien trop fatigué pour suivre le
rythme des autres concurrents. En réglant l’allure des révisions,
vous exploitez tout le potentiel de votre énergie.

L’étalement de vos révisions vous accorde suffisamment de temps
pour mettre les informations en mémoire (voir chapitre 8).

À chaque séance, vous ajoutez une couche de souvenirs. Comparez
cela à une peinture à l’huile, faite de différentes couches, chacune
constituant la fondation de la suivante. Si vous peignez toutes les
couleurs en même temps, elles se mélangent pour former un marron
terne ou un gris visqueux.

Commencez par dresser un panorama du contenu à réviser pour


l’examen. Cette vue d’ensemble revient à parcourir les grandes
lignes du sujet. Elle s’apparente à la table des matières d’un manuel
scolaire.

Ensuite, passez à la deuxième couche, comparable au deuxième titre
d’une table des matières. Par exemple, si vous révisez pour un
examen de géologie, le premier titre de votre manuel scolaire peut
être « Les roches » et le deuxième « Les minéraux ».

À chaque couche étalée, vous avancez d’un niveau en termes de
complexité ou de détail, comme lorsque vous peignez un arbre.
Vous commencez par le tronc et les grosses branches. Ensuite, vous
passez aux branches de taille moyenne, puis aux petites branches.
Vous ne commencez pas par les feuilles, sinon vous ne saurez pas à
quelles branches elles sont reliées.

Quand vous étalez vous révisions, établissez le même durée pour


toutes les séances. Si vous estimez pouvoir consacrer environ sept
heures à la préparation de votre examen, répartissez le temps de
façon égale en fonction des autres responsabilités avec lesquelles
vous devez jongler. Veillez à ce que les séances durent
suffisamment longtemps pour en tirer quelque chose, mais pas trop
pour ne pas vous épuiser ou vous laisser gagner par l’ennui.

Si l’examen est dans deux semaines, vous pouvez y consacrer une
heure par jour, tous les deux jours. Cette programmation est
meilleure pour la concentration qu’une demi-heure par jour ou sept
heures sur une seule journée. Cela vous donne le temps de stocker
les informations en mémoire.

Faire la reconnaissance de l’examen


Impossible d’être performant lors d’un examen si vous ne savez pas
à l’avance ce que l’on attend de vous. Le jour de l’examen, vous ne
souhaitez pas être surpris par le format, la configuration de la salle
ou le type de questions.

Il ne suffit pas de connaître le sujet pour s’estimer prêt. Si vous


ne savez pas comment vous allez devoir vous souvenir du contenu
des cours, vous pourriez ne pas être bien préparé et vous retrouver
surpris au point d’être trop distrait pour vous souvenir des
informations apprises. Vous attendrez peut-être des signaux qui ne
viendront pas et quitterez la salle d’examen frustré. Vous connaissez
le sujet mais êtes incapable d’en apporter la preuve.

Renseignez-vous le plus possible sur les modalités de l’examen.


Veillez également à connaître tous les aspects du sujet. N’ayez pas
peur de faire ceci :

Demander au professeur ou au formateur sous quelle forme se


déroulera l’examen et quel en sera le thème.
Consulter les ouvrages préparatoires s’il s’agit d’un examen
d’entrée.
Demander aux personnes ayant déjà passé un examen avec ce
professeur ou l’examen national à quelles « surprises » vous
pouvez vous attendre.
S’inscrire à un cours préparatoire si vous devez passer un
examen ou un concours national. La plupart de ces cours sont
d’excellents moyens d’apprendre à maîtriser le format de
l’examen et d’étudier le sujet.
Passer des examens blancs. Cela vous permet de vous
entraîner sur le sujet, de vous familiariser avec le format de
l’examen et de déceler vos points faibles.
Observer les points sur lesquels le professeur insiste lors de
ses cours pour avoir une idée des thèmes susceptibles d’être au
programme de l’examen.

Une fois que vous savez à quelle sauce vous allez être mangé, vous
pouvez vous concentrer entièrement sur le sujet à mémoriser.

Des questions, des questions...


encore des questions
Les questions d’examen sollicitent trois types de mémoire
(pour découvrir les différents types de mémoire, rendez-
vous au chapitre 3). Par exemple, les questions à choix
multiples demandent de reconnaître des éléments, tandis
que les exercices à trous et les dissertations nécessitent de
procéder à un rappel direct.

Les questions à choix multiples et les questions vrai/faux
vous permettent de procéder par élimination. En effet, vous
pouvez écarter les réponses contenant des éléments faux.
Vous pouvez à la fois rechercher les mensonges et les traits
de vérité dans les propositions fournies.

Avec les questions ouvertes nécessitant un rappel direct,
vous êtes obligé de faire remonter à la surface des
souvenirs du sujet. Vous devez rechercher des indices dans
la question proprement dite. Vous n’avez pas la possibilité
d’écarter des réponses, à part celles qui vous viennent à
l’esprit.

Les questions imposant un rappel direct sont généralement
plus difficiles que celles faisant appel à la reconnaissance
car vous disposez de moins d’indices et vous ne pouvez
pas éliminer les mauvaises réponses. Les questions de
reconnaissance, telles que les questions à choix multiples,
peuvent être très faciles et parfois franchement comiques,
comme dans l’exemple suivant :

Quel est le véhicule le plus écologique ?

a) Une voiture électrique


b) Une voiture hybride
c) Un 4x4 qui consomme beaucoup
d’essence
d) Un gros camion

Vous pouvez déjà éliminer les réponses c et d, rien que par


leur formulation. La personne qui a fait le test, votre
serviteur en l’occurrence, s’est assurée de vous fournir
l’essentiel en ne vous indiquant pas seulement c) Un 4x4
ou d) Un camion. J’ai ajouté « consomme beaucoup
d’essence » et « gros » pour vous mettre sur la piste.

Mais cette question illustre bien à quel point les questions
à choix multiples peuvent être difficiles. Les réponses a et
b sont des véhicules destinés à préserver l’environnement.
Il faut vraiment s’y connaître pour trouver la bonne. Si la
question comportait seulement deux options ou si la
réponse d était « a et b », ce serait une colle. Si vous devez
ne fournir qu’une seule réponse, vous devez connaître la
différence entre les voitures hybrides et les voitures
électriques. Par exemple, il vous faut réfléchir à la façon
dont est produite l’électricité sur le véhicule. S’agit-il de
piles solaires ou d’une mini-centrale qui fonctionne au
charbon ?
Les dissertations impliquent non seulement un rappel
direct mais requièrent également des talents de rédacteur.
Et, pour encore plus solliciter votre mémoire, il faut parfois
vous exprimer de manière claire et compréhensible dans un
jargon technique (dans les filières de droit par exemple).
Votre réponse doit non seulement aborder tous les points,
par exemple le faisceau de faits, mais également être
cohérente. Bon d’accord, dans cet exemple, dire qu’il faut
être cohérent est un oxymore. À part les juristes, qui est
capable de comprendre le jargon juridique ?

Des soulignements dignes de Rembrandt


Lorsque vous révisez pour un examen, vous utilisez probablement
plusieurs ressources, un ou plusieurs livres et des notes de cours par
exemple. Je décris au chapitre 8 comment exploiter ce matériel,
mais je voudrais en souligner ici les répercussions sur la réussite à
un examen.

Lorsque vous relisez votre texte, vous souhaitez avoir une vision
d’ensemble, à savoir que les points essentiels ressortent. Pour
bénéficier de cet effet de manière visuelle, deux méthodes s’offrent
à vous :

souligner ;
surligner.

Le soulignement peut attirer votre attention sur les points à retenir


absolument. Lorsque vous feuilletez les livres, les passages
soulignés vous sautent aux yeux. Le reste du contenu forme le
contexte.

Le soulignement peut être excessif ou insuffusant. Trop de


soulignement rend l’opération inutile. Si vous soulignez presque
tout, vous ne verrez pas les points principaux. Par contre, si vous ne
soulignez pas assez, vous devrez tout relire pour trouver les notions
essentielles.

Les surligneurs sont très prisés depuis vingt-cinq ans. Vous pouvez
associer soulignement et surlignage pour disposer de deux niveaux :
les passages surlignés peuvent correspondre aux principales
généralités et les passages soulignés aux points vraiment
fondamentaux.

Vous pouvez employer la même méthode avec vos notes de cours.
Si elles ne sont pas comme les miennes, illisibles, déterminez les
points principaux à souligner. Rien ne vous empêche même de les
réécrire et d’insister sur les points clés en les surlignant. Puis, vous
relisez le tout et soulignez les points vraiment fondamentaux.

Utiliser ses techniques de mémorisation


Quand vous apprenez des informations pour un examen, exploitez
vos techniques de mémorisation (voir chapitres 5 et 6). Plus vous
utilisez de techniques, plus vous vous souviendrez facilement de vos
cours le jour de l’examen.

Utilisez les techniques suivantes :

le codage des informations en prenant plusieurs perspectives ;


les associations ;
le codage symbolique ;
les mnémoniques ;
la visualisation ;
l’agrégation.

Considérer le thème sous différents angles

Plus vous codez un souvenir de différentes façons, plus vous


aurez de chances de vous en rappeler (voir chapitre 3). Le codage
multidimensionnel vous offre plusieurs façons de remonter à
l’information.

Par exemple, si vous révisez pour un examen d’histoire sur les
guerres napoléoniennes, vous devez comprendre les événements
ayant conduit à l’avènement de Napoléon, qui il est devenu et
comment sa popularité s’est effondrée.

Vous apprenez des choses sur la monarchie : l’arrogance, les abus
de pouvoir et la fureur qui a conduit à son renversement lors de la
Révolution française. Vous apprenez comment la brève conquête de
l’Égypte a permis à Napoléon de devenir populaire. Ensuite, vous
découvrez à quel point nombre de personnes qui croyaient beaucoup
en lui ont été choquées lorsqu’il s’est autoproclamé empereur. Vous
lisez qu’à l’origine, Beethoven avait dédié la troisième symphonie à
Napoléon. Mais le jour du couronnement de ce dernier, le
compositeur, tellement dégoûté, effaça le nom de l’Empereur de la
page de titre de l’œuvre.

Maintenant, lorsque vous repensez aux guerres napoléoniennes,
vous pouvez relier vos souvenirs à Beethoven, à la Révolution
française, à l’Égypte, à l’arrogance et au pouvoir.

Faire des associations


En reliant un fait ou une information à un élément, vous créez un
système de connaissances dans lequel vous pouvez puiser, comme
dans un puits. Vous êtes en mesure de forer dans une zone et de
tomber sur une poche reliée à la source.

Recherchez des associations offrant facilement des liens logiques


et naturels vers des informations que vous connaissez déjà.

Par exemple, vous prenez des cours de physiologie et devez retenir
les différentes parties du cerveau. Associez celles-ci aux
comportements correspondants. Pour ce faire, utilisez le nom de la
partie et son rôle. Pour vos lobes frontaux, pensez à la façon dont ils
contribuent à ce que vous preniez les choses « de front ». Cette
association convient car vos lobes frontaux gèrent votre sens de
l’initiative et vos ambitions (voir chapitre 3).

Utiliser des symboles

Les liens symboliques favorisent le stockage en mémoire d’un


grand nombre d’informations à l’aide d’une image. Par exemple,
visualisez une croix ou un croissant de lune. La croix véhicule la
notion de christianisme et le croissant celle de l’islam. Les symboles
sont l’un des moyens de codage des souvenirs les plus économiques.
Alors, n’hésitez pas à les utiliser pour retenir des informations dans
l’optique d’un examen.

Employer des mnémoniques


Utilisez vos mnémoniques le plus souvent possible afin d’avoir à
l’esprit des blocs d’information le jour de l’examen. Les crochets et
les histoires peuvent vous aider à rassembler des termes difficiles à
retenir. Les crochets vous permettent de relier une lettre ou un
chiffre à une information dont vous souhaitez vous souvenir (voir
chapitre 5).

La mnémonique la plus simple est le crochet de la première


lettre d’un mot, qui vous permet de relier une lettre à une
information.

Par exemple, supposons que vous essayiez de retenir les quatre
écrivains du XIXe siècle suivants :

Colette ;
Gérard de Nerval ;
Gustave Flaubert ;
George Sand.

Maintenant, prenez la première lettre de leur nom afin de constituer


un sigle connu, comme ici (ou un nom) :

Sand ;
Nerval ;
Colette ;
Flaubert.

Vous pouvez voir que la première lettre (en gras) de chaque lettre
forme le sigle SNCF. Le jour de l’examen, vous vous souviendrez
plus facilement de ce sigle que si vous deviez vous rappeler du nom
de chaque écrivain.

Visualiser

Visualiser ce que vous souhaitez retenir pour l’examen peut


vous être également très utile (voir chapitre 8). Une image vaut tous
les discours et peut vous offrir l’avantage dont vous avez besoin
pour réussir votre examen.

Vous pouvez utiliser toutes sortes d’images pour véhiculer des
souvenirs et même appliquer des crochets liés l’image. Dans
l’exemple précédent, je vous donne le crochet (SNCF) pour retenir
ces quatre écrivains. Vous pouvez les imaginer à bord d’un train.

Agréger
L’agrégation est une autre technique de mémorisation utilisable
pour un examen (voir chapitre 5). Elle vous permet de vous souvenir
de petits morceaux formant partie d’un corpus d’informations plus
volumineux.

Cette méthode est surtout utilisée si le corpus d’informations est
difficile à mémoriser d’un seul bloc. Par exemple, il est peut-être
plus facile d’apprendre un poème ou une chaîne d’équations en les
divisant en plusieurs morceaux.

La constitution de morceaux d’informations va vous permettre de
retenir d’abord les parties. Ensuite, vous pouvez prendre du recul et
voir comment s’articulent les différentes parties. Quand vous serez
parvenu à assembler ces parties, vous saurez bien apprécier la
maxime suivante : « le tout est plus grand que la somme de ses
parties ».

Le coin des bonnes idées comme… aller aux toilettes


Il ne suffit pas de réviser. Vous devez également avoir les idées
claires le jour de l’examen. Veillez à respecter les conseils suivants :

passer une bonne nuit la veille de l’examen ;


manger équilibré ;
éviter l’alcool et autres drogues non seulement la veille au
soir mais également pendant l’intégralité de la période de
révision ;
porter des vêtements confortables ;
boire suffisamment ;
éviter le sucre ou l’excès de caféine.

Cette suggestion peut paraître idiote mais on l’oublie parfois : allez


aux toilettes juste avant d’entrer dans la salle d’examen. Une vessie
pleine risque d’accaparer votre attention et vous allez vous tortiller
comme un ver sur votre chaise.

Vous tenez à avoir autant que possible les idées claires avant et
pendant l’examen. Veillez à ne pas devoir prendre de décisions
personnelles importantes juste avant l’examen. N’abordez pas les
projets de déménagement, les problèmes de couple ou même
l’ambivalence entre vos choix de carrière et vos relations avec votre
conjoint, votre famille ou vos amis.

Dans la mesure du possible, évitez les distractions. Avant que


l’examen ne débute, essayez ceci :

arrivez en avance et marchez un peu ;


après ou pendant votre promenade, essayez de faire le vide.
Ne pensez plus au sujet de l’examen et à tous vos soucis ;
essayez de faire des exercices de relaxation ou de méditation
(voir chapitre 4 pour en savoir plus) ;
si des amis passent le même examen, évitez d’entamer de
longues conversations (vous ne souhaitez pas récupérer leur
anxiété ou amplifier la vôtre, n’est-ce pas ?).

Lorsque vous entrez dans la salle d’examen, essayez de vous asseoir


à un endroit où vous serez distrait le moins possible. Voici des
conseils pour éviter les endroits à problèmes :

Ne vous asseyez pas à côté d’amis ou d’une personne que


vous aimeriez apprendre à connaître. Vous risquez d’être
distrait par leur présence.
Ne prenez pas place à proximité des toilettes ou du
distributeur d’eau, zones où le trafic est très dense.
Ne choisissez pas une table située près de celle des
surveillants car ils se lèvent souvent.
Ne vous installez pas à un emplacement pauvrement éclairé
ou mal climatisé.

Si possible, apportez une bouteille d’eau, pour vous hydrater et


vous rafraîchir régulièrement.

Si l’examen dure longtemps, accordez-vous plusieurs pauses pour
vous dégourdir les jambes et aller aux toilettes.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais, personnellement, le
bruit de la salle et les personnes qui se déplacent me dérangent.
J’aime utiliser des bouchons antibruit pour m’isoler. Cet accessoire
estompe non seulement les nuisances sonores mais me donne
également l’impression qu’il y a une séparation entre moi et ce qui
se passe dans la salle.

Mettez-vous dans les meilleures conditions pour vous souvenir des
informations sur lesquelles porte l’examen. Vous avez étudié et
encodé en mémoire une base de connaissances. Il est désormais
l’heure de le prouver lors de l’examen.
Chapitre 11

Se souvenir des personnes

Dans ce chapitre :
Apprendre à reconnaître les visages
Savoir se souvenir des noms
Découvrir comment rafraîchir votre mémoire pour se
remémorer des histoires

Si vous êtes comme la plupart des gens, l’un des trous de mémoire
les plus frustrants intervient quand vous avez oublié le nom de la
personne en face de vous que vous connaissez pourtant. Cette
situation est surtout gênante si la personne en question se souvient
de vous. Votre défi consiste à utiliser diverses techniques pour
rafraîchir votre mémoire.

Dans ce chapitre, vous allez découvrir des techniques utiles pour
mettre un nom sur les personnes que vous croisez. Vous allez
apprendre à retenir leur visage et leur nom. Je vous donnerai
également des méthodes pour diriger une conversation afin de
capter des indices et des déclencheurs qui vous permettront de
retrouver le nom de la personne qui semble se souvenir de vous.

Alors, avant de vous retrouver encore une fois dans l’embarras,
découvrez les astuces servant à se tirer de ces situations gênantes.

Jamais je ne t’oublierai
Lors d’une conférence à laquelle j’assistais, il y a quelques années,
j’ai vu une femme que j’étais certain d’avoir rencontrée. Elle était
descendue au même hôtel que moi et semblait elle aussi me
reconnaître. Je lui ai fait un signe de tête et lui ai souri de façon
neutre tout en hésitant à lui dire quelque chose car je ne savais plus
vraiment qui c’était. Je me demandais si je devais lui parler de notre
précédente rencontre, mais j’étais incapable de me souvenir où
celle-ci s’était déroulée.

Je craignais également que ce ne soit trop effronté de ma part de
l’aborder. J’avais peur qu’elle ne se méprenne sur mes intentions si
je m’approchais d’elle pour lui dire : « On se connaît, je crois. » Elle
était séduisante et des tas d’hommes avaient déjà dû l’aborder en
employant des tactiques du même genre. Mais, d’un autre côté,
j’avais peur qu’elle ne se vexe si je faisais comme si nous ne nous
connaissions pas.

Ah ! si j’avais appris plus tôt à relier des visages à des histoires ! Je
n’aurais pas tant peiné à reconnaître les gens. Aujourd’hui, j’utilise
une technique d’association pour faire le lien entre un visage et un
nom. En associant un seul trait du visage d’une personne à un aspect
de son identité, vous la reconnaîtrez plus facilement.

L’apparence de chaque personne est unique. Recherchez un trait


distinctif du visage qui attire votre attention puis associez-le à la
personnalité de l’individu.

Faites ressortir ce trait du visage en :

l’exagérant ;
imaginant un artiste qui dessine une caricature et met l’accent
sur une caractéristique physique ;
faisant en sorte que ce trait du visage soit parlant et vous
donne toutes les indications nécessaires pour reconnaître cette
personne.
Patricia
Supposons que vous rencontriez Patricia lors d’une soirée. Vous
remarquez qu’elle s’active beaucoup en parlant à tout le monde. En
passant ainsi d’une personne à l’autre, on dirait une vraie commère.

Puis, vous remarquez qu’elle possède un trait très distinctif : ses
oreilles sont légèrement plus grandes que la moyenne. Vous les
observez avec attention et les imaginez bien plus grandes qu’elles ne
le sont en inventant qu’elle les a fait pousser pour entendre tout ce
que les autres disent et dans l’espoir d’apprendre des ragots bien
croustillants.

Bernard
Vous passez dans une autre pièce et on vous présente très
rapidement Bernard. On vous accompagne ensuite pour rencontrer
trois autres personnes. En traversant la pièce, vous voyez que l’on
présente Bernard à une autre personne. Vous vous efforcez de
trouver un trait distinctif de son visage.

Vous remarquez que Bernard a des sourcils particulièrement
broussailleux et même beaucoup de poils sur la ride du lion. Il a
également une moustache très épaisse. Vous voyez tout de suite
comment un caricaturiste le dessinerait.

Vous imaginez que les sourcils de Bernard se rejoignent pour
former un monosourcil qui vous frappe et semble être la copie de sa
moustache. Vous imaginez le dessin le représentant avec deux
moustaches, une à sa place et l’autre au niveau des sourcils.

La prochaine fois que vous verrez Bernard, vous vous souviendrez
peut-être de lui à cause du monosourcil ou des deux moustaches.

Fred
Lors de la même soirée, vous rencontrez Fred. Il semble très doux,
mais timide et nerveux. Son regard balaye fébrilement la pièce et,
apparemment, il donne quelques signes d’impatience. L’une des
rares fois où son regard croise le vôtre, il le porte aussitôt sur
quelqu’un d’autre, comme s’il recherchait nerveusement un refuge.

Vous imaginez que Fred se sent terriblement exposé au regard des
autres et qu’il s’est réfugié près du buffet en marge des invités.
Vous vous concentrez sur ses yeux et, la prochaine fois que vous le
rencontrerez, vous vous souviendrez de son regard nerveux.

L’un des moyens les plus élémentaires de vous souvenir d’une


personne est d’associer une caractéristique physique singulière à un
aspect de sa personnalité, comme la façon dont :

elle se déplace ;
elle s’exprime ;
elle est habillée ;
elle sourit ;
elle fronce les sourcils.

Élise
Supposons que vous rencontriez une jeune femme prénommée Élise
lors d’une réunion. Vous remarquez qu’elle est carrée sur son siège
et laisse parler tous les autres participants.

Vous vous demandez ce qu’elle pense de ce qui se dit et remarquez
ses yeux marron particulièrement tristes qui semblent dire qu’elle
voudrait donner son avis mais que sa timidité l’en empêche. Vous
ressentez de la compassion pour elle et souhaiteriez lui permettre
d’une façon ou d’une autre d’être suffisamment à l’aise pour
s’exprimer.

Quand vous la revoyez plusieurs semaines après, vous savez que
vous l’avez déjà vue quelque part mais sans vous rappeler où. Puis,
vous voyez ses yeux marron qui expriment de la tristesse et cela
vous revient.

Frank
Maintenant, supposons que vous rencontriez un homme prénommé
Frank. Vous essayez de mémoriser une caractéristique le concernant
et associez celle-ci à son prénom. Vous remarquez qu’il a fière
allure et qu’il s’exprime de façon assez sévère. Vous remarquez sa
franchise à sa façon de parler.

Mais il n’a aucun signe distinctif au niveau du visage qui pourrait
vous aider à vous souvenir de lui. Vous décidez d’exploiter la façon
dont il se tient et ses mouvements très expressifs. Vous allez vous
souvenir de Frank parce qu’il parle franchement.

Quand vous rencontrez quelqu’un qui a très peu de traits


distinctifs au niveau du visage, cherchez en profondeur et vous
trouverez quelque chose, même s’il a une apparence trop
« normale ».

Par exemple, supposons que vous rencontriez une personne à
l’apparence insignifiante : brun, yeux marron, taille moyenne, poids
moyen, sans trait distinctif.

Vous remarquez alors qu’elle s’attache les cheveux. Si elle les
laissait détachés, ils lui tomberaient dans le dos. Vous repérez
également qu’elle est relativement calme par rapport aux autres
personnes se trouvant dans la pièce. Elle tient parfois des propos
provocateurs et la conversation prend alors un tour inattendu.

Vous pouvez associer son apparence relativement insignifiante à sa
tendance à rester assise tranquillement et aussi au fait qu’elle a les
cheveux attachés. Mais que faites-vous de sa propension à
provoquer ?

Vous pouvez associer sa longue chevelure attachée à la faculté de ne
pas mâcher ses mots et à son éloquence.

Maintenant, supposons que vous la croisiez un autre jour avec les
cheveux détachés. Est-ce que vous la reconnaîtrez ? Il y a des
chances, même si cela vous prendra peut-être quelques instants.
Cette fois-ci, elle provoquera chez vous une autre association pour
vous souvenir d’elle car vous lui parlerez et elle communiquera avec
d’autres personnes, ce qui vous révélera d’autres facettes de sa
personnalité.

En fait, se souvenir de visages est bien plus simple que vous le
croyez car vous retenez généralement mieux les images que les
sons.

Vous passez plus de temps à regarder le visage d’une personne qu’à
entendre son prénom. Elle le dira peut-être une seule fois, alors que
vous continuerez de regarder son visage lorsqu’elle parlera.

Il est peut-être également plus facile de se souvenir d’un visage que
de retenir un nom car c’est une tâche de reconnaissance, alors que se
remémorer un nom est une tâche de rappel. La reconnaissance est
bien plus facile que le rappel (pour en savoir plus sur les différences
entre ces deux tâches, reportez-vous aux chapitres 1, 2 et 8).

Mettre un nom sur un visage familier


Si vous avez plus de 50 ans et n’avez jamais oublié le nom de
personnes que vous connaissez, vous êtes un être à part car cela
arrive à la plupart des gens.

Chose intéressante, il est plus facile de se souvenir du métier que du
nom de quelqu’un. Les noms ne disent pas grand-chose car il s’agit
seulement d’étiquettes arbitraires sans réel lien avec la personne,
alors que le métier vous en dit plus sur l’individu et vous permet de
faire le lien.

Oublier le nom d’une personne vous gêne certainement, mais pensez
un peu aux sentiments éprouvés par l’oubliée. Elle estimait peut-être
que vous aviez une relation spéciale. Quand vous oubliez son nom,
vous lui dites d’une certaine manière : « Il ne me semble pas que
l’on se connaisse. » Et pire, cela revient pratiquement à dire : « Je
me fiche de savoir qui tu es. »

Sur une année, je rencontre des centaines de personnes. Je connais


leur visage et leur histoire, mais j’ai beaucoup de mal à retenir leur
nom. Si les patients appellent, leur nom ne me parle pas et je dois
courir dans la salle des archives et consulter leur fiche pour me
remémorer leur histoire. Si je les avais en face moi, je pourrais
facilement faire le rapprochement avec leur histoire.

Rapprocher les noms et les visages


Votre cerveau est un système complexe qui mobilise
différentes zones pour traiter chaque souvenir. Mais
chaque zone est chargée de traiter un type de souvenir bien
précis. Lorsque vous vous remémorez le visage d’une
personne, vous utilisez probablement votre hémisphère
droit et, plus précisément, votre lobe pariétal droit. Lorsque
vous vous souvenez de mots, vous sollicitez le lobe
temporal gauche de votre hémisphère gauche. (Le chapitre
3 vous en dit plus sur l’anatomie de votre cerveau.) Quand
vous associez un nom à un visage, vos deux hémisphères
collaborent en parfaite harmonie.

Pour essayer de mieux me souvenir des noms, j’ai essayé la


technique suivante, recommandée par de nombreux spécialistes de
la mémoire. Elle m’a vraiment été d’une grande utilité et vous
rendra sans doute service également. Pour essayer de retenir un
nom, voici cinq étapes à suivre :

L’attention. Veillez à entendre distinctement le nom.


La signification. Faites en sorte que le nom vous parle.
L’apparence. Remarquez des traits physiques distinctifs.
L’association. Associez l’apparence au nom.
La révision. Revoyez l’association créée.

L’attention
Si vous n’entendez pas le nom de la personne ou n’y prêtez pas
assez attention, vous pouvez parier que vous allez l’oublier.

La plupart des gens oublient les noms car ils échouent à cette
première étape. En fait, ils ne captent même pas le nom la première
fois car ils sont trop distraits.

Demandez à la personne de répéter son nom, puis répétez-le dans
votre tête. Essayez de le placer dans la conversation que vous avez
avec elle. En le prononçant, vous serez certain de l’avoir
correctement et distinctement entendu et donc stocké dans votre
mémoire à court terme. Vous pourrez ainsi commencer le transfert
de l’information dans la mémoire à long terme.

Répétez ce nom suffisamment de fois mais sans en faire trop. Sinon,
la personne pourrait vous dire : « Bah oui, c’est mon nom, mais
arrêtez, vous allez l’user ! » Tout ce que vous souhaitez, c’est
l’avoir bien en tête.

La signification
Construire une association sensée avec une personne vous sera très
bénéfique. Imaginons que vous avez rencontré Raoul au cours d’une
fête mémorable où l’alcool a coulé à flots et que Raoul a roulé sous
la table. Vous imaginerez donc Raoul complètement soûl.

Une fois que vous êtes sûr d’avoir le nom, essayez de penser à une
chose qui lui donne du sens. Dans toutes les cultures, il existe des
noms singuliers et très jolis. Pourquoi ne pas en découvrir certains et
les appliquer aux personnes que vous rencontrez.

Il peut s’agir d’un prénom qui évoque l’évasion ou les grands
espaces, comme Océane, ou d’un prénom au caractère plus
historique tel que William ou Élizabeth.

Demandez à la personne à laquelle vous êtes présenté si elle a un
diminutif, Babeth par exemple. Certaines personnes conservent leur
prénom de naissance dans les situations formelles et optent pour leur
diminutif avec leurs amis. Par exemple, ma femme s’appelle
Victoria ou Vicki, en fonction de l’interlocuteur.

L’apparence
Maintenant que vous avez récupéré le nom ou le prénom et que vous
lui avez donné un sens personnel, attardez-vous sur le visage de la
personne. Recherchez un trait distinctif. A-t-elle un grand nez, des
grandes oreilles, de beaux yeux, des sourcils épais ou épilés ?

Méfiez-vous des traits du visage que vous retenez. Les hommes se


rasent parfois la barbe et les moustaches vont et viennent au gré des
saisons.

Quels que soient les traits distinctifs choisis, essayez de leur


attribuer une caractéristique. Cet exercice est particulièrement utile
si vous avez eu peu de temps pour faire connaissance avec la
personne. Vous avez peut-être été frappé par la sincérité de ses
propos ou remarqué ses grands yeux verts.
L’association
L’étape suivante consiste à faire le lien entre le visage et le prénom.
Malheureusement, de nombreux prénoms, comme le mien (John),
sont si communs que vous aurez peut-être du mal à vous en
souvenir.

Prenez le nom Desvignes. Admettons que vous rencontriez Albert
Desvignes pour la première fois. Vous remarquez qu’Albert a de
sacrées mains et une bonne tête. La meilleure stratégie pour retenir
son nom est de l’associer au métier qu’il évoque, à savoir vigneron.
Vous pouvez maintenant associer son visage à l’image du vigneron.
Voilà, un nom de mémorisé !

Généralement, un aspect du nom vous permet d’y accrocher un
support mnémonique. Pour certains, le lien est évident, pour
d’autres, il faut chercher un peu.

Par exemple, si vous rencontrez un homme qui s’appelle Michel
Couveur, vous vous servirez plutôt de son nom parce que son
prénom est très courant. Vous remarquez qu’il est pratiquement
toujours accroché à sa femme. Elle essaye de parler à une autre
personne lors de la soirée mais il est toujours à ses basques. Vous
retiendrez facilement son nom, Michel Couveur, parce qu’il couve
sa femme.

Si vous faites la connaissance de Gérald Cordat, un homme très
grand et très maigre, vous utiliserez peut-être son prénom et le
surnommerez Gérald la girafe. (Veillez simplement à ne pas le dire
devant lui.)

Au bureau, on vous présente un nouvel employé, Patrick Chale.
Très vite, des liens se tissent entre vous, et il vous raconte tous les
déboires qu’il connaît dans sa vie de couple. Il vient souvent dans
votre bureau pour éclater en sanglots. Pour vous, ce sera désormais
Patrick Chiale.

Réviser ses associations


Pour être certain que vous avez tous les noms en tête, revoyez toutes
vos associations. Le surapprentissage et la répétition consolident le
souvenir d’une information (le chapitre 6 aborde les techniques de
mémorisation). Par conséquent, la prochaine fois que vous verrez
Albert, vous remarquerez sa bonne tête, une tête de vigneron. Ah
oui ! Il s’appelle Albert Desvignes.

Les ruses de Sioux


Se souvenir du prénom d’une personne avec laquelle vous
êtes en train de discuter depuis un bon moment, alors que
vous ne l’avez pas vue depuis longtemps, est un sacré défi.
Pas de panique ! Vous avez encore le temps de fouiller
votre mémoire ou de faire en sorte qu’elle vous le donne
sans que vous le lui demandiez. Pour que cette ruse
fonctionne, vous devrez peut-être avoir recours aux
tactiques suivantes :

par exemple, la pousser à vous le donner,


mine de rien ;
faire en sorte qu’elle vous montre un
document sur lequel figure son nom ;
la présenter à quelqu’un d’autre.

Maintenant, je préfère vous prévenir. Chacun de ces trucs


pour vous rafraîchir la mémoire ou lui faire révéler son
prénom comporte des risques qui peuvent être source
d’embarras. Mais, qu’avez-vous à perdre ? De toute façon,
elle allait probablement finir par remarquer votre oubli.

Vous pouvez l’inciter à vous donner son prénom en
provoquant la chose. Vous pouvez entamer la conversation
en disant : « Bonjour, je m’appelle Étienne. Nous avons
fait connaissance lors de la réunion. »

Elle répondra peut-être : « Ah oui, Étienne, je me souviens.
Moi, c’est Corinne. »

Vous voilà tiré d’affaire.

Mais elle peut aussi répondre : « Ah oui, Étienne.
Comment allez-vous ? » Au moins, elle se souvient de
vous. Mais vous n’êtes pas plus avancé.

Puisque vous assistez à la même réunion, repérez les
documents qui ont été envoyés aux participants. Vous
pourriez lui dire qu’il vous en manque un et que vous
aimeriez bien consulter le sien. Ainsi, vous tomberez peut-
être sur son prénom, inscrit sur la couverture du dossier. Si
vous ne le trouvez pas, demandez-lui sa carte de visite,
pour que vous puissiez la mettre en relation avec un
collègue susceptible d’avoir besoin de son aide.

Vous pouvez la présenter à vos collègues en omettant son
prénom. Dites-lui : « Oh, j’aimerais vous présenter une
personne avec qui je travaille : Joël, de notre service
comptabilité. »

Elle aura bien du mal à ne pas prononcer son prénom en
tendant la main. Elle ajoutera probablement : « Ravie de
vous rencontrer, Joël. Moi, c’est Corinne. »

(Ne dites pas alors : « Corinne ? J’avais vraiment tout
faux ! »)

Bien sûr, Joël pourrait très bien vous démasquer en vous
prenant de vitesse : « Alors Étienne, tu ne me présentes
pas ? »

Converser pour mieux connaître l’autre


Pour mieux vous rappeler des personnes que vous rencontrez et aller
au-delà du souvenir d’un prénom ou de quelques traits distinctifs,
essayez de mieux les connaître. Une conversation est une excellente
occasion.

Même si nous commençons par échanger d’abord des civilités
lorsque nous rencontrons quelqu’un, j’espère que vous en profitez
pour découvrir votre interlocuteur en :

posant des questions ouvertes qui favorisent des réponses


détaillées ;
évitant les questions fermées pour lesquelles la réponse
comprend souvent un seul mot ;
utilisant chaque réponse comme un indice potentiel sur sa
personnalité et un motif pour poser d’autres questions.

Recherchez l’ouverture qui vous permettra d’aller au-delà des


civilités d’usage. Mais il se peut que la personne soit plus timide
que vous. Dans ce cas, c’est à vous d’enchaîner et de profiter d’un
indice pour saisir la balle au bond et poser une question pertinente.

Ces indices peuvent être très discrets, mais considérez-les comme
des failles dans son système de défense. Elle vous signale qu’elle
serait d’accord pour aller au-delà des propos aimables et parler de sa
vie.

Par exemple, si elle dit : « C’est bien que la pluie ait cessé. Comme
ça, j’ai pu amener mon fils à son match de foot. »

Vous pouvez choisir la facilité et répondre : « Ah oui, quel bonheur
de voir enfin le ciel bleu ! » Dans ce cas, vous laissez passer
l’occasion de mieux connaître et vous souvenir de cette personne.
Vous risquez aussi de lui donner l’impression qu’elle ne vous
intéresse pas.

Par contre, rien ne vous empêche de poursuivre en disant : « Oh,
vous avez un fils qui joue au football ? » Vous venez de poser une
question fermée. Maintenant, c’est évident qu’elle peut se contenter
d’un « Oui ». Cependant, si vous lui posez une question ouverte
telle que « Le football doit occuper une grande place dans sa vie »,
elle développera peut-être en disant : « En effet, il a 12 ans. » Il y a
des chances qu’elle en dise plus. Dans ce cas, vous serez en mesure
de vous souvenir d’elle comme de la mère d’un footballeur de 12
ans. La prochaine fois que vous la verrez, vous pourrez dire :
« Alors, les résultats de l’équipe sont bons ? »

Cela fait toujours plaisir de voir que l‘on s’intéresse à vous et


que l’on a retenu autre chose que votre nom. Mémoriser l’histoire
d’une personne donne de celle-ci une image plus concrète et facile à
se remémorer.

Apprendre l’histoire d’un individu est bien plus compliqué que dans
l’exemple ci-dessus de la femme qui a un fils footballeur. La vie
ressemble à un oignon, avec des couches qu’il faut enlever.

Pour peler cet « oignon humain », vous devez habilement respecter
les convenances et gérer les éventuelles hésitations de part et
d’autre. Considérez la réponse la plus courte comme une occasion à
saisir pour en savoir plus. Lorsque la femme de l’exemple précédent
indique qu’elle a un fils âgé de 12 ans, vous pouvez essayer d’ôter
une couche supplémentaire de son histoire. Demandez-lui par
exemple : « Alors, les résultats de l’équipe sont bons ? Il adore
jouer ? »

En répondant à la question sur les résultats, elle révélera
probablement un élément nouveau tel que « C’est notre premier »
ou « Mon mari va souvent au stade voir les matchs ». Quelle que
soit sa réponse, l’occasion vous est donnée d’en savoir plus sur elle
et donc d’en faire un être humain mémorable.

Retrouver l’histoire qui va avec un visage familier


Vous avez sûrement déjà dû croiser une personne que vous
connaissez, dont vous avez même peut-être le nom en tête, mais
dont l’histoire vous échappe. Vous ne savez plus qui elle est
vraiment. Vous êtes là, impuissant, à ne plus savoir qui se cache
derrière ce visage et ce nom familiers.

Vous vous demandez peut-être comment vous pouvez vous souvenir
du visage et du nom d’une personne, mais de rien d’autre de sa vie.
Vous avez peut-être codé le souvenir de son visage et de son nom
sans les associer à un signal qui vous rappellerait un élément de sa
vie.

Vous ne voulez pas faire d’impair et dire : « Je suis désolé Sarah. Je
sais que nous nous connaissons parce que je connais votre prénom,
mais il m’est impossible de me souvenir d’autre chose sur vous. » Il
va donc vous falloir batailler ferme pour retrouver qui est cette
mystérieuse Sarah.

Vous devez trouver un moyen pour qu’elle vous dise qui elle est
sans montrer que vous n’en avez aucune idée. Il faut lui poser des
questions qui lui donneront l’impression que vous souhaitez savoir
ce qu’elle devient. (En fait, vous souhaitez vraiment le savoir, mais
c’est bien plus compliqué qu’elle ne le pense, à cause de votre trou
de mémoire.)

Posez des questions ouvertes et génériques. Elles demandent des


réponses développées qui vous permettront d’en savoir plus sur
l’identité réelle de la personne. Ses réponses vous permettront de
vous rafraîchir la mémoire en recherchant les signaux et les
associations.

Par exemple, vous pouvez lui demander : « Alors, comment ça
va ? » Mais cette question fermée ne pourrait entraîner comme
réponse qu’un simple « Très bien » vous permettant difficilement
d’enchaîner.
Les questions fermées peuvent arrêter net une conversation.
Évitez-les si vous souhaitez que la conversation soit riche et animée.
(L’ironie de la chose, c’est que la question « Comment ça va ? »
pourrait être une question ouverte. Mais on s’attend la plupart du
temps à un « Bien. Et vous ? » et non à une réponse développée.
Dans ce cas, c’est une question fermée, parfaite lorsque vous croisez
quelqu’un dans la rue, mais pas pour essayer d’entamer une
conversation digne de ce nom.)

Il vous faut une question susceptible de générer une réponse plus


riche en informations. Des questions ouvertes telles que « Alors,
qu’est-ce que tu deviens ? » suscitent une réponse qui vous donnera
matière à poursuivre.

Préférez les questions ouvertes aux questions fermées, car elles
alimentent la conversation et vous donnent un moyen de lever
lentement le voile sur l’existence de la personne dont vous devez
vous souvenir.

En posant une question ouverte, il y a de fortes chances qu’elle vous
donne au passage, à travers ce qu’elle a fait dernièrement, des
indices sur son identité qui vous permettront de faire le lien. Si elle
dit « J’ai pris un café avec Jacques », le prénom Jacques pourrait
faire ressurgir dans votre esprit tout un tas de souvenirs.

Si sa réponse n’offre toujours aucun lien satisfaisant, posez des
questions à partir de ses réponses, du style : « Oh, ça doit être
amusant. Tu as réussi à trouver du temps pour le faire ? »

Espérons qu’elle ne répondra pas : « Tu parles ! Je suis au chômage
et célibataire. Du temps, j’en ai à revendre ! » Le signal donné aurait
alors tout de la gifle.

Vous aurez peut-être de la veine et récolterez un indice sur son
travail ou sa famille qui vous permettra de faire remonter un
souvenir. Enfin, comme lors de l’épluchage d’un oignon, vous
finirez par parvenir jusqu’à son identité (l’avantage, c’est que cela
ne vous fera pas pleurer). Elle croira que ses réponses vous
intéressent vraiment, mais ne se doutera jamais avoir eu une
conversation chaleureuse avec un individu ayant oublié qui elle
était.

Mes vingt-cinq ans de pratique dans l’univers de la santé mentale


m’ont permis de rencontrer des milliers de personnes. En outre,
comme mon métier consiste à découvrir les histoires de mes patients
avant de pouvoir leur venir en aide, cela fait des tonnes d’histoires à
retenir. J’avoue que parfois, pendant les premières minutes d’une
séance, je ne sais plus qui est assis devant moi. Dans ce cas, je lui
pose quelques questions et hop, ça me revient. Il me faut juste
quelques indices et commentaires sur la mère ou le mari de la
personne et toute son histoire réapparaît, comme si je venais de
trouver la clé d’un mystère.

Cette technique présente l’avantage de fonctionner aussi dans un
environnement professionnel. Vous rencontrez probablement sans
arrêt des personnes et avez peut-être des difficultés à retenir en
détail la vie de clients, collègues et connaissances.

Même si la vision d’ensemble ne vous revient pas


immédiatement, ne baissez pas les bras. Posez des questions
enchaînées, à savoir des questions qui sont inspirées de la réponse
précédente. Par exemple :

Avec mon mari, nous avons passé un superbe week-end à


Cabourg. »
Chouette ! Vous avez finalement trouvé le temps ? »
Nous avons réussi à laisser les gosses chez les parents de
Jérôme. »
Ah ! Vous disposez maintenant de deux indices :

son mari s’appelle Jérôme ;


ils ont des enfants.

Si ces deux indices ne font toujours pas ressurgir de souvenirs, vous


pouvez utiliser ses réponses comme une base pour poser d’autres
questions ouvertes.

Et que devient Jérôme ? »

Lorsque cette personne vous parle de la période de stress traversée


par Jérôme au bureau ou des récitals et des matchs joués par les
enfants, vous disposerez peut-être des éléments nécessaires pour
avoir une vision d’ensemble du personnage. Vous vous souvenez
maintenant que Sarah et Jérôme ont récemment quitté Limoges,
lorsque Jérôme a été embauché dans une société informatique
parisienne, et que tout baignait pour eux jusqu’à l’apparition de
problèmes d’argent.

Saisir l’importance de la personne


Vous vous souvenez plus facilement des informations que vous
trouvez pertinentes et importantes. Ce principe vaut aussi pour les
personnes. Vous vous souviendrez bien mieux d’une personne
intéressante ou ayant une place importante dans votre vie que d’un
individu en marge de votre existence ou d’une personne
inintéressante.

Méfiez-vous de l‘importance et de l’intérêt accordés à une


personne que vous découvrez. Vous pensez ne jamais la revoir et ne
prendrez peut-être pas la peine de vous intéresser à elle. Mais si
vous la croisez par la suite et êtes incapable de la reconnaître, cela
pourrait vous coûter un marché ou une promotion, sans parler d’une
gêne considérable. En fait, cette personne était importante mais vous
ne le saviez pas.

ou développer de l’intérêt pour une personne qui vous semble


complètement quelconque. Trouvez quelque chose, quitte à aller
puiser très loin, pour établir le lien avec la personne que vous
rencontrez. Même si vous créez de toutes pièces cet intérêt, vous
verrez votre mémoire des personnes s’améliorer.

Partager des souvenirs : chacun sa vision des choses


Le souvenir que vous avez d’une personne peut complètement
différer de celui que j’en ai car nous sommes tous uniques, avec nos
propres intérêts, sensibilité et façon de nous exprimer. En d’autres
termes, il existe des divergences énormes dans les souvenirs que
nous avons d’une même personne.

La façon dont nous percevons l’autre influe grandement sur le
souvenir que nous en gardons. Alors, quand votre conjoint ou ami
essaie de vous faire repenser à un individu que vous avez rencontré
tous les deux, les signaux qu’il envoie pour vous rafraîchir la
mémoire sont peut-être pertinents pour lui mais pas pour vous.

Par exemple, il dira : « Tu te rappelles de ce type odieux qui
n’arrêtait pas de parler à la soirée ? » Vous ne voyez pas du tout de
qui il parle et le regardez l’air perplexe.

Frustré, il poursuit : « Mais si ! Ce type qui te parlait de plongée
sous-marine à l’oreille. »

Vous le remettez immédiatement. Il n’était pas du tout odieux et
même charmant. Vous éclatez de rire en vous rendant compte
pourquoi vous avez une opinion si différente sur cette personne.
Vous dites alors : « Tu n’as aucune raison d’être jaloux. Il me
racontait simplement les moments super qu’il a passés avec sa
femme à faire de la plongée à Belize. »

Il arrive que vous et une autre personne ayez un souvenir identique
d’une tierce personne. Généralement, ces signaux mémoriels
communs concernent des caractéristiques évidentes. Vous vous
souvenez tous deux que la personne était grande et élancée ou petite
et grassouillette. Mais si vous essayez de repenser à sa personnalité,
c’est là que les divergences apparaissent.

Lorsque vous essayez, avec une autre personne, de vous souvenir


d’un individu que vous avez rencontré tous les deux, essayez de
citer des caractéristiques concrètes, telles que l’apparence physique.
Mettez plutôt de côté la personnalité car chacun tend à l’interpréter
à sa façon, à moins que la personne dont vous essayez de vous
souvenir ne présente un trait vraiment flagrant.

Ranger les gens dans des cases


Depuis quarante ans, affubler les gens de stéréotypes est
politiquement incorrect. Cela dit, nous nous souvenons tous des
autres grâce aux catégories dans lesquelles nous les plaçons.

Vous avez peut-être organisé vos perceptions d’autrui en grandes
catégories : gentil, méchant, arrogant, timide, etc. Ce classement
simpliste vous permet de vous préparer à la prochaine rencontre
avec ces gens-là.

Par exemple, vous avez fini par estimer que Jean-Claude avait
beaucoup de méchanceté en lui. S’il vous sollicite pour un service,
vous allez être sur la défensive. Vous craindrez qu’il ne se venge si
vous ne parvenez pas à satisfaire sa demande.

Ranger les gens dans des catégories peut vous permettre de faire
des associations qui vous aideront à vous souvenir d’eux dans le
futur. Essayez par exemple les catégories suivantes :

la profession ;
les passe-temps ;
les fréquentations ;
le lieu de vacances ;
le lieu de résidence.

Quand vous rencontrez ou entrez en contact avec des personnes,


demandez-leur leur profession. Essayez de les imaginer au travail
afin d’avoir une idée d’une facette de leur existence.

La plupart des gens passent le plus clair de leur temps à s’adapter à
leur profession. Par exemple, je suis psychologue et j’aurais été une
personne radicalement différente si j’étais devenu avocat comme le
souhaitait ma famille.

Blague à part, je ne remets pas en cause la qualité des avocats.
Vous-même êtes façonné par les exigences et la culture propres à
votre métier. Par conséquent, quand vous vous remémorez un
individu à travers sa profession, c’est bien cette personne qui vous
revient à l’esprit et non un quelconque stéréotype.

Ce lien vous permet non seulement de vous souvenir d’une
personne, mais vous donne également de la matière pour engager la
conversation avec elle lors de votre prochaine rencontre.

Par exemple, si vous avez un greffier en face de vous, vous pouvez
lui demander : « Ça se passe bien au tribunal ? »

Il vous répondra peut-être : « Oh, nous avons eu une affaire
épouvantable la semaine dernière. »

Certains disent qu’ils ne vivent que pour les week-ends et les
vacances. Pendant ces périodes de repos, vos passe-temps trahissent
vos centres d’intérêt et vos centres d’intérêt révèlent qui vous êtes.

Ainsi, lorsque vous découvrez la passion de quelqu’un, il ne s’agit
pas d’une information sans intérêt, mais d’une partie de l’identité de
la personne.

Supposons que vous rencontriez Jennifer lors d’une réception. Au
cours de votre très brève conversation, elle indique qu’elle est
courtepointière. Elle appartient à des groupes et a même fait partie
d’associations nationales de courtepointes. Vous vous souviendrez
qu’elle est dans l’artisanat. La prochaine fois que vous la verrez,
vous pourrez lui poser des questions sur les courtepointes.

Quelle que soit la méthode choise pour vous souvenir d’une


personne, veillez à ce qu’elle soit infaillible. Autrement dit, assurez-
vous qu’elle est durable et efficace dans une multitude de
conditions. Plus vous utiliserez de variantes et de perspectives, plus
votre mémoire des gens sera souple et polyvalente.

Des voitures qui en disent long


Nous vivons dans une société de plus en plus mobile. Beaucoup de
familles ont plusieurs voitures. Vous en avez probablement une, tout
comme la plupart de vos connaissances. Si vous vivez en région
parisienne, vous êtes entouré d’autoroutes et de voies rapides, sur
lesquelles circulent des voitures avec trop souvent une seule
personne à bord qui considère son véhicule comme une véritable
extension de sa personne.

Même si, comme moi, vous ne vivez pas dans ce genre
d’environnement, vous avez probablement remarqué que les gens
conduisent des voitures qui vont bien avec leur personnalité. Un
vrai écologiste n’a pas un 4x4. Vous ne verrez pas le PDG d’une
multinationale au volant d’une Coccinelle, ni un menuisier rouler en
voiture de sport (à moins qu’il ne pique celle de sa femme pour faire
une virée).

Lorsque vous associez une personne à son véhicule, son souvenir
peut vous revenir rien qu’en cherchant une place dans un parking.
Et, le fait de voir une voiture du même type peut faire ressurgir chez
vous d’autres souvenirs la concernant, que vous pourrez utiliser lors
de votre prochaine rencontre.

Associez un élément à la voiture que possède la personne dont


vous espérez vous souvenir en :

faisant rimer le prénom de la personne avec le nom de sa


voiture ;
associant le style de véhicule à la personnalité de l’individu ;
reliant la couleur de la voiture à l’humeur qui est la vôtre
après avoir parlé avec son propriétaire.

Lorsque vous faites rimer le prénom de la personne avec sa voiture,


mettez-y un peu de fantaisie. Par exemple, la Clio coquelicot de
Chloé.

Si vous rencontrez un certain Michaël qui conduit une voiture de
sport, recherchez un trait de sa personnalité qui se marie bien avec
sa voiture. Il se peut que vous découvriez sa passion pour le rugby.
Le lien devient donc : la sportive de Michaël.

Vous rencontrez André et remarquez qu’il a un coupé noir. Il
semble être quelqu’un de renfermé et triste. Vous pouvez vous dire
que le sombre André conduit une voiture de couleur sombre.

Essayez de vous décrire en fonction de la voiture que vous
possédez. Vous serez peut-être surpris du résultat. Je ne sais pas
pourquoi, mais Honda Accord blafarde ne me réjouit guère me
concernant. Mais certains trouvent peut-être que c’est plutôt
parlant…

Retenir l’ordre hiérarchique


Nombre d’entreprises ont tellement d’employés qu’il est difficile de
s’y retrouver. Se souvenir des personnes que vous rencontrez peut
favoriser votre ascension, mais les oublier peut vous faire stagner.

Outre les différentes techniques décrites plus haut dans ce chapitre
pour se souvenir des noms, des visages et des histoires, vous aurez
peut-être également besoin de retenir l’ordre hiérarchique. Il ne
s’agit pas de noter les employés rencontrés au sein de l’entreprise,
mais de vous servir d’une sorte d’organigramme.

Les grandes entreprises regorgent de toutes sortes de personnalités.
Votre mission est de placer les individus que vous rencontrez sur les
différents niveaux de la pyramide de l’entreprise. En retenant
conjointement la personne et son poste, vous apprendrez également
l’organisation de la société.

Lorsque vous rencontrez un employé, trouvez un signe distinctif


dans son nom ou son apparence et associez-le à son titre ou à sa
fonction.

Par exemple, vous faites la connaissance d’Aimé au goûter de
l’arbre de Noël. Vous apprenez qu’il vient d’être embauché comme
assistant au sein du service comptabilité et qu’il fait l’unanimité de
par sa gentillesse. Vous vous souviendrez de lui comme de
l’aimable Aimé.

Vous rencontrez ensuite Victor, l’un des douze vice-présidents.
D’un côté, vous pouvez vous souvenir de lui comme étant Vic le
vice-président. Mais, en l’observant, vous remarquez qu’il fume
cigarette sur cigarette d’une main et qu’il se cramponne à son verre
de whisky de l’autre. Ce sera donc Vic et ses vices.

Faire le lien pendant les réunions


Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais, personnellement,
j’assiste à beaucoup de réunions, des grandes, des moyennes, des
petites, ennuyeuses ou passionnantes. J’en anime certaines et en
subis d’autres. Il est parfois sacrément dur de tenir tout le monde.

J’anime régulièrement la réunion des directeurs de formation de
vingt centres médicaux de Californie du Nord. Ma mission est de
tout superviser et de prendre des décisions en connaissance de cause
en matière de budgets et de programmes. Mais, pour faire un travail
de qualité, il faut une bonne organisation.

Gérer et se souvenir de vingt personnes n’est pas une tâche
insurmontable, mais parfois, certains sont absents, en congé,
d’autres viennent accompagnés de leur adjoint, des personnes sont
remplacées. Bref, il y a parfois du mouvement. J’ai la chance que
tous les participants soient sympathiques et enthousiastes à l’idée de
mener à bien notre mission commune. Il est donc plus facile de se
souvenir d’eux. Parfois, une réunion s’apparente au jeu des chaises
musicales. Je dois me souvenir de tous les acteurs et des participants
aux différents programmes. Vous avez peut-être déjà dû relever ce
défi ou bien vous participez régulièrement à des réunions.

Pour vous rappeler des gens que vous voyez aux réunions,
essayez ceci :

prêtez bien attention aux présentations ;


associez la personne à un de ses rôles en dehors de la
réunion ;
ayez des contacts suivis.

Souvent, les grandes réunions commencent par un tour de table.


Chaque participant se présente en indiquant sa fonction ou son site
de rattachement. Ce moment est source d’anxiété car peu de
personnes aiment être sous les feux de la rampe. Néanmoins, votre
tâche est de repérer les personnes que vous ne connaissez pas en
inscrivant leur nom et leur lieu de travail ou en vous les répétant
(bien entendu, pas à voix haute !). Ensuite, pendant la pause ou
après la réunion, prenez contact individuellement en disant quelque
chose comme : « Alors Cyril, vous travaillez donc dans le service
fabrication de l’usine de Toulouse. »

Cette relation vous offre un autre angle de codage en mémoire de
cette personne. Vous devez associer Cyril à autre chose que le
contexte de la réunion. Vous pouvez par exemple l’interroger sur la
ville où il vit, en lui demandant : « Vous vous plaisez à Toulouse ? »
Il pourrait répondre : « Eh bien, nous venons du Cantal et nous
n’avons pas l’habitude des grandes villes. » En pensant à Cyril, vous
vous souviendrez non seulement qu’il habite Toulouse mais aussi
qu’il n’a pas l’habitude de vivre en ville.

Vous ne reverrez peut-être pas les personnes que vous avez
rencontrées aujourd’hui avant la prochaine réunion. Les souvenirs
que vous avez d’elles pourraient mettre un peu de temps à vous
revenir à l’esprit. Cependant, si vous faites un suivi régulier après la
première réunion, vous disposerez de solides souvenirs.

Par exemple, si vous savez qu’une collègue doit emménager à
Toulouse, vous pourrez appeler Cyril pour établir le contact avec
elle. Lorsque vous reverrez Cyril dans plusieurs mois lors de la
réunion suivante, vous pourrez lui demander : « Et comment va
Isabelle ? »

La clé, c’est de bâtir un souvenir solide de cette personne grâce aux
informations récupérées hors réunion. Alors, la prochaine fois que
vous redouterez d’aller à une réunion, rappelez-vous toutes les
personnes intéressantes que vous allez revoir et dont vous allez vous
souvenir.

Se souvenir de toutes les sortes d’individus


Taille, corpulence, couleur, mode de vie, toutes sortes de personnes
vivent sur notre planète. Quand vous essayez de vous souvenir de
certains individus, tenez compte de cette diversité.

J’ai fait partie pendant plus de vingt ans de comités qui traitaient de
la diversité. C’est la grande diversité de points de vue chez des
personnes différentes de par l’ethnie, la race, la religion et les
préférences sexuelles qui constituent la richesse de notre société.
J’ai donc visité plus de quarante pays, avec la soif de découvrir
d’autres cultures, et je suis même allé jusqu’à retourner au moins
une fois dans la moitié de ces pays.

Lorsque je rencontre des personnes d’un univers différent du mien,


j’essaie de découvrir comment leur expérience les a façonnées. Cela
fait bien sûr partie de mon travail et je ne peux les aider sans faire
cet effort de compréhension, mais cela facilite la mémorisation de
leur identité.

Vous aussi pouvez vous rappeler plus clairement des personnes que
vous rencontrez en explorant leur parcours et leurs origines. Vous
procédez peut-être déjà ainsi en vous basant sur la race et les
préférences sexuelles.

Mais les grandes catégories ne suffisent pas. La Californie, par


exemple, est maintenant à plus de 50 % « de couleur ». Pour cet
État, il est pratiquement inutile de ne tabler que sur la race pour se
souvenir des personnes, et largement insuffisant pour recueillir les
informations de base les concernant. En fait, les références aux
origines (africaines, latinos, asiatiques) sont trop larges et donc
insuffisamment distinctives pour caractériser un souvenir.

Lorsque vous rencontrez des personnes originaires d’Afrique,


d’Amérique latine, d’Asie ou des Blancs, vous devez déceler les
différences entre ces individus au sein même de ces grandes
catégories. Ainsi, vous exploiterez leurs caractéristiques
personnelles et vous parviendrez mieux à vous souvenir d’eux.
Recherchez donc la diversité au sein de la diversité.

Essayez de chercher :

ce qui distingue les personnes que vous rencontrez d’autres


individus du même groupe ethnique ;
comment elles sont considérées par les autres personnes de
même race ou du même groupe ethnique ;
comment elles se considèrent en tant que membres de ces
groupes, par rapport à votre groupe.

Lorsque vous rencontrez une personne d’un certain groupe ethnique


ou race, voyez en quoi elle diffère physiquement des autres
membres de son groupe que vous connaissez.

Supposons que vous rencontriez Yoshi. Vous remarquez qu’il est un
peu plus grand que la plupart des hommes japonais. Vous vous
souviendrez de lui grâce à sa taille.

Vous faites la connaissance de Diane, d’origine africaine, et
constatez que sa peau est particulièrement claire. Vous vous
demandez alors comment elle est perçue par les autres membres de
son groupe ethnique.

Vous rencontrez Carlos au café du coin. Il semble très gentil. Mais
vous êtes frappé par sa timidité. Pendant votre conversation, trois
hommes latinos entrent dans le café. Carlos les salue avec
exubérance, montrant là une personnalité totalement différente.
Vous vous souviendrez de lui à son comportement avec les
membres de son groupe ethnique, à l’opposé de celui qu’il a avec
vous.

Les moyens de vous souvenir des gens sont infinis si vous vous
attachez à la diversité au sein de la diversité. Mobilisez votre
sensibilité et vous vous souviendrez bien mieux des personnes.
Chapitre 12

Graver dans sa mémoire les dates et


séries de chiffres importantes

Dans ce chapitre :
Apprendre à se souvenir des dates d’anniversaire
Savoir comment retenir les dates historiques
Découvrir comment ne jamais oublier un rendez-vous
Acquérir des méthodes pour se rappeler des événements
récurrents
Plonger dans des séries de chiffres telles que les numéros de
téléphone et les codes confidentiels

L’un des problèmes de mémoire les plus courants est l’oubli des
dates : les anniversaires, les rendez-vous de toutes sortes et ces
codes confidentiels qui vous empoisonnent la vie.

À l’instar de beaucoup de gens, vous oubliez peut-être des dates car
elles comportent des chiffres. Ne vous inquiétez pas ! Se souvenir
des dates et des chaînes, numériques ou non, est plus facile que vous
ne le pensez. Comme pour les informations telles que le nom ou le
visage d’une personne, vous pouvez employer des techniques pour
mieux retenir les dates et les grands nombres. Dans ce chapitre,
vous allez découvrir des astuces pour toujours avoir les dates et
chiffres importants à portée de neurone.
Travailler sa technique
Si vous avez besoin d’aide pour mémoriser les longues séries de
chiffres telles que les numéros de téléphone ou votre numéro de
Sécurité sociale, passez vos numéros à l’ACR :

Agrégation
Crochet
Rime

Il existe plusieurs méthodes pour coder la date et l’heure de vos


rendez-vous :

associer la date à une chose importante pour vous ;


utiliser des rimes ;
associer la date aux saisons, jours fériés ou vacances ;
associer la date à une récompense.

Vous pouvez également employer des procédés mnémotechniques


pour vous aider à vous rappeler des informations. Les mnémoniques
sont des déclencheurs de souvenirs utilisés depuis des milliers
d’années. (Vous saurez tout ou presque sur les mnémoniques en
lisant le chapitre 5.) N’importe laquelle des mnémoniques suivantes
vous permettra de vous souvenir d’un rendez-vous ou d’un
anniversaire :

Crochet : cette technique consiste à associer la date ou


l’événement à une lettre ou à un chiffre.
Lieu : le lieu sert d’indice pour votre rendez-vous.
Histoire : cette technique consiste à vous raconter une
histoire pour vous souvenir du rendez-vous.

Fêter ces jours de la plus haute importance


Vous n’oubliez probablement jamais votre anniversaire mais parfois
celui d’autres personnes qui espèrent que votre mémoire ne vous
trahira pas. Votre conjoint considère peut-être un éventuel trou de
mémoire comme le signe d’un amour évanoui.

Les anniversaires
La signification des anniversaires diffère d’une personne à l’autre.
Vous, vos amis, vos proches avez peut-être chacun une perception
personnelle de l’événement : pour votre fille de 6 ans, son
anniversaire est synonyme de fête et d’une montagne de cadeaux.

Vos parents ou grands-parents vieillissants (ou même peut-être
vous !) pensent peut-être plus à la mort le jour de leur anniversaire.
Votre grand-mère, qui fête ses 93 ans, pourra se demander combien
de fois elle soufflera encore ses bougies. (Voir l’encadré intitulé
« Anniversaires : l’heure de faire un point sur sa Vie », plus loin
dans ce chapitre.)

Se souvenir de son propre anniversaire n’est pas sorcier. Pour ce qui
est de celui des autres, c’est une autre histoire. La difficulté est en
partie due à la quantité de dates à retenir. Pour celui de vos proches
amis et des membres de votre famille, vous connaissez certainement
le mois mais butez peut-être sur le jour.

Les oublis peuvent coûter très cher, surtout s’ils concernent un
proche. Un certain froid pourrait s’installer dans votre relation, la
personne en question pouvant se demander si elle est vraiment
importante à vos yeux.

Il existe différentes façons de se souvenir des anniversaires :

relier la date d’anniversaire à un trait physique ou de


personnalité ;
faire rimer la date avec une référence à la personne ;
associer l’anniversaire à des événements saisonniers annuels ;
utiliser un lieu comme indice ;
raconter une histoire concernant l’événement.

S’attacher à la personnalité ou utiliser une rime


Lorsque vous associez l’anniversaire de quelqu’un à un événement
saisonnier, reliez une caractéristique de cette personne à la saison
correspondante. Par exemple, l’anniversaire de votre ami Christian
est à l’automne. Vous réfléchissez à sa personnalité et décidez de
relier son caractère volage aux feuilles mortes qui volent en
automne. Lorsque l’automne arrive, avec ses feuilles marron, cela
vous rappelle qu’il prendra un an de plus à la fin du mois d’octobre.

Vous pouvez faire rimer la date d‘anniversaire d’une personne


avec son prénom. Par exemple, si Cécile est née le 2 avril, faites une
phrase du genre « Nous fêterons Cécile le 2 avril ».

Établir un rapport avec un événement saisonnier


Il faut parfois se creuser les méninges pour trouver une association
entre un événement et l’anniversaire d’une personne. Certains
événements, tels que les vacances, sont d’excellents repères car ils
se produisent chaque année. Mais que faites-vous si le lien entre la
date et les vacances est tiré par les cheveux ? Établissez un lien
entre la personne et les vacances, ce qui peut s’avérer amusant.

Anniversaires : l’heure de faire un


point sur sa Vie
Un bon ami à moi, qui vient de prendre 60 ans, m’a dit
qu’il avait fait un bilan de sa vie, de ses succès et regrets.
Avec deux autres amis, nous sommes sortis dîner après une
difficile randonnée de 16 kilomètres dans le Point Reyes
National Seashore, en Californie. Le fait de se souvenir
ainsi de son anniversaire l’a incité à nous rappeler les
autres randonnées qu’il avait faites avec nous, dont
l’Escalante Canyon dans l’Utah, le Lost Coast en
Californie du Nord et le Grand Canyon. Il a évoqué la mort
et ses souvenirs, centrés sur l’amitié, l’espoir de faire
d’autres randonnées et son combat contre le cancer.

Par exemple, disons que Guillaume est né le 31 octobre. Vous savez


que le 31, c’est également Halloween. Cependant, quand vous
pensez à votre ami Guillaume, il est impossible de l’associer
immédiatement à Halloween car c’est l’un des individus les moins
sérieux que vous connaissiez.

L’heure est maintenant venue de prendre l’image diamétralement
opposée à celle de Guillaume. Ce dernier est tellement modeste,
portant toujours des vêtements très communs, imaginez-le en train
de faire le contraire. Halloween devient alors un indice paradoxal
pour l’anniversaire de Guillaume. Dans votre esprit, il revêt son
costume d’anniversaire/d’Halloween de la personne la plus
« normale » que vous n’ayez jamais rencontrée.

Bien entendu, Guillaume pourrait vous surprendre un jour et venir à
votre fête d’Halloween avec un accoutrement extravagant et bizarre.
Vous ne le reconnaîtrez pas. Alors, quand vous dites regretter que
Guillaume n’ait pas eu le courage de venir à cette fête organisée en
son honneur en vous adressant à l’un des invités déguisés, assurez-
vous qu’il ne s’agit pas de… Guillaume.

Utiliser la technique des lieux


Les orateurs ou les acteurs se servent généralement de la technique
des lieux (qui consiste à associer des informations importantes à des
emplacements) pour retenir leur texte.
Les lieux peuvent vous servir à vous souvenir d’une date importante
telle que l’anniversaire de votre conjoint. (La technique des lieux est
expliquée au chapitre 5).

Par exemple, en allant au bureau le mois précédant la date de


l’anniversaire, fabriquez-vous des repères sur le chemin afin de
pouvoir vous souvenir de la date :
1. L’anniversaire de votre conjoint tombe en novembre. Dans
la plupart des régions tempérées de l’hémisphère Nord, les
arbres à feuilles caduques perdent celles-ci en novembre. Votre
indice sera donc les arbres nus que vous voyez en bordure de
route.
2. Sur la route nationale, vous passez devant quatre granges.
Vous décidez de prendre chaque jour comme repère ces granges
après avoir remarqué les arbres dénudés. Les quatre granges
vous indiquent que son anniversaire est le 4 novembre.
3. Vous voulez également penser à lui acheter un cadeau
d’anniversaire. Sur le trajet, vous voyez autant de panneaux
d’affichage que d’arbres. Vous mettez de côté votre
traditionnelle répugnance pour le matérialisme outrancier de
notre société capitaliste et réfléchissez un instant à une idée de
cadeau. Dans ce cas, vous pouvez utiliser la présence de ces
panneaux comme un signal paradoxal : vous voulez garder à
l’esprit que vous désirez lui acheter quelque chose de plus
significatif qu’un article branché tel qu’une veste de cuir noir.
Bien entendu, avec les années, vous serez peut-être obligé de
modifier vos indices géographiques car les quatre granges
pourraient être démolies pour laisser place à six cents pavillons. Les
panneaux pourraient supporter des slogans politiques ou des
messages agressifs. Dans ce cas, votre colère pourrait vous distraire
au point d’oublier l’anniversaire de votre conjoint et faire plutôt
campagne pour le candidat à la communication la moins agressive.

Créer des liens à l’aide d’histoires


Inventer une histoire pour vous souvenir d’un anniversaire peut
s’avérer difficile mais toujours potentiellement utile. Votre mission
est de bâtir une histoire qui vous rappellera l’événement.
vous pouvez par exemple associer les indices géographique
utilisés avec votre procédé mnémotechnique des lieux. En passant
devant les arbres qui prennent leurs lumineuses couleurs d’automne
vers la fin octobre, remémorez-vous les moments hauts en couleur
que vous avez vécus tous les deux depuis que vous vous connaissez.
Ajoutez chaque jour une nouvelle histoire.

Quand vous passez la troisième grange, pensez au fait que la
quatrième (ou le 4 novembre) n’est plus très loin. Ensuite, en voyant
les feuilles tomber, racontez-vous une histoire sur la façon dont
l’harmonie de votre couple pourrait s’envoler si jamais vous
oubliiez l’anniversaire de votre trésor.

Les anniversaires ne se limitent pas aux dates de naissance. Il peut
s’agir de fêter toutes sortes d’événements remarquables : le jour où
vous avez été embauché, la mort de votre animal de compagnie
adoré ou le jour de votre mariage (qui correspond à l’exemple utilisé
dans cette section). Si vous êtes marié, vous devez chaque année
penser à la date anniversaire. Un oubli en la matière peut être source
de beaucoup de peine.

Pour être certain de vous souvenir de la date, vous devez


structurer l’anniversaire dans votre perception de l’année. À l’instar
de Noël, de Hanoukka ou du ramadan, c’est un moment de
vénération. Bien que non associé à la religion, l’anniversaire de
mariage est un jour souvenir, symbole de votre engagement l’un
envers l’autre.

Si vous vivez en Europe, il est difficile d’oublier Noël car la société
s’en fait constamment l’écho à mesure que la période des fêtes
approche. Les publicités à la télévision et les actualités vous
préviennent que si vous ne participez pas à la frénésie des achats de
cadeaux, « vous allez avoir des ennuis avec ceux que vous aimez ».

Il n’existe pas de tels pense-bêtes pour les anniversaires de mariage.
Vous pouvez tout au moins annoter le calendrier. Même si la date
est surlignée sur le calendrier, vous n’avez peut-être pas l’habitude
de consulter souvent ce dernier. Si vous ne le regardez que pour
vérifier les rendez-vous que vous avez le jour même, et non vous
projeter dans les jours ou semaines qui suivent, vous ne serez
absolument pas en mesure d’organiser une petite fête.

Se baser sur la saison ne suffira pas à vous aider à garder la date
fatidique en mémoire. Il vous faut une mnémonique ou un indice
d’ordre général pour vous souvenir du mois et du jour.

Pour vous souvenir de votre anniversaire de mariage, vous avez


deux objectifs : 1) vous rappeler de la date et 2) vous souvenir que
la date approche afin de pouvoir organiser les festivités.

Échafauder un plan et l’ancrer dans sa mémoire


Se souvenir de l’anniversaire le jour même est certainement mieux
que de l’oublier complètement. Au bureau, vous démarrez votre
journée, regardez le calendrier et remarquez la date. Vous vous dites
alors : « Tiens, aujourd’hui c’est notre anniversaire de mariage ! J’ai
intérêt à acheter des fleurs ou un cadeau. » Vu la journée très
chargée qui vous attend (vous avez deux réunions, un déjeuner de
travail et un rapport à boucler), vous allez sans doute opter pour la
rose enveloppée dans du papier Cellophane achetée à la station-
service. (Heu… vous aimez recevoir un accueil glacial ?)

Par contre, si vous vous en souvenez à l’avance, vous pourrez
organiser quelque chose. Vous pourriez dire à votre conjoint : « Tu
sais que notre anniversaire de mariage est la semaine prochaine. Ça
te dirait un week-end en amoureux ? »

Associez votre anniversaire à un événement qui sort de


l’ordinaire :
partir en week-end ;
aller dans ce restaurant chic réservé aux occasions
particulières ;
donner les enfants à garder aux beaux-parents ;
vous acheter l’un à l’autre un cadeau qui vous paraîtrait
extravagant en temps normal.

Vous pouvez utiliser la méthode des crochets (voir chapitre 5) pour


vous rappeler de penser à organiser une soirée pour fêter votre
anniversaire de mariage. Formez une phrase composée de la
première lettre d’un mot que vous lisez ou employez souvent.

Admettons que vous souhaitiez utiliser le mot toast pour vous
souvenir du jour. Si votre anniversaire est le 3 octobre, cela
donnera :

Trois
Octobre
Anniversaire
Soirée
Tania

Le terme TOAST est constitué à l’aide de la première lettre de ces


mots. Chaque matin à l’automne, pensez à prendre un toast beurré.
C’est une autre façon de penser à fêter l’événement. Vous pourriez
bien prendre ce toast en pleine figure si vous oubliez d’organiser
une petite soirée.

Je vous présente mon associé…


Pendant des années, j’ai eu beaucoup de mal à me souvenir de la
date d’anniversaire de notre mariage. Je savais que c’était en mars,
mais impossible de retenir le jour. Était-ce le 29, le 30 ou le 31 ?
Chaque année, je demandais à ma femme : « C’était quel jour
déjà ? »

Elle répondait : « Le 31 ! Pourquoi diable n’arrives-tu pas à t’en
souvenir ? »

La raison était que je n’avais pas encore développé d’association
entre le 31 et une chose rappelant le mariage. J’ai alors décidé de
prendre le 1 de 31 comme ancre. C’était et c’est toujours mon
premier et unique mariage. Cette association me permet depuis de
me souvenir chaque année de cette date.

J’arrivais sans problème à me souvenir du mois de mars (March en
anglais). Si j’avais eu des difficultés, j’aurais peut-être utilisé le mot
« marche » comme indice et me serais référé à la « marche
nuptiale ».

Pour notre voyage de noces, nous avons choisi de faire de la
plongée sur la Grande Barrière de corail, en Australie. Je pouvais
également associer la date d’anniversaire à une image : marcher vers
une barrière mais, au lieu de nous retrouver face à un obstacle, nous
plongeons et trouvons un magnifique kaléidoscope de coraux et de
faune sous-marine.

Des mnémoniques à la rescousse


Ma femme semblait n’avoir aucune difficulté à se souvenir du 31.
Par contre, elle avait du mal à se rappeler de l’année. Elle demandait
toujours : « Ça nous fait combien d’années maintenant ? » Cela ne
traduisait pas un blocage mathématique chez elle, mais elle ne se
souvenait jamais de l’année, 1984. (Voir l’encadré intitulé « Les
anniversaires sont des choses sérieuses », plus loin dans ce
chapitre.)

En mars, à l’approche de notre anniversaire de mariage, j’étais en
pleine écriture de ce livre. Ma femme me demanda encore une fois :
« Ça nous fait combien d’années maintenant ? » Je lui ai suggéré
d’utiliser une rime comme mnémonique : « En 1984, nous nous
sommes mis un fil à la patte. »

Voilà donc l’exemple de deux personnes qui se souviennent d’un
seul morceau de la date d’anniversaire. Il y a des chances que vous
vous souveniez d’une partie du vôtre ou de celui d’amis proches ou
de membres de la famille. Il vous faut boucler la boucle et retenir la
date complète. Prenez comme base la partie dont vous vous
souvenez.

Complétez le tout en procédant comme suit :


1. Prenez la partie dont vous vous souvenez et faites une
association avec la partie que vous ne parvenez pas à mémoriser.
2. Faites une association entre la partie dont vous ne vous
souvenez pas et le mariage proprement dit.
3. Reliez les deux parties à l’aide d’une image comique mais
persistante.

Les anniversaires sont des choses


sérieuses
Vous ne savez pas forcément comment une personne,
même très proche, procède pour se souvenir d’événements.
Je pensais que ma femme se souvenait mieux que moi du
31 mars parce qu’elle retient mieux les détails, comme elle
se plaît à me le rappeler souvent. Elle me fait également
remarquer que je suis plus attaché à la « vision
d’ensemble » qu’aux détails. Je croyais donc qu’elle avait
le 31 bien ancré dans son esprit grâce à son goût pour les
détails, et moi 1984 en raison de ma soi-disant vision
globale. Mais, en fait, j’étais à côté de la plaque. Je lui ai
demandé comment elle faisait pour se souvenir du 31. Elle
m’a répondu que c’était grâce à notre décision de ne
surtout pas organiser notre mariage le lendemain, le 1er
avril.

Je lui ai répondu : « Mais, ce n’est pas ton seul point de
repère ? »

Elle a répondu : « Tu ne te souviens pas que nous avions
dit que ce serait une mauvaise blague de nous marier le 1er
avril ? »

J’avais oublié cette histoire de poisson.

Créer des rimes pour retenir les dates historiques

De nombreuses personnes ont des difficultés à retenir les dates


historiques car ce sont des séries de chiffres. Elles n’attirent pas
votre attention ou n’ont pas forcément de sens pour vous, ou si elles
en ont un, c’est le lien avec l’année qui ne vous fait pas tilt.

Inventez des rimes pour les dates historiques. La rime choisie sera
plus utile si :

elle est facile à retenir ;


elle relie l’événement aux mots de la rime ;
elle est courte et va à l’essentiel.

Beaucoup de gens ont du mal à se souvenir d’une date si on la leur


soumet sans autres points de repère. Les dates telles que 1643, 1791,
1821 et 1980 ne sont pas forcément parlantes livrées ainsi, mais
elles ont chacune une signification bien précise dans l’histoire :

1643 : accession au trône de France de Louis XIV


1791 : fuite de Louis XVI
1821 : mort de Napoléon
1980 : arrivée au pouvoir de Ronald Reagan
Voici par exemple des rimes pour mieux retenir la date et
l’événement associé :

1643 : En seize cent quarante-trois, Louis XIV est fait roi.


1791 : En dix-sept cent quatre-vingt-onze, Louis XVI
prend la fuite et fonce.
1821 : En dix-huit cent vingt et un, Napoléon s’éteint.
1980 : En dix-neuf cent quatre-vingt, Ronald Reagan
prend le destin des États-Unis en main.

La méthode des rimes peut servir pour des événements historiques


tels que les précédents ou pour des dates d’anniversaire.

Rendre ses rendez-vous remarquables


Vous avez peut-être du mal à vous souvenir des rendez-vous que
vous avez pris. Certains cabinets de dentiste ont l’habitude de ces
oublis et prennent donc les devants en vous appelant la veille du
rendez-vous pour vous rafraîchir la mémoire.

Bien entendu, il existe toujours des raisons inconscientes à ces


oublis. Les psychologues parlent de refoulement ou d’oubli motivé.
Quand l’un de mes patients se plaint d’un problème de mémoire qui
n’est pas d’ordre général, mais plutôt axé sur un événement ou un
problème tel qu’aller chez le dentiste, je l’aide à percevoir et à
éliminer les raisons de ses oublis. (Voir l’encadré intitulé « Freud
sur le refoulement », plus loin dans ce chapitre.)

Admettons que vous oubliiez plutôt rarement vos rendez-vous.
Mais, pour une raison qui vous échappe, vous loupez souvent votre
rendez-vous chez le dentiste. Vous avez peut-être déjà subi deux
fois une dévitalisation ? Et ce n’est vraiment pas votre tasse de thé.

Vous avez peut-être peur de devoir subir une autre dévitalisation.
L’ironie de la chose, c’est que si vous ne vous souvenez pas de
prendre soin de vos dents, il va vous falloir aller chez le dentiste
pour vous faire poser un dentier.

À l’instar de nombreuses personnes, vous estimez peut-être que seul
un agenda électronique peut vous aider à vous souvenir de vos
rendez-vous. Ces outils sont certes utiles… si vous n’oubliez pas de
vous en servir.

Vous vous êtes peut-être donné la peine de coder le rendez-vous
dans votre agenda et de consulter celui-ci le matin. Mais comment
pouvez-vous être sûr de vous en souvenir en fin d’après-midi ?
Vous avez fait un nœud à votre mouchoir ?

Suivez ces conseils pour vous rappeler d’un rendez-vous :

prévoyez de planifier votre journée en fonction de ce rendez-


vous ;
visualisez-vous en train d’honorer votre rendez-vous ;
faites des associations avec des indices bien précis ;
servez-vous de la date et de l’heure comme d’un code ;
utilisez une rime ou une ritournelle ;
mordez à l’hameçon.

S’or-ga-ni-ser !
Si vous planifiez votre journée à partir d’un rendez-vous, celui-ci
fera partie intégrante de votre journée. Par exemple, vous avez
rendez-vous chez le dentiste à 2 heures (14 heures) le mardi. Vous
êtes en congé et vous ne voulez pas que votre rendez-vous fiche en
l’air votre journée. Cela vous ennuie d’aller chez le dentiste un jour
de congé. Très agréable comme jour de repos !
Freud sur le refoulement
Il y a plus d’un siècle, Freud a attiré l’attention sur le
phénomène du refoulement. Il a choqué la société
victorienne avec l’une de ses découvertes : les tabous
sexuels de cette époque contribuaient à l’oubli inconscient
ou au refoulement de pensées, sentiments et souvenirs trop
gênants pour demeurer dans la conscience des gens.

Ce concept a aidé les théoriciens disciples de Freud à
comprendre la psychodynamique, dont la conver sion,
certains aspects des rêves et les lapsus linguae (parfois
appelés lapsus de Freud).

Le concept général de refoulement a également permis aux
gens de comprendre pourquoi ils oublient des choses, des
événements ou des rendez-vous, plus particulièrement
désagréables, tels qu’aller chez le dentiste pour se faire
dévitaliser une dent. Il convient alors de gérer ces peurs
pour ne plus oublier les rendez-vous.

Vous pouvez organiser votre journée en fonction du rendez-vous :


vous décidez de déjeuner, juste avant votre rendez-vous, avec votre
ami Bruno dans un restaurant situé dans le quartier de votre dentiste.
Vous envisagez également d’aller dans une librairie, dans le même
quartier, après votre rendez-vous. Vous évaluez à environ une heure
la durée de votre rendez-vous. Vous aurez ainsi largement le temps
de rentrer chez vous pour le dîner. Waouh ! Vous avez pris soin de
votre santé, passé du temps avec un ami et acheté des livres pour
nourrir votre cerveau. Pas mal pour un jour de congé, n’est-ce pas ?

Tout imaginer
Quand vous optez pour la technique de visualisation, essayez
d’imaginer une chose qui attire vraiment votre attention. Préférez
une image agréable à une chose redoutée.

Par exemple, l’image du dentiste en train de s’acharner sur votre
dent avec sa roulette ne correspond pas à un événement que vous
avez hâte de vivre. Vous auriez tendance à vouloir l’oublier.
Préférez plutôt l’image de votre arrivée sur le parking et de la vision
des rosiers fleuris juste à côté du cabinet. Vous êtes peut-être un
jardinier amateur qui sait que pour être si belles, ces roses sont
soignées par un paysagiste chevronné.

Le but est que la visualisation de votre arrivée sur les lieux de votre
rendez-vous suscite un intérêt chez vous. Si vous êtes impatient de
voir les rosiers, vous aurez une bonne raison de vous souvenir de
votre rendez-vous. L’image doit exciter votre intérêt.

Relier les signaux et indices

Utilisez la technique des associations pour pouvoir vous souvenir


de votre rendez-vous tout au long de la journée.

Admettons que vous décidiez de rechercher le « D » qui représente
le dentiste tout au long de la journée. Au volant de votre voiture,
vous remarquez tous les panneaux JC Decaux au bord de la route.
Vous voyez la direction de Dijon à un embranchement. Vous prenez
la rue Descartes avant d’arriver sur la place des Droits-de-l’Homme.

Au bureau, vous faites du tri dans vos papiers et décidez d’inscrire
« Détruire » sur les documents à passer à la déchiqueteuse. Votre
patron entre dans votre bureau et vous demande ce que vous faites.

Vous répondez : « Oh, Monsieur le Directeur, je détruis les
documents délicats concernant votre liaison avec Denise, la DRH. »

Il vous demande alors immédiatement de le rejoindre dans son
bureau. Vous lui expliquez que c’était de l’humour. Vous essayez
simplement de vous souvenir de votre rendez-vous chez le dentiste.
Il vous répond que la prochaine fois, vous descendrez directement
dans le bureau de la DRH avant de débarrasser le plancher.

Utiliser le codage numérique

La technique de codage du jour et de l’heure permet de vous


rappeler votre rendez-vous chez le dentiste. Dans notre exemple, il
est programmé le mardi à 2 heures de l’après-midi. Mais, vous
devez le coder pour vous en souvenir plus facilement.

Vous pouvez attribuer un numéro à chaque jour de la semaine,
comme ceci :

lundi 1 ;
mardi 2 ;
mercredi 3 ;
jeudi 4 ;
vendredi 5 ;
samedi 6 ;
dimanche 7.

Votre code comprendra donc un 2 pour le mardi et un autre 2 pour 2


heures. Cela donnera donc 2-2 ou 22 ou 214 si vous utilisez le
système des 24 heures.

Une ritournelle pour votre souvenir


Vous souhaitez peut-être utiliser une ritournelle pour mémoriser
votre rendez-vous chez le dentiste. Pour ce faire, prenez des mots
associés à votre rendez-vous :

Demain
Dentiste
Deux

Vous pouvez également relier ces trois mots en disant « demain,


dentiste à deux heures ». Vous pouvez également penser aux 3 D.

Envisager une consolidation positive du souvenir


Bon, admettons que vous ayez du mal à vous persuader d’utiliser
une technique de mémorisation pour honorer votre rendez-vous chez
le dentiste. Le fait est que si vous avez des raisons de l’oublier, vous
n’allez pas vous en souvenir. Votre motivation doit reposer sur la
peur.

Il est peut-être temps de vous faire un petit plaisir. Vous


souvenir du rendez-vous chez le dentiste doit être plus bénéfique et
agréable que le refoulement de la peur de futurs problèmes dentaires
plus graves. Récompensez votre courage.

Dites-vous que si vous allez à votre rendez-vous, vous allez acheter
cette paire de jumelles, de chaussures, ou quoi que ce soit dont vous
rêvez. Espérons que vous ne laisserez pas passer cette occasion.

Maîtriser les tâches récurrentes


Beaucoup de tâches dont vous devez vous souvenir sont à exécuter
régulièrement : faire la vidange de la voiture, changer la batterie,
passez les pneus avant à l’arrière, se faire détartrer les dents, etc.

Ce besoin de se souvenir d’événements récurrents est un véritable
défi dans votre vie déjà bien fournie. Se souvenir de faire des choses
que vous avez programmées est assez difficile, mais penser à
planifier quelque chose est encore une autre histoire.

Pour vous souvenir des événements récurrents :

imposez-vous un modèle ;
inventez une plaisanterie concernant la tâche en question ;
ancrez au moins une date concernant une chose facile à
retenir puis procédez à rebours.

Les programmes qui changent systématiquement respectent parfois


une certaine logique, mais pas toujours. Il est bien sûr beaucoup
plus facile de se souvenir du rendez-vous si la logique est fixe et
non fluctuante.

Par exemple, quand j’étais membre des comités de direction des
services de psychiatrie de deux centres médicaux, le programme de
réunions était établi. Elles avaient lieu le premier mardi de chaque
mois en alternance sur deux sites. Cette configuration nous
demandait non seulement de retenir la fréquence mensuelle mais
également le lieu. Souvent, au moins un des membres de l’équipe
oubliait de venir.

Certaines réunions cycliques telles que les nôtres comprennent un
cycle supplémentaire. Les participants venaient de deux centres
médicaux. Nous devions veiller à ce que ce ne soit pas toujours le
même groupe qui anime la réunion. Nous avons donc décidé de
programmer alternativement les réunions dans un centre, puis dans
l’autre. Étant déjà particulièrement enclins à oublier les réunions,
nous avons dû imposer un modèle que nous pourrions retenir.

Nous avons donc décidé que les mois pairs, la réunion se tiendrait à
Vacaville et les mois impairs à Vallejo. Travaillant à Vallejo, j’étais
dans le groupe impair et nous disions en plaisantant que nous
faisions parties du groupe spécialiste des impairs.

Gérer les horaires tournants ou les événements


cycliques
Il peut s’avérer difficile de mémoriser les différents cycles sans
l’aide de principes de fonctionnement. Les cycles sont encore plus
compliqués quand il faut se souvenir des rotations au rythme non
mensuel.

Les événements cycliques existent dans le monde du travail, à
l’école et même chez le dentiste. Il peut s’agir d’horaires tournants
consistant à travailler six jours de suite avant de bénéficier de trois
jours de repos consécutifs. Vous devez alors constamment modifier
les projets familiaux et reprogrammer les événements qui entrent en
conflit avec votre calendrier professionnel. Mais si vous étudiez
consciencieusement celui-ci, votre frustration a des chances de bien
diminuer.

Les cycles tels que la vidange tous les 5 000 kilomètres vous
obligent à vous souvenir du kilométrage affiché par le compteur lors
de la dernière intervention, puis d’ajouter 5 000 pour avoir une idée
du prochain passage chez le garagiste, d’où l’utilité de consigner le
kilométrage sur le carnet d’entretien.

Pour ne pas oublier la séance de détartrage tous les six mois chez le
dentiste, vous devez retenir la date et parvenir à vous en souvenir
avant qu’elle ne soit passée. Certains cabinets vous rafraîchissent la
mémoire par courrier quelques jours avant votre rendez-vous.

Pour se souvenir de tous ces types d’événements cycliques, il faut
avoir recours à des signaux :

utiliser des supports externes ;


ordonner les rendez-vous ;
utiliser des mnémoniques.

Se mettre sur la voie grâce à des supports externes

Le moyen le plus simple et peut-êtres le plus efficace de se


souvenir des jours et heures d’horaires tournants ou d’événements
cycliques est de s’appuyer sur un support externe. Même si vous
essayez de retenir de tête des rendez-vous comprenant des dates
fluctuantes, je vous conseille d’employer un support externe pour
vous couvrir.

Il peut s’agir :

de pense-bêtes ;
de calendriers muraux ;
de vous envoyer des messages de rappel comme le font
certains cabinets dentaires.

Rechercher un ordre logique


Si vos événements cycliques sont basés sur un ordre logique ou un
modèle, vous vous en souviendrez plus facilement. Par exemple, vos
examens de santé annuels peuvent comprendre un bilan avec votre
généraliste, un examen de la prostate pour les hommes et un frottis
et/ou une mammographie pour les femmes. N’oubliez pas votre
examen dentaire tous les six mois et le contrôle de votre vue tous les
deux ans. Pourquoi ne pas programmer tous ces rendez-vous le
même mois ? Vous pourriez décréter qu’avril est votre mois de la
santé. Vous pouvez ensuite prendre un rendez-vous le vendredi
pendant trois semaines consécutives.

Vous pouvez en faire autant avec la révision de la voiture, du
système d’épuration des eaux, du puits, des extincteurs
automatiques à eau, etc. Choisissez un mois, que vous baptiserez le
mois des révisions, puis espacez les rendez-vous.

Des mnémoniques pour bien avoir tout en tête

Pourquoi ne pas associer quelques crochets à ce système


mensuel. Pour les révisions de vos appareils, choisissez par exemple
un mois dont la sonorité est proche de celle du mot maintenance :
mai.

Pour votre bilan de santé, vous pourriez choisir le mois de votre
anniversaire.

Si vous avez deux rendez-vous par an, chez le dentiste par exemple,
prenez septembre et programmez le suivant pile six mois plus tard.
Il y a douze mois dans une année, cela ne devrait pas poser de
problème.

Vous voilà avec vos rendez-vous de santé fixés le mois de votre
anniversaire. Vous devez maintenant trouver une association pour la
période de révision des appareils qui revient tous les six mois. Si
vous avez initialement choisi mai, cela vous amène à novembre.
Retenez que vous allez entretenir vos appareils avant l’hibernation
due aux grands froids.

Être ponctuel à son rendez-vous


Vous êtes peut-être comme ces milliers de personnes qui
parviennent à se souvenir d’un rendez-vous mais qui oublient le
temps qu’il faut pour se rendre sur place et arrivent donc
systématiquement en retard. Cela valait bien la peine de se souvenir
de l’heure du rendez-vous !
Une fois votre rendez-vous chez le dentiste fixé au mardi 14
heures et une des techniques de mémorisation décrites dans ce
chapitre adoptée, veillez à arriver à l’heure

en procédant comme suit :


prendre de la marge en fonction du temps de trajet ;
coder le jour et l’heure : 21 et demie.

Pour votre rendez-vous chez le dentiste du mardi à 2 heures de


l’après-midi, vous savez que vous avez une demi-heure de transport.
21 et demie. Le 2 représente le mardi et le 1 et demie, l’heure à
laquelle vous devez partir pour ne pas être en retard.

Se souvenir des séries de chiffres


Dates, anniversaires et rendez-vous sont parfois plus faciles à retenir
que les séries de chiffres car ils sont automatiquement associés à des
événements. Ces associations sont le prénom de la personne honorée
(ou de la personne avec qui vous avez rendez-vous) et le nom du
mois.

Vous n’avez pas ces repères avec les séries de chiffres telles que
les numéros de Sécurité sociale ou de téléphone. Ces numéros
appartiennent certes à des personnes, mais vous disposez de très peu
de liens pour faire le rapprochement.

Il en va de même avec un fléau qui a accompagné la déferlante des
appareils high-tech : les codes personnels. Il s’agit essentiellement
d’un mot de passe personnalisé dont la vertu est d’assurer votre
sécurité. Mais cette sécurité est souvent si renforcée qu’il vous est
impossible d’accéder à votre appareil si vous avez eu le malheur
d’oublier votre code. Ne vous faites quand même pas trop de souci.
De nombreux fournisseurs offrent à leurs clients un moyen de
changer leur mot de passe. (J’aborde la rotation des mots de passe et
des codes personnels, et la façon de supporter l’avalanche high-tech,
au chapitre 13.)

Laissez-moi vous donner un conseil très simple mais bizarrement


rarement suivi : n’oubliez pas, ce numéro secret est votre code
personnel. Ne le rendez pas plus compliqué et difficile à retenir qu’il
ne l’est. Imbriquez un mot personnel dans votre numéro ou
choisissez un nombre qui a une signification pour vous. Mais il ne
faut pas qu’il soit trop évident car les pirates informatiques
parviennent à accéder à toutes sortes d’informations personnelles
disponibles sur Internet. Utilisez par exemple la date d’anniversaire
de votre chien ou celle du mariage de vos beaux-parents.

Les numéros d’immatriculation des voitures sont difficiles à
mémoriser pour diverses raisons :

on vous demande rarement de les communiquer de tête ;


ils sont longs (notamment depuis l’apparition de la troisième
lettre pour certains départements) ;
ils associent des lettres et des chiffres.

Pour vous souvenir des numéros en général, utilisez les techniques


suivantes :

l’agrégation ;
les crochets ;
les rimes.

Agrégez-moi tout ça !
L’agrégation est utile lorsque la série de chiffres est longue. Cette
méthode consiste à diviser la chaîne numérique en plusieurs
morceaux plus faciles à mémoriser.

Les psychologues ont déterminé que la plupart des personnes


peuvent retenir en moyenne sept chiffres (entre cinq et neuf). C’est
en partie pour cette raison qu’aux États-Unis, les numéros de
téléphone comportent sept chiffres (sans compter l’indicatif
régional).

L’agrégation est donc très utile pour mieux se souvenir des


séries de chiffres. Par exemple, pour retenir le numéro de téléphone
08 10 90 09 00 (déjà divisé si vous avez remarqué), modifiez la
répartition des blocs de chiffres : 0 810 900 900. Cette technique est
très souvent employée pour les numéros verts de ce genre.

Accrochez-moi tout ça !

Attribuer des crochets aux chiffres peut sembler compliqué.


Commencez par associer une lettre à un chiffre, puis formez un mot
avec les lettres.
Commencez par constituer les couples lettre/chiffre suivants :
A – 1
B – 2
C – 3
D – 4
E – 5
F – 6
G – 7
H – 8
I – 9
J – 10
K – 11
L – 12
M – 13
N – 14
O – 15
P – 16
Q – 17
R – 18
S – 19
T – 20
U – 21
V – 22
W – 23
X – 24
Y – 25
Z – 0
Admettons que vous vouliez retenir le code 38120. Ce numéro
correspond au mot « chat ». Il vous suffit alors de penser à un chat.

Cette méthode demande un peu de réflexion car, parfois, vous


n’aurez pas assez de lettres et parfois trop. Il faut un peu de chance
pour que tout colle.

À quoi rime tout ça ?


Vous pouvez avoir recours à une rime pour retenir un numéro. Il
faut alors l’associer à ce qu’il représente. Par exemple, faisons
preuve de beaucoup d’imagination. Plusieurs personnes à l’origine
d’un complot doivent retenir le code d’un coffre contenant une
cassette mystérieuse qui fera éclater un scandale lorsqu’ils
décideront de la distribuer à tous les organes de presse. Les
comploteurs attendent une date bien précise pour décider de tout
révéler :

DÉ – 2
CI – 6
DE – 2
RONS – 0 (la forme du 0)
DIS – 10
TRI– 3 (tri comme trois)
BUER – 8
CA – 4
SSETTE – 7

Vous pouvez également utiliser la méthode de l’agrégation :


262.010.38.47.

Avec la technique de la rime, les associations sont parfois un peu
tirées par les cheveux mais peu importe. C’est votre numéro et votre
rime. Il y a toutes les chances que vous construisiez une meilleure
rime avec des numéros qui signifient vraiment quelque chose pour
vous.

Quelle que soit la technique employée pour vous souvenir de
nombres, d’anniversaires, de dates, de rendez-vous ou même de
numéros de téléphone, essayez de la personnaliser comme si c’était
votre code d’identification.

Les nombres et les dates ne sont pas très difficiles à retenir. Jusqu’à
présent, vous rencontriez des problèmes de mémorisation car vous
n’aviez pas encore développé de stratégie pour les coder en
mémoire.
Chapitre 13

Préserver sa mémoire dans un monde


trépidant

Dans ce chapitre :
Faire preuve de sérénité et d’organisation
Éviter le multitâche
S’appuyer sur des outils

La société moderne est envahie de téléphones cellulaires, courriels,


télécopies, bipeurs, visioconférences et messages instantanés via
votre ordinateur ou agenda électronique. Nous communiquons à
(très longue) distance dans cette « toile technologique ».

En plus, nous nous divertissons en vivant par procuration les
aventures diffusées au cinéma et la télévision. Nous nous retrouvons
dans des personnages fictifs créés par quelqu’un d’autre.

Si vous êtes attiré par le climat social moderne (qui ne l’est pas de
temps en temps ?), vos capacités mémorielles ne peuvent qu’être
soumises à rude épreuve dans votre vie de tous les jours. Comment
savoir sur quoi porter son attention, quoi retenir et donc, distinguer
la réalité de la fiction ?

Dans ce chapitre, vous allez découvrir des façons de survivre à la
tempête multimédia et technologique.
Rester organisé en pleine tempête
Notre société actuelle offre un choix immense d’activités auxquelles
les gens se sentent obligés de participer. Si vous ressentez cette
incitation, vous sacrifiez peut-être une partie de vos capacités
mémorielles.

Vous voulez des exemples ? Essayez de suivre la maman d’un
garçon qui joue au football. Elle part en trombe du stade pour
emmener sa progéniture à son cours de musique, puis chez le
dentiste avant de rentrer à la maison juste à temps pour préparer le
dîner, puis aider son rejeton à faire ses devoirs. À moins que ce ne
soit une supermaman, elle risque d’avoir oublié des choses en route.

Une existence remplie de soucis nuit à vos capacités mémorielles.

Il faut contrôler trois facteurs pour être capable de se souvenir


des choses en pleine tempête :

Le rythme : en passant à toute vitesse d’un événement à


l’autre, la qualité de votre investissement diminue. Vous êtes
comme une pierre qui fait des ricochets sur l’eau. Pour garder
un souvenir de ce que vous avez fait, ralentissez la cadence et
regardez où vous allez avant de repartir.
Les priorités : il s’agit de prendre les activités par ordre de
priorité et d’abandonner les éléments accessoires. Ainsi, vous
vous libérez du temps et pouvez approfondir les tâches les plus
prioritaires. Plus vous consacrez de temps à une activité, plus
son souvenir sera net et précis.
L’organisation : vous en savez déjà beaucoup sur
l’organisation, mais voici un éclairage nouveau : comprendre
comment bien tourner la page après une activité avant d’en
mener une autre, afin de conserver des souvenirs clairs.

Cela vous paraît peut-être beaucoup demander. Vous avez


l’impression de n’avoir qu’un seul choix : satisfaire toutes les
demandes qui vous tombent dessus. Mais, posez-vous la question
suivante : tenez-vous vraiment à altérer votre mémoire en pénétrant
dans ce tourbillon d’activités ? Les conséquences pour votre
mémoire sont à la hauteur de la vitesse hallucinante à laquelle vous
passez d’un événement à l’autre. Et la vitesse tue… votre mémoire.

Se fixer des priorités


Trop d’activités peuvent nuire à votre mémoire et entraîner une
dilution des souvenirs de chacun de vos projets ou engagements.

Si vous respectez une certaine organisation tout en ralentissant la


cadence, vous vous donnez plus de chances de vous rappeler de ce
que vous avez fait. Pour ce faire :

affectez un ordre de priorité à vos activités ;


supprimez les activités dont la priorité est la plus basse ;
consacrez plus de temps aux activités conservées ;
approfondissez ces activités préférées ;
adoptez une organisation cohérente dans vos activités.

Par exemple, supposons que vous soyez secrétaire d’une association


de parents d’élèves, membre du Rotary Club local, que vous
travailliez à plein-temps, que vous soyez marié, avec deux enfants
de 7 et 10 ans. Cela ne fait pas de doute, vous êtes très occupé et
vous risquez également de multiplier les oublis vu la manière dont
vous jonglez entre les activités.

La définition de priorités vous permet d’accorder toute l’attention
nécessaire à vos différents engagements. Voici un exemple d’ordre :

famille ;
travail ;
association de parents d’élèves ;
Rotary Club.

Si vous consacrez plus de temps à vos activités, vous vous


apercevez immédiatement qu’il faut prendre des mesures adéquates,
abandonner l’une d’elles. Vous décidez d’arrêter le Rotary Club,
activité la moins prioritaire. Vous vous rendez également compte
qu’il est possible que vous arrêtiez vos fonctions de secrétaire de
l’association de parents d’élèves à la fin de l’année. Vous ne serez
plus qu’un simple membre.

Ces décisions vont vous permettre de disposer de plus de temps et
d’énergie pour votre famille et votre travail. Votre famille reste la
chose la plus importante, suivie de votre travail. Votre
investissement sera maintenant de meilleure qualité.

Organiser le souvenir des priorités


Tout ce que vous faites entre dans un certain contexte, un ensemble
de circonstances liées, qui confère à l’activité signification et
pertinence. Par exemple, quand vous vous souvenez de la mission
que vous a donnée votre patron hier, le contexte comprend le projet
sur lequel vous travaillez déjà, les objectifs de celui-ci, les
personnes impliquées, le lien entre le projet et l’entreprise, etc.

Si vous commencez par travailler sur un projet puis basculez sur un
autre, quand vous revenez au premier, vous devez vous rafraîchir la
mémoire pour bien vous imprégner de son contexte.

Vos capacités mémorielles suivront le mouvement lorsque vous


passez d’un projet à l’autre si :

vous quittez complètement un contexte avant de vous plonger


dans un autre ;
vous considérez globalement le nouveau projet en
réfléchissant à toutes les questions associées et aux personnes
concernées ;
vous parlez à une personne impliquée.

Vous avez besoin d’une limite et d’une transition entre les deux
projets pour exploiter pleinement vos souvenirs liés au contexte. Les
souvenirs que vous avez du premier projet ne conviennent
certainement pas au second. Ce laps de temps entre les deux projets
vous permet de faire le vide avant de vous concentrer sur la nouvelle
tâche. Allez aux toilettes ou buvez un verre d’eau pour vous reposer,
puis revenez à votre bureau. Vous êtes maintenant prêt à vous
attaquer à la tâche suivante.

Parler à une personne participant au même projet va vous aider à
vous rafraîchir la mémoire et vous remettre dans une disposition
d’esprit pour faire remonter les souvenirs. En fait, cet interlocuteur
fait partie du contexte du projet.

En veillant à avoir une vie organisée et à établir un rythme qui vous


convient, vous vous investissez plus à fond dans les activités que
vous jugez prioritaires. L’amélioration de la qualité de votre
mémoire suit celle de votre investissement dans chaque activité.

Contrer les dangers du multitâche


Vous faites peut-être partie de ces millions de personnes qui
jonglent avec plusieurs tâches à la fois :

téléphoner tout en envoyant des courriels ;


lire tout en regardant la télévision ;
pendant une réunion, rédiger une note sur un tout autre sujet ;
appeler ou répondre à un appel tout en conduisant.

On appelle multitâche ce genre d’acrobaties parce que vous faites


plusieurs choses à la fois. C’est désormais un mode de
fonctionnement normal dans notre société.

Si vous êtes fier de pouvoir faire du multitâche, vous devriez vous


inquiéter des répercussions sur votre mémoire. Des recherches
récentes ont démontré que le partage de l’attention nuit à la
mémoire. Bien que vous et moi soyons peut-être capables de penser
à tout et de supporter de lourdes charges de travail, la consistance de
nos souvenirs diminue à mesure que nous nous consacrons à des
activités nécessitant une plus grande concentration.

Imaginez-vous à votre travail en pleine réunion, à court de temps car
trop de personnes réclament en même temps votre attention. Par
deux fois, vous vous levez pour répondre au téléphone. Une fois de
retour en réunion, vous décidez qu’il vaudrait mieux rédiger une
note à l’attention des membres de votre équipe.

D’une oreille, vous entendez le directeur de l’entreprise qui parle
d’augmenter la productivité des employés. De l’autre, vous écoutez
deux de vos collègues chefs de service qui racontent le dernier potin
sur la prétendue liaison entre le directeur et Delphine, son assistante.

Vous pensez qu’il vaudrait mieux que vous rédigiez votre note avant
la fin de la réunion car deux visioconférences vous attendent juste
après et vous devez répondre à des courriels avant de passer
plusieurs coups de fil.

Vous rédigez votre note sur votre ordinateur portable. Après la
réunion, vous donnez la disquette à votre secrétaire, lui demandez
d’imprimer le document et de le déposer dans la case de chaque
membre de l’équipe.

Après avoir assisté à vos deux visioconférences, le directeur vous
convoque d’urgence dans son bureau. Vous le rejoignez et là, il
vous lance un regard furieux. Il vous tend votre note, sur laquelle
vous pouvez lire « Delphine et le directeur se désirent ».

Vous prendre ainsi votre note en pleine figure devrait vous suffire à
voir le multitâche d’un autre œil. Mais, pour l’abandonner,
n’attendez pas de subir une telle humiliation. Vos erreurs de
mémoire à cause du multitâche sont sans doute bien moins graves,
au point même de passer inaperçues tant vous êtes occupé à faire
plusieurs choses à la fois.

La multitâche affecte vos capacités mémorielles. Chaque tâche


exécutée puise dans votre énergie mentale. Voilà pourquoi le
multitâche engendre la distraction. Vous n’êtes pas complètement à
ce que vous faites lorsque vous passez sans arrêt d’une tâche à
l’autre. D’une certaine manière, vous êtes absent.

À vrai dire, votre faculté de prêter attention à plusieurs choses à la
fois a ses limites. À chaque nouvelle tâche, vous essayez de tout
mener de front, réduisant ainsi l’intensité de votre investissement
dans chacune de ces tâches. Ainsi, même si vous parvenez à mener à
bien une tâche, il se peut que vous ne vous souveniez plus comment
vous avez procédé.

Vous allez me demander : « La solution consiste-t-elle à éviter le
multitâche ? » La réponse est claire : oui. Mais vous estimez peut-
être n’avoir parfois pas le choix. Détrompez-vous. Certes, il peut
arriver que vous deviez jongler avec plusieurs choses, mais moins
souvent que vous ne le pensez. Votre défi consiste à distinguer les
fois où le multitâche est incontournable des moments où vous
pouvez faire autrement.

Même quand vous ne pouvez y échapper, vous devez pouvoir garder
des souvenirs d’une tâche avant de passer à une autre. Vous pouvez
opérer cette transition avec succès en changeant de rythme. Il est
certain que le simple fait de ralentir la cadence ne suffit pas. Il faut
procéder à une vraie coupure. Remontez régulièrement à la surface
pour respirer.

Considérez cette pause comme l’occasion de vous souvenir de ce
que vous venez de terminer. C’est le moment d’intégrer cette tâche à
toutes celles déjà accomplies pour un même projet. Cela vous
permet ainsi d’avoir une vision d’ensemble de la place de chaque
tâche.

L’absence de pauses est source d’erreurs. Vous pourriez même


recommencer la même tâche parce que vous avez oublié l’avoir déjà
exécutée ou faire quelque chose de complètement inutile.

Faites une pause et souvenez-vous de ce que vous avez fait :

faites quelques pas dehors ;


allez dans la cuisine ou à la cafétéria prendre une boisson ;
prenez des notes sur la tâche accomplie ;
dites à un collègue, à votre supérieur ou à un ami ce que vous
venez de faire.

En suivant l’un de ces conseils (ou les quatre), vous orientez votre
attention sur la tâche suivante après vous être accordé un instant
pour vous remémorer ce que vous venez de faire.

Vous pouvez même prendre des pauses très courtes, de quelques


secondes, pendant l’exécution d’une tâche. Essayez l’une des
techniques suivantes (ou les trois) pour bien délimiter les tâches
avec lesquelles vous jonglez :

si vous êtes assis, levez-vous et étirez-vous ;


inspirez plusieurs fois profondément pour ralentir votre
rythme cardiaque ;
chassez de votre esprit quelques instants toutes les tâches sur
lesquelles vous travaillez ainsi que celles qui sont terminées.

Échapper au cirque médiatique


Les films et les émissions de télévision auxquels vous êtes exposé
font de plus en plus la part belle au sensationnel car les producteurs
jugent que vous êtes trop amorphe pour prêter attention. Les films
comprennent parfois une multitude de collisions de voitures,
d’explosions de bombes et de meurtres.

Dans ce monde trépidant et médiatisé à outrance, vous avez


peut-être du mal à savoir sur quoi porter votre attention. Les
informations et événements de votre vie personnelle peuvent être
occultés par le bombardement de stimuli. La torpeur qui vous
envahit nuit alors à vos capacités mémorielles car vous êtes
incapable d’absorber les informations en raison du pilonnage en
règle subi.

Pour sortir de cette torpeur, il faut la considérer comme une


conséquence de cette stimulation excessive. Votre attention doit être
plus sélective.

Par exemple, ne vous sentez pas « obligé » de laisser allumés et
d’utiliser tous vos appareils high-tech (téléphone cellulaire, bipeur,
agenda électronique) tout au long de la journée, surtout quand vous
êtes supposé vous concentrer sur une tâche. Surveillez votre
exposition aux différents stimuli et votre implication dans notre
cirque médiatique.

Je ne prône pas un isolement total. Je vous conseille juste de vous
servir de tous ces gadgets et appareils modernes pour votre bien et
non pour vous épuiser. Si vous regardez la télévision, choisissez vos
programmes au lieu de rester devant l’écran en permanence. Utilisez
avec modération le téléphone mobile, le bipeur, la messagerie
électronique ou tout autre appareil high-tech.

Je me connecte à ma messagerie une fois par jour, je laisse mon


téléphone cellulaire allumé uniquement lorsque je reviens du travail
pour que ma famille puisse me joindre, et je ne porte mon bipeur
que lorsque je suis d’astreinte pour l’hôpital. Je choisis à l’avance
les programmes de télévision intéressants que je veux regarder. Si je
ne suivais pas tous ces principes, je souffrirais de problèmes de
mémoire car mon attention serait partagée, attaquée et amoindrie.

Se retrouver
Il est souvent trop facile d’oublier ses objectifs, ses passions et
même son intérêt personnel à cause du mercantilisme excessif qui
caractérise notre société actuelle.

Aux États-Unis, lorsque vous suivez les Jeux olympiques à la
télévision, vous voyez plus de publicités que d’épreuves tant le
bombardement commercial est important. En plus, l’aspect sportif
n’est guère séparable de l’aspect commercial car les gros plans
intimistes sur des athlètes ayant de l’or plein la tête se confondent
parfois avec les publicités dans lesquelles ces mêmes athlètes
vantent les mérites de leurs produits « préférés ».

Vous aussi vous allez aimer ces produits car dans votre vie, vous
n’avez également qu’un seul but : « être le premier ». Victime de
tout ce battage publicitaire, vous risquez d’être épuisé mentalement
et d’oublier vos propres goûts et centres d’intérêt.

Pour de nouveau savoir qui vous êtes vraiment et redécouvrir vos
passions, créez-vous des refuges qui vous permettront de vous
retrouver. C’est une mesure très facile à prendre.

Pour vous déconnecter du monde médiatique et même vous


isoler un peu des autres, essayez ceci :

faites de grandes balades dans des endroits où vous ne risquez


pas de rencontrer de connaissances et même, si possible, là où
vous avez des chances d’être tout seul ;
rendez-vous dans un parc et asseyez-vous pour sentir le soleil
qui vous chauffe le dos ;
allez dans votre jardin, asseyez-vous et faites le vide, sans
penser aux tâches à accomplir ni aux personnes à contacter ;
éloignez-vous pendant quelques heures du reste de la famille
pour vous détendre grâce à un bon bain.

Lors de ces « mini-vacances », l’essentiel est de vous retrouver et de


prendre du recul. Il est bien de se concentrer sur des objectifs, s’ils
s’inscrivent sur le long terme, par exemple vos aspirations, et non
les tâches professionnelles qui vous occupent toute la journée.

Ces pauses doivent vous donner l’occasion de faire le point sur les
choses vraiment importantes de votre vie et non sur celles que vous
percevez ainsi.

L’important est que vous coupiez le pilote automatique car, lorsqu’il
est enclenché, qui définit les paramètres de vol ? La société ? À
vous de reprendre les commandes afin de veiller à ne pas perdre
votre identité.

Se concentrer sur l’instant présent


Je souligne à plusieurs reprises dans ce livre l’importance de
l’attention dans le fonctionnement de la mémoire. Pour résumer, si
vous ne prêtez pas attention à ce que vous souhaitez retenir, vous en
oublierez la majeure partie.

Dans cette société ultramédiatique dominée par la publicité, on part
du principe que nous sommes incapables de soutenir longtemps
notre attention. Les scénarios de films et d’émissions sont de plus en
plus minces car les producteurs craignent que vous ne vous lassiez
et que vous ne quittiez la salle ou changiez de chaîne.

Vous allez me dire : « Comment diable affronter tous ces
changements sans perdre le fil ? » Vous faites peut-être partie de ces
rares personnes qui se mettent en rogne lorsque, dans un film, un
dialogue intense et sérieux est interrompu par des effets qui
traduisent la recherche du sensationnel (meurtre, accident de voiture
ou poursuite violente).

Vous allez devoir vous déconnecter périodiquement de la frénésie
ambiante, au moins pour regrouper les souvenirs de ce que vous
avez fait et des personnes que vous avez rencontrées pendant la
journée.

Vous pouvez également tirer parti d’une méthode vous


permettant d’accroître votre attention et d’être vraiment présent. Cet
état d’esprit est aux antipodes du multitâche. Vous pouvez le
baptiser « monotâche » car il s’agit d’être pleinement concentré sur
l’exécution d’une tâche. Au début, votre esprit vagabondera peut-
être mais, avec un peu d’entraînement, vous apprendrez à vous
concentrer plus facilement et à ne plus vous soucier des autres
tâches qui vous attendent.

Vous souhaiterez peut-être essayer la pleine conscience qui


pourrait vous aider à vous concentrer. Il s’agit d’une technique de
méditation que nous enseignons dans nos centres médicaux aux
personnes souhaitant découvrir la relaxation, à celles qui souffrent
de douleurs chroniques voire à celles souhaitant améliorer leur
qualité de vie.

Un excellent « effet secondaire » de la pleine conscience est
l’amélioration de la mémoire. Étant plus impliqué dans ce que vous
faites, vos souvenirs détaillés de la tâche sont bien meilleurs.

Avec la pleine conscience, vous êtes complètement absorbé par ce
que vous faites. Cette immersion totale qui mobilise votre attention
rend l’exécution de la tâche riche et agréable. Étant complètement
investi dans celle-ci, vous en retenez mieux le déroulement et les
composantes.

Pensez à la façon dont votre esprit vagabonde lorsque vous
accomplissez n’importe quelle tâche. Cela arrive à tout le monde, le
phénomène étant plus ou moins marqué. Vous pouvez rappeler à
l’ordre votre esprit rêveur grâce à l’utilisation de la technique de
pleine conscience.

Avec l’âge, nous avons tous tendance à créer des routines. Ce n’est
pas nécessairement une mauvaise chose tant que nous nous
réservons du temps pour vivre de nouvelles expériences et que nous
sommes bien concentrés sur l’exécution de chaque tâche.

Pensez à la vie d’un moine et comme chaque routine doit inciter à la
méditation. Son esprit n’est jamais distrait. Il vit pleinement chaque
expérience et ses souvenirs sont essentiels. Chacune de ses
expériences est ancrée dans l’instant présent puis remémorée ensuite
avec une grande clarté.

Si vous vous exercez à atteindre ce niveau de concentration (de
pleine conscience), vous allez non seulement améliorer la qualité
générale de votre expérience mais également mieux vous en
souvenir.

Voici une suggestion d’exercice : prenez un exemple très simple, le
lavage de votre voiture.

En mouillant la voiture avant de vous mettre à frotter, prêtez
attention à la puissance du jet et écoutez l’eau qui percute la
carrosserie. Remarquez les endroits où la saleté résiste malgré le jet
puissant. Puis, lorsque vous savonnez la voiture avec une éponge,
notez la différence de texture selon l’endroit traité. Ce n’est
qu’après avoir fait partir la saleté que la carrosserie retrouve son
aspect lisse.

Quand vous rentrez chez vous et que votre conjoint vous demande :
« T’as réussi à faire partir les deux taches coriaces qui restent
toujours ? », vous pouvez répondre : « Oui, je me souviens de ces
deux taches, j’en suis venu à bout. »

Si vous n’aviez pas entrepris le nettoyage de votre voiture en étant
parfaitement concentré, vous auriez sans doute eu l’esprit ailleurs au
bout d’un moment. Quand votre conjoint vous aurait demandé si
vous étiez parvenu à éliminer ces deux taches, vous auriez peut-être
répondu ne pas les avoir remarquées ou ne plus vous souvenir si
vous les aviez nettoyées. Mais vous étiez parfaitement à ce que vous
faisiez, au lieu de trouver la séance de lavage pénible et fastidieuse.

Mais je ne veux pas dire par là qu’il est « mal » de laisser son esprit
vagabonder. C’est parfaitement naturel. Par exemple, en voiture,
vous roulez et votre esprit est ailleurs. Il se peut que vous ne vous
soyez pas rendu compte d’avoir parcouru plusieurs kilomètres. Si
vous voulez vous souvenir du trajet, une excellente attention pourra
vous rendre service. Mais si vous n’en avez pas besoin, il n’y a pas
de mal à rêvasser.

La mémoire optimale
Plus vous êtes en phase avec ce que vous faites, mieux vous vous en
souviendrez par la suite. « OK », allez-vous me dire, mais
« comment je m’y prends ? » Ma réponse va peut-être vous sembler
ridicule tellement elle paraît impossible : il faut atteindre l’extase.

Mihaly Csikszentmihalyi (bon courage pour la prononciation !) a
parlé d’état de grâce (flow) pour décrire l’expérience consistant à ne
« faire qu’un » avec vos actes. Vous pénétrez au plus profond de
vous-même et devenez hermétique à toutes les distractions. En quoi
est-ce difficile ?

Vous pouvez considérer cette expérience comme une pleine
conscience avec une motivation maximale et jamais perturbée par
une éventuelle anxiété.

La motivation est donc un ingrédient vital de l’état de grâce. Vous
bénéficiez d’une énergie qui vous aide à rester concentré, car vous
êtes intéressé par ce que vous faites et vous vous investissez
totalement.

L’optimisme aide également. Le Dr Daniel Goldman, psychologue,
souligne que plusieurs facteurs « émotionnels » constituent ce qu’il
appelle l’intelligence émotionnelle, dont l’optimisme.

L’ambition est également bonne. Ambition et optimisme se
complètent et sont bénéfiques pour votre mémoire. (Le sens que je
donne au terme ambition n’a rien à voir avec le fait de devancer
autrui. Il s’agit d’exploiter au mieux son potentiel et de s’efforcer
d’atteindre ses objectifs personnels.)

Réunissez tous ces éléments (motivation, optimisme et ambition) et
vous ne serez pas loin de l’état de grâce, fin prêt à vous souvenir de
tous les détails d’une expérience importante, même dans un univers
trépidant.

Utiliser des supports externes pour aider sa mémoire


Même si vous faites tout votre possible pour améliorer votre
mémoire, utiliser des supports externes pour vous aider à vous
souvenir des choses n’est pas une honte. Cela ne signifie pas que
votre mémoire est défaillante. En fait, le monde est tellement
encombré d’informations sans intérêt que même une personne dotée
d’une supermémoire peut tirer parti de certains indices.

Parfois, vous n‘avez pas le temps d’utiliser une mnémonique. Vous


devez alors vous en remettre à des supports externes tels que ceux-
ci :

des listes de choses à faire ;


des notes personnelles ;
des Post-it ;
une énumération des points principaux d’un discours ;
des fiches ;
des agendas (papier et électronique) ;
des ordinateurs de poche ;
de bons vieux calendriers.
Nombre de ces supports externes, tels que les listes et les fiches
pour les discours, les cours et même les listes de courses,
comprennent un facteur temporel. Quand vous êtes dans le magasin
ou en classe, vous savez que c’est le moment de sortir votre liste ou
vos fiches.

Un livre à côté de la porte comme


aide-mémoire
Je ne sais pas vous, mais il m’arrive souvent de me
souvenir d’une chose à faire le lendemain, juste quand je
suis sur le point de m’endormir. Généralement, je me lève
et je mets tout ça par écrit. Comme ça, je n’ai pas à
craindre de tout oublier.

Parfois, je suis trop fatigué pour me lever et écrire un mot,
mais je parviens encore à me lever, certes péniblement,
pour caler un livre contre la porte. Je sais qu’il me faut un
support externe pour ne pas oublier le lendemain matin ce
à quoi je viens de peenser. Quand vous vous levez, vous
sortez de la chambre et vous vous demandez : « Qu’est-ce
qu’il fait là ce livre ? »

Vous vous rappelez alors que vous l’avez laissé là afin de
ne pas oublier quelque chose. C’est là que vous vous dites :
« Ah ouais ! Il faut que je pense à parler à Nicolas de ce
voyage à Marseille. »

L’un des incidents les plus connus est arrivé à l’ancien président
des États-Unis Bill Clinton, alors qu’il prononçait son discours sur
l’état de l’Union. Soudain, le prompteur est tombé en panne.
Pendant que ses assistants essayaient de le réparer, Clinton a pensé
qu’il ne pouvait attendre plus longtemps. À la stupéfaction de
presque toute l’assistance, il a terminé son discours de tête, sans
encombre, comme si le prompteur n’avait jamais cessé de
fonctionner. Moralité de l’histoire : ne comptez pas uniquement sur
les supports externes.

Les agendas et calendriers sont un excellent moyen de soulager la
mémoire pour les dates importantes. En les mettant régulièrement à
jour, vous avez la garantie de disposer de ces dates sur un support.
Mais vous devez vous appuyer régulièrement dessus.

J’ai toujours ma liste de choses à faire à portée de main. Mais je
dois constamment l’actualiser et veiller à l’utiliser judicieusement.
Je me sers maintenant de mon agenda électronique pour enregistrer
dates et programmes.

Si vous aimez les listes de choses à faire, essayez de n’en avoir


qu’une. Mais si vous en avez plusieurs, veillez à disposer d’une liste
principale actualisée en permanence.
Quatrième partie

La Partie des dix


« Je comprends que vous m’en vouliez de vous avoir donné une interrogation
surprise sur la mémoire, mais vous devez apprendre à pardonner et à oublier. »


Dans cette partie…

Un livre Pour les Nuls ne serait pas complet sans « La Partie des dix », riche de
références utiles et pratiques sur le sujet traité. Cette quatrième partie comprend
trois chapitres et traite par exemple les dix meilleurs moyens d’améliorer sa
mémoire. Vous trouverez également une liste de dix sites Web à bien retenir si
vous souhaitez consacrer encore plus de temps à votre mémoire.
Chapitre 14

Les dix meilleurs moyens d’améliorer


sa mémoire

Dans ce chapitre :
Avoir des habitudes saines
Utiliser diverses techniques pour donner un coup de fouet à sa
mémoire

Il existe une multitude de mesures à prendre pour améliorer sa


mémoire, mais aucun remède miracle ne vous fournira les capacités
mémorielles dont vous rêvez ou que vous pensez mériter. Divers
changements dans votre mode de vie s’imposent et vous devez
afficher l’envie de les entreprendre.

Dans ce chapitre, je vais vous donner dix mesures pour améliorer
votre mémoire. Mettez-les en application et vos souvenirs seront à
coup sûr plus riches.

Manger équilibré
Vous avez probablement déjà entendu ce vieil adage : « Dis-moi ce
que tu manges, je te dirai qui tu es. » Il faut du carburant (des
aliments) à votre cerveau pour fonctionner. Tout comme votre
voiture ne peut avancer le réservoir vide, ou plein d’un carburant
inadapté, votre cerveau ne peut fonctionner à son niveau optimal
sans une alimentation correcte.

Trois repas équilibrés par jour fournissent à votre cerveau le
carburant nécessaire pour satisfaire ses besoins : les ingrédients lui
permettant de fonctionner de manière optimale. Une bonne
alimentation est la base la plus élémentaire pour permettre à votre
cerveau de se souvenir.

Un repas équilibré comprend :

un glucide complexe ;
un fruit ou un légume ;
une protéine.

Quand vous mangez les bons produits, vous offrez à votre


organisme l’équilibre en acides aminés dont votre cerveau a besoin
pour fabriquer l’éventail idéal de neurotransmetteurs. Ces
neurotransmetteurs constituent la base de la chimie de votre cerveau
(voir chapitre 3).

Chaque neurotransmetteur vous permet de penser de façon à rendre
votre vie agréable et à disposer d’une bonne mémoire. Le
neurotransmetteur acétylcholine, par exemple, est essentiel pour la
formation des souvenirs.

Mais il est inutile de connaître toute la chimie et biologie cérébrale
pour prendre les bonnes mesures. Il suffit de suivre ce conseil très
simple : mangez (sainement) pour vous souvenir.

Un peu de relaxation pour le cerveau


Pour exploiter au mieux ses capacités mémorielles, un esprit calme
et alerte s’impose. Pour être prêt à se souvenir des choses, veillez à
avoir la bonne dose de :

sommeil ;
relaxation.

Si vous n’avez pas votre compte de sommeil et/ou relaxation, vous


ne parviendrez pas à être suffisamment attentif pour coder les
informations en mémoire (pour en savoir plus sur le sommeil et la
relaxation, rendez-vous au chapitre 4). L’attention est la porte
d’entrée qui donne sur la mémoire. Sans une attention de qualité,
cette porte ne s’ouvre pas en grand. Alors, détendez-vous et dormez
tout votre soûl.

L’exercice est bon pour la mémoire


Pour que votre corps fonctionne correctement, vous devez faire
régulièrement de l’exercice. Vos ancêtres très éloignés ne restaient
pas assis sur une chaise toute la journée comme des feignasses !
Bien sûr, avec tout notre confort moderne, il est bien plus facile que
jadis de rester à ne rien faire. Mais ce n’est pas une raison valable. Il
vous suffit de mettre l’activité physique à votre programme
quotidien.

En faisant de l’exercice, vous permettez aux organes de votre corps
et de votre cerveau de fonctionner à un niveau optimal. Vous faites
travailler votre système cardio-vasculaire et votre métabolisme et
améliorez l’apport en substances nutritives pour votre cerveau.

L’exercice vous aide également à bien dormir la nuit et réduire au
minimum le stress accumulé pendant la journée.

Pour résumer, l’exercice maintient votre corps en état de marche et
vous aide à conserver les idées claires, ce qui contribue à accroître
vos capacités mémorielles.

Prendre des suppléments diététiques


Diverses vitamines, minéraux et herbes peuvent aider votre cerveau
à disposer de la biochimie nécessaire pour activer la mémoire.

Mais ces suppléments ne sauraient remplacer une alimentation
saine. Veillez à toujours prendre trois repas équilibrés par jour et
considérez ces suppléments pour ce qu’ils sont, à savoir des
suppléments.

Gardez également à l’esprit que nous vivons dans une société qui
fait la part belle aux pilules en tout genre. Ne croyez pas que toutes
les pilules soi-disant bonnes pour la mémoire vous sont nécessaires.
Si vous prenez trop de suppléments et les associez à des
médicaments, vous risquez peut-être de vous créer d’autres
problèmes de santé. L’ironie de la chose c’est qu’il pourrait
notamment s’agir de problèmes de mémoire.

Si vous prenez des suppléments, suivez la maxime « qui peut le plus
peut le moins ». Moins vous en prenez, moins vous vous exposez à
des problèmes de santé.

Tenez-vous-en aux produits élémentaires. Ne prenez que ceux ayant
fait l’objet d’études approfondies, par exemple :

la vitamine C ;
la vitamine E ;
le calcium et le magnésium ;
les oméga 3.

Stimuler son esprit


Pour améliorer votre mémoire, vous devez faire fonctionner votre
esprit. À esprit paresseux, capacités mémorielles paresseuses.

Quel que soit votre âge, veillez à sans cesse vous lancer des défis.
Votre cerveau réagira non seulement en générant plus de
connexions neuronales (via l’arborisation dendritique), mais
également en accroissant votre niveau de vigilance et d’implication
dans votre environnement (les dendrites sont présentées au chapitre
3).

Si vous regardez trop la télévision, votre esprit s’éteint. De même, si
vous consacrez trop de temps à ruminer les mésaventures
quotidiennes sans importance dont vous êtes victime, non seulement
vous vous gâcherez la vie et celle de votre entourage, mais vous
mettrez également vos capacités mémorielles à rude épreuve, trop
préoccupé par des choses hors de propos.

Faites fonctionner votre intellect et vous conserverez des capacités
mémorielles au sommet de leur forme. Voici des exemples
d’activités à privilégier :

la lecture ;
les cours et les conférences ;
les voyages ;
les conversations et les débats stimulants.

Prêter attention à sa mémoire


Votre attention, s’il vous plaît ! Rappelez-vous de prêter attention
car il faut prêter attention pour se rappeler. L’attention est la porte
d’entrée qui donne sur la mémoire.

Si vous n’êtes pas attentif, vous ne pourrez transférer d’éléments de
la mémoire à court terme dans la mémoire à long terme. Lorsque je
soumets des tests psychologiques mesurant la mémoire à court
terme, j’analyse en même temps les facultés attentionnelles.

L’attention revêt une telle importance pour la mémoire que vous
devez faire tout votre possible pour l’améliorer. Ne sortez pas sans
elle, sous peine de ne plus savoir comment rentrer chez vous !

Rester organisé
L’organisation favorise le codage en mémoire des informations que
vous souhaitez retenir (le chapitre 8 vous en dit plus sur
l’importance de l’organisation). Être organisé ne signifie pas être
rigide, mais plutôt être capable de différencier vos expériences et de
les coder via des associations pertinentes.

Si vous n’êtes pas bien organisé, la pagaille régnera également dans
votre mémoire car vous ne saurez pas comment récupérer des
souvenirs et, pire, vous pourriez n’avoir aucun souvenir à faire
ressurgir.

Soyez organisé pour vous souvenir de vous souvenir !

Faire des associations et des liens


Votre cerveau comprend une multitude de systèmes qui offrent
divers moyens de coder des souvenirs. Si vous utilisez plusieurs de
ces systèmes pour coder les informations, chaque souvenir sera plus
riche et plus facile à retrouver.

Plus vous disposez de moyens de vous souvenir d’une chose, plus
vous avez de chances de vous en rappeler. Admettons que vous
vouliez vous souvenir d’une voiture. Cela sera d’autant plus simple
si vous notez son nom, sa forme, sa couleur et vos impressions au
volant.

Utiliser des aide-mémoire


Les aide-mémoire, tels que les mnémoniques, sont d’excellentes
astuces pour ne rien oublier. Voici trois mnémoniques utiles et
faciles à employer :

le système des crochets ;


le système des lieux ;
les histoires.
Le système des crochets consiste à associer une lettre ou un chiffre à
un mot que vous souhaitez retenir. Par exemple, en associant chaque
lettre de l’alphabet à un chiffre, vous pouvez retenir une série de
chiffres en vous souvenant des lettres disposées pour former un mot,
et vice versa.

Admettons que l’on vous appelle Deb et que vous souhaitiez choisir
un code personnel en l’associant à votre surnom. Si vous attribuez
un chiffre à chaque lettre en suivant l’ordre alphabétique, le code
sera 4 (D), 5 (E), 2 (B). Désormais, DEB sera 452 et vice versa.

Lorsque vous utilisez le système des lieux, vous suivez le principe le
plus important pour les agents immobiliers : L’EMPLACEMENT.
En codant un souvenir avec des lieux bien précis, vous parvenez à
vous rappeler du contenu d’un discours. Ensuite, lorsque vous
prononcez ce dernier, vous regardez les différents emplacements et
ce que vous avez à dire vous revient à l’esprit.

Quand vous regardez l’estrade, vous vous souvenez de la première
partie de votre discours. Les fenêtres sont liées à la deuxième partie
et la porte à la conclusion.

Une petite histoire peut vous permettre de relier des informations à
retenir. Ensuite, lorsque vous vous remémorez l’histoire, les
informations vous reviennent plus facilement.

Supposons que vous souhaitiez vous souvenir d’avertir vos
collègues de travail du prochain démarrage d’un projet afin qu’ils
puissent fournir leur réponse en temps et en heure. Pour être certain
d’y penser, vous vous racontez l’histoire d’un cow-boy qui dormit
trop longtemps. À son réveil, il découvrit que son bétail s’était
dispersé et il lui fallut deux jours pour rassembler toutes ses bêtes.
Pendant ce temps, les propriétaires d’un ranch voisin livrèrent une
commande de plusieurs têtes. Le cow-boy loupa ainsi la vente de
l’année.

Une petite histoire peut autant frapper les esprits qu’un cauchemar.
Garder la bonne attitude
Votre attitude n’affecte pas seulement votre vision de la vie mais
également la façon dont vous la gérez. Et cette gestion est très liée à
votre réflexion et à vos souvenirs.

Quand nous autres psychologues faisons passer des tests
d’intelligence (qui comprennent une évaluation de la mémoire),
nous ne mesurons pas seulement les capacités cognitives (pensée)
mais également la personnalité. Ces capacités cognitives influent
considérablement sur la perception du monde et la façon dont on se
souvient de ses expériences.

Les traits suivants peuvent avoir des répercussions sur vos capacités
mémorielles :

l’ambition ;
l’optimisme ;
la curiosité.

Ces caractéristiques d’une bonne attitude peuvent permettre de


conserver des capacités mémorielles optimales. En adoptant ces
principes, vous vous efforcerez avec acharnement d’atteindre vos
objectifs, ferez preuve de persévérance et d’ouverture d’esprit sur le
monde qui vous entoure.
Chapitre 15

Dix questions fréquentes sur la


mémoire

Dans ce chapitre :
Découvrir des idées fausses couramment véhiculées sur la
mémoire
Connaître les techniques vraiment efficaces d’amélioration de
la mémoire

Nous sommes tous intrigués par notre mémoire. Il s’agit d’une


faculté mystérieuse qui fonctionne parfois très bien, parfois moins
bien. Vous vous demandez peut-être pourquoi, comment et dans
quelles circonstances elle affiche divers « états de forme ».

Dans ce chapitre, vous allez découvrir quelques questions
fréquentes sur la mémoire et les réponses correspondantes.

En vieillissant, mes capacités mémorielles vont-elles se


détériorer ?
Pour faire court : pas nécessairement.

Pour développer un peu : oui, votre cerveau rétrécit avec l’âge. Mais
la diminution de sa taille n’aboutit pas forcément à une baisse de
mémoire. Si vous prenez soin de vous en vieillissant, votre mémoire
peut présenter de nouvelles caractéristiques agréables. Prendre soin
de soi signifie :

avoir une alimentation équilibrée ;


éviter l’alcool ;
faire de l’exercice ;
faire fonctionner son intellect ;
prendre des vitamines et des minéraux.

Si vous faites tout cela, vous pourrez rivaliser en termes de mémoire


avec une personne bien plus jeune qui ne suit pas ces conseils.
Alors, prenez soin de vous, pour le bien de votre mémoire.

Existe-t-il un remède miracle pour améliorer ma


mémoire ?
Non. Il existe de multiples façons d’améliorer sa mémoire, mais
aucune méthode ne peut mener à bien cette mission toute seule.
Oubliez la pilule miracle, le bouton magique ou le truc merveilleux
qui vous donnera une supermémoire.

À vrai dire, vous êtes un être humain complexe aux multiples
facettes en matière de mémoire. En associant plusieurs mesures,
vous serez bien plus à même de cultiver un large éventail de
capacités mémorielles.

Est-ce que mon cerveau stocke les souvenirs dans un


seul endroit ?
Non. Votre cerveau est doté de plusieurs systèmes qui œuvrent de
concert au codage de vos souvenirs. Certaines zones sont
spécialisées. Par exemple, votre hippocampe est chargé de transférer
les souvenirs de la mémoire à court terme vers la mémoire à long
terme.

Vos lobes occipitaux traitent les informations visuelles, vos lobes
temporaux les informations auditives, vos lobes pariétaux les
informations spatiales et vos lobes frontaux les informations liées
aux mouvements (le chapitre 3 traite le fonctionnement du cerveau).

Votre cerveau est l’organe le plus complexe au monde. Il est bien
trop compliqué de stocker tous vos souvenirs dans un seul endroit.
Veillez à prendre soin de votre cerveau et tirez parti de ses multiples
talents.

Je crois que je perds la mémoire. Ai-je une chance de la


retrouver ?
Votre mémoire ne se perd pas. Il s’agit d’un éventail de capacités
que vous pouvez apprendre à affiner.

Votre cerveau stocke les souvenirs en plusieurs endroits et vous
offre donc diverses capacités mémorielles et façons de coder les
informations. Plus vous codez un souvenir de diverses manières,
plus vous serez capable de vous le remémorer plus tard.

Par exemple, quand vous pensez à ce livre, vous pouvez vous
rappeler sa forme, sa couleur, son titre, le thème général, le détail
des informations présentées, etc. (J’espère surtout que vous
retiendrez son contenu. Mettez-vous à ma place.)

ste diverses façons de parfaire sa mémoire. Outre l’amélioration de
votre potentiel cérébral, vous pouvez essayer des techniques de
mémorisation telles que les mnémoniques, l’agrégation, les rimes,
etc. Utilisez toutes ces techniques pour ne pas être forcé de poser la
question : « Mais, où est passée ma mémoire ? »

Est-ce que je peux me souvenir sans être attentif ?


Non. L’attention est la porte qui donne sur la mémoire. Si vous ne
prêtez pas attention, vous ne parviendrez pas à vous souvenir des
éléments que vous souhaitez retenir. Vous piocherez çà et là des
fragments d’informations, mais n’espérez pas emmagasiner des
souvenirs complets et utiles.

Ne soyez pas feignant ou n’essayez pas de chercher une explication
après coup. Soyez attentif et souvenez-vous.

Les adeptes de l’hypnopédie affirment que vous pouvez apprendre
pendant votre sommeil. Il suffit selon eux de faire tourner un
magnétophone et d’aller se coucher. À votre réveil, vous saurez
parler russe par exemple. Si vous croyez à ces balivernes, vous
parlerez russe aussi bien que moi lors de mon dernier voyage dans
ce pays. Niet.

Ai-je des souvenirs que j’ignore ?


Peut-être. Mais, à cette question complexe, il existe plusieurs
réponses. Si vous vous demandez si vous avez de mystérieux secrets
bien enracinés, la réponse est : probablement pas.

Les souvenirs refoulés sont un thème entouré de nombreux mythes
qui provoque un important battage. Il n’est pas impossible (mais
hautement improbable) que vous ayez des souvenirs traumatisants
enfouis quelque part dans votre esprit. Il s’est avéré que la plupart
des personnes à qui l’on a découvert de soi-disant souvenirs refoulés
avaient été largement influencées par le ou les individus qui les
aidaient à les « retrouver ».

Mes souvenirs sont-ils le reflet exact de mes expériences


Vos souvenirs ne sont pas des instantanés d’informations objectives
figés dans le temps. C’est vous qui vous penchez sur ces souvenirs
et vous avez beaucoup changé depuis que ces événements se sont
produits.

Toutes les expériences vécues depuis la création d’un souvenir ont
façonné la perception que vous avez de vous-même et de votre
expérience passée. Cette perspective évolue constamment.

Vu sous un autre angle, si la physique quantique n’est pas objective
à cent pour cent, ne vous attendez pas à ce que votre mémoire le
soit.

Dois-je prendre des suppléments diététiques ?


Compléter votre alimentation à l’aide de vitamines, de minéraux et
d’herbes, peut être bénéfique en termes de mémoire. Mais ces
suppléments diététiques ne remplaceront jamais trois repas
équilibrés par jour.

Si vous envisagez de prendre des suppléments, optez pour ceux
ayant fait l’objet de recherches approfondies. Voici des suppléments
recommandés :

la vitamine C ;
un large éventail de vitamines complexes B ;
la vitamine E ;
le calcium et le magnésium.

Veillez à ce que les suppléments choisis ne provoquent pas une


réaction négative avec d’autres suppléments ou un traitement que
vous prenez déjà. Suivez ce conseil très simple : qui peut le plus
peut le moins.

Pourquoi est-ce que je ne me souviens pas de ma petite


enfance ?
Ne pas se souvenir de sa petite enfance n’a rien d’alarmant. Peu de
personnes ont des souvenirs remontant à l’époque où elles avaient 2
ans. Pour la plupart des gens, les premiers souvenirs datent de l’âge
de 3 ou 4 ans et sont encore flous et parcellaires.

J’ai vu bien trop d’individus qui estiment ne pas être normaux car
les souvenirs de leur enfance ne remontent pas aussi loin qu’ils le
devraient. Je leur dis carrément : « Bienvenue chez les êtres
humains ! »

L’imprécision des souvenirs de la petite enfance est très simple. À
l’époque, vous ne disposiez pas de tout le « matériel » pour vous
souvenir de choses aussi précoces dans votre vie. Votre cerveau
commençait tout juste à se développer pour vous permettre de créer
des souvenirs.

Ce sont d’abord les aires primaires qui se développent dans votre
cerveau. Elles comprennent les zones associées à vos sens. Ensuite,
se forment les parties qui établissent les connexions entre les
différents sens. Le développement des aires tertiaires qui jouent un
rôle dans les raisonnements complexes ne se termine que vers la fin
de l’adolescence. Il est donc tout à fait logique de ne pas se souvenir
de ses deux premières années sur terre.

Dois-je me détendre l’esprit pour pouvoir me souvenir ?


Oui et non. Cette question mérite d’être explicitée : entendez-vous
par là alterner les périodes d’effort mental et les moments de détente
tels que la méditation ou les promenades tranquilles ? Si c’est le cas,
la réponse est oui. Si, par contre, vous voulez dire déconnecter en
regardant la télévision, la réponse est non. Je ne voulais pas parler
de ce genre de relaxation.

Un esprit détendu est un esprit vidé. Regarder la télévision ou jouer
sur l’ordinateur des heures durant vous encombre l’esprit avec des
informations souvent inutiles.

La meilleure relaxation consiste à apaiser son esprit et à se
concentrer sur une seule chose, telle que la splendeur d’un coucher
de soleil, les vagues qui déferlent sur la plage ou votre respiration
paisible.
Chapitre 16

Dix sites Web sur la mémoire

Dans ce chapitre :
Des sites Web comprenant des informations sur la mémoire
(en français ou en anglais)
Des sites Web comprenant des liens vers d’autres sites Web

Internet est un trésor riche et complexe qui renferme divers sites


Web susceptibles de vous aider à en savoir plus sur la mémoire.

Dans ce chapitre, je présente dix sites Web qui vous offrent une
autre perspective sur le sujet qui nous préoccupe. Considérez-les
comme des ressources et partez de lien en lien à la découverte des
secrets de la mémoire.

Sites en français

http://www.ateliermemoire.fr/
Ce site vous révèle comment protéger, exercer et améliorer votre
mémoire. Centré sur un ouvrage intitulé La Santé de notre mémoire,
vous y trouverez des exercices, des jeux et des conseils.

http://www.lecerveau.mcgill.ca
Ce site canadien ayant pour thème principal le cerveau décrit de
façon très pédagogique le fonctionnement de la mémoire avec un
éclairage particulier sur l’apprentissage, l’amnésie et les oublis.

http://www.memoireetvie.com
Présenté de façon très originale, ce site renferme des informations
sur la mémoire, les pathologies associées, les ateliers et formations
proposés sur ce thème, un blog, entre autres choses très
intéressantes.

http://www.memoire-plus.com/index.asp
Création de Forma&Com et Aquitaine, ce site, surtout axé sur les
formations, donne des conseils pour améliorer sa mémoire.

http://www.neuromedia.ca/fr/
Site canadien sur le vieillissement cérébral avec une partie
Ressources externes particulièrement intéressante.

http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/bien_memoriser/index_bien
Tour d’horizon très complet et pédagogique de la mémoire au sein
d’un site qui répond à toutes vos questions en matière de santé.

Sites en anglais

http://www.exploratorium.edu/memory
Ce site Web est administré par l’un des musées les plus créatifs des
États-Unis. L’Exploratorium de San Francisco est un musée
scientifique de tout premier ordre qui propose des expositions
interactives dont le thème change très souvent.

Vous y trouverez des informations sur la mémoire, présentées sous
différents angles : anatomie, psychologie, cours, histoire, etc.

http://www.jimhopper.com/memory
Ce site très dense, administré par le Dr Jim Hopper (psychologue et
attaché de recherche à la faculté de médecine de Boston, au sein du
service des traumatismes), a pour thème les souvenirs refoulés de
sévices sexuels.

Il offre une multitude d’articles et de ressources sur les souvenirs
refoulés et les traumatismes, dont des témoignages de victimes.

http://www.learnmem.org
Conjointement administré par Coldspring Harbor Press et
l’université de Stanford, ce site comprend plusieurs articles de
recherche sur la neurobiologie, l’apprentissage et la mémoire.

http://www.memory.rutgers.edu/memory/
Administré par l’université Rutgers, ce site contient des
informations sur le fonctionnement de la mémoire et les troubles
associés, ainsi qu’une Foire Aux Questions.
Index

« Pour retrouver la section qui vous intéresse à partir de cet index, utilisez le
moteur de recherche »

A
aide-mémoire
agrégation (chunking)
alcool
alimentation
anniversaires
apparence
apprentissage
association (l’)
attaque frontale
attention (l’)

B
boucle phonologique

C
cellules du cerveau
circulation sanguine
crochets

D
dates historiques
défaillances
absences
sur le bout de la langue

drogues

E
entretien d’embauche
étiquetage

F
faux souvenirs

G
gymnastique mentale

H
hémisphères
droit
gauche

horaires

L
lavage de cerveau

M
mémoire
mesurer la
perte de
des rimes

messagers chimiques
mnémoniques

N
neurones

O
occipital
ondes cérébrales
organiser ses souvenirs

P
pariétal
parler sans note
principes logiques

R
réapprentissage
rendez-vous
ruses

S
se raconter des histoires
se souvenir
d’une liste
de ses collègues
des chiffres
des personnes
sommeil
souvenirs
auditifs
liés aux sentiments
refoulés
signification des
verbaux
visuels

stimuler son esprit


stress
surapprentissage
synapses

T
tâches récurrentes
temporal
trous de mémoire

V
vieillissement des sens
1
N.D.T. : tiré du site « http://www.momes.net ».

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